Est-ce là du sublime, du beau tragique ?
Les jésuites semblent impatients de commencer en France des scènes tragiques et cruelles, pareilles aux exécutions sanglantes qui signalent leur influence funeste en Espagne.
Le prologue de la piece avoit été comique ; mais le dénouement fut tragique. […] deux dénouemens imprévus & bien tragiques viennent troubler la fête.
C’est du vrai tragique, ce sont les accusations les plus graves : prostitutions, infamies, grossiéretés les plus crues, honteuse corruption, infâme tolérance des maris, honteuse vengeance des femmes, mort sur le Théatre, Tribunal, colere de Dieu, &c. […] Et ensuite le Prélat donne des regles (qu’il n’a pas trouvées dans les canons) il fait l’examen des grands tragiques, de Sophocle, Euripide, Corneille.
Dans les représentations dramatiques, le plus souvent, que d’aventures tragiques, que d’événements terribles, de catastrophes sanglantes, de scènes d’horreur, de désespoir, de sang, de meurtre, de suicide, qui familiarisent les hommes avec les idées de crime et de destruction, et les livrent sans défense au délire fougueux de leurs passions !
C’est que dans la vérité nos Auteurs lyriques & tragiques, ainsi que nos Poëtes champêtres, ne savent qu’un certain nombre de mots & de pensées qu’ils tournent, retournent, déplacent, arrangent, répettent sans cesse.
Du moins ne peut-on douter que l’un ne soit l’imitation de l’autre : style assez semblable, même ponctuation, mêmes sentimens, mêmes pensées, même sombre tragique semblent décéler le sieur Arnaud, qui s’applaudit d’en être l’inventeur.
Esopus, célèbre Comédien tragique & le contemporain de Cicéron, laissa en mourant à ce fils, dont Horace & Pline font mention comme d’un fameux dissipateur, une succession de cinq millions qu’il avait amassés à jouer la Comédie.
Ils ne reussissent pas dans la representation d’vne auanture Tragique, & ne peuuent comme nos François reuêtir toutes sortes de caracteres. […] Vn sujet Comique est beaucoup moins de leur caractere qu’vn sujet Tragique : mais de quelque maniere qu’ils s’aquitent de tous les deux, ils n’ont pas esté goûtez en France, & ne diuertissent pas comme les Italiens. […] Que n’aurois je pas eu aussi à dire des deux fameux Tragiques de son temps, de Sophocle & d’Euripide, dont la gloire a passé dans tous les siecles, le dernier ayant eu l’honneur d’estre logé dans le Palais d’Archelaus Roy de Macedoine, qui luy fit mille caresses, & porta toute sa Cour à auoir beaucoup d’estime pour luy ? […] Nos fameux Poëtes s’en sont ressentis, & il n’y a personne qui ne sçache, de quelle glorieuse maniere il a plû à Sa Majesté de donner des marques de son estime à vn Pierre Corneille le Sophocle François, qui de méme que le Sophocle Grec a passé de beaucoup par la force de ses vers Eschyle & Euripide, & tous les Tragiques qui les ont suiuis.
Je ne prétends pas faire une grande dissertation sur la diversité de ces Spectacles, assez d’Auteurs en ont parlé ; mais par la distinction que chacun peut en faire, pour peu que l’on connaisse l’antiquité, on mettra une grande différence entre les Spectacles des anciens qui faisaient une partie de leur culte et de leur idolâtrie, les Fêtes dédiées et consacrées à leurs Dieux, leurs Bacchanales, Lupercales, Courses, Luttes, etc. et leurs Pièces de Théâtre Tragiques, Tragicomiques et Comiques. […] Vous avez attribué généralement à toute sorte de Spectacles ce que les Pères ont rapporté de plus infâme touchant les Spectacles des anciens : ce qui cependant ne convenait qu’à certains Spectacles qui étaient parmi eux, et nullement aux Pièces de Théâtre Tragiques, Tragicomiques ou Comiques. […] J'insère que la raison qui a empêché les Auteurs profanes de déclamer contre les infamies des Spectacles qui faisaient partie de l’idolâtrie populaire, n’ayant point lieu à l’égard des Comédies, puisqu’il est indubitable que les Pièces de Théâtre Tragiques ou Comiques n’ont jamais été regardées comme une partie de ce culte ; les Auteurs profanes n’auraient pas manqué de déclamer avec beaucoup plus de liberté et de violence contre les infamies des Comédies, si, comme vous le prétendez, ces infamies avaient été communes aux Comédies comme aux autres Spectacles : ainsi leur silence et leur affectation me persuade que les Comédies étaient exemptes de ces infamies. […] Je tire la seconde preuve de cette vérité, des Pièces de Théâtre de ce temps-là, Tragiques ou Comiques, que nous avons encore entre nos mains.
Saint Thomas en ces endroits parle seulement de certains jeux de théatre, qui sont en quelque façon utiles & même nécessaires pour l’honnête récréation du monde, par maniére de délassement d’esprit ; tels que sont les piéces qu’on représente en nos tragédies, des révolutions de Régnes & d’Empires par le sort des armes ; des histoires tragiques & surprenantes, qui n’excitent que des passions nobles, comme l’admiration, par la singularité des glorieux événemens & de quelques faits prodigieux ; la compassion, par la fatale destinée de quelques illustres malheureux que le sort a outragés nonobstant leur vertu ; tantôt la joie, quelques momens après la tristesse & la douleur ; tous ces mouvemens opposés d’espérance, de force ou de crainte, dont la variété plaît & réjouit innocemment l’esprit sans corrompre le cœur, parceque les mœurs n’y sont aucunement intéressés.
Mars & Bellone entrerent en campagne, & la fin fut tragique.
C’étoit une vraie Actrice qui remplit l’Europe & l’Asie de scènes tragiques, ou comiques.
Cette farce eut un dénouement tragique : plusieurs de ses nobles acteurs furent appellés en duel par des nobles spectateurs du parti contraire.
Le second mariage eut quelque chose de plus tragique.
Si dans le tragique & le haut comique on ne jette pas un si gros sel, ce n’est pas par respect pour les mœurs, c’est que le genre même l’exclud ; les Princes, les honnêtes gens ne parlent pas comme des poissardes.