La fureur, l’emportement marchent trop vîte ; on ne distingue rien, on n’entend qu’un abboiement confus, & le Duo ne fait point d’éffet ». […] Cependant ils ne nous font souvent entendre que du bruit. […] Comme le quinqué, par éxemple, n’est pas toujours l’image de gens qui crient ensemble, le Musicien devrait disposer ses parties avec tant d’art que l’une n’empêchat pas d’entendre l’autre. […] Mais quoi qu’on fasse, est-il naturel que lorsque le Tartuffe ou le Misantrope, Cinna ou Rodogune quittent la Scène, on entende tout-à-coup divers instrumens de musique ? […] La gravité des personnages que l’on y fait agir, ne les empêche pas de s’écrier tous à la fois ; c’est même la coutume des gens du petit peuple, lorsqu’ils sont échauffés, de parler tous ensemble, en confusion & sans presque s’entendre.
C'est pourquoi je conjure et je prie ces personnes de se purifier par la confession, par la pénitence, et par tous les autres remèdes salutaires, des péchés qu'ils ont contractés à la Comédie, afin qu'ils puissent être admis à entendre la parole de Dieu, car ces péchés ne sont point médiocres. […] N'avez-vous point horreur d'entendre les paroles impudiques d'une Comédienne, des mêmes oreilles que vous entendez les paroles d'un Prophète qui vous introduit dans les mystères de l'Ecriture ? […] Vous ne pouvez souffrir rien de sale dans vos enfants ni dans vos femmes le moindre mot qui choque l'honnêteté ; et lors que les derniers des hommes vous invitent à entendre publiquement ces infamies que vous détestez si fort dans vos maisons ; non seulement vous n'en avez point de peine, mais vous vous en divertissez et vous louez ceux qui les débitent, n'est-ce pas le comble de l'extravagance ? […] Quand vous entendez des personnes qui blasphèment ; vous ne prenez point plaisir à ce qu'ils disent ; vous frémissez au contraire ; et vous vous bouchez les oreilles pour ne les point entendre. […] Comment vous pouvez-vous appliquer aux bonnes choses, étant accoutumé à ces sortes de discours ; comment pourrez-vous supporter le travail qui est nécessaire pour s'affermir dans la continence, lors que vous vous relâchez jusqu'à prendre plaisir à entendre des mots et des vers infâmes ; car si lors même qu'on est le plus éloigné de ces infamies, on a tant de peine à se conserver dans toute la pureté que Dieu nous demande ; Comment notre âme pourra-t-elle demeurer chaste, lors qu'elle se plaira à entendre des choses si dangereuses.
Oui sans doute, si l’on entend par esprit la vivacité d’une conception légère, qui se repose sur les riens, qui voltige sur les choses. […] Il faut moins de voix qu’on ne pense, pour être entendu dans nos Salles de Spectacles, & il est peu de situations au Théâtre où l’on soit obligé d’éclater : dans les plus violentes même, qui ne sent l’avantage qu’a sur les cris & les éclats, l’expression d’une voix entrecoupée par les sanglots, ou étouffée par la passion ? On raconte d’une Actrice célèbre, qu’un jour sa voix s’éteignit dans la Déclaration de Phèdre : elle eut l’art d’en profiter : on n’entendit plus que les accens d’une âme épuisée de sentiment. […] & qu’il connaît peu ses intérets, lorsqu’il employe un art mal entendu, à profaner en lui, la noble simplicité de la nature ?
Il est certain que lorsqu’on remplit trop le Théâtre de personnages parlants, on court risque d’embrouiller l’intrigue, surtout s’il ont des choses à dire assez importantes pour qu’il faille les entendre. […] De pareilles Scènes jettent beaucoup de confusion & de désordre dans le Drame ; il est aisé de perdre le fil du dialogue ; & un mot mal entendu, mal-compris, fait souvent un mauvais éffet. […] Il entend que le Poète ne suivra son caprice qu’autant que cela ne préjudirait pas à l’intrigue, & qu’il serait possible de faire parler plusieurs Acteurs sans trouble & sans confusion. […] Il est alors à supposer que ses personnages ne doivent plus se faire entendre ; car parlant tous à la fois, il est presque impossible de démêler dans cette confusion un seul mot de ce qu’ils disent.
Quoi, parce qu’un Poète aura mis par hazard dans les paroles qu’on module, le mot ramage, ou celui de ruisseau, faut-il aussi-tôt se mettre à la torture pour nous faire entendre le chant des oiseaux, ou le doux murmure d’une onde claire ? […] Pourquoi ne pourrait-il pas faire entendre par les sons ce que le chant nous èxprime par les paroles ? […] Peut-il déployer son génie, comme lorsqu’il s’agit de faire entendre un bruit de guerre, les cris furieux d’une troupe de combattans, les clameurs d’un peuple consternés, ou ses chants d’allégresse ? […] Est-il étonnant qu’il se contente quelquefois de faire entendre des sons vagues, sans génie & sans èxpression ?
Lorsqu’on dit, la Sçène ne doit point être ensanglantée, ou bien, la Sçène change ; on entend le lieu de l’action : il est aisé de le sentir. […] Il faut encore qu’elles ayent besoin d’être jointes pour être entendues & senties. […] Il n’est pas naturel qu’un Monologue soit entendu par un autre Acteur. […] On demande, comment un Acteur qui entre sans qu’il l’apperçoive, peut entendre tout ce qu’il dit ? Comme, par éxemple, dans le Philosophe marié, où Ariste seul dans son cabinet, se répent d’avoir pris une femme, & est entendu par Damis.
Le rossignol étonné s’interrompait pour l’entendre, & redoublait le charme de son harmonie, dans la crainte d’être surpassé. […] Dès que son amie entendait les sons de sa lyre, un trouble involontaire s’emparait de ses sens, elle perdait l’usage de la voix, & restait pendant très-long-tems sans connaissance. […] On raconte aussi que Henri IV, Roi de Dannemarck, voulut éprouver si un Musicien de sa Cour troublait les sens de ceux qui l’entendaient jouer de quelque instrument. […] Il voulait dire par-là, que l’un était aussi nuisible que l’autre ; ou plutôt, il donnait à entendre, qu’un climat qui ne produisait pas de vin, ne saurait être favorable à aucun Musicien. […] La Motte le Vayer, dont les ouvrages sont si connus, ne pouvait entendre sans douleur les accords les plus délicieux ; ce que nous appellons harmonie était pour lui un supplice.
C’est ainsi qu’on peut entendre les Auteurs qui nous apprennent que l’èxposition ne doit point apprendre ce qui va arriver. […] Ce n’est pourtant pas toujours la prémière Scène qui contient le germe des événemens qui vont succéder, & qui les donne à entendre par des faits antérieurs, ou en èxquissant des caractères ; le Poète à tout le prémier Acte : Orosmane n’annonce combien il est soupçonneux, & les éxcès où le portera la jalousie, que dans la dernière Scène du prémier Acte de Zaïre. […] Un homme de soixante & dix ans, dit-il, du commun, & qui avait rarement entendu des Pièces de Musique, se mit à chanter avec justesse la bâsse fondamentale d’un chant qui le frappa.) […] où l’on entend.
Il se peut aussi entendre ainsi, la mère se couronne et attife de certaine manière de ornement de tête, en signe de joie. […] Voilà comme on prend passetemps d’entendre par les déshonnêtes et vilains gestes des bateleurs, ou d’entendre ce qui se fait au logis, ou d’ouïr ce qui s’y peut faire. […] Il se peut aussi entendre ainsi, la mère se couronne et attife de certaine manière de ornement de tête, en signe de joie.
lesquels de leur nature ou sont sourds, de manière qu’on ne peut bonnement entendre ce qu’on y dit, ou bien sont tellement désaccordants, qu’ils rejettent et repoussent jusqu’au profond la voix, ores qu’elle soit prononcée avec force. Autres reçoivent le son de la voix, de façon qu’étant épandue par tout le lieu, elle s’évanouit tout incontinent et se perd, sans aucune formation ou signification de parole, qu’on puisse entendre. […] Car la voix étant enfoncée en une partie, demeurait quelque peu de temps, avant que elle fût épandue parmi l’air, comme étant retenue du larmier des murailles : et par ainsi parvenait plus doucement aux oreilles des écoutants, et plus clairement, et était beaucoup mieux entendue.
On se rebute enfin de n’entendre sonner à ses oreilles que les finales i, o, a. […] Leur e, i, o, ou, détruisent l’harmonie, parce que l’oreille délicate ne saurait entendre long-tems des terminaisons trop fréquentes, sans être rebutée. […] Chaque membre de nos périodes, en contentant l’esprit, charme l’oreille par les diverses infléxions & consonnances qu’il lui fait entendre. […] Ils retirent de cette aimable simplicité un avantage précieux ; tous leurs morceaux de musique sont d’abord retenus ; pour savoir les chanter, il suffit d’avoir pu les entendre un instant. […] On serait moins surpris de son peu d’attention à laisser entendre la voix du Chanteur, si l’on ne savait qu’il est composé d’habiles Musiciens.
Les Lacédémoniens ne voulurent jamais écouter ni Tragédie ni Comédie, disant qu’il n’étoit pas permis d’entendre même par amusement, ceux qui contredisoient les Loix. […] Ce Traducteur devoit entendre Aristote, dont il avoit si bien profité. […] J’appelle diction la composition des Vers, & pour le Chant il s’entend assez, sans qu’il soit besoin de l’expliquer. […] Quand Aristote dit que l’Iliade est pathétique, & l’Odyssée ήϑικη, il n’entend pas, comme l’explique M. […] Il arrive de-là que nous condamnons souvent dans des Piéces ce que nous n’entendons pas.
Cette comparaison nous fait entendre la pensée d’Aristote. […] C’est ainsi, ce me semble, qu’il faut entendre ce qu’Aristote dit des Mœurs, & je juge de sa pensée par ce qu’il dit dans un autre endroit sur Homere. […] En versera-t-il, quand il l’entendra chanter, quelque excellente que la Musique puisse être ? […] C’est le son de la voix que nous entendons qui nous fait impression, & non les paroles chantées dont nous perdons souvent une partie. […] Qu’importe en effet l’unité de Dessein, lorsqu’on ne veut qu’entendre chanter, & voir danser ?
Ce qu’on entend par Acte & entre-Acte. […] On entend par Acte un certain nombre de Scènes jointes ensemble ; dans l’Acte les Acteurs parlent & agissent aux yeux des Spectateurs. On entend par entre-Acte ce qui sépare, ce qui divise plusieurs Scènes qui se suivraient sans interruption : c’est un instant où le lieu de l’action cesse d’être occupé. […] Les Grecs n’ont peut-être jamais entendu mettre des instans de repos dans leurs Pièces ; ils détournaient seulement l’attention du Spectateur sur des objets qui le délassaient sans le distraire entièrement. […] On présume seulement qu’ils n’avaient aucun terme pour èxprimer ce que nous entendons par Acte & entre-Acte.
Ici, mes Frères, je crois entendre la réponse que vous opposez à ces raisonnemens & à ces autorités. […] Je sais, mes Frères, que la plupart des pièces de théâtre sont exemptes de ces grossières équivoques, de ces paroles licentieuses qu’on y entendoit autrefois ; les mœurs de notre siècle devenues plus décentes, sans être, en effet, plus pures, ont exigé qu’on donnât un frein à l’impudence, & qu’on retranchât ce qui choquoit trop ouvertement l’honnêteté. […] N’avons-nous pas entendu des hommes du monde reconnoître qu’on ne pouvoit y être attiré que par l’appas même de la licence, & avouer qu’en grossissant la foule des spectateurs, ils auroient eu honte d’y conduire les personnes dont ils avoient intérêt de conserver l’innocence & la vertu ? […] Je dis plus : devez-vous, en effet, vous glorifier d’avoir vu & entendu si impunément ce qu’on voit, ce qu’on entend au Spectacle ? […] Je finis, mes Frères, par ces paroles de l’Apôtre qui, bien méditées, renferment toutes les instructions que j’ai voulu vous donner dans ce discours : Qu’on n’entende pas même parler parmi vous de fornication, ni de quelqu’impureté que ce soit ; qu’on n’y entende point de paroles déshonnêtes, ni de folles, ni de bouffonnes, qui ne conviennent point à votre vocation : Fornicatio & omnis immunditia nec nominetur in vobis ; aut turpitudo, aut stultiloquium, aut scurrilitas quæ ad rem non pertinet.
La raison & la Religion, à qui il sera toujours cher, l’ont dicté ; & tout esprit fait pour entendre & suivre l’une & l’autre, ne peut se refuser à l’évidence de vos principes, & à la justesse des conséquences. […] de Rochefort, qui, par sa façon de penser, honnête & vertueuse, lui parut être fait pour les entendre. Vous devez de même, Monsieur, être entendu par les gens sensés & par toutes les personnes de bonne foi, qui, averties par l’expérience, voudront se rappeller les scrupules qu’elles ont éprouvés les premieres fois qu’elles ont été à nos Théatres, avec les justes préventions qu’une bonne éducation leur avoit inspirées contre ces amusemens si funestes à la vertu.