Les pieces que ces jeunes seigneur jouent sont en langue polonoise : elle est harmonieuse pour leurs oreilles, & coulante pour leur gosier.
Dans l’Histoire, qu’il appelle le Théatre des Mœurs, on voit , dit-il, Néron à côté de Titus, Domitien & Trajan, Ciceron & Catilina, les monstres & les héros, l’opprobre & la gloire de l’humanité y paroissent dans le même rang ; &, ce qui est plus déplorable, c’est que ceux qui ont écrit pour les jeunes princes l’Histoire des Rois, se sont appesantis sur leurs vices, & ont insisté avec force sur le tableau de leurs crimes, sous prétexte d’en inspirer de l’horreur ; au lieu d’en détourner les yeux du lecteur.
Il le dira à l’oreille de quelques jeunes Magistrats qui fréquentent la comédie, & qui véritablement peuvent se donner eux-mêmes en preuve de la proposition, & nous rapprocher des temps lumineux de la Grèce : Tous les siecles de l’Empire Romain & de l’Église Chrétienne ne sont que des temps ténébreux, le théatre possede seul la lumiere.
Les François, qui en ont peu, ont mis tout naturellement en jeu les valets & les soubrettes ; & pour mieux jouer leur rôle, les représentent toujours vicieux, avec un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, ne sachant que conseiller le mal, & s’employer pour l’exécuter.
Voici du délire : Ecoute, toi qui te prépares à courrir la carriere de Corneille, si la simplicité des mœurs, la force d’être insensible aux ridicules que t’attirera le mépris ou l’ignorance des petites choses, l’austérité de la vertu, l’impatience de toute domination, le dédain de l’or, l’opiniâtreté au travail, sont des affections inséparables de ton jeune cœur, si un pouvoir impérieux te tient enfermé seul avec la gloire & la vertu, si un respect soudain s’empare de tous tes sens, & les prosterne devant ses effigies sacrées, releve-toi, adore Corneille, quand le feu de ton génie s’emparera de ton ame, quand dans le délire de l’extase tes sens seront fermés à tout autre sentiment qu’à celui de l’admiration, quand tous les objets anéantis autour de toi, tu ne verras plus, tu n’entendras plus, ne respirant qu’à peine, les yeux fixés au ciel, & cherchant le temple de mémoire, le nom de Corneille au dessus de celui des Homeres & des Sophocles, écrie toi, j’ai du génie ; Corneille, adopte moi pour ton fils, c’est moi qui suis ta postérité, digne rejetton d’une si noble tige, je laisserai mon nom comme le tien, la gloire de mes descendans, & l’honneur de ma patrie au-dessus des Monarques les plus vantés, &c.
Parmi tant de jeunes gens libertins, parmi tant de jeunes prodigues que nul respect humain, que ni devoir ni raison, ni les chagrins de leur famille ne peuvent rappeler au bien, soyez convaincu, Monsieur, qu’il n’en est pas un seul qui, voyant représenter cette pièce, ne partage au moins dans ce moment le repentir d’Euphémon fils, et qui ne soit alors du parti de la Vertu.
« Et de son dur marteau martelant le bon sens »dj , est un vers très dur mis exprès pour apprendre aux jeunes Poètes à n’en pas faire.
Une troupe de jeunes Clercs de Procureur ne put manquer de donner dans tous les plaisirs.
Pline le jeune (L.
Ce Père porte la sévérité jusqu’à priver de la communion ecclésiastique un homme qui sans être Comédien lui-même, s’occupait à instruire, à former, à exercer les Comédiens, comme les Régents dans les collèges passent une partie de l’année à préparer les jeunes Acteurs.
Hippodides y perdit la plus riche et la plus illustre alliance que la bonne fortune lui pouvait présenter : Il fut appelé avec les autres jeunes Seigneurs du pays pour voir qui d’entre eux aurait assez de bonheur pour épouser la fille du Roi. […] J'avoue que les mariages sont nécessaires à la conservation du monde, et que le public est intéressé à les faire subsister : Mais il ne se peut dire que le bal en soit le père, ou il faut accorder qu’il est plus jeune que ses enfants, car les mariages sont plus âgés de trois mille ans que lui. […] C’était le regret du grand Pape Pie II. lequel ayant donné trop de licence à sa plume pendant les boutades de sa jeunesse, cherchait les moyens par après d’en arrêter le mal, et ne les pouvait trouver : Il révoquait ce qu’il avait dit, il conjurait tout le monde d’avoir plus de créance à un Pape qu’à un jeune étourdi, et de recevoir l’amende honorable qu’il faisait étant en la première dignité de l’Eglise, pour obtenir le pardon des sottises de son enfance. […] Aussi la savante Politique n’a jamais bien approuvé, que les jeunes Princes qui doivent monter sur le trône fussent grands Chasseurs ; de peur qu’ils n’y perdissent la tendresse qu’ils doivent avoir pour leurs sujets, et n’y prissent trop d’amour pour la guerre, dont la Chasse est l’apprentissage. […] Quelque requête qu’on eût à présenter à l’Empereur Andronicus le jeune, on était assuré qu’elle serait décrétée en toute la forme qu’on voulait, pourvu qu’on joignit à la demande un chien de Chasse ou un oiseau.
C’est quelque-fois un jeune dissolu plongé dans le désordre ; c’est un vieux Mondain qui va y rechercher l’image de ses anciennes miseres & tâcher d’y rallumer les étincelles du feu qui l’a brûlé ; c’est une femme livrée aux plaisirs, esclave de ses sens, idolâtre d’elle-même.
Le premier mari de Poppée, Crispinus, Chevalier Romain, homme simple & modeste, n’aimoit point le luxe & le faste, Poppée s’en dégouta, & s’en sépara pour épouser le jeune Othon ; petit, assez mal fait, mais petit maître élégant & libertin en petit maître ; il dépensa un bien immense en habits, en meubles, en équipages, en festins, en jeux, en fêtes ; il mourut accablé de dettes ; mais quelle femme peut tenir contre l’élegance & la dépense ?
Le principal Acteur représentoit un jeune éveillé qui dans deux ou trois heures débaucha trois femmes & autant de filles.
Un volume suffiroit à peine pour recueillir tous les jolis vers qui furent inspirés par la jeune Camille, qu’ils firent connoître d’une maniere supérieure (Camille ne fut pourtant jamais une Muse ; mais Paphos vaut bien le Parnasse).
Que plusieurs femmes & filles, qui ne sont formées ni savantes, par le babil & entretien des masques, usage & exercice de causer avec eux, esquels consistent tous arts, sont apprises, deviennent savantes, gentilles, galantes ; pareillement plusieurs jeunes levrons fréquentent les masqués, apprennent à deviser & bien parler, se façonnent, acquierent de l’esprit, deviennent serviteurs des dames.