Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais, 240 Combien l’on est coupable, lorsqu’on donne à la vertu les couleurs du vice et au vice celles de la vertu, et le mal qui arrive de là, là même. […] Les vertus morales persécutées sur notre Théâtre, 248 Les Héroïnes de nos Comédies aussi vertueuses que les Héros avec le même succès qu’eux, 250 Les jeunes personnes de condition ont des mœurs plus saines dans Plaute et dans Térence, 251 Vaine Justification de l’Astrologue Joué, dans sa Préface, 254 Sentiment d’Horace contraire à celui de l’Astrologue joué, 256 Exemple de Ben Jonson inutile pour justifier l’Astrologue Joué, 260 Autorité de Shakespeare opposé à l’Astrologue Joué, 263 Erreur de l’Auteur de l’Astrologue Joué, sur la différence qu’il met entre la Tragédie et la Comédie, 265, 266 Le divertissement n’est point la fin principale de la Comédie, 267 La Comédie et la Tragédie, quoique par une route différente, doivent tendre à une même fin ; qui est la réformation des mœurs, 268, et suiv. […] Examen du Relaps ou de la Vertu en danger, de M.V.
Mais souvent les meilleures donnent des leçons de vertu, & laissent l’impression du vice. […] Voilà un témoignage en faveur de la vertu plus nombreux & plus respectable que celui qu’on cite en faveur du vice. […] & quel compte rendront à Dieu des supérieurs négligens qui les laissent prendre à une jeunesse qu’ils sont chargés de former à la vertu ! […] Dira-t-on que les nudités édifient, qu’elles inspirent, fassent goûter & pratiquer la vertu ? […] sont-ce là les couleurs de la vertu, les allures de l’innocence ?
Il s’occupe, dit on, à représenter les actions héroïques, à multiplier les exemples du vice puni, & de la vertu recompensée. […] Par le triomphe de l’autre, ils lui inspirent les vertus les plus sublimes. […] Les hommages que nous rendons quelquefois à la vertu, ne détruisent pas les passions que nous avons flattées. […] S’il ne peut nous rendre vertueux, il exige du moins que nous ne nous montrions qu’avec les apparences de la vertu. […] Il est sans cesse en garde, ainsi que la pudeur, contre les moindres traits qui peuvent effleurer l’éclat de la vertu.
Quand elle banniroit du Théâtre tout ce qui peut blesser cette précieuse vertu, elle n’en seroit pas plus innocente aux yeux de la vraie piété, elle n’en seroit pas moins son ennemie. La haine que la vertu a pour le vice ne se borne pas à un seul, elle s’étend à tous. […] « Toutes ces piéces de Théâtre, dit un célébre Auteur, ne sont que de vives représentations de passions, d’orgueil, d’ambition, de jalousie, de vengeance, & principalement de cette vertu Romaine, qui n’est autre chose qu’un furieux amour de soi-même. […] Quel crime n’est ce pas de changer en vertu, ce qui produit depuis si longtems une fureur brutale dans la Noblesse françoise ?
A la bonne heure ; mais faut-il que ce soit au risque du salut et aux dépens de la vertu ? […] La politesse cache l'ennui, la sagesse le souffre, la vertu s'en fait un mérite. […] La vertu est toujours éloignée des excès. […] la vertu peut-elle se faire entendre ? […] des vertus à l'école des vices !
[Introduction] Avoir prouvé que la religion et les lois, les deux puissances ecclésiastique et séculière, proscrivent la comédie, c’est aux yeux d’un Chrétien avoir terminé ce fameux procès ; mais nous avons encore avancé que la politique, aussi bien que la vertu, prononçait la condamnation du théâtre, que funeste au bien public, elle méritait toute l’animadversion d’un sage gouvernement. […] Plaise au ciel que la vertu reprenne ses droits sur des cœurs faits pour l’aimer et la pratiquer, et que le gouvernement se déclare contre son ennemi secret et le plus dangereux, je veux dire l’ennemi de la religion et de la vertu.
Il est si vrai que la Comédie est presque toujours une représentation de passions vicieuses, que la plupart des vertus chrétiennes sont incapables de paraître sur le Théâtre. Le silence, la patience, la modération, la sagesse, la pauvreté, la pénitence ne sont pas des vertus dont la représentation puisse divertir des spectateurs ; et surtout on n'y entend jamais parler de l'humilité, ni de la souffrance des injures. […] « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions, Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.
Cette vertu aussi ancienne que le monde, est de toutes les réligions. […] Quels germes de vertus elles répandent dans le cœur innocent des enfans ? […] Mais ces images occasionneroient aussi des actes de vertu. […] Faire un ornement, de ce que la vertu condamne, & tourner en ridicule ce qui rappelle l’idée de la vertu ? […] Mais le théatre a bientôt détruit l’ouvrage de la vertu.
Il est si vrai que la Comédie est presque toujours une représentation de passions vicieuses que la plupart des vertus chrétiennes sont incapables de paraître sur le Théâtre. Le silence, la patience, la modération, la sagesse, la pauvreté, la pénitence ne sont pas des vertus dont la représentation puisse divertir des spectateurs, et surtout on n'y entend jamais parler de l'humilité ni de la souffrance des injures. […] Il faut que la dévotion de ces Saints de Théâtre soit toujours un peu galante: c'est pourquoi la disposition au Martyre n'empêche pas la Théodore de M. de Corneille de parler en ces termes: « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.
On a beau dire en faveur du Théâtre qu’on l’a rendu chaste, et que l’on y entend plus de leçons de vertu, que l’on n’y voit d’exemples de vices, on dira si l’on veut que les passions n’y paraissent animées que pour la défense de l’honneur, et que l’on n’y produit pas d’autres sentiments que ceux de la générosité. Pour moi je dis que les vertus de Théâtre sont des crimes selon l’esprit de l’Evangile ; et quand on y entendrait quelque chose de bon, il est bien souillé par l’impureté des lèvres et des imaginations à travers lesquelles il passe. […] » Ô impiété, pouvons-nous dire en l’imitant, vous avez fait monter la vertu sur le théâtre, et vous en avez fait une comédienne ! […] J’en dis de même de la vertu : il n’est pas honnête de se plaire à la voir ou jouée ou outragée sur un théâtre : Mais sans tout cela, ces spectacles sont absolument incompatibles avec la dévotion, parce qu’ils remplissent l’âme de vaines passions, et nous avons besoin d’une âme libre. […] Renonce, renonce âme dévote aux plaisirs de la terre, choisis des plaisirs spirituels : Que les saintes lectures te charment, comme les mondains sont charmés par leurs mauvais livres ; Que les saintes assemblées et la prédication de la parole te divertissent, comme ils se divertissent à leurs criminels spectacles : Que les œuvres de miséricorde envers les pauvres et les affligés, te soient ce que sont aux gens du monde, leurs vaines courses, leurs jeux, et leurs conversations emportées, et si tu prends des relâches, que l’honnêteté et la sévère vertu soient les modératrices de tous tes plaisirs.
Prologuea Que sert aux Assyriens, aux Médoi[s]b, aux Perses, aux Macédoniens, et à cet invincible Sénat, d’avoir donné fondement aux Monarchies, amplifié ses bornes, établi l’état d’un admirable empire, subjugué la meilleure partie de la terre, conservé l’excellente dignité d’un noble gouvernement ; Si la postérité par l’agréable mémoire d’un Nine, d’un Arbaze, d’un Cyrec, d’un Alexandre, d’un César, et d’un Pompée ne les récompensait de leurs vertus, et ne mettait en évidence ces anciens courages doués d’une louable magnanimité ? […] Que si nous faisons profit des erreurs, puisque les erreurs font les hommes sages, et que nous nous proposons, pour exemplaires de nos actions, les conseils des plus anciens personnages, que l’âge et l’expérience sont inévitables ; n’avouerons-nous pas que l’histoire nous doit servir de très excellent miroir pour y considérer le vice et la vertu, non terminés par la vie d’un mortel, mais par le perpétuel récit de tous les âges, et de tous les siècles. C’est elle qui par la lecture et considération des choses louables égale la prudence d’une jeunesse bouillante à celle d’une vieillesse expérimentée, réveille les esprits impuissants pour les faire aspirer à la grandeur, excite les plus puissants à mériter un los immortel, salaire de leurs bonnes vies, anime les soldats par l’immortalité de ceux qui n’ont redouté les dangers pour la conservation de leurs parties, retire les méchants de leur impiétés par la crainte d’infamie, exhorte à la vertu, déteste le vice, guerdonne les bons, abhorre les méchants, et se rend tellement utile aux humains, qu’elle semble servir d’une sage maîtresse pour les former à l’honneur par son instruction. […] Et puisque la vertu cherche le jour, et désire d’être vue ; serions-nous méprisables d’étaler notre marchandise devant ceux qui n’en sauraient tirer que tout honneur et profit, et nous la louange de les servir, et nous évertuer de rappeler l’antiquité, imitant les plus capables d’entre les Grecs et les Romains ; comme un Euripide, un Néviusd, et dix mille autres qui charmaient les oreilles des spectateurs, par la naïve représentation de leurs comédies, trop plus agréables que les grands jeux Olympiques et Romains, où les plus ignorants pouvaient mériter le prix d’une insigne victoire.
Nos Auteurs sans doute se font gloire de suivre les regles prescrites par le célebre Philosophe Grec ; or s’ils les suivent, la vertu doit reprendre tous ses droits. […] Au reste la vertu inspireroit peut-être à nos beaux génies les moyens de concilier le goût de la Nation & les mœurs. […] Renfermés dans un cercle étroit d’amis généreux, ils n’ont que la distraction du Théâtre ; & souvent quel écœuil pour leur vertu ! […] ou bien, si vous l’aimez mieux, pourquoi ne pas placer l’intérêt de vos Théâtres dans l’amour de la vertu, de la patrie & de nos Rois. […] Son Livre est écrit avec tant de solidité & de modestie, qu’il est difficile en le lisant, de ne point s’intéresser aux vertus de l’Auteur & à l’Ouvrage.
Le théâtre, alors l’école du vice & de l’impudence, est devenu celle de la décence & de la vertu. […] Combien d’autres vices y sont érigés en vertus, & y reçoivent des applaudissemens insensés ? […] Qui donc osera désormais appeler le théâtre une école de vertu ? […] Sont-ce-là les vertus auxquelles on applaudit au théâtre ? Les héros qu’on y introduit donnent, il est vrai, de grands exemples de générosité, de modération, de magnanimité : mais ces vertus ne semblent amenées que pour autoriser les foiblesses criminelles qu’ils y mêlent ; mais ces vertus n’étant fondées que sur l’orgueil, ne sont aux yeux d’un Chrétien que des vices déguisés ; mais ces vertus enfin ne sont pas celles qui peuvent nous rendre agréables à Dieu ; elles ne nous empêcheroient pas d’être pendant toute l’éternité les malheureuses victimes de sa justice.
tous les prétendus talents qu’y acquiert la jeunesse, ne valent pas une vertu qu’elle peut y perdre. […] Quelle croyance méritent-elles donc, quand elles assurent que les Spectacles ne font aucun tort à leur vertu ? […] « Nous ne nous proposons pas d’éclairer l’esprit sur le vice et la vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs. […] Mais les parents s’intéresseront-ils à leur conserver cette vertu, s’ils n’en connaissent pas eux-mêmes l’excellence ? […] Le savoir, l’esprit, le courage ont seuls notre admiration ; et toi, douce et modeste Vertu, tu restes toujours sans honneurs !
L’humilité et la patience de nos Saints sont trop contraires aux vertus des Héros que demande le Théâtre. […] Ceux qu’on y représentait étaient des exemples de la dernière misère, et des sujets d’une médiocre vertu. […] Bien souvent nos plus grands Héros aiment en Bergers sur nos Théâtres, et l’innocence d’une espèce d’amour champêtre leur tient lieu de toute gloire et de toute vertu. […] Notre siècle a du moins cet avantage qu’il y est permis de haïr librement les vices, et d’avoir de l’amour pour les vertus. […] Il y aura peu de crimes impunis, peu de vertus qui ne soient récompensées.
Ce qui préviendra bien des différens, & établira le regne de la vertu. […] Il ne l’a que trop été, & la vertu exige qu’on tâche de supprimer ce qui en reste. […] On avoit confondu la vertu & le vice : mais non transformé la vertu en vice, les actes de vertus en très-grands péchés. […] La philosophie prouve la nécessité de la vertu, le théatre l’inspire, la fait aimer. […] Quel héros, un héros de théatre dont la débauche est la vertu !