.° C’est une indécence scandaleuse qu’une femme mariée fasse les plus impudentes & les plus séduisantes avances pour faire tomber dans le péché un homme dont elle connoît la foiblesse, sous prétexte de le démasquer. […] Cet homme est imbécille jusqu’à s’enthousiasmer d’un gueux, d’un inconnu, parce qu’il le voit à l’Église baiser la terre à tous momens, ce qui devoit le faire passer pour fou. […] Votre homme n’est pas de ce modelle : être d’un modelle ! […] Un homme si rusé a-t-il dû dès la premiere fois, sans aucune précaution, découvrir tout son cœur à une femme sur laquelle il ne peut pas compter ? […] La femme a beau dire, on est dupe de ce qu’on aime ; ce n’est ni si promptement, ni dans un si grand intérêt, ni après avoir été pris, ni dans un homme si arrificieux.
Le mot Académiste signifie un homme qui va à l’Académie pour apprendre à monter à cheval, ou à faire des armes. […] Cet étalage indécent leur est funeste à elles-mêmes aussi bien qu’aux hommes. […] Autant de pas que l’homme fait au bal, autant de sauts fait-il pour aller en enfer. […] Il élut la femme pour décevoir le premier homme. […] Deux hommes y ont été écrasés.
Les Lupercales, en l’honneur de Pan, où les hommes couroient les rues un fouet à la main, & frappoient les passans. […] C’étoit un homme sage, si un danseur peut l’être. […] Les Dieux, pour ajuster les hommes à leurs desseins par le plaisir, nous attirent doucement comme l’attraction de Newton. […] Auguste connoissoit les hommes & l’art de les gouverner, & le goût des Romains pour les spectacles. […] Que de ressources heureuses n’a-t-on pas dans la frivolité des hommes pour leur faire adorer le joug qu’on leur impose !
Combien de filles se flattent d’y plaire aux hommes, espèrent d’y trouver un époux ! […] Donnez votre fille à un homme sensé : Homini sensato da illam. […] En élevant l’union de l’homme & de la femme à la dignité de sacrement, Dieu en a-t-il voulu, dit S. […] Après avoir vu tout ce qui se passoit dans cette assemblée, il fut saisi d’étonnement, & nous dit : Ces folies sont une invention du diable pour corrompre les mœurs & perdre les hommes. […] & si c’est un père de famille, un homme en place, un homme avancé en âge, quel comble de ridicule !
Justice et vérité, voilà les premiers devoirs de l’homme. […] Pour me répondre, il faut avoir une patrie à servir, et plus d’amour pour ses devoirs que de crainte de déplaire aux hommes. […] Le préjugé barbare contre la profession de Comédien, l’espèce d’avilissement où nous avons mis ces hommes si nécessaires au progrès et au soutien des arts, est certainement une des principales causes qui contribuent au dérèglement que nous leur reprochons ; ils cherchent à se dédommager par les plaisirs, de l’estime que leur état ne peut obtenir. […] Le Traitant qui insulte à l’indigence publique et qui s’en nourrit, le Courtisan qui rampe et qui ne paie point ses dettes : voilà l’espèce d’hommes que nous honorons le plus. […] Depuis que je ne vois plus les hommes, j’ai presque cessé de haïr les méchants.
Cet homme unique avoit dans sa jeunesse aimé les spectacles & tous les plaisirs, il fut même Poëte, médiocre à la vérité, mais bon pour le temps. […] Cet homme si indulgent pour lui-même & qui avoit en effet grand besoin d’indulgence, mécontent sans doute de la fortune, a fait sous le nom de Mémoires, une satyre pleine d’aigreur de la Cour de Louis XIV. […] Mais le goût du théatre aveugle, ces hommes ont un nom dans la littérature, mais ils n’en ont point dans l’empire de la religion & de la vertu. […] Le vice rend les plus grands hommes bien petits ! […] Que ces hommes célèbres qui remplissent l’histoire de leur exploit sont réellement petits !
Ces principes étant ainsi établis, considérons le mélange qui se fait dans le bal des hommes avec les femmes. […] Et Job éclairé de la lumière de Dieu, quoiqu’il fût un homme très parfait, nous assure néanmoins qu’il avait fait un pacte avec ses yeux pour ne point regarder aucune fille, de peur que son imagination et son esprit n’en fût occupé. […] Decet Prætorem non solum manus, sed etiam oculos habere innocentes. » Ce qu’on doit appliquer nécessairement à tous les hommes, puisque tous les hommes sont dans l’obligation de pratiquer la vertu de la chasteté. […] Et il n’y a point d’homme raisonnable qui n’entre dans ce sentiment, s’il considère sans préoccupation et devant Dieu, avec quelle facilité les hommes et les femmes du monde tombent dans des péchés intérieurs, c’est-à-dire, de pensée et d’affection, et combien peu d’attention ils font à eux-mêmes pour n’y tomber pas, ou même pour les remarquer lorsqu’ils y sont tombés.
Il pourrait arriver même qu’un homme dépourvu des qualités éssentielles, fit de très-mauvais Drames-Bouffons, après en avoir appris les règles par cœur. […] Le sublime Corneille, le tendre Racine, Molière le peintre de la Nature ; en un mot tous les grands Hommes qui l’ont rendu fameux, devraient enflammer votre génie, plutôt qu’un Spectacle où l’esprit est souvent contraint de se cacher. […] Que vos Ouvrages semblent être le fruit de la distraction des grands hommes. […] Qu’on me cite un seul Poète de nos jours qui, afin de mieux connaitre les hommes, ait entrepris un voyage un peu considérable. […] Que dirions nous d’un homme qui se mettrait dans la tête de nous faire la description générale d’un pays dont il n’aurait qu’une faible idée ?
ces hommes, ces hommes, pourquoi les aimons-nous ? […] au milieu de ces femmes… environnée de ces hommes… exposée… jugée par ce Public… Eh !
Comme le Peuple le faisoit jouer souvent, & quelquefois lui faisoit repéter les mêmes choses, il s’enroua, & & demanda la permission de faire chanter à sa place un homme qui se tiendroit auprès du Joueur de Flute. […] Quoiqu’il fût devenu fort vieux, & que la perte d’un vieux Comédien ne soit pas fort à regretter, Ciceron regarde sa mort comme un malheur public, & parle de lui comme d’un homme qui ne devoit jamais mourir. […] Pompée revenant de la Grece apporta le plan de celui qu’il avoit vu à Mitylene, & en fit construire un à Rome dans la même forme, mais beaucoup plus vaste ; il pouvoit contenir quarante mille hommes. […] Il étoit orné de trois mille Statues, & pouvoit contenir quatre vingts mille hommes. […] Quelle plus sublime réponse que celle de Marius, homme sans lettres, Tu as vu Marius assis sur les ruines de Carthage !
L’orgueil s’est emparé de tout l’homme, dit S. […] Dans les armoiries mi parties par les alliances on voyoit la femme d’un côté, & homme de l’autre. […] Tout y decele le mystere d’un cœur gâté qui se moque des bienséances & du jugement des hommes ; la plaie saigne toujours. […] L’homme vertueux, comme un voyageur courageux, franchit tous les obstacles pour arriver au terme heureux de l’éternité. L’homme foible s’arrête & bronche à chaque pas, & quelquefois se décourage, & abandonne tout.
Supposons que tous les personnages soient des hommes réels, je ne crois pas qu’il y ait au monde de compagnie plus détestable que celle-là le seroit. Pas un seul homme de bien : si quelqu’un osoit l’être, il seroit aussi-tôt baffoué & persécuté de tous les autres. […] Ne craignez rien, dit-il, votre vertueuse fille est dûe à un homme qui craint Dieu : Timenti Deum debetur filia tua. […] Prenez toûjours conseil d’un homme sage, demandez la lumiere de Dieu pour être dirigés dans toutes vos voies par sa volonté (quelle lâche timidité !). L’orgueil fut la source du malheur de l’homme, que ce vice ne gâte jamais votre esprit, qu’il n’en paroisse aucun vestige dans vos paroles (quelle bassesse !).
« Nous ne trouvons pas étrange, dites-vous,q que vous damniez les Poètes, ce qui nous surprend, c’est que vous voulez empêcher les hommes de les honorer. » C’est-à-dire que ce misérable honneur que vous cherchez parmi les hommes, vous est plus précieux que votre salut, vous ne trouvez pas étrange qu’on vous damne, et vous ne pouvez souffrir qu’on ne vous estime pas. […] » Ils se sont avisés Monsieur d’instruire la jeunesse dans la langue latine qui est nécessaire pour les plus justes emplois des hommes, et de donner aux enfants une traduction pure et chaste d’un Auteur qui excelle dans la pureté de cette langue. […] Il est quelque fois Turc, quelquefois Maure, tantôt homme, tantôt femme ; et il ne quitte une passion que pour en prendre une autre. […] XII, 36 : « Or je vous déclare que les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole inutile [Vulgate : omne verbum otiosum] qu’ils auront dite » (trad. […] Ce qui nous surprend, c’est de voir que vous voulez empêcher les hommes de les honorer.
dans celle du maître, homme d’esprit, homme de condition, qui ne traite qu’avec mépris toutes les réflexions pieuses qu’on lui fait faire ? […] C’est la comparaison des hommes avec les Dieux. […] des hommes se mesurer, disputer avec leurs Dieux, les traiter cavalièrement, les combattre ! […] Dieu est trop grand pour être le jouet de l’homme. […] Ce Docteur était un très savant homme, qui a fait de fort bons ouvrages.
un Chrétien peut-il applaudir à un homme qui nous fascine, qui nous tue, qui nous damne ? Ce sera un homme divin, ce sera le grand Corneille, l'adorable Clairon, l'inimitable Baron. […] quel homme sage se jette dans un précipice, espérant de s'arrêter quand il voudra dans une pente aussi rapide ! […] L'imagination de l'homme le plus passionné n'atteint pas à ce degré de force ; combien y est elle aidée, étendue, enrichie ! […] qui certes n'a rien de réjouissant, à moins qu'on n'aimât à faire des hommes autant de marionnettes, et des lazzis des mouvements d'un joli petit chien.
Le serait-on, en fournissant à un homme dans le délire, des armes meurtrières, ou à une créature impudique, les moyens d’entretenir son infâme commerce ? […] Jésus-Christ paraîtrait sur les Théâtres, en la personne d’un acteur ; d’une actrice effrontée, gens infâmes, même selon les lois des hommes ? […] Un homme qui a bien travaillé, est satisfait, quand il cesse de travailler, et se divertit à tout ce qui le désoccupe. […] « Je crois, disait-il, que c’était précisément à un homme tel que moi, qu’il convenait d’écrire sur cette matière. […] J’adjure tout homme sincère de dire s’il ne sent pas au fond de son âme, qu’il n’y a dans ce trafic de soi-même quelque chose de servile et de bas.
N. est un homme d’un tempéramment triste, dont l’ame est enveloppée de nuages. […] Jéliote fut-il jamais cru un homme si important ? […] Cet homme valoit mieux que ses écrits. […] Il est vrai que Rabelais étoit lui-même homme d’Eglise, Curé de Meudon, comme l’Abbé de Grecour étoit Chanoine de S. […] Eschile étoit homme de condition, & guerrier célebre.
Appellez vous amour honnête celui qui fait oublier à un homme les plus saints devoirs de la nature, de la patrie, de la justice, de l’honneur, de la charité ? […] cela est-il d’un ouvrier évangélique, tels que doivent être tous les fideles, et d’un homme appellé de Dieu pour cultiver sa vigne et pour lui rendre compte de tous les moments jusqu’au dernier : Donec reddas novissimum quadrantem ? […] Jeu plein d’injustice, jeu également odieux et à Dieu et aux hommes, à Dieu qui voit l’ordre de sa providence renversé et ses loix violées, aux hommes qui se trouvent par-là frustrés de ce qui leur est dû et de ce qui leur appartient par de si justes titres. […] Mais si la loi des hommes n’a rien ordonné là-dessus, faut-il une autre loi que la loi de l’Evangile, que la loi de conscience, que la loi de nature ? […] Si votre œil est pour vous un sujet de scandale, dit ce Sauveur des hommes, arrachez-le et ne délibérez point ; Si oculus tuus scandalisat te, erue eum.
Laissons donc parler Ce prémier des hommes, dans l’art de répandre des lumiéres. […] Cet homme profond a enrichi sa nation de plusieurs ouvrages estimables, dont deux critiques du Théatre Anglois sont du nombre. […] Qu’a donc pensé des piéces de notre Théatre, cet homme, dont le mérite a surpassé celui de l’honneur de la France ? […] Cet homme aussi connu par ses blasphêmes, que par ses écrits ? […] Illicites & criminels, parce que les hommes les plus célébres de la nation, les génies les plus rares &c.
Après avoir purgé la doctrine de Saint Thomas des excès dot on la chargeait, à la fin il faut avouer avec le respect qui est dû à un si grand homme, qu’il semble s’être un peu éloigné, je ne dirai pas des sentiments dans le fond, mais plutôt des expressions des anciens pères sur le sujet des divertissements. […] Je dirai donc avant toutes choses, que je ne sais aucun des anciens, qui bien éloigné de ranger les plaisanteries sous quelque acte de vertu, ne les ait regardées comme vicieuses, quoique non toujours criminelles, ni capables de damner les hommes. […] , qui a bien su décider, que le terme d'eutrapelos signifie un homme qui se tourne aisément de tous côtésHom. 17. ad Eph. […] donne à ce mot : mais ce philosophe le prend en bonne part, au lieu que Saint Chrysostome regarde la mobilité de cet homme qui se revêtit de toutes sortes de formes pour divertir le monde, ou le faire rire, comme un caractère de légèreté qui n’est pas digne d’un chrétienChrysost.
Que si vous voulez savoir comment ils sont coupables d'adultère, je ne le vous déclarerai point par mes discours, mais par les propres paroles de celui qui doit juger de toutes les actions des hommes : Celui, dit-il, qui verra une femme pour la désirer, a déjà commis l'adultère dans son cœur. […] Ne craignez-vous point, ô homme ? […] Que sert à l'homme de jouir d'un plaisir passager, s'il est suivi d'une douceur éternelle, et s'il est tourmenté nuit et jour par la concupiscence ? […] Il semble, dirent-ils, que les Romains n'aient ni femme, ni enfants, et qu'ainsi ils aient été contraints de s'aller divertir hors de chez eux; voulant montrer par là qu'il n'y a point de plaisir plus doux à un homme sage et réglé, que celui qu'il reçoit de la société d'une honnête femme, et de celle de ses enfants. […] Tous les désordres que causent parmi le Peuple ces hommes corrompus, et ces femmes prostituées; et toute cette troupe diabolique qui monte sur le Théâtre, tous ces désordres, dis-je, retombent sur vous.
« Vous savez, dit-elle, Seigneur, que je n’ai jamais eu d’inclination pour aucun homme, et que j'ai conservé mon âme pure de toute sorte de convoitises. […] Jean Gerson dans un de ses Sermons contre la luxure, dit, « Qu’il est très malaisé, à cause de la fragilité des hommes, qu’on danse sans commettre beaucoup de péchés, et que tous les péchés se trouvent et paraissent à leur tour dans le bal. » Gerson in part. 4. serm Dominica tertiæ Advent. […] Pierre de la Palud blâme absolument cette même action de la danse, comme mauvaise ; « Parce que, dit-il, saint Barnabé a donné sa malédiction aux hommes qui jouent, In 4. […] En effet ces assemblées d’hommes et de femmes, principalement lorsqu’elles ne sont faites que pour se donner du plaisir, ne peuvent être que très dangereuses. […] Mais pourquoi nous mettons-nous en peine de savoir quel a été le jugement des personnes éclairées par la grâce, et animées de l’esprit de Jésus-Christ, puisque plusieurs hommes sages selon le monde, ont blâmé la danse par la lumière seule de la prudence civile et de la raison ?
C’était l’ennemi du salut des hommes, qui, élevé presque sur tous les Autels, fier de l’empire qu’il avait sur tous les cœurs, se faisait consacrer par ces dissolutions les premiers jours de chaque année ; à quel autre principe peut-on attribuer l’institution et la coutume des scandaleux divertissements du carnaval ? Quel homme de bon sens oserait les autoriser, ces joies licencieuses, par la proximité des jours de pénitence qui les suivent. […] A quelles railleries n’y serait pas exposé un homme de bien ? […] La raillerie de ce qu’on est homme de bien, fait autant d’honneur à celui qui en est l’objet, qu’elle décrie chez tous les honnêtes gens le libertin qui raille. […] Quel homme raisonnable peut conserver l’esprit chrétien et ne pas condamner les divertissements profanes du carnaval, et ne pas regarder comme criminelles toutes ces joies licencieuses.
dans tous les Ecrivains des derniers siècles, et même dans la Préface de Donat sur Térence, que Livius Andronicus fut l'Auteur de la Comédie et de la Tragédie parmi les Romains, ce que les Anciens n'ont jamais écrit, et si l'on n'avait point été prévenu de cette erreur, je ne crois pas qu'aucun homme de bon sens l'eût jamais mis en avant. […] Ensuite les jeunes gens y introduisirent des railleries en Vers assez mal faits, et accompagnés d'une Danse composée de mouvements assez malhonnêtes, et enfin y employant des Acteurs du Pays, au lieu que l'on avait accoutumé jusque là de les emprunter de l'Etrurie, ils formèrent les Satires avec plus de règle, tant pour la Poésie que pour la Danse, et qui n'étaient que Mimes imparfaits ou bouffonneries, mais avec peu d'art en la composition des Vers », dont ils n'avaient rien appris des Grecs, parmi lesquels Sophron s'était rendu célèbre dès cents ans auparavant, par les Mimes qu'il avait composés pour hommes et pour femmes ; et cette Poésie s'acheva si lentement que durant plus de six-vingts ans, depuis cette institution des Jeux Scéniques, on ne parle d'aucun Poète Romain. […] Et Juvénal condamnant la passion que les Romains avaient pour les Histrions Grecs, explique fort clairement que les hommes seuls jouaient les personnages des femmes, en disant qu'on était ravi de voir un Comédien représenter la Courtisane Thaïs, une honnête femme ou une Nymphe, et en jouer si bien le personnage qu'on l'eût pris pour une femme, et non pas pour un homme déguisé. […] Luceïa donc était une Mime ; c'est dire une Joueuse de ces petites pièces de Poésie, contenant quelques Fables ou quelques Moralités que l'on nommait aussi Mimes, et qui se dansaient avec la voix et les Instruments assez souvent par des hommes et par des femmes toutes « Luceïa Mima centum annis in scena pronuntiavit, Galéria Copiola Embolaria reducta est in scenam centesimum quartum annum agens pro miraculo. » Plin. l. 7. c. 48. […] « Mimorum, hoc est Histrionum mores hominium gestu corporis imitantium. » il entend par le mot de Mimes, les Histrions, qui par leurs postures imitaient toutes les mœurs des hommes.
» Je sais bien que quelques-uns entendent cette répréhension, de la criminelle conduite des Juges, lesquels pour asseoir leurs Jugements, n’envisagent ni la Loi, ni le mérite de la cause ni leur propre conscience, mais seulement la qualité des personnes : si c’est un homme puissant dont ils puissent attendre du service, un ami qu’ils veulent obliger, un parent pour le favoriser, ou quelque autre dont on espère de la gratification : mais je n’ignore pas aussi, que ces paroles, « jusqu’à quand aurez-vous égard à la personne des pécheurs », ne doivent être expliquées que de l’injustice que commettent ces Messieurs, donnant leur consentement et leur approbation à des pécheurs publics, tels que sont pour l’ordinaire ceux qui tiennent le Théâtre, et qui ne trouvent leur accommodement, que dans la perte des autres. […] Je remarque encore deux choses bien considérables, que le Prophète adresse aux Juges : la première est quand il les appelle « des Dieux et les fils du Souverain » : et la seconde, lors qu’il leur dit, « qu’ils mourront comme des hommes » : car par les premières paroles, il leur représente qu’ils sont revêtus de la puissance de Dieu ; que c’est de lui seul qu’ils tiennent leur autorité sur les autres, et qu’ils sont enfants de Dieu non seulement par adoption, comme le reste des hommes, en tant que unis à Dieu par la foi et par la grâce, mais encore par leur établissement dans leurs Charges, par celui qui est le seul et vrai Dieu, au pouvoir duquel ils participent. […] car, de grâce, quelle est la pratique, quelle est la fin, quel est le fruit de ces gens qui paraissent sur les Théâtres, sinon les mêmes que l’Ecriture marque de cet homme de perdition, et dont ils sont les avant-coureurs, à savoir d’arracher les âmes d’entre les mains de Dieu, pour les faire les esclaves de Satan, par la liberté que Messieurs les Juges leur ont donnée ? « Vous mourrez comme des hommes », ajoute le Prophète parlant aux Juges, comme s’il disait, vous ne mourrez pas comme Juges, comme Pasteurs et Supérieurs des autres, mais comme hommes qui n’aurez aucune autorité non plus que le dernier des mortels, et qui serez traités avec toute sorte de mépris, de confusion et de peines, parce que la grandeur du châtiment se prendra de la grandeur des grâces que vous aurez reçues : le haut rang que vous tenez dans le monde ne vous exemptera ni de la mort, ni du jugement, ni des tourments qui sont préparés à ceux qui président, et qui ont abusé de leur autorité, comme font les Juges qui préfèrent la satisfaction d’un Tabarin, d’un Jodelet, et d’un faquin, à la gloire de Dieu, à l’honneur de son Eglise, et au salut des âmes qui sont le prix du Sang de Jésus-Christ : Pensez-y, Messieurs, il y va de vôtre éternité.
Thomas, répond ce grand homme, a décidé que les loix humaines ne sont pas tenues à réprimer tous les maux, mais seulement ceux qui attaquent directement la société Ep. ad Aur. […] Si les hommes ne les apperçoivent pas, c’est aux Prêtres à les instruire, & non pas à les flatter. […] Pendant que les loix du siécle qui ne peuvent pas déraciner tous les maux, permettoient l’usure & le divorce, ces grands hommes disoient hautement, que si le monde permettoit ces crimes, ils n’en étoient pas moins réprouvés par la loi de l’Evangile ; que l’usure qu’on appelloit légitime, parce qu’elle étoit autorisée par les loix Romaines, ne l’étoit pas selon celles de J.
On s’étonne que ces grands hommes ayent trouvé la carriere si laborieuse. […] Le siécle passé étoit fertile en grands hommes, dont les chefs-d’œuvres enlevent notre admiration ; mais nous nous amusons aussi de ce que le notre produit. […] L’homme n’a d’ardeur pour les sciences qu’autant qu’il a des qualités propres à y réussir. […] Ceux-ci ont de l’indulgence pour les Comédiens ; qu’à leur tour ils en ayent pour cette portion d’hommes qui fait leur état. […] « comment, disoit un Seigneur Allemand, homme d’un grand sens, à qui on avoit adressé un Auteur, pour le recommander à une Actrice ; les gens de Lettres ne sont-ils pas assez recommandables par leurs talents ?
Celui donc qui méprise ces choses, méprise non un homme, mais Dieu. […] C’est pourquoi il a jugé à propos de se caractériser. « Je suis, dit-il, un homme étranger, pour ainsi dire, à la piété, sans vocation décidée, en un mot un homme du monde. […] Il y parle en homme de Lettres, Philosophe & Chrétien. […] Ainsi le masque est-il souvent reçu où l’homme seroit refusé. […] Un tel homme ne confond pas le bruit avec la réputation.
On n’a pas moins lieu de rire, en voyant le successeur du sieur Querlon dans les Affiches, quoique Ecclésiastique & homme d’esprit, s’écrier d’un ton lamentable : Quand on songe que c’est l’Auteur du Misantrope, le Traducteur de Lucrece, le Disciple de Cassendi, l’appréciateur de Lafontaine, qui s’expose aux huées du peuple, monté sur un âne, on ne peut s’empêcher tout à la fois de le plaindre & de l’admirer. […] Ou s’il vaut quelque chose, on plaindra, on verra avec pitié, on méprisera un homme qui a des talens, s’avilir & se dégrader : mais un homme sage n’admirera pas un insensé qui fait les folies sur le Théatre. […] Ma foi, non plus que nous, l’homme n’est qu’une bête.
Mais comme ces choses sont si claires et si évidentes qu'elles n'ont pas besoin de preuves; et que le dessein de cet ouvrage a été principalement de montrer que la Comédie moderne, revêtue même de toute son honnêteté prétendue, est un mal, et que les Pères l'ont condamnée par les endroits qui paraissent les plus innocents à ceux qui ne savent pas assez quelle est la sainteté de la morale chrétienne, il faut faire voir dans cet avertissement les sentiments de ces grands hommes sur ce sujet, recueillis en peu de paroles, afin que ceux qui liront les traductions suivantes aient moins de peine à les remarquer lorsqu'ils les trouveront répandus dans leurs Ouvrages. […] condamne toute sorte de concupiscence et de volupté ; que l'esprit de l'homme n'est pas assez insensible pour n'être pas agitéChap. 15. […] Clément d'Alexandrie ne lui est pas plus favorable par les mêmes raisons, et surtout par le danger dans lequel se mettent les hommes et les femmes qui vont dans ces assemblées pour se regarder. […] qui a mieux connu la corruption du cœur de l'homme qu'aucun Père de l'Eglise, déplore dans ses Confessions l'amour qu'il avait avant sa conversion pour les Comédies, et le plaisir qu'il sentait à y être ému de douleur.
Elle avoit emmené avec elle l’astrologue Guillaume Quaric, homme qui de nos jours n’eut été qu’un misérable charlatan, méprisé de la populace, & qui étoit alors un homme très-important. […] Un voluptueux qui sans faire tort à personne, passeroit ses jours dans la molesse, seroit donc un homme vertueux ? […] Un libertin ne fut jamais un grand homme à me yeux. […] Le nom d’un homme qui a fait des grandes choses, imprime plus de respect que toutes les épithetes. […] Cet homme si estimé, si digne de l’être, n’a jamais eu que le nom & la dignité de Censeur.
L’homme est-il donc destiné au frein et à l’esclavage ? […] pour qui tant de profusions d’un luxe qui n’a plus de bornes, si ce n’est en grande partie pour les complices effrénées de tel homme opulent, de tel grand Seigneur, de tel Magistrat même, qu’on nomme et qui peut-être se trouve flatté d’être nommé ? […] Ce n’est pas un Curé qui fait son Prône et son métier, suivant un propos assez commun, qui enseigne toute cette bonne Doctrine ; c’est un homme du monde qui sait apprécier la valeur de chaque chose, et qui se décide d’après des expériences journalières. […] Qu’eussent-ils dit, ces hommes vraiment courageux, en vous voyant excuser un usage dont vous avouez, Monsieur, la barbarie, comme une opinion inhérente au principe fondamental de la Monarchie ? Et que répondront à leur autorité et à leurs exemples ces hommes de sang, selon l’expression de l’Ecriture, je dirais presque ces bêtes féroces, comme les appelle M.
Du reste, vous y avancez une maxime qui n’est pas, ce me semble, soutenable ; c’est à savoir, qu’une chose qui peut produire quelquefois de mauvais effets dans des esprits vicieux, quoique non vicieuse d’elle-même, doit être absolument défendue, quoiqu’elle puisse d’ailleurs servir au délassement et à l’instruction des hommes. […] Croyez-moi, Monsieur, attaquez nos Tragédies et nos Comédies, puisqu’elles sont ordinairement fort vicieuses : mais n’attaquez point la Tragédie et la Comédie en général, puisqu’elles sont d’elles-mêmes indifférentes, comme le Sonnet et les Odes, et qu’elles ont quelquefois rectifié l’homme plus que les meilleures Prédications : et pour vous en donner un exemple admirable, je vous dirai qu’un très grand Prince,Louis XIV. […] Il n’est pas concevable de combien de mauvaises choses la Comédie a guéri les hommes capables d’être guéris ; car j’avoue qu’il y en a que tout rend malades.
Premièrement, entreprendre de détourner les hommes des divertissements mondains qui sont en usage depuis tant de siècles, et qui semblent avoir acquis un juste droit de prescription, c’est me rendre désagréable, ennuyeux, importun et odieux à mes auditeurs ; c’est vouloir sevrer les hommes des douceurs de la vie, douceurs auxquelles ils ont tant d’attachement, que, comme dit Tertullien (de Spectaculis, c. 2.), plusieurs refusaient de se faire chrétiens, plutôt par crainte d’être privés de ces passe-temps, que par crainte du martyre. […] En troisième lieu, non seulement il vous est impossible de les vaincre, mais même vous ne sauriez les convaincre ; car, comme dit le même Tertullien, la sensualité des hommes est fort ingénieuse à trouver des raisons, à forger des arguments pour se maintenir en ses droits, et fort éloquente à plaider une cause qu’elle affectionne avec passion.
Rien ne rend les hommes plus sociables, n’adoucit plus les mœurs, ne perfectionne plus leur raison, que de les rassembler pour leur faire goûter ensemble les plaisirs purs de l’esprit. […] La moyenne région loge les tempêtes : les deux extrêmes des hommes philosophes, et des hommes ruraux, concourent en tranquillité et en bonheur.
Qu’un homme représente une femme, ou une femme représente un homme, c’est la même bisarretie. […] Au reste, que réforma-t-elle dans les hommes ? […] Les hommes qui y trouvoient leur compte ne s’y opposerent pas. […] Les femmes le sont communément plus que les hommes. […] C’étoient le plus bel homme & la plus belle fille d’Angleterre.
& fais que les regards de tout autre homme que celui auquel je dois ètre attachée ne tombent jamais sur moi. […] Il suppose tous les hommes nés sauvage, se civilisant peu à peu : supposition commune chez les philosophe contre la vérité. […] Il est impossible que des hommes qui choisissent par goût un si noble amusement soient sans vertu. […] Mais pourquoi ne met-il pas au-dessus de Moliere un homme qui est le premier en tout ? […] Un homme qui y met tout son bonheur est facile à contenter ; il n’est gueres plus spirituel que la statue.
Personne ne fut la dupe de ce que l’Auteur de sa vie appelle une comédie : « Hac veluti in scena ficte representari, populus non ignorabat. » On jugeait bien qu’un homme qui toute sa vie avait été un modèle de pureté, ne devenait pas tout à coup impudique, et ne le serait pas dans son épiscopat : Nous prenons sur nous votre péché, et nous ne vous élisons pas moins Evêque, s’écria tout le peuple. […] Plût à Dieu, dit-il, que ces réflexions pussent détourner les hommes des jeux du cirque et des représentations du théâtre ! […] 1.), elle a perdu le premier homme, et l’a fait chasser du Paradis terrestre ; elle a perdu la plupart des grands hommes, David en a éprouvé le fatal poison, ainsi que les vieillards qui attaquèrent Suzanne ; un regard le fit entrer dans leur cœur par les yeux, ils en devinrent adultères, calomniateurs, meurtriers. […] Cette fille ayant dansé devant Hérode, avec les grâces et l’indécence d’une Actrice (et sans doute beaucoup moins, c’était une jeune Princesse plus noblement élevée qu’une vile danseuse), elle séduisit ce Prince, jusqu’à lui arracher ce serment, si ordinaire aux amants, de tout sacrifier pour l’amour d’elle, et enfin à sa prière d’immoler le plus saint des hommes. […] Qu’il périsse ce corps qui a pu plaire aux hommes : c’est déjà faire injure à mon époux de penser que je puisse plaire à quelque autre.
Pour le service de Dieu elles ont été appliquées au service du diable, qui a gagné ce point contre Dieu sur les hommes qu’il a converti les fêtes de Dieu aux siennes. […] Mais au lieu desdites bonnes œuvres, les hommes prennent plutôt les mauvaises appartenances aux fausses religions. […] Plusieurs mauvaises et vagantes religions ont été introduites, auxquelles la plupart des hommes par occasion des fêtes s’est adonnée y ordonnant des tavernes, convish et banquets, flûtes, chalumeaux, guiternes et autres diverses espèces de musique, se livrant eux-mêmes à toute ivrongnerie et luxure. […] De là leur furent données, les couronnes, et les sacrifices leur furent faits, et après y avoir bien bu, les hommes ivres s’y démenaient comme gens troublés de leurs sens, et qui étant alors possédés des diables, commencèrent les danses furieuses de Bacchus. […] » De même Zacharie dit : « Encore les hommes vieux et les femmes anciennes seront ès places de Jérusalem et leur verra-t-on porter le bâton pour leur vieillesse.
Cet homme que de si bas, elle a élevé si haut, est devenu une barriere, qui l’empêche d’approcher de son Fils. […] Quiconque parmi nous manque à cette exactitude, fait voir que la Rime le gêne, & tout homme que la Rime gêne, n’est pas Poëte. […] Cet homme qui se faisoit gloire sans doute, comme Renaud dans le Tasse, d’être un Soldat de J.C. […] On le voit par son Athalie, l’Ouvrage le plus approchant de la perfection, qui soit jamais sorti de la main des hommes. […] Voltaire appelle Athalie, l’Ouvrage le plus approchant de la perfection qui soit jamais sorti de la main des Hommes.
Mais personne ne s'est mieux expliqué sur ce sujet que Cicéron dans son Oraison pour le Comédien Roscius ; il plaidait contre Fannius« Ipsum caput et supercilia penitus abrasa. », qui sans doute était un Mime ou Joueur de bouffonneries ; car lors que Cicéron le dépeint, pour montrer que de sa seule personne on pouvait comprendre la différence qu'il y avait entre lui et Roscius, il dit qu'il avait la tête et les sourcils rasés , et qu'il n'avait pas un seul cheveu d'homme de bien, ce qui était propre aux Mimes ; au lieu qu'il fait de Roscius un fort honnête homme au sentiment de tout le monde, par la confession même de Saturius son Avocat. […] point un Planipède, ni d'un Comédien un Histrion, car cela fait voir la différence de ces Acteurs, et que les Comédiens étaient autant élevés au-dessus des Histrions, que les Mimes et les Pantomimes au-dessus des Planipèdes ou Piedsplats, qui étaient les derniers et les plus méprisables Joueurs de Fableaux, où même ce mot de méchant dans Cicéron ne veut pas dire un mauvais Acteur, mais un homme vicieux, selon ce qu'Aristote dit queArist. probl. 30. c. 10. […] Mais pour remonter plus haut, Aristote nous en instruit par un beau discours en ses Problèmes, où il écrit que les tons ou modes qu'il nomme Soudoriens et Souphrigiens, qui étaient deux manières de chanter, n'étaient point usités dans les chœurs des Tragédies, parce qu'ils n'étaient pas assez doux et modérés, et qu'ils étaient magnifiques, impétueux et violents, mais au contraire, ils étaient propres et familiers aux Scéniques, parce que la scène imite les paroles et les actions des Héros ou Demi-Dieux, c'est-à-dire des Chefs des Armées, dont les anciens faisaient seulement leurs Héros ; ceux des autres conditions n'étant estimés que de simples hommes. C'est pourquoi le chœur, qui ne représentait ordinairement que des hommes du commun, ne se servaient que de tons modestes, tristes et paisibles, comme plus convenables à la nature humaine. […] Or c'est un fait indubitable que ceux que l'on nommait Technites parmi les Grecs ou artisans de la Scène parmi les Romains, c'est-à-dire, les Histrions, Mimes, Farceurs, et autres Bouffons, ne jouaient point sur l'avant-scène en Grèce ; mais seulement sur l'Orchestre, dont nous avons le témoignage de Vitruve dans la description qu'il fait de tout le Théâtre fort exactement en homme intelligent et qui n'ignorait pas la construction des Théâtres, qui de son temps étaient en leur plus grande splendeur, soit pour la beauté des Edifices, soit pour l'excellence des Drames que l'on y représentait.
« Il viendra un temps où les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine. » rend="i">II Ep. de S. […] Des hommes fatigués de querelles domestiques, qui ne se trouvent nulle part si mal que chez eux, où ils essuient les travers et les caprices d’une maison mal composée. […] Des hommes qu’il est impossible de définir. […] Ne sont-ils pas trop intéressés à se prêter au goût des spectateurs pour qu’ils ne travaillent pas de la manière la plus propre à se concilier leurs suffrages, pour qu’ils n’emploient pas toute leur imagination à séduire l’imagination des autres hommes, au lieu de s’attacher à éclairer leur raison, pour que leur goût le plus ordinaire ne soit pas le goût du vice bien plus que celui de la vertuai ? […] Tout ce qui pouvait avilir l’âme en était banni ; on n’y employait l’amour que pour exciter la terreur et la pitié, on n’exposait sur le théâtre les malheurs et les crimes de l’humanité que pour rendre les hommes plus sages et plus vertueux.
Ce n’est pas seulement dans le sens moral que tout ce monde n’est qu’une comédie, où chacun joue son rôle, se contrefait et se masque, et cherche à en imposer par des apparences de vertu, de probité, de valeur, de zèle, de grandeur, et qu’à la mort tous les hommes, comme les acteurs derrière le théâtre, deviennent égaux, et sont confondus dans la poussière ; cette comédie fut toujours jouée, elle l’est partout. […] Il y a cinquante ans que le seul soupçon d’une fortune si éclatante eût été pris pour une injure ; on rendait encore justice au métier de Comédien, on le méprisait ; aujourd’hui c’est un état brillant dans le monde : un Acteur est un homme de conséquence, ses talents sont précieux, ses fonctions glorieuses, son ton imposant, son air avantageux ; on est trop heureux de l’avoir, on se l’arrache. […] Nous verrons qu’il y a bien à rabattre des pompeux éloges dont ils se bercent ; que ces hommes, montés sur des échasses, ne sont communément que des hommes très médiocres, aussi bien que leurs ouvrages, et souvent par leurs mœurs et leurs sentiments, aussi méprisables que leur métier. […] Nous nous proposons de parler des professions et des états différents des hommes, et d’examiner sur chacun si le théâtre lui convient.
Le Misanthrope dont nous venons de parler, n’est pas une Pièce où cette passion paraisse avec les défauts contre lesquels je me suis si fort révolté ; les Amants de la Coquette aiment plutôt en petits Maîtres et en étourdis, qu’en hommes véritablement amoureux : Célimène fait son métier, et le Misanthrope, quoique passionné, traite l’amour suivant son caractère qui influe beaucoup sur sa passion, ce que le grand Molière n’a pas négligé en travaillant : je cherchais donc dans une Comédie un de ces excès de la passion d’amour qui portent les Amants à tout tenter pour se satisfaire : qui les rendent aveugles : en un mot un de ces excès qui font regarder les Amants comme des insensés, et qui leur attirent tout à la fois l’indignation et la compassion des Spectateurs, et je l’ai trouvé à la fin. […] Il n’en est pas de même d’Angélique : comme sa faiblesse a été extrême, sa punition peut aussi durer toujours : elle est maîtresse à la vérité de s’éloigner des parents, des amis et des domestiques, qui lui ayant donné de bon conseils, pourraient lui en rappeller le souvenir ; mais elle est mariée à un homme très sage, qui l’a toujours conseillée comme un père : pour qui elle a une estime infinie, et avec qui elle doit passer le reste de ses jours. […] LES FEMMES Savantes, Quand pour la première fois j’ai résolu d’étudier les Ouvrages de Molière, je me proposais uniquement de découvrir et de suivre pas à pas le génie de ce grand homme dans la production de ses Fables de Théâtre ; bientôt je fûs convaincu qu’il avait porté si loin la perfection de son Art, que non content de m’en faire un modèle pour mon usage particulier, je crus devoir communiquer au Public mes réfléxions pour autoriser, par l’exemple d’un si grand maître, ce que j’ai écrit en matière de Théâtre. […] Enfin le caractère de Chrisale d’un bout à l’autre, peut servir d’école à tous les Auteurs de Comédie de Caractère ; cet homme ne se dément jamais, et dans le cours de la Pièce toutes les fois qu’on l’excite à parler avec vigueur, et qu’on parvient à l’échauffer contre sa femme, dans le temps même qu’il prend son parti et qu’il est dans la plus grande colère, on voit toujours ce qui en arrivera lorsque sa femme paraîtra devant lui. […] Les mœurs des hommes en général sont l’objet naturel de la Comédie qui les critique pour les corriger ; mais il y a pourtant une espèce de mœurs, que la Comédie ne saurait peindre sans se dégrader, et qui n’appartient qu’à la farce ; si l’on savait traiter comme il faut la bonne critique, et distinguer ce qui convient à la farce, on ferait des ouvrages fort utiles à la République.
chrétien, c’est-à-dire un homme qui doit se tenir toujours prêt à mourir, etc. « Christianum expeditum mortis genus, etc. […] On ajoute qu’il pouvait contenir cent cinquante mille hommes. […] La description du cirque est trop claire et trop détaillée, pour ne pas l’attribuer à un homme qui écrit ce qu’il voit, ou du moins ce qu’il a vu. […] hommes qu’on engraisse pour la boucherie. […] non seulement il était permis à certaines femmes de sacrifier leur honneur ; il se trouvait encore des hommes assez impudents pour faire le métier infâme d’exposer en vente, si j’ose parler ainsi, la pudeur de ces malheureuses.
Mais comme vous ne m’interrogez pas seulement pour devenir plus savant, mais pour marcher plus sûrement dans la voie du Ciel, qui oblige les hommes de se faire Enfants, et les Maîtres de se réduire dans le rang de Disciples « Non nisi reversos in naturam puerorum introire in Regnum Caelorum Domino docet » S. […] Il dispose si absolument de ces esclaves, qu’il y a peu d’hommes et de femmes dans leur troupe qui ne fissent les mêmes impiétés si elles attiraient plus de monde à leurs infâmes spectacles, et s’ils en tiraient plus de profit. […] Les exemples des Saintes Écritures nous apprennent qu’il faut peu de chose pour faite tomber l’homme dans le vice, il n’a besoin que de sa propre pesanteur, pour s’y précipiter soi-même. […] Bienheureux est l’homme qui ne s’est point trouvé dans l’assemblée des impies, qui ne s’est point atteste dans le chemin des pécheurs, et qui m’a point pris séancem dans la chaire de pestilencen : Soutenant que ces paroles dans leur véritable sens, condamnent ces actions et ceux qui y prennent part. […] Souvenez-vous que c’est là l’exercice d’un homme qui a renoncé de tout son cœur au siècle, et qui se veut parfaitement convertir à Dieu.
Il est bien vrai que les temples ne sont pas pour la plupart des chrétiens le tabernacle de Dieu avec les hommes, la maison du salut et la porte du ciel ; mais la profanation que les gens du monde font des lieux saints ne justifie pas les spectacles. […] Ajoutez la confusion et la négligence des spectateurs, le lieu même qui invite à la volupté, tout ce qu’on entend avant que ces femmes paraissent et après qu’elles ont paru ; ajoutez le son des instruments de diverse espèce, les charmes d’une musique dangereuse, qui amollit l’âme, qui dispose les hommes et les rend plus faciles à se laisser prendre aux attraits des courtisanes qui se donnent en spectacle. […] êtes-vous plus sages que ces grands hommes qu’un simple regard a renversés ? N’avez-vous pas entendu Salomon qui dit6 : « Un homme peut-il marcher sur des charbons sans se brûler la plante des pieds ? […] le loup, le lion, les autres bêtes féroces, fuient le chasseur qui les a blessés ; l’homme, cet être raisonnable, poursuit celle dont il a reçu une blessure ; il chérit sa blessure, il cherche à en recevoir de plus dangereuses encore : circonstance la plus triste de toutes, et qui rend sa maladie incurable.
Les Poètes estimaient être chose indigne, croire que ceux là fussent dieux, lesquels ils savaient bien avoir été hommes mortels :Diod. […] Toutes telles folies sont façons de faire de gens mortels, ce sont affections d’hommes qui agitent notre esprit çà et là. […] et les honorer : car véritablement ils méritent d’être chéris et respectés de tous, tant pour ce qu’ils sont rares (car en tout âge d’homme il ne se trouve rien de plus rare, qu’un bon Poète) que pour la grandeur de leur esprit, et de leur naturel divin. […] Æschylus fut le premier qui publia les Tragédies, homme singulier, et de fort bon esprit,12. […] Car elle corrompt et abâtardit les bonnes mœurs des hommes, les rendant efféminés, et les incitant à paillardise et méchanceté.
Cet homme unique dans son genre n’eut pas le courage de tout sacrifier à la vertu & à la religion. […] Moncrif étoit un homme aimable par les agrémens de la figure, la bonté de son cœur, la douceur de son caractere. […] Le Théatre en fit un homme frivole : il donna des romans, comédies, ballets, & fit parler depuis le sceptre jusqu’à la houlette, depuis les génies jusqu’aux chats. […] Cet homme s’avisa d’être philosophe. […] Qu’ils apprennent que les hommes danserent aussi tôt qu’ils chanterent.
Est-ce au Théâtre des Comédiens où l’on pourra exhorter les hommes avec saint Paul à ne pas se conformer au siècle ? […] Les hommes les mieux faits parmi vous passeront par le fil de l’épée et vos plus braves périront dans le combat. […] L’homme animal et charnel, n’est point capable des choses que l’esprit de Dieu enseigne, parce que c’est par une lumière spirituelle qu’on en doit juger. […] » c’est ainsi que parle Saint Augustin pour détourner les hommes de la folle vanité des spectacles. […] avec quelle adresse trompe-t-il les hommes, et sait-il leur faire prendre pour un bien, ce qui est un mal véritable ?
Les theatres portent le feu dans le cœur des hommes, les theatres empoisonnent & tuent les ames. […] Un homme, qui ne craint point de voir joüer une Piece dangereuse, ne fuit pas le peché avec la mesme horreur. […] Il ne faut pas faire le tort à un homme si éclairé de croire qu’il condamnast toutes les passions, & qu’il jugeast que ce fussent autant de crimes. […] qu’il n’y avoit point d’homme qui ne fust corrompu. […] L’Auteur est un homme de probité.
Ainsi ce Héros si vanté n’est qu’un homme ordinaire qui s’accommode au tems, & sert tour-à-tour la France & l’Angleterre. […] & s’il en est une divine, faut-il en négliger l’établissement & le regne pour le bien essentiel de l’homme ? […] Deux hommes furent impliqués dans la procédure comme complices. […] L’un des complices, homme accrédité, fit tout remuer dans l’intervalle, & dans la nouvelle séance les Juges furent partagés. […] Quel dommage qu’un homme si admirable ne soit né que deux siecles après !
Bernard,21 « Comment Jésus Christ pourrait-il confier des brebis qu’il a tant aimées à un homme qui n’aurait point d’amour pour elles ? […] N’est-ce pas, mes Pères, que vous voulez qu’il vous ressemble,22 et « que craignant de perdre aussi bien que vous, la douceur et la commodité qu’il trouve à être aimé, et ne voulant pas se faire des ennemis, et s’engager dans des suites fâcheuses qu’attirent après eux les mécontentements qu’on donne aux hommes, encore que ce soit en faisant sa charge et en soutenant la cause de Dieu ; il demeure dans le silence, et dissimule les péchés des hommes, de peur qu’en les reprenant il ne trouble sa paix en troublant celle des autres.
Le lien le plus doux, & le plus fort des hommes en société, est l’art de se communiquer mutuellement leurs pensées. […] Et on sçait que quand l’homme est guidé par ce motif, il suit le cours de ses désirs avec autant de rapidité que de constance. […] Je ne crois pas qu’on me conteste cette définition, On sçait ce que c’est qu’un homme de mérite chez les sçavans.
L’idée la plus juste qu’on puisse donner d’un Acteur, est celle d’un homme qui s’empoisonne lui-même & qui empoisonne les autres. […] Quels tourmens la justice inéxorable du Très-haut ne réserve t’elle pas à de tels hommes ? […] Ne le diroit-on pas, à voir l’empressement avec lequel ils courent après ces hommes qu’elle charge de tous les anathêmes ?
Pour faire paraître votre Héros vigilant, vous le représentez comme un homme qui aime la danse, et qui la regarde avec attention, ce qui n’est pas moins indigne d’un Evêque que le défaut, que vous voulez éloigner de son caractère. […] Un homme presque assoupi n’est guère différent d’un homme endormi pour ce qui est de s’acquitter de son devoir ; Et on n’est pas trop propre en cet état de représenter la vigilance d’un Héros qui devait être héroïque.
Comme il voulut qu’un Acteur représentant un Dieu ou un Héros, parût plus grand que les autres hommes, il voulut aussi qu’il parlât dans un stile plus pompeux : le stile d’Eschyle est si ampoullé, ses mots si longs, qu’il est appellé par Aristophane, Homme qui éleve de grands termes en monceaux. […] Quoi qu’il en soit, dans les Spectacles tout paroissoit sacré, & nous avons une Oraison de Démosthene contre un homme qui lui avoit donné un souflet : il l’accuse de Leze-Majesté Divine, parce qu’il a reçu de lui ce souflet, faisant les fonctions de Chorege. […] Triste fin d’un homme vaincu dans un Art dont il a été l’inventeur & le maître. […] Comme il donnoit des conseils au Peuple sur toutes les affaires de la République, il devint un homme si important, que le Roi de Perse demanda un jour à l’Ambassadeur de la Grece des nouvelles de ce Poëte qui rendoit ses citoyens redoutables à ses ennemis. […] Dans ses Harangueuses cependant, Piéce jouée après la guerre du Peloponese, son sel est encore très-mordant, puisque le Gouvernement d’Athenes y est donné aux Femmes, comme plus propres que les Hommes à débrouiller ce qui est très-embrouillé, puisqu’elles ont l’adresse de démêler les écheveaux.
L’équité pour tous les hommes qui ne composent qu’une seule famille ? […] Le Poëte peut pareillement tirer un sel piquant, mais utile, de la fatuité des hommes. […] Lisons-nous une belle actions d’un homme tel que nous ? […] L’un avoit élevé l’homme au-dessus de l’humanité ; l’autre le rendit à lui-même, & à ses foiblesses. […] Des hommes qu’il est impossible de définir.
Les histoires ne nous apprennent point qu’aucun Ministre ait condamné ni aboli les danses honteuses et déshonnêtes qui se commettaient, tant aux jours des Calendes, qu’autres Fêtes, où aux Théâtres, et en divers lieux par plusieurs nations, on commettait des vices que notre pensée rejette pour leur horreur, tant de se baigner dans le vin sans regard à l’âge, au sexe, ni au lieu, que faire festins tables par les rues, chansons dissolues : Bref la raison qui est donnée aux hommes leur ôtait l’usage d’elle-même, pour les rendre pires que bêtes farouches : Et nos Pères Ecclésiastiques ne les ont pas seulement censurés, mais prêché, crié, invectivé contre eux, essayé de les réduire. […] Et au même temps Décime Laberie fut fait Chevalier Romain sous César, après avoir montré que sous un même feu l’or reluit et le bois se noircit ; et qu’un galant homme peut être grand en un petit art, si l’art qui n’a sujet que l’esprit peut être petit. […] Il est donc par l’esprit, la plus excellente créature ; pour le corps, la plus infirme ; en l’un impassible, en l’autre sujet à toutes sortes d’accidents : étant composé d’âme et de corps, il doit avoir la contemplation et l’action, tant pour s’acquitter de ce qu’il doit à Dieu, qu’à son prochain et à soi-même, qui ne se peut dépouiller des passions étant homme, mais il les doit régler pour être sage. […] Les Romains ont plus assujetti d’hommes par ces inventions, que par leurs armes. […] Mais s’il est ainsi, comme il est vraisemblable, que l’homme d’entendement ne se laisse jamais vaincre d’un plaisir ridicule, et borne celui qu’il prend et donne aux autres, comme s’il s’était imposé lui-même la loi pour entretenir ceux qu’il veut réjouir, de propos, aussi décent que délectables ; c’est en quoi le docte est reconnu de l’ignorant ; l’un pour toute fin n’a que le ris, et ne se soucie de quel prix il l’achète : et l’autre n’en veut séparer 1’honnêteté.
C’est donc à ces génies qu’il faut sçavoir gré des avantages qu’ils procurent Est-il bien certain, en prenant les Comédiens pour le Théatre, qu’ils épurent les mœurs, & corrigent les hommes ? […] « Roscius est un si excellent Acteur, dit-il, qu’il paroît seul digne de montrer sur le Théatre : mais d’un autre côté il est si homme de bien, qu’il paroît seul digne de ni monter jamais. […] Elles étoient étrangères à la foule des hommes, elle ne l’intéressoient point. […] Plus l’homme s’abandonne aux passions, plus elles lui semblent odieuses dans la représentation. […] Sous cette puissance plus aimable, plus indulgente pour les passions, le rafinement présente à l’homme ces passions sous des couleurs plus douces.
L’art est de leur faire éprouver les situations les plus opposées à leur caractère : comme, par éxemple, de rendre un avare amoureux d’une femme qui ne connait d’autre plaisir que celui de dépenser son bien ; de marier un homme jaloux avec une coquette ; de mettre l’homme prodigue presque dans le cas de ne pouvoir plus l’être. […] Les hommes pour l’ordinaire persistent toujours dans leurs vices. […] On peut encore en voir la cause dans l’esprit, dans la manière de penser des hommes, qui ne sont jamais les mêmes : tant la Nature est variée dans tous ses ouvrages ! […] « Le Poème Dramatique est une imitation, ou, pour en mieux parler, un portrait des actions des hommes ; & il est hors de doute que les portraits sont d’autant plus éxcellens qu’ils ressemblent mieux à l’original. » Ces paroles du grand Corneille prouvent que nous avons raison d’être charmés de la peinture qu’on nous à fait du Maréchal-Ferrant, du Savetier, & d’autres gens pareils ; elles engagent encore les Poètes du nouveau Spectacle à continuer d’être vrais & naturels.
Vint-il jamais dans l’esprit d’un homme raisonnable d’approvisionner une ville qu’on veut prendre par famine ? […] L’on se trompe lorsqu’on défigure par le vice les grands hommes qu’on veut faire admirer. […] Tout n’est pas grands dans les grands hommes, tout n’est pas ingénieux dans les beaux esprits. […] Personne qui, dans son état, ne forme de projet de toute espece : mais les rêves d’un homme de bien, comme ceux de l’Abbé de Saint-Pierre, ne firent jamais un grand homme. […] Un écrivain, homme d’esprit, a fait ingénieusement son portrait en deux mots.
Ce n’est plus le même homme, continue ce Pere, qu’on avoit traîné par la force : c’est un homme de même trempe que tous ceux qui faisoient la foule dans l’Amphitheâtre, & un digne compagnon de ceux qui l’y avoient mené. […] Qui s’y croira en sureté en voyant tomber sous ses yeux un homme que ses dispositions sembloient devoir garantir de toute chûte ?
Il est donc certain que la partie du public, dont le goût est invariablement décidé pour le vrai, l’utile et le beau, n’a fait dans tous les temps que le très petit nombre, et que la foule se décide pour l’extravagant et l’absurde ; ainsi, loin de disputer à la farce les succès dont elle jouit, j’ajouterai que dès qu’on aime ce spectacle, on n’aime plus que celui-là, et qu’il serait aussi surprenant qu’un homme qui fait habituellement ses délices de ces grossières absurdités, fût vivement touché des beautés du Misanthrope et d’Athalie, qu’il le serait de voir un homme, nourri dans la débauche, se plaire à la société des honnêtes femmes. […] Sous les tyrans, la question n’est pas douteuse ; il est de la politique de rapprocher l’homme des bêtes, puisque leur condition doit être la même, et qu’elle exige également une patiente stupidité ; mais dans une constitution de choses fondées sur la justice et la raison, pourquoi craindre d’étendre les lumières et d’ennoblir les sentiments d’une multitude de citoyens, dont la profession même exige le plus souvent des vues nobles, des sentiments honnêtes, un esprit cultivé ?
La pudeur est l’apanage des femmes ; et c’est en supposant que cette vertu fait presque leur essence, que les hommes ont réglé la forme de vie que le sexe devait tenir. […] Les femmes ont trouvé des exercices et des professions, qui, par une suite de cette même corruption, bien loin d’être désapprouvées des hommes, font au contraire leurs plus grands délices. […] En effet, les Masques, dont les Latins se servaient sur le Théâtre pour grossir les têtes à proportion de la figure que l’on grandissait aussi, et les desseins de ces mêmes Masques qui nous restent dans les manuscrits de Térence, nous font assez connaître que c’étaient des hommes qui faisaient le personnage des femmes et qui en portaient les habits.
Sabatier, homme de beaucoup d’esprit, qui dit plus élégamment de pareilles vérités. […] On voit des hommes se respecter assez peu eux-mêmes pour se mettre cette futile parure, & puérilement regarder comme une faveur la punission de les placer sur le visage d’une actrice. […] Après avoir médité sur le Crucifix, contemplent un visage prophane, & emploient leur tems, leur goût, leur adresse à y tendre des piéges aux hommes. […] Après la mort de Néron, cet homme effeminé, & par conséquent ame basse & cruelle, fit le cour la plus servile à Galba son successeur, & ensuite l’assassina pour envahir le Trône. […] Cet homme capable de tant de crimes n’étoit qu’un effeminé, la molesse & la scélératesse sont deux choses très-liées, & naissent l’une de l’autre.
Mais je ne crois point qu’il soit nécessaire d’assassiner un homme pour l’empêcher de retourner dans un coupe-gorge. […] Tout en appliquant le premier appareil, je m’applaudissais d’une conversion dont personne n’eût douté… Brave homme ! […] Les oreilles déchirées par la voix rauque des hommes, par les sons criards des femmes, et par les mutilations sans nombre de la grammaire et du sens commun, inhumainement outragés par tous ! […] Je m’informe à un homme raisonnable, qui en sortait, sa contremarque à la main, si le rideau portait encore la légende : Sicut infantes audinos. […] » — « Effectivement, cet homme là est une bonne fortune pour l’entreprise. » — « Monsieur… les avis sont partagés. » — « Comment donc ?
« Faut-il, disoit le sage Licurgue, arracher toutes les vignes, parce qu’il se trouve des hommes qui font des excès de vin ? […] Les droits communs à tous les hommes devroient-ils être refusés à des hommes entretenus par le roi, dévoués à l’amusement, à l’instruction, à la gloire de la nation, & devenus même, par le luxe des riches, une ressource pour les pauvres ? […] L’Oratorien traita le Théatin de faux frère, de prévaricateur, de ministre traître à son dieu & aux hommes, auxquels il applanissoit le chemin de perdition. […] Le talent d’acteur & d’auteur de comédie lui paroît celui d’un homme abominable. […] C’est ainsi que cet auteur, qui posséde si bien son art, mais que son art n’aveugle point, sçait réunir les intérêts de l’homme de lettres, du philosophe & du chrétien.
Tel est le livre des Maximes de la Rochefoucault, sur tous les hommes en général, qu’il accuse de n’agir que par amour-propre, mais bien plus élégamment, avec plus de finesse & de modération. Machiavel, avec plus d’art, d’ordre & de suite, a mis en système le principe général, plus politique que chrétien, que les princes doivent tout sacrifier à leur intérêt fortune, honneur, vie des hommes, mœurs, religion, probité, bonne foi, pour régner sous les dehors de la vertu. Philippe de Macédoine disoit un mot qui lui fait peu d’honneur : On amuse les enfans avec des jouets, & les hommes avec des traités & des sermens. […] Chaque état, chaque homme a son Machiavélisme, plus ou moins fort, plus ou moins éclatant, selon les circonstances. […] Plusieurs historiens assurent qu’il mourut athée : un homme de théatre est capable de tout.
Messieurs, Un préjugé détestable, et réprouvé par tous les hommes de bien, jette de la défaveur sur une profession que notre législation et l’autorité de nos rois n’ont cessé de protéger et d’honorer ; je crois satisfaire au vœu du public en fournissant, sur cette matière, tout ce que les lois civiles et ecclésiastiques ont de plus prépondérant pour fixer le jugement des hommes.
Votre ami devait se contenter de vous faire passer pour un homme de naissance ; la qualité ne sied pas si mal à un fauteur de la Comédie. […] Ainsi si vos amis n’y sont engagés que par l’intérêt ou par le libertinage, vous ne pouvez pas dire que la fin de leur emploi soit le soulagement des hommes. […] Les hommes ont plus d’adresse pour la dissimuler et pour la cacher, et on leur pardonne plus qu’on ne fait au sexe. […] Les Comédiens semblables aux Juifs ou à des Excommuniés séparés du reste des hommes, ne sont-ils pas obligés de renfermer leurs alliances dans la race comique ? […] On pardonnerait avec peine à un homme du monde d’ignorer ces premiers principes de la Religion, mais qui pourra le pardonner à un Théologien ?
IL est plus d’une manière dans la société d’instruire les hommes, de corriger les abus, de détourner du vice. […] Sont-ce-là des leçons pour rendre les hommes meilleurs ? […] Voici ce que lui écrit cet homme singulier, qui dans cette occasion sçait parfaitement réfuter ce qu’on pourroit dire de plus spécieux en faveur du Théâtre. « Je vois en général, dit-il, que l’état de Comédien est un état de licence & de mauvaises mœurs ; que les hommes y sont livrés au desordre ; que les femmes y mènent une vie scandaleuse. […] Il n’a pas prétendu sans doute prouver dans une Réponse brusquée en dix-sept jours, qu’un Comédien est un homme digne de toute l’estime du Public ; un homme qui en seroit persuadé, y mettroit plus de temps & plus de raison.
, s'écrie Saint Augustin, cette Déesse, que l'insolence et que la turpitude sans mesure, peut rendre favorable aux hommes, et qui ne se peut apaiser que par les Jeux Scéniques, où l'effronterie est à un si haut point, qu'auprès d'eux tous les autres peuvent être honnêtes. […] Ce qui fait dire au même Saint Augustin que si les mouvements que ces Histrions font en dansant avaient leur signification de la nature, et non pas de l'institution des hommes, il n'eût point été nécessaire au commencement que les Pantomimes sont venus danser à Carthage, que le Héraut du Théâtre eût publié ce qu'ils étaient prêts de représenter, « et nous avons encore , ajoute-il, vieillards qui s'en souviennent fort bien », et ils s'y rendirent s'y rendirent si parfaits, que sous Néron un Pantomime blâmé par DémétriusLucian. […] Et le peuple qui se plaisait à la danse d'Hylas s'étant écrié contre Pylade qu'il ne pourrait mieux faire lui-même, il quitta sa place, et monta sur le Théâtre, pour danser cette Poésie ; et étant arrivé à cette parole, qui avait donné lieu à la contestation, il pencha la tête, et l'appuya de la main, à la façon d'un homme qui rêve ; et Auguste qui assistait aux Jeux, lui demandant pourquoi il représentait ainsi le grand Agamemnon, il répondit, parce que la grandeur d'un Roi ne consiste pas en la masse du corps, mais aux soins qui le font sérieusement penser aux affaires de son Etat. […] Les Lydiens et Lydiennes, venus originairement de Lydie, à ce qu'aucuns croyent ; ou Ludiens et Ludiennes, selon la Langue Latine, y dansaient avec plusieurs bouffonneries, et les hommes étaient rasés comme les autres Mimes, richement armés, et vêtus de longues robes de femmes. Ils y faisaient aussi paraître les hommes monstrueux de corps, et dont le seul aspect était capable de faire rire, avec ces Innocents ou Idiots, qui servaient assez souvent de jouet et d'entretien familier aux grands Seigneurs de ce temps-là, comme nous en voyons encore en celui-ci.
, où l’on commence à entrer dans l’état d’homme parfait, et où l’on est capable de soutenir la violence des persécutions qui nous viennent de la part des hommes, et de résister à toutes les tempêtes que le monde peut exciter contre nous. […] , « souvent l’esprit de l’homme séduit l’homme, et se déguise à lui-même ». […] Le matin on fait combatte des hommes contre des lions et des ours. […] n’y voit-on pas des hommes déguisés en femmes, et des femmes déguisées en hommes ? […] Ne sont-ce pas des hommes à qui ils donnent ?
dans le même temps un homme d’un caractère bien différent (S. […] Si ces deux hommes sont en paradis, ce qui n’est pas un article de foi, on peut bien assurer qu’ils ne sont pas sur la même ligne. […] Germain de l’Auxerrois (Curé de la Cour) homme pieux et sévère, lui écrivit qu’elle ne pouvait en conscience souffrir la comédie, surtout l’Italienne, comme plus libre et moins modeste. […] Vincent de Paul, homme d’une grande piété, avait suscité tout cela pour ruiner Mazarin. […] C’était un homme élégant et agréable, vir elegans et jocundus (un petit maître), un homme exercé par le cothurne Français, Gallicano cothurno exercitatus (un Comédien), qui pérora d’une manière facétieuse, facete peroravit (en plaisantant légèrement).
L’homme de génie, guidé par un sentiment pur, par un enthousiasme qui tient de l’instinct, suit les principes de son art, quoique leur influence soit insensible. […] Tous les grands hommes qui sont venus après lui, s’abandonnant au seul enthousiasme, ont enfanté des chef-d’œuvres. […] Avec trop de régularité on mérite le reproche que Pline le jeune faisoit à un Orateur de son tems : « Il n’a pas d’autre défaut, disoit-il, que celui de n’en avoir point ; & c’en est un très-grand. » Il n’y a guére d’homme de sens qui ne préférât des traits de génie, suivis de quelques fautes, à une composition qui ne seroit que réguliére. […] C’est que la gloire des beaux siécles a inspiré à ceux qui les suivent, le désir de se faire aussi une espèce de fortune, en ramassant & en publiant les moyens que les grands hommes ont mis en usage pour plaire.
S’il arrive à quelques hommes de Lettres d’en convenir, c’est par une fausse modestie, & afin qu’on refuse de les croire. […] Les Rois, les Hèros & les Princes, ne parlent-ils pas comme le reste des hommes ? […] Et chez les Français, chez cette Nation polie & éclairée, on daignât à peine accorder un peu de terre au grand homme qui nous corrigea de nos ridicules, & dont le nom vivra autant que la Monarchie. […] S’il voulait considérer que le Public se dégoute enfin de l’Acteur qui ne l’étonne plus par la supériorité de son jeu, il ne se relâcherait jamais ; il ferait ensorte chaque jour de paraître un homme nouveau.
Les hommes cherchent à se tourner en ridicule dès qu’ils ont la faculté de s’èxprimer : c’est ce plaisir malin qu’on trouve à se moquer de son semblable, & qui nous porte à rire de ses défauts & de ses actions, qui donna naissance à la Parodie dans la région du monde qui fut la plutôt peuplée. […] Le Bouffon qui contrefait les gestes, les actions de quelqu’un, fait sans le savoir la prémière Parodie que les hommes aient connus. […] Cette Pièce offre un Spectacle fait pour des fous, plutôt que pour des hommes sensés. […] serait-elle établie éxprès pour modérer la vanité d’un Poète qu’on applaudit ; de même que les Romains chargeaient un homme d’injurier les Hèros qu’ils honoraient du triomphe, afin de leur rappeller qu’ils ne devaient point trop se livrer à l’orgueil ?
Qui saurait connaître ce que c’est en l’homme qu’un certain fond de joie sensuelle, et je ne sais quelle disposition inquiète et vague au plaisir des sens qui ne tend à rien et qui tend à tout, connaîtrait la source secrète des plus grands péchés. […] , cette malignité de la concupiscence se répand dans l’homme tout entier. […] Si l’on ne connaît de maux aux hommes que ceux qu’ils sentent et qu’ils confessent, on est trop mauvais médecin de leurs maladies. […] N’en croyons donc pas les hommes sur leurs maux ni sur leurs dangers, que leur corruption, que l’erreur de leur imagination blessée, que leur amour-propre leur cachent.
Si vos parents veulent vous conduire au spectacle, et vous engagent à y aller, rappelez-vous qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. […] Laissez les hommes malfaisants et les femmes perdues chercher au théâtre un aliment proportionné à la corruption de leur cœur, la sûreté publique y gagnera peut-être ; mais vous, fuyez des plaisirs auxquels vous ne pouvez vous livrer sans danger, et qui vous rendraient moins fort pour résister aux attaques des passions. […] Ce sont ordinairement des esprits légers, des hommes inutiles, des époux qui, fatigués de leurs querelles domestiques, seraient chez eux des acteurs peut-être plus tragiques et plus comiques que ceux qu’ils vont voir. […] Ces grands hommes vous disent qu’on ne peut aller au théâtre sans abjurer sa qualité de chrétien, sans désobéir à l’Eglise, sans se livrer aux vanités et aux pompes auxquelles on a renoncé dans le baptême, et sans se fermer l’entrée du ciel.
Enfin nous citerons encore le témoignage non d’un docteur, d’un Père de l’Église ou d’un saint évèque, mais celui d’un pair de France, d’un homme peu suspect d’ascétisme, de M. […] Dans les représentations dramatiques, le plus souvent, que d’aventures tragiques, que d’événements terribles, de catastrophes sanglantes, de scènes d’horreur, de désespoir, de sang, de meurtre, de suicide, qui familiarisent les hommes avec les idées de crime et de destruction, et les livrent sans défense au délire fougueux de leurs passions ! […] Voilà ce qu’a dit un homme qui avait, je crois, quelque connaissance des hommes et des choses. […] Mais quand ces hommes, si vertueux et invulnérables suivant eux, n’auraient réellement rien à craindre pour eux-mêmes, n’auraient-ils pas toujours à craindre le scandale qu’ils donnent aux autres ? […] Mais de là il ne s’ensuit pas qu’il faille autoriser les périls publics : si les hommes ne les aperçoivent pas, c’est aux prêtres à les instruire et non pas à les flatter ».
Cet Auteur, homme d’esprit, a donné plusieurs pieces de théatre, qui n’ont point réussi. […] C’est une abondance, une gentillesse, une galanterie, un enjouement, un air d’homme du monde & d’homme de plaisir, que vous aimeriez sûrement. […] Mais il nous manquoit une suite de ces grands hommes, de ces illustres vestales ; il faut en illustrer le siecle, au grand profit des bonnes mœurs. […] L’Auteur doit se posséder jusques dans les plus vifs mouvemens, ce que ne fait pas un homme emporté par une passion réelle, qui ne sait ce, qu’il dit & ce qu’il fait. […] D’où vient la réputation d’un homme qui a si peu travaillé, & qui, à tout prendre dans la somme totale de son mérite, est fort médiocre ?
Le mariage avec un homme de cinquante ans ne lui convenoit pas : il lui fallut se contrefaire pour arborer la gaieté. […] Villefort, homme de mérite, écrivain habile, composa les Anecdotes de la Constitution contre les Jésuites. […] Toute la grande affaire de la Fronde n’étoit dans le fonds qu’une guerre de femmes : les hommes qui y figuroient n’en différoient gueres que par l’habit. […] Il y avoit deux hommes en lui. […] Cette belle médiatrice parut à la Cour avec l’appareil & la gravité d’un homme d’Etat : mais cette ambassade comique ne réussit pas : le dénouement fut tragique.
Boursault (Edme), né en 1638, mort en 1701, homme de lettres distingué, protégé par Louis XIV, et qui fut honoré de l’amitié de Thomas Corneille, disait : « Dans ce siècle corrompu, la comédie est un divertissement, et un spectacle qui peut s’allier avec la dévotion ». […] La comédie a toujours été regardée comme le délassement le plus digne de charmer les nobles loisirs des souverains, et des grands hommes : elle est encore le divertissement des hommes d’état, des grands seigneurs, des gens polis, et l’amusement du peuple ; elle est propre à rectifier les mœurs, en employant le plaisant et le ridicule ; elle a pour but de faire rire et d’instruire le spectateur.
Et ce Curé lui-même, quel homme ! […] Cet homme se démasque enfin par son orgueil. […] Dénigrés par les hommes, & par l’orgueil brigués. […] Aussi quel homme que ce Monval ! […] Racine & M. de la Harpe sont deux hommes fort différens.
Elles étoient faites à l’honneur des Dieux, dans les grands jours de Fêtes ; les Sujets intéressoient la Religion, les Acteurs avoient sur leurs têtes des couronnes, & tout homme qui portoit une couronne, étoit comme sacré ; c’est pour cette raison que la profession de Comédien ne fut point regardée dabord à Athenes, comme méprisable. […] Des Personnes qui ont de l’éducation, ne vont pas ordinairement voir attacher un homme à la potence ; la Populace le suit, & le suivra avec plus d’empressement, si on doit lui voir souffrir un supplice plus considérable. […] Les Poëtes ont peint les Hommes tels qu’ils étoient alors. […] Les incidens naissent naturellement les uns des autres, & deviennent tous si contraires à cet homme si heureux jusqu’au moment qu’il est entre sur la Scene, que ceux qui paroissent lui devoir être favorables, n’arrivent que pour hâter son malheur. […] On pourroit dire encore que l’arrivée de l’homme de Corinthe, quoique très-possible, tient un peu du Merveilleux, ce qui contribue à faire croire que ce Sujet a été ajusté au Théâtre par Sophocle : & n’est-ce pas un plus grand effort de génie, de savoir ajuster les Regles de son Art à un Sujet dont on conserve toute la vérité historique ?
La justice des hommes punissent les témoins d’un vol, et d’un assassinat, qui ont loué et qui n’ont pas dénoncé le criminel. […] Il conclut avec saint Ambroise, qu’il faut que les Prédicateurs prêchent, que les Confesseurs disent, et que les Auteurs écrivent contre les passions, quoiqu’ils connaissent l’opiniâtreté des hommes. […] Le premier serait de purger les Pièces du Théâtre ; ce qui sera impossible, dit-il, tant que les hommes et les femmes y parleront d’amour. […] Il prouve que celles de ce siècle sont de ce caractère, parce que les femmes s’y entretiennent d’amour avec les hommes, ce que les saints Pères ont fait voir être très mauvais et très dangereux ; et que plusieurs endroits des saints Pères sont autant les censures des Comédies de notre siècle, que de celles de leur temps. […] » Il n’y a rien de plus scandaleux dans tous les Spectacles, que de voir avec quel soin et quel agrément les hommes et les femmes y sont parées : les expressions même de leurs sentiments conformes ou différents pour approuver ou désapprouver les choses dont ils s’entretiennent, ne servent qu’à exciter dans leurs cœurs des passions déréglées.
Le public se compose de deux classes, les hommes faits qui vont chercher des distractions au spectacle, et sur lesquels la scène n’a plus d’action ; la jeunesse qui va y puiser de bonnes ou de mauvaises leçons. […] Nous n’avons, il est vrai, dans la Nonne sanglante, que deux femmes poignardées et qu’un homme empoisonné ; mais deux incendies, l’éboulement des catacombes, l’espérance de voir un homme pendu sur le théâtre même, remplissent assez lugubrement la scène pour que le spectateur ne désire pas de nouvelles émotions. […] Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et fuir la difformité ; c’est là proprement, le but que tout homme qui travaille pour le public, doit se proposer, et c’est ce que les premiers poètes tragiques avaient en vue sur toute chose. […] Ainsi que cette réunion distinguée d’hommes célèbres en tout genre, ainsi que tous les hommes jaloux de la gloire nationale, je répudie une scène qui calomnie nos mœurs, flétrit notre littérature, repousse l’ami des hommes, la femme qui sait encore rougir, d’où la jeune fille ne peut sortir sans tache, et le jeune homme sans ressentir moins d’horreur pour le crime.
Car la lutte qui du commencement n’estoit qu’vne épreuve innocente de la force ou de l’adresse de deux hommes, est devenuë ensuite une partie d’ambition dangereuse & funeste, où l’on a passé aux coups de main, & aux autres excez de la fureur & de la cruauté des hommes. […] Ils ont affecté le combat des animaux estrangers, ils ont obligé les plus braves à mourir pour les divertir, & se sont preparé des hommes & des lieux pour seruir à leurs cruels plaisirs. […] Les hommes, & sur tout les personnes de qualité traiterent la chose un peu plus virilement & avec plus de magnificence. […] C’estoit a eux à faire de bons choix tant d’hommes que de femmes. […] Les 5. estoient armez de toutes pieces, & en eurent ce nom Grec, qui signifie, armé dans le combat, ou un homme qui combat armé.
Je n’ai pû m’empêcher, en lisant cette Pièce, d’admirer en moi même combien il faut se défier du jugement des hommes. […] Son père a grand tort d’entreprendre de lui faire des remontrances, et de lui dire qu’il doit se souvenir de son nom et de sa naissance, corriger ses mœurs, et vivre en homme de bien. […] Il faut, dit-il, faire un peu de grimaces pour ménager un père, dont l’on a besoin ; et pour se mettre à couvert du côté des hommes, des fâcheuses aventures qui pourraient arriver. […] C’est, dit-il, la débauche de leurs Spectateurs qui fait leur félicité et leur bonheur : car s’ils s’appliquaient à la vertu, le métier de Comédien serait aussitôt anéanti : c’est pourquoi ils n’ont jamais pensé à corriger les véritables dérèglements des hommes. […] parce qu’un homme s’avise de nous épouser, il faut d’abord que toutes choses soient finies pour nous, et que nous rompions tout commerce avec les vivants ?
Augustin nous l’apprend, lors qu’il dit, « que ce n’est point à la vérité un péché d’aller à la guerre, mais que l’on ne peut y aller sans péché, si on embrasse cette condition pour voler ; que les charges de la République ne rendent point un homme criminel, mais que néanmoins l’administration des affaires publiques est vicieuse, lorsqu’elle est en la main d’un homme, qui n’y cherche que ses intérêts particuliers, et qui ne s’y applique que par esprit d’avarice, et pour s’enrichir. » « Militare non est delictum, sed propter predam militare pecatum est ; nec Rempublicam gerere criminosum est, sed ideo gerere Rempublicam, ut divitias augeas, videtur esse damnabile. »23. q. 1. cap. militare.
Combien est-il d’hommes de Lettres qui se croiraient dèshonnorés s’ils se servaient d’éxpressions usitées, & s’ils disaient les choses comme on les éxprime ordinairement ? […] Un des panégyristes de l’illustre Boileau vient appuyer mon sentiment3 ; « ce n’est que dans le Vrai seulement que tous les hommes se réunissent ; il ne se trouve que dans la Nature, ou pour mieux dire, il n’est autre chose que la Nature même ». […] Plutarque, Vie des Hommes Illustres.
Si un pareil Ouvrage avait pour Auteur un homme grave et respectable par son état ou par sa dignité, il n’en serait pas pour cela plus à couvert de la critique ; elle serait seulement plus ménagée, et se ressentirait des égards que mériterait l’Auteur : mais qu’il vienne de moi qui, pendant plus de quarante ans, ai exercé la profession de Comédien, qui ne suis ni savant ni homme de Lettres, et qui par conséquent ne mérite ni égard ni ménagement ; c’en est assez pour me faire craindre que mon Livre soit mal reçu, ou qu’il fasse peu d’impression sur mes Lecteurs. […] Voilà de quelle manière et par quels motifs j’en ai conçu l’idée ; et je crois que c’était précisément à un homme tel que moi qu’il convenait d’écrire sur cette matière ; et cela par la même raison que celui qui s’est trouvé au milieu de la contagion, et qui a eu le bonheur de s’en sauver, est plus en état d’en faire une description exacte, et de fournir les moyens de s’en garantir que tout autre qui n’en aurait pas éprouvé les funestes effets.
Voilà, me dis-je à moi-même, des hommes qui se damnent de propos délibéré pour me divertir. […] « Or, défendre au comédien d’être vicieux, c’est défendre à l’homme d’être malade (J. […] » C’est le sentiment de M. le duc de la Rochefoucault, homme que sa valeur et son esprit mirent au premier rang des seigneurs de la cour. […] » Voilà comme parle un législateur, un homme du monde. […] l’homme du monde, l’homme de l’art parle comme le prédicateur. » *.
Y souffriroit-on un homme de bien ? […] Calmeront-ils celles d’un homme sage, & affoibliront-ils le préjugé ? […] Quel homme sage iroit dans un bois infesté de voleurs, & se nouriroit d’un aliment qui quelquefois est un poison ? […] Que c’est un mauvais juge de la prétendue expérience de sa force, qu’un homme livré au plaisir ! […] L’homme éclairé tombe, mais il se relève ; le cœur est blessé, mais l’esprit est sain.
Qui peut comprendre les contradictions & les inconséquences des hommes ? […] La plupart des hommes n’y vont que pour elles ; c’est le meilleur fonds de la troupe. […] Le sexe modeste & timide le dispute aux hommes les plus hardis. […] Est-ce un homme, est-ce une femme ? […] Une femme qui le fréquente bien-tôt n’est plus connoissable ; tous les hommes devroient se liguer pour les en empêcher.
Jamais les hommes ne se seroient avisés d’en faire les frais, d’en prendre la peine, d’en avoir l’embarras, si elles n’en eussent formé les désirs & donné l’idée. […] Que peut-on espérer d’un homme qui vit dans le sein d’une famille comme l’enfant de la maison ? […] Rien qui, pour aller à la perfection & s’y maintenir, n’exige tous les efforts & toute l’application dont l’homme est capable. […] Homme scandaleux, pouvez-vous vous le dissimuler, & puis-je mieux vous faire sentir la grandeur de votre faute ? […] & que l’exemple d’un homme réglé qui y iroit feroit plus de mal.
En effet les différentes passions des hommes sont, pour ainsi dire, isolées dans le commerce de la vie. […] Quelle profession en effet que celle d’apprendre à tromper les hommes, à séduire la jeunesse, à mépriser des parents, à vivre dans le crime, à flatter les passions, à honorer les vices, à accréditer les erreurs ! […] Quel est l’homme d’entre vous, mes Frères, qui voulût mourir à la Comédie, et qui osât à ce dernier moment offrir à Dieu son assistance aux Spectacles, comme une œuvre méritoire ? […] Voilà, mes Frères, les Spectacles du Chrétien, les Spectacles du Philosophe, les Spectacles de tout homme qui réfléchit. […] Lisez les Actes des Martyrs, et c’est là que vous verrez des membres palpitants sur des roues ; des corps mis en pièces par la rage des bourreaux ; des têtes séparées de leur tronc par l’activité d’un feu dévorant ; des hommes tout vivants couverts de bitume et de poix, allumés comme des torches pour servir de lumière aux passants ; des hommes exposés dans les Cirques et dans les Amphithéâtres, à la férocité des Tigres et des Lions, comme un Spectacle propre à amuser le Peuple et les Empereurs.
, étoient des gens qui ne dansoient point, aussi quels hommes sérieux ? […] On vit des hommes sauvages, des Rois de la fêve mêner grand joie. […] mais vrai ou faux, quelle idée donne de sa réligion un homme qui fait un mérite de l’irreligion ? […] Assis parmi eux : les Anges plus éclairés que tous les hommes, sont-ils jaloux de Newton ? […] C’est l’homme, c’est Voltaire qui se perd dans le labirinthe de la nature.
& le saint vieillard Simeon avoit prédit, qu’en cette qualité il seroit en butte à la contradiction des hommes. […] les hommes ne méritent pas que Dieu jette les yeux sur eux, & c’est pour cela que quand il les regarde, c’est une grace. […] On n’y voyoit pas non plus aucune injustice grossiére, puisque les hommes qu’on y faisoit devorer par les bêtes farouches, estoient tous, si vous en exceptez les Chrétiens, des malheureux déja condamnez pour leurs crimes. […] Ce Magistrat, cet homme âgé, ce pere, cette mere, toutes les personnes graves, péchent, en donnant mauvais exemple aux jeunes gens, ausquels ils n’en doivent que de bons. […] Regardez-vous vous-mêmes, comme devant estre dans le temps un spectacle de vertu au monde, aux Anges, & aux hommes,1.
C’étoit un homme de beaucoup d’esprit, savant à l’Angloise, remuant, intriguant, homme de qualité, fort riche, sur-tout un libertin Philosophe, c’est-à-dire sans religion comme sont tous les Seigneurs Anglois, qui pour cette raison, fit manquer, ou du moins contribua beaucoup à faire manquer l’entreprise du fils du Roi Jacques pour remonter sur le Trône. […] Que sert à un homme sans talent & sans mérite, l’éclat de la naissance & de la fortune ? […] Si quelque homme sage essaye de les corriger & de les éloigner des spectacles, tout est perdu ; vous m’ôtez la vie, l’Etat est bouleversé : Pol ! […] Les Mexiquains avoient les mêmes jeux que nous, variés à leur maniere comme tous les Sauvages de ce continent, ou plutôt les hommes de tous les climats. […] Ils faisoient des sauts périlleux, ils dansoient sur la corde, ils cabrioloient sur l’épaule, sur la tête d’un homme robuste, sur la pointe d’un gros bâton fiché en terre.
Le Paganisme étoit fondé sur les passions du vieil homme, le Christianisme les a détruites, pour faire régner en nous l’homme nouveau. […] L’Ange des ténébres prévoyant, ajoute ce Saint Pere1, que les cruautés du Cirque devoient bientôt prendre fin, qu’on se lasseroit du combat des Gladiateurs, a inventé un nouveau genre de Spectacles non moins à craindre ; on n’attente plus aujourd’hui sur le Théâtre à la vie naturelle de l’homme, c’est à la vie de l’ame que l’on en veut ; les Auteurs dramatiques s’en prennent à l’innocence des mœurs, ils jettent dans tous les quartiers d’une grande Ville des semences de péché qui germent, poussent des racines, multiplient leurs branches, & dont les fruits causeront bientôt une corruption générale. […] L’harmonie des Vers, les agrémens de la Poesie concourent à faire goûter les hommes vicieux que l’on produit sur la Scéne, à ennoblir leurs désordres & leurs excès, à les imprimer plus fortement dans la mémoire.
Ainsi, comme les Prêtres en avaient un soin particulier, qu'ils y étaient présents, et qu'ils les traitaient comme un acte de Religion, les honnêtes femmes, et mêmes les Vestales ne faisaient point de scrupule d'y assister, encore que les premières fussent d'ordinaire dans leur appartement éloigné de la société des hommes, et que les autres fussent engagés dans un état séparé du commerce de la vie civile. […] Et Valère dit que les Théâtres ont été inventés pour rendre honneur aux Dieux, et donner du plaisir aux hommes. […] La musique y chantait d'ordinaire les belles actions des Demi-Dieux, et les grâces que les hommes en avaient reçues ; la Danse les représentait en diverses postures convenables à ce que l'on en croyait. […] En quoi certes il ne faut pas dire que les Anciens se moquaient de ceux qu'ils adoraient comme Dieux, en représentant des actions que l'on pouvait nommer criminelles, comme des meurtres, des adultères et des vengeances, ni qu'ils avaient dessein d'en faire des objets de Jeux et de risée, en leur imputant des crimes que l'on condamnait parmi les hommes ; Car toutes ces choses étaient mystérieuses, et bien que le petit peuple, ignorant et grossier fut peut-être incapable de porter sa croyance au-delà des fables que l'on en en contait ; il est certain que leurs Théologiens, leurs Philosophes, et tous les gens d'esprit en avaient bien d'autres pensées, et tout ce que nous lisons maintenant de la naissance de leurs Dieux et de toutes leurs actions avait une intelligence mystique, ou dans les secrètes opérations de la Nature, ou dans les belles Maximes de la Morale, ou dans les merveilles incompréhensibles de la Divinité.
« Le grand écueil de tous les hommes et surtout des jeunes gens est de vouloir éprouver si ce qu’on leur représente comme dangereux l’est autant qu’on le dit. […] « Ils ignorent que c’est ainsi que le péché est entré dans le monde, et que les hommes ne meurent que parce que la première femme aima mieux éprouver si elle mourrait en désobéissant que d’obéir et de vivre. […] « Entre les jeunes gens qui vont aux spectacles, y en a-t-il qui connaissent toute la pureté de l’Evangile et toutes les obligations du baptême ; qui sachent dans quel abîme de corruption l’homme est tombé, et par quel remède Jésus-Christ veut le guérir ? […] La miséricorde de Dieu est encore plus grande que la témérité et l’aveuglement des hommes.
Le grand écueil de tous les hommes, et surtout des jeunes personnes, est de vouloir éprouver si ce qu’on leur représente comme dangereux, l’est autant qu’on le dit. […] Ils ignorent que c’est ainsi que le péché est entré dans le monde, et que les hommes ne meurent que parce que la première femme aima mieux éprouver si elle mourrait en désobéissant, que d’obéir et de vivre. […] Entre les jeunes personnes qui vont au Spectacle, y en a-t-il qui connaissent toute la pureté de l’Evangile, et toutes les obligations du Baptême ; qui sachent dans quel abime de corruption l’homme est tombé, et par quels remèdes Jésus-Christ veut le guérir ? […] La miséricorde de Dieu est encore plus infinie que la témérité et l’aveuglement des hommes.
Une lecture réfléchie des chœurs de leurs Poèmes, aura fait naître à un homme de génie Italien le dèssein de les imiter ; & l’Opéra-Sérieux se sera formé insensiblement. […] Qu’il y a de contradiction dans les moindres actions des hommes ! […] Le merveilleux perd alors une partie de ses charmes, & paraît sur-tout à l’homme délicat une absurdité insoutenable. […] Les hèros de l’Opéra ne doivent-ils pas s’èxprimer ainsi que le reste des hommes ? […] Le dessein des nouveaux Directeurs achève de nous prouver que l’homme de mérite se plaît toujours à encourager les Lettres.
l’un de ses traités sur les Psaumes, il fait la division des plaisirs des hommes en ceux qui sont innocents, et ceux qui sont criminels. […] Un homme qui aime sa vie, n’entrera pas aussi dans une maison suspecte de peste. […] S’il ne sait pas faire la différence d’un péché, dans lequel peut tomber un homme qui va à l’Eglise avec bonne intention pour s’y édifier, pour prier et entendre la parole de Dieu ; et un homme qui va sans nécessité à la comédie, où il y a tant de dangers. […] Considérez, je vous prie, que les jours de l’homme passent comme une fleur qui ne tarde guère à se flétrir. […] Voulant dire, qu’une honnête femme et des enfants ne sont que trop suffisants pour donner à un homme raisonnable toute la récréation dont il peut avoir besoin.
Au commencement de 1775, un Homme de Lettres estimable, Auteur du Roi & du Ministre, ou Henri IV. […] L’Homme de Lettres essuye mille désagrémens, dont le refus de son Ouvrage est le moindre : ce qui décourage un galant homme sur le chemin du Temple de Thalie. […] Cette affaire ne me regarde pas, il est vrai, mais je vois les intérêts de l’Art, & il est permis, je pense, à tout galant homme, surtout à un Amateur de Spectacles, de les soutenir, & même de les défendre envers & contre tous, & l’on ne peut que lui en savoir bon gré. […] Néanmoins le tripot Comique a le droit, quoique mal acquis, d’accepter ou de refuser les Drames ; & l’Homme de Lettres ressemble à un Vassal de Fief qui va faire foi & hommage à son Seigneur suzerain.
La dépravation n’y fut jamais plus grande que pendant la peste, au lieu de la craindre, on alloit la chercher par le crime, avec les femmes pestiférées, & on se donnoit par le même coup une double mort, du corps & de l’ame, jusques dans les hôpitaux des pestiférés, les femmes mourantes n’étoient pas en sureté dans leur lit ; les hommes ne l’étoient pas davantage, il venoit des femmes de la ville leur offrir le crime, & les malades entr’eux ayant la mort dans le sein, se portoient & recevoient de nouveaux coups. […] Il eut pour eux toutes les attentions qu’on devoit attendre de l’homme du monde le plus poli ; c’est en effet une très grande politesse de s’emparer des Etats d’un Souverain, de l’en chasser, de les dévaster, & ensuite d’embrasser ses enfans ; il fit ouvrir les boutiques, que la plus juste crainte avoit fermées, il donna un repas à tous les Ministres, il fit jouer un opéra Italien. […] & le public, & chaque homme sont pleins de contradiction. […] Corneille est admirable, parce qu’il n’étoit environné que de très-mauvais modeles, & ces mauvais modeles étoient estimés & récompensés ; il eût à combattre sur-tout ses rivaux, l’Academie & le Cardinal de Richelieu ; la quantité de piéces indignes de lui, qu’il fit quelques années après, n’empêcha pas de le regarder comme un grand homme, c’est le privilege du genie de faire impunément de grandes fautes, il s’étoit formé tout seul : Voilà son vrai merite, car les trois quart de ses poëmes son médiocres, & la moitié au-dessous du médiocre ; mais il a des traits sublimes, & ne les doit qu’à lui-même. […] Cet homme singulier plutôt que grand, mais qui a fait de grandes choses, voyagea en Hollande, en Angleterre, en France pour apprendre tous les arts & metiers, & les enseigner à ses Russes.
On y promenoit un homme travesti en Silene, monté sur un âne. […] Il étoit naturel que des hommes qui embrassoient un genre de vie tout-à-fait différent des usages du siecle, eussent des vêtemens particuliers. […] de Passe, que dans toutes ces futiles productions, on ait affecté de ne jamais nous y montrer l’homme tel qu’il est. […] Quels horribles succès que ceux qui se terminent à rendre les hommes vicieux & débauchés » ! […] C’est ce qui a donné lieu de se servir de ces mots : patelin, patelinage, pour exprimer le caractere d’un homme de mauvaise foi.
C’est un homme en faveur, un homme essentiel : sa politique habile aux passions des grands, a su se rendre utile. […] L’intérêt est le Dieu qui captive les hommes. […] Cet homme-là a mauvaise réputation. […] Qu’on récompense bien, & l’on verra éclorre les talens & les succès, comme les hommes des dents que semoit Cadmus. […] pour être dévot, je n’en suis pas moins homme.
L’homme a besoin de divertissement pour ne pas succomber dans les occupations sérieuses auxquelles il est engagé par son état, et pour être dans la disposition de les reprendre dans la suite. […] Quatrièmement, il ajoute qu’on doit juger des Spectacles par le jugement que les Païens en faisaient, ils croyaient qu’un homme était devenu Chrétien quand il s’en abstenait. « Le refus20 , dit-il, qu’un homme fait d’aller aux Spectacles, est la marque par laquelle les Païens reconnaissent qu’il est devenu Chrétien, pour nous faire connaître que l’instinct de la Religion Chrétienne doit éloigner du Théâtre ceux qui en font profession. […] L’on ne peut pas dire que ce Père suppose en cet endroit que les Comédies soient sans péché, ou qu’elles ne soient opposées qu’à la perfection Chrétienne : car il montre ensuite que l’homme fidèle doit fuir tous les Spectacles, à cause du penchant qu’il a au mal, il les regarde comme une occasion prochaine de tomber26 : « Car, dit-il, l’esprit de l’homme ayant une pente naturelle vers le mal, que deviendra-t-il s’il a devant les yeux des exemples d’une nature fragile ? […] » Or dans la pensée d’un ancien Auteur parmi les ouvrages de saint Augustin ; par les pompes du diable, on doit entendre les vanités du siècle et tout ce qui peut exciter au-dedans de l’homme l’ambition, et les mauvais désirs de la chair. […] Si la chaussure de Judith fut capable de ravir les yeux et le cœur d’un homme guerrier, que fera le visage, la taille, la bonne grâce, la danse, le chant d’une femme qui n’a point d’autre dessein que de paraître belle et de plaire pour attirer plus de monde à la Comédie.
La raison qu’il en apporte, ajoute-t-il, est que l’homme fatigué par des actions sérieuses, a besoin d’un agréable repos qu’il ne trouve que dans les jeux...» […] n’y donne-t-on pas son attention à considérer des femmes curieusement parées, et des hommes richement vêtus ? […] Mais pourra-t-il nous montrer la Comédie telle qu’elle est aujourd’hui parmi les Spectacles que Dieu permet aux hommes en cette vie, et dont Tertullien nous fait une agréable énumération ? […] Qu’en ce même temps plusieurs âmes sont décédées en grande angoisse, mille milliers d’hommes et de femmes ont souffert de grands travaux en leurs lits, dans les hôpitaux, etc. […] Comme si la Société humaine dépendait uniquement de la Comédie, et comme si sans la Comédie elle ne pouvait se conserver parmi les hommes, même en temps de Carême.
Aussi ne peut-on pas croire qu’il se trouve jamais un homme sage qui n’accorde facilement, du moins qu’être bouffon de profession, ne convient pas à un homme grave, tel qu’est sans doute un disciple de Jésus-Christ.
.… parmi les hommes. […] Adieu mon sage ami, le seul homme au monde digne de ce nom envers moi. […] Trompée la première aux apparences, je me crus permis de répondre aux avances d’un homme aimable, qui possède tout ce qui peut rendre une femme heureuse.
On ne voyoit point les hommes les plus distingués, former des troupes d’actionnaires & de fermiers, & se charger d’entretenir la Comédie, & se dégrader dans la loge des portiers, jusqu’à veiller sur la recette, & faire payer rigoureusement tout le monde, après avoir fait payer l’édifice au public. […] Des glaces, des sculptures, & de trois bustes de marbre, de Quinault, Lulli & Rameau ; & de quatre vuides, qui attendent les grands hommes, dont les talens & les succès méritent cet honneur. […] Tous les hommes sont naturellement imitateurs jusqu’aux enfans, ils sont habiles à contrefaire, presque tous le font avec succés, par divers motifs, malignité, vengeance, plaisanterie, instinct, mode, &c. […] Chaque peuple s’en est fait selon son génie, où même les hommes par les yeux & par les oreilles, comme par le cœur & par l’esprit. […] Cette Fête dure dix jours, les rues sont pleines d’hommes à demi nuds, accablés de tristesse qui chantent les louanges d’Hussein.
Je n’appelle pas de ce nom la mort ou la punition d’un homme : le personnage qui forme le nœud de l’action, qui la conduit et qui la termine, est celui, selon moi, sur qui la catastrophe tombe ; soit qu’il en périsse, soit qu’il en reste chargé d’opprobre, ou couronné de gloire, suivant que l’action l’exige ; je m’explique. […] Ils voulaient que les Spectateurs fussent persuadés de la fatalité forcée, qui entraînait les hommes comme les Dieux ; mais ils ne les empêchaient pas de se laisser aller ensuite à tous les mouvements de la nature, de gémir et de pleurer sur les malheurs des personnes que le Destin punissait. […] Médée ne meurt pas ; mais elle doit être regardée comme la plus méchante des femmes, et la plus cruelle des mères ; et son nom sera toujours en abomination dans la mémoire des hommes. […] Un tel exemple dispose les esprits aux infidélités conjugales ; et, si l’on dit que les hommes de tout temps ont un penchant naturel à le suivre, je répondrai que par cette raison même il est moins permis de l’exposer en triomphe sur la Scène ; et que, pour ne pas s’écarter d’une règle mal entendue, on ne doit pas courir le risque de scandaliser un seul Spectateur, quand on supposerait même qu’il y en a un nombre infini de corrompus. […] Il n’est guère possible à l’homme de garantir son cœur de toutes passions : tout ce qu’il peut faire est de leur en disputer l’entrée ; et si elles y entrent malgré sa résistance, de les combattre sans cesse, et de ne jamais y succomber : c’est pour cela que sentir une passion n’est point un crime, ne pas la réprimer, en serait un.
Est-ce sous les lois d’un Avocat ou d’un homme apostolique que le Comédien vient s’exercer ? C’est encore moins aux enseignements des comédies que s’en rapportera l’homme apostolique. […] 193.) : Le Marquis Caraccioli, homme du monde, mais extrêmement sage et pieux (Jouissance de soi-même, c. […] « La Religion n’est pas aussi ennemie du plaisir qu’elle le paraît ; il lui sert souvent d’appas pour attirer et s’attacher les hommes. […] L’éducation et la raison s’applaudissent d’une alliance si avantageuse pour les hommes, elles la renouvellent en présence de leurs jeunes élèves, qui deviennent les témoins et les garants, de ce précieux traité.
De toutes les passions qui tyrannisent les hommes, celle de l’amour est la seule que l’on puisse présenter aux Spectateurs, sous différentes faces : l’avarice, le jeu, la jalousie, etc. ont toujours le même aspect : on peut bien diversifier les faits ; mais les personnages seront toujours uniformes dans la manière dont ils développeront leurs caractères : ce ne sera jamais qu’un Avare qui aime l’argent ; un Joueur qui le dissipe ; un Jaloux qui soupçonne son ombre, etc. […] On l’appellera un petit Roman tant qu’on voudra ; je la regarderai toujours comme un excellent ouvrage, et comme une Ecole où le sexe et les hommes en général peuvent apprendre à faire marcher la passion d’amour dans la route que la bonne morale et les égards de la société lui ont marquée. […] A l’égard des hommes, la corruption est parvenue à un tel degré sur ce point, qu’il me paraît inutile d’en parler ; je me contenterai seulement de citer et d’adopter la maxime d’un Auteur recommandable qui ne craint pas de dire, qu’il n’y a plus d’honnêtes gens dans le monde, parce que la façon avec laquelle on traite aujourd’hui la passion d’amour déshonnore également tous les hommes. […] et ne pouvons nous pas ajouter que la dangereuse méthode reçue au Théâtre contribue encore à faire tomber les hommes de précipice en précipice ? […] Crébillon, j’étais d’une certaine façon prévenu contre elle ; on m’avait dit qu’elle était si atroce qu’on ne pouvait, sans frémir, en voir la représentation : après l’avoir lue, sans condamner tout à fait ceux qui m’en avaient fait ce portrait, je me sentis engagé à faire quelques réflexions sur la différence du goût des hommes dans les différents temps.
Ces grands hommes ne nous ont laissés que leurs restes, s’il est permis de le dire, que ce qu’ils ont dédaignés. […] Ils se présentent d’abord à l’homme de génie qui s’en saisit, & ne nous laisse à peindre que des vices de société. […] M. de Belloi, éclairé par les éssais & par les réfléxions de ce grand homme, a composé de nos jours un Poème qui ne doit peut-être son prodigieux succès qu’à l’heureux choix de son sujet, pris au milieu de la Nation. Il me semble que nos Poètes Tragiques, encouragés par les applaudissemens qu’ils ont vu prodiguer à M. de Belloi, doivent s’appliquer à nous peindre les infortunes, les vices, les vertus, des grands hommes nés dans la France. […] Parce que l’Historien & le Poète ne sont que des hommes.
Un homme dans l'ivresse ou le délire parle plus qu'un homme sage. […] Le prestige de la distribution graduée des ombres et de la lumière, l'imagination, l'habitude, le préjugé, l'amour du plaisir, sont des microscopes qui grossissent les objets, d'une mouche font un éléphant, et d'un homme à galons d'or un homme de mérite. […] Avant ce règne brillant les gens étaient polis, sensés, modestes, sages ; un homme de théâtre eût passé pour fou. […] La prédiction s'exécute si fort à la lettre, qu'on y voit tous les jours cette populace d'hommes déguisés en Faunes, Satyres, Nymphes, Sirènes, Naïades, Dryades, Hamadryades, etc.
L’homme a besoin de divertissement pour ne pas succomber dans les occupations sérieuses auxquelles il est engagé par son état, et pour être dans la disposition de les reprendre dans la suite. […] qui a pour but le divertissement des hommes, n’est point de soi illicite et mauvaise. […] » que si les hommes les traitent de cette manière, Dieu punira ces Acteurs bien autrement. […] Il ajoute qu’on doit juger des spectacles par le jugement que les Païens en faisaient ; ils croyaient qu’un homme était devenu Chrétien, lorsqu’il s’en absentait […] » : « Car, dit-il, l’esprit de l’homme ayant une pente naturelle vers le mal, que deviendra-t-il s’il a devant les yeux des exemples d’une nature fragile ?
Q uelque courte que soit la vie, elle est encore trop longue pour la moitié des hommes. […] Le Latin habille son héros en homme, celui du Grec paroît un Dieu. […] Les grands hommes qui se sont distingués dans le Gouvernement, où à la tête des Armées ; les événemens qui ont décidé de la conquête, où de la perte d’une Province, où de la conservation de l’Etat, étoient, pour les Grecs, des objets à jamais frappans & mémorables. Un Poéte avoit-il l’idée de faire revivre des hommes, où des faits dans une action Théâtrale, il devoit choisir ceux qui avoient une plus éclatante réputation, où qui étoient les plus agréables à ses concitoyens. […] Enfin les grands hommes ont mérité les regards de leur contemporains, avant les ridicules de la vie privée.
Tous les hommes ne retombent-ils pas tous les jours dans la plupart de leurs fautes ? […] J'avoue, sans être tartufe, que ce raisonnement me fait trembler pour mon prochain, et je crois que, s’il avait lieu, l’on pourrait compter autant d’athées qu’il y a d’hommes sur la terre. […] Par exemple, si on eût fait paraître sur le théâtre un homme à qui on n’eût donné que le nom de dévot et que l’on lui eût fait en même temps entreprendre ce que fait Tartuffe, tout le monde aurait crié : « Ce n’est point là un véritable dévot, c’est un hypocrite qui tâche à nous tromper sous ce nom. » Puisqu’il est ainsi, comme on n’en peut douter, puisque, dis-je, on connaît l’hypocrite par ses méchantes actions, lorsqu’il prend le nom et l’extérieur d’un dévot, pourquoi veut-on, pour nuire à Molière, qu’un homme qui a non seulement le nom d’hypocrite, mais encore qui en fait les actions, soit pris pour un véritable dévot ? […] Mais on ne juge pas des hommes par leur habit, ni même par leurs discours ; il faut voir leurs actions, et ces deux personnes auront à peine commencé d’agir que l’on dira d’abord : « Voilà un véritable dévot.
Il se sert encore d’un autre motif, pour détourner les Fidèles des Spectacles ; c’est dans le chap. 25 du même Livre, où il parle de la manière suivante : « Un homme pensera à Dieu dans ces lieux où il n’y a rien de Dieu ? […] Il n’y a rien de plus scandaleux dans tous les Spectacles, que de voir avec quel soin et quel agrément, les hommes et les femmes y sont parés : l’expression de leurs sentiments conformes ou différents pour approuver ou pour désapprouver les choses dont ils s’entretiennent, ne servent qu’à exciter dans leurs cœurs des passions déréglées. […] L’esprit de l’homme ayant une pente au mal, que ne fera-t-il pas, s’il est encore porté par les exemples des vices de la chair, auxquels la nature se laisse aller si aisément ? […] Je ne vous déclarerai pas leur crime par mes discours ; mais par les propres paroles de celui qui doit juger toutes les actions des hommes : Celui, dit-il, qui verra une femme avec un mauvais désir, a déjà commis l’adultère dans son cœur. » Si une femme négligemment parée, qui passe par hasard dans la place publique, blesse souvent par la seule vue de son visage celui qui la regarde avec trop de curiosité ; ceux qui vont aux Spectacles non par hasard, mais de propos délibéré, et avec tant d’ardeur, qu’ils abandonnent l’Eglise par un mépris insupportable pour y aller ; ceux qui regardent ces femmes infâmes, auront-ils l’impudence de dire qu’ils ne les voient pas pour les désirer, lorsque les paroles, les voix, les chants impudiques et tendres les portent à la volupté ? […] Tous les désordres que causent parmi le peuple ces hommes corrompus et ces femmes prostituées, retombent sur vous : car s’il n’y avait point de Spectateurs de Comédies, il n’y aurait ni Comédiens ni Acteurs ; ainsi ceux qui les représentent et ceux qui les voient, s’exposent au feu éternel.
On représente l’amour, non pas comme un crime, c’est une simple foiblesse, encore une foiblesse noble & agréable, la foiblesse des Héroïnes & des grands Hommes ; c’est une foiblesse que l’on a sçu si bien déguiser & embellir, qu’elle attire tous les regards, elle charme toutes les oreilles, elle séduit tous les cœurs ; le portrait que l’on en a fait est si flatteur, qu’on ne s’en lasse point, on ne souffre plus guères de Spectacles où elle ne se rencontre pas : c’est elle qui préside à toute l’action, elle est devenue essentielle aux Tragédies les plus sérieuses : en quoi la France a enchéri sur les Grecs & sur toute l’antiquité payenne. […] Les Héros de Théâtre sont obligés de prendre les ornemens de la vanité ; n’importe que ce soit des Saints, on les dépouille sur la Scéne, des habits obscurs de l’humilité chrétienne, pour leur faire chausser le cothurne romain : ils doivent s’exprimer avec autant de fierté que les prétendus grands hommes du Paganisme. […] La fureur des Duels vient de l’opinion fausse que l’on doit conserver son honneur aux dépens de la vie de quiconque ose le flétrir, & pour le réparer, qu’il est indispensable de tuer un agresseur : or, cette opinion, aussi contraire à la raison qu’à l’Evangile, est préconisée dans le Cid, & c’est un pere qui donne cette horrible leçon à son fils : contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs ou tue… On n’est pas moins choqué d’entendre dire à Chimene, s’adressant au meurtrier de son pere qu’elle va bientôt épouser : Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien. […] On pleure des infortunés que l’on ne connoît pas, qui n’existent plus depuis long-tems, que dans la mémoire des hommes, & qui peut-être n’intéresseroient pas, s’ils vivoient encore parmi nous sur la terre : tandis que l’on est tranquille sur sa propre destinée.
Quelles vertus enseignoient ces grands hommes ? […] Un homme sage ne donne pas de tels conseils, ne les rime pas, ne les imprime pas. […] Le grand principe d’Horace, le croira-t-on, c’est que pour bien écrire il faut être homme de bien : c’est la premiere regle, c’est la clef de tout. […] Du cœur naissent les mauvaises pensées, les discours scandaleux, les écrits licentieux ; mais l’homme de bien tire de son trésor des choses anciennes & nouvelles : c’est l’Evangile.
Rendez-moi ces trois hommes, inimitables chacun dans leur genre, et je vous garantis le Théâtre aussi florissant que jamais il ait été. Vous dîtes qu’on les remplace : est-ce une chose facile ; et dans quelque profession que ce soit, croyez-vous que les excellents hommes soient communs ? […] « Pour t’occuper n’est-il point de Grand homme Si tu ne le choisis dans Athènes ou dans Rome ? […] Dans les Siècles passés comme au Siècle où nous sommes La Nature était lente à faire de Grands Hommes ; Et l’aimable Thalie a longtemps à pleurer Avant que son malheur se puisse réparer, etc. » Voilà, Madame, tout ce que j’en ai retrouvé, et c’en est assez pour vous faire connaître combien je voyais de difficulté à mettre de pareils Noms sur le Théâtre.
Que ne m’est-il permis, MONSEIGNEUR, de louer les Grands hommes qu’elle a produits ? […] Je me borne donc à prier le Seigneur pour la conservation d’une Maison qui donne tant de grands hommes à l’Eglise et à l’Etat.
Differentes manieres d’instruire les hommes. […] Pour ces exclamations si ordinaires dans la bouche des hommes, Ha Dieu, Mon Dieu ! […] En les condannant dans la bouche des Comediens, il faudroit condanner tous les hommes generalement qui en abusent à toute heure, & sans nulle necessité. […] Pour dire les choses comme elles sont, & à la Comedie, & par tout ailleurs, il y a de la peine à regler les femmes, & les hommes en donnent moins. […] L’homme n’est content que par fantaisie, & c’est l’estre assez que s’imaginer de l’estre.
C’est se jouer du public, de crier au miracle, l’homme est naturellement imitateur & critique : qu’il prenne un moment la peine d’arranger les idées que la malignité lui suggere, il sera une comédie. […] L’esprit de ce jeune homme fut cultivé par les plus habiles hommes de son tems, Calchondile, Politien, qu’on se fit honneur d’entretenir auprès de lui, à grands frais. […] Un tel homme étoit fait pour aimer le théatre. […] A peine fut-il Cardinal, qu’il se fit nommer Général des Troupes du Pape, contre-le Duc d’Urbin ; il étoit peu fait pour commander une armée, Les soldats refusoient d’obéir à un homme de si basse naissance, & si mauvais Capitaine, & ménaçoient de déserter. […] Ces scénes si déplacées, que le goût du théatre & son air contagieux sont souvent donner, par des hommes d’ailleurs estimables, ne doivent porter aucune atteinte à la Réligion.
F. avec la plus vive douleur, le scandale qui vient de paroître dans cette Ville, par le séjour d’une Troupe de Comédiens ; de ces hommes pervers, qui n’emploient leurs talens qu’à corrompre les cœurs, & à répandre le poison dont ils sont infectés. […] L’Eglise qui les regarde comme la plus funeste yvraie, que l’homme ennemi ait jettée dans le champ du Pere de famille, n’attend pas le tems de la moisson, pour les séparer de sa Communion. […] Jusqu’à quand serez vous comme un homme qui boite des deux côtés 3.
» Et quoiqu’il n’ait pas coutume de parler à son désavantage, il avoue que les Spectacles faisaient de si grands changements dans son cœur, qu’il en retournait non seulement plus avare, plus ambitieux, plus amateur des plaisirs et du luxe : mais encore plus cruel et moins homme ; parce, dit-il, que j’ai été avec des hommes ; « Avarior redeo, ambitiosior, luxuriosior, imo vero crudelior et inhumanior, quia inter homines fui. » Que l’on prouve si on le veut, que les Comédies qui se jouent aujourd’hui ne peuvent causer que des passions innocentes, et des sentiments raisonnables, qu’on en conclue qu’il n’y a aucun danger, que ceux qui les représentent, nous communiquent les mouvements qu’ils expriment ; cela ne s’accorde point du tout avec l’expérience ; et s’il était ainsi, les gens du siècle pour qui elles sont faites, ne s’y divertiraient nullement. […] C’était autrefois la marque, à laquelle les Païens connaissaient qu’un homme s’était fait Chrétien, lorsqu’il ne se trouvait point dans ces lieux, et qu’il en avait aversion. « De repudio spectaculorum intelligunt factum Christianum.
La Peinture est une Poésie muette qui immortalise les grands hommes, qui nous fait voir leurs sentiments sur leurs visages, et qui nous représentant leur air et leur port, nous représente quelque chose de leur esprit. […] Il demeurera donc dans les termes de la prudence ordinaire, et comme il sait bien que les hommes ne connaissent pas l’avenir, il se contentera de connaître le présent, abandonnant le surplus à la Providence de Celui qui a réglé les événements des choses, et les aventures des hommes dans l’Eternité.
Le théatre rendit les romains cruels : il leur fallut des gladiateurs, des bêtes féroces, des hommes déchirés, dévorés, expirants. […] Ces deux hommes rares , dit leur émule M. […] L’opéra réunit tout au moyen de trois grands hommes, qui enfantent les paroles, les airs & les pas. […] Voilà dequoi réaliser l’heureuse découverte qui l’en fait l’auteur, & faire sentir que l’éditeur est un homme de théatre. […] Ce grand homme se rendit à l’Opéra le lendemain du Lit de Justice, & y recuillit le prix de ses travaux.
De ces deux hommes, l’un a été le plus grand guerrier, l’autre le plus habile négociateur de son temps. […] Cet homme étoit aussi singulier que son spectacle, bouffon, facétieux, toujours le mot pour rire, portant un habit d’Arlequin. […] On fait tout ce qu’on veut d’un homme livré aux actrices. […] Ce ne fut plus un phantôme, mais un homme très-réel. […] Le luxe, la bisarrerie des habits & de la parure dans des hommes de ce caractere est aussi scandaleux que la mascarade.
M’accuserait-on d’avoir eu le malheur de méconnaître les talens des hommes de mérite qui travaillent dans le nouveau genre, tels que Messieurs Favard, Sédaine, Anseaume ? […] Loin d’avoir eu dèssein de rendre un mauvais office au Théâtre Italien, il me semble que j’ai travaillé à lui acquérir par la suite une solide gloire, en m’éfforçant de prouver que ses Poèmes devaient être aussi parfaits que ceux de la bonne Comédie ; en montrant que les meilleurs Auteurs qui ont travaillé pour lui, ont eu tort de négliger souvent des principes qu’observèrent rigoureusement les grands hommes qui ont illustré la Scène Française ; & en engageant enfin tous ceux qui voudront écrire désormais dans son genre, à ne se permettre aucune liberté.
Cette heureuse femme catéchisée auprès du puits de Jacob par le Sauveur des hommes, n’a pas été trompée dans la créance dont elle était imbue sur son sujet, il ne nous a rien caché de ce qu’il nous était important de savoir, car il est le Seigneur qui enseigne à son peuple ce qui est utile, et le gouverne dans la voie par laquelle il apprend à marcher, « Ego Dominus docens te utilia »Isai. 48. , quoiqu’il retranche par là tout ce qui sert de pâture à une vaine curiosité, ou dont la connaissance renfermant de grands avantages en soi, ne peut être qu’infructueuse pour nous, à raison de l’état où sa providence nous a engagé, combien a-t-il appris aux hommes de choses qu’ils ignoraient ?
Cette peine est très grande pour un homme d’honneur, et doit suffire pour l’éloigner d’une société si méprisable. […] Un homme du commun ne s’y oppose pas ; métier pour métier, il lui est indifférent que son fils soit Savetier ou Comédien ; un homme de condition aurait bien peu de crédit, s’il n’empêchait son fils de s’y livrer, ou s’il ne l’en retirait, ne fût-ce que par la crainte d’être déshérité. […] Cet homme avait au Conseil un grand procès, où le maître de Quinault était Avocat ; le Clerc en eut soin, et le procès fut gagné. […] serait-il juste que l’honneur et la vie des hommes fût à la discrétion d’une bouche infâme qui ne s’ouvre qu’au langage de la passion et du vice ? […] S’ils ont des mœurs, ce ne peut être qu’en s’élevant au-dessus des hommes.
Considerez-vous comme des hommes qui sont morts au péché, & qui ne vivent que pour Dieu. […] F., comme des hommes qui sont morts au péché, & qui ne vivent plus que pour Dieu. […] Le démon préside toujours aux spectacles qu’il a inventés pour séduire les hommes & pour détruire leur religion, Aller à la comédie, c’est donc, à proprement parler, abandonner Jesus-Christ, & retourner au démon. […] Marquez-nous, s’il vous plaît, les raisons qui peuvent avoir porté tant de grands hommes & de Saint Conciles à les proscrire avec une indignation si universelle ? […] Dieu a fait les négocians & les marchands, pour fournir aux hommes tous les besoins différens de la vie : mais il n’a jamais fait les comédiens, pour les faire rire, & moins encore pour leur enseigner l’art de pécher avec méthode & de se damner avec quelque sorte d’agrément.
Tel était le théâtre à Toulouse, à Cahors, à Pont-à-Mousson, où ce grand homme a enseigné le Droit avec le plus grand succès. […] Ces grands hommes étaient trop éclairés et trop sages pour parler et pour penser différemment. […] Dans l’oraison pro Quintio, parlant du fameux Roscius, son ami, homme dans le métier de Comédien aussi unique par sa vertu que par son talent, il fait son éloge avec autant d’esprit que de vérité. […] Ce grand homme vit avec tant de dégoût des objets si frivoles, qu’il félicite son ami, à qui il écrit, d’avoir préféré la tranquillité de la campagne, et la douceur de la lecture, aux fêtes bruyantes dont l’éclat frappe le peuple, mais ne peut plaire à un homme sage : « Lætor te animo valuisse ut ea quæ cæteri mirantur, neglexeris. » Dans le livre de la corruption de l’éloquence, que quelques-uns attribuent à Cicéron, et qui n’est pas indigne de lui, on assure que le théâtre est une des principales causes de cette corruption. […] Ce qui m’étonne, c’est que les apologistes du théâtre moderne aient été assez peu instruits, ou assez peu de bonne foi, pour confondre ces objets, et ne pas voir par les dates même des lettres patentes et des arrêts qu’ils citent avec tant de confiance, que ces titres ne peuvent appartenir à des hommes nouveaux, si différents de ceux qu’on a voulu autoriser, qu’ils ne peuvent au contraire que proscrire des gens si opposés à l’esprit et aux vues religieuses qui les firent accorder.
Le penchant naturel qu’ont tous les hommes pour la satire, a donné naissance à la Comédie. […] Ce principe nous conduit donc naturellement à reconnoître l’utilité de la Comédie, & à convenir que ce genre d’instruction est plus propre que tout autre à corriger les hommes.
La tragédie a donc tort, et donne au genre humain de mauvais exemples lorsqu’elle introduit les hommes et même les héros ou affligés ou en colère, pour des biens ou des maux aussi vains que sont ceux de cette vie ; n’y ayant rien, poursuit-il, qui doive véritablement toucher les âmes dont la nature est immortelle, que ce qui les regarde dans tous leurs états, c’est-à-dire, dans tous les siècles qu’elles ont à parcourir. Voilà ce que dit celui qui n’avait pas ouï les saintes promesses de la vie future, et ne connaissait les biens éternels que par des soupçons ou par des idées confuses : et néanmoins il ne souffre pas que la tragédie fasse paraître les hommes « ou heureux ou malheureux » par des biens ou des maux sensibles : « Tout cela, dit-il, n’est que corruption »De Rep. lib. 10.
Car sa raison est que Dieu ne veut pas que ceux qui sont dedans les Enfers retournent comptere ce qui se fait en ces lieux, afin d’obvier au malheur qui en pourrait sourdre : Les damnés qui retourneraient au monde, souffleraient ès entrailles des hommes la fureur et la rage des tourments qu’ils endurent : Ainsi les Poètes Tragiques feignent que l’Ame de Thyeste sortant des Enfers, brouille et renverse tout l’état de sa famille, met en trouble sa maison, acharnef Egiste à vengeance, incite à fureur Clytemnestre, lui souffle le venin de jalousie en l’Ame, et la fait meurtrière de son mari : et l’acte commis, pousse Oreste à venger sur Egiste et sa mère la mort de son père, et les tuer tous deux, afin qu’après leur mort, il fût tourmenté de l’horrible regard des Erinyes et Furies qui lui représentent devant les yeux l’énormité et gravité du délit perpétré. […] C’est pourquoi ne se peut attendre que toute bonne chosei de la venue des bonnes ames en terre qui apparaissent visibles par le congé de Dieu à ceux des hommes qu’il lui plaît.
Des enfans qui retrouvent un pere & une mere, qu’ils croyoient morts, ou qu’ils ne connoissoient pas, causent un saisissement qui est naturel à tous les hommes. […] Il n’y a guére d’homme qui n’ait un ami, & vingt ans fourniront à peine un spectateur doué des qualités que nous supposons ici. […] Les mouvemens y sont si mal combinés, les incidens si peu naturels, les situations si forcées, qu’il n’y a guére d’homme de sens sur qui cette scène fasse une certaine impression. […] Selon la Loi des Chrétiens, Dieu a souvent fait connoître sa volonté aux hommes, par la voie des songes. […] Pour nous qui ne voyons dans le tonnerre qu’un effet naturel, & qui savons que les hommes ne commandent point aux élemens, nous bannissons le tonnerre de la Tragédie.
Leurs effets sont donc tellement répugnants à leur préceptek en ceci que tout homme d’esprit mettra aussi peu de foi aux uns qu’aux autres. […] Migne, tome 3, col. 1184-1185, mais le texte est différent), « Le jeu est nécessaire à la conservation de la vie humaine et au commerce des hommes ; mais on peut choisir, parmi les occupations permises, celles qui sont nécessaires à la conversation des hommes. Ainsi, le métier d’histrion, qui a pour but la distraction de l’homme, n’est en soi ni infâme, ni illicite, et ceux qui en usent ne se mettent pas pour cela en état de péché, pourvu qu’ils en usent modérément. […] [NDE] Comprendre : les hommes jouent le rôle qu’il a plu au Tout-puissant de leur conférer, et qui est adapté à eux.
On ne peut pas dire qu’elle soit nécessaire au soulagement, au délassement de l’homme, que le métier n’en est pas mauvais par lui-même, qu’on peut faire des dons aux femmes débauchées, pour les entretenir ; & quoiqu’on les tolère en quelques endroits, c’est de sa nature un mal absolu, sans modification. […] Paphnuce, à qui il fut révélé qu’un de ces hommes étoit d’une sainteté éminente. […] La vue des spectacles ne doit pas être une curiosité mauvaise : c’est un amusement agréable & naturel ; l’homme aime naturellement à voir peindre & représenter, comme le dit Aristote. […] Les représentations théatrales sont même plus dangereuses ; ce sont des peintures animées des passions, où des hommes & des femmes, vivant, agissant avec toutes les graces & les attraits du vice, sentent, expriment, font sentir tout ce que sentiroit le personnage qu’ils jouent. […] Segneri Jésuite, l’homme le plus célèbre de ce siecle en Italie par sa piété, ses talens, ses ouvrages, ouvertement décidé contre le théatre, qui par-tout avec le plus grand zèle l’a condamné & poursuivi.
: d’où il conclut « que le plaisir étant le repos de l’homme », selon Saint Thomas, il peut prendre au jour de dimanche celui de la comédie, pourvu que ce soit après l’office achevé : à quoi il tâche encore de tirer Saint ThomasPage 55. [« Lettre d’un théologien », page 55]. […] « sauve les hommes et les animaux », comme dit David, pourvoit au soulagement même des bêtes, afin que les hommes apprennent par cet exemple à ne point accabler leurs semblables de travaux ; ou bien c’est que cette bonté s’étend jusqu’à prendre soin de nos corps, et jusqu’à les soulager dans un travail qui nous est commun avec les animaux ; en sorte que ce repos du genre humain est un second motif moins principal de l’institution du Sabbat.
Je crus qu’un homme qui se mêlait de railler tant de monde, était obligé d’entendre raillerie, et j’eus regret de la liberté que j’avais prise dès qu’on m’eut dit qu’il prenait l’affaire sérieusement. […] Mais aussi ne fallait-il pas qu’un homme d’autorité, comme l’auteur des Imaginaires, se donnât la peine de prononcer ce qui en était. C’est bien assez pour lui de prononcer ; il n’importe que ce soit dans sa propre cause ; l’intérêt n’est pas capable de séduire de si grands hommes ; ils sont les seuls infaillibles.
, « qu’il viendra un temps que les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et qu’ayant une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à des Docteurs propres à satisfaire leurs désirs. […] Charles ; car ne pouvant abolir les spectacles, il fit ordonner au 3e Concile Provincial21, que les Prédicateurs reprendraient avec force le dérèglement de ces plaisirs publics que les hommes séduits par une coutume dépravée mettaient au nombre des bagatelles où il n’y a point de mal : qu’ils décrieraient avec exécration les spectacles, les jeux, les bouffonneries du Théâtre et les autres divertissements semblables qui tirent leur origine des mœurs des Gentils et qui sont contraires à l’Esprit du Christianisme : Qu’ils se serviraient de tout ce qui a été dit de plus pressant sur ce point par Tertullien, S. […] Serait-il en effet nécessaire d’entrer en discussion avec un homme, qui connaissant, à ce qu’il dit, quelle est sur les spectacles la Tradition de l’Eglise manifestée par tous les Pères et les Conciles depuis le premier jusqu’au dernier, laisse à l’écart tous ces Pères et ces Conciles, « pour se rendre, dit-il, à la droiture de la raison », et à une autorité supérieure qu’il croit trouver dans quelques Scholastiques. « Si je m’abandonne à la rigueur avec les Pères de l’Eglise,ce sont ses termes23 , et que j’invective contre la Comédie, comme contre une des plus pernicieuses inventions du Démon, je ne puis lire nos Théologiens, ces grands hommes si distingués par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leur raisonnement, et plus encore par la force du leur autorité. […] Qu’un homme dans un ouvrage, où il accuse de péché mortel les Prélats qui vont à la Comédie, ose avancer qu’il y en a plusieurs qui y vont. […] » Voilà où Notre Seigneur a renvoyé tous les hommes pour apprendre la Sainte Doctrine.
le plus grand, au dire de notre Seigneur même, d’entre les enfants des hommes. […] dit ces paroles à ce propos : « Où sont les violons, les danses et les battements des mains, là sont les ténèbres des hommes, et la perdition des femmes, la tristesse des Anges et la fête des diables » : Apud Cornel. in Exod. c. 15. […] Les filles sont ravies d’aise, de voir que la légèreté de leur corps seconde celle de leur esprit, et croient être plus parfaites de savoir bien danser, que de savoir bien vivre. » Voila le jugement de ce grand homme sur les danses qui se faisaient de son temps, lesquelles n’étaient pas assurément plus criminelles que celles d’à présent. […] Vous avez le Prince des Orateurs Cicéron, qui soutient et avec raison, que d’appeler un homme danseur, c’est lui faire une injure fort atroce, parce que, dit-il, ce vice ne va jamais qu’il ne soit accompagné de plusieurs autres ; car personne d’ordinaire ne danse étant sobre, si ce n’est qu’il soit fol, ni en solitude, ni dans un festin modéré et honnête : la danse suit volontiers les banquets déréglés, les lieux plaisants et les autres délices.
, fussent dilatées une seule fois par un mouvement, qui lui paraissait accompagné d’une indécence indigne d’un Dieu fait homme. […] vous avez des paroles de vie éternelle » : mais encore ceux qui étaient venus pour se saisir de sa personne, répondaient aux Pharisiens, qui leur en avaient donné l’ordre : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » Ibid.VII, 46. […] « Qu'ils s’endorment entre ses bras, et qu’ils s’entretiennent avec elle en s’éveillant » comme un Salomon : pour les instructions du théâtre, la touche en est trop légère, et il n’y a rien de moins sérieux, puisque l’homme y fait à la fois un jeu de ses vices et un amusement de la vertu.
Le temps n’est plus où le caprice et l’oisiveté pouvaient enfanter des volumes sans objet ; les travaux de l’esprit sont actuellement vus sous un aspect plus élevé ; l’art de l’historien ne consiste plus à tourner adroitement des épigrammes ; on n’irait pas loin en estime littéraire par une élégie sur les rigueurs de la marquise ou une épitre légère sur les séductions du chevalier ; nous voulons dans les romans autre chose que les mœurs de l’antichambre ou du boudoir, et certes, ce serait à nos yeux un étrange philosophe que celui qui n’étudierait la nature morale de l’homme que pour en faire saillir toutes les imperfections, ou qui s’attacherait à éteindre toute exaltation de l’âme par un froid et amer dénigrement. […] Le sujet semble, en effet, au premier aperçu, beaucoup mieux convenir à un docteur de Sorbonne qu’a un maréchal de camp ; rarement on a vu le même homme mener de front les matières cléricales et les théories stratégiques ; il est fort permis à un général de n’avoir pas lu Baronius, et ce n’est certainement pas dans les actes des conciles qu’on apprend à placer des batteries ou à ranger une division en ligne de bataille ; enfin, si l’on me permet cette forme triviale, canons et canons il y a, et l’on pouvait raisonnablement craindre qu’un homme habitué à vivre au milieu de ceux de Mars, ne traitât un peu cavalièrement ceux de l’Eglise. […] Par conséquent, la comédie fut donc instituée, approuvée et consentie par les autorités suprêmes du royaume. » Il n’y a plus qu’un mot à dire maintenant, car les comédiens, qui se succédèrent depuis cette époque jusqu’au grand homme à qui le curé de Saint-Eustache refusa la sépulture chrétienned, tinrent tous directement leurs droits des Confrères privilégiés, et furent obligés de faire une réserve sur leurs bénéfices pour payer l’autorisation qui leur était accordée.
Le but que la Sagesse incarnée s’est proposé, est incontestablement de réconcilier les hommes avec Dieu, & d’en faire des saints. […] Un vrai Chrétien est donc un homme qui n’est occupé qu’à bénir la main toute-puissante qui l’a arraché à l’Enfer ; qui a abbatu le mur de séparation, que ses infidélités avoient élevé entre le Seigneur & lui, & qui a fait sa paix avec Dieu.
C’est un homme de mauvaises mœurs, disons-nous, celle-ci a de bonnes mœurs. […] Tel Roi peut être jaloux, galant, ambitieux, aussi bien qu’un de ses Courtisans, au lieu que les mœurs dépeintes dans notre Opéra ne sont applicables qu’à une seule classe d’hommes.
Orphée par la douceur de son Luth apaisea insensiblement trois hommes transportés de colère, et fait le second trait du caractère du Prélat. […] Des Matelots qui viennent du fond de la mer et qui ne rentrent dans leur barque qu’après avoir dansé, peuvent-ils être des Symboles d’une vertu qui ne pouvant enseigner aux hommes qu’à s’acquitter de leur devoir, ne pourrait que condamner ces Pasteurs Mercenaires et ces Matelots infidèles, qui abandonnent pour danser, les uns leurs troupeaux ; les autres leurs barques ?