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53. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Ils tiennent également en tutelle les ministres d’état, qu’ils surveillent, nomment et changent à leur gré. […] L’aveuglement ministériel est si grand que les hommes d’état ont l’imprévoyance et la faiblesse de fournir eux-mêmes, les armes les plus puissantes pour consolider l’esclavage, et river les chaînes des agents de la souveraineté. […] Il y injurie sans ménagement, les gouvernements, les souverains et les ministres d’état. […] Le pouvoir absolu, ennemi irréconciliable de la liberté et des droits imprescriptibles et inaliénables des peuples, est nécessairement basé sur l’immoralité politique et se trouve dans un état perpétuel de fausseté et de mauvaise foi. […] Il est trop facile de démontrer que cette volonté forte et unique d’un seul homme, lorsqu’elle n’est pas tempérée par des contrepoids politiques, peut ruiner l’état et renverser le souverain lui-même.

54. (1761) Lettre à Mlle Cl[airon] « LETTRE A MLLE. CL****, ACTRICE. DE LA COMÉDIE FRANÇOISE. Au sujet d’un Ouvrage écrit pour, la défense du Théâtre. » pp. 3-32

La mauvaise opinion que des hommes prévenus et sans réflexion, prennent injustement des personnes de votre état, vous a semblé insupportable ; et votre âme n’a pu sans douleur se voir sans cesse entre l’admiration et le mépris. […] Votre délicatesse ne peut s’accoutumer à un état si flatteur d’un côté et si affligeant de l’autre. […] C’est pour vous mettre en état de plaider vous-même votre cause, que je vais prendre la liberté de vous détailler des vérités constantes, sur lesquelles vous pourrez fortement vous appuyer. […] L’autre plus enjoué fronderait décemment les ridicules, et ferait l’amusement de ceux qui ont besoin de rire pour se distraire des occupations sérieuses auxquelles leur état les destine.

55. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

J’aurais cru manquer à ce que je me dois, & aux personnes respectables de mon état, si je fusse resté muet aux imputations fausses de Jean-Jacques Rousseau. […] On verra dans le cours de cet Ouvrage que l’envie des succès d’autrui n’est pas l’éguillon qui m’a guidé : si ma fortune était moins bornée, la preuve serait aisé à donner : mon bien serait celui des enfans des arts ; au surplus, j’ai pour garands ceux qui me connaissent : souvent avili par des gens méprisables, c’est l’ordinaire, en état de leur faire payer cher leurs infâmes menées, j’en ai dédaigné les moyens, on le sait… un mot m’eut mis à même d’en avoir satisfaction, Mais me venger est au-dessous de moi.

56. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Tel est, Mademoiselle, l’Oracle que vous interrogez, le seul que vous jugiez en état de fixer votre incertitude. […] Vous êtes chrétienne, du moins vous le déclarez ; mais à quoi bon ce titre, si votre état est opposé aux devoirs qu’il impose ? […] Vous en conviendrez, Mademoiselle, si vous avez la constance de me suivre : vous n’avez jamais peut-être réfléchi ni sur la Religion dont vous prenez l’étiquette, ni sur votre situation présente : je profite du moment de trouble & de frayeur où vous êtes plongée, persuadé que le Mémoire de votre Avocat n’a pû remplir votre attente, il vous a laissée en proie au ver qui vous ronge, & le seul secret de l’écarter est de changer d’état & de conduite.

57. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XIII. Du temps que l’on perd au bal et à la danse. » pp. 280-284

Vaut-il donc la peine qu’on y emploie autant de temps et de dépense qu’il en faut necessairement, et pour y paroître, et pour se mettre en état de le pouvoir faire, apprenant des années entieres ce ridicule exercice ? […] N’est-ce pas là l’état où elle se trouve presque toûjours, sur tout depuis trente ans, ou environ ?

58. (1802) Sur les spectacles « RÉFLEXIONS DE MARMONTEL SUR LE MEME SUJET. » pp. 13-16

Ceux qui protègent la farce, en donnent pour raison que, puisqu’on y va, on s’y amuse ; que tout le monde n’est pas en état de goûter le bon comique, et qu’il faut laisser au public le choix de ses amusements. […] Le public comprend trois classes : le bas peuple, dont le goût et l’esprit ne sont point cultivés, et n’ont pas besoin de l’être, mais qui, dans ses mœurs, n’est déjà que trop corrompu et n’a pas besoin de l’être encore par la licence des spectacles ; le monde honnête et poli, qui joint à la décence des mœurs une intelligence épurée et un sentiment délicat des bonnes choses, mais qui lui-même n’a que trop de pente pour des plaisirs avilissants ; l’état mitoyen, plus étendu qu’on ne pense, qui tâche de s’approcher, par vanité, de la classe des honnêtes gens, mais qui est entraîné vers le bas peuple par une pente naturelle.

59. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PLAN. DU THEATRE. et autres Règlements, Qui sont la suite de ce qu’on a déjà vu, page 106 de l’Ouvrage. » pp. 329-337

Les Acteurs et les Actrices du Théâtre de la Réforme seraient logées, comme nous avons déjà dit, et jouiraient chacun d’une pension proportionnée à leurs services : ils conserveraient leur pension et leur logement même en se retirant ; bien entendu cependant que dans le temps qu’ils exerceraient, la pension serait plus forte, et qu’en quittant elle serait moindre : de même si par accident ou par maladie quelqu’un des Acteurs devenait hors d’état de travailler, on lui donnerait la pension et le logement comme s’il avait servi le temps prescrit. […] Afin que le Théâtre ne puisse jamais manquer de Sujets, outre les Comédiens de Province, sur lesquels il faut peu compter ainsi que sur les enfants de la Capitale, je crois qu’il serait de la prudence d’élever et d’instruire pour le Théâtre une demie douzaine de garçons, et autant de filles ; une ancienne Comédienne, et un ancien Comédien auraient le soin de les former dans des logements séparés ; on leur donnerait en même temps des principes de religion et de piété, et on leur ferait apprendre un métier pour leur préparer une ressource, si par hasard à un certain âge on ne leur trouvait pas les talents nécessaires pour le Théâtre, ou s’il leur survenait quelque défaut qui ne leur permit pas d’y jouer : dans ces deux cas la bonne éducation qu’ils auraient reçus, jointe aux secours qu’on leur procurerait, les mettrait en état de trouver un autre établissement que celui du Théâtre.

60. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

On ne peut lire sans danger la peinture si vive de l’état de son cœur que S. […] Dieu ne lui donna pas des habits dans l’état d’innocence : les passions soumises ne faisoient courir aucun risque ; le péché faisant naître les dangers, força d’élever la barrière de la modestie. […] La crainte de Dieu, commencement de la sagesse, est inséparable de la modestie, qui en est le fruit : qui craint Dieu oseroit-il se montrer dans un état que la bienséance désavoue ? […] L’or, l’argent, les pierreries, fussent-ils de votre état, la licence n’entrera jamais dans le nombre de vos droits. […] Elles sont dans un état très-semblable ; elles entrent, comme eux, dans le dessein de combattre ; mais elles attaquent plus dangereusement.

61. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Cet homme, qui jouissoit de vingt mille livres de rente en bénéfices, étoit toujours en cet état, chez lui, aux promenades, aux spectacles, à la Cour, à l’Eglise. […] Arsaces, l’un des Gouverneurs de ses provinces, en conçut tant de mépris, l’ayant vu dans cet état, qu’il crut facile de le détrôner. […] Dans cet état on court les rues, on va au spectacle, on monte à cheval, on prend des leçons à l’Académie, on conduit un cabriolet, &c. Dans cet état on occasionne les rencontres les plus ridicules, on fait prendre les libertés, on se fait les grossieretés, les plaisanteries les plus licencieuses ; on s’en amuse (ne fait-on que s’en amuser ?). […] Mais ce n’est pas ce genre moral de masque que j’attaque ici, c’est le déguisement réel d’habit, d’état, de figure, qui favorise tous les vices & qui est un des grands abus, des grands dangers du spectacle.

62. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

J’ai longtems vu jouer à Paris la Comédie avant d’avoir embrassé l’état de Comédien. […] Il faut supposer, sans contestation, que les moindres états où les talens annoblissent n’ont rien de honteux par eux-mêmes, or vous nous assurez que l’état de Comédien est deshonorant par lui-même. […] Leur état est à la vérité de paroître, mais c’est en public, et; non dans le particulier. […] Pourquoi désaprouvons-nous l’état de Comédien ? […] (d) Je ne prétens point faire ici une comparaison d’état.

63. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Au reste, si on les souffre dans un état Chrétien ; ce n’est que comme un moindre mal, qu’on tolère, pour en éviter un plus grand. […] La seconde, si étant mort en cet état, le Curé peut sans péché refuser à son corps la sépulture Ecclésiastique ; principalement, s’il a donné d’ailleurs des marques qu’il était repentant de ses péchés ? […] parlant des vêtements dont chacun doit se servir par rapport à son sexe et à son état, que c’est une action vicieuse et condamnable de sa nature, qu’un homme se travestisse en femme ou une femme en homme. « De se vitiosum est, quod mulier utatur veste virili ; et è converso ». […] La première : parce que cette sorte de récréation étant par elle-même et par ses circonstances entièrement mondaine, et de la nature de celles que prennent les seules personnes du siècle, elle ne peut en aucune manière convenir à des Religieux, qui par la régularité de leur conduite, et par la sainteté de leur état doivent être très éloignés des maximes et des pratiques du monde, auxquelles ils ont absolument renoncé par leur profession solennelle. […] La cinquième qui doit frapper davantage tout esprit raisonnable, est, qu’il est honteux et indigne de la sainteté de l’état d’un Religieux, qu’il se travestisse en femme, en Roi, ou en Courtisan, et qu’en cela il représente un personnage qui ne convient qu’à des Arlequins, et à des Bouffons.

64. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Ce n’est pas un péché isolé, un péché momentané, c’est un feu qui s’entretient, & brûle sans cesse, qui apporte partout la désolation, sans respecter ni la dignité de l’état, ni la sainteté de l’Eglise, ni la majesté des mystères, ni les priviléges de la vertu, ni la foiblesse de l’âge, ni la misere de la condition, ni l’éclat de la naissance ou des richesses, comme un feu qui consume sans distinction, tout ce qui s’offre à son activité. […] La plupart de ces Nymphes ne sont pas en état de fournir à la dépense. […] Toutes ces personnes sont en état de péché, & indignes de communier devant Dieu, elles le sont encore devant les hommes ; puisque leur péché est public, & de la plus grande notorieté. […] Outre le fard dont les actrices sont aussi barbouillées ; leurs paroles, leurs gestes, leur metier infâme, sont un tissu de scandales continuels, sur-tout si une femme se présente fardée à la Sainte Table, elle doit évidemment être réfusée, son état même est un scandale. […] Ce cas est rare, communément on vient à la Communion dans un état modeste ; les femmes qui n’ont point de réligion, ne communient pas, celles qui en ont se rendent alors justice, fussent-elles des actrices.

65. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

Dans un état aussi dissipé que celui d’une Comédienne, partagé entre ses exercices & ses habitudes, on est rarement avec soi-même. […] Ne cherchez point, Mademoiselle, une autre cause de l’incertitude affreuse dont vous vous plaignez, l’oracle que vous consultez n’est point en état de la fixer, vos doutes ne se tairont pas : vous deviez récourir à un vrai Medécin, & vous vous êtes adressée à un Empyrique. […] Il loue en vous une modestie rare, qui se défie de ses propres lumieres : Pour décider définitivement la question, vous avez agi prudemment de vous en rapporter aux Jurisconsultes qui sont par état les Interprétes de la Loi, (p.

66. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

L’homme, plus coupable parce qu’il étoit plus fort, devoit encore plus rougir de son état, & il en fait l’aveu quand Dieu l’appelle : Timui eo quod nudus essem, & abscondi me. […] Ils rougissent quoique seuls & mariés, ils se couvrent & se cachent devant Dieu, qui voit tout, à qui rien ne peut être caché, pour qui la pudeur est également inutile & chimérique, puisque l’acte le plus bas, l’état le plus honteux, ne peut être soustrait à ses regards. […] C’est un devoir, une perfection, une nécessité de l’état. […] La sainteté, la dignité de l’état, l’éclat de la fortune, imposent des loix encore plus rigoureuses. […] Quel scandale, de perdre ceux qu’on est chargé d’edifier, & dont par état on est tenu d’être les défenseurs & les modeles !

67. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Vous avés renoncé à la chair dans vôtre Baptême, c’est à dire, que vous avés promis de ne point vivre selon les sens : vous vous êtes engagés à regarder comme des crimes la molesse, l’indolence, la sensualité, & pour m’exprimer avec le grand Apôtre, à crucifier vôtre chair, à la châtier, à reduire vôtre corps en servitude ; ce n’est pas ici un état de perfection fondé sur la severité de la morale, c’est un vœu solemnel fondé sur le plus saint de tous les actes de Religion. […] diriés-vous, l’état que j’ai embrassé dans le Baptême, exige de moi une vigilance si exacte, un courage si infatiguable, des exercices si saints, une retenuë si grande, une haine du monde si absoluë, un amour de Dieu si universel : une legere partie de ce tems qui m’a été donné pour travailler à mon salut, ou passé inutilement, ou emploié à des choses profanes, est capable de me rendre un serviteur criminel, ou du moins inutile. […] Voilà qui fait trembler, mes Freres ; & ce sont ici de ces verités d’autant plus terribles, qu’elles s’adressent à chacun en particulier : il n’est peut-être personne ici qui ne dise en lui-même : oüi, je vis comme ceux qui sont de mon âge, de mon rang, de mon état, de ma profession, & puisque je suis le plus grand nombre, je suis donc perdu : je me danne avec la multitude ; mais quoiqu’on se represente qu’il n’y aura de sauvés qu’un petit nombre de gens qui operent leur salut avec crainte & en tremblant, on ne laisse pas de se calmer & d’esperer contre toute esperance. […] Voilà ce que chacun de nous diroit : si nous ne nous mettons donc en état de detourner de dessus nous ce malheur par nos larmes, nôtre pénitence & nôtre fidelité, sommes-nous sages !

68. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

S’il en faut croire les anciens monumens, ce sont les Lettres qui ont rassemblé les hommes dispersés, qui les ont fait passer de l’état de brutes, à une vie sage & réglée. […] Ils trouvoient le secret d’inspirer au Peuple les sentimens les plus convenables à l’état où il se trouvoit, & les résolutions les plus glorieuses dans les temps de calamités. […] L’Etat aura toujours une pepiniere abondante de Sujets laborieux & appliqués, en état de se distinguer dans les Places qu’on jugera à propos de leur confier, soit dans la Magistrature, soit dans l’Administration. […] Depuis que l’on connut, dans la Grece & à Rome, des Ecoles pareilles à celles que nous proposons, on observa que tous les grands Capitaines y avoient pris des leçons, & que plusieurs même, au sorti de ces Ecoles, se trouverent en état de conduire des armées, sans aucun apprentissage ultérieur. […] Enfin, pourquoi désespérerions-nous de voir revivre ces hommes rares qui s’étoient rendus si profonds dans la Science des Mœurs & du Gouvernement, à qui les Cités faisoient quelquefois des députations solemnelles pour les prier de leur donner des Loix, que les Particuliers alloient consulter sur l’état de leur ame, comme on consulte aujourd’hui les Médecins sur les maladies du corps ?

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