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36. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

De même le Graveur en travaillant sur des ouvrages peints, leur imprime une autre apparence, un autre caractère. […] Tel est le vrai caractère des bons Drames. […] Mais s’il le tient d’ailleurs ; que de situations à créer, que de circonstances à élaguer, que de contrastes à former, que de traits à rapprocher, que de caractères à refondre ! […] Il en a fait dans l’économie, dans les caractères, dans le dénouement, dont il rend compte dans sa préface, qu’on peut consulter. […] Peuvent-ils s’écarter des idées de leurs Amateurs, changer leur plan, leurs caractères, leur dénouement ?

37. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIV. Réponse a l’objection qu’il faut trouver du relâchement à l’esprit humain : que celui qu’on lui veut donner par la représentation des passions est réprouvé même par les philosophes : beaux principes de Platon. » pp. 58-60

à faire tant de différents personnages lui paraissait introduire dans la vie humaine un caractère de légèreté indigne d’un homme, et directement opposé à la simplicité des mœurs. […] La raison de ce philosophe était qu’en contrefaisant ou en imitant quelque chose, on en prenait l’esprit et le naturel : on devenait esclave avec un esclave ; vicieux avec un homme vicieux ; et surtout, en représentant les passions, il fallait former au-dedans celles dont on voulait porter au dehors l’expression et le caractère.

38. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Les principaux caractères d’Eschyle et de Sophocle surpassent tout ce qu’il est possible d’imaginer de grand et de sublime. […] Soumis aux commotions de son époque, le poète y puisa ces traits si profondément pervers, qu’un talent inimitable rend encore plus odieux par leur contact avec des caractères si beaux, si grands, si parfaitement héroïques. […] L’esprit de galanterie, introduit sur la scène, affaiblit le caractère des personnages, en lui donnant cette flexibilité qu’exclut le despotisme des grandes passions. […] Cette innovation, tempérant par le raisonnement l’emportement naturel des passions, leur donna un caractère nouveau. […] Je ne connais pas de scène au théâtre français où la main d’un grand maître soit plus sensiblement empreinte, et où le sacré caractère de la vertu l’emporte plus sensiblement sur l’élévation et le génie.

39. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « II. » pp. 9-11

Il n’avait à la vérité ni le zèle d’Hercule, ni la douceur d’Orphée, ni la vigilance d’Argus, ni la charité d’Esculape, ni la science d’Apollon, dont vous composez le caractère du Héros de votre Ballet ; mais il possédait en un degré éminent les qualités que doit avoir un Evêque selon S. […] Feu M. le Cardinal Grimaldi était ennemi de votre méchante Morale ; il n’avait que de l’horreur pour vos maximes ; ses règles dans l’administration du Sacrement de Pénitence, étaient contraires aux vôtres ; il voulait qu’on mit en usage bien plus souvent que vous ne voudriez le délai de l’Absolution ; que l’amour de Dieu fût la marque et le caractère des véritables conversions ; que la charité fût l’âme des bonnes œuvres ; qu’elle en fût la fin, le principe et la règle.

40. (1715) La critique du théâtre anglais « privilège du roi. » pp. 502-504

Collier, s’il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de Privilège sur ce nécessaires ; Nous lui avons permis et permettons par ces présentes de faire imprimer ledit Ouvrage, en telle forme, marge, caractère, conjointement ou séparément, et autant de fois que bon lui semblera, et de le faire vendre et débiter par tout notre Royaume pendant le temps de quatre années consécutives, à compter du jour de la date dédites Présentes. […] A la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Imprimeurs et Libraires de Paris, et ce dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impression dudit Livre sera faite dans notre Royaume et non ailleurs, en bon papier et en beaux caractères, conformément aux Règlements de la Librairie ; et qu’avant que de l’exposer en vente, il en sera mis deux exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, et un dans celle de notre très cher et féal Chevalier Chancelier de France le sieur Phélypeaux Comte de Pontchartrain, Commandeur de nos Ordres : le tout à peine de nullité des Présentes.

41. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVIII. Doctrine de l’écriture et de l’église sur le jeûne. » pp. 98-101

Le jeûne a encore un caractère particulier dans le nouveau testament, puisqu’il est une expression de la douleur de l’église dans le temps qu’elle aura perdu son époux : conformément à cette parole de Jésus-Christ même : Mat. […] « Les amis de l’époux ne peuvent pas s’affliger pendant que l’époux est avec eux : il viendra un temps que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront. » Il met ensemble l’affliction et le jeûne, et l’un et l’autre selon lui, sont le caractère des jours où l’église pleure la mort et l’absence de Jésus-Christ.

42. (1731) Discours sur la comédie « PRIVILEGE DU ROI. »

Petavii Rationarium Temporum cum Tabulis Chronologis ; s’il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de Privilège sur ce nécessaires, offrant pour cet effet de les faire imprimer en bon papier et beaux caractères, suivant la feuille imprimée et attachée sous le contrescel des présentes. A ces Causes, voulant traiter favorablement ladite Exposante, Nous lui avons permis et permettons par ces Présentes de faire imprimer lesdits Livres ci-dessus spécifiés, en un ou plusieurs volumes, conjointement ou séparément, et autant de fois que bon lui semblera, sur papier et caractères conformes à ladite feuille imprimée et attachée sous notre Contrescel, et de les vendre, faire vendre et débiter par tout notre Royaume pendant le temps de huit années consécutives, à compte du jour de la date desdites Présentes.

43. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

Faut-il encore s’étonner si les anciens, & même ceux des modernes, qui ne se sont proposés que d’émouvoir les grandes passions, ayant eu à représenter le renversement des Etats, des conquerants ou des défenseurs de la Patrie, ont donné des caractères tout-à-fait vrais, dit encore le Pere Brumoy ? […] Si on met cette espéce de caractère sur le Théatre, l’une de ces passions a toujours le pas, & on peut remarquer parmi nous que ce n’est presque jamais celle qui feroit les plus fortes impressions ; ainsi on dégrade les personnages tragiques, & on rend la scène languissante. […] Leurs caractères sont différens.

44. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Après avoir fini l’ouvrage, il faut l’aller présenter à l’assemblée des Acteurs, avoir le talent de leur plaire, se soumettre à tous leur caprices, refondre les rôles principaux à leurs volontés, chacun exigeant le sien suivant son talent, n’importe le caractère total de la Pièce. […] Un amour vertueux peut même quelquefois se mêler avec d’autres passions par elles-mêmes peu saillantes ; il en adoucit les caractères, il anime l’action, et pour tout dire en un mot, il attendrit le Spectateur. […] Ce caractère monstrueux est en pure perte pour celui d’Auguste : en lui pardonnant, il reste toujours Tyran ; c’est la crainte et la politique seules qui lui arrachent ce pardon, et non pas la clémence.

45. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Elle a de grands défauts, de plattes bouffonneries, des vers foibles & forcés, des caractères outrés, un dénouement peu naturel & sans vrai-semblance, des constructions louches. […] Ce caractère est trop bas, & absolument déplacé dans l’Imposteur. […] Ces traits maussades & dégoûtans décellent la stérilité d’un Poëte qui a si souvent besoin de ces vilaines chevilles pour achever son vers, ou la bassesse de son caractère qui le trahit si vilainement. […] Pour la proposition d’adultère, depuis quand fait-elle le caractère exclusif du dévot ? […] Toute cette piece si vantée est pleine de phrases les plus louches, de termes grossiers, d’idées triviales, de répétitions, de mauvais mots, de rimes fausses, de tours vicieux, de fautes de poësies, &c. de caractères outrés : De chaque caractère il passe les limites.

46. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Mais ces caractères me semblent bien peu capables de plaire, et je ne comprends pas qu’on puisse voir sans s’ennuyer une pièce où il n’y aurait nul amour. […] Je ne vous nomme que ceux qui se sont présentés les premiers à mon esprit : je pourrais parler d’une infinité d’autres caractères de cette nature, qui quoique fort éloignés des tendresses de l’Amour, ont ravi et ravissent encore ceux qui les voient. […] Il est vraisemblable que l’Andromède d’Euripide était du même caractère que les autres Tragédies de cet Auteur, et c’est sur ces Tragédies que je me fonde pour dire que la Tragédie peut produire, sans amour, les effets pour lesquels elle a été inventée. […] Aussi d’un autre côté on ne peut les abaisser sans les faire sortir de leur caractère ; et je crois que la raison pour laquelle ces Héros ne seraient pas du goût de ce temps, c’est qu’ils auraient peu de tendresse, ou que si on leur en donnait, elle paraîtrait indigne de la sainteté de leur foi. […] Toutes les Pièces de tendresse ont les mêmes caractères, et presque la même intrigue : C’est un amour violent auquel on s’oppose, c’est une jalousie qui trouble la félicité de deux Amants.

47. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Formez vos caractères sur de grands modéles ; fondez vos contrastes sur les plus fortes oppositions ; grouppez bien vos figures ; que la grandeur de l’action, jointe à la beauté de l’ordonnance, ne laisse rien à désirer. […] La nature est si variée dans ses productions que dans les qualités de l’Acteur, comme dans le caractère des visages, il n’y a point de ressemblance à attendre. […] Qu’on joindra aux difficultés, déjà si grandes dans la composition d’un beau Poëme, les difficultés plus grandes encore d’y encadrer le jeu des Comediens, de faire une si juste combinaison de leurs qualités, qu’elles ne nuisent point aux caractères ni aux mœurs des personnages.

48. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Adrienne, les rôles de colombine : âgée de……… 12 ans Talon cadet, les rôles de caractère, les personnages ridicules, &c. âgé de……… 12 ans. […] Durand, les rôles de caractère vifs & légers……… 11 ans. Ferrière, les rôles de caractère, de spadassin, &c…… 13 ans.

49. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

La Bruyere donne le caractère d’un hypocrite, & ce tableau en deux ou trois pages, plus vrai, plus juste, plus ressemblant, vaut mieux que toute la comédie de Moliere. […] Autre idée plaisante, elle attribue leur taciturnité à Calvin, homme très-taciturne, qui la leur avoit inspirée avec ses erreurs ; c’est la première fois qu’on a dit que l’hérésie eut cette influence sur le caractère de ses sectateurs. […] Frivolité d’idées, frivolité de langage, frivolité de caractère, frivolité de conduite ; on glisse sur tout ; la plus légère ressemblance suffit pour lâcher quelque saillie, quelque compliment qu’on croit un bon mot, qu’on juge élégant, qui amuse un instant. […] Avant sa conversion il fréquentoit l’hôtel de Rambouillet, alors le rendez-vous des beaux esprits ; un génie aisé, un caractère aimable, une conversation amusante, beaucoup de facilité à faire des vers l’y firent goûter Voiture un des beaux esprits du temps en fut jaloux, & crut voir en lui un rival, & ne le traita pas bien. […] Godeau ; l’Auteur prétend que le péché d’impureté détruit l’Épiscopat & le Sacerdoce ; l’impureté sans doute est un péché, bien plus grand dans un Pasteur & un Ministre des Autels que tout oblige à une parfaite continence, mais ce péché ni aucun autre ne détruit un caractère ineffaçable, ni ne rend invalide des sacremens administrés par un indigne de ces saintes fonctions.

50. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. […] Ils ont tous les caractères, et n’en ont aucun. […] Mais les meilleures tragédies modernes ont un caractère mou, qui se fait jour à travers le pathétique et la terreur dont elles sont remplies.

51. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Onzième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 244-249

Il atteint vingt-deux ans, est assez bien fait ; il a l’œil ardent plutôt que vif, le caractère sombre ; je crois que ses passions seront intraitables : l’amour les absorbe toutes aujourd’hui, heureusement pour un objet capable de lui faire aimer la vertu ! […] Ce qu’on va lire en caractères différens, n’était pas dans la Copie de madame Des Tianges pour sa sœur : l’Editeur l’ajoute d’après l’original.

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