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130. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

L’on ne s’y prendrait pas autrement, quand on s’étudierait exprès à diffamer la vertu : car ces pratiques de notre Théâtre deviennent des monstres par rapport au Christianisme dont nous faisons profession. […] Des valets, des esclaves, de petites gens sont trop méprisables et trop méprisés pour devenir des exemples à suivre. […] Térence parut lorsque Rome était devenue plus polie ; et il se conforme à cette politesse de son temps. […] Le Poète d’ailleurs se garde bien de mettre au même temps sur le Théâtre ces deux personnages si intéressés l’un à l’autre : il appréhende qu’ils ne lui deviennent des caractères trop délicats à manier et trop dangereux à exposer. […] Pisthetœrus dit à Epops que si les oiseaux voulaient bâtir une Ville au milieu de l’air ils pourraient intercepter la fumée des sacrifices et affamer par là les Dieux : ou bien que les Dieux se réfugieraient dans la même Ville et y deviendraient leurs tributaires.

131. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Il avoit grand nombre de prisonniers de guerre : il y avoit un officier françois de considération qui devint amoureux de sa femme ; elle na paroissoit pas insensible. […] Que le vice doit devenir difficile à corriger & la vertu à pratique pour tout comédien, si jamais il veut devenir honnête homme & bon chrétien ! […] Il est visible de voir la prétention qu’on met à ces bagatelles, toujours sous le voile modeste de la préférence donnée à Lafontaine, dont l’éloge gigantesque est devenu d’étiquette. […] J’admire les savantes dîssertations des admirateurs de Moliere, pour trouver l’origine du mot burlesque de Tartuffe, qui est devenu un proverbe. […] Devenue libre par son départ, Son Excellence féminine s’est louée pour six mois au théatre de Bordeaux.

132. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Dans l’un, l’amant se fait Moine & devient Directeur ; dans l’autre le père se fait Prêtre & devient Supérieur du Couvent, ailleurs la mère s’y fait servante. […] Ils deviennent subitement amoureux l’un de l’autre. La fille se dégoûte de son couvent, & devient folle d’amour. […] C’est-à-dire qu’on donne à Dieu les misérables restes d’une vie devenue à charge. […] Ce n’est qu’une confidence indiscrette d’une Religieuse mourante, & la visite d’un jeune homme dont elle devient amoureuse, qui la changent tout-à-coup sur la fin de son noviciat.

133. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Il paraît que le véritable objet de M.F. est de prouver que le Théâtre devenu plus épuré, est devenu non seulement moins criminel, mais qu’il est devenu même utile pour les mœurs ; et dès là, qu’il n’y a point de difficulté de l’absoudre, et de détruire un préjugé qui lui nuit, puisque les prétextes qui l’ont fait condamner ne subsistent plus. […] Je veux uniquement établir que la Comédie, à compter de Molière, et à commencer par lui, sans devenir plus utile, est devenue plus dangereuse. […] Que deviendront elles ? […] Notre âme devient-elle plus méthodique ? […] Près d’elle le respect tient lieu d’innocence, et la crainte d’échouer est un obstacle qui devient salutaire.

134. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

N’est ce pas là en un mot que le cœur se voyant lui-même dans celui qui paroît épris d’un objet séduisant, devient aussi-tôt un acteur secret, qui tandis qu’on joue une passion feinte, en éprouve lui-même une véritable ? […] Que devient cette vigilance & les autres vertus qui nous y sont commandées par ce divin Sauveur ? […] enfin, la modestie, le récueillement, la retraite… On perd le goût de tous les biens spirituels en s’abandonnant aux plaisirs grossiers des spectacles, les actions mêmes sérieuses & communes deviennent à charge. […] Ce seroit en vérité dans le Christianisme une chose bien nouvelle, qu’on nous montrât les auteurs, les acteurs & les partisans du spectacle devenus les plus vertueux & les plus Chrétiens d’entre nous. […] Que voit-on maintenant sur le théâtre, qu’un héroïsme corrompu par les égaremens d’un fol amour, l’amour devenu la passion des belles ames ?

135. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Lui laisser voir que j’y découvrais un motif que peut-être il n’a pas… montrer pour de petites chose des rigueurs qui deviennent ridicules dans toute autre femme qu’une maitresse, je ne pouvais m’y résoudre… J’aurais pourtant bien voulu lire dans son cœur… J’ai cru pouvoir l’attendre. […] Il s’ensuit de-là, que le don d’imiter étant si commun, il faut le posséder dans un degré de perfection, extrêmement rare, pour qu’il devienne digne de se montrer en Public, & capable de plaire & d’être admiré. […] Mais elles ne seront plus jouées, aux Reprises, par les Acteurs choisis ; elles deviendront alors le partage de nouveaux admis, les mieux disposés à les rendre avec succès. […] Que les jeunes Elèves imitent cet Acteur*, dont le jeu, devenu sage & rassis, exprime tout, nuance tout ; qui s’empare de l’âme, la conduit, l’enlève ; mais semble craindre de l’agiter avec rudesse. […] Je connais un homme, autrefois ennemi déclaré de ces Bonbons dramatiques, qui pour avoir entendu dans une jolie bouche quelques Ariettes, courut sur le champ aux Italiens, & d’aigre censeur, devint admirateur fou.

136. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Serait-ce que pour devenir tempérant et sage, il faut commencer par être furieux et fou ! […] Agamemnon lui-même devient révoltant dès qu’il s’occupe de sa grandeur et de sa gloire. […] Le Misanthrope déraisonne et devient ridicule, non pas dans sa vertu, mais dans l’excès où elle donne. […] Le mariage, au lieu d’être l’accord des volontés, est devenu celui des convenances. […] Ces mêmes âmes que vous trouvez si froides, quand l’humanité, la pitié les frappe, deviennent donc tout à coup bien sensibles aux impressions de l’amour !

137. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Et cet événement devint pour ce Monarque un sujet d’éloges publics. […] On a perdu le goût de la vertu & de la pudeur ; les plaisirs légitimes deviennent insipides ; le libertinage devient un assaisonnement nécessaire pour les rendre agréables & piquans. […] Les hommes parmi nous sont-ils devenus plus appliqués à leur devoir & plus délicats sur leur réputation ? […] On apprend par cœur les poëmes, on dresse des Théatres, & on devient des Comédiens. […] Pourquoi donc les crimes atroces deviennent-ils plus communs ?

138. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « I. Occasion et dessein de ce Traité : nouvelle Dissertation en faveur de la Comédie. » pp. 1-3

On a tâché d’éluder l’autorité des Saints Pères à qui on a opposé les Scholastiques, et on a cherché entre les uns et les autres je ne sais quelles conciliations, comme si la comédie était enfin devenue ou meilleure ou plus favorable avec le temps.

139. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

… Que deviendront les idées qu’ils s’était formées de leur puissance, quand ils verront celle de Néron céder à la vertu ? […] Vous savez encore quelle influence ont les mœurs des Rois sur les mœurs des Sujets ; que l’esprit, que les goûts des Princes deviennent ceux de leur siècle ; et vous sentez, comme moi, toute l’importance de purger en eux des passions funestes à tant de milliers d’hommes. […] Si Dom Sanche n’était, jusqu’à la fin, que le fils d’un Pêcheur ; si ce fils d’un Pêcheur ne se trouvait pas tout à coup, je ne sais comment, l’héritier légitime du trône d’Aragon ; si ce fils d’un Pêcheur ne devenait Roi que parce qu’il aurait mérité de l’être par ses vertus, je crois que la pièce aurait bien pu être sifflée : mais on ne reprocherait pas à l’Auteur de n’avoir pas fait servir son art à déraciner l’une des plus extravagantes et des plus anciennes préventions des hommes. […] Il savait qu’une erreur ancienne devient sacrée ; qu’avec de l’esprit, on peut faire goûter aux hommes quelques vérités ; mais qu’avec plus d’esprit encore, on s’abstiendrait de les leur découvrir toutes : il savait que ces préjugés de naissance, que cette chimère, plus ridicule que celle des Fables, née de l’orgueil, nourrie par la flatterie, défendue par l’opinion, et couverte du voile épais des siècles, ne pouvait être attaquée impunément : il savait que les Grands lui pardonneraient de peindre leurs vices et leurs ridicules, et non de les dépouiller d’un éclat étranger, mais imposant, qui leur tient lieu du mérite qu’ils n’ont pas : il savait enfin qu’on aimait le merveilleux au théâtre, et c’est peut-être ce qui l’a déterminé à donner au vertueux Dom Sanche un père couronné.

140. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TABLE DES CHAPITRES. » pp. 3-4

La Tragédie dont la fin est d’exciter deux Passions qui peuvent rendre les Hommes meilleurs, ne devient dangereuse que par la faute des Poëtes, & la nature des Représentations.

141. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XVI. » pp. 69-70

Voilà donc votre Héros devenu Dieu, et du nombre de ces Dieux que les Romains appelaient Majorum Gentium, c’est-à-dire, du premier ordre, puisque ceux du second ordre, Hercule, Orphée, Argus, Esculape, lui viennent faire hommage en mettant chacun à ses pieds le Symbole de sa divinité.

142. (1675) Traité de la dévotion «  Méditation. » pp. 66-67

tu la trouveras en Dieu, et Dieu te la donnera à toi-même ; car tu deviendras glorieux et plein de lumière par le commerce que tu auras avec lui.

143. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

Dans l’empire amoureux Le devoir n’a point de puissance,                 L’amour dispense, Il faut souvent pour devenir heureux Qu’il en coute un peu d’innocence : Laissez mon cœur en paix impuissante vertu, N’ai-je pas assez combattu Quand l’amour malgré moi me contraint de me rendre ? […] On représente l’amour, non pas comme un crime, c’est une simple foiblesse, encore une foiblesse noble & agréable, la foiblesse des Héroïnes & des grands Hommes ; c’est une foiblesse que l’on a sçu si bien déguiser & embellir, qu’elle attire tous les regards, elle charme toutes les oreilles, elle séduit tous les cœurs ; le portrait que l’on en a fait est si flatteur, qu’on ne s’en lasse point, on ne souffre plus guères de Spectacles où elle ne se rencontre pas : c’est elle qui préside à toute l’action, elle est devenue essentielle aux Tragédies les plus sérieuses : en quoi la France a enchéri sur les Grecs & sur toute l’antiquité payenne.

144. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XII. Du Dimanche et des jours des Fêtes. » pp. 54-66

Outre le Dimanche nous célébrons encore des Fêtes en l’honneur des Saints ; mais ce culte revient à la gloire du Fils de Dieu, qui en est le chef, parce que c’est lui qui les a sanctifiés, et qui les ayant faits ses membres, leur a donné la plénitude de son esprit, par laquelle ils sont devenus Saints, et parfaits. […] Il est donc juste que nous célébrions tous avec la même affection, et avec la même ardeur, et dans une entière unité de cœur et d’esprit, ce saint jour par lequel nous sommes devenus, ce que nous n’étions pas, c’est-à-dire, les enfants de Dieu, et les héritiers de la gloire éternelle. » Et infra.

145. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

La sotte vanité d’Armande qui, parce qu’elle est savante regarde avec horreur les liens du mariage, n’en est pas mieux traitée voyant son Amant devenir le mari de sa sœur : et dans le personnage de Trissotin, on trouve de même une belle instruction pour ceux qui ne cherchent que leur intérêt en se mariant. […] Je citerai pour unique exemple les Précieuses ridicules de Molière qui a su si bien manier son sujet, que de son temps même, les Précieuses étaient devenues bien rares.

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