Je le demande à ces Pédans maussades, pour qui les plaisirs des autres sont un supplice, & qui cependant se livrent sans réserve au plus doux de tous pour leurs cœurs ulcérés, à celui de fronder, Quel crime y a-t-il à rire du tableau vivant des ridicules ; à s’attendrir à la vue des misères humaines ; à se livrer à l’admiration, à l’enthousiasme qu’excite l’héroïsme de la vertu ; à ressentir la douce, la délicieuse émotion d’un amour honnête ? […] Suétone rapporte, que l’empereur Domitien fut obligé de répudier Domitia son épouse, qu’il venait de faire déclarer Augusta, parce qu’elle s’était éprise d’un fol amour pour le comédien Paris.
Et Platon entre les quatre divines fureurs qu’il met, divination, mystère, amour, il ajoute pour la quatrième, Poésie, pour montrer que les Poètes font quelque chose outre les forces de nature. […] que Platon fut Poète, et qu’il composa premièrement des Dithyrambes, et quelque Poésie d’amour et depuis une Tragédie.
Ces mortels si farouches, qui ne respiraient que le carnage, & dont la vaste ambition voulut conquérir tout l’univers, n’auraient toujours été que des monstres barbares & grossiers, sans leur amour pour les spectacles du Colisée, & sans leur goût pour les Belles-Lettres.
Jupiter et les divinités du paganisme seront précipités dans les enfers, et ces fameux scélérats, dont un amour insensé, une flatterie ridicule avaient fait l’apothéose : ceux qui les auront adorés seront les témoins de leur ignominie.
Prêche le double amour de Dieu et du Prochain, 312.
Dieu a envoyé à son peuple les Jérémie lamentables, pour gémir sur les iniquités du monde ; les Ezéchiel terribles, pour épouvanter les cœurs endurcis dans leur péché ; les Daniel tendres, pour les attirer par le desir des récompenses, à l’amour de la vertu ; les Isaïe élevés & sublimes, pour leur réveler les plus profonds mystéres de sa grace & de sa miséricorde ; en un mot ces hommes tout de feu, pour les embraser d’une ardeur toute céleste dans le service de Dieu : mais il ne leur a jamais envoyé des farceurs publics, pour les brûler d’un feu criminel, en leur montrant par de charmans portraits combien il est doux de pécher sans contrainte, & de parvenir sûrement aux plus injustes desirs. […] Croix adorable de mon Sauveur, c’est donc vous seule qui êtes un spectacle d’édification à toute l’Eglise, le digne objet de la piété des Chrétiens, & le juste sujet de leur amour, comme vous êtes le modéle parfait sur lequel ils doivent se former.
Tu voles au gré de tes vœux, l’émail de ces rives fleuries A peine suffit à tes feux ; Comme toi papillon volage, Je n’ai de loi que mes plaisirs, L’amour cause trop de soupirs, Il en faut faire un badinage Par l’inconstance des désirs. […] La queue voltige alors avec une grace toute celeste, ce sont des aîles qui l’aident à planer dans les airs, les zephirs se jouent, les amours se nichent dans ses plis ; c’est l’écharpe d’Iris, c’est un nuage doré, qui en recevant & refléchissant les rayons du soleil, forme pour le télescope de l’Observatoire des arc-en-ciels, des pathélies, des aurores boréales.
On représenta pour début & par préférence ; non une piece pieuse, une drame sérieux, une comédie de caractère, mais un opéra-bouffon italien, l’Amour artisan, qui fut suivi d’un ballet. […] La religion, la décence, l’amour de la patrie font gémir tous les gens de bien.
Jourdain non seulement est ridicule mais il est vicieux : c’est un homme vain, aveuglé par ses richesses, à qui son amour libidineux fait souhaiter d’être Gentilhomme ou tout au moins d’en avoir les airs. […] Et si nous vous devons avec l’obéissance Des marques de respect et de reconnaissance, Vous nous devez des soins à votre tour, Conformes à notre naissance, Et des preuves de votre amour. » cw Vous ne vous arrêtez point à parler des Valets de la Comédie : vous croiriez profaner votre plume que de prendre la peine de les critiquer.
La Religion Chrétienne qui règle jusqu’aux désirs et aux pensées, ne condamne-t-elle pas ces vastes projets d’ambition, ces grands desseins de vengeance et toutes ces aventures d’amour qui forment les plus belles idées des Poètes ? […] De l’amour il tombe dans la haine, de la colère il passe à la vengeance, et toujours il veut faire sentir aux autres les mouvements qu’il souffre lui-même, il est fâché quand il ne réussit pas dans ce malheureux dessein, et il s’attriste du mal qu’il n’a pas fait.
« o præclaram emendatricem vitæ », qui fait une Divinité de l’amour du vice et de l’auteur du crime, « quæ amorem flagitii et levitatis auctorem in conciliis Deorum collocat ». On ne représenterait pas la comédie, si on n’aimait le vice : « Si flagitia non probaremus, comedia nulla esset omnino. » C’est le comble du désordre de louer le désordre, et une maladie extrême de louer la maladie : « Libidinem laudare summæ libidinis, ægritudinem laudare maxime detestabile. » Les comédies affaiblissent les hommes les plus forts, amollissent le cœur, énervent la vertu, ce qui les fait chasser avec raison de la république de Platon : « Lamentantes inducunt, fortissimos molliunt animos, discuntur vitia, nervos omnes virtutis elidunt ; recte igitur a Platone excluduntur in ea civitate quam finxit, etc. » Pour imprimer à son fils l’amour de la décence, il cite (Officiis C.
Il faut que ces nobles sentiments de décence et de dignité qui caractérisaient les maîtres du monde, fussent bien profondément gravés dans leur cœur pour avoir survécu à leur vertu, et résisté à l’amour effréné des spectacles : « Video meliora proboque, deteriora sequor », disait un Romain qui ne les haïssait pas. […] ), étend cette décision aux Comédiens qui n’exercent pas par un intérêt mercenaire (s’il en existe quelqu’un), mais par des vues bien mal entendues de vanité et d’amour de la gloire : « Etiam eos qui ambitiosa ostentatione in scenam prodeunt. » On ne voit point d’exemple de ces dérogeances ; aucune famille n’a eu besoin de se faire réhabiliter.
» Les maximes qu'on débite journellement sur l'amour, l'ambition, la vengeance, sont aussi pernicieuses. […] Le brodequin et le cothurne ne sont pas moins opposés à l'Evangile qu'à Zénon ; le plaisir est le mobile du cœur, la source de ses égarements et de ses malheurs ; le devoir de l'homme est de réformer ce goût dépravé, par l'amour des biens spirituels et la soumission à son Dieu : « Gustate, et videte quoniam suavis est Dominus.
La vraie cause de l'ennui est l'amour naturel du plaisir et la vanité de tous ceux qu'on peut goûter sur la terre, qui afflige une âme frustrée des fruits de tous ses efforts. […] Jamais le cœur n'est plus abattu que dans le moment qui suit les plus vifs transports de l'amour : emporté, brusque, de mauvaise humeur, personne n'est moins gai qu'un homme qui revient de la comédie ; il est aigre, mordant, caustique, mais l'aigreur et la causticité sont très sérieuses et très affligeantes.
Je ne le pense pas : je crois qu’on aura une idée bien plus juste de l’avare & bien plus capable de faire impression, quand on se le représentera comme un homme qui se laisse mourir de faim, & qui refuse la nourriture nécessaire à ses enfans & à ses domestiques ; comme un homme qui ne donneroit pas un écu pour racheter la vie à son voisin ; comme un homme enfin en qui l’amour de l’argent éteint toute humanité ; qui quoique très-riche refuse de marier & de donner des états à ses enfans ; qui fait tort à la société en accumulant des richesses qui devroient circuler.
Amour du Théatre, funestes à ses progrès.
D’ailleurs, c’est une idée que l’amour du bien public, l’avantage des Lettres, & la gloire des Auteurs m’ont suggérée, & que je hasarde.