Les craintes & les transports de Rodrigue éclateraient ; ce que Chimène doit à la mémoire de son père combattrait encore son amour ; mais elle se laisserait enfin attendrir aux larmes de son Amant & aux prières du Roi.
Oui : car l’on voit que tout ce qui se représente pour l’ordinaire en tels Jeux, sont des pièces d’amour déshonnête qui paraît avec la plus grande effronterie qui se puisse imaginer, et se débite avec tant d’art et d’adresse affectée, qu’il ne fait pas peu d’impression sur l’esprit des spectateurs, et dont ils peuvent retenir de très pernicieux exemples.
» Saint Clément d’Alexandrie10 persuadé que l’amour se glisse dans le cœur par les yeux, parle avec force contre cet abus : Il reproche aux Chrétiens de quitter toute pudeur avec leurs habits, et de l’ensevelir dans les bains ; plus immodestes que les anciens Athlètes, qui du moins gardaient quelques bienséances.
Comme l’amour du spectacle fait partie des goûts de la jeunesse, elle va aujourd’hui porter ailleurs ce qu’elle peut sacrifier à ce genre de plaisir.
Vous les accusez de n’envisager dans les personnes que la haine ou l’amour qu’on avait pour leur Compagnie.
Lung en y a qui a ung signe Comme il appert, signe lauons Pour l’amour de nos compaignons.
L’Artisan dans sa boutique n’est pas le même que dans son ménage ; l’amour le rend encore différent.
Sans être une beauté régulière, la *** avait un air de vivacité, un nez voluptueux, des yeux noirs pleins de feu, de belles dents, beaucoup de blancheur, une gorge appétissante, des mains faites pour caresser l’amour, en un mot, elle était en tout point un objet séduisant.
Un Chrétien peut-il être attentif à la suite d’une intrigue d’amour, qu’on insinue par des expressions d’autant plus dangereuses, qu’elles sont plus spirituelles et plus agréables, sans que ce mal s’imprime dans son esprit et dans son cœur ?
Vous, qui, quand vous seriez chastes avec les hommes, ne l’êtes jamais avec vous-mêmes, êtes éprises d’amour pour votre beauté, ou naturelle, ou artificielle, qui pointes & enluminées comme des idoles par vos propres mains, vous offrez aux regards d’une foule d’insensés adorateurs, qui ne vous regardent qu’avec des yeux lascifs, & dont les crimes sont comptes pour autant de conquêtes & de triomphes dont vous repaissez votre passion & votre vanité. […] Il faut pourtant excepter les actrices, qui réalisent parfaitement les amours qu’elles jouent : ce sont des vraies Armides, des vraies Angéliques, dont le Medor & le Renaud sont très-réels.
L’amour le plus discret, Laisse par quelque marque échapper son secrer.
« Au XVIIe siècle, un homme s’est rencontré qui, par l’admirable sagacité d’un esprit toujours plaisant, toujours naturel, toujours varié, toujours utile, a banni du sein de la nation française et l’esprit faux, et le jargon, et l’équivoque, et les pointes, et les jalousies folles, et l’amour honteux des vieillards, et la haine de l’humanité, et la coquetterie, et la médisance, et la pruderie, et la fatuité, et la basse avarice, et l’esprit de chicane, et la frivolité des magistrats, et la petitesse qui fait aspirer à paraître plus grand qu’on n’est, et l’empirisme ignorant des médecins, et la risible imposture des faux dévots ; » eh bien ?
On y represente ce qui peut servir, ou d’exemple pour le faire imiter, ou d’avertissement pour le faire fuir : & dont la beauté ou la laideur peuuent fortifier dans la volonté du Spectateur l’amour ou la haine que les belles Ames doivent avoir pour la vertu ou pour le vice. […] Ainsi dans l’amant, dans le malade, dans le triste ou dans l’enjoüé, il doit s’attacher à biẽ toucher, & à bié peindre les diverses alterations, que l’amour, l’infirmité, le chagrin, ou la joye peuvent causer sur le visage ou sur les autres parties qui semblent plus s’interesser aux ressentiments interieurs, & qui par une relation & naturelle & inperceptible s’en chargent absolument, & les produisent au dehors, malgré toutes nos resolutiõs, & toute nôtre retenuë. […] , ne crut pas ny la Dance ny la Musique indignes de ses soins, & incompatibles avec la profession des Armes & avec l’amour de la gloire. […] Car ce seroit une lourde & grossiere faute de faire le Masque de Bachus aussi doux & aussi tendre que celuy de l’Amour ou de Venus.
J’ai voulu vérifier si son opinion, la seule que vous ayez rapportée, était bien respectable, et j’ai lu dans une histoire abrégée, imprimée chez Leroy, à Paris, en 1789, que le comte de Bussy-Rabutin a composé des ouvrages dans lesquels il se plaisait à faire la peinture de mœurs dépravées (les amours des Gaules) et qu’il avait une âme fausse, petite et faible….
Aux considérations générales sur la comédie, le Législateur en ajouta de particuliéres aux Actrices ; parce que l’amour qu’elles inspiroient, n’avoit pas des suites moins funestes que la passion pour le Théatre, & qu’il n’étoit pas moins nécessaire de réprimer l’un que l’autre.
Jugez-en par vous-même : quelle femme vous plairoit davantage, ou celle qui se livre au premier mot, ou celle qui résiste & combat long-temps avant de se rendre, & par ses combats & ses résistances augmente l’amour, enflamme les désirs ?