Ilme suffit de présenter le remède au mal, sans m’attacher aux personnes. […] Du mal qu’il y a en ces Théâtres, à les considérer en eux. […] Du mal qui y est, à les prendre à notre égard. […] Du mal qu’il y a ès Théâtres à les considérer en eux-mêmes. […] Comprendre : cet argent est très mal placé (employé).
Attacher incessamment son cœur sur la scène, c’est annoncer qu’il était mal à son aise au-dedans de nous. […] On s’attendrit plus volontiers à des maux feints qu’à des maux véritables. […] S’il est mal peint, la pièce est mauvaise ; s’il est bien peint, il offusque tout ce qui l’accompagne. Ses combats, ses maux, ses souffrances le rendent plus touchant encore que s’il n’avait nulle résistance à vaincre. […] Qu’un cordonnier, qu’un tailleur fassent mal une chaussure ou un habit, c’est un malheur facile à réparer, et qui retombe à la fin sur eux-mêmes ; mais qu’un homme en place se conduise mal, la patrie entière s’en ressent, et souvent la plaie devient incurable.
Que de tels hommes seroient privilégiés si leur corruption ou leur amour propre ne leur cachoient pas leurs maux ! […] On a le mal dans le sang & dans les entrailles, avant qu’il se déclare par la fiévre. […] N’y a-t’il pas d’autres maux dont ils sont coupables ? […] « N’est-ce pas un assez grand mal, leur crie S.
Les divertissements sont de pures niaiseries: et je ne sais quel plus grand mal je lui pourrais souhaiter que la durée de ces vains, amusements qu'il recherche, et de cette inquiétude curieuse dont il est charmé, et qui lui fait haïr la paix et la douceur d'un heureux repos. […] Un homme d'honneur ne doit point regarder les Spectacles, et particulièrement ceux qui sont déshonnêtes, de peur que l'incontinence de sa vue ne soit un témoignage de l'impureté de son âme ; C'est avec raison que Périclès étant Préteur reprit Sophocle son collègue, en ces termes: Il faut qu'un Magistrat n'ait pas seulement les mains pures, mais les yeux même ; C'est pourquoi un homme à qui la puissance Royale donnait une grande licence, faisait cette prière à Dieu: Détournez mes yeux afin qu'ils ne regardent point la vanité; car il savait bien qu'il est certain que la vue cause une infinité de maux ; ce que le Prophète Jérémie déplore dans ses Lamentations ; Mes yeux, dit-il, ont ravi mon âme comme une proie. […] Ceux qui donnent aux Comédiens, dit Saint Augustin, pourquoi leur donnent-ils, si ce n'est parce qu'ils se plaisent au mal que font ces personnes infâmes ? Or celui qui se plaît au mal, et qui l'entretient est-il homme de bien.
Ce n’est pas le mal qu’elles vous ont fait, qui vous donne ces sentiments furieux : c’est le mal que vous souffrez, qui, s’emparant de votre esprit comme de vos sens, vous porte à des fureurs…. Vous dites que l’amour est le règne des femmes, et de là vous concluez que nous sommes mal gouvernés. […] Ces louanges sont des vérités, Monsieur ; mais elles vont se perdre dans le gouffre de vos maux. […] Il s’associe préférablement à ceux qui plus tourmentés que les autres, peuvent lui faire plus de mal, par le plus grand mal qu’ils souffrent. […] Ne sentez-vous pas vos maux adoucis par ma présence ?
L’Etat souffre le mal pour des raisons que je respecte. […] On ne peut remédier à tous les maux, ce ne sont pas moins des maux. […] Les Auteurs ne font pas le même mal que les Acteurs ; la poësie peut être châtiée, & l’exécution dangereuse. Se livrer par état, passer sa vie à inspirer la passion à tout le monde, est un plus grand mal que d’y aller quelquefois. […] Elle fortifie, répand, fait aimer le mal qu’elle trouve, & en introduit de nouveau.
Il arrache par la force de sa parole & par l’autorité de son rang, les vices les plus cachés dans le fond de ces ames dures ; accablées sous le poids des crimes, elles sont soulagées dans l’excès de leurs maux. […] Guéris de leurs maux, ils se rappelleront sous leurs toits de chaume, des actions si courageuses, & les raconteront à leurs enfants. […] Comme les Grands ouvrent les canaux des vices, ils peuvent les fermer & tarir les sources de beaucoup de maux. […] Ces abus, ces maux peuvent être réparés par le zele des Grands ; qu’ils n’applaudissent plus qu’aux talents décents & vertueux, & la Scene sera purgée de tous ses vices. […] Vvous n’ôterez pas tout le mal, mais ne soyez pas insensibles aux vœux des Citoyens qui vous conjurent de le diminuer.
Il se fait plusieurs mariages sans vraisemblance, & contre les bonnes mœurs, dans un pays où la religion est respectée, & que favorise un chevalier qu’on dit homme de bien, zélé pour la pureté ; toutes les intrigues amoureuses, la plupart mal assorties & burlesques, sont applaudies & protégées, & se terminent, comme sur le théâtre, par un mariage de libertinage ; des filles séduites, enlevées, des héros avec des laquais & des paysans se couvrent d’un voile, comme Didon dans la caverne, conjugium vocat hoc pretexit nomine culpam , contre la volonté des parens, avec des gens au-dessous d’elles : ce qu’on ne peut reprocher à Didon. […] Voilà ce qu’il faudroit corriger, plutôt que l’esprit de chevalerie ; & c’est cette malignité dont on donne des leçons, des modeles, des exemples On fait un mal très-réel, pour acquérir, dit-on, un chimérique bien. […] Ce mêlange monstrueux de bien & de mal, de folie & de sagesse, d’absurdités & de bonne morale, est commun dans les pieces de théatre, où il est ordinaire de voir une sentence à côté d’un propos licencieux : ou croit que l’un sert de passeport & d’excuse à l’autre. […] Le mal l’emporte même beaucoup sur le bien : pour une ligne de bonne morale, il en est cent de mauvaise Mais le bien & le mal y fussent-ils mêlés à dose égale, quel seroit le plus efficace ? le mal altéreroit-il le bien, ou le bien corrigeroit-il le mal ?
Or il faut avouer de bonne foi que la Comédie moderne est exempte d'idolâtrie et de superstition: mais il faut qu'on convienne aussi qu'elle n'est pas exempte d'impureté ; qu'au contraire cette honnêteté apparente, qui avait été depuis quelques années le prétexte des approbations mal fondées qu'on donnait à la Comédie, commence présentement à céder à une immodestie ouverte et sans ménagement, et qu'il n'y a rien par exemple de plus scandaleux que la cinquième Scène du second Acte de l'Ecole des Femmes, qui est une des plus nouvelles Comédies. […] Mais comme ces choses sont si claires et si évidentes qu'elles n'ont pas besoin de preuves; et que le dessein de cet ouvrage a été principalement de montrer que la Comédie moderne, revêtue même de toute son honnêteté prétendue, est un mal, et que les Pères l'ont condamnée par les endroits qui paraissent les plus innocents à ceux qui ne savent pas assez quelle est la sainteté de la morale chrétienne, il faut faire voir dans cet avertissement les sentiments de ces grands hommes sur ce sujet, recueillis en peu de paroles, afin que ceux qui liront les traductions suivantes aient moins de peine à les remarquer lorsqu'ils les trouveront répandus dans leurs Ouvrages. […] de quelque passion secrète, même dans l'usage le meilleur, et le plus modéré des Spectacles ;Contre ceux qui disent qu'ils n'en reçoivent aucune impression, et qu'ils n'y font point de mal. […] Il reconnaît devant Dieu, comme un grand mal, le sentiment qui le portait, lorsqu'il voyait représenter des Amants qui étaient contraints de se séparer, à s'affliger avec eux. […] Contre ceux qui disent qu'ils n'en reçoivent aucune impression, et qu'ils n'y font point de mal.
Un Chrétien peut-il être attentif à la suite d’une intrigue d’amour, qu’on insinue par des expressions d’autant plus dangereuses, qu’elles sont plus spirituelles et plus agréables, sans que ce mal s’imprime dans son esprit et dans son cœur ? […] L’esprit de l’homme ayant une pente au mal, que ne fera-t-il pas, s’il est encore porté par les exemples des vices de la chair, auxquels la nature se laisse aller si aisément ? […] Mais ceux qui se souillent eux-mêmes, et qui étant avertis de se purifier des taches qu’ils ont contractées avant que d’entrer dans l’Eglise, se conduisent avec impudence, ils aigrissent l’ulcère de leur âme, et rendent leur mal plus grand ; car il y a bien moins de mal à pécher, que d’ajouter l’impudence au crime qu’on a commis, et de ne vouloir pas obéir aux ordres des Prêtres. […] Mais je vous montrerai, me direz-vous, des personnes à qui ces Jeux n’ont point fait de mal. N’est-ce pas un assez grand mal que d’employer si inutilement le temps, et d’être aux autres un sujet de scandale ?
Quand on se fait de son opprobre un divertissement, ou qu’on prend plaisir à se reprocher en diverses manières les uns aux autres un mal dont tous sont également accablés, ce mal ne peut pas être plus désespéré qu’il est. […] On peut dans l’ordre civil permettre un mal dont les effets sont moins tumultueux, pour éviter des maux trop éclatants et sans remède. Mais la Religion est toute pure et toute sainte ; elle n’a jamais souffert et ne souffrira jamais aucun mal. […] Où sont ces âmes faibles qui croient toujours du mal où il n’y en a pas ? […] Quelle pitié qu’un Directeur des âmes entre si mal dans l’esprit de la Religion, et qu’il prenne toujours l’ombre pour le corps, l’écorce pour la vérité.
Enfin, ils ont oublié que l’épreuve du bien et du mal n’apprend à connaître l’un que parce qu’on l’a perdu, et l’autre que parce qu’on y est condamné. […] Aussi de tels essais ne sont jamais impunis ; car ou ils affaiblissent, c’est ce qui est leur effet ordinaire ; ou ils rendent présomptueux, ce qui est un mal sans comparaison plus grand. […] Le mal serait moins grand s’il avertissait. […] Mais n’est-ce pas le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux, de récompenser ceux qui savent les entretenir ? […] Il faut donc que ce soit en devenant frénétique et en riant de ses propres maux.
Ils ne savent pas que cette sorte de curiosité est déjà un grand mal, et que c’est être tombé aux yeux de Dieu que de se laisser affaiblir par la tentation de juger de ses Commandements par sa propre expérience. Enfin, ils ont oublié que l’épreuve du bien et du mal n’apprend à connaître l’un que parce qu’on l’a perdu, et l’autre parce qu’on y est condamné. […] Car ou ils affaiblissent, ce qui est leur effet ordinaire ; ou ils rendent présomptueux, ce qui est un mal sans comparaison plus grand. […] Le mal serait moins grand s’il avertissait. […] Il faut donc que ce soit en devenant frénétique, et en riant de ses propres maux.
Chrysostome, que tout ce qui se fait dans ces représentations, ne porte qu’au mal ? […] Ne dites donc pas que vous n’y faites pas de mal, comme si vous n’étiez point coupable du mal, que commettent ceux, qui n’y vont qu’à votre exemple ? […] « Mais quel mal faisons-nous, dit encore ce Saint Docteur, dans son Homelie en 399 ? […] Vous demandez quel mal vous faites ? […] Thoma male intellecto Oct.
L es Ioûtes on Combats sur l’eau pourroient faire un des plus agreables Spectacles, pour peu qu’on prist soin de les élever & de les affranchir de la bassesse où celle de leurs ordinaires Acteurs, les ont plongez : car comme ils ne sont executez que par des Bateliers, non seulement les embellissemens, ny la dépense n’y brillent pas : mais il y a encore la satieté de voir toûjours la mesme chose : un Oison, un Chat, ou une Anguille, tirée à force de mains, quelques poussades mal adressées & brusques, mal données & mal receuës.
Nos inclinations ne se portent déjà que trop au mal, sans qu’il faille jeter de l’huile sur les flammes ; sans que l’on emploie ce grand appareil, tant de damnables instructions, autorisées par des exemples célèbres, par les triomphes du vice, suivis d’un applaudissement public pour assurer les courages contre les reproches de la conscience, et les menaces des lois : on met l’honneur à nourrir des haines irréconciliables, à mettre la désolation dans les familles et dans les états, pour une parole mal interprétée, pour une ombre, pour un soupçon de déplaisir : on qualifie cette fureur du nom de force, et comme au temps de l’idolâtrie, des vices on fait des divinités à qui l’on présente des sacrifices de sang humain, quand l’on introduit toutes les fausses déités du Paganisme, et qu’on rapporte tous les événements des affaires à la fortune ; n’est-ce pas affaiblir extrêmement la foi d’un vrai Dieu ? […] Si les comédies ont fait une leçon, les farces font un jeu des impuretés ; les rapts et les adultères y passent pour des galanteries, on les représente avec quelques rencontres lascives qui gagnent l’attention, et qui font passer l’effronterie pour une subtilité : l’esprit se fait insensiblement des habitudes du mal, par ces pernicieux exemples, et la grande compagnie qui les regarde avec plaisir, fortifie les âmes encore timides, contre les sentiments de la honte. […] Aussi je me figure que les Démons apaisèrent la peste qu’ils causaient à Rome, lorsque selon leurs Oracles, on institua les jeux Circenses, d’autant qu’ils faisaient plus de mal aux hommes, par les lascivetés des théâtres, que par les contagions de l’air. […] Après que les lois Romaines ont mis au nombre des infâmes, ceux qui représentent des comédies pour donner du plaisir au Peuple ; après que les lois Ecclésiastiques les ont chassés des divins mystères, comme des profanes, comme des maîtres d’impudicité et des ministres d’enfer, je ne sais quel jugement on doit faire de leurs auditeurs, et je me figure que comme en la magie, la peine de ceux qui les écoutent, et qui les enseignent serait égale, si la corruption de notre siècle, n’avait rendu ce mal trop commun Lib.