L’esprit y pétille, un confident qui n’a que deux mots à dire, ne s’exprime que par comparaison, dilemme ou apostrophe. […] Les sentimens les plus simples sont rendus avec esprit, avec emphase. […] Les passions ne sont qu’ébauchées, & c’est tout ce qu’on peut faire, quand l’esprit parle au lieu du sentiment & du goût.
Ces petits Poèmes aiguisent l’esprit, font briller sa pénétration, dissipent agréablement la mélancolie & l’ennui. […] En voici encore une autre, qu’on prétend être l’ouvrage d’une Dame illustre aussi distinguée par son esprit que par les charmes de sa personne. […] Voyez entr’autres ouvrages à ce sujet ; Apparition des Esprits, par Dom Calmet.
Toutes telles folies sont façons de faire de gens mortels, ce sont affections d’hommes qui agitent notre esprit çà et là. […] Cicéron en plusieurs lieux, et Quintilian au livre sixième de l’art Oratoire, suivent l’opinion des Poètes, l’appelant Esprit, lequel est mêlé par toutes les parties. […] mais que le Poète est bon Poète par nature, qui s’excite soi-même, et est comme poussé et ravi de quelque divin esprit. […] Æschylus fut le premier qui publia les Tragédies, homme singulier, et de fort bon esprit,12. […] à raison que dès ma première jeunesse je les ai hantés avec un grandissime contentement et plaisir d’esprit : voire ai moi-même composé quelques Poésies en quatre volumes.
Près d’elles et à leur lumière, la fourberie est une politique sage et l’art de gouverner, l’esprit de faction est le caractère d’une âme hardie faite pour régner sur ses semblables, le duel est une loi de l’honneur, la vengeance est un devoir ; le suicide est un droit à sa propre vie, qui n’est ignoré que des lâches et des faibles. […] On y accoutume l’esprit à des horreurs auxquelles il n’aurait jamais pensé. […] Le savoir, l’esprit, le courage ont seuls notre admiration ; et toi, douce et modeste vertu, tu restes toujours sans honneurs ! […] « Dans quelle disposition d’esprit le spectateur voit-il commencer la Bérénice de Racine ? […] Quel est le plus blâmable d’un bourgeois sans esprit et vain, qui fait sottement le gentilhomme, ou d’un gentilhomme fripon qui le dupe ?
Vous savez encore quelle influence ont les mœurs des Rois sur les mœurs des Sujets ; que l’esprit, que les goûts des Princes deviennent ceux de leur siècle ; et vous sentez, comme moi, toute l’importance de purger en eux des passions funestes à tant de milliers d’hommes. […] Il savait qu’une erreur ancienne devient sacrée ; qu’avec de l’esprit, on peut faire goûter aux hommes quelques vérités ; mais qu’avec plus d’esprit encore, on s’abstiendrait de les leur découvrir toutes : il savait que ces préjugés de naissance, que cette chimère, plus ridicule que celle des Fables, née de l’orgueil, nourrie par la flatterie, défendue par l’opinion, et couverte du voile épais des siècles, ne pouvait être attaquée impunément : il savait que les Grands lui pardonneraient de peindre leurs vices et leurs ridicules, et non de les dépouiller d’un éclat étranger, mais imposant, qui leur tient lieu du mérite qu’ils n’ont pas : il savait enfin qu’on aimait le merveilleux au théâtre, et c’est peut-être ce qui l’a déterminé à donner au vertueux Dom Sanche un père couronné. […] Ce n’est point par de froids raisonnements, que l’esprit de l’Auteur parle à l’esprit des spectateurs ; de pareilles armes s’émoussent trop aisément contre des passions : c’est la passion même du devoir, c’est l’amour de la vertu qui nous enflamme, parce que Palamède en est lui-même enflammé. […] Quand ils pourraient convaincre l’esprit que l’amour de la gloire n’est en nous que l’amour des plaisirs physiques, pense-t-on que cette découverte, inutile à l’humanité, en faisant de meilleurs philosophes, fit aussi de meilleurs Rois ? […] [NDA] De ce nombre sont les Atrée, les Rhadamiste, les Œdipe, les Iphigénie, etc. le Misanthrope, le Tartuffe, l’Avare même, que vous avez condamné, sans avoir bien saisi, ce me semble, l’esprit de Molière.
J’ai toujours cru que la route la plus sûre et la plus courte pour gagner les cœurs, et percer jusqu’à l’esprit, était la charité. […] Il va plus loin11 : il soutient que « les sentiments les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des Acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du Spectateur même le plus indifférent ». […] Par bonheur le souvenir du châtiment survint tout à propos ; il rafraîchit les esprits, et calma cette fougue ; et l’arène où cette ridicule Tragi-Comédie devait se jouer, ne fut point ensanglantée. […] la bravoure se borne-t-elle à des coups de force qui émanent du corps, et ne renferme-t-elle pas aussi la fermeté d’âme et la vigueur de l’esprit ? […] C’est à son école seulement que vous trouverez ces idées autant vraies et exactes, que grandes et sublimes, qui échauffent et embrasent le cœur en même temps qu’elles éclairent l’esprit.
Et certes il n'y avait point d'apparence de souffrir que des âmes qui venaient de se purifier de leurs vieilles corruptions, qui s'étaient sanctifiées dans les eaux du Baptême, qui étaient parvenues à la connaissance du vrai Dieu, et qui par les mouvements du Saint Esprit, et en la présence des Anges avaient renoncé courageusement à Satan, à son service, et à toutes ses pompes ; que ces Ames, dis-je, témoignassent encore cette inclination à leurs premières impiétés, qu'elles fussent tous les jours abandonnées au culte des Idoles, qu'elles reconnussent un Bacchus et une Vénus, infâmes protecteurs des Ivrognes et des Débauchés, pour des puissances Divines, et qu'à la vue de tout un peuple, et à la face du Ciel et de la Terre, elles retournassent au service des Démons, dans le plus superbe lieu de leur Empire, et dans la plus glorieuse pompe que la superstition leur ait jamais consacrée. […] « Il ne faut pas s'imaginer que la défense que nous faisons aux Chrétiens aux Spectacles du Paganisme ne soit qu'une invention de la subtilité de l'esprit ; Faites seulement réflexion sur le Sacrement qui nous a donné ce caractère ; En le recevant nous avons renoncé au Diable et à ses pompes, et où sont-ils plus forts et plus considérables que dans l'Idolâtrie ? […] « Regarde donc Chrétien les noms des esprits immondes qui se sont emparés du Cirque ; tu ne dois point avoir de part à cette Religion, où tant de Démons sont les maîtres. » Tertull. de Spect. c. 8. […] Où nous avons reçu l'Onction du Saint Esprit, y ferons-nous entrer les pompes du Diable, les fables de Satan, les cantiques de la débauche? […] Qui peut ignorer quels sont les esprits à qui ces infâmes donnent du plaisir, s'il ignore qu'il y a de ces Esprits immondes, qui trompent les hommes sous le faux titre de Dieux Serm. 8.
Si l’on regarde la Comédie en elle-même et en général, c’est-a-dire, comme une représentation qui de soi est capable de divertir et de réjouir l’esprit, il n’y paraît rien de mauvais. […] Le plaisir est le vrai relâchement de l’esprit humain, comme le repos, dit Saint Thomas D. […] L’esprit du Christianisme consiste encore à obtenir le pardon de ses péchés, il consiste dans la connaissance de la vérité, et dans le mépris même des plaisirs. […] on doit retirer son esprit de ces sortes de choses ; le Chrétien peut, s’il le veut, trouver des spectacles plus solides et meilleurs. […] » l’avait dit autrefois dans le même esprit : que l’on tolérait des choses mauvaises pour empêcher de plus grands maux.
Mais le bon accueil que ce premier Ouvrage a reçu de toutes les personnes d'honneur et d'esprit, me persuade que celui-ci ne sera pas mal venu. […] Mais quand un homme d'étude a joint la Science du beau Monde aux veilles du Cabinet, on ne doit point s'étonner qu'il mêle quand il lui plaît les Grâces aux Muses, et qu'il imprime partout le caractère des diverses choses dont il a rempli son esprit.
Il faut donc que ceux qui représentent une passion d'amour en soient en quelque sorte touchés pendant qu'ils la représentent, et il ne faut pas s'imaginer que l'on puisse effacer de son esprit cette impression qu'on y a excitée volontairement, et qu'elle ne laisse pas en nous une grande disposition à cette même passion qu'on a bien voulu ressentir. […] Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice ; qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies: on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion: et ainsi il faut avouer que c'est un métier profane et indigne d'un Chrétien ; que ceux qui l'exercent sont obligés de le quitter comme tous les conciles le leur ordonnent ; et par conséquent qu'il n'est point permis aux autres de contribuer à les entretenir dans une profession contraire au Christianisme, ni de l'autoriser par leur présence.
Il faut donc que ceux qui représentent une passion d'amour en soient en quelque sorte touchés pendant qu'ils la représentent; et il ne faut pas s'imaginer que l'on puisse effacer de son esprit cette impression qu'on y a excitée volontairement, et qu'elle ne laisse pas en nous une grande disposition à cette même passion qu'on a bien voulu ressentir. […] Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice : qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs, l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies; on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion.
« Quiconque monte sur le théâtre est infâme. » Pour peu qu’on ait de bon sens, on reconnaîtra facilement qu’il est impossible de concilier le métier de comédien avec les devoirs du christianisme : car, « lorsqu’un comédien veut jouer une passion, dit Bossuet1, il faut qu’il la joue le plus naturellement qu’il lui est possible ; il faut qu’il rappelle autant qu’il est en lui celles qu’il a ressenties, et que, s’il était chrétien, il aurait tellement noyées dans les larmes de la pénitence, qu’elles ne reviendraient jamais à son esprit, ou n’y reviendraient qu’avec horreur. […] Est-il facile après cela d’effacer de son esprit cette impression qu’on y a volontairement excitée ? […] Je pourrais imputer ces préjugés aux déclamations des prêtres, si je ne les trouvais établis chez les Romains avant la naissance du christianisme, et non seulement courant vaguement dans l’esprit du peuple, mais autorisés par des lois expresses, qui déclaraient les acteurs infâmes, leur ôtaient le titre et les droits de citoyens romains, et mettaient les actrices au rang des prostituées. […] « Quel est au fond l’esprit que le comédien reçoit de son état ? […] Dans tout autre temps on n’aurait pas besoin de le demander ; mais dans ce siècle, où règnent si fièrement les préjugés et l’erreur sous le nom de philosophie, les hommes, abrutis par leur vain savoir, ont fermé leur esprit à la voix de la raison, et leur cœur à celle de la nature.
Hoc enim ut ab omni Hispania (in Decreto legitur ab omnibus provinciis) depellatur, Sacerdotum ac Judicum a Concilio sanctæ curæ committitur. » Il faut donc que tous ceux qui sont constitués en dignité et en charge, travaillent de toute leur force, et avec vigueur, à détruire entièrement un abus si insupportable ; et la puissance séculière doit se joindre à l’Ecclésiastique, et s’employer aussi bien qu’elle pour anéantir une pratique, qui est si opposée à l’esprit du Christianisme, et de la vraie piété. […] Sans doute que ces Auteurs ont eu plus d’égard dans cette occasion à l’usage commun de leur temps, qu’à la vérité et à l’esprit de l’Eglise. […] « Il faut bannir, disent-ils, et les comédies, et les combats du Cirque, et toutes les autres choses qui ont été inventées pour la satisfaction sensuelle, afin que l’esprit des Chrétiens s’occupe pendant tout ce jour au culte divin » ;« Omni theatrorum, atque Circensium voluptate per universas urbes earumdem populis denegata, totæ Christianorum mentes Dei cultibus occupentur. » L. 5. c. th. lib. 15. tit. 5. […] « Ut in sanctorum natalitiis bellimachiæ prohibeantur. » Il paraît donc clairement de toutes ces preuves, que les spectacles, les jeux et les danses sont illicites, au moins en ces saints jours, et que l’opinion de ceux qui restreignent la prohibition de ces choses au temps des divins Offices doit être rejetée, comme une invention de l’esprit humain et particulier.
« Ce sont, dit le Père Poréeah, premièrement des curieux, des esprits légers, de vrais papillons voltigeant çà et là, sans savoir où, faits, ce semble, pour être spectateurs de toutes choses, excepté d’eux-mêmes. […] Ils ne sont ni bons ni mauvais, ni légers ni graves, ni oisifs ni occupés ; esclaves de la coutume, qui est leur suprême loi, ils vivent sur l’exemple d’autrui, ils pensent par l’esprit d’autrui. […] En un mot, les poètes sont obligés de mettre dans la bouche des acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu’ils font parler et à qui ils parlent : or on ne présente guère que des méchants et des libertins, et on ne parle guère que devant les personnes qui ont le cœur gâté par des passions déréglées et l’esprit rempli de mauvaises doctrines. […] Le vieux Sertorius voudra séduire une jeune femme éperdument amoureuse de son mari ; voilà les mœurs de la tragédie chez Corneille, le plus grave et le plus sublime de nos poètesak. » Les pièces de cet auteur n’auraient certainement pas plu aux spectateurs, si elles ne leur avaient donné agréablement des « leçons de galanterie, de fourberie, de vengeance, d’ambition ; si elles ne leur avaient appris à conduire habilement une intrigue, à éluder la scrupuleuse vigilance des parents, à surprendre par mille ruses la bonne foi, à ne tendre jamais à faux des pièges à l’innocence, à se défaire avec adresse d’un concurrent, à se venger à coup sûr d’un ennemi, à élever sa fortune sur les débris de celle d’autruial . » En effet, le spectacle perdrait son agrément, s’il n’était un assemblage vif et séduisant de tout ce qui peut plaire, s’il ne tendait à enchanter l’esprit et les sens par mille charmes, et à attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus fin et de plus insinuant.
« Là, dit saint Jérôme24, s’accomplit l’oracle du prophète Jérémie : La mort entre par les fenêtres de notre âme, c’est-à-dire, par les yeux et par les oreilles. » Lactance emploie le même texte contre la séduction du théâtre25 : il prétend que les sens y sont souillés, et que la corruption se glisse au fond de l’âme ; le cœur et l’esprit en sont infectés. […] Partout où se rencontrent la danse, la musique et les transports d’une joie effrénée, les femmes s’oublient de leurs devoirs, les hommes sont saisis d’un esprit de vertige : c’est un sujet de tristesse pour les anges, c’est le sanctuaire des démons et leur grande fête27. » Saint Isidore de Séville, qui vivait au septième siècle, appelle le théâtre un lieu de prostitution, theatrum idem et prostibulum. […] Saint Augustin qui assista à ce concile en avait conservé tout l’esprit, lorsqu’il déclarait que les dons faits aux gens de théâtre ne sont point au rang des libéralités honnêtes : « Donare res suas histrionibus, vitium est immane, non virtus36. » Le concile de Trulle, ainsi nommé parce qu’il se tint dans le dôme du palais à Constantinople, l’an 692, s’explique en ces termes : « Le saint concile défend les farceurs et leurs spectacles, et les danses qui se font sur le théâtre. […] Le moindre effet que leur représentation produise est d’amollir le courage pour la vertu, et d’écarter les spectateurs de l’exactitude qu’ils devraient avoir dans les exercices de la piété, de remplir leur esprit de vanités frivoles, et de les livrer à des ris immodérés qui sont si contraires aux lois de la modestie.
Mais le caractère de ce siècle est de prétendre allier ensemble la piété et l'esprit du monde. […] Il faut regarder quelle est la vie d'un Comédien et d'une Comédienne ; quelle est la matière et le but de nos Comédies ; et quels effets elles produisent d'ordinaire dans les esprits de ceux qui les représentent, ou qui les voient représenter ; quelles impressions elles leur laissent ; et examiner ensuite, si tout cela a quelque rapport avec la vie, les sentiments et les devoirs d'un véritable Chrétien.