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50. (1574) Livre premier. Epître dixième. Cyprien à Eucratius son frère « Epître dixième. » pp. 30-31

en son art déshonnête, et vilaine manière de vivre, et comme maître et conducteur d’enfants, non pour les enseigner, et instruire quelque chose de bon, mais pour les perdre et gâter, montre aussi les autres, ce qu’il a autrefois appris à sa ruine et damnation, à savoir si un tel personnage doit vivre et communiquer avec vous. […] Et de notre temps tels personnages sous prétexte de Comédies et Moralités, ou Farces ont semé plusieurs hérésies, et dénigré l’état Ecclésiastique, et par ce moyen étrangée plusieurs de l’union et du troupeau de notre Seigneur.

51. (1715) La critique du théâtre anglais « AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR. » pp. -

Au reste, les noms des Comédies et des Personnages que j’ai cru devoir traduire en Français, se trouveront à la tête du Livre, avec l’Anglais à côté. Cette liste est faite particulièrement pour les Anglais : on y a gardé l’ordre alphabétique : la lettre C. marquera que c’est un nom de Comédie, et la lettre P. que c’est un nom de Personnage habillé en Français. […] Bonne-Foi, Personnage ; tels sont chez les Comiques Anglais, The Plain-Dealer, C.

52. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312

LA MERE COQUETTE, Il y aurait de l’injustice à ne pas avouer que cette Comédie de Quinault est bien imaginée et bien conduite ; mais quant à l’article des bonnes mœurs, il ne paraît pas que l’Auteur en ait été occupé autant qu’il l’aurait dû, puisque le principal personnage de sa Pièce est insoutenable de ce côté-là, et suffirait seul pour exclure la Coquette de tout le Théâtre, où l’on aura pour but d’instruire en divertissant. Laurette Servante d’Ismène (qui est le personnage en question) est aussi de très mauvais exemple ; elle fait cent fourberies pour brouiller la fille de sa Maîtresse avec Acante son amant, à qui elle avait été promise, parce que Crémante père d’Acante, est devenu amoureux de la prétendue de son fils et veut l’épouser. […] Et dans le personnage même de Laurette on apprendrait combien sont blâmables les Maîtres qui par autorité, et souvent par violence, exigent de leurs Domestiques des services qu’ils ne leurs rendent que malgré eux, et jamais sans concevoir une juste horreur pour ceux qui les forcent à les leur rendre.

53. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Puis donnant le vent à ses mensonges il parle ainsi : « En cette comédie il y avait divers personnages, entre autres un Dieu jésuitique, et en après un Jésus-Christ à sa droite. » s Qu’est ce mentir (Messieurs) si cela ne l’est ? […] L’écolier qui faisait ce personnage s’appelle Josué de Villeneuve, et n’y en avait aucun autre qui représentât Dieu, que ce drôleur mentant appelle jésuitique. Il continue de mentir avec ces paroles : « entre ces personnages était le pape et sa suite » z. […] Mais où avais-tu l’âme, ô cyclope dénaturé, quand tu as écrit, que celui qui contrefaisait Dieu, et celui qui jouait le personnage de Lucifer ont été emportés de maladie pour s’être trop échauffés ? […] [NDE] Atellane = forme comique du théâtre latin, souvent bouffonne et obscène, reposant sur un canevas et mettant en scène quatre personnages masqués.

54. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Les Poètes donc ont rempli le ciel de tels personnages, afin que sachant bien qu’ils avaient été mortels et caducs, ils laissassent à la postérité une mémoire d’eux, leur attribuant le nom de dieu, et [comme on dit] de grands personnages qu’ils étaient, les faisant plus grands. […] Toutefois Sophocle, et Euripide sont fort élégants et jolis entremêlant de graves sentences, non sans un certain poids et mesure des mots, et gravité des personnages y introduits. […] Ce Caton rébarbatif et sévère est venu au Théâtre : déclarant par son dire, que la présence d’un seul personnage vertueux et d’autorité est de plus grande estime, que n’est l’applaudissement de toute une populace. […] prenant leur dénomination aussi de la dignité des personnages graves, qui y étaient introduits. […] ou Planipediæ, en Latin, elles ne contenaient sinon choses ridicules : et mêmes les personnages étaient personnes viles, et sans aucun apparat.

55. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Les autres se voulant défendre, achèvent le caractère du saint Personnage, mais pourtant seulement comme d’un zélé indiscret et ridicule. […] La Suivante demeure avec ce Frère, dont le personnage est tout à fait heureux dans cette occasion, pour faire rapporter avec vraisemblance et bienséance à un homme qui n’est pas de la maison, quoique intéressé pour sa sœur dans tout ce qui s’y passe, de quelle manière Monsieur Panulphe y est traité. […] Ils continuent, que c’est ce que les Poètes ont pratiqué, en introduisant des personnages passionnés dans la Tragédie et des personnages ridicules dans la Comédie (ils parlent du ridicule dans le sens d’Aristote, d’Horace, de Cicéron, de Quintilien et des autres maîtres, et non pas dans celui du peuple :) qu’ainsi faisant profession de faire voir de méchantes choses, si l’on n’entre dans leur intention ; rien n’est si aisé que de faire leur procès : qu’il faut donc considérer si ces défauts sont produits d’une manière à en rendre la considération utile aux Spectateurs : ce qui se réduit presque à savoir s’ils sont produits comme défauts, c’est-à-dire comme méchants et ridicules ; car dès là ils ne peuvent faire qu’un excellent effet. […] Le Frère fait dans ces perplexités le personnage d’un véritable honnête homme, qui songe à réparer le mal arrivé, et ne s’amuse point à le reprocher à ceux qui l’ont causé, comme font la plupart des gens, surtout quand par hasard ils ont prévu ce qu’ils voient. […] La Vieille, encore entêtée du saint personnage, n’en veut rien croire, et sur cela enfile un long lieu commun « de la médisance et des méchantes langues ».

56. (1620) L’Honneur du théâtre « Prologue » pp. 39-42

Que si nous faisons profit des erreurs, puisque les erreurs font les hommes sages, et que nous nous proposons, pour exemplaires de nos actions, les conseils des plus anciens personnages, que l’âge et l’expérience sont inévitables ; n’avouerons-nous pas que l’histoire nous doit servir de très excellent miroir pour y considérer le vice et la vertu, non terminés par la vie d’un mortel, mais par le perpétuel récit de tous les âges, et de tous les siècles. […] Ce Comédien Romain était si naïf en ses personnages, et si violent en ses actions, qui semblaient requérir quelque affection, qu’il tua d’un coup de Sceptre un importun sur le Théâtre, rendant la comédie tragique, ou la tragédie plus funeste.

57. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Les uns n’ont que le dernier rang dans un Drame, & les autres en sont ordinairement les principaux personnages ; mais c’est une nouvelle découverte de l’esprit humain : on peut aussi bien rire des plaisanteries d’un savetier, que des ruses & des souplesses d’un valet intelligent. […] On avait purgé le Théâtre des personnages vils & grossiers, par ce qu’on voulait en banir la farce ; mais nous, plus éclairés sans doute que nos ayeux, nous les remettons sur la Scène, nous courons applaudir leur façon de parler ; nous nous extasions à des peintures trop naïves qui auraient autrefois choqué le goût & la délicatesse. […] S’ils ne mettent dans la bouche de leurs personnages que des pensées basses & populaires, c’est parce qu’ils s’appliquent à peindre la Nature. […] Leurs personnages sont ordinairement des gens de la lie du peuple ; & les siens sont aussi de la même espèce. […] On commence, il est vrai, à jetter dans les Drames du nouveau Théâtre des personnages relevés.

58. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

L’esprit de galanterie, introduit sur la scène, affaiblit le caractère des personnages, en lui donnant cette flexibilité qu’exclut le despotisme des grandes passions. […] Tartuffe n’est point comme Monsieur Jourdain un personnage risible, c’est un monstre exécrable qui soulève l’indignation : il fallait être doué d’un certain courage pour oser montrer ainsi à nu l’âme d’un faux dévot, à une époque où les tartuffes n’étaient pas rares, et l’opprobre dont Molière les couvrit fut une bonne leçon pour les mœurs. […] L’intrigue est une suite d’efforts des deux personnages à se tromper, s’intimider, se tuer ; d’où la jeunesse peut retirer d’épouvantables leçons de mensonge, de fourberie, et des maximes qui peuvent justifier le poignard ou le poison dans les rivalités d’amour, de vanité, ou d’intérêt, et enfin pour dernier tableau elle entend un fils maudire sa mère. […] Des monstres, et des actions atroces qui nous peignent les mœurs du bagne et l’audace des brigands, sans qu’un seul personnage vertueux vienne partager l’intérêt du public, et en rendant le vice odieux rehausser l’éclat des vertus. […] « Mahomet aurait eu le défaut d’attacher l’admiration publique au coupable, si l’auteur n’avait eu soin de porter sur un second personnage un intérêt de respect et de vénération, capable d’effacer la terreur que Mahomet inspire.

59. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Mais si nous voulons prendre les ridicules de tous nos voisins, & les joindre aux nôtres, déja si nombreux, nous ferons dans peu de très-jolis personnages. […] Je n’irai pas, comme quelques Ecrivains, ravaler le genre & les personnages : un homme utile, que dis-je, nécessaire, peut-il être vil ? […] Votre Comédie-Ariette, quoique peu naturelle, pourrait devenir utile, en bannissant de ce genre les indécences ; en donnant aux Paysans & aux Artisans les mœurs du plus grand nombre d’entr’eux ; en ne les sacrifiant pas au ris moqueur des Inutiles : en suivant la route tracée dans Lucile, où l’Auteur a su rassembler des personnages de conditions assez éloignées, sans que les contrastes blessent ; chacun d’eux y étant a sa place, y fesant ce qu’il doit, & comme il le doit. […] Mais en rejetant les Farces Italiennes, j’aimerais que l’on en conservât les personnages, ne fût-ce que pour la variété, & afin de profiter des avantages que donne le masque dans certains rôles.

60. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

On n’oublie pas de répondre à l’argument tiré des Tragédies des Collèges, par les règles de l’Université, qui défendent d’y rien représenter que d’édifiant, et d’en exclure les personnages et les habits de Femmes ; par les Statuts des Jésuites qui portent que les Comédies et les Tragédies seront Latines, qu’on n’en fera que très rarement, qu’on prendra toujours des sujets de piété, et qu’il n’y paraîtra point de personnages de femme, ni de fille ; enfin par la quatrième Assemblée générale de l’Oratoire, qui renouvelle le règlement contre les personnages de Femmes et de Filles sur le Théâtre de leurs Collèges. […] Ainsi les Hommes y prenaient l’habit, et faisaient les personnages de Femmes. On confirme cette condamnation par les Statuts des Jésuites, qui leur défendent de faire paraître des personnages de Femme sur les Théâtres de leurs Collèges. […] Qu’aurait-il juge de nos Opéra, et aurait-il cru moins dangereux de voir des Comédiennes jouer si passionnément le personnage d’Amantes, avec tous les malheureux avantages de leur sexe ?

61. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Ainsi donne-t-on des amants à Judith, à Suzanne, à la fille de Jephté, une maîtresse à Joseph, etc., et dans les pièces où il y a des crimes véritables, comme Dina, Samson, David, on fait parler les personnages de la manière la plus séduisante et la plus scandaleuse. […] On s’accoutume à regarder les plus saints, les plus grands hommes, comme des personnes ordinaires, des personnages de théâtre, fort au-dessous du haut degré de vénération où l’Esprit Saint les présente. […] Pour mettre une histoire sainte sur le théâtre, il faut ourdir une intrigue, former des obstacles, ménager un dénouement, introduire des personnages, leur prêter des sentiments et des discours, altérer les faits. […] C’est un personnage postiche d’un amant de Judith, jaloux et passionné, avec qui elle a les conversations les plus tendres, tandis que l’histoire nous apprend que depuis la mort de son mari elle avait vécu dans la plus profonde retraite et la plus austère pénitence. […] Le public n’est pas courtisan : la pièce parut froide, la texture commune, la versification prosaïque, les personnages sans intérêt ; elle tomba pour ne jamais se relever.

62. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Ce premier obstacle cessera donc d’en être un, si les Auteurs ne s’obstinent plus à croire qu’on ne peut attirer les François au Spectacle, qu’en introduisant sur le Théâtre des personnages plutôt semblables à des marionnettes qu’à des hommes. […] Si donc un Auteur comique formant le louable dessein d’abolir parmi les François la barbare coutume des duels, introduisoit sur la scène un personnage respectable par mille bonnes qualités, qui ayant reçu une injure, refuseroit d’en tirer vengeance l’épée à la main, & diroit tout ce qu’on peut dire de plus fort contre les duels, je doute qu’un tel personnage se retirât avec l’estime des Spectateurs.

63. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Le personnage que vous indiquez à Louis XIV vis-à-vis de M. de Lauzun ao siérait parfaitement à quelque Héros poétique. […] [NDE] Variante orthographique de Nimrod, personnage biblique (Genèse, X, 8), arrière-petit-fils de Noé, premier roi après le Déluge. […] [NDE] Antonomase fondée sur le nom d’un personnage querelleur du Roland furieux (1505-1532) de l’Arioste. […] [NDE] Le Duc de Worcestre ou Vorcestre (Worcester), Ministre d’Angleterre, personnage de la Tragédie de Gresset à qui l’on doit la tirade précédente. […] [NDE] Personnage de pédant (Les Femmes savantes, 1672).

64. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

Ce Spectacle tient des anciennes Comédies, (dont on a parlé Note Comédie, nombre 8.) composées de simples Dialogues, & presque sans action, dont les Personnages étaient pris dans le bas-peuple ; les Scènes se passaient dans les Places ou dans les Cabarets, suivant qu’elles étaient Plataires ou Tabernaires. Les Personnages ordinaires des Parades d’aujourd’hui, sont le bon-homme Cassandre, Père, Tuteur, ou Amant suranné d’Isabelle ; le vrai caractère de la charmante Isabelle, est d’être également faible, fausse & précieuse (une vraie Servante de Cabaret) : celui du beau Léandre son Amant, est d’allier le ton grivois d’un Soldat, à la fatuité d’un petit-maître manqué : un Pierrot, quelquefois un Arlequin, & un Moucheur de chandelle, achèvent de remplir tous les Rôles de la Parade, dont le vrai ton est toujours le plus bas-comique.

65. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Quel personnage a-t-il dû choisir ? […] Mais Molière n’a pas voulu peindre un personnage idéal. […] Voilà donc le personnage que Molière a voulu humilier, pour flatter le goût de son siècle. […] Rousseau, ne soit même dans les personnages vertueux, un exemple vicieux au théâtre. […] Rousseau, je prouverai qu’une Mérope est un personnage vicieux, et aucune mère ne voudra m’en croire.

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