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231. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Si vous joignez des Entretiens fréquents de cette sorte au reste de l’éducation de votre fils, je vous suis garant que non seulement vous en ferez un admirateur de la Providence : mais encore qu’après avoir lu les Auteurs qu’on a coutume de faire lire aux jeunes gens, il sera en état de lire tous les Livres des Philosophes ; et ni le faste des Stoïciens, ni l’impiété des Epicuriens, ni tout ce qu’il y a de sensible et d’imaginaire dans les autres sectes, ne sera point capable de lui imposer.

232. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

Comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celles d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contrepoison ?

233. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Ce Prince capable d’une si haute & si difficile entreprise, environné de tant de dangers, occupé de si grands intérêts, aura t-il le loisir de conter fleurettes à une fille ? […] Il est sans vraissemblance qu’à l’âge de treize à quatorze ans, où l’on ne sait ce que c’est que l’amour, Britannicus ait formé une passion violente, capable de braves l’Empereur ; que Néron, qui ne voyoit en lui qu’un concurrent dangereux à l’Empire, dont il songeoit à se défaire, se soit avisé d’être jaloux de sa maîtresse, & que cette prétendue maîtresse, bien plus âgée que lui, qu’il n’avoit peut-être jamais vu, puisqu’elle est absente depuis plusieurs années, soit une libertine décriée, déjà mariée à une autre, par lui répudiée pour ces incestes, & chassée d’Italie ; cet amour puéril dans le Prince, sans attraits pour l’Empereur, deshonorant pour tous les deux, chimérique chez toutes les personnes raisonnables, ne peut trouver place que sur le théatre François ; trône ouvert à toutes les folies.

234. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Ces idées se retrouvent, & sont comme fondues, non dans nos mœurs, qui leur font bien contraires ; car on ne sauroit plus mépriser les femmes, que d’aspirer à en abuser, que de les croire capables de s’abandonner à la passion ; mais dans nos complimens, notre politesse, nos usages, c’est-à-dire, dans la superficie, ces portraits si flattés comme ceux de la plupart des peintres, qui embellissent pour se faire mieux payer, accoutument les femmes à régarder le théatre comme leur empire, & les hommes leurs sujets ; c’est leur empire en effet, & par conséquent celui du vice ; & les hommes sont des idolâtres, jusqu’à prendre hautement parti pour les femmes ; chacun est un Dom Quichotte, heureux d’être leur victime, pourvu que la nuit suivante il soit couronné de leurs mains ; Car aucun n’a le désintéressement de Dom Quichotte, auprès de Dulcinée. […] La description de son Palais, de sa cour, de son cortège, de ses jeux, de ses habits, de sa toilette, de ses équipages, des hommages qu’elle reçoit, des audiences qu’elle donne, des loix qu’elle porte, des jugemens qu’elle prononce, &c. forment une suite de tableaux amusans, ingénieux, très-vrais & instructifs, si la frivolité étoit capable d’instruction.

235. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Le peuple n’est pas capable de sentir ces chefs-d’œuvres. […] Cette leçon, que des courtisans prenoient pour une flatterie, étoit terrible, et capable de tirer ce sardanapale de sa stupeur, s’il en avoit au profiter.

236. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Virgile ne glisse que deux mots sur la parure du premier : mais il appuie sur celle de Chlorée qu’il se plaît à décrire avec toute la magnificence dont il est capable. […] Le Prêtre est capable de faire des fautes aussi bien que les autres ; mais son caractère est toujours le même, il est toujours pur et sans tache : l’homme dans lui peut devenir méprisable, et jamais le Prêtre.

237. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Le mensonge théatral est même honteux & odieux : on se montre coupable des plus grands crimes, & capable des plus affreux sentimens : on se charge à faux, aux yeux du public, de ce qu’on rougiroit d’entendre & de faire en particulier, dont on ne voudroit pas être soupçonné : on se dit fripon, perfide, meurtrier, adultère.

238. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Du Theatre. » pp. 73-99

Le corps du Theatre ou de l’Echafaut, sur lequel s’executoient les Ieux Sceniques, avoit environ quinze toise, de profondeur, espace qui est capable de faire ioüer de grandes Machines, & de soûtenir les plus belles decorations.

239. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Un Peuple qui a mis long-temps son honneur dans la fidélité des femmes, & dans une vengeance cruelle de l’affront d’être trahi en amour, a dû fournir des intrigues périlleuses pour les Amans, & capables d’exercer la fourberie des Valets : ce Peuple d’ailleurs pantomime, a donné lieu à ce jeu muet, qui quelquefois, par une expression vive & plaisante, & souvent par des grimaces qui rapprochent l’homme du singe, soutient seul une intrigue dépourvue d’art, de sens, d’esprit & de goût.

240. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

S’il y a de la différence dans ces sujets de condescendance, celle qui oblige les forts de ne prendre pas le divertissement de la Comédie, pour ôter le scandale qu’en prennent les autres fidèles, est plus pressante et moins excusable, que celle que le Corinthien était obligé de pratiquer, s’abstenant de manger de la chair immolée aux Idoles, pour ne blesser pas la conscience de son Frère infirme en la Foi, la nécessite de manger étant plus capable d’excuser celui qui lui obéit, que la volonté de se divertir, et qu’il était moins périlleux d’user de ces viandes, que de voir la Comédie.

241. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

D’où il conclut que les Comédies de ce siècle ne se jouant jamais sans femmes, sans expressions tendres, capables de donner de mauvaises pensées, et qui excitent souvent un amour déréglé ; il faut dire que les Comédies ne sont pas des jeux honnêtes, mais très criminels et très dangereux.

242. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

« Mahomet aurait eu le défaut d’attacher l’admiration publique au coupable, si l’auteur n’avait eu soin de porter sur un second personnage un intérêt de respect et de vénération, capable d’effacer la terreur que Mahomet inspire.

243. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Mais elle n’étoit ni capable ni certainement digne, de quoi ? […] Il n’est point d’enfans capables de saisir & de suivre les raisonnemens, les vues, les intérêts de toutes les scènes de Corneille ; cette étude est pour eux une chimère.

244. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

On ne va à la comédie que pour s’amuser, on ne s’y remplit que de passions de bouffonnerie, la foule ne goûte et n’est capable de goûter que les folies qui la font rire ; elle attend la soubrette avec impatience, quand le héros parle raison sur la scène, vouloir en faire une école de bon goût, c’est une chimère. […] C’est un corps nonchalamment bercé dans les bras de la mollesse, nourri de crème et de sucreries, servi dans de la vaisselle d’or : de quel travail utile, de quel noble essor, de quelle action de vigueur est-il capable ?

245. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

Shakespéar, si j’ose le mettre à côté des Pères de l’Eglise, fait souvent l’éloge de la musique dans ses Ouvrages ; il dit entre-autres choses, que celui qui n’aimerait pas la musique serait capable de toutes sortes de crimes. […] Il est plus de gens capables de goûter les talens d’unvirtuose en musique, que ceux d’un éxcellent Poète : pour entendre l’un, il ne faut que des oreilles ; au lieu que le genre de l’autre veut parler à l’esprit.

246. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Lucius qui était l’aîné, homme hardi, fier & cruel, eut une femme d’un esprit doux, raisonnable, pleine de tendresse & de respect pour son père ; Aruns qui était le cadet, beaucoup plus humain & plus traitable que son aîné, trouva dans la jeune Tullie une de ces femmes entreprenantes, audacieuses, & capables des crimes les plus noirs. […] D’où vient que la gloire qu’un autre reçoit pour avoir fait quelque honnête action en public, & le récit éclatant des Vertus héroïques de ceux-là mêmes qui ne sont plus, nous donnent toujours quelque présomptueuse croyance que nous sommes capables d’en faire autant ? […] Enfin, c’est là qu’un Homme supposé les rend capables de pénétrer dans les plus profonds sentimens de l’humanité, touchant au doigt & à l’œil, s’il faut ainsi dire, dans ces peintures vivantes des vérités qu’ils ne pourraient concevoir autrement. […] « Mais les Comédiens n’ont jamais reçu cette disgrace, ayant toujours été traités avec honneur par les personnes de grande condition & capables de toute société civile ; ce que l’on peut justifier par beaucoup de rencontres, & même de ce que les Poètes dramatiques dont aucuns ont été Généraux d’Armée, jouaient quelquefois eux-mêmes le principal Personnage de leurs Pièces ; & s’ils ont été quelquefois maltraités à Rome après la mort des tyrans sous lesquels ils avaient servi, ce fut par maxime d’Etat, comme amis des mauvais Princes, & non par règle de Police, comme ennemis des bonnes mœurs. » [Prat. du Théât. par l’Abbé Daubignac, t. 1er p. 349.

247. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Je me garderai donc bien de vous faire aucun reproche personnel ; mais, après cette déclaration, ne nous sera-t-il pas permis de regretter la perte que la Nation a faite de tant de génies si capables de lui rendre des services importans, s’ils se fussent occupés de ses vrais besoins, & s’ils eussent préféré la gloire de l’éclairer au stérile emploi de l’amuser ?

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