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260. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Nous regarderions ces Théâtres, comme destinés à récréer ceux des Citoyens dont les mœurs ne sont pas sévères : une mère saurait qu’elle ne doit jamais y conduire sa fille ; un père que ce Spectacle est dangereux pour son fils. […] Nous avons des défauts, nos pères avaient des vices ; nous avons des ridicules, ils en avaient aussi, & de plus, la grossièreté : l’avantage est pour nous. […] Le Héraut, en les montrant à tout le Peuple louait leurs ancêtres & leurs pères, morts pour la patrie : il leur représentait qu’ils avaient trouvé dans le Peuple, un père qui avait pris soin de leur enfance, & les exhortait à vivre en gens d’honneur, à se distinguer par leur vertu. […] Heureux pères, d’avoir donné le jour à de tels enfans ! […] Je compare Corneille à un père, qui place le déjeûné de son fils dans un endroit inaccessible : l’enfant approche, fait des efforts, mais se décourage enfin : un peu plus bas, il se fût exercé à le saisir.

261. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Il place la prédication des Apôtres, des Pères, des Pasteurs, de niveau avec la Comédie, qui est une espèce de blasphême de la parole divine. […] Ce sont des conversations très-communes, souvent basses & grossieres, dont le seul mérite est d’être naturelles, vives, naïves, semées de saillies plaisantes, de mots bouffons, qui font rire ; ce sont les fourberies d’un valet, les intrigues d’un jeune homme, les reproches d’un père, la foiblesse d’un malade, &c. […] Au contraire rien de plus propre pour inspirer de la coqueterie que ces sortes de pieces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que prennent les pères & les mères de s’opposer aux engagemens & amourettes de leurs enfans.

262. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

C’est la gloire, la volonté de son Créateur, de son Sauveur, de son Père. […] Ce fou qui aux petites maisons se disait le Père éternel, cet autre qui se croyait Jupiter, ne parlaient pas plus follement. […] On peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie que ses pièces, parce qu’on y tourne continuellement en ridicule les soins que les pères et les mères prennent de s’opposer aux amours de leurs enfants. » L’Abbé d’Aubignac, auteur, amateur, modérateur du théâtre, dont il a donné des règles dans sa Pratique, dit en parlant de Polyeucte de Corneille.

263. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

., mais surtout par le caractère de ceux qui s’y montrent, gens en place faits pour édifier, gens graves et réguliers, dont la réputation y donne un nouveau poids, un père, une mère, un maître, qui en donne l’exemple à ses enfants, ses élèves, les y laisse aller, leur fournit de l’argent ; par le caractère de ceux à qui l’on tient, famille chrétienne, communauté régulière, corps respectable, fonctions publiques, profession distinguée, etc. […] Un Magistrat, père du peuple, vengeur des crimes, protecteur des bonnes mœurs, interprète des lois, oracle d’une province, dont la sagesse, la modération, la décence font le caractère, qui tient à un Corps respectable, qui remplit les plus importantes fonctions, sur qui le public a les yeux fixés, à qui il doit son respect et sa confiance, est sans doute plus que personne obligé d’édifier : les scandales portent des coups mortels sur les cœurs. […] Le Roi daigna s’y trouver, on y tourne en ridicule le Pape, les Cardinaux, les Evêques, les Religieux, grossièrement par leur nom, la noblesse, la robe, tous les états, et on porte l’audace jusqu’à satiriser le Roi lui-même en sa présence, et taxer d’avarice la sage économie que faisait ce Prince de ses revenus pour ne pas fouler ses sujets, qui lui valut le glorieux titre de Père du peuple.

264. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Il ne doit donc y avoir de censures épiscopales contre eux que dans les grands diocèses ; mais ils trouvent partout la condamnation générale des conciles, des Papes, des saints Pères, et la défense de leur administrer les sacrements, s’ils ne renoncent à leur métier ; ce qui a toujours été observé dans l’Eglise, toujours cru par tous les fidèles, et par eux-mêmes, et par tous leurs défenseurs, qui en se récriant contre la rigueur de cette peine, ou tâchant de l’éluder, de la faire lever, en ont toujours reconnu la vérité. […] Ce Père porte la sévérité jusqu’à priver de la communion ecclésiastique un homme qui sans être Comédien lui-même, s’occupait à instruire, à former, à exercer les Comédiens, comme les Régents dans les collèges passent une partie de l’année à préparer les jeunes Acteurs. […] Il est vrai que ce livre n’a aucune autorité, et qu’il contient bien des choses répréhensibles ; mais cette décision paraît appuyée par divers passages et divers exemples des Pères, qui ont témoigné la plus grande horreur pour les présents des excommuniés et des pécheurs, et même sur des passages de l’Ecriture, qui disent expressément : « Oblationes impiorum abominabiles, dona iniquorum non probat Altissimus. » Et S.

265. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Andromaque, Iphigénie, Bérénice, ne firent jamais un bon mari, un bon père, un bon maître ; trop heureux, s'ils ne le rendent infidèle, dur, intraitable, prodigue, et ne font détester leurs héroïques transports ! […] Si l'on veut en voir des fruits plus durables, qu'on consulte les Lieutenants de Police, les pères de famille, les habiles Chirurgiens, les Sages-femmes, qu'on fouille les registres des Enfants trouvés, de la Salpêtrière, des maisons de Refuge, on verra si depuis l'établissement du théâtre et dans les villes où il est le plus florissant, les mœurs sont plus pures, la jeunesse plus sage, les femmes de mauvaise vie en plus petit nombre, les sacrements plus fréquentés. […] Je pardonnerais à la comédie de ne troubler la paix du cœur que pour les exciter ; mais sans jugement téméraire on peut lui prêter des vues moins sublimes : la haine d'un mari jaloux, d'un père vigilant, l'orgueil impie ou rebelle contre Dieu ou contre son Roi, la surprise d'un coup de théâtre, la pitié pour un amant malheureux, la joie du succès de quelque fourberie ; tels sont les orages que les vents et les flots de la représentation font éprouver au frêle vaisseau d'une vertu commune.

266. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

Nous devons cependant regarder Sannyrion comme le père de ce genre amusant, c’est-à-dire, comme celui qui lui prescrivit une certaine forme ; ce fut lui qui ajouta dans la Comédie ancienne les masques & les bouffonneries.

267. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXX. Profanation du dimanche : étrange explication du précepte de la sanctification des fêtes. » pp. 109-116

Au reste on ne doit pas demander des passages exprès de ce saint docteur, ou des autres, contre cet indigne partage qu’on fait des jours saints : ils n’avaient garde de reprendre dans leur temps ce qui était inouï, ni de prévoir une profanation du dimanche, qui est si nouvelle que nos pères l’ont vu commencer.

268. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

L’horreur que l’on conçoit de ces Spectacles, ferme les yeux à la vanité (ce que le Prophète demandait à Dieu avec instance « Averte oculos meos ne videant vanitatem. » Ps. 118 [Psaume 118 [119], verset 37] :) Elle ôte à la chair ce qui entretient ses flammes impures,  et conserve son intégrité : Elle empêche la superbe de glisser son poison dans l’esprit, et de le surprendre en le détournant de ces jeux, où l’on donne l’honneur et la gloire à ceux qui ont porté plus haut ses mouvements déréglés C’est pourquoi depuis l’établissement du Christianisme, et que Jésus-Christ crucifié a été proposé aux hommes comme la voie, la vérité, et la vie, qui conduisent à la béatitude, les partisans de l’idolâtrie ont toujours attaqué ces sentiments catholiques, comme les plus opposés à la superstition : Et les Pères ont été obligés de prendre leur défense, comme un des points principaux de notre créance, et de composer des livres entiers pour les soutenir. […] Cyprien en a composé un sur le même sujetj, et il n’y a point de Pères qui n’aient les mêmes sentiments que je vous propose, et qui ne tâchent de donner une extrême aversion de ces actions de Théâtre, comme contraires à la religion et à la dévotion.

269. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

Je sais bien que l’on prétend qu’il faut faire beaucoup de distinction entre les comédies de ce temps-ci, et celles que les saints Pères ont condamnées dans le leur ; et que si celles contre lesquelles ils ont fait paraître tant de zèle méritaient le blâme qu’ils leur ont donné, celles qui se représentent aujourd’hui sur les théâtres ne sauraient assez recevoir de louange, parce qu’elles ne contiennent pour l’ordinaire que des exemples d’innocence, de vertu, et de piété. […] Je sais bien que les Pères ont insisté particulièrement sur ce qu’il n’y avait point de spectacle, qui ne fût dédié à quelque fausse divinité, et qui ne tint dans son origine ou dans son exécution, quelque chose de l’idolâtrie.

270. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Ce qui n'est pas véritable ; au contraire, nous lisons dans la vie des Pères que Saint Paphnuce apprit par révélation qu'un certain Acteur de son temps serait quelque jour égal en la possession de la gloire du Ciel. » Et pour réponse à cette objection cet illustre Théologien dit, « Que le divertissement est nécessaire à l'entretien de la vie humaine, et que pour y parvenir on peut établir quelques emplois licites, comme l'art et le ministère des Histrions ; que quand on le fait pour cette fin, on ne peut pas dire que leur exercice soit défendu, ni qu'ils soient en état de péché quand ils le font avec quelque modération, c'est-à-dire, sans y mêler des paroles malhonnêtes, et des actions impudentes, pourvu que ce soit en des temps, et parmi des affaires qui n'y répugnent pas.

271. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Il épousa cette fille dans la suite, quoique l’exception que la Bejar sa mère faisoit en sa faveur eût aisément pu l’en avoit rendu le père, ce qui n’a jamais été bien éclairci ; mais ce ne fut pas sans peine, la Bejar, qui le méprisoit, & qui connoissoit le mystère de la paternité, la lui refusa absolument. […] Il se mocqua de toutes les remontrances de son père, il le quitta, se donna à une troupe de Comédiens, pour suivre une Comédienne dont il étoit amoureux. […] L’humeur sauvage des pères & des époux, la vertu des femmes qui tenoit de la pruderie, le savoir défiguré par le pedantisme des Medecins attachés à leur robe & à leur latin, le mélange ridicule de l’ancienne barbarie & du faux bel esprit, avoit produit le jargon des Précieuses ; l’ascendant de la cour sur la ville avoit multiplié les prétentions & la fausse importance dans la bourgeoisie. […]   Tendre amour, toi qu’on y revere,  Dieu du plaisir & père du bonheur, Viens regner chez Torré, c’est la ton sanctuaire.

272. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Jamais il n’y a eu au théatre plus de déchaînement qu’il y en eut contre le Tartuffe, le Parlement le défendit par arrêt, le Roi fit pareille défense ; les Prédicateurs, les Confesseurs, les Magistrats, les Écrivains, tout s’éleva avec zèle, le sublime Bourdaloue prêchant sur les divertissemens du monde le troisième dimanche après Pâques, s’étend beaucoup sur les spectacles qu’il démontre être impurs, criminels, scandaleux de leur nature, faisant naître mille pensées & désirs impurs défendus par l’Église & par tous les Saints Pères dont le témoignage vaut bien celui de quelques libertins, sans sciences, sans études, sans autorité, qui n’ont pour guide & pour oracle que des passions dont ils sont idolâtres. […] Malgré la sage défense du Roi, les Comédiens aussi méchans que leur père, ont toujours continué de l’habiller en Abbé, ils ont mieux aimé faire à contre-temps que de renoncer à leur malignité. […] Pourquoi ne pas dire que Venus étoit fille d’un premier Roi de l’Univers, que les hommes ne connoissoient alors que les loix de la nature, ignoroient ce que c’est que le choix & le goût, se livroient à leurs besoins sans délicatesse comme les animaux, & se multiplioient en aveugles, sans que jamais les pères reconnussent leurs enfans, & les femmes leurs époux (ce temps n’a jamais existé, un Chrétien qui croit à la Genèse n’avance point de si grossières absurdités) ; que cette Venus que le Ciel avoit doué d’une beauté divine, sentant des sentimens bien différens des femmes, le dessein de faire connoître aux hommes une union plus parfaite, qu’elle assembla les plus belles femmes, & que connoissant son sexe moins difficile à conduire que les hommes (peu de maris en conviendroient) : elle commença à publier par lui les loix, persuadée que les femmes porteroient bientôt les hommes à les suivre, lorsqu’elles se donneroient la peine de les en instruire (ces institutrices de chasteté sont à naître, à moins que ce ne soit les Actrices de l’opéra), dans cette nouvelle école cette Princesse leur fit voir l’horreur de se livrer à la nature sans que le cœur y prit aucune part ; que cette partie étant la plus belle & la plus noble, devoit conduire toutes les actions de la vie (quand on n’a que des sentimens platoniques, on n’en veut pas plus à la femme qu’à l’homme, la femme touche le cœur par d’autres endroits).

273. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

(Codex Theodosianus de Scenicis) le défend absolument ; elle défend même d’avoir des esclaves de ce caractère, ni de faire instruire les siennes à de pareils exercices : « Fidicinam nulli liceat emere vel docere, vel conviviis adhibere, nec eruditas hujus artis fœminas habere mancipia. » Tous les saints Pères ont condamné cette coutume ; il était ordonné aux Ecclésiastiques de sortir des repas où ils se trouvaient, dès que ces femmes y entraient. […] Elle mit au monde un enfant, qu’elle attribua à différents pères, pour faire payer plusieurs fois la réparation d’un honneur qu’elle avait depuis longtemps perdu, et les frais d’une éducation qui ne lui coûtait rien. […] On ne peut forcer personne à monter sur le théâtre, ni l’empêcher de le quitter ; libre ou esclave, fils ou étranger, ni père ni maître n’ont ce droit : « Nemini liceat ancillam vel libertam invitam in scenam pertrahere, nec converti volentem prohibere. » Se fût-elle engagée par contrat, eût-elle donné des cautions, ni elle ni ses cautions ne peuvent être obligées même d’en substituer une autre.

274. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

La proposition générale qu’il tâche d’établir est celle-ci : « Les comédies, de leur nature & prises en elles-mêmes, indépendamment de toute circonstance bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. » Il tire ses autorités, i°. des pères ; 2°. de l’écriture ; 3°. du raisonnement. […] Il ne rapproche point les anciennes pièces des nouvelles ; il n’examine point si ce qu’on dit des unes peut s’appliquer aux autres ; si les farces qu’on représentoit sous les empereurs payens, & contre lesquelles les pères de l’église lançoient tant d’anathêmes, ont quelque chose de commun avec nos pièces régulières ; si les changemens arrivés à nos mœurs n’ont pas amené ceux du théâtre.

275. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Cet homme célèbre, dont le nom seul annonce la haute idée qu’en a route l’Eglise, l’un des plus éloquens Orateurs, des plus saints Evêques, des plus illustres Pères qu’elle ait jamais eu, a été l’un des plus déclarés ennemis du théatre, & peut être en fut-il la victime. […] Je voudrois les connoître, afin de les chasser de l’Eglise, non pour toujours, mais pour les convertir, comme un bon père interdit quelquefois à ses enfans sa maison & sa table dans la vue de les corriger, comme un Pasteur sépare du troupeau les brebis malades, pour les guérir & préserver celles qui sont saines.

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