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179. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

C’est ainsi qu’une multitude de jeunes personnes infortunées qui, sans autre dot que les charmes de la jeunesse et de l’honnêteté, pourraient encore fréquemment trouver des partis avantageux, vivre heureuses et honorées, servir d’exemples encourageants à leurs compagnes, si on les eût exhortées à la reconnaissance, à la sagesse, et soutenues par de bons conseils, ou des leçons opposées à celles qu’on leur a données, ont perdu pour long-temps cet espoir. […] On voit que, malgré sa rudesse, il sait pardonner aussi les injures ; puisqu’il veut bien oublier les perfidies de Célimène, pourvu qu’elle prenne le seul moyen qui lui reste de réparer le mal qu’elle a commis et d’éviter les rechutes ; moyen qui consiste à s’éloigner des séductions, à se retirer avec lui dans une solitude, comme alors on se retirait seul dans un couvent par des raisons semblables sans que personne y trouvât rien de bien ridicule. […] Non-seulement elles ne faisaient de mal à personne, mais elles étaient sensibles et bienfaisantes ; elles coulaient en paix et honorablement leurs jours dans la pratique de toutes les vertus sociales ; et, je le répète, elles exerçaient la plus grande et la plus salutaire influence sur les mœurs de la capitale, et même de la nation entière. […] Pour éviter ce ridicule, elles ont abandonné les livres, et se sont lancées dans les affaires ; leurs boudoirs ressemblaient à des cabinets d’agence ; elles voyaient des hommes d’état, des politiques ; on les rencontrait souvent aux audiences des ministres ; mais leurs démarches, qui étaient souvent heureuses et utiles, ont été qualifiées de menées, et leurs personnes traitées d’intrigantes et encore tournées en ridicule. […] Si vous observez plusieurs personnes conversant ensemble, dans une situation ordinaire, vous les voyez rire par habitude, sans savoir pourquoi ; vous les entendez critiquer les choses, goguenarder les gens.

180. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Les jours ne leur paroissent pas assez longs pour orner & embellir leur personne, afin de s’attirer le plus d’hommages & le plus d’encens. […] C’est par ce ton excessif de bouffonnerie, que le Théatre Italien plaît à tant de personnes. […] Le Parlement les rebuta, comme personnes que les bonnes mœurs, les SS. […] Plusieurs personnes de mérite, à qui elle a été communiquée, ont pensé qu’elle pourroit servir de seconde Partie à l’Ouvrage de M. […] Elle n’en paroît pas moins odieuse aux personnes vertueuses de la Cour.

181. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Un Auteur Dramatique dans une Monarchie doit un respect aveugle aux volontés du Prince, comme le reste des sujets, il ne se permettra pas de traiter des affaires d’Etat sur la scène, et ne fera parler ses Acteurs qu’avec respect des personnes qui en ont l’administration, dans une Démocratie au contraire, on peut en tous temps et en tous lieux attaquer l’inconduite des Chefs du Gouvernement. […] Le Prince n’est donc comptable à personne qu’à Dieu et aux lois, de ses démarches. […] Les sept péchés mortels que les Français commettent aussi fréquemment que personne, et tant de ridicules qu’on leur reproche, offrent assez de matière aux génies Dramatiques. […] Personne, je vous jure, ne serait choqué de voir sur la Scène un Spadassin insolent puni tout autrement que par des voies de fait, et pourvu que votre sage prouvât que ce n’est point la lâcheté qui l’arrête mais la raison, que le mépris qu’il a pour un insolent n’exclut pas chez lui la bravoure, je vous jure qu’un pareil personnage serait goûté. […] Quel est l’homme assez stupide, assez inhumain pour ne voir qu’un criminel dans la personne de ce Héros qu’on traînerait au supplice ?

182. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Salvien nous assure qu’on ne recevoit personne au Baptême, s’il ne renonçoit à ces divertissemens comme aux pompes du démon. […] Les jeunes personnes vont au bal, & dans des assemblées pour se faire connoître ; mais c’est en effet pour se déshonorer elles-mêmes. […] On prend garde de n’inviter à ces assemblées, que des personnes qui plaisent & auxquelles on puisse plaire. […] Et quand ces personnes en auroient besoin, doivent-elles s’accorder celui des spectacles, puisqu’on ne peut l’offrir à Dieu comme une œuvre chrétienne ? […] pourquoi fréquenter les théâtres, est-ce un scandale pour vous-même dans des personnes de certain état, de certain rang ?

183. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

Il est vrai que les Poètes ne louent pas ces vices, mais en louant les personnes en qui ils se trouvent, et les couvrant de tant d’excellentes qualités, ils font que non seulement on n’a pas de honte de leur ressembler, mais qu’on fait gloire d’avoir leurs defauts, C’est ainsi que faisaient les disciples de Platon, qui contrefaisaient ses hautes épaules ; et ceux d’Aristote, qui affectaient de bégayer comme lui. […] Le mal a plus de force que le bien sur l’esprit de l’homme, et s’il se trouve une personne qui imite quelqu’une des vertus des Héros des Poètes, il y en a mille qui sont les imitateurs de leurs vices.

184. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Quantité de personnes disent fort sérieusement à Paris, que Moliere a plus corrigé de défauts à la Cour & à la Ville, que tous les Prédicateurs ensemble ; & je crois qu’on ne se trompe pas, pourvu qu’on ne parle que de certaines qualités qui ne sont pas tant un crime, qu’un faux goût, ou un sot entêtement : comme vous diriez l’humeur des Prudes, des Précieuses, de ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en Marquis, qui parlent incessamment de leur noblesse, qui ont toujours quelques poësies de leur façon à montrer aux gens, &c. […] Non-seulement on veut de l’amour en une Comédie, on exige que cette passion soit violente, que la jalousie s’en mêle, que la volonté d’un pere ou d’un tuteur se trouve contraire, & que l’on employe une adresse merveilleuse pour surmonter les obstacles ; on donne des leçons aux jeunes personnes qui sont dans le cas, pour atteindre au même but, en pratiquant les mêmes finesses. […] Le démon s’appercevant, dit-il encore, que l’idolâtrie à la suite causeroit du dégoût aux personnes raisonnables, a accompagné son culte superstitieux & ridicule, de l’enchantement des Spectacles, afin que frappant les sens d’une maniere agréable & touchante, le plaisir la fit aimer.

185. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Voila ce que toutes les personnes sensées verront comme moi. […] Ainsi l’on créerait un genre nouveau, utile à l’humanité commençante, de la même manière que la Grande Comédie l’est aux personnes faites. […] Je dis que nos Théâtre ne sont pas suffisans, & je donne en preuve cinq cens personnes obligées de s’en retourner faute de Billets, lorsque les premiers Acteurs daignent jouer dans les bonnes Pièces. 3.

186. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

Votre Grandeur, qui est un abîme d’Erudition, sait mieux que personne que depuis que les Royaumes ont commencé d’être florissants, et que l’on a bâti de grandes Villes, il y a fallu des Spectacles pour en amuser les habitants, et que si les Pères de la primitive Eglise blâmaient les Chrétiens d’y assister, c’était parce que les Spectacles des Anciens faisaient une partie essentielle de la Religion Païenne. […] J’y reprends les défauts en général sans toucher à personne en particulier ; et tel qui n’a jamais été sensible à toutes les remontrances qu’on lui a faites, ravi de rire des sottises d’autrui, appréhende d’en faire, de peur de donner sujet de rire à son tour. […] Dans les plus illustres Familles Bien souvent aux Garçons, quelquefois même aux Filles Les conseils des Parents semblent hors de saison ; Et par les leçons du Théâtre Le Fat le plus opiniâtre  Est d’abord mis à la raison. » C’est dans cette vue, Monseigneur, que j’ai choisi Esope pour le traduire partout où il y a des abus, et pour lui faire dire, sous les apparences des Fables, la Vérité à tout le monde, sans que personne puisse raisonnablement s’en offenser.

187. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE X. De la protection due aux Comédiens par le ministère public, contre les entreprises du fanatisme. » pp. 174-185

Dans cette dernière circonstance, l’outrage est fait non seulement à la personne et à la profession du comédien, mais encore aux autorités suprêmes, qui ont autorisé et commandé son exercice. […] … Si le refus de sépulture, ainsi que nous l’avons déjà dit, est plus outrageant pour l’autorité du prince que pour le comédien même, il en résultera aussi, que la classe des personnes dévotes et, ce qui est pire encore, la classe du peuple abrutie par l’ignorance, et par conséquent si susceptible d’être fanatisée, comme elle l’est en Espagne, par le monachisme et le jésuitisme ultramontain, sera autorisée d’après cette conduite du clergé, à blâmer et mépriser le prince et la loi, qui, d’après les allégations du prêtre, se trouveraient en contradiction avec la religion. C’est ainsi que serait atténué le respect inviolable, que les peuples doivent à la personne sacrée des rois.

188. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

Quel ouvrage d’esprit, et quel autre genre de Poésie pourrait-on imaginer qui fût plus utile à la société, et plus propre à y soutenir les bonnes mœurs que la Comédie, lorsqu’elle aura pour unique objet d’instruire et de corriger généralement toutes sortes de personnes ? […] Je sais, par le témoignage de tant d’excellents Ecrivains de l’antiquité, que la Comédie est un délassement agréable qui dédommage des fatigues du travail : que Cicéron appella les Poètes comiques, des Poètes amis de l’innocence : que l’on peut rapporter une infinité d’exemples des amusements honnêtes, que les plus grands Hommes ont fait succéder à leurs occupations sérieuses et importantes : que les personnes les plus sages se livrent quelquefois à des moments de loisir et de récréation, qui ne prennent rien sur leurs devoirs. […] n’y a parmi vous, leur dit-il, ni Poète, ni aucune autre personne assez zélée, pour vous reprocher avec affection, et pour mettre au jour vos défauts et ceux de toute la Ville ; s’il vous arrive, par bonheur, qu’il en paraisse quelqu’un, vous devez l’embrasser avec la plus grande amitié, et le recevoir avec autant de joie et de solemnité, que si vous célébriez un jour de fête…. » Peu après il ajoute : « Si quelqu’un prend l’extérieur de Philosophe, dans la vue du gain, ou par vaine gloire et non pas pour votre utilité, il ne mérite pas que vous le receviez ; on peut le comparer à un Médecin qui, visitant un grand nombre de malades, ne pense à rien moins qu’à les guérir, mais à leur distribuer des couronnes et des parfums, à leur mener des femmes de mauvaise vie, et par conséquent à irriter leurs maladies et à les rendre incurables.

189. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Ayant pris la ville de Nanci, il fit ce qu’il put pour se saisir de sa personne. […] Il en fait depuis le plus bas étage jusqu’aux personnes les plus qualifiées. […] Personne en effet ne ressembloit mieux aux anciens Paladins & aux Héros de la mithologie. […] Les héroïnes sont toujours des personnes de qualité, distinguées par la naissance, les dignités, les richesses, souvent des Princesses, des Reines qui toutes sont livrées au vice, & ne diversifient la scene que par la diversité des goûts, des caracteres & des circonstances. […] A dix heures du soir elle vint chez moi, & me fit dire par un valet de chambre que la personne qui m’avoit donné des heures, venoit me demander une audience secrette ; je ne voulus pas la voir, & la fis accompagner chez elle.

190. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « III. » pp. 12-16

Reconnaissez que c’est une très-méchante chose que de mettre des enfants que l’on vous confie pour les élever Chrétiennement, en état de pouvoir aimer un jour ces divertissements dangereux, et que des Païens mêmes ont jugé indignes de personnes qui ne seraient pas folles, ou que l’excès du vin n’aurait pas mis hors de leur bon sens. […] Il admirait la gravité de cette Compagnie, voyant dans une occasion de joie si publique et si solennelle leurs yeux baissés contre terre, sans qu’ils les détournassent jamais de côté ou d’autre par une vaine curiosité ; mais ayant les paupières abaissées, ils ne voyaient personne, et étaient vus de tout le monde.

191. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 7-8

Après s’être gaussé des choses séculières, on se raille des choses les plus saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées ; on y mêle les paroles même de la Bible, on profane ce qu’il y a de plus saint et de plus auguste en l’Eglise ; les serviteurs, les servantes et d’autres personnes qui ont l’esprit faible, entendant ainsi parler avec mépris des choses saintes, perdent le respect, la vénération et l’estime qu’ils en avaient ; ils s’accoutument à les considérer comme des choses profanes, indifférentes et de petite conséquence, ils tombent en un état d’insensibilité et d’endurcissement ; ce qui fait qu’ils se confessent, qu’ils communient, qu’ils prient Dieu et qu’ils entendent les sermons par manière d’acquit.

192. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Je sais bien que personne n’y est trompé. […] Une personne sage peut-elle se fier à leurs protestations, & compter sur leurs sermens ? […] Combien de gens qui n’ayant de connoissance de l’histoire que celle qu’ils ont puisée dans des romans & des tragédies, prennent pour des vérités ce que dit un Acteur, d’autant plus aisément qu’il sera plus approprié à nos mœurs, & plus vrai-semblable, & renfermera des choses dont on trouve le fonds dans son cœur & le modelle dans le monde, & qu’on le donne pour véritable, sous le nom imposant de personnes illustres ! […] Dans les principes, c’est la haine, la malignité, l’envie, l’ambition, l’impureté, & toutes les passions qui font la guerre à la vérité ; dans les effets, par le scandale qu’il donne, le tort qu’il fait, selon les circonstances & les personnes ; dans les espèces, joyeux quand il amuse, officieux quand il sert, pernicieux quand il nuit, soit par des paroles, soit par des actions, par des signes trompeurs. Tout est réuni au théatre ; on ment par les paroles, les actions, les rôles, les habits, les gestes, par toute la personne ; on amuse, mais en amusant on nuit à la religion & aux mœurs par les plus mauvais exemples & la plus pernicieuse morale, par l’esprit & le goût faux qu’on inspire.

193. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Qu’un chacun seulement délibère en soi-même, et parle avec la personne de sa profession : jamais il ne fera rien déshonnête : car la sentence laquelle ne se devra à autre qu’à soi-même, aura plus de poids et d’autorité. […] Et combien que ces méchants en leurs farceries n’épargnent personne, de quelque sexe, état, ou condition qu’elle soit, si est-ce, que tous courent à la foule voir tels Spectacles. […] Que dirai-je du soin et fâcherie inutile des personnes, que l’on introduit ès Comédies ? […] Une personne qui se connaîtra enfant de Dieu, jamais ne se donnera de merveilles des œuvres humaines : Et à la vérité, celui qui peut admirer autre chose que Dieu, se précipite du haut degré et sommet de sa noblesse. […] [NDE] A l'époque, amasser pouvait aussi s'appliquer aux personnes.

194. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Toute action qui fait souvent tomber dans le péché mortel le plus grand nombre de personnes qui la pratiquent, est une occasion prochaine de péché mortel. […] Telle est la Comédie sur le papier : on y voit le corps des passions sans âme mais il y a beaucoup de personnes d’un tempérament si tendre, que la lecture des Comédies et des Romans les enflamme facilement : c’est pourquoi ces lectures sont défendues. […] Ces Comédies divertissent les personnes dont elle critiquent les passions. […] Mais il répond. 1°. avec Sanchez, qu’il n’y a que l’ignorance invincible qui pourrait excuser : or il n’y a personne qui n’ait ouï parler qu’il y a des gens qui condamnent la Comédie. 2°. […] Il faut remarquer que les Italiens ont deux sortes de Comédiens, savoir des mercenaires dont je viens de parler ; et des domestiques, dont les Acteurs sont des personnes de famille qui ne gagnent pas d’argent à jouer.

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