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2. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XIII et dernier. De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. » pp. 223-228

De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. […] Je n’ai voulu prouver autre chose, sinon que les prêtres ne sont plus en droit d’anathématiser ni les comédiens, ni leur profession ; et que vis-à-vis de l’église, un acteur doit être considéré à l’égal des autres citoyens, puis qu’il est citoyen lui-même et qu’il jouit de tous les droits civils sous la protection des lois. […] Je ne m’étendrai donc pas sur les deux sujets indiqués dans le titre du présent chapitre ; mais je crois devoir faire sentir ici, que les dangers de la profession de comédien, ne peuvent justifier les rigueurs de certains prêtres fanatiques, qui par ignorance des lois ecclésiastiques, et au mépris des lois séculières, prétendraient avoir le droit d’anathématiser la profession théâtrale, et refuser aux acteurs, les prières de l’église, et la sépulture en terre sainte. […] La profession de comédien, n’est pas réellement contraire à la religion. […] Il n’est pas surprenant qu’il s’en trouve toujours quelques-uns, assez fanatiques pour se croire en droit d’anathématiser la profession de comédien, la raison en est simple ; la comédie a souvent contribuée à démasquer l’hypocrisie, et la tartuferie des gens d’église.

3. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Je ne prétends point faire croire que ma profession édifie quoiqu’elle puisse prétendre à cet avantage pour l’avenir. […] On me dira peut être encore que je pouvais prendre une profession subalterne mais pure aux yeux du Christianisme. […] Gresset, je l’approuve : elle m’édifie même ; mais elle ne me prévient pas pour cela contre ma profession. […] Quel est donc l’homme tant soit peu Chrétien qui osera hasarder de s’attacher à cette profession ? […] Quelle est la profession dans laquelle on réussira, si l’on n’a pas le désir de s’y distinguer ?

4. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Conclusions générales. » pp. 371-378

Les comédiens du troisième âge, ayant reçu leur institution du prince et des lois du royaume, ne sont point comptables de leur profession au clergé ; L’abjuration de cette profession, exigée par le clergé, est un véritable délit, parce que aucune autorité dans l’Etat n’a le droit de vouloir le contraire de ce qui a été créé et autorisé par les diplômes du prince et la législation du pays ; Le refus de sépulture, fait par le clergé aux comédiens, est encore un délit manifeste et réel, puisque c’est infliger une action pénale, imprégner un mépris public à une profession que le prince, les lois du royaume, les ordonnances de police ont instituée et régularisée ; et en cette circonstance l’outrage est non seulement fait à la personne et à la profession du comédien décédé, mais encore aux autorités suprêmes qui ont autorisé et commandé son exercice : voilà pour ce qui concerne l’état politique et celui de la législation ; c’est aux procureurs du roi qu’il appartient de faire respecter, par toutes les autorités existant dans l’Etat, ce qui a été institué et par l’action du prince et par le fait de la législation et des règlements de la police du royaume ; Le refus de sépulture est encore un autre délit envers les lois ecclésiastiques même, puisque, pour avoir lieu d’une manière canonique, il faut que les individus auxquels on veut l’appliquer aient été excommuniés, dénoncés dans les formes, et que jamais les comédiens du troisième âge ne se sont rencontrés dans cette catégorie ; Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les comédiens de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de leur création les prêtres ont rempli des rôles dans les mystères que les comédiens représentaient ; que les obscénités, les scandales qui se pratiquaient alors dans les églises, ou dans ces comédies pieuses, étant tout à fait nuisibles à la religion, l’autorité séculière a fait défendre aux prêtres de remplir désormais des rôles de comédiens, et à ceux-ci de ne plus prendre leurs sujets de comédie dans les mystères de la religion ; Le clergé, dans l’animadversion qu’il témoigne contre les comédiens, signale son ignorance, son injustice, son ingratitude, et démontre en outre qu’il agit avec deux poids et deux mesures, ce qui est on ne peut pas plus impolitique pour un corps aussi respectable ; car on a vu que c’étaient des papes et des cardinaux qui avaient institué des théâtres tant en Italie qu’en France ; on a vu un abbé, directeur de notre Opéra à Paris, on a vu les capucins, les cordeliers, les augustins demander l’aumône par placet, et la recevoir de nos comédiens ; on a vu les lettres où ces mêmes religieux, prêtres de l’Eglise apostolique et romaine, promettaient de prier Dieu pour la prospérité de la compagnie des comédiens. […] On a vu des comédiens enterrés dans nos églises, tandis que d’autres n’ont pu obtenir de places dans nos cimetières ; et l’on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer même aux exercices de notre religion, en même temps qu’ils exercent leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés, car en ce cas ils devraient être exclus de l’église, et l’église purifiée après leur expulsion ; Les papes, les rois et tous les souverains de la chrétienté ayant institué des théâtres et des comédiens dans leurs Etats, pour le plaisir et l’instruction de leurs sujets, n’ont pas prétendu se damner eux et toutes leurs nations, par la fréquentation obligée qu’ils établiraient avec des excommuniés ; Le clergé usurpe sur l’autorité séculière en blâmant, en punissant, en damnant ce qu’elle a créé et institué ; Certaines processions et d’autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, sont infiniment plus obscènes, plus coupables, plus nuisibles à la majesté de notre sainte religion que l’exercice de la comédie ; Le clergé qui veut anéantir une profession que les princes et les lois ont instituée, prétexte la rigueur des anciens canons des conciles, et il oublie lui-même, en ce qui lui est propre et absolument obligatoire, ce que ces mêmes canons ont dicté et voulu ; circonstance qui met l’auteur dans la nécessité de les lui rappeler ; La puissance séculière doit veiller avec d’autant plus de soins à ce que le clergé ne s’éloigne pas des devoirs qui lui sont imposés par la discipline ecclésiastique, que c’est l’oubli de ces mêmes lois, au dire de notre roi, Henri III, qui a porté le clergé à faire ensanglanter son trône, et à bouleverser ses Etats ; que l’expérience du passé doit toujours servir de leçon pour l’avenir ; Le prince étant le protecteur né des canons des saints conciles, ainsi que l’Eglise le reconnaît elle-même, doit surveiller tant par lui que par ses délégués l’exécution de ce qu’ils ordonnent, afin que la religion ne perde rien de son lustre et des dogmes de son institution, parce qu’il est utile que les ministres du culte donnent eux-mêmes l’exemple de cette conformité aux saints canons, afin d’y amener successivement les fidèles commis à leur instruction ; les procureurs du roi, les préfets, les sous-préfets et les maires qui sont les délégués du prince, tant en ce qui concerne la justice que la police du royaume, doivent, avec tous les procédés convenables en pareils cas, faire sentir aux prêtres qu’ils ont sur eux une suprématie d’action, qui est assez forte pour les faire rentrer dans les lois de la discipline de l’Eglise, s’ils commettaient la faute de s’en écarter.

5. (1825) Des comédiens et du clergé « Sommaire des matières » pp. -

Le précis historique des trois âges des comédiens ; leur état chez les Grecs et les Romains, et leur institution légale en France ; leurs privilèges sur les autres classes de la société, quant à la noblesse ; Leurs droits à exercer leur profession, sans que le clergé soit fondé à exiger leur abjuration et à leur faire le refus de sépulture. Les ecclésiastiques commettent un délit, envers les lois civiles, à raison de ce refus de sépulture, attendu qu’il ne leur est pas permis de condamner une profession que les diplômes du prince, les lois de l’Etat et les règlements de la police du royaume, ont instituée, protégée et honorée ; ils commettent un autre délit, envers les lois de l’Eglise, attendu que le refus de sépulture ne peut être fait qu’à des excommuniés dénoncés, et que les comédiens ne sont nullement dans cette catégorie. Le tableau historique de plusieurs saints honorés par l’Eglise catholique, apostolique et romaine, qui ont été comédiens de profession, et qui ont souffert le martyre pour la foi de Jésus-Christ ; Le récit de plusieurs processions, messes, et autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui ont été et sont encore, par leur scandale et leurs obscénités, infiniment plus nuisibles à la religion que l’exercice de la profession de comédien ; L’exposé de divers conciles constitutifs de la discipline ecclésiastique qui imposent aux évêques et aux prêtres, dans leur vie privée, des devoirs qui ne sont plus pratiqués de nos jours et qu’il est utile de rappeler à leur mémoire ; attendu que puisqu’ils se montrent rigides observateurs des canons des conciles, à l’égard des fidèles, ils doivent eux-mêmes donner l’exemple de leur soumission aux lois qui leur sont propres, et sans l’exécution desquelles la religion perdrait son lustre et l’utilité de son institution ; L’oubli qui a eu lieu, de la part des évêques et des prêtres, de ces lois canoniques sur la discipline qu’ils doivent pratiquer, a excité l’ambition du clergé, au point de vouloir s’emparer du gouvernement de l’Etat, et lui a fait commettre des crimes qui ont ensanglanté le trône de nos rois, et bouleversé le royaume. […] Cet ouvrage, en précisant les lois civiles et ecclésiastiques dont l’auteur fait l’application, servira de guide aux autorités constituées du royaume, en ce qui regarde leurs droits comme déléguées du prince, et conduira à leur instruction les prêtres qui peuvent méconnaître les obligations qui leur sont imposées par les conciles, en même temps qu’il offrira aux comédiens l’état constitutif et légal de leur profession.

6. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE V. De la protection spéciale sanctionnée par le Pape, accordée aux Comédiens du troisième âge, par l’autorité spirituelle, et par l’autorité temporelle. » pp. 120-129

Malheureusement le clergé catholique, dans ces temps d’ignorance et de fanatisme, se compromettait en exerçant la profession d’acteur, ou, si on veut, l’art du comédien : et cet art se trouvait avili même par les pèlerins et les confrères de la passion, qui, indépendamment de leurs comédies pieuses, y joignaient des farces obscènes. […] On observera cependant qu’à l’époque à laquelle les pèlerins et les confrères de la Passion s’emparèrent de la scène théâtrale, de concert, pour ainsi dire, avec des ecclésiastiques, les comédiens cessèrent véritablement d’être anathématisés, et par conséquent c’est de cette époque que les acteurs n’encouraient plus l’excommunication à raison de leur profession. […] En effet, les gouvernements agirent premièrement de concert avec les saints canons, qui défendaient aux prêtres de jouer la comédie, et ensuite ils s’appliquèrent à épurer la scène, et nos souverains transférèrent les théâtres hors des églises, et ils soumirent les comédiens français à de sages règlements de police ; ils firent construire de magnifiques salles de comédie, ils créèrent des comédiens qui furent salariés et pensionnés, ils les comblèrent de bienfaits, ils en honorèrent la profession et instituèrent une administration royale pour la régir, en portant toutes ces dépenses publiques dans le budget de l’état. […] Les prêtres n’y exigent point des acteurs l’abjuration de la profession de comédien pour les faire participer aux sacrements et aux prières de l’église, et pour les admettre aux honneurs de la sépulture en terre sainte. […] On doit encore considérer que le prêtre qui exige d’un acteur l’abjuration de la profession de comédien, témoigne par là même qu’il blâme tout à la fois les gouvernements séculiers, et le gouvernement papal, d’avoir constitué et honoré cette profession et lui avoir enfin donné une existence légale.

7. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Combien n’avons-nous pas de professions dans lesquelles l’esprit est nécessaire ? […] Quelle est la profession qui ne doit pas nourrir celui qui l’exerce ? […] Quand on siffle tous ces gens-là, est-ce à leur profession qu’on en veut ? […] La Police, en France, vient d’interdire les sifflets au Parterre ; donc voilà la profession des Comédiens anoblie par ce règlement. […] Si vous voulez faire adopter aux gens sages que la profession des Comédiens les rend fripons parce qu’il y a des gens de mauvaises mœurs entre eux, prouvez avant que tous les hommes sont des fripons, parce qu’il n’y a point de profession ni d’état qui n’ait des fripons.

8. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Et est-il croyable, qu’il ait voulu approuver une Profession, qui rend infâmes et excommuniés ceux qui l’exercent ? […] Puisque ce Comédien est connu publiquement pour tel, Ignace a pu et a même dû lui refuser la Communion, après néanmoins lui avoir demandé publiquement s’il s’était confessé et avait renoncé pour toujours à sa Profession. […] Cyprien écrit à Eucratius, qui l’avait consulté, pour savoir comment il se devait comporter à l’égard d’un certain Comédien qui avait à la vérité quitté le théâtre, mais qui continuait à enseigner sa Profession à d’autres : sur quoi ce Saint Martyr répond que cet homme-là doit être regardé et traité comme un excommunié. […] Cela étant ainsi, il est constant que le Curé de Philometor a fait son devoir, en lui refusant les Sacrements à cause de l’opiniâtreté, où il était, de vouloir persévérer dans sa Profession de Comédien : et que par une suite indispensable il a dû refuser à son corps la sépulture Ecclésiastique ; puisqu’elle n’est due qu’à ceux qui meurent dans la Communion de l’Eglise : il est inutile de dire, que ce Comédien a d’ailleurs témoigné de la douleur de ses péchés, à moins qu’il n’ait détesté sa Profession et n’ait promis d’y renoncer pour toujours : ses autres péchés n’ayant pas pu lui être remis pendant qu’il conservait de l’affection pour celui dont sa profession le rendait coupable. […] D’où il s’ensuit qu’on doit donc la refuser aux Comédiens, qui meurent sans donner des marques d’une sincère pénitence, puisqu’ils exercent publiquement une Profession criminelle.

9. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

L’infortune, le libertinage, l’incapacité pour tout autre état, l’inconduite, & la fausse prévention où est la jeunesse, sur la Profession de Comédien. […] Elle relevoit l’homme & laissoit la profession dans la bassesse. […] S’il y a eu des Comédiens qui ont poussé leur profession au-delà des bornes ordinaires, ils se sont distingués, & la profession est restée la même. […] Qu’on ne me donne que des Comédiens habiles, je rendrai justice à leur mérite ; mais je n’éleverai ni ce mérite au-dessus de lui-même, ni la profession aux nues. […] Rome entretenoit dans les siens l’idée de la vraie gloire, en avilissant une profession qui pouvoit les séduire.

10. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

Le Rituel de Paris défend de donner les Sacrements aux Comédiens, à moins qu’ils ne renoncent à cette Profession. […]  » Lactance s’explique en mêmes termes dans son livre du véritable culte : « Que dirai-je des Comédiens, dont la Profession est de corrompre les mœurs, qui apprennent aux hommes à commettre les adultères qu’ils représentent ? […] Ainsi les Confesseurs qui se souvenant qu’ils sont les dispensateurs des Mystères de Dieu, ont refusé l’absolution, ont très bien fait, puisqu’ils ont suivi les règles de l’Eglise, qui n’admet point à la participation de ses Sacrements les gens de cette Profession, comme on le voit dans le corps du Droit Canon, chap. […] Mais pour examiner le cas dont il s’agit par ce qui se fait à Paris, il est étonnant que ces Comédiens veuillent s’autoriser par ce qui s’y fait, puisque dans Paris on ne reçoit aucun Comédien aux Sacrements qu’après avoir quitté sa Profession, comme il est expressément marqué dans le Rituel, où les Comédiens et les autres pécheurs publics sont exclus de la Communion. […] Que ces Confesseurs avertissent sérieusement les Comédiens qui se sont adressés à eux, qu’il n’est pas en leur pouvoir de leur donner les Sacrements, à moins qu’ils ne renoncent entièrement à leur Profession, et aux péchés publics dont ils sont les instruments, pour se délivrer par là de l’infamie publique que le Droit leur inflige.

11. (1825) Encore des comédiens et du clergé « TABLE DES MATIERES. » pp. 229-258

Page 105 La profession de comédien ne dérogeait point à la noblesse. […] Page 114 La profession de comédien autorisée et approuvée par les souverains et par le pape. […] Page 131 L’art théâtral devenu légalement une profession dans l’Etat. […] De l’utilité de l’art théatral, et des dangers attachés a la profession de comédien, sous le rapport des mœurs. […] Page 223 Mesures du gouvernement au sujet des dangers de la profession de comédien.

12. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Je vois encore que par tout pays leur profession est déshonorante ; que ceux qui l’exercent, excommuniés ou non, sont partout méprisés, et qu’à Paris même, où ils disent avoir plus de considération, un bourgeois craindrait de les fréquenter. […] Il est certain que chez eux la profession du théâtre était si peu déshonnête, que la Grèce fournit des exemples d’acteurs chargés de certaines fonctions publiques, soit dans l’Etat, soit en ambassade. […] Quand leurs lois déclaraient les comédiens infâmes, était-ce dans le dessein d’en déshonorer la profession ? […] Qu’est-ce que la profession du comédien ? […] Qui ne regarde ces malheureuses chrétiennes, si elles le sont encore, dans une profession si contraire aux vœux de leur baptême, comme des esclaves exposées en qui la pudeur est éteinte ?

13. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE X. De la protection due aux Comédiens par le ministère public, contre les entreprises du fanatisme. » pp. 174-185

Il en résulte que les acteurs de comédie étant protégés, salariés, pensionnés et honorés par les souverains et par les papes, aucun prêtre en France, n’a le droit de son autorité privée, d’anathématiser et d’excommunier la profession de comédien, qui a été créée et autorisée par les diplômes du prince, par la législation du pays ; et par conséquent, c’est un véritable délit d’en exiger l’abjuration. Le refus des prières de l’église et de la sépulture, fait par le clergé aux comédiens, est encore un autre délit manifeste et réel, car c’est infliger une action pénale et imprimer le mépris public, à une profession instituée et régularisée par la volonté et les ordonnances du prince, en vertu des lois du royaume et sous la protection des tribunaux. Dans cette dernière circonstance, l’outrage est fait non seulement à la personne et à la profession du comédien, mais encore aux autorités suprêmes, qui ont autorisé et commandé son exercice. […] Ce refus de recevoir à l’église le cadavre des comédiens décédés sans confession, est une conséquence de la réprobation de la profession d’acteur. […] Il se constituerait par le fait, puissance législative et exécutive dans l’état et punirait dans le corps mort d’un citoyen, le zèle et le dévouement que celui-ci aurait apporté pendant sa vie, à remplir une profession voulue par le prince et consacrée par les lois.

14. (1764) Comédie pp. 252-254

Puisque ce Comédien est connu publiquement pour tel, son Curé a dû lui refuser la Communion, après néanmoins lui avoir demandé publiquement s’il s’était confessé et avait renoncé pour toujours à sa profession. […] Philométor, Comédien, étant au lit de la mort, et n’ayant pas voulu promettre de renoncer à sa profession, est mort sans recevoir les Sacrements, et a été privé de la sépulture Ecclésiastique. […] Puisque les Comédiens sont excommuniés, infâmes, attachés à une profession criminelle, le Curé de Philométor a fait son devoir en lui refusant les Sacrements, à cause de l’opiniâtreté où il était de vouloir persévérer dans sa profession, et par conséquent il a dû refuser à son corps la sépulture Ecclésiastique ; puisqu’elle n’est due qu’à ceux qui meurent dans la Communion de l’Eglise, et que le Rituel Romain défend de la donner aux pécheurs publics.

15. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Mais d’autant qu’il s’agit du maintien d’une profession ancienne et honorable que chacun tâche d’opprimer, avilir et ruiner du tout, je croirai n’encourir le titre de présomptueux, importun, ni pédant, si je vous allègue, outre S.  […] Voilà comment notre profession causant ces assemblées, et elles unissant les volontés au lieu de les diviser, et bien souvent liant les cœurs envieillis de haine du vrai nœud de l’amitié nous purgeae de ce côté-là. […] Siap chacun avait à prouver l’antiquité de sa profession, nous l’emporterions de beaucoup. […] Siat vous ne changez les opinions erronées que vous avez conçues de nous et de notre profession, je croirai que votre malicieuse ignorance a de beaucoup surpassé la pieuse science des gens de bien que j’ai allégués en notre défense, en la créance desquelsau je me résoudraiav de continuer cette profession pour y chercher ma perfection, tenant mes labeurs bien employés et mes travaux mieux salariés que je n’oserais espérer, pourvu que le contentement de vos esprits, illustres spectateurs, suive d’aussi près mes souhaits que mon désir suit la recherche de votre bienveillanceaw. […] [NDE] Comprendre : le fait que notre profession cause ces assemblées et que celles-ci unissent les volontés et lient les cœurs nous lave de cette accusation.

16. (1825) Encore des comédiens et du clergé « TABLE DES CHAPITRES ET ARTICLES CONTENUS DANS LE PRESENT VOLUME. » pp. 7-9

Du Clergé, considéré comme fondateur et protecteur des Comédiens du troisième âge en France, et comme en ayant lui-même exercé la profession. […] Des Comédiens français rétablis à raison de leur profession, dans leurs droits civils et religieux, et entièrement affranchis des anathèmes et des excommunications de l’Eglise. […] De l’utilité de l’art théâtral, dans l’ordre social, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs.

17. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

C’est donc une profession incompatible avec le salut ou la sanctification chrétienne, puisqu’on est obligé d’y faire renoncer les acteurs et les actrices à l’article de la mort, qu’ils soient aujourd’hui excommuniés ou non. […] Ce savant théologien dit : « Le spectacle n’étant point mauvais de sa nature, la profession des acteurs et des actrices, quoique généralement dangereuse pour le salut, ne doit pas être regardée comme une profession absolument mauvaise ». […] Est-il croyable qu’il ait voulu approuver une profession qui rend infâmes et excommuniés ceux qui l’exercent ? […] On voit, d’après cela, que le passage de saint Thomas prouve assez mal ce que l’on prétend établir, savoir que l’on ne doit pas regarder comme absolument mauvaise la profession des acteurs et des actrices. […] Si le malade ne paraît pas disposé à renoncer à sa profession, il est prudent, à notre avis, de n’exiger que la simple déclaration que, s’il recouvre la santé, il s’en rapportera à la décision de l’évêque.

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