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38. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

On voit dans cet Ouvrage des peintures du Théâtre Italien, où l’on débite tant de mauvaises et dangereuses plaisanteries. […] La première, si la Comédie est mauvaise ; et ils font voir par l’Antiquité qu’elle est mauvaise. […] Enfin la quatrième demande, est de savoir si quelqu’un peut aller à la Comédie ; on y répond que la Comédie étant mauvaise, dans la pratique on n’y doit pas aller, même par complaisance pour ses parents. […] Réfutation des Sentiments relâchés d’un mauvais Théologien, sur la Comédie. […] On finit par des décisions des Pères Guzman et Mariana Jésuites, qui soutiennent que les Comédies sont mauvaises et nuisibles, et qu’il ne faut pas déférer au sentiment des personnes de quelque mérite et condition qu’ils fussent, s’ils osaient justifier les Comédies.

39. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

Le but de la satire est de corriger les mœurs quand elles sont mauvaises ; & je crois que pour les corriger, il suffit de les peindre d’après nature, sans les charger d’un ridicule que les hommes savent bien y attacher d’eux-mêmes. […] En effet le vice n’est pas dangereux parce qu’il est ridicule, mais parce qu’il entraîne après lui des suites funestes : par exemple, l’ivrognerie n’est pas un vice dangereux, parce qu’il met celui qui en est dominé dans un état d’extravagance qui lui attire les regards de tous les passans ; parce qu’il lui fait dire cent choses déraisonnables qui le font prendre pour un insensé ; mais bien parce qu’un ivrogne va dépenser au cabaret l’argent qui seroit mieux employé au soutien de sa famille ; mais bien parce qu’un ivrogne pour contenter sa malheureuse passion, laisse manquer de pain à sa femme & à ses enfans ; parce qu’il perd le goût du travail, & tombe lui-même dans la misere inséparable de la fainéantise ; mais bien parce qu’un homme dans l’état d’ivresse perd le sentiment de sa propre conservation, & qu’étant privé de raison, il n’a plus de frein qui puisse s’opposer à ses mauvais penchans. […] Or comme les mœurs sont ou bonnes ou mauvaises, la Comédie peut s’exercer sur les bonnes ou sur les mauvaises mœurs. […] Il s’ensuit de ce tableau, que la Comédie dont le but est de corriger les mœurs, les rend plus mauvaises, puisqu’elle contribue à fortifier & à étendre l’amour-propre qui ne nous est déja que trop naturel. […] Je ne compte pas parmi les avantages de la Comédie, traitée selon les regles qui constituent son essence, celui de faire cesser le cri des dévots contre les Spectacles ; car il faut convenir qu’ils n’ont eu jusqu’ici que trop de raisons de déclamer contre un Spectacle qui se prétendant institué pour corriger les Mœurs, les a peut-être rendues plus mauvaises.

40. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Ils ne sont ni bons ni mauvais, ni légers ni graves, ni oisifs ni occupés ; esclaves de la coutume, qui est leur suprême loi, ils vivent sur l’exemple d’autrui, ils pensent par l’esprit d’autrui. […] Voilà pourtant la partie la plus saine, ou plutôt la moins mauvaise des spectateurs. […] En un mot, les poètes sont obligés de mettre dans la bouche des acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu’ils font parler et à qui ils parlent : or on ne présente guère que des méchants et des libertins, et on ne parle guère que devant les personnes qui ont le cœur gâté par des passions déréglées et l’esprit rempli de mauvaises doctrines. […] Qu’on ne s’imagine pas que ces mauvaises maximes ne nuisent pas, parce qu’on n’y va que pour se divertir et non pour y former ses sentiments. Cette intention ne garantit pas des mauvais effets des passions qui triomphent sur le théâtre ; c’est toujours le cœur qui prend le plus de part aux spectacles ; il en est même pour cette raison le premier juge, puisque ce n’est que relativement à l’émotion qu’on y éprouve, qu’on applaudit plus ou moins à la représentation, si on se sent plus fortement ému par le vif intérêt que l’on prend à l’action ; si on se sent transporté sur le lieu de la scène, et comme dans la situation du personnage qui nous attache le plus ; si on l’entend parler, et si on le voit agir comme on parlerait et comme on agirait soi-même, étant animé de la même passion : alors le cœur prononce que le poète et les acteurs ont bien réussi à intéresser les spectateurs.

41. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

C’étoit la réfutation la plus complette de la mauvaise morale. […] Ne se borne-t-on pas aux exhortations générales, d’éviter le danger, de ne pas écouter de mauvais discours, fréquenter de mauvaises compagnies, regarder des objets obscénes. […] La cause est trop mauvaise pour espérer que d’habiles Avocats daignent s’en charger & s’exposer au ridicule du mauvais succès. […] Que si on veut blâmer tout ce qui ne regarde pas directement Dieu & notre salut, on ne doit pas trouver mauvais que la comédie soit condamnée, &c. […] Il vit tout-à-coup, dit Josephe un hibou, oiseau de mauvaise augure, perché sur une corde tendue en l’air pour le jeu de quelque machine.

42. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Il faut convenir qu’on est bien embarrassé quand on a une mauvaise cause. […] C’est une bien mauvaise maxime, pour faire détester le vice, que de l’exposer publiquement, et de le faire paraître au grand jour. […] On imagine, pour le faire apercevoir de ses mauvaises qualités, de n’introduire auprès de lui que des gens qui lui ressemblent. […] Il n’y a point d’action, quelque indifférente qu’elle paroisse, si elle n’est pas mauvaise, qui ne puisse et ne doive se rapporter à Dieu, et celles qui sont décidées mauvaises, sont celles qu’il est absolument impossible de lui offrir. […] Il en est de bonnes, de mauvaises, et d’indifférentes : ces dernières se divisent encore, et sont conditionnelles ; c’est-à-dire que les mêmes actions peuvent quelquefois n’être qu’indifférentes, et quelquefois être mauvaises, telles que le jeu des cartes, de dés, etc.

43. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Mais la plupart sont mauvaises, & c’est par-là qu’elles plaisent. […] Nous ne prétendons pas traiter cette grande matiere ; mais voici l’usage que nous faisons de cette fameuse querelle, qui mit aux mains l’Orient & l’Occident ; elle suppose de l’aveu des deux parties, que les images produisent sur l’esprit & sur le cœur, de bons & de mauvais effets, Qu’il faut donc proscrire les images indécentes, dont l’effet ne peut être bon, & nécessairement mauvais, & conserver les images de piété, qui ne font aucun mal, & peuvent faire beaucoup du bien. […] Dans les pays Protestans, où l’on fait semblant de craindre le danger de l’idolâtrie, tout est plein de mauvais tableaux ? Où s’imprime-t-il plus de mauvais livres, où se grave-t-il plus d’estampes licentieuses qu’en Hollande ? […] Le progrès de la tentation est plus rapide que celui de l’exhortation Une Vénus donne plus de mauvaises pensées qu’une Sainte n’en donne de bonnes.

44. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVI.  »

Or on ne représente guère que des méchants, et on ne parle que devant des personnes du monde qui ont le cœur et l'esprit corrompus par de mauvaises passions et de mauvaises maximes.

45. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

La bonne odeur de votre tête fait sentir mauvais votre ame & infecte votre réputation, capitis odor vitæ fœtor, comæ fragrantia famæ graveo lentiam affert . Qu’on juge combien doit sentir mauvais la conduite, la réputation des gens de théatre qui sentent si bon, capitis odor, vitæ fœtor. […] Ne soyons pas dupes des apparences ; ce n’est pas toujours la volupté, la mode, un ton d’élégance qui font usage des bonnes odeurs ; c’est très-souvent par nécessité qu’on en fait usage pour chasser les mauvaises. […] Celui qui sent toujours bon ; sent mauvais ; ce jeu de mots renferme une vérité très-commune : non benè olet qui benè semper olet . […] La bonne odeur de la vertu, la mauvaise odeur du vice.

46. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

Ces saillies dégoûtantes font voir la stérilité, la bassesse, le mauvais goût du poëte, qui a besoin de quelques syllabes pour faire son vers, & qui, faisant, pour ainsi dire, flèche de tout bois, emploie la cheville qu’il trouve, qui lui est familiere & à la mauvaise compagnie qu’il fréquente. […] Tel le Curieux impertinent, qui est un conte dont Destouches a fait une mauvaise comédie ; le gouvernement de Sancho, dont le P. […] La comédie doit être un tableau de la vie humaine, un exemple pour la conduite des mœurs, un image de la vérité ; je vois cependant qu’elle ne représente aujourd’hui que des extravagances, qu’elle propose & autorise de mauvaises actions, & qu’elle est presque toujours l’image d’une sale volupté. […] Tels sont la fuite des occasions du péché, la contagion des mauvais exemples, le poison d’une danse & d’une musique voluptueuses, les attraits séduisans des femmes étalés sur la scène, les traits perçans, des discours, des gestes, des intrigues galans, la licence des compagnies, les dangers d’une vie oisive, dissipée, frivole, tous ces traits épars dans une forêt, ou plutôt un labyrinthe d’extravagances, sont la condamnation évidente du théatre. […] Le mal l’emporte même beaucoup sur le bien : pour une ligne de bonne morale, il en est cent de mauvaise Mais le bien & le mal y fussent-ils mêlés à dose égale, quel seroit le plus efficace ?

47. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Bienheureux ceux qui pleurent car ils seront consolés, Malheur à ceux qui vivent dans des joies, car ils seront accablés de tristesses. » Le mauvais riche étant au milieu des flammes d’enfer, Math. 5 et demandant un peu de soulagement, il lui fut répondu qu’il avait vécu dans les délices pendant sa vie, et que maintenant il était justement tourmenté : mais que le Lazare ayant été privé de tout contentement durant la sienne, il en était à présent justement récompensé. 3.  […] et Marie Sœur de Moïse, après le passage de la mer rouge, et ces danses non seulement, n’ont pas été mauvaises, mais même elles ont mérité louange, ayant été faites par un sentiment extraordinaire d’une joie sainte, et par un mouvement particulier du S. […] Néanmoins il est encore véritable, qu’on ne doit pas condamner absolument quelques danses qui se feraient modestement et honnêtement en quelques occasions extraordinaires, comme ès noces, et autres assemblées rares de parenté et d’amitié, pourvu qu’on en bannisse les mauvaises circonstances, qui ont été marquées ; étant à observer que toutes personnes qui auraient l’expérience que la danse les fait tomber ordinairement en quelqu’unm des péchés susdits, s’en doivent abstenir comme d’une chose mauvaise, et que ceux même qui sortent de la danse fort innocents de ces péchés, doivent craindre de se rendre coupables des péchés des autres, qui ont été engagés par leur exemple à danser : ce qui fait conclure que toutes sortes de personnes doivent s’abstenir autant qu’il leur sera possible de toutes danses. […] Jean Chrysostome ci-dessus allégué répond, qu’encore qu’en ces spectacles on ne soit ému à aucune mauvaise convoitise, c’est toutefois se trouver parmi les péchés d’autrui, et s’en rendre en quelque façon participant.

48. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — III.  » p. 457

Il est inutile de dire pour justifier les Comédies et les Romans, qu'on n'y représente que des passions légitimes ; car encore que le mariage fasse un bon usage de la concupiscence, elle est néanmoins en soi toujours mauvaise et déréglée ; et il n'est pas permis de l'exciter en soi ni dans les autres. On doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché; comme une source de poison capable de nous infecter à tous moments, si Dieu n'en arrêtait les mauvaises suites.

49. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Quel homme sage voudroit conserver ce qu’il croit mauvais & pernicieux, parce qu’avec de grandes difficultés & un succès très-douteux il est absolument possible de le bonifier ? […] Ils savent bien connoître & reprendre un mauvais vers, un mauvais geste, un mauvais ton ; les sifflets & les huées en sont la punition. […] que ne s’élève-t-on contre l’impiété, l’obscénité, la mauvaise morale qu’on y débite ? […] Mais on ne s’est point apperçu de ces mauvais effets, on en revient aussi innocent, on se sait même bon gré de la diversion qu’il a faite à d’autres crimes. […] Quelques partisans de la licence qui s’efforcent d’en faire l’apologie, se laissent aveugler par la mauvaise coutume trop répandue de toutes parts.

50. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Ne voyez-vous pas, qu’un si mauvais métier n’a pu avoir d’autre maître que l’ancien dragon ? […] Quelle différence y a-t-il entre faire une chose qui est de soi mauvaise, ou en faire une indifférente qui en tient une mauvaise si fortement attachée que qui fait l’une fait l’autre ? […] C’est encore une excuse plus ridicule, quand on dit qu’on ne va pas au bal à mauvaise intention. […] Platon répliqua vertement ; Ne devez-vous pas savoir qu’il n’y a point de petite faute, où il y a danger d’une mauvaise habitude ? […] En est-il une seule qui ne soit foulée aux pieds par la mauvaise coutume ?

51. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

On ne voudroit pas d’une piéce écrite en vieux gaulois, en mauvais jargon, dans une langue barbare. […] Il est ridicule d’avancer que ceux qui ont de mauvaises mœurs, condamnent la comédie ; & ceux qui ont de la vertu l’approuvent. […] Les mauvais condamnent la comédie, & vivent mal ; vivez donc bien, & n’allez pas à la comédie ; les bons l’approuvent, & vivent, bien, allez-y & vivez mal. […] Les mauvais discours, les peintures indécentes, les romans licencieux, pour n’offrir que des libertins imaginaires, sont-ils moins redoutables à l’innocence ? […] Quoiqu’il en soit, ce sont certainement de fort mauvaises leçons à donner à des enfans.

52. (1675) Traité de la comédie « IV.  » p. 278

Il est inutile de dire, pour justifier les Comédies et les Romans, qu'on n'y représente que des passions légitimes et qui ont pour fin le mariage; car encore que le mariage fasse un bon usage de la concupiscence, elle est néanmoins en soi toujours mauvaise et déréglée ; et il n'est pas permis de l'exciter, ni dans soi-même, ni dans les autres. On doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché, comme une source de poison capable de nous infecter à tous moments, si Dieu n'en arrêtait les mauvais effets.

53. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Ne seroit-il pas de l’intérêt de l’état, du public & des mœurs, qu’a la place des pieces des boulevards, a plupart obscenes & mauvaises ; on y jouât des drames decens & instructifs ? […] Si dans les pieces mauvaises il se glisse quelque sentence, quelque trait de vertu, de génie, de bon goût, le ciseau du Censeur le coupe sans pitié, & ne laisse qu’un corps mutilé & difforme. Ces Arbitres de la corruption sont le contraire des Reviseurs ordinaires : ceux-ci élaguent l’arbre, en coupent ce qu’il y a de mauvais ; les autres en arrachent tout ce qu’il y a de bon. […] Au reste quelle est la comédie dont l’intrigue & le dénouement ne soit d’un mauvais exemple ? […] Toute sa vie pendant bien des années n’est qu’un tissu de querelles littéraires, de bons & de mauvais succès de ses pieces, des éloges ou des critiques, des remerciemens ou de satyres.

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