/ 643
85. (1647) Traité des théâtres pp. -

Il faut un long temps à une femme qui a mal vécu dès sa jeunesse pour la faire croire femme de bien. […] En effet, on ne doit faire par jeu, ni pour quelque peu de temps que ce soit, ce que Dieu a dit, « lui être en abomination ». […] Que les Sages, qui de notre temps ont donné des modèles de Républiques, en ont banni les Théâtres. […] Ils taisent qu’elle pose par condition, que cela se fît rarement, et par extraordinaire ; ce qui obvie à la perte de temps qui est ès autres. 3. […] Gilles, Les annales et croniques de France, depuis la destruction de Troye jusques au temps du Roy Louis onziesme, Paris, J. 

86. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

Auguste dans les premiers temps eut le même intérêt ; mais affermi sur le trône, il écouta les lois de la décence ; il défendit aux Sénateurs de paraître sur le théâtre. Quelque temps après il fit la même défense aux Chevaliers. […] Lui laissera-t-elle même le temps de s’y appliquer ? […] peut-on acquérir un cœur par prescription, puisque l’inconstance ne permet guère de remplir le temps même de la plus courte ? […] Combien ce sage Jurisconsulte était éloigné d’approuver ce que dans tous les temps a si hautement proscrit la jurisprudence dont il était l’oracle !

87. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Sans doute le temps pourrait être mieux employé qu’aux Spectacles ; qui en doute ? […] Jamais une bonne Pièce ne choque les mœurs de son temps. […] … il est bien du temps du bon-homme Booz. […] Le Comédien Calliopius vivait dans ce temps-la. […] Les mœurs de ces temps se retrouvent encore dans les Villages où le Paysan est mal à son aise.

88. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

Mais, pour faire mieux conoitre ce que c’étoit en ce tems là que le Théatre François, je raporterai quelques morceaux des Pieces de notre Chocquet. […] » De tous les Droicts assez entends l’affaire » Pour exploicter sans long temps pretendu » Au fonds d’enfer je puisse estre pendu » Si en brief temps je ne fais des merveilles » Puis qu’il convient que je souffle es oreilles » Bien tost mourront les coquins de Jesus. » Lucifer aiant partagé entre les Diables ses commissions, Sathan lui parla de la sorte : » Voy Lucifer tous Dyables sont enclins » Par tours souldains mouvemens & declins » Dessus les champs leur deuoir tres bien faire, » Mais au depart pour mieulx nous satisfaire » Ta patte estends sur nos groings dyabolicques » Pour confermer nos esprits drachoniques » Que recevons pour benediction Là même, folio 5. verso. […] On admiroit en ce tems-là cette manœuvre de Théatre ; mais aujourd’hui, elle fait pitié. […] Ceux qui revenoient de Jerusalem & de la Terre-Sainte, de Saint Jaques de Compostelle, de la Sainte-Baume de Provence, de Sainte Reine, du Mont Saint Michel, de Nôtre-Dame du Puy, & de quelques autres lieux de pieté, composoient des Cantiques sur leurs Voyages, y méloient le recit de la vie & de la mort du Fils de Dieu, ou du Jugement dernier d’une maniere grossiere, mais que le chant & la simplicité de ces temps là sembloient rendre pathetique, chantoient les miracles des Saints, leur Martyre, & certaines Fables à qui la créance du peuple donnoit le nom de Visions, & d’Apparitions. […] Les Pseaumes & les Proses de l’Eglise étoient les Opera de ces temps-là.

89. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Il est vraisemblable que les Ægyptiens, les Assyriens & les autres Peuples, qui ont brillé dans les premiers tems, par leurs belles inventions, ont eu des Spectacles. […] Chez eux d’abord, les Spectacles étoient des divertissemens champêtres, où l’on faisoit entrer le culte des Dieux, & sur-tout de Bacchus, qu’on y célébroit dans le tems des vendanges, comme le Protecteur & le Dieu des raisins. […] Eschyle vivoit dans un tems où Athènes étoit la maîtresse de la Grèce : elle avoit une grande puissance, puisqu’elle avoit de grands ennemis. […] La perte du tems fut irréparable pour les Romains. […] Sénéque le tragique, ne vint que long-tems après, c’est-à-dire, dans un tems où la Langue Latine & le bon goût couroient, à grands pas à leur décadence.

90. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Ce n’est pas que je condamne sa mauvaise humeur ; il a ses raisons, c’est un homme qui s’intéresse sérieusement dans le succès de vos affaires, il voit qu’elles vont de pis en pis, et qu’il n’est pas temps de se réjouir. […] Le monde en a ri pendant quelque temps, et le plus austère Janséniste aurait cru trahir la Vérité, que de n’en pas rire. […] Pour les Pères, c’est à vous de nous les citer, c’est à vous, ou à vos amis de nous convaincre par une foule de passages que l’Église nous interdit absolument la Comédie en l’état qu’elle est, alors nous cesserons d’y aller, et nous attendrons patiemment que le temps vienne de mettre les Jésuites sur le théâtre. […] Non, Messieurs, je sais combien ce Cordelier est décrié parmi vous ; on se plaignait encore en ce temps-là d’un Capucin, et ce sont des Capucins qui ont bu le cidre, il se peut faire que celui qui m’a conté cette aventure, et qui y était présent, n’a pas retenu exactement le nom du Père dont on se plaignait, mais cela ne fait pas que le reste ne soit véritable, et pourquoi le nier ? […] [NDE] Racine joue habilement sur la formule de Barbier d’Aucour, en prenant au sens strict la subordonnée circonstancielle de temps.

91. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Ce n’est que de notre tems qu’on a enterré une Actrice à Westminster, dans le tombeau des Rois. […] qui de tems en tems descendent de leurs échelles, pour dire quelque sottise. […] Cette sorte de bouts rimés ne vaut pas mieux que ceux qui ont été long tems en vogue. […] Ce sel s’affadit avec le tems. […] Les eaux venant à s’y mêler, formerent un mortier que le tems a durci comme une pierre.

92. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXV. Quatrième, cinquième et sixième réflexion : passage exprès de Saint Thomas, et conciliation de ses sentiments. » pp. 88-92

En quatrième lieu, quand il serait vrai, ce qui n’est pas, que Saint Thomas, à l’endroit que l’on produit de sa Somme, ait voulu parler de la comédie ; soit qu’elle ait été ou n’ait pas été en vogue de son temps, il est constant que le divertissement qu’il approuve doit être revêtu de trois qualités Ibid. art. 2. c. […] , dont « la première et la principale est qu’on ne recherche point cette délectation dans des actions ou des paroles malhonnêtes ou nuisibles ; la seconde, que la gravité n’y soit pas entièrement relâchée ; la troisième, qu’elle convienne à la personne, au temps et au lieu ». […] Nous avons parlé de la seconde qui regarde les bouffonneries, et la troisième paraîtra quand nous traiterons des circonstances du temps par rapport aux fêtes et au Carême.

93. (1574) Livre premier. Epître dixième. Cyprien à Eucratius son frère « Epître dixième. » pp. 30-31

On peut conjecturer par cette Epître, en quelle détestation on avait le temps passé les bateleurs, et joueurs de passe-passe, vu que par cette épitre S. […] ) Le temps passé on a eu en grande abomination tels spectacles, comme même Tertullien le montre en son livre des Spectacles. Et de notre temps tels personnages sous prétexte de Comédies et Moralités, ou Farces ont semé plusieurs hérésies, et dénigré l’état Ecclésiastique, et par ce moyen étrangée plusieurs de l’union et du troupeau de notre Seigneur.

94. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Il y a apparence qu’ils étoient fort licentieux ; c’étoit le goût du temps, & le ton Italien. […] Les noces de Joyeuse lui coûterent douze cens mille écus, somme immense pour ce tems (nous en avons parlé ailleurs). […] Il écrit agréablement pour son temps, son style naïf & ses anecdottes amusent. […] Il est vrai qu’uniquement occupé de galanteries, il n’a connu que les historiettes secrettes du temps. […] A la mort de son mari, elle se fit faire une dévise selon l’usage du temps.

95. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Il y fait voir que les fidéles doivent les fuir en tous tems, & que les ecclésiastiques ne peuvent y assister, sans encourir les centures de l’Eglise. […] De tout ce pays, il n’y avoit que la Provence, où il y en eût encore, dans les tems de Salvien, vers le milieu du cinquieme Siécle. […] Ce seroit perdre le tems que d’entasser ici preuves sur preuves. […] Six autres Auteurs Italiens se joignirent à celui-ci, en trois ans de tems, pour la même cause. […] C’est donc une chose insoutenable à plus forte raison, de dire, que l’Eglise n’a excommunié que les Comédiens des tems reculés.

96. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

N’en demeurons pas là, mais dites-moi dans quel tems il se roidira le plus contre son affliction. […] Et qu’est-ce qu’on peut appeller grand lorsqu’il se passe en très-peu de temps ? […] Quoi donc, croyez-vous qu’une chose immortelle ne doive travailler que pour un temps si court, & non pas pour tous les temps ? […] L’un qui doit être médité à loisir, doit faire son impression sur un Lecteur qui a le tems de refléchir. […] Ce Traité si petit & si obscur, a de tout tems fait regarder son Auteur comme le Législateur du Théâtre.

97. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

On gravera sur le pied-d’estal cette inscription, à Voltaire, pendant sa vie, par les gens de lettres de on tems. […] Le caractère de ceux qui l’ont imaginé le déprécie, pourquoi dire par les gens de lettres de son tems . […] La Clairon doit en être elle-même fort étonnée : Ma gloire fut dans tous les tems votre ouvrage. […] Ce n’est pourtant que la créature de Fretillon, sa gloire fut dans tous les tems, l’ouvrage de Fretillon. […] Tandis que tout cela marchoit lentement dans les rues, on entendoit de tems en tems des trompettes couvertes de crêpes, qui rendoient un son lugubre, sourd & enroué, comme la trompette qui appellera les morts au dernier jugement.

98. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « LA PREMIÈRE ATTEINTE CONTRE CEUX QUI ACCUSENT LES COMÉDIES » pp. 1-24

Nous sommes en un temps où il se trouve des esprits semblables aux corps malades, qui s’offensent de toutes choses, et méprisent ce qu’ils ne peuvent imiter. […] Au second Concile tenu à Rome au temps du Pape Pélage, au canon 16e « De l’observation », ils sont défendus. […] Et parce que les Gentils étaient comme ensevelis certains jours en toutes sortes de lascivetés et gourmandises, les Chrétiens pour se montrer tout différents de leur forme de vie, faisaient jeûnes et prières solennelles aux mêmes heures et temps. […] Et au même temps Décime Laberie fut fait Chevalier Romain sous César, après avoir montré que sous un même feu l’or reluit et le bois se noircit ; et qu’un galant homme peut être grand en un petit art, si l’art qui n’a sujet que l’esprit peut être petit. […] Et de notre temps le docte Scaliger a parlé de la Dramatique.

99. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Le temps n’est plus où le caprice et l’oisiveté pouvaient enfanter des volumes sans objet ; les travaux de l’esprit sont actuellement vus sous un aspect plus élevé ; l’art de l’historien ne consiste plus à tourner adroitement des épigrammes ; on n’irait pas loin en estime littéraire par une élégie sur les rigueurs de la marquise ou une épitre légère sur les séductions du chevalier ; nous voulons dans les romans autre chose que les mœurs de l’antichambre ou du boudoir, et certes, ce serait à nos yeux un étrange philosophe que celui qui n’étudierait la nature morale de l’homme que pour en faire saillir toutes les imperfections, ou qui s’attacherait à éteindre toute exaltation de l’âme par un froid et amer dénigrement. […] Le soir il n’est bruit que du fait dans les salons ; le lendemain plusieurs journaux contiennent des articles malins et ironiques que le curé se garde bien de lire ; sur ces entrefaites, l’eau court, le temps vole, les événements marchent... un autre soleil et l’on n’en parlera plus ! […] Isolés dans les premiers temps, ces pèlerins reconnurent qu’ils pouvaient avoir beaucoup plus de succès en réunissant leurs efforts et en se distribuant les divers personnages qui figuraient dans leurs complaintes : de là, les Confrères de la Passion, institués par lettres patentes, en 1402, pour représenter à Paris des comédies pieuses. […] Par malheur, on prit goût à la farce, et d’accessoire elle devint bientôt le principal : comme elle offrait une fidèle et naïve image des désordres du temps, elle ne pouvait être très pure et devait quelquefois causer du scandale : c’est ce qui détermina, en 1546, les révérends Pères de la Trinité à expulser de leur maison les confrères de la Passion, qui y avaient eu jusque là leur théâtre. […] Quant à la législation civile elle a été remplacée sur ce point comme sur tant d’autres par une législation nouvelle, attendu que ce qui convient dans un temps ne convient pas dans un autre.

100. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

Enfin un grand Prince poussé d’un bon zèle a fait un Traité pour condamner nos Comédies ordinairesb, et il s’est trouvé qu’au même temps un des bons Esprits de ce sièclec a voulu montrer qu’il n’y a que les Comédies infâmes qui doivent être condamnées. […] On a déjà dit pour défense, Qu’il y avait différence de Spectacles chez les Grecs et chez les Romains ; Que véritablement les représentations qui se faisaient en postures, en grimaces, et en danses, étaient lubriques et déshonnêtes, et n’étaient exécutées que par les Histrions et Pantomimes qui étaient les Bouffons ou bateleurs de ce temps-là, et qu’il n’y a point d’apparence de croire que ces sortes de gens fussent mis au rang des personnes d’honneur ; mais qu’il y avait des Comédiens sérieux qui ne représentaient que des Tragédies ou Tragi-comédies pleines de raisonnements Moraux et Politiques, et que c’était ceux-là qui n’étaient pas notés d’infamie comme les autres ; Qu’un Roscius Comédien qui a été tant estimé, pouvait être de leur bande ; Que c’était chez lui que les jeunes Orateurs de Rome allaient étudier le geste et la prononciation ; Qu’il était un des plus honnêtes hommes de la Ville, et que Cicéron ayant pris la peine de le défendre en une Cause, avait parlé de lui fort avantageusement ; Mais quoi que en effet ce Roscius ait été vertueux, s’ensuit-il que tous les autres Comédiens de son temps le fussent, et qu’ils lui ressemblassent en son mérite personnel ? […] Il est vrai que le Cardinal de Richelieu de son temps avait purifié le Théâtre, et en avait entièrement banni les Farces ; mais elles ont recommencé depuis quelques années avec plus de liberté qu’auparavant. Il y a des Gens si simples, qu’ils croient que la même reforme dure encore, parce qu’on n’entend plus de ces Farces impudiques qui n’avaient que des railleries de crocheteurs, et dont les meilleurs mots n’étaient que des impertinentes Equivoques ; Certainement on a bien fait de les condamner, mais si on ne se sert plus de ces pointes grossières où il n’y avait qu’un jeu de paroles sales proférées sans honte et sans respect ; ne connaît-on pas qu’en ce temps-ci on en dit presque de semblables ; mais plus finement et plus couvertement ?

/ 643