Elle fait les plus grands éloges du Prince de Condé, & des services qu’il a rendus à l’Etat, de ceux qu’elle a rendu elle-même, entretenant les peuples dans la soumission, tandis qu’elle avoit mis tout en œuvre pour les soulever ; elle déplore les malheurs de sa maison & les siens (dont elle étoit la cause), & prétend avoir été forcée de recourir à la protection des ennemis de l’Etat, pour se défendre des entreprises formées contre elle ; elle assure que son innocence, sa conscience, son devoir l’obligent à sa légitime défense (ces grands mots s’appliquent ce qu’on veut) ; que les personnes les plus distinguées de l’Eglise, de la Cour, de la Robe, de l’Epée, toutes les grandes villes du Royaume, l’ont sollicitée d’être la protectrice de l’Etat ; que le Roi d’Espagne (tant elle étoit une personne importante) l’avoit invitée de le seconder, pour rétablir l’ordre & la paix en France ; sans quoi on auroit une guerre civile qui le désoleroit ; qu’elle étoit seule en état de rémédier à tant de maux, que la Reine étoit aveuglée par son Ministre ; que le Duc d’Orléans, trop facile, négligeoit tout par foiblesse ; qu’en conséquence elle avoit fait un traité avec le Roi d’Espagne, pour joindre leurs forces & agir de concert ; que la paix se feroit surement quand tout seroit réparé ; que jusqu’alors il ne falloit pas s’y attendre. […] Après quelques mots, on parla politique : l’état des affaires ne pouvoit gueres l’amuser. […] Elle se fit instruire de l’état où se trouvoit la province que les troupes avoient ravagée, les guerres entreprises à son occasion, &, pour ainsi dire, par ses ordres : elle répara toutes les dévastations.
Que de mettre la perturbation dans une âme, pour tâcher après de la calmer par les réflexions qu’on lui fait faire sur le honteux état où elle s’est trouvée ?
Elle ne se fait point par un récit, mais par [une Représentation vive, qui excitant] la Pitié & la Terreur, purge [& tempere] ces sortes de Passions [c’est-à dire qu’en émoussant ces Passions, elle leur ôte ce qu’elles ont d’excessif & de vicieux, & les ramene à un état moderé & conforme à la Raison]. […] Pour éclaircir ces mots, le Traducteur a ajouté ceux-ci que j’ai déja rapportés, c’est-à-dire qu’en émoussant les Passions, elle leur ôte ce qu’elles ont d’excessif & de vicieux, & les ramene à un état modéré & conforme à la Raison. […] Il y soutient que pour rendre l’homme heureux, il est nécessaire de remuer ses Passions ; que la Raison seule ne sert qu’à nous affliger par ses réflexions & ses remontrances, & que la tranquillité de l’Ame, qui est l’ouvrage de la Raison, est un état de langueur qui conduit à la tristesse.
Il est vrai ; et c’est à ce mot que je borne ma réponse, que tout le monde peut aller à ces sortes de réunions, même ceux qui, par état, sont obligés à de grands ménagemens.
la misere, le libertinage, l’incapacité pour tout autre état, font seuls entrer dans une troupe qui n’est qu’un ramassis d’avanturiers de cette espece, à qui le libertinage public donne du pain.
Au sortir du théatre on est arrêté par les yeux de toutes les femmes, joug plus pesant que toutes les chaînes de fer ; au sortir de la prison on ne trouve plus rien de difficile & de rude ; quand on compare son état présent avec celui dont on vient d’être délivré, tout est aisé, tout est doux ; le prix de la liberté est au-dessus de tout.
Je crois pourtant que cette dernière Pièce n’est point venue jusqu’à nous dans le même état que Térence l’a écrite ; il est clair que l’ordre de ses Scènes a été dérangé, on s’en apperçoit particulièrement au quatrième Acte ; car la Scène six où Démée revient des courses que lui a fait faire le fourbe Syre, paraît devoir être plutôt la prémière Scène du cinquième Acte.
Aussi, malgré tout l’art d’un si grand maître, cette Pièce me paraît toujours non seulement hors d’état d’être représentée telle qu’elle est sur le Théâtre de la réforme ; mais de plus, je ne crois pas possible de la corriger, quand même je connaîtrais quelqu’un d’assez hardi pour réformer M.
Il s’en suit très-évidemment qu’il n’est pas raisonnable d’interdire au Théâtre la représentation d’un seul état de la société, s’il en est un seul dont la représentation soit permise. […] Mais si, quand il faut de puissans remèdes, on nous donne des palliatifs ; si l’on veut ménager encore les prétentions arbitraires, & cet empire de l’habitude, cette autorité des anciens usages ; si l’on se contente de remplacer un Gouvernement absurde par un Gouvernement supportable ; si l’on ne fait que perfectionner le mal, pour me servir de l’expression du vertueux Turgot ; si, quand il faut établir une grande constitution politique, on s’occupe de quelques détails seulement ; si l’on oublie un instant que les loix doivent également protéger tous les Ordres de Citoyens, que toute acception de personne ou d’état, est une chose monstrueuse en législation, que tout ce qui ne gêne point l’ordre public doit être permis aux Citoyens, & que par une conséquence nécessaire, il doit être permis de publier ses pensées, en tout ce qui ne gêne point l’ordre public, de quelque manière, sous quelque forme que ce soit, par la voie de l’Impression, sur le Théâtre, dans la Chaire & dans les Tribunaux ; si l’on néglige cette portion importante de la liberté individuelle ; la France ne pourra point se vanter d’avoir une bonne constitution : les ames fières & généreuses, que le sort a fait naître en nos climats, envieront encore la liberté Angloise que nous devions surpasser : nous perdrons, peut-être pour des siècles, l’occasion si belle qui se présente à nous, de fonder une puissance publique ; & les Philosophes François, écrasés, comme autrefois, sous la foule des tyrans, seront contraints de sacrifier aux préjugés, ou de quitter le pays qui les a vu naître pour aller chercher une Patrie ; car il n’y a point de Patrie sans liberté.
Hist. du Portugal; Le Pape Innocent XI, conduit par son zele & par sa piété, fit un réglement très-sage pour les théâtres de l’état ecclésiastique, qu’on y tolere comme les courtisanes : il défendit aux femmes de monter sur le théâtre : c’étoit l’usage des Grecs, qui n’eurent jamais des actrices. […] L’état d’Adam & d’Eve, avant & après leur péché, le massacre des Innocens, le martire de St.
A Paris une riche héritiere, parfaitement belle, & d’une illustre naissance, avoit été elevée dans un couvent, & se destinoit à l’état religieux. […] Il n’y a point d’actrice qui n’aimât cent fois mieux être vue toute nue que dans un état peu favorable à ses charmes.
Ce Drame fut attribué à l’un des Académiciens, dont on croyoit reconnoître le style, l’esprit & l’humeur, & qu’on savoit ne faire guere d’état de l’Académie. […] Mais ce n’est plus l’état de la question ; qu’on lise les paroles, que la mémoire les rappelle, ou qu’on les entende prononcer, ce n’est plus voir en sourd, qui ne sait rien des paroles, & dévine le langage sur les mouvemens, ce qui fait l’éloge de la justesse de la déclamation & de la sagacité du spectateur.
Je reviens à Sancho, il s’était fait un dos voûté pour contrefaire Alonzo : les deux Colonels sous la même figure se mettent en état de se battre. […] pourquoi les mœurs des pays et les attentions dues à chacun selon son état, y sont-elles négligées ?
« Le Sexe faible, hors d’état de prendre notre manière de vivre, trop pénible pour lui, nous force de prendre la sienne trop molle pour nous, et ne voulant plus souffrir de séparation, faute de pouvoir se rendre hommes, les femmes nous rendent femmes. »em Voilà donc ces hommes qu’il faut craindre d’avilir : ils n’ont pas la force d’être hommes, et vous voulez qu’on les ménage ; vous trouvez mauvais qu’on leur fasse parler raison par des femmes parce que selon vous les femmes n’ont pas de raison ; mais suivant l’idée que vous nous donnez des hommes, ils ne sont pas plus raisonnables que les femmes ; et pour s’assujettir à la vraisemblance rigoureuse que vous exigez, on ne se permettra plus de mettre en scène que des fous pour ne pas donner mal à propos de la raison aux hommes, puisqu’ils n’ont pas la force de résister au sexe le plus faible, et de s’empêcher de devenir femmes. […] Qu’un Monarque gouverne des hommes ou des femmes, cela lui doit être assez indifférent pourvu qu’il soit obéi ; mais dans une République, il faut des hommes. »eo Voilà par exemple un axiome politique tout nouveau : en le lisant j’ai cru d’abord que vous vouliez dire qu’il était indifférent à un Roi de commander à des hommes ou à des femmesep ; que le zèle pour le service et l’obéissance étaient les seules qualités nécessaires à des peuples destinés à vivre sous un Monarque bien capable de gouverner, auquel cas les petitesses et les ridicules des sujets n’empêchaient pas l’Etat de bien aller, étant bien conduit par son Chef ; au lieu que dans une République chaque Citoyen ayant part au Gouvernement, il doit non seulement savoir obéir aux lois, mais même il doit être en état d’en créer et d’en proposer de nouvelles, pour la réforme des abus qu’il aperçoit.
Chacun selon les loix d’Angleterre doit être jugé par ses pairs, les Princes par les Princes, les Comédiens par les Comédiens, plus en état que personne d’aprécier leurs talents & leur jeu. […] Un Peintre, mécontent d’elle, la peignit, pour se venger, dans l’état le plus indecent, mais la peignit fort belle. […] Ce Prince, sur le ton de la politesse Françoise, répondit qu’il avoit trop de soin de la santé de la Reine, pour vouloir qu’elle s’exposàt à la mer, qu’il avoit de son côté le plus vif désir de la voir, mais qu’il n’étoit venu qu’en bottes, & n’étoit pas dans un état décent pour paroître devant elle .
Les partisans les plus déclarés de la Comédie, j’entends ceux qui ont des mœurs & de la vertu, ne disconviendront pas que, dans l’état où sont les choses, le Théatre ne soit encore infiniment dangereux par bien des endroits, & qu’il n’eût besoin d’une réforme sévère. […] Tout-à-bas, je répons qu’on ne sauroit apporter un trop grand fonds de sagesse & de vertu dans un état qui sera toujours, quelque épuré qu’on le suppose, ennemi de la retenue & de la gravité, environné d’occasions périlleuses, & le centre de la dissipation. […] Quand on versifie un Dialogue tragique, il ne suffit pas d’aimer, pour être en état de donner aux pensées & aux expressions la tournure & la vérité du sentiment.