Parmi les délassements que nous présente la société civilisée ; parmi les distractions qui peuvent remplir les moments de repos et d’oisiveté même que laisse à l’homme la suspension de ses occupations journalières, en est-il de plus nobles et de plus dignes de son intelligence que les représentations théâtrales ? […] Ce ne sont donc plus que les représentations dramatiques qu’y va chercher cette multitude d’amateurs de tout âge, et de toute condition. […] Quel silence religieux aux représentations des chefs-d’œuvre de nos poètes, silence qui n’est interrompu que par des applaudissements et des acclamations d’une admiration toujours nouvelle.
Mais à peine soutient-elle quelques représentations.
Cette nouvelle forme, qu’il s’agirait de donner au Théâtre-Ephébique, exigerait à la vérité plus de dépenses & une Troupe nombreuse : néanmoins des raisons assez fortes, & que je dirai plus bas, empêchent qu’on ne permette au Néomime d’aggrandir sa Salle : le même motif me porte à croire qu’il serait à propos que l’Ambigu-comique ne pût avoir ni Machines, ni un Orquestre complet : on le priverait de tout ce qui ne serait pas essenciel pour former la Jeunesse : j’opinerais même encore à ce que son Orquestre fût composé, comme son Théâtre, de jeunes Sujets, distingués par des talens déja supérieurs, qui de-là passeraient aux autres Spectacles, afin que tout le nouveau Théâtre devînt un Ecole, dont le Public serait le Professeur : ainsi lorsque la Représentation serait achevée, les jeunes Acteurs rangés dans la Salle de Répétition, seraient obligés d’écouter durant une demi-heure, les avis que les Spectateurs éclairés jugeraient à propos d’aller leur donner, & de recevoir également bien le blâme & la louange : & pour fournir au surcroît de dépense, les Places seraient à 3 l ; I. 1.16 f ; I 1.4 f ; & 12 f.
Il faut demander aux très-pieux Empereurs Théodose et Valentinien, qu'ils défendent les Spectacles des Théâtres, et des autres Jeux les Dimanches et les autres Fêtes que la Religion Chrétienne solennise; principalement, parce que comme pendant l'Octave de Pâques, le Peuple se trouve au Cirque, au lieu d'aller à l'Eglise, si la représentation des Spectacles qu'on a accoutumé de donner au Peuple, se rencontre en ces saints Jours, on doit remettre ces Jeux à un autre temps.
Les Grecs, les Latins, et avec eux les Auteurs dramatiques de tout pays ont pensé que la vraie définition de la Comédie, c’est d’être une représentation qui nous fait voir nos faiblesses, comme dans un miroir ; qui nous découvre les illusions de l’esprit humain ; qui nous met sous les yeux nos vices et nos passions ; afin que nous nous voyons nous-mêmes tels que nous sommes, et que la risée du Public nous fasse connaître combien nous sommes ridicules.
Là l’on fait la représentation de toutes les secrètes pratiques, des feintes, des adresses, des confidences qui trompent des yeux jaloux ; et la passion qui échappe à tous les liens, des lois, de la conscience, de l’honneur, qui l’emporte sur l’amour des frères, et le respect des parents, est hautement louée, comme une généreuse fidélité.
Que dans les Spectacles il y ait un milieu criminel entre la danse de David et les infamies de la gentilité idolâtre ; on ne peut en douter, et notre Docteur lui-même n’en doute pas, puisqu’il abandonne les représentations qui ne sont pas tout à fait pures, quoiqu’elles n’aillent pas jusques aux excès des Païens. […] Je lui demanderais encore volontiers si cette harmonie de l’âme est plus en sureté au travers de ces représentations pompeuses de notre cothurne le plus élevé et le plus sublime, où l’on introduit des héros et des héroïnes, dont on fait consister le mérite à pousser les passions les plus grandes aux plus grands excès ; où les jalousies, les désespoirs, les vengeances, les trahisons, les incestes, les parricides, et d’autres crimes horribles qui devraient être ensevelis dans des ténèbres éternelles, sont relevés et dépeints avec les couleurs les plus vives, et bien plus capables de les faire admirer que de les faire détester. […] Mais ce que l’on pourrait dire néanmoins pour exempter ces sortes de personnes de la note d’infamie qui est propre aux Comédiens, supposé qu’elles en imitassent les actions ; c’est, comme le dit notre Docteur lui-même, que cela se ferait sans scandale, c’est-à-dire, dans le particulier, et hors certaines circonstances qui ne s’ajustent pas avec la Modestie chrétienne, et qui sont inséparables des représentations pompeuses et mondaines, telles que sont nos Comédies. […] Il est vrai que le Cardinal de Richelieu pensant qu’on pouvait les débarbouiller, procura la Déclaration de 1641. par laquelle Louis XIII réhabilite les Comédiens, qui avaient toujours jusques alors été tenus pour infâmes : mais c’est à condition néanmoins qu’ils s’abstiendraient à l’avenir de toute représentation qui pourrait blesser l’honnêteté, et que dans toutes leurs actions ils n’excèderaient point les bornes de la Modestie chrétienne. […] Ne serait-il pas un jugement plus équitable, s’il disait que si quelquefois des Prélats qui se trouvent à la Cour, assistent à ces sortes de représentations, c’est qu’ils y sont entraînés par le torrent des Courtisans, et non pas qu’ils y aillent avec inclination et de leur gré ?
Qu’en pense le même spectateur après la représentation ? […] Quelles impressions peuvent faire sur le cœur novice et tendre d’une jeune fille les exemples séducteurs que lui montrent tant de drames, à la représentation desquels ses parents ont eux-mêmes la folie de la conduire ?
Le second, né à Alexandrie, se chargea de la représentation des actions gaies, vives & badines.
D'où l'on apprend infailliblement qu'ils étaient bien distingués les uns des autres, non seulement dans le genre de leur représentation, mais aussi en leur vie et en l'estime que l'on en faisait, et qu'ayant un lieu si différent pour agir, ils ne peuvent pas être compris sous un même nom d'Histrions, si ce n'est par un usage abusif, ou par une signification fort étendue, comme celui d'Acteurs.
[NDE] Au sujet du jeu des sots (représentations farcesques à l’occasion de la « fête des fous »).
Toutes les fois que vous allez à la première Représentation d’une Pièce sérieuse, vous croyez, dites-vous, aller à Athènes ou à Rome : vous ne trouvez en votre chemin que Grecs et Romains, encore sont-ils tout défigurés depuis que Corneille et Racine ne les font plus parler.
Il suit de là que, comme le Spectacle de la vertu persécutée ne doit point détourner de la vertu, de même la représentation des maux que souffrent les Amants, ne détournera point de l’amour, et que les Spectateurs, après avoir plaint les Amants dans leurs traverses, se réjouiront avec eux de les en voir délivrés, et ne seront point effrayés d’avoir à courir les mêmes risques ; parce qu’ils seront sûrs d’obtenir le même prix.
Enfin les jeunes gens qui sont maîtres de leur cœur, ne peuvent remporter de la représentation de cette Comédie que des exemples capables de les fortifier dans la vertu : et ceux qui sont tyrannisés par la malheureuse passion de l’amour, peuvent apprendre à éviter les risques qu’ils courent, et à détester les excès où elle porte ceux qui s’y livrent.
Un traité de paix, une déclaration de guerre, l’acquisition d’un grand royaume, sont suivis de la représentation de Zaïre ; on parle de l’établissement de l’Ecole Militaire & d’un Concert. […] avec les plus grands applaudissemens ; on en a donné plusieurs représentations gratis ; la ville l’a fait imprimer, & l’a répandu par-tout ; on y a mêlé plusieurs chansons, de la façon du poëte, à l’honneur du Roi, de la Reine, de Monsieur, de Madame, de tous les Princes & Princesses ; on les a apprises par cœur, toutes les rues en ont retentit : ce qui, joint à l’illumination générale & aux cris, vive le Roi, vive la Reine, vive Monsieur, vive Madame, a satisfait la nuit & le jour les yeux, les oreilles, le cœur & l’esprit des bons Angevins, à l’honneur du portrait de ce Prince. […] Le poéte crut devoir changer ce vers dans les autres représentations ; mit tantôt je laisse, tantôt j’assure.
Que doivent être les auteurs qui les font agir & parler, & les acteurs qui les représentent, obligés dans la composition & la représentation de s’identifier avec eux pour les bien rendre. […] Le fonds de la piece est la premiere représentation du Tartuffe, où les deux Bejards devoient jouer, Moliere étoit marié avec la Bejard longtemps auparavant : le Tartuffe est de 1667, la Princesse d’Elide de 1664. […] défendit la représentation du Tartuffe de Moliere, comme d’une piece très-dangereuse pour la Religion & les mœurs.