Saint Charles, au milieu des acclamations de toute l’Italie, vint effectivement réprimer les excès qui se commettoient pendant le Carnaval de Milan ; mais quand il fut informé du peu de danger, & de la nécessité de la Comédie, il la permit pourvû que les Piéces eussent auparavant été présentées au Juge ; & Riccobini prétend, que ce Saint Archevêque n’a pas dédaigné d’approuver quelques Canevas Italiens, de sa propre main. […] Il y avoue à la vérité, que par la faute des Acteurs, des Auteurs, & des Spectateurs, le Théâtre n’est pas irreprochable ; mais il conclut, qu’il pourroit être propre à former les mœurs, & c’est, sans doute, la décision la plus favorable qui fût permise à un homme de son état.
N’est-ce pas par ce sentiment qu’Alcionée mourant par sa propre main, dit à Lidie: « Vous m’avez commandé de vaincre, et j’ai vaincu, Vous m’avez commandé de vivre et j’ai vécu : Aujourd’hui vos rigueurs vous demandent ma vie, Mon bras aveuglément l’accorde à votre envie, Heureux et satisfait dans mes adversités, D’avoir jusqu’au tombeau suivi vos volontés. » Rodrigue ne parle t-il pas de même à Chimène, lorsqu’il va combattre dom Sanche. […] Saint Cyprien en parlant des pères et des mères qui faisaient manger à leurs enfants des viandes offertes aux Idoles, fait dire aux enfants ces paroles étonnantes : Nos propres pères ont été nos parricides ; Et saint Augustin expliquant ce Passage, dit qu’encore que les enfants n’ayant point de part à cette action criminelle par leur volonté, ne mourussent pas réellement dans l’âme, néanmoins leurs pères ne laissaient pas d’être leurs homicides, parce que en tant qu’il dépendait d’eux, ils faisaient mourir spirituellement leurs âmes.
Et dans un autre endroit, savoir dans son Homélie 24 touchant la lecture des livres des Païens, vers la fin il dit : que pour conserver la pureté de son âme il faut éviter le plaisir des sens, qu’il faut fuir à cette fin les Spectacles et la musique que l’on y chante qui n’est propre qu’à corrompre l’âme, et à irriter les passions31. « Il ne faut point, dit-il, être curieux de voir ces Spectacles, et les vaines représentations de ces Charlatans, il ne faut point non plus prêter l’oreille à ces airs qui ne tendent qu’à corrompre l’âme : car cette espèce de musique ne porte point ordinairement d’autre fruit que l’esclavage et la dégradation de l’âme, outre cela elle irrite les passions ; et il conclut en disant : nous avons une autre musique bien meilleure que celle-là, et qui nous porte à nous attacher à des choses bien plus excellentes. […] Si l’on avait lu l’Epître 87 de saint Bernard n. 12, on verrait que ce Père a cru qu’il y avait autre chose dans les Spectacles que de la vanité : il rapporte ce que les gens du monde disent de la vie Religieuse, qui n’est à leur avis qu’un jeu ; « il répond58 et demeure d’accord que c’est un jeu, non d’enfant, mais un jeu qui est une occupation sérieuse, et digne d’attirer les regards des Esprits célestes ; que ce n’est pas un jeu qui ressemble à celui des Théâtres, qui n’est propre qu’à irriter les passions par la représentation des intrigues de femmes et des choses impures ». […] » Il les avait condamnés auparavant en général, quand dans le même endroit il avait dit72 : « Ces Spectacles publics doivent être abolis, parce qu’ils irritent beaucoup les vices et qu’ils sont très propres à corrompre les esprits, et bien loin de contribuer à nous faire mériter la vie bienheureuse, ils y nuisent beaucoup. […] Saint Isidore de Damiette100 a dans son Epître 336, suppose cette vérité, quand il dit que « les Comédiens n’ont jamais dessein de rendre meilleurs ceux qui vont à la Comédie, et quand ils le voudraient, ils ne le pourraient pas, parce que leur profession ne tend et n’est propre qu’à nuire. […] L’on peut voir ce que l’on a rapporté ci-devant de saint Basile, de saint Chrysostome et des autres touchant la Musique des Théâtres, pour être convaincu qu’il n’y a rien de si propre pour corrompre le cœur que ces airs languissants et tendres d’une Musique accommodée à des paroles capables par elles-mêmes d’émouvoir beaucoup, et qui est soutenue de gestes et de mouvements convenables à ce dessein ; de sorte que l’on peut appliquer ici ce que saint Basile a dit de la différence qu’il y a d’une Musique honnête, qui n’est capable que d’exciter dans l’âme les mouvements d’un plaisir réglé, pour conserver ou rétablir le juste tempérament où les puissances de l’âme doivent être, d’avec celle des Théâtres. « Il y a, dit ce Père107 , une si grande différence entre une Musique honnête et celle qui ne l’est pas, que cela vous doit exciter à fuir celle qui est maintenant en usage avec autant de précaution que vous fuiriez une chose très honteuse ».
Pour qu’un Acteur connût les moyens qui sont propres à toucher le spectateur, il faudroit, 1°.
La raison de cette variété peut se trouver d’abord dans le stile propre à chaque Poète ; car le Poète qui écrira avec force rendra ses personnages plus fiers, plus hèroïques, que celui dont le stile est rempli de douceur.
Ne doit-on pas croire qu’il y en avait qui étaient propres à tout, comme c’est l’habileté du Comédien de faire tantôt le Roi, et tantôt le valet ?
Jamais vocation plus libre, tout est venu d’elle, de son propre aveu. […] Il prend le change & détruit ses propres vues. […] Il en juge bien mieux que sa propre mère : Des mots perdus pour elle il sentoit la valeur, Et tout ce qu’il disoit répondoit à mon cœur. […] La mère de celle-ci n’y paroît guere propre ; la fille lui en fait injustement le reproche.
Il a composé à peu de frais une Tragédie historique ; mais comme ce grand Poëte n’a de modele que lui-même, il a été son propre copiste, & a avoué de bonne foi son plagiat. […] Ce portrait d’un Roi, fût-il vrai, est-il bien décent, & propre à inspirer du respect ? […] L’Auteur de son propre aveu n’y comptoit pas ; il lui a donné le sel de l’irréligion, elle est tout-à-coup devenue excellente. […] Oreste pour venger la mort de son pere, tua sa propre mere, complice du meurtre.
A quoi on peut ajouter que si notre esprit se plaît à la nouveauté, il y a toujours de quoi se contenter ; car les pensées des autres sont nouvelles pour nous ; on en peut dire autant de la façon de les expliquer, comme chacun a la sienne qui lui est propre, chacun a de quoi nous divertir. […] A quoi peut être propre un jeune homme qui retourne au logis à trois heures du matin après avoir dansé et ballé toute la nuit ? […] Cet esprit les enfle si fort de leur propre estime, qu’ils ne regardent les autres que comme des aveugles, ou des stupides qui se laissent mener sans résistance ; il n’y a qu’eux dans leur pensée qui sachent où ils vont, plus on leur crie qu’ils s’égarent, plus ils se hâtent d’avancer, et quoiqu’on les rappelle au bon chemin, ils ne daignent pas seulement tourner la tête. […] On ne peut se souvenir sans frayeur de la punition d’un joueur Italien, lequel se voyant dépouillé de tout par sa mauvaise chance, entra dans la première Eglise pour insulter Dieu en sa propre maison. […] Il arrivera que dans la plus grande cherté de vivres, une femme veuve qui n’a pas du pain pour soi, sera contrainte d’élever un chien au Seigneur du lieu, de lui faire du potage et de le coucher plus mollement qu’elle ne ferait ses propres enfants : Un autre en a deux, quelques-uns en ont trois.
Les écoles de peinture s’imaginent que pour former leurs éleves, il faut mettre sous leurs yeux des modéles les plus propres à allumer le feu de la concupiscence. […] Remarquez que quand c’est une femme vertueuse qui peint, elle couvre les hommes, & un peintre vertueux couvre les femmes : Aspectus corporum nudorum tam mâris quam fæminæ irritare solet lasciviam : comme ce sont, plus ordinairement, les hommes qui sont sculpteurs & peintres ; ils sont moins frappés de l’immodestie de leur propre corps, & ne sentent point le danger qu’ils font courir aux femmes. […] Par air de modestie, elles font semblant de ne pas les appercevoir, ou d’y être indifférentes : elles sont aussi indifférentes à les entendre sur leur propre immodestie, & en réalité sur la scene & dans les loges, & en peinture, sur les décorations.
; qu’on leur abandonna treize rues à Paris, dans chacune desquelles elles avoient un clapier (comme des lapins), qu’elles tâchoient de rendre propres, agréables & commodes. […] Ils croyoient cette posture propre à leur procurer le recueillement, les visions & les extases ; c’étoit la moindre de leurs erreurs, adoptée du plus petit nombre : c’est la seule qu’il a plu à l’Auteur des Essais de recueillir par préférence, pour s’amuser du spectacle d’un homme qui se regarde le nombril ; sans quoi cette secte obscène, qui fut d’abord éteinte, n’eût pas mérité son attention. […] Voilà de belles intentions, bien propres à justifier & le Commerçant & l’Acteur !
Au lieu d’exprimer le caractère de l’amour, il ne peignit que son propre caractère. […] S’il se croit égal à son Dieu, ce n’est plus un Dieu, le prétendu merveilleux de son audace s’évanouit, il détruit son propre sublime. […] Si ses habits ne sont pas magnifiques, ce qui ne convient pas à tous les états, qu’ils soient du moins propres et décents, et qu’il ne se familiarise pas.
non seulement pour n’employer pas à cela tout le temps, ou la meilleure partie d’icelui ; car il y a des occupations plus importantes, qu’il faut préférer à celle-là, autrement ce ne serait pas vous recréer par divertissement, ains par occupation ; mais aussi pour choisir les heures, et le temps qui est propre à cela, comme d’ordinaire est, après le repas, ou après avoir été occupé et bandé en quelque affaire pénible, soit pour l’esprit, soit pour le corps ; car à proprement parler, la récréation n’est pas convenable qu’après le travail, et le travail est le mérite de la récréation : Ainsi la Sagesse divine disait, « Qu’elle avait tout rangé et disposé avec Dieu, et puis qu’elle se recréait jouant en ce monde en sa présence. […] j'ai à vous dire que chaque chose a son temps, et que la prudence enseigne de faire tout en sa propre saison : on pèche au jeu quant au temps ; 1. […] Soyez plus sage que ceux-ci, âme Chrétienne, jouez rarement ; car Dieu vous a mis au monde pour travailler, pour vous bien occuper, et pour vaquer à des actions dignes d’un homme, dignes de l’éternité ; vous êtes ici au lieu de pénitence, et des larmes : Si faire se pouvait, vous devriez vous priver çà-bas de toute sorte de jeu, tant pour acquérir là-haut les récréations divines, comme pour satisfaire à Dieu, pour les péchés qui vous ont privé de joies du Ciel, et vous ont engagé aux supplices d’un enfer : mais puisque Dieu condescendant à votre faiblesse, veut que vous vous recréiez, et jouiez ; n’abusez pas de ce congé, ménagez le bien, ayez le temps propre à cela qui ne soit pas nécessaire pour quelque autre occupation meilleure, comme est le temps après le repas, ou après un long travail d’esprit, ou de corps.
L’Auteur aime les révolutions, les conjurations, les élans de la liberté & de l’indépendance : sujets peu propres à réussir, dit Voltaire, quoique fort dans son goût. […] Racine est l’Auteur le plus passionné, le plus séduisant, le plus propre à gâter le cœur, sur-tout des jeunes gens & des filles.
Vous vous souvenez que tout ce premier jour s’en alla en divers combats de l’Église contre l’Antéchrist, et à quelques autres préparatifs propres à représenter ce qui fut exhibé le jour suivant ; et que le pape n’y fut vu, ni aucune sentence prononcée. […] Je n’en peux point conjecturer ou savoir autre cause, que sa malignité propre, accompagnée d’un mauvais naturel, formé pour médire, et disposé à mal faire : ou bien je l’attribuerai à son éducation, car étant du nombre de ceux que le schisme a séparé de l’Église catholique, apostolique et romaine, l’on voit par expérience que telles gens haïssent à mort les jésuites, voire avant que jamais ils les aient vus.
Vous haïssez l’un de ces deux maîtres, si vous aimez l’autre, & les mêmes raisons qui vous font haïr le premier vous seront aimer le second ; vous devez à votre propre repos, ce choix décisif. […] Le meilleur philtre est ce qui reveille en eux les tentations de l’impureté & il est certain que ces parures y sont très propres, les femmes le savent bien, y comptent, & les emploient dans ces vues.