« Comme Jésus parlait aux troupes, un Prince de la Synagogue vint à lui, et l’adorant lui dit : Seigneur, ma fille vient présentement de rendre l’esprit ; mais venez, touchez-la de votre main, et elle vivra. […] Si donc l’on pèche dans ces sortes d’occasions, ce n’est que la mauvaise intention des particuliers qui en est la cause, et nullement le spectacle qui est de soi indifférent, et que l’on peut rendre bon ou mauvais selon la disposition dans laquelle on est. […] C’est pour vous faire voir, c’est pour vous rendre agréable. […] Tout ce qu’il vous est possible pour paraître belle, agréable, charmante, et pour être du nombre de celles à qui on vient rendre des hommages comme à des divinités visibles.
Louis XIV, avancé en âge et rendu à lui-même, en rougit. […] Toutes ces pièces politiques qui font allusion aux affaires d’Etat, où l’on tâche de rendre ridicules et odieux aux peuples les Souverains ennemis, sont contraires à la sagesse du gouvernement : on doit respecter la majesté du Trône, même dans des ennemis ; la faire mépriser au peuple, c’est l’accoutumer à ne pas respecter son propre maître. […] Il est même étonnant que Richelieu, qui était grand d’ailleurs, se soit abaissé jusque là ; mais son enthousiasme poétique le rendait si petit. […] Voltaire (Siècle de Louis XIV) rapporte ce fait, mais n’en parle pas si religieusement ; il veut tirer avantage en faveur de la comédie, de ce que M. de Beaumont, devenu Archevêque de Paris, confirma par son silence la décision qu’il avait fait rendre en Sorbonne. […] Encore même ces Docteurs y mettent des restrictions qui rendent leur indulgence inutile.
Pour se permettre des digressions, il faudrait avoir le talent de les rendre intéressantes, instructives, ou agréables. […] Mais (insistez-vous) comment l’augmentent-ils, si le spectateur s’acquitte de tout ce qu’il doit à la vertu, par l’hommage qu’il lui rend, et ne la pratique pas ? […] D’ailleurs, votre éloquente hyperbole est un bel éloge de la Poésie ; et vous lui rendez bien en honneurs, ce que vous lui ôtez en utilité. […] … Je vois un Hercule, un fils de Jupiter, plus grand que ce Dieu lui-même, embrasé d’un feu cruel qu’il a cru légitime, sensible encore à l’amitié, se vaincre pour elle, triompher de l’Amour, comme il avait triomphé de la mort, et rendre croyables, par cet effort, tous les prodiges que la Fable attribue à ses forces plus qu’humaines. […] Je pense avoir rendu mon nom assez illustre, Pour n’avoir pas besoin qu’on lui donne un faux lustre. » Et ceux-ci de la cinquième scène du cinquième acte : « Eh !
Peut-on rendre les héros plus méprisables, et renvoyer les spectateurs plus indignés et plus scandalisés ? […] « Puis-je rendre trop tôt ma substance mortelle ? […] La mort qui détruit l'humanité la rend-elle libre ? […] Molière, sous prétexte de décrier la fausse vertu, rend suspecte la véritable, et fait triompher le libertinage. […] Mais est-il de l'intérêt public de rendre les gens tristes et sombres ?
Je pense qu’on ne sera pas faché de trouver ici une définition précise & plus étendue du mot Opéra-Bouffon ; elle le rendra familier à des gens qui se flattent mal-à-propos de l’entendre ; elle servira sur-tout à démontrer pour quel motif le nouveau Théâtre est établi. […] Le stile en est bas, les plaisanteries populaires, & l’action serrée & peu importante ; c’est un Drame singulier qui nous plait d’avantage dès qu’il se rend plus ridicule. […] On fait donc bien de nous rendre chaque jour les témoins de leurs actions : il est vrai qu’ils feraient un éffet plus prompt, plus sensible, sur des Spectateurs de leur état.
Cette dame n’est pas si scrupuleuse, ni si craintive que vous, elle a autrefois commis quantité de péchés, elle n’a pas rendu grand service à Dieu, elle ne châtie point son corps, elle se divertit et passe son temps, et aussi elle n’a pas peur d’être damnée, parce que ses divertissements sont innocents. […] Pensez-vous être excusé au jugement de Dieu, d’avoir plutôt ajouté foi à un casuiste à la mode qui se rend complaisant à vos inclinations, qu’à S. […] Thomas, il n’y a rien de si facile que de résoudre les questions morales et les cas de conscience, quand on les considère en la thèse ou selon la théorie, dans leur genre ou dans leur espèce, parce qu’une action morale n’est bonne, mauvaise ou indifférente en son espèce, que par le rapport qu’elle a à son objet, selon qu’il est bon, ou mauvais, ou indifférent ; mais il n’y a rien de si malaisé que de résoudre ces mêmes questions en particulier et en hypothèse, parce qu’une action n’est pas bonne en l’individu seulement par son objet, mais par l’assemblage de toutes les circonstances nécessaires, et qu’il ne faut que l’absence d’une bonne circonstance, ou la rencontre d’une mauvaise, pour rendre vicieuse une action qui de soi serait bonne ou indifférente : Bonum ex integra causa, malum ex quolibet defectu.
La campagne nous découvre l’un et l’autre ; elle nous montre au doigt le lieu de notre dernier rendez-vous, et nous inspire fortement d’en prendre le chemin. […] Il forme le corps, dit-on, il débande l’esprit : Est-il besoin pour rendre une fille modeste et de belle taille de lui apprendre à sauter ? […] N’est-ce point plutôt la curiosité qui nous y attire pour nous rendre juges de ceux qui feront le mieux ? […] pourquoi leur rend-on plus d’assiduité pour les entendre, qu’on ne fait aux Prédicateurs de la vérité ? […] Ils passent par la rue des filous pour se rendre au gibet.
Abaillard est le champion qui les attaque, en champ clos, dans différens endroits, rompt avec eux une lance, & pour achever la farce, enseigne la philosophie de Cithère à sa maîtresse, espece de savante & de bel esprit du tems, sous prétexte de lui apprendre les Cathégories d’Aristote, & pour fruit de ses leçons, la rend mere ; & ses écoliers le font eunuque. […] Sur qui l’injuste Ciel fait tomber son courroux, A quel affreux malheur ton époux s’expose, Tu le vois accablé, j’en suis seule la cause, Faloit il que l’himen nous unit de ces nœuds, S’il devoit à jamais te rendre malheureux ; Mais je veux te venger du destin qui t’opprime, Vois ce que j’entreprends, reçois-moi pour victime. […] La préférance qu’elle donne au célibat, sur le mariage, non par un principe de réligion, comme l’Evangile y invite, mais par un rafinement de volupté, pour rendre plus piquant des plaisirs que la decence assaisonne, & que la liberté & la légitimité du mariage rend insipides, principe des Philosophes ennemis de l’état Réligieux, dont cette admirable Abbesse du Paraclet ne rougit pas de faire l’aveu. […] Ainsi Moliere forma Baron, Racine forma la Chammélé ; ainsi les grands maîtres se sont rendus doublement utiles. […] Tel autrefois le Sénat des femmes, créé par Héliogabale, avec la haute jurisdiction sur les affaires de galanterie ou de toilette ; mais depuis que le théatre est devenu le sage mentor & le souverain des François, l’autorité des femmes est devenue souveraine : elles donnent des loix, prononcent des arrêts & des oracles, & sont des Divinités, à qui tout rend un culte réligieux.
Un regard suffit au jugement de Dieu pour rendre aussi digne de châtiment que si on avoit commis le crime : Qui viderit, jam machatus est. […] & quel compte rendront à Dieu des supérieurs négligens qui les laissent prendre à une jeunesse qu’ils sont chargés de former à la vertu ! […] Non : ce n’est pas leur faute d’être foibles, mais la vôtre de vous rendre dangereuses. […] Ne craignez-vous pas qu’on vous rende le mal que vous faites ? […] Quel compte à rendre à Dieu, d’allumer tant de feux, non par hasard, mais de dessein prémédité !
L’heure étant venue, le Chapitre, en vertu d’une délibération prise la veille, son Bedeau à la tête, part de la Cathédrale, après Vêpres, & se rend processionnellement, deux à deux, à la salle des spectacles, pour célébrer une autre sorte d’office. […] Après la piéce il y eut un soupé & un bal, les acteurs & les actrices s’y rendirent avec leurs habits, ainsi les aubes & les sacs des Pénitens se mirent à table, & danserent jusqu’au lendemain. […] Ce rendez-vous s’ouvre deux fois la semaine, le Jeudi & le Dimanche, à la place de l’Office Divin, qui n’entre jamais dans les opérations du théatre. […] C’est le trône du vice, le rendez-vous de tout ce qu’il y a dans une ville de libertins, sans réligion & sans mœurs. Les plus fortes digues peuvent à peine arrêter le torrent ; peut-on juger nécessaire un divertissement, où il est au contraire nécessaire de prendre les plus grandes précautions, pour prévenir les excès continuels de ceux qui s’y rendent.
Le Roi de Prusse, aussi bien que l’Eglise Catholique, ordonne la publication des bans & la bénédiction du Ministre devant des témoins, deux conditions nécessaires pour empêcher la clandestinité, chose la plus opposée à la nature d’un état que tout doit rendre public dans la société pendant toute la vie, publication d’ailleurs nécessaire pour découvrir les empêchemens du mariage, instruire les personnes intéressées à s’y opposer, à mettre en sûreté les hypotheques des créanciers. […] C’est donner aux libertins la liberté la plus complette, c’est introduire une clandestinité journaliere, & rendre l’engagement conjugal le contrat le plus profane. […] Laisseroit on en Prusse épouser une Juive, une Turque sans lui faire promettre de se rendre Chrétienne ? […] Je veux rendre ces loix plus respectables. […] Il est vrai que ce refus est difficile à prouver, qu’il peut quelquefois être légitime, que les Messalines sont insatiables, qu’on peut se rendre importun frauduleusement pour se ménager une défaite, qu’on ne trouve point dans la Bible, mais qu’Arlequin trouveroit bonne, & qui lui donne beau jeu.
Les Théâtres ne tomberent pas avec l’Empire Romain en Italie, s’il est vrai, comme le soutiennent quelques personnes, que la Farce Italienne, Spectacle très-ancien & très-constant en Italie, est une suite de ces Spectacles bouffons dont les Romains dans les derniers tems étoient si amoureux, & que les Zanni rendent ce Personnage nommé par Ciceron Sannio, Acteur qui, au rapport de Ciceron, faisoit rire par sa voix, son visage, ses gestes, & toute sa figure, ore, vultu, motibus, voce, denique corpore ridetur ipso. […] Les Acteurs se pourvurent à la Cour, & pour se la rendre favorable, erigerent leur Société en Confrairie, sous le titre de la Passion de Notre Seigneur. […] Mais nous ne nous glorifions pas de la vie que nous rendîmes à ces Sujets, dans une Langue qui n’étoit pas encore capable de les traiter. […] Sarasin qui dans sa longue Dissertation ne dit pas un mot de Corneille, donne à Hardi la gloire d’avoir tiré de la fange, notre Tragédie, à Mairet celle de l’avoir rendue reguliére, & à Scuderi celle de l’avoir rendue si admirable, que s’il eut vecu du tems d’Aristote, ce Philosophe eût prit sa Tragédie pour le fondement de sa Poëtique. […] Les Sujets les plus merveilleux de la Fable furent consacrés à un Spectacle, qu’on vouloit rendre merveilleux par les Machines & les Décorations.
La loi des douze tables, par piété ou par politique, rendit à Rome tous les spectacles des exercices religieux. […] Cette origine Païenne doit rendre le théâtre abominable aux Chrétiens, qui font profession d’avoir une horreur extrême pour l’idolâtrie, comme l’enseignent tous les Pères. […] Qu’elle trouve dans les brasiers éternels le juste salaire de ses prostitutions et de ses scandales, qu’on lui rende tout ce qu’elle a fait. […] Les spectacles amollirent le courage de ces guerriers invincibles, et les rendirent le jouet des barbares. […] Toute la métempsychose de Pythagore ne lui rendrait pas assez de vies pour en immoler une à chaque aventure.
Eh bien, on se rend à peu près aussi ridicule en voulant me faire croire que je vois agir des gens qu’une muraille épaisse est censée dérober à mes yeux. […] Il n’y a qu’une seule Scène dans la Tragédie d’Ajax où l’on ne suppose plus de Spectateurs ; mais le Poète est quelquefois forcé de ne les rendre témoins qu’en esprit de son action dramatique.
Pour rendre ces autorités aussi efficaces que convaincantes, D. […] C’est la Religion qui rend un Prince selon le cœur de Dieu. […] Avec de pareils remedes, on rend incurable le mal qu’on prétend guérir ». […] Nos Poëtes ont rendu les Spectacles languissans, fades & doucereux comme les Romans. […] En vain les Souverains rendront des Edits en leur faveur, ils n’en profiteront pas ».
Vous allez à la vieillesse, dont les infirmités vous rendront dégoutante, à la mort où vous serez la pature des vers, au jugement où vous rendrez compte de toutes vos œuvres, à l’enser où vous serez punie à jamais ; aurez-vous un fard pour vous embellir dans le tombeau, au jugement en enser ? […] L’auteur se promet un grand fruit de son livre ; c’est qu’il sera utile au théatre, en enseignant aux comédiens le vrai costume de tous les tems, ce qui contribuera à rendre l’illusion plus parfaite, bien inestimable pour l’Etat, les mœurs & la Réligion. L’excès ou l’affectation des parures, rend légitimement suspect de plusieurs vices. 1°. […] Malheur à qui aime le monde, & ce qui est dans le monde : ce qui embellit aux yeux du monde, rend difforme aux yeux de Dieu. […] Ce cas est rare, communément on vient à la Communion dans un état modeste ; les femmes qui n’ont point de réligion, ne communient pas, celles qui en ont se rendent alors justice, fussent-elles des actrices.
Alexandre trouva dans les dépouilles de Darius qu’il avoit vaincu, une boëte de parfums qu’on regardoit comme un trésor sans prix ; il la méprisa, & la fit jeter, ne voulant pas la distribuer à ses Officiers pour ne pas les rendre efféminés. […] Toute l’antiquité a cru, dit-il, & l’expérience le démontre, que la passion pour les odeurs & les parfums, est une marque évidente de libertinage qui rend très-suspect, mollitiæ & petulantiæ studium signatur unguentis & odoribus hoc crimine suspecti suns omnes qui odoramentis indulgent . […] & les parfums qu’on répandoit par volupté, ou les prodigue par nécessité, & les corps qu’on embeaumoit pendant la vie, avec le plus de sensualité, sont ceux qui plus infects que les autres, en rendent la profusion plus nécessaire. […] Un homme fain, un bon tempérament n’a aucune odeur : la plupart de maladies rendent l’haleine & la transpiration fœtides. […] Une vie réglée, sobre, frugale est un doux parfum, la crapule rend insupportable, sur tout l’ygrognerie fait fuir tout le monde.
Il prétendent élire un Roi, être eux-mêmes éligibles, lui rendent les plus grands honneurs, & lui ôtent toute l’autorité. […] que celui qui se rend le maître de la Mer Baltique, le sera de tout le commerce du Nord, & qu’il n’est point de leur intérêt de laisser fortifier des voisins si entreprenans & si redoutables ? […] Cette paix confirme à jamais le démembrement de ce royaume, le regne des erreurs des Protestans & du schisme des Grecs, & rend indissolubles les chaînes dont on le charge. […] Les personnes invitées s’y rendirent à huit heures du soir, & trouverent les avenues, les jardins, le château magnifiquement illuminés. […] Il faut bien que le Doge puisse s’y rendre commodément, & qu’à sa dignité soit attachée cette glorieuse prérogative.
Il est peu de livres plus licencieux, il est plein d’obscénités, d’impiétés, de sarcasmes, contre le Clergé & l’état Religieux, pour le rendre odieux & ridicule. […] Tantôt c’est un prétendu Sylphe, qui d’intelligence avec la soubrette qu’il a gagnée, se déguise en fille de chambre, & rend indécemment toute sorte de services à sa maîtresse. […] Quelle seroit votre injustice de rendre dangereux ce qu’on ne sauroit fuir ? […] Telles sont les épîtres dédicatoires à ses maîtresses : il importe beaucoup au public de savoir qu’il lui donne ce soir un rendez-vous, & qu’il a à se plaindre d’une tante incommode qui traverse ses amours avec Julie ! […] Voilà le caractère du siecle, & la prétendue décence des Comédiens de nos jours, une décence factice, une délicatesse de mots, qui voile les horreurs du vice, & assaisonne l’aliment de la corruption par un petit sel de modestie qui le rend plus piquant.
Dieu ne fait pas à tout le monde la grace qu’il a fait à celui-ci, quoiqu’une résistance de quarante ans l’en eût rendu bien indigne. […] Les Italiens leur ont substitué des hommes & des femmes d’intrigues, qui ne sont pas rares chez eux, & qui rendent le même mauvais service à la jeunesse. […] La modestie du sexe, l’éducation de la jeunesse, deux objets si importans à la société, rendent donc indispensable la suppression, du moins une entiere réformation du théatre. […] De tous les genres de poësie la dramatique est celle qui demande le plus de génie & de talent, de sagesse & de dignité, sans quoi l’on se rend méprisable & pernicieux. […] Ce n’est donc qu’en la bannissant sans réserve qu’on peut espérer de rendre le théatre tolérable.
Tous les crimes du fils sont les siens puisqu’il en est la cause : et qu’en bonne logique on rend toujours la cause responsable de l’effet qui ne serait pas sans elle. […] Quand Molière donc fait voler un père par son fils, qu’il fait désirer à un valet l’occasion de voler son Maître, c’est pour apprendre aux avares de combien de maux ils se rendent la cause. […] Plus ils les font voir dangereux, plus ils les rendent odieux, plus ils autorisent les gens sensés, les pères de famille attentifs à se défier d’eux et à se pourvoir contre leurs manèges et leur fourberie, plus ils leur font sentir combien il est dangereux de souffrir aucun commerce entre leurs enfants et de pareilles gens. […] « Franchement, il est bon à mettre au cabinet. »df S’il faut de pareils traits à la Philosophie pour vous la rendre agréable, vous êtes fondé à regarder Alceste comme un sage, mais les autres vous regarderont vous et lui comme deux… etc. […] Que vous la rendriez haïssable cette Vertu, si vous étiez son seul Prédicateur !
Qui ne sait que la divine Psalmodie est une chose si bonne d’elle-même qu’elle ne peut devenir mauvaise que par le même abus qui rend quelquefois les Sacrements mauvais ? et qui ne sait au contraire que la Comédie est naturellement si mauvaise qu’il n’y a point de détour d’intention qui puisse la rendre bonne ? […] On jugera si vos reproches sont plus raisonnables, voici le plus grand que vous faites à ceux de Port-Royal, et par lequel vous prétendez les rendre coupables des mêmes choses qu’ils condamnent dans les Poètes de Théâtre. […] Le Traducteur n’a dans l’esprit que des règles de Grammaire qui ne sont point mauvaises par elles-mêmes, et qu’un bon dessein peut rendre très bonnes ? […] Voilà ce qui l’a rendu digne de la doctrine de saint Augustin.
Jamais le prétexte de faire goûter la saine morale ne leur a fait imaginer un rôle de Confucius par ceux-mêmes qui veulent faire accroire qu’on ne lui rend qu’un culte civil. […] les parures, les nudités rendent-elles bien Judith, Esther, Abraham ? […] Elle qui n’envisage que Dieu, qui se dit sous la protection des Anges, à qui Dieu même rend témoignage, que tout le monde regarde avec vénération, fait dépendre son honneur de la présence d’un amant qui ne ferait plutôt que la déshonorer. […] 4. 41.) ne voulut pas que le Démon lui rendît témoignage ; il le lui défendit avec menace, quoique le Démon dit la vérité, « comminatus est increpans ». […] Il tenait ce langage pour le tenter de vanité, comme dans le désert, pour se le rendre favorable en le flattant, pour ne pas choquer le peuple qui l’adorait.
Le Poète éxaminera soigneusement si son sujet est vraisemblable ; les principes que je viens d’établir pourront peut-être l’éclairer ; il éloignera tout ce qui rendrait merveilleux les incidens de son Drame ; il fera ses éfforts afin de s’approcher de la Nature. […] Il ne faut cependant pas se rendre esclave de son Sujet, & n’oser y faire des changemens dans la crainte de s’écarter de l’Histoire, ou de la manière dont un fait est survenu. […] La plus-part des personnages de Zaïre ont éxisté ; mais l’Auteur les rend en bute a des malheurs, il les fait rencontrer dans des situations qu’ils n’éprouvèrent jamais.
Sans les soins qu’ils prennent de faire valoir bien des Drames, le moment de leur naissance serait souvent celui de leur mort : & cependant aucun des habitans du Parnasse ne veut avouer les services que lui rendent les talens des Acteurs. […] Mais pour rendre à leurs talens l’hommage qui leurs sont dus, & les engager à les perfectionner encore. […] Tous ceux qui s’étonnent que des gens de Lettres ayent si bien imités dans leurs ouvrages des Bucherons, des Savetiers, qu’ils ne fréquentent sûrement pas ; ont plutôt lieu d’admirer des Acteurs qui se rendent tout-à-fait semblables à des Personnages qu’on n’a fait que leur peindre.
Nous ne rendrons, je pense, la Parodie supportable qu’en l’assujettissant tout à-fait à la musique. […] Mais le juste reproche que lui font les honnêtes gens achève de lui ravir notre estime, & la rend indigne d’être soufferte. […] La seule nouveauté qu’on y observe, c’est qu’une action noble est rendue quelques fois commune & populaire, & qu’on en diminue de beaucoup la durée.
Se peut-il, Mademoiselle, que vous me rendiez l’arbitre de votre sort ! […] Puissions-nous la rendre éternelle ! […] Elle m’apportait une petite robe, destinée pour cette démarche, & que monsieur D’Alzan n’avait pas vue J’ai fait une nouvelle toilette : ensuite je me suis rendue chez Mademoiselle ***, d’où j’ai renvoyé Agathe auprès de nos enfans.
Il a été indigné que le domaine sur les créatures ait été donné à l’homme : c’est pourquoi il a tâché d’envahir ce domaine, et de s’en servir pour rendre l’homme coupable. […] des chevaux était simple dans le commencement : c’était pour faire voyage ; rien ne rendait mauvais un usage universel. […] On se rend à l’un et à l’autre de ces deux spectacles au sortir du temple ; où l’on a prodigué l’encens en abondance, et arrosé les autels du sang de plusieurs victimes. […] comme certains esprits ne se rendraient qu’avec peine à ces vérités, tâchons de les convaincre par d’autres raisons. […] Non, mes Frères, la foi nous les rend déjà présents ; et nous pouvons les imaginer, comme s’ils se passaient actuellement à nos yeux.
Il s’ensuit de ce tableau, que la Comédie dont le but est de corriger les mœurs, les rend plus mauvaises, puisqu’elle contribue à fortifier & à étendre l’amour-propre qui ne nous est déja que trop naturel. […] Mais si ce même homme est raillé sur ce défaut, non-seulement il n’en conviendra plus, mais il cherchera à perdre son impertinent Censeur ; d’où je conclus que la raillerie ne fait qu’humilier sans rendre meilleur, ou ce qui revient au même, qu’elle peut bien engager les hommes à déguiser leurs défauts, mais non pas à les abandonner. […] Le but de la Comédie est de rendre les hommes meilleurs. […] Je ne compte pas parmi les avantages de la Comédie, traitée selon les regles qui constituent son essence, celui de faire cesser le cri des dévots contre les Spectacles ; car il faut convenir qu’ils n’ont eu jusqu’ici que trop de raisons de déclamer contre un Spectacle qui se prétendant institué pour corriger les Mœurs, les a peut-être rendues plus mauvaises.
Il est de cela, comme de prêter des échelles aux voleurs de qui on se rend complice par ce moyen. […] Cette action des Grands, ni leur qualité ne les rendent pas impeccables, au contraire la parole de Dieu enseigne, que les Grands et les Puissants seront les plus puissamment châtiés, Sap. 6. 7. […] Ce n’est qu’un exercice honnête pour les rendre plus hardis et capables de parler en public, selon les Emplois que la Providence et leurs parents leur pourra donner. […] Je crois vous avoir dit que les assistants et les joueurs, étaient presque également coupables, et que les Pères de l’Eglise ont appelé ce péché très grieff, qui peut se rendre pire par les diverses circonstances ; ce qui doit suffire à des vrais Chrétiens qui croient en un Dieu, à qui le péché véniel a même été mortel, et qui est mort indistinctement pour tous les péchés des hommes.
Quelquefois même8 pour rendre les jeux plus vifs, on convenait de prendre « des armes à outrance et à fer émoulu », enfin on disposait si bien toutes choses qu’on pouvait se blesser à mort et demeurer sur le carreau. A entendre parler diverses personnes qui faisaient alors profession des armes, rien n’était plus grand, plus digne des Chrétiens, et plus méritoire que ces jeux, parce qu’on se rendait ainsi capable d’aller exterminer les Infidèles. […] Ce n’est pas du moins le sentiment de Mézerai et des Auteurs contemporains ; les Arrêts que le Parlement rendit contre les premiers Comédiens, déposent le contraire. […] Saint Chrysostome ne cessa jamais de prêcher contre les spectacles, et quoiqu’il ne les fit pas cesser, il les rendit moins fréquentés.
Nouvelle lâcheté qui le fait passer tour à tour de l’erreur à la vérité & de la vérité à l’erreur, & le rend infiniment plus méprisable, par son hypocrisie, sa foiblesse & ses sacriléges. […] Une folie de carnaval le rendit perclus de tous ses membres. […] C’étoit unir le vice à la vertu, la difformité aux graces, la modestie à la licence, le bon esprit & la bouffonnerie, le bon sens & la frivolité, une religion édifiante & la profanation du plus saint état, les dégoûts de la vieillesse la plus rebutante & tous les charmes de la plus brillante jeunesse, dans la personne d’un libertin scandaleux, que ses folies avoient rendu perclus de tous ses membres, incapable de remplir les devoirs du mariage, & réduit à vivre de quelques pensions viageres mal payées, & de quelques mauvais livres qu’il appelloit le marquisat de Quinet, du nom de Quinet son libraire. […] C’est par dévotion que je prétends m’y rendre. […] Lorsqu’au milieu de son palais, A travers plus de vingt Laquais Entouré d’une cour nombreuse, Il faut aborder Monseigneur, Souvent le seul nom de Grandeur M’interdit & me rend honteuse : Mais lorsque, dépouillé de l’air majestueux, Je le trouve auprès d’un théatre, Je suis contente comme quatre, Je ris & saute de mon mieux.
Les histoires ne nous apprennent point qu’aucun Ministre ait condamné ni aboli les danses honteuses et déshonnêtes qui se commettaient, tant aux jours des Calendes, qu’autres Fêtes, où aux Théâtres, et en divers lieux par plusieurs nations, on commettait des vices que notre pensée rejette pour leur horreur, tant de se baigner dans le vin sans regard à l’âge, au sexe, ni au lieu, que faire festins tables par les rues, chansons dissolues : Bref la raison qui est donnée aux hommes leur ôtait l’usage d’elle-même, pour les rendre pires que bêtes farouches : Et nos Pères Ecclésiastiques ne les ont pas seulement censurés, mais prêché, crié, invectivé contre eux, essayé de les réduire. […] Epaminondas rendit une charge vile, glorieuse ; et changea l’envie de ses citoyens en admiration pour être toujours splendide et égal à soi-même. […] Après que notre Dieu eut bâti cet auguste Temple de sa divinité, réglé par les lois de sa sagesse, et orné d’Anges la région qui surpasse le Ciel, assisté les Globes Ethériens d’éternelles intelligences, rempli les plus basses et moindres parties de ce monde inférieur de toutes espèces d’animaux, il désira d’y loger une créature capable par raison d’admirer l’ouvrage et la grandeur de 1’ouvrier : il créa l’homme, et ne lui donnant comme aux autres aucune propriété particulière, le mit au milieu du monde, sans lui assigner retraite, et lui donna la puissance d’être tout ce qu’il voudrait : il n’est ni céleste, ni terrien, ni mortel, ni immortel, mais arbitre de lui-même, il se peut rendre comme les pierres, les métaux, les brutes, ou les Anges ; et enfin compagnon et fils de Dieu, s’il se retire au centre de son unité, il tient en lui le germe de toutes sortes de vies, celles qu’il voudra cultiver croîtront, et il en aura les fruits. […] La parole la soutient, console, anime aux actions glorieuses, la nourrit comme son ambroisie, et ainsi qu’une lumière en allume plusieurs, elle augmente sa vertu ; et à l’imitation des Chimiques, rend cet or céleste si actif, qu’il fait projection à l’infini en un esprit digne de recevoir cette manne divine. […] Pardonnez à l’insuffisance de mon esprit, belle âme, qui en la comparaison de chose incomparable, n’avez semblable que vous : La similitude des pierres précieuses vous offense, elles ont leur être en la terre, et votre origine est au ciel, si ce n’est de celles d’Egypte qui naissent au plus haut de l’Ether : Vous en avez le feu et l’éclair étincelant, et moi pour vous honorer j’en tiens la constance, qui m’a fait entreprendre cette matière qui est une pierre de prix : Voyez que dans ma main elle sera brute en la terre, sans être en œuvre ; donnez-lui sa vraie feuille, la chaleur et le teint selon l’aspect de votre Soleil : affinez son lustre pour la faire étinceler sans nuage, cendre, noirceur, paille, filandre, poudre qui puisse permettre à la lime de mordre ou d’altérer qu’elle ne perde sa couleur qu’en votre flamme, pour se changer, comme le mauvais Saphir en un bon diamant : Et au lieu que j’en fais une Charite sans grâce, relevez-le de celles que vous tenez qui vous font esclaver, dominer et triompher des âmes plus parfaites, pour ne parer vos trophées de dépouilles éteintes en ce combat qui est plus glorieux que ceux de Jupiter, d’Apollon, de Palémon, et d’Archémore : aussi en avez-vous un prix plus excellent que l’olivier, le pommier, l’ache, et le pin : car vous en rapportez les couronnes immortelles qui n’étaient dues qu’aux immortels : et décochant par paroles les sagettes des Muses, comme un second Anthée vous reprenez nouvelles forces, non pas en touchant la terre, mais en vous élevant au ciel, où vos propos nous ravissent, non sur les ailes d’or d’Euripide, mais sur les célestes de Platon, qui portent nos désirs jusques au lieu où la vertu fait sa demeure, nous rassasie du délicieux miel de Python, du nectar de Calliope, purifie nos oreilles, éclaire les yeux de notre esprit humecte nos âmes d’une rosée dont la douceur éteint toute amertume, et ne nous laisse que le regret de voir beaucoup d’hommes mal nésk, qui pour entendre la mélodie Phrygienne ne sont pas atteints d’une divine fureur : mais comme le Temple des Euménides en Athènes rendait frénétique celui qui n’y apportait le respect qui était dû, le vôtre a eu la même propriété : et ainsi que Lycaon fut changé en loup, vous les avez fait transformer en bêtes hurlantes.
Elles rendent le sens moins clair, & fatiguent l’esprit, qui est obligé de mettre sur le champ chaque mot à sa place. […] Il me paraît que les Italiens mêmes rendent plus de justice aux talens de Rameau, que la plus-part de ses Compatriotes. […] Les habiles Compositeurs que j’ai cités, & ceux qui se distinguent actuellement, ne l’ont-ils pas rendue moins lente & plus èxpressive ? […] En Italie la Mesure est l’âme de la musique ; c’est la Mesure bien sentie qui lui donne cet accent qui la rend si charmante ; c’est la Mesure aussi qui gouverne le Musicien dans l’éxécution. […] On prétend, par éxemple, que leurs accompagnemens sont plus simples, plus délicats que les nôtres ; nous les chargeons trop & les rendons confus : mais nous éxécutons bien plus noblement & avec plus de délicatesse, quant toutefois il ne s’agit que de Symphonie.
Quand ils s’y rendirent, il leur donna les armes de David, couronna Ioas, & fit crier vive le Roi. […] Un Peintre qui n’est que médiocrement habile, se contente de rendre fidellement les traits du visage de la personne qu’il peint ; un habile Peintre sait peindre le visage & l’ame. […] On ne songea point à rendre cet ornement à la Moderne Tragédie, ce qui fait dire au P. […] Saverio, d’illustres Auteurs en eurent compassion, & travaillerent à la rendre, si non parfaite, du moins plus supportable. […] La Tragédie peut rendre les hommes plus vertueux, en les rendant tendres & compatissans pour les Malheureux, La Comédie, peut par une censure innocente, corriger des Ridicules.
l’Etat peut-il avoir intérêt à rendre les hommes féroces ? […] La vérité de l’histoire y est absolument défigurée pour la rendre plus horrible par une multitude de noirceurs. […] Il nous rend nos serments lorsqu’il trahit le sien. […] Et c’est cette vertu qui le rend redoutable. […] et qui n’en gémirait, si l’ivresse du spectacle ne rendait aveugles et inconséquents les hommes même les plus raisonnables et les plus fidèles à leur Prince ?
Amœnophis rend l’Arabie à Alzaïde & la liberté à Iphis, qui doit l’y reconduire. […] Zaraès qui n’attendoit que cela pour rendre le dernier soupir, dit : Je suis vengé, j’expire : & la piéce finit.
Plus leurs Auteurs colorent ces vices d’une image de grandeur & de générosité, plus ils les rendent dangereux & capables d’entrer dans les ames les mieux nées ; & l’imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corruption excite en même tems un mouvement tout semblable qui nous transforme en quelque sorte, & nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée. […] Un éxemple va éclaircir & rendre plus sensible ce raisonnement, qui frappe également sur toutes les autres passions représentées au Théâtre, & dans le détail desquelles les bornes étroites que nous nous sommes prescrites ne nous permettent pas d’entrer.
Un beau présent accompagnait ce Billet, qui me fut rendu hier, en sortant du Théâtre, par un homme qui me voit-tous les jours, & qui, non plus que son maître, ne m’a pas reconnue. […] Ses transports, lorsqu’on lui a rendu la manière dont j’ai accepté, ne peuvent se concevoir, que par le cœur dans lequel ils ont tous passé.
Mais si la Comédie est criminelle dans tous les temps, combien le doit-elle être plus particulièrement dans ceux que l’Eglise consacre d’une manière particulière à la pieté et à la Pénitence tels que l’Avent et le Carême, et où par des Prières et dans des calamités publiques, elle implore, comme on le fait actuellement dans notre Diocèse, la miséricorde de Dieu et travaille à apaiser sa colère si manifestement irritée ; dans un temps en un mot où la nôtre est particulièrement occupé à attirer sa protection sur les Armes de notre invincible Monarque, en n’oubliant rien pour sanctifier ceux qui les portent pour son service, et pour les rendre aussi bons serviteurs de Dieu que du Roi ? […] Nous nous reprocherions d’employer en cette occasion, pour arrêter ce mal, l’autorité que Dieu nous a mise en main, si nous n’avions pas auparavant inutilement employé nos remonstrances : mais l’ayant fait sans aucun fruit, Nous n’avons pas cru pouvoir nous taire, sans nous rendre coupables d’approuver le crime par notre silence, et responsables devant Dieu de tous les désordres, dont ces divertissements criminels sont la source.
Il est vrai que Saint Thomas, dans le lieu cité de la question 168 marque de certaines conditions qui pourraient rendre l’usage licite de la Comédie si elles étaient observées, mais ordinairement elles ne le sont pas. […] Le lieu où se joue la Comédie, présente encore une infinité d’occasions pour offenser Dieu, dans les assemblées qui s’y font et les rendez-vous que l’on y donne. […] Il y a quelque sorte de pacte entre ceux qui représentent la Comédie et ceux qui y assistent, qui rend le péché des uns commun aux autres ; ceux qui donnent leur argent, sont censés engager les Comédiens à jouer, c’est pourquoi les Comédiens seraient obligés par titre de justice à rendre l’argent qu’ils auraient reçu, s’ils ne représentaient pas la Comédie, comme il est arrivé quelquefois qu’ils n’ont point joué quand ils n’ont pas eu assez grand concours de monde, et par conséquent un gain assez considérable pour se dédommager des dépenses qu’il fallait faire, et pour se récompenser de leurs peines. […] Saint Isidore de Damiette100 a dans son Epître 336, suppose cette vérité, quand il dit que « les Comédiens n’ont jamais dessein de rendre meilleurs ceux qui vont à la Comédie, et quand ils le voudraient, ils ne le pourraient pas, parce que leur profession ne tend et n’est propre qu’à nuire. […] Quant à l’exemple que donnent ceux qui vont à la Comédie ; on répond qu’il ne peut rendre légitime ce que l’Eglise a toujours condamné, et condamne encore aujourd’hui.
Il veut se rendre utile, s’il est possible, à la cause qui va être agitée contre les deux journaux inculpés par le réquisitoire du 30 juillet 1825, de M. le Procureur Général Bellart. […] Page 35 La faction religieuse veut être dépositaire des sciences humaines, et se rendre redoutable par la terreur et les supplices. […] Page 47 Le pape rendra la paix à l’Eglise et à tous les gouvernements chrétiens, s’il chasse et détruit les jésuites, définitivement et sans retour. […] Page 53 C’est tout à la fois se rendre utile à la religion et à l’Etat, que de démasquer les hypocrites et les tartufes en religion comme en politique. […] Page 177 MM. les procureurs du roi, se rendraient coupables de souffrir une usurpation, contre l’autorité légitime du prince.
Ce grand Pontife, que la dignité suprême et les lumières supérieures rendaient si respectable, traite d’erronée et de scandaleuse l’opinion d’un Canoniste Italien (Luc de Ferrariis, tom. […] S’il est du bien public que chacun remplisse ses devoirs avec fruit, peut-il être indifférent que le Clergé, fait pour en imposer au vice et enseigner la vertu, soit respecté des peuples et se rende respectable ? […] M. le Camus, Evêque du Bellai, l’ayant vu contrefaire ses sermons, en fut étonné et dit : « Il me rend parfaitement, je vaux mieux entre ses mains. » M. […] Ces demi-Clercs, à qui leurs charités faisaient bien des partisans, s’étaient rendus redoutables, entraient dans toutes les factions qui troublaient cette ville remuante, et n’édifiaient pas par leurs mœurs. […] Ainsi il l’entraîne au vice, et lui fait le procès ; le lui rend nécessaire, et le tourne en ridicule ; plaisante également sur son recueillement et sur sa dissipation, sur sa retenue et sur sa licence, sur sa fréquentation et sur son éloignement du théâtre.
Voici en quels termes : Au Plasmateur rendent grace les quatre De bon vouloir entre Parisiens Les quels ont faict apparoir le Theatre Bien ensuyvant les Rommains anciens . . . . . . . […] » Après que Christ fut au tombeau rendu » Trois jours apres de mort ressuscita » Et qui plus est tout vif se presenta » A ses amys qui ne sont pas des nostres, » Douze coquins qui se nomment Apostres, » Grans seducteurs de la loy Judaïque » Ausquels il dit le texte Evangelicque » Soit soustenu & presche de par vous » Apres es cieulx il monta devant tous » En les laissant tous douze sur la terre, » Lesquels present nous meinent dure guerre » En la cite Hierusalem nommee » Et tout autour du pays de Judee » Qui est pour nous grande perplexite. » Dyables obscurs chascun soit incite » Pour ces maraulx a la mort faire rendre » Si dessus nous les laissez entreprendre » Dieu pis yra pour nous dessus les rens » Pour ce Sathan vers eulx le chemins prens » Pense souldain de leur liurer bataille » Pour mettre a fin la maudicte canaille » Transporte toy aux prestres de la loy » Lesquels tousjous ayent lor & aloy » En recordant leur mauldicte auarice » De ces coquins donne bien la notice, &c. […] Ceux qui revenoient de Jerusalem & de la Terre-Sainte, de Saint Jaques de Compostelle, de la Sainte-Baume de Provence, de Sainte Reine, du Mont Saint Michel, de Nôtre-Dame du Puy, & de quelques autres lieux de pieté, composoient des Cantiques sur leurs Voyages, y méloient le recit de la vie & de la mort du Fils de Dieu, ou du Jugement dernier d’une maniere grossiere, mais que le chant & la simplicité de ces temps là sembloient rendre pathetique, chantoient les miracles des Saints, leur Martyre, & certaines Fables à qui la créance du peuple donnoit le nom de Visions, & d’Apparitions.
Le Sage eut, dit-on, le bonheur de le polir, & de le rendre moins dèshonnête. […] Au reste, quand je dis que notre Opéra fut purgé de ses indécences, & rendu parfait, il faut entendre qu’on le corrigea de ses défauts autant que sa mauvaise constitution put le permettre. […] Dès que l’expérience eut prouvé le contraire, on cessa d’être copiste, & l’on se rendit digne à son tour d’être imité. […] Quel service n’as-tu pas rendu au génie folâtre de la Chanson !
Mais ce n’est point assez : elle doit encore être de nature à exciter la terreur & la pitié ; c’est ce qui fait sa différence & qui la rend proprement tragique. […] Ceux qui sont leur amusement de la Poésie Dramatique, savent un plus grand nombre de vers des Pièces de Corneille & de Racine, que de celles de Molière : enfin le Public préfère le rendez-vous qu’on lui donne pour le divertir en le fesant pleurer, à celui qu’on lui présente pour le divertir en le fesant pleurer, à celui qu’on lui présente pour le divertir en le fesant rire. […] Une Tragédie qui donnerait du dégoût des passions utiles à la Société, telles que sont l’amour, l’amour de la partie, l’amour de la gloire, la crainte du deshonneur, serait aussi vicieuse qu’une Tragédie qui rendrait le vice aimable. […] Les Poètes Grecs ont mis sur leur Scène des Souverains qui venaient de mourir, & quelquefois même des Princes vivans : ils se proposaient par-là de plaire à leur Partie, en rendant odieux le gouvernement d’un seul ; & c’était un moyen d’y réussir, que de rendre les Rois méprisables par un caractère vicieux, & l’exposition de faiblesses dont l’univers retentissait encore.
Il est vrai que vous n’êtes pas venus à bout de votre dessein, le monde vous a laissés rire et pleurer tous seuls ; mais le monde est d’une étrange humeur, il ne vous rend point justice : pour moi qui fais profession de vous la rendre, je vous puis assurer au moins que le mélancolique m’a fait rire, et que le plaisant m’a fait pitié. — Ce n’est pas que vous demeuriez toujours dans les bornes de votre partage, il prend quelquefois envie au plaisant de se fâcher, et au mélancolique de s’égayer, car sans compter la manière ingénieuse dont il nous peint ces Romains qu’on voyait « à la tête d’une armée et à la queue d’une charrue », il me dit assez galamment, « que si je veux me servir de l’autorité de Saint Grégoire en faveur de la Tragédie, il faut me résoudre à être toute ma vie le Poète de la passion ». […] En effet, Messieurs, quand vous raisonnerez de la sorte, nous n’aurons rien à répondre, il faudra se rendre, car de me demander comme vous faites, si je crois la Comédie une chose sainte, si je la crois propre à faire mourir le vieil homme, je dirai que non, mais je vous dirai en même temps, qu’il y a des choses qui ne sont pas saintes, et qui sont pourtant innocentes : je vous demanderai si la Chasse, la Musique, le plaisir de faire des Sabots, et quelques autres plaisirs que vous ne vous refusez pas à vous-mêmes, sont fort propres à faire mourir le vieil homme, s’il faut renoncer à tout ce qui divertit, s’il faut pleurer à toute heure ? […] Vous vous étendez fort au long sur celle qu’on a faite de Térence, vous dites que je n’en puis tirer aucun avantage, et que le Traducteur a rendu un grand service à l’Etat, et à l’Eglise, en expliquant un Auteur nécessaire pour apprendre la Langue Latineo.
Ne faudra-t-il pas rendre un jour compte à Dieu de ses actions, de ses paroles, de ses pensées ? […] L’imagination est un tableau dont tous les pinceaux divers rendent les objets & les couleurs. […] Ils s’y rendirent, des poignards cachés sous leurs robes ; se flattant, dit Josephe, que s’ils le manquoient, ils montreroient le chemin à d’autres pour exécuter leur entreprise. […] Il fit prendre les conjurés, & leur générosité, dit cet Auteur, rendit leur mort glorieuse. […] Le cirque l’avoit rendu plus féroce.
Mauvais ragoût pour une actrice jeune, belle, pleines de graces, courue de toute la cour, qu’il travailloit à rendre infidelle, comme de concert avec ses amans. […] Il a rendu en passant hommage à l’Académie de cette ville, & en a reçu le tribut d’éloge dû à ses talens. […] Mais comment lui rend-il la vie ? […] Est-ce à son esprit qu’il rend la vie ? […] Mais ce n’est pas celle qu’on enseigne à la Dame angloise, qu’on veut rendre coquette à la françoise.
ne sont-ce pas les bals, les danses de théatre, mélange de sexes, rendez-vous, dissolution de débauche, &c. […] Il a raison, mais c’est cela même qui la rend plus dangereuse. […] Les théatres publics déjà établis étoient beaucoup pour les vues de l’Empereur ; mais on y étoit accoutumé, il falloit réveiller & rendre ce goût plus vif par des nouveautés piquantes. […] Il la sut le dernier ; on lui conseilloit de la répudier, il souffrit & dissimula, & répondit : Il faudroit donc lui rendre sa dot, elle m’a apporté l’Empire. […] Melpomène & Thalie rendent à leur tour les plus grands services à leur sœur Terpsichore.
Il rendit tout galant : des Héros il en fit des femmes. […] Vous le devez à la religion, à la patrie, & s’il faut tolérer les spectacles, rendez-les dignes, s’il est possible, du citoyen, de l’honnête homme & du chrétien. Après un portrait si hideux & si vrai, a-t-on droit de faire valoir en faveur du théatre ce que dit l’Orateur sur la possibilité de le rendre bon, l’usage qu’il en a fait, & qu’en faisoit sa Compagnie pour élever la jeunesse, prenant ainsi la thèse pour raison & le coupable pour juge ? […] n’est-ce pas se rendre complice de leur désordre, & comptable de leur scandale, que d’entretenir des gens dévoués au vice, qui ne travaillent que pour lui, & l’inspirent à un grand nombre ? […] Nous trouvons ce trait dans les Maximes Chrétiennes de l’Abbé Clément, Orateur que sa religion, son zèle, ses talens, ont justement rendu célebre.
Usurpations qu’on fondoit principalement sur des talents & des services rendus aux mœurs. […] Qu’on ne nous accuse point d’en séparer le mérite personnel ; les lumiéres qui ont toujours brillé dans ces Cours, les rendent plus respectables encore.
Il manquait à Jean-Jacques Rousseau pour le compléter, & le rendre tout à fait joli homme, de jouër l’hypocrisie, art dangéreux, inséparable des imposteurs. Pour se rendre le Public favorable, il affecte des sentimens religieux, grossière amorce des lâches, heureusement trop usitée pour faire des dupes.
Si donc je suis votre pere, où est l’honneur que vous me rendez ? […] … On y voit des femmes qui ont essuyé toute honte ; qui paroissent hardiment sur un Théâtre devant tout un peuple ; qui ont fait une étude de l’impudence ; qui par leurs regards & par leurs paroles, répandent le poison de l’impudicité dans les yeux, dans les oreilles de tous ceux qui les voient, qui les entendent ; & qui semblent conspirer par tout cet appareil qui les environne, à détruire la chasteré, à deshonnorer la nature, & à se rendre les organes visibles du démon.
Je viens de jetter un coup d’œil général sur la musique des nouveaux Drames chantans, développons maintenant ce qu’éxigent leurs différentes parties musicales, afin de rendre mes observations plus utiles. […] Mettant eux-mêmes en musique leurs Pièces chantantes, ils en rendraient davantage l’esprit ; ils peindraient avec plus d’énergie les sentimens qu’ils veulent donner à leurs Personnages.
Elle avoit rendu sa voix non-seument intelligible, mais encore attendrissante. […] L’expression est l’art de représenter par des signes reçus des idées ou des actions passées, de les rendre sensibles par le langage, comme les couleurs les font revivre dans un Tableau. […] Qu’on ne me dise point que ce même amour propre flatté de l’hommage qu’on lui rend est intéressé à donner plutôt des marques de gratitude.
Le tableau que Corneille en a tracé est moins propre à décrier le vice, qu’à le rendre aimable. […] On dira que je ne rends pas assez de justice à la délicatesse de notre siécle ; on veut de la décence dans le maintien & dans les discours : la Scéne Françoise est aujourd’hui très-châtiée, on n’y souffre plus rien qui soit capable d’allarmer les oreilles chastes. […] Les actes d’idolâtrie que vous occasionnez, Mademoiselle, les meurtres dont vous vous rendez coupable ne peuvent se nombrer ; on évalueroit plus aisément les feuilles qui tombent en Automne dans la Forêt des Ardennes.
Iule Cesar ayant trouvé un endroit favorable sur le bord du Tybre, & assez proche de la Ville, apellé Codete, le fit netoyer & creuser, pour le rendre capable de porter les charges qu’il luy preparoit, & y donna le divertissement d’une Naumachie. […] L’Empereur, comme se souciant peu de leur vie, ne leur rendit pour tout salut que deux mots & encore avec peine & dedain. […] Il augmenta le nombre des combatans pour l’encherir sur Auguste : Mais sa cruauté rendant tous ses soins suspects, la pluspart des personnes de qualité ou de merite ne se rendirent à cette Assemblée que par crainte ou par maxime de Cour, & n’y goûterent qu’en tremblant les plaisirs offerts & la joye preparée.
Un Acteur Ex-Italien vient d’établir un Spectacle à-peu près dans le genre de l’Opéra & du Théâtre des Bamboches : mais où l’on découvre plus de moyens de perfection, puisque ce Théâtre réunit trois genres différens : Une sorte de Déclamation, rendue par des Enfans : Des Marionnettes, au Jeu desquelles il manque peu de chose pour opérer une certaine illusion : & la Pantomime exécutée par les jeunes Acteurs. […] Le moyen que je viens de proposer, pour rendre utile le Théâtre-Ephébique, n’est pas le seul ; il en est un autre, peut-être moins avantageux pour les jeunes Acteurs, mais dont l’effet serait plus présent pour le Public : Qu’on abandonne tout-à-fait le mauvais genre de Pièces, adopté, faute de pouvoir mieux par le Néomime soumis au caprice des Grands-Comédiens : au lieu d’intrigues communes & triviales, de passions froides, dont l’expression est aussi gauche que messéante dans la bouche des Enfans-acteurs, qu’ils jouent de petites Pièces plus proportionnées à leur âge ; par exemple, que ces nouvelles Atellanes peignent les passions, les goûts, les défauts de l’Enfance : qu’on prenne encore des sujets naïfs dans les Fables de Lafontaine de Lamotte &c. […] Je concluerai donc en disant, que loin d’interdire au Néomime les Pièces suivies & intriguées, & de le laisser sous la tyrannie des Comédiens des grands Théâtres, il faudrait l’y soustraire, & le rendre utile, en dépit d’eux-mêmes, à ces Comédiens, qui trop souvent tourmentent le Public par des Débutans que Melpomène & Thalie ne peuvent avouer.
Les années ne couvrent point les crimes, et on ne perd jamais le souvenir des mauvaises actions ; elles ont cessé d'être des crimes, et elles deviennent des exemples ; on rend plaisir à voir représenter dans la Comédie ce qu'on y peut faire en sa maison, ou à entendre ce qu'on y peut faire: On apprend l'adultère en le voyant représenter, et le mal qui est autorisé publiquement a tant de charmes, qu'il arrive que des femmes qui étaient peut-être chastes lors qu'elles sont allées aux Spectacles en sortent impudiques. […] Le Démon sachant que l'Idolâtrie toute nue donnait de l'horreur, il la revêtue de la volupté des Spectacles, pour la rendre aimable. […] Ne prenez point de plaisir à entendre autre chose que ce qui nourrit l'âme, et qui vous peut rendre meilleur : Prenez garde de ne point faire un mauvais usage de ce sens qui vous a été donné, pour écouter les enseignements de Dieu.
Car ou ils affaiblissent, ce qui est leur effet ordinaire ; ou ils rendent présomptueux, ce qui est un mal sans comparaison plus grand. […] Mais c’est le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux ; de récompenser ceux qui les savent entretenir et les rendre incurables, au lieu de penser à les guérir ; et il est incompréhensible, que les Chrétiens qui doivent avoir appris qu’ils n’ont à combattre que leurs passions, croient qu’il leur soit permis de les nourrir, de les exciter, et d’appeler à leur secours des maîtres encore plus entendus à les faire naître et à les inspirer. […] Mais les Spectacles rendent le dégoût des vrais biens encore plus grand, et en affaiblissent encore plus les idées.
Théâtre [...] rend la vertu aimable…. […] » « Voulez-vous donc rendre un peuple actif et laborieux ? […] Présidez à ses plaisirs pour les rendre honnêtes, c’est le vrai moyen d’animer ses travaux.
Il représente toujours son héros, son invincible devenu l’esclave de quelque beauté, et parce que la vaillance gagne plus l’admiration de ce sexe infirme, pour réussir en ses recherches ; le plus puissant moyen, c’est de rendre plusieurs combats. […] Ce n’est pas un amour purement brutal et sensible, qui fait les grands désordres dans le monde ; c’est cet autre amour qui tient de l’esprit, qui se repaît de ses idées ; qui ne veut pour prix que des complaisances, qui se figure quelque choses de divin en son objet, et qui lui croit aussi rendre des respects fort innocents ; c’est cet amour qui met les soupirs au cœur, les larmes aux yeux, la pâleur sur le visage, qui occupe jour et nuit toutes les pensées, qui porte l’extravagance et à la fureur, et voilà l’amour que les plus chastes théâtres mettent dans les cœurs. […] C’est ce qui rend les comédies infâmes par les lois, et néanmoins si célèbres, par la coutume qu’elles ont les puissances et les juges de la terre pour auditeurs, qu’elles sont à leur gage et sous leur protection.
& où seroit à son âge celui de la Clairon qui se rend si rare ? […] L’Abbé l’Attaignant, autre Ecclésiastique, a rendu de grands services à l’Eglise, car il a fait deux volumes de chansons. […] La salle étoit si pleine, il y avoit tant de coups d’œil à rendre, tant de gens à qui parler ! […] C’est sans doute une calomnie : son indécence la rend indigne d’un Ex-jésuite. […] Rien n’affecte dans une piece par l’intérêt de l’état, mais par quelque personnage qu’on a rendu ou cher ou odieux.
C’est elle qui par la lecture et considération des choses louables égale la prudence d’une jeunesse bouillante à celle d’une vieillesse expérimentée, réveille les esprits impuissants pour les faire aspirer à la grandeur, excite les plus puissants à mériter un los immortel, salaire de leurs bonnes vies, anime les soldats par l’immortalité de ceux qui n’ont redouté les dangers pour la conservation de leurs parties, retire les méchants de leur impiétés par la crainte d’infamie, exhorte à la vertu, déteste le vice, guerdonne les bons, abhorre les méchants, et se rend tellement utile aux humains, qu’elle semble servir d’une sage maîtresse pour les former à l’honneur par son instruction. […] Si la lecture muette guerdonne les travaux d’un Hercule, d’un Bacchus, d’un Thésée, et les rend satisfaits d’avoir un étudiant témoin de leur valeur ; la récompense que nous leurs donnons n’est-elle pas beaucoup plus excellente, publiant leurs mérites en la présence des plus rares esprits de ce siècle, qui contemplent et l’histoire et le geste, représentant au vrai les effets de l’ancienne générosité ?
Il ne sue point dans une longue Dissertation, pour ne faire qu’embarrasser la question et la rendre plus difficile à décider, comme a fait le Docteur Fabricius par ses règles prétendues, qui mettent l’esprit dans une plus grande incertitude, que l’Ecriture même. […] On m’avouera qu’il n’y a pas lieu d’espérer des décisions bien justes en matière de Religion, d’un Théologien qui se rend le défenseur des spectacles que l’Eglise et les Pères ont condamnés.
La postérité saura peut-être la fin de ce Poète comédien, qui en jouant son malade imaginaire ou son médecin par force reçut la dernière atteinte de la maladie dont il mourut peu d’heures après et passa des plaisanteries du théâtre parmi lesquelles il rendit presque le dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez »Luc, VI, 25. […] De quelque manière que vous vouliez qu’on le tourne et qu’on le dore ; dans le fond ce sera toujours, quoi qu’on puisse dire, la concupiscence de la chair, que Saint Jean défend de rendre aimable, puisqu’il défend de l’aimer.
Le mari, parce qu’il se rendrait ridicule à ses amis, s’il refusait d’y aller avec eux : la femme, parce que son mari veut qu’elle y aille. […] Parce que cet exercice est très utile aux jeunes gens, tant pour fortifier leur mémoire que pour les rendre plus hardis à parler un jour en public, soit dans la Chaire ou au Barreau. 3°.
Quel est le jugement par lequel on couvre de confusion des gens pour une profession qui les rend recommandables ? […] Est-ce l’industrie avec laquelle les airs sont accommodés aux sujets, et rendus propres à fortifier ces mêmes passions ? […] Ainsi ceux qui ont voulu rendre chrétienne la comédie, en y mêlant les actions des Saints et des Saintes, ont fait à peu prés comme Pompée, Chap. […] Car en les louant de ces folies, on leur persuade de les faire, et on se rend encore plus digne qu’eux de la condamnation qu’ils ont méritée. […] « de prendre part à la joie de ces amants de théâtre, lors que par leurs artifices ils font réussir leurs impudiques désirs, et de se rendre criminel en se laissant toucher d’une compassion folle pour celui qui s’afflige dans la perte qu’il a faite d’une volupté pernicieuse et d’une félicite misérable.
Comme la passion qu’on a pour ces sortes de choses est naturelle & violente, on s’efforce aussi de la justifier par toutes les raisons, que l’amour propre ne manque pas de suggerer ; jusque-là qu’à moins de rendre absolument criminels tous les divertissemens, de quelque nature qu’ils puissent être, on croira toûjours que ceux-cy doivent être comptez entre les plus innocens. […] C’est, Messieurs, un pretexte, je l’avoüe, dont on flatte la passion que l’on a pour ces sortes de spectacles ; mais cela n’excuse pas de peché, ceux qui, dans l’experience qu’ils ont de leur foiblesse, ne peuvent ignorer le danger où ils s’exposent : car si ces spectacles, tels qu’ils sont aujourd’huy, leur sont une occasion de scandale, c’est à dire, s’ils sont capables de les porter au mal, c’est une occasion de peché, qu’ils sont obligez d’éviter, sous peine de se rendre coupables du peché même. […] Car comme il n’y a guere de divertissement, ni de spectacle plus agreable aux gens du monde, quelque soin qu’on ait pris de la rendre plus honnête, n’y voit-on pas encore le plaisir le plus criminel paré de tous ses attraits ? […] Je ne fais que parcourir cecy, qui suffira pour vous faire concevoir, que ces spectacles tels qu’ils sont aujourd’huy, & avec toute la moderation qu’on a tâché d’y apporter, pour les rendre plus honnêtes & moins odieux, ne sont pas si innocens que se le persuadent ceux qui prétendent les justifier. […] Que si l’on s’est quelquefois avisé de faire paroître sur la scene des Martyrs ; au lieu de leur donner des sentimens Chrétiens, on les a rendus profanes, en y mêlant tant d’intrigues d’amour, tant de sentiment d’ambition, tant de fierté & d’orgueil, qu’on pourroit dire que ce sont des Martyrs qui parlent en Payens.
Pour rendre le Censeur plus attentif, il les corrigeoit quelquefois lui-même. […] Le sacré & le profane, le sérieux & le comique, la chaire & le théatre doivent se liguer pour rendre le vice odieux. […] Laberius, alors âgé de 60 ans, qui craignoit la supériorité de son rival & les reproches de ses confrères, se fit beaucoup prier : César le pressa tant, qu’il fut obligé de se rendre. […] Ils font rendre une exacte justice, & exercent leur juridiction avec une noble fierté, sans égard aux augustes qualités de Roi, de Prince, d’Empereur. […] Elle fut bien vengée, il fallut rendre l’argent, ce qui vaut bien la prison.
Comme la passion qu’on a pour ces sortes de choses est naturelle & violente, on s’efforce aussi de la justifier par toutes les raisons, que l’amour propre ne manque pas de suggerer, jusque-là qu’à moins de rendre absolument criminels tous les divertissemens, de quelque nature qu’ils puissent être, on croira toûjours que ceux-cy doivent étre comptez entre les plus innocens. […] C’est, Messieurs, un pretexte, je l’avoüe, dont on flatte la passion que l’on a pour ces sortes de spectacles ; mais cela n’excuse pas de peché, ceux qui, dans l’experience qu’ils ont de leur foiblesse, ne peuvent ignorer le danger où ils s’exposent : car si ces spectacles, tels qu’ils sont aujourd’huy, leur sont une occasion de scandale, c’est à dire, s’ils sont capables de les porter au mal, c’est une occasion de peche, qu’ils sont obligez d’éviter, sous peine de se rendre coupables du peché même. […] Car comme il n’y a guere de divertissement, ni de spectacle plus agreable aux gens du monde, quelque soin qu’on ait prit de la rendre plus honnête, n’y voit-on pas encore le plaisir le plus criminel paré de tous ses attraits ? […] Je ne fais que parcourir cecy, qui suffira pour vous faire concevoir, que ces spectacles tels qu’ils sont aujourd’huy, & avec toute la moderation qu’on a tâché d’y apporter, pour les rendre plus honnêtes & moins odieux, ne sont pas si innocens que se le persuadent ceux qui prétendent les justifier. […] Que si l’on s’est quelquefois avisé de faire paroître sur la scene des Martyrs ; au lieu de leur donner des sentimens Chrétiens, on les a rendus profanes, en y mêlant tant d’intrigues d’amour, tant de sentiment d’ambition, tant de fierté & d’orgueil, qu’on pourroit dire que ce sont des Martyrs qui parlent en Payens.
Pouvons nous comprendre la beauté que Denys d’Halicarnasse trouve dans ce Vers de Phedre, rendu ainsi dans notre Langue ? […] L’F rend un son, dit-il, qui n’est presque pas de la voix humaine, il faut la souffler entre ses dents. […] Ce même mot, dit-il, écrit avec nos lettres, rendra un son dur & barbare, surdum quiddam & barbarum. […] Voilà leur apprentissage pour se rendre capables, non pas de chanter, mais de prononcer, antequam pronuntient, avec une voix très-forte. […] Ce Canticum étoit aussi nommé Soliloquium, (mot que nous rendons mal par Monologue) à cause qu’une voix seule chantoit, au lieu que dans le Choricum toutes les voix s’accordoient ensemble.
n’est-ce pas encore un badinage fort heureux, que le projet de rendre les vers de Racine, sans parler, uniquement par le moyen des doigts ? […] La duegne, Dona-Severa, feint long-tems de résister aux instances du Marquis, et se rend, enfin, lorsqu’elle a entendu le son d’une bourse pleine d’or ; elle récommande aux deux avanturiers de se déguiser en femmes, elle se charge du reste. […] un Empirique arrive et se fait fort de les rendre à la vie, pourvu que le public déclare qu’il est content d’eux. […] Un compagnon menuisier échappé de son établi, rendit son nom célèbre chez Nicolet par la perfection avec laquelle il jouoit le rôle de savetier. […] graces en soient rendues aux Directeurs.
Il rapporte un arrêt du Parlement de Paris, rendu sur le même fondement. […] Cette belle excuse ne rend pas le fait douteux. […] Thomas, le lui laissent, parce que la loi Romaine, qui subsiste encore en Italie, ne l’oblige pas à le rendre : « Quod Meretrici datur repeti non potest ; turpiter facit, sed non turpiter accipit. » (L. id. de condic. ob turp. […] Elle en mène adroitement plusieurs de front, par la sage distribution de ses heures et de ses caresses, des rendez-vous judicieusement ménagés, et des portes de derrière habilement pratiquées. […] Il est juste de prendre ce ton avec des gens qui font métier de se moquer de tout, et ne peuvent que se rendre ridicules quand ils parlent continence et vertu.
Mais voyons quels ont été les moyens dont le Père des miséricordes s’est servi pour le rendre selon son cœur. […] Il rendait grâces à Dieu des lumières qu’il lui en avait données. […] ; et rendit son âme à Dieu si doucement qu’à peine put-on s’en apercevoir. […] , que pour me rendre agréable aux hommes, non en les instruisant, mais en voulant seulement leur plaire. […] car s’ils sont infâmes il faudrait les chasser : pourquoi les avez-vous rendus infâmes ?
Homère, à la vérité, ne le ménage pas si scrupuleusement ; mais il n’en ravale point non plus le caractère jusqu’à le rendre obscène. […] D'Urfey prend toujours les choses du bon côté, et est déterminé à se rendre heureux par des interprétations favorables. […] Le jeune La Mode muni de la lettre de Coupler se rend en poste chez Ventre-de-Tonne. […] Quels comptes n’auront-ils point à lui rendre ? […] Ne faut-il pas le rendre agréable au goût, afin d’engager à le prendre ?
Quoiqu’il soit quelque fois échappé à Voltaire de rendre des hommages à la Réligion, il n’y a rien de si sacré, qu’il n’ait blasphêmé. […] Je n’ai point de compte à lui rendre de ma conduite. […] Enfin un Confesseur ne peut, sans se rendre coupable de sacrilége, absoudre un pécheur d’habitude, sans l’avoir suffisamment éprouvé. […] Thomas, que les laïcs mêmes se rendent coupables de péché, en y assistant. […] 1 Tels sont enfin ces jeux, qu’on affecte de rendre criminels, bien loin de songer à les rendre utiles.
Ce sont les Observations qu’un Paysan fit un jour, en sortant des Italiens, & que j’ai seulement rendues moins prolixes. […] Ce qui fit tomber le Théâtre, avant que Mlle Favart le relevât, c’était le mauvais Jeu des Acteurs : & malgré la fureur du Public pour les Ariettes, le Théâtre Italien cessera bientôt d’avoir la foule, si (comme on a déja lieu de le présumer) on ne voit plus les Pièces favorites rendues que par de médiocres Chanteurs. […] Il serait donc possible de rendre la Comédie-Ariette utile aux mœurs, en lui conservant ses héros. […] On leur donne le goût frivole & le vice des Villes ; on se contente de les rendre plus naïfs ou plus grossiers.
L’amour éxcessif que nous ressentons pour la Musique Italienne, est la raison qui nous rend enthousiasmés de la Comédie-mêlée-d’Ariettes, quoiqu’elle soit souvent trop faiblement écrite. […] Voilà quels sont les éffets admirables de la Musique ; elle a rendu le Spectacle moderne capable de nous charmer, & de tourner les têtes les plus graves. […] Quelques-unes de mes citations & de mes remarques paraîtront peut-être trop minutieuses ; m’était-il possible de les rendre plus importantes, puisqu’il ne s’agit que de l’Opéra-Bouffon ? […] Racine rend quelquefois ses personnages peu polis. […] Et si quelqu’un sa sentence passée58… N’aurait-il pas été mieux d’écrire rendue ?
Le Récitatif du Théâtre moderne fut aussi inventé afin de rendre l’ariette moins longue. […] Il est bon de rendre l’Ariette agréable, mais il faut craindre de tomber dans l’affectation : & puis, quel parti la musique peut-elle tirer de pensées si délicates ? « On ne saurait croire combien l’esprit & la subtilité nuisent à la musique, s’écrie un illustre Amateur de cet art, dont on connaît le goût & les lumieres(69). « La musique, dit M. de Voltaire, èxprime les passions, les sentimens, les images ; mais où sont les accords qui peuvent rendre une Epigramme ? […] Il semble d’ailleurs que le travail du Poète a plus de mérite lorsque ses Vers sont d’une mesure égale ; il est alors à supposer qu il a eu plus de peine à rendre sa pensée. […] Faute d’attention, il arrive que pour suivre éxactement son chant, il rend bréves des syllabes longues, place un repos sur la moitié d’un mot, & semble quelquefois diviser en deux une seule lettre.
Personne depuis les Grecs, dans aucun coin du monde, n’avoit pense de rendre des honneurs publics à des gens que les loix déclaroient infâmes, & bien loin de leur ériger des statues, les Empéreurs avoient défendu de souffrir leur portrait dans les lieux publics, (voyez livre à en entier. […] Les statues de Corneille, Racine, Voltaire orneroient le péristille de la nouvelle salle, que l’on projette de bâtir, & la France depuis long-tems, la plus heureuse rivale d’Athenes, dans les beaux arts, le seroit aussi dans les honnuers rendus à ceux qui les cultivent. […] Qui peut entendre qu’il a combattu les vices, lui qui les a tous autorisés, & tâché de rendre la vertu ridicule ? […] Cet in-promptu projetté, & préparé à loisir, cette galanterie provinciale est une idée fausse : donner des couronnes, suppose une supériorité que l’acteur n’a pas sur le poëte, dont il n’est que l’organe, dont il ne doit que rendre les sentimens, les expressions & les idées. […] Les écoles de l’Université embarrassées de bancs & de chaises, ne permettent pas de déployer la majesté du sénat scholastique ; on eut recours aux Cordeliers, autrefois Observantins, aujourd’hui Conventuels ; on se rendit dans leur grande Eglise pour tenir ce religieux Chapitre, auquel Saint François n’avoit pas pensé.
Il est singe il est cameléon ; il prend toutes les couleurs & toutes les formes, il rend naturellement tous les personnages. […] Corneille, esprit fier, républicain, indépendant, a peint les Héros chez les Romains, & en a rendu les sentimens : son style, formé par Lucain, en a copié l’enflure. […] Il rendit le mariage nécessaire à l’honneur de la fille, & l’épousa clandestinement. […] En un mot c’est une espece d’école de morale mondaine & d’impiété qui enseigne la licence pour soi, la tolérance pour les autres, ennoblit le vice, & rend méprisable la vertu. […] On sent bien aussi que les jeunes personnes qui s’y rendent, y trouvent des Docteurs en morale dont la doctrine & la conduite sont la parodie de l’Evangile.
On part deux à deux, dans un profond silence, & une espece d’extase, pour se rendre auprès de l’idole. […] Ce sont les pleurs qu’il a taris, Qui rendront le monde idolâtre De son ame & de ses écrits. […] LES talens, l’esprit, le génie, Chez Clairon sont très-assidus : Un chacun aime sa patrie Chez elle ils se sont tous rendus. […] C’est apparemment le génie de Socrate, qui rend assidument visite ; car, ailleurs les talents, l’esprit, le génie ne sont que la personne même qui en est enrichie ; ce qui, sans doute est assidu chez elle, tout cela est encore né dans la maison de la Clairon ; car c’est leur patrie ; mais peut-être parle-t-il des gens à talens qui lui sont la cour : quoi donc, la Harpe, Marmontel, &c. […] Quels sont donc les jaloux qui ont envié les honneurs rendus, la gloire distribuée par la Clairon ?
L’Editeur pretend qu’ils augmentent la crédibilité de la Religion, & lui ont rendu de grands services ; qu’ils éclairent l’entendement, corrigent les affections vicieuses, rendent l’homme vertueux, ennoblissent le plus frivole badinage, à l’étendre ce sont des sermons, c’est un Saint Pere, c’est l’Evangile. […] Mais ce qui est inexcusable, ce sont les hérésies qu’il y seme, non à dessein, mais pour vouloir traiter poëtiquement des vérités sublimes, bien supérieures au langage du Parnasse, qui ne peut que les défigurer, & que son traducteur, moins théologien que lui, a mal rendu. […] Travail inutile & pénible, soit petit service rendu au public, qui n’a aucun intérêt à savoir tant de noms obscurs, & à ces millions d’hommes qu’il ressuscite & montre un instant comme un éclair, & qui retombent pour jamais dans les plus profondes ténebres de l’oubli. […] Pour la rendre moins indécente, le Prince ceéa pour lui les charges de Poëte & d’Historiographe de la Cour. […] Il blâme cet assemblage dans les autres, & il les rend continuellement au public.
M. le Duc d’Orléans, Régent, la rappela, & lui fit promettre plus de circonspection sur les personnalités satyriques, & je crois bien que la crainte des leçons pathétiques que le bâton avoit souvent donné aux anciens Comédiens, a rendu les nouveaux un peu plus sages sur cet article. […] C’est à ce théatre grave & sérieux, qu’il s’étoit rendu familier, qu’il doit l’élévation & la décence du sien. […] Quelques pieces Françoises & celles de l’Abbé Metastasio, qui pourroit employer ses talens à des ouvrages plus convenables à son état, en ont fait jusqu’ici les frais, & le tout rendu assez mal par des détachemens des troupes Françoises, car c’est toûjours en France que se font les recrues. […] Rendons-nous justice, on diroit, je le répette, que les Pères n’ont parlé que pour nous, qu’ils n’ont écrit que d’après nos théatres. […] L’Auteur finit par ces mots, la fin de nos erreurs sur nos opinions : expression louche, qui ne rend pas ce qu’il veut dire.
Grégoire, qu’il y a des jeux et des divertissements permis, et que l’on en peut prendre, comme on prend une médecine pour purger le corps de ses mauvaises humeurs, et le rendre plus capable et plus propre au travail : mais nous entendons parler ici de ces jeux défendus, qui ruinent les familles, qui remuent et excitent les passions, et font perdre le temps, qui est si précieux. […] C’est peut-être dans cette pensée qu’un Italien l’appelle une folie qui passe de la tête jusqu’aux pieds : néanmoins on peut dire, à la honte de plusieurs Mères Chrétiennes, que leurs Filles savent plutôt un pas de danse, que les principes de leur Religion, tant elles ont soin de les rendre agréables au monde, sans se soucier de plaire au Seigneur. […] C’est néanmoins celle où vous êtes réduite, et ce qui rend votre condition encore plus misérable, c’est que si vous surmontez aujourd’hui votre passion, elle se révoltera demain ; et vous aurez autant de peine à vaincre cette nouvelle attaque, que la première. […] Chacun de son côté fait diverses postures de son corps, l’âme se répand toute par les yeux qui sont pleins de douceurs et d’œillades lascives : on s’échauffe dans cet exercice : on cherche à se plaire l’un à l’autre, et on s’empresse de se rendre mutuellement des témoignages de l’estime et de l’affection dont on se trouve possédé. […] Jean l’Evangéliste, au rapport de Cassien, se divertissait quelquefois avec une perdrix, qu’il avait rendue familière ; et comme un jour un chasseur lui demandait, d’où vient qu’une personne de sa gravité passait le temps à un tel divertissement.
Ainsi ce tempérament artificieux, dont le démon est l’auteur, rend encore la Comédie d’à présent plus nuisible, que n’aurait été une déshonnêteté manifeste et sensible. […] et que sous couleur d’iceux, se faisaient plusieurs parties, rendez-vous, assignations, et infinies fornications et adultères. […] « Cette haute puissance a ses vertus rendue, L’égale presqu’aux Rois, dont je suis descendue. […] Quand l’Amour malgré toi me contraint de me rendre, Que me demandes-tu ? […] N’est-ce pas là donc un beau modèle qu’on donne à des femmes ; afin de les rendre plus fières, plus impérieuses, et plus arrogantes qu’elles ne sont naturellement.
n’a-t-il pas empiré, non par la grossièreté, mais par les raffinements, qui le rendent plus contagieux ? […] Sa partie voulait rendre sa bonne foi suspecte, à titre de Comédien. […] C’est que toutes les lettres patentes, tous les arrêts du monde, fussent-ils aussi réels qu’ils sont imaginaires, ne peuvent point, en le tolérant, rendre bon ce qui est mauvais, et sûr ce qui est dangereux, ni sauver de péché ceux qui ont la faiblesse de s’y livrer. […] Comment le Parlement, si attentif à n’admettre l’existence légale d’aucun Corps qui ne soit autorisé par des lettres patentes dûment enregistrées, eût-il établi la troupe des Comédiens, pour qui il n’y a jamais eu rien d’enregistré, qu’il a toujours réprouvée, et contre laquelle il a rendu beaucoup d’arrêts ? […] Louis et Philippe-Auguste, l’un et l’autre très pieux et très grands Princes, qui ont le plus sagement gouverné ce royaume, et sur qui Dieu a le plus abondamment répandu ses bénédictions, ont rendu, au rapport de tous les historiens, des ordonnances dans les termes les moins flatteurs pour les élèves de Thalie.
Comme les passions seules fournissent les intrigues, les passions seules peuvent les bien rendre, et les voir jouer avec plaisir. […] L'homme ne se plaît aux spectacles tragiques que parce qu'il est cruel, et ces spectacles achèvent de l'en rendre. […] Un Auteur dramatique doit se mettre à la torture pour imaginer et rendre vivement tout ce qu'un malhonnête homme peut dire et faire, et un Comédien pour le représenter. […] Ainsi cache-t-on à l'homme ses blessures, on les lui fait aimer, on les rend incurables à ceux mêmes qui les craignent et voudraient les guérir : « O mores hominum ! […] Dans l'école et la morale du théâtre au contraire, il faut étaler et embellir les forfaits, exercer les gens dans les lieux infâmes, les lier aux mauvaises compagnies, pour les rendre vertueux.
Les sentiments, Monsieur, dont vous m’honorez depuis plus de vingt ans, vous ont donné des droits inviolables sur tous les miens ; je vous en dois compte, & je viens vous le rendre sur un genre d’Ouvrages, auquel j’ai cru devoir renoncer pour toujours. […] Il s’élevoit souvent des nuages dans mon ame sur un art si peu conforme à l’esprit du Christianisme, & je me faisois, sans le vouloir, des reproches infructueux, que j’évitois de démêler & d’approfondir : toujours combattu, toujours foible, je différois de me juger, par la crainte de me rendre & par le desir de me faire grace. […] Mes foibles talents n’ont point rendu mon nom assez considérable pour faire un grand exemple ; mais tout Fidèle, quel qu’il soit, quand ses égarements ont eu quelque notoriété, doit en publier le désaveu, & laisser un monument de son repentir.
Il vous donne aussi, Mademoiselle, quelques coups d’encensoir, & comme s’il avoit tout le corps épiscopal & tout le peuple chrétien dans la cervelle, il assure positivement que la consultation vous rend digne des éloges de l’Eglise elle-même. […] Deux choses d’une condition toute différente tombent dans la matiere du prêt : 1 : celle que l’usage ne détruit point, comme un meuble, elle revient entre les mains du maître, qui n’en quitte pas la propriété ; on la lui rend avec quelque détérioration, ce qui l’autorise à tirer un certain profit, en vertu d’un contrat qu’on nomme louage. Mais si la chose se consume par l’usage, elle passe entre les mains du débiteur qui en devient le maître2, de sorte qu’elle n’est point rendue la même individuelle, c’est une autre de même valeur qui la remplace : le gain en est donc injuste, provenant d’un fonds qui n’appartient plus au créancier, & selon la loi, la chose fructifie à son maître.
J’ai examiné un nombre considérable de Comédies dans le dessein de trouver un exemple de la façon dont il faut traiter la passion d’amour pour la rendre instructive. Le Misanthrope dont nous venons de parler, n’est pas une Pièce où cette passion paraisse avec les défauts contre lesquels je me suis si fort révolté ; les Amants de la Coquette aiment plutôt en petits Maîtres et en étourdis, qu’en hommes véritablement amoureux : Célimène fait son métier, et le Misanthrope, quoique passionné, traite l’amour suivant son caractère qui influe beaucoup sur sa passion, ce que le grand Molière n’a pas négligé en travaillant : je cherchais donc dans une Comédie un de ces excès de la passion d’amour qui portent les Amants à tout tenter pour se satisfaire : qui les rendent aveugles : en un mot un de ces excès qui font regarder les Amants comme des insensés, et qui leur attirent tout à la fois l’indignation et la compassion des Spectateurs, et je l’ai trouvé à la fin. […] Le Chevalier est puni en ce que n’épousant pas Angélique, il est réduit à une indigence extrême ; le Spectateur cependant peut soupçonner que la punition du Joueur ne sera peut-être que momentanée ; qu’il peut gagner considérablement le lendemain, et trouver encore quelque jeune personne qui ait la faiblesse de l’épouser et qui le rende maître d’une riche dot.
Il doit être regardé comme très-nécessaire, puisqu’il rend heureux tous les ans un grand nombre de Citoyens estimables. […] Avouons que le genre que nous est si cher, rendra la Postérité joliment spirituelle, & tout-à-fait charmante.
Monsieur , malgré ses défauts, il est encore le seul homme capable de rendre Ursule heureuse. […] Elle n’a qu’une vertu, qui nous la rend supportable, c’est d’aimer sa Nièce : elle l’aime éperdûment, mais aigrement, d’un ton toujours grondeur, pour improuver devant elle tout ce qu’elle fait, tout ce qu’elle dit, pour l’élever jusqu’au ciel, dèsqu’elle croit n’en plus être entendue.
si tu connaissais celle qui me rend coupable ! […] Cette idée me console : elle me rend le courage de te transcrire quelques Entretiens que nous avons eu tous ensemble sur mon Projet.
Celui de l’autorité Ecclésiastique ne la rend pas moins vicieuse ni moins illégitime. […] Ainsi de quelque côté qu’on envisage, en suivant l’allégorie de votre Ballet, cette prétendue translation de Lavaur à Aix, on n’y trouve que des défauts essentiels pour lesquels, selon l’ancienne discipline de l’Eglise, 14 votre Héros n’aurait pas du seulement être renvoyé avec confusion à son Epouse qu’il a quittée sans raison, mais même en être privé comme s’en étant rendu indigne par l’ambition qu’il a eue, selon vous, pour une plus riche et plus considérable.
Il résulte de la rétractation de ce Religieux, que pour amuser son loisir, il avait composé un petit ouvrage en faveur du Théâtre, mais sans aucun dessein de le rendre public. […] Outre des augmentations considérables, l’Auteur a refondu entièrement son ouvrage, et l’a rendu plus méthodique et plus exact.
La lutte des préjugés contre les principes a été longue et vive10 ; mais enfin, sans se rendre à la raison, ils ont cédé à la crainte, et les prêtres catholiques ont perdu avec tous les autres privileges, celui de ne pouvoir être exposés sur la scene tels qu’ils sont, vertueux ou fanatiques. […] Le comité de constitution a rendu public son projet de loi pour la liberté de la presse, dont la liberté du théâtre est une partie très-essentielle. […] Puisqu’il n’est pas de moyens de forcer la paresse au travail, il ne faut donc pas fermer les spectacles au peuple ; tâcher qu’ils deviennent pour lui, sans qu’il s’en apperçoive, un lieu d’instruction publique ; c’est la seule maniere de les rendre utiles, au lieu d’être dangereux. […] Dans les lieux d’assemblée et dans les spectacles, il opposoit la résistance à la force armée, souvent il enlevoit les captifs des mains des gardes-françoises, et il les forçoit à les rendre. […] S’ils abandonnent une piece, sous prétexte qu’elle ne leur produit rien, cet abandon rendra à l’auteur la permission de la porter sur un autre théâtre, ou on la fera valoir.
Que cet Etranger se propose de mettre notre Poëme dans sa Langue ; il ne rendra pas tous les mots, mais sa traduction sera bonne, parce que les pensées sont le fond de l’ouvrage, & que celui-ci sera parfaitement rendu, si toutes les idées en sont mises dans un beau jour. […] Une hypothèse où l’on supposeroit d’un coté un homme, qui ne voudroit que penser, & de l’autre un homme, qui ne seroit occupé qu’à rendre ses pensées, seroit au moins ridicule. […] Le plus mauvais usage des figures, c’est de les semer dans un ouvrage, à dessein de le rendre plus éclatant.
Il seroit facile de conserver la chasteté en s’éloignant des occasions ; en nous y exposant, nous nous rendrons presque impossible la vertu, & nous tomberons dans les plus grands crimes. […] le jeûne doit vous rendre plus chaste, plus humble, plus modéré ; en revenant tout changé du spectacle, de quel œil regardez-vous votre épouse, vos enfans, vos amis, vos domestiques ? […] Qui est-ce que cette femme elle-même respecte davantage, de celui qui s’est rendu son esclave, ou de celui qui sait échapper à ses pieges ? […] Jugez-en par vous-même : quelle femme vous plairoit davantage, ou celle qui se livre au premier mot, ou celle qui résiste & combat long-temps avant de se rendre, & par ses combats & ses résistances augmente l’amour, enflamme les désirs ?
Voilà ce qui répugne encore davantage à la nature et à la vraisemblance ; et ce qui rend l’irrégularité de notre Théâtre plus monstrueuse. […] Et pour rendre encore plus sensible le débit de ces insolences, c’est à des femmes qu’on en donne la commission. […] Il y a ici un jeu de mots dans l’Anglais qui n’a pu se rendre en Français. […] Bacchus demande à Hercule le plus court chemin des Enfers : celui-ci répond à l’autre ; qu’il se pende ou qu’il s’empoisonne, et qu’il sera bientôt rendu au terme. […] Il y a ici un jeu de mots dans l’Anglais qui n’a pu se rendre en Français.
Je ne parle pas des paroles licencieuses, des maximes pernicieuses, des emportements, des passions, des jurements, des médisances, des mensonges, des impiétés, des bouffonneries, des folies, dont les oreilles sont à tout moment frappées ; tout cela, bien plus qu'inutile, ne sera pas sans doute oublié dans le compte que vous avez a rendre. […] C'est dans cette vie le bonheur de l'homme et l'adoucissement de ses peines : la sagesse au contraire rend malheureux et sauvage : « Souvent de tous nos maux la raison est le pire. » Suis-je plus sage que les autres en écrivant contre la folie, et la folie théâtrale, que le même Boileau appelle heureuse ? […] » A la bonne heure, ne nous laissons pas gagner de franchise, rendons de bonne grâce les armes à un coupable qui avoue de bonne foi ses torts. […] De là des danses de toute espèce, légères, graves, majestueuses, badines, bouffonnes, etc. qui peignent les mouvements de l'âme, des danses de Guerriers, de Bergers, de Paysans, de Furies, de Dieux, de Démons, de Cyclopes, d'Indiens, de Sauvages, de Mores, de Turcs, qui caractérisent les professions et les peuples ; de là ces mouvements compassés de la tête, des pieds, des bras, des mains, etc. qui tous doivent se réunir de concert pour former les traits du tableau ; de là tous les divers habits et parures analogues à ce qu'on veut représenter, mais qui tous élégants, dégagés, propres, conservent et rendent saillante la taille et la forme du corps, qu'ils laissent admirer ; de là cette souplesse moelleuse, cette mobilité coulante, cette marche gracieuse, cette symmétrie des pas, ces figures entrelaçées, cette espèce de labyrinthe où à tout moment on se perd et on se retrouve ; de là ces innombrables combinaisons de plusieurs danseurs qui se cherchent, se fuient, s'embarrassent, se dégagent, se parlent par gestes, varient à tous les moments la scène, mais qui dans tous leurs mouvements les plus compliqués, toujours soumis au coup d'archet, semblent n'agir que par la même impulsion. C'est ce qui rend si dangereuse la danse moderne : elle n'est que l'étalage séduisant des objets voluptueux, dans le point de vue le plus piquant, le plus favorable.
… j’ai peine à me l’avouer… j’ai porté dans une âme innocente, pure, le poison de la douleur… Monsieur, c’est assez que vous m’ayiez rendu malheureuse, sans associer à mes peines une victime, dont la vue me ferait mourir de honte. […] Que vous me paraissez injuste, je ne dis pas, de cesser de la préférer ; vous la préférez Monsieur : mais en voulant me tromper, moi, qui ne le méritais pas, qui vous distinguais, que vous aviez su rendre sensible ?
Pour rendre les portraits fideles, Vadé poursuivoit dans les carrefours des modeles & ce costume agréable, ingénu. […] Le sieur Dorat s’en est emparé ; ses Heroïdes ont conservé ce precieux trésor, & doive le rendre cher à la Nation. […] Le caractere de Religieux, la profanation des choses saintes, rendent celle-ci plus scandaleuse. […] que rendre la Religion odieuse. […] Aller rêver dans l’autre monde, puisque la vie est un sommeil, rendons-nous heureux par des songes.
ils n’oublient rien pour ennoblir le vice, ils n’épargnent rien pour le rendre heureux. […] se trompe un peu : car Face ne rend-il pas raison de ses procédés ? […] Le seul rapport d’une chose avec la manière dont nous sommes sensibles, ne doit pas être une raison de nous y rendre ; il en faut examiner la nature. […] » Enfin nos Poètes en usent fort cavalièrement à l’égard des Seigneurs d’Angleterre : ils habillent les Milords en Quolibets et leur attribuent des caractères qui les rendent tout à fait méprisables. […] Sa méthode pour garder les bienséances, pour rendre à chaque condition les respects qui lui sont proportionnés, et pour s’insinuer dans la faveur des Grands, est toute admirable !
Si Christine n’avoit point connu le théatre, elle eut été heureuse, & eut rendu ses peuples heureux. […] Cette tentative ne fit que donner à l’Europe une scène qui acheva de la rendre ridicule. […] Les jolies savantes de Paris n’ont pas suivi cet exemple rare ; leur amour pour la philosophie, même pour les romans ne les rend pas si matineuses. […] Ces lettres sont bien éloignées de celles de Madame Sevigné, de Madame de Maintenon en les donnant toutes au public, on lui a fait un fort petit présent, & on lui a rendu à elle-même un assez mauvais service. […] Il y en a cinquante encore pleines de fadeurs, que leur excès même rend ridicule : Pictoribus at que Poetis quidlibet audendi semper suit æqua potestas.
Car il ne se contente pas d’avoir des sentiments si nuisibles ; mais il veut même en rendre garants les Pères de l’Eglise. […] Car c’est renoncer à Dieu que de s’amuser à ces vanités ; c’est se rendre prévaricateur de la foi chrétienne, que de rechercher après le Baptême les choses, auxquelles l’on a renoncé en le recevant (c’est-à-dire les plaisirs, et les pompes du monde). […] Car pour eux l’ignorance de la loi les excuse ; au lieu que la connaissance de cette même loi vous rend bien plus criminels. […] Or ces trois précautions nécessaires selon saint Thomas, pour rendre un divertissement bon et louable, se trouvent-elles dans la Comédie d’aujourd’hui ? […] par la simple vue des choses qui se représentent sur le Théâtre D’où vient que saint Chrysostome, dit Hom. 6. sur saint Mathieu, ajoute-t-il, que les spectacles rendent ceux qui y vont effrontés et adultères.
Une autre raison encore, c’est que le Dialogue étant l’image d’une conversation simple, il s’écarterait de sa nature, si l’on le rendait trop guindé ou obscur. […] Ce défaut est très-commun dans les Tragédies, sur-tout aux prémiers Actes ; ce qui rend l’éxposition froide, & d’une longueur affreuse. […] Pour te rendre plus coupable.
Il faudroit ramasser tous les bons, & en faire une Troupe : ou du moins pour ne point trop innover les choses, il faudroit employer le plus qu’on pourroit les habiles Comediens d’une Troupe, & les charger de toutes les choses principales, sans toutefois s’y opiniastrer, jusqu’à les rendre ennuyeux. […] Ce nombre de Spadassins qui s’y rendent de toutes parts, sans curiosité, sans connoissance, & sans argent, n’est qu’un levain de querelles & d’insolences. […] Le premier est, que la dépense retrancheroit toûjours quelque chose de leur foule, que leur oisiveté & leur pretendu droit rendent tousiours plus grande que celle des vrais curieux & des bons.
Les femmes et les filles y sont parées comme des temples, et il n’y a point d’ornement et d’invention qu’elles n’emploient pour paraître belles, et pour se rendre agréables. […] Car ce Prince si plein de Dieu, et qui par le témoignage de Dieu même était selon son cœur, pour avoir jeté et arrêté ses yeux sur Bersabée, se rendit coupable de deux crimes horribles, d’un adultère et d’un homicidee. […] Il est donc évident que ceux-là pèchent grièvement qui vont aujourd’hui au bal, et qui fréquentent la danse, à cause des dangers qui en sont inséparables, et auxquels ils s’exposent : car quand il pourrait se rencontrer quelque bal où l’on n’appellerait que les seuls parents, ou les seuls amis ; néanmoins il est vrai de dire absolument qu’il n’y peut avoir aujourd’hui aucune assemblée pour la danse où il n’y ait du danger, à cause de la corruption du siècle et des mauvaises coutumes qui s’y sont introduites, ne se tenant plus aucun bal où la jeunesse ne se rende, et où elle n’entre de gré ou de force ; et cet usage a si fort prévalu, que si on fait quelque assemblée pour la danse où on veuille faire ce choix des personnes honnêtes, parentes ou amies, et fermer la porte aux étrangères, on heurte insolemment, et on fait mille outrages et mille affronts au maître de la maison.
Un comédien meurt ; le curé de la paroisse qu’il habitait refuse de recevoir dans son église la dépouille mortelle de cette brebis égarée ; le peuple s’ameute ; la gendarmerie s’avance ; on prend des pierres d’une part ; on tire le sabre de l’autre.... mais le sabre a toujours raison dans un état bien policé, de sorte qu’en définitif le char funèbre, repoussé de la maison du seigneur se dirige, au travers des murmures et des jurements, vers le cimetière, pour rendre à la terre un peu de cette poussière anathématisée. […] Une ordonnance de Louis XIII, du 16 avril 1641e, et un arrêt du parlement rendu en 1668, à la requête de Josias de Soulas, sieur de Florid, écuyer et comédien à l’hôtel de Bourgogne, en font foif. M. le baron Hénin ne démontre pas moins victorieusement (et c’est là le point capital, relativement à l’administration) que, dans les principes de l’Eglise gallicane, l’excommunication, fût-elle réelle, n’étant pas consacrée par la loi civile et personnellement dénoncée, un ecclésiastique se rend coupable d’un véritable délit lorsqu’il refuse les prières publiques à un comédien.
Fontenelle rend ingénieusement cette raison : Les mariages de votre père vous apprirent à ne pas vous marier, comme les courses perpétuelles de Charles Quint aprirent à Philippe son fils à ne pas sortir de Madrid. […] Un mari qui auroit gouverné une vieille Reine, auroit tyrannisé le peuple, & dépouillé le Royaume, se seroit emparé des finances & de l’autorité sans donner d’héritier ; elle ne l’avoit pas voulu quand elle le pouvoit ; elle ne le put quand elle le voulut, il est vrai qu’elle n’insista pas, & se rendit de bonne grâce ; à son âge pouvoit-elle se flatter d’être aimée ? […] Ses habitans paîtris comme lui de fictions & de chimères, sont obligés pour les bien rendre, d’en être pénétrés, sont tous ce qu’ils jouent, ils ont toutes sortes de sentimens & de religions sur la scène ; ils n’en ont réellement aucun quand ils en sortent, tout est chez eux théatral & de pure décoration, conduite, personne, langage, sentimens. […] Mais être Protestant étoit un mérite, & avoir conspiré contre Marie n’étoit pas un crime aux yeux d’une femme qui s’en étoit deux fois rendue coupable. […] D’ailleurs sa mère avoit vécu & étoit morte Catholique, il étoit Protestant, Elisabeth lui avoit fait sucer sa Religion avec le lait, & l’y avoit entretenu ; il s’y étoit rendu savant, & vouloit le paroître.
Les grenadiers du régiment de Picardie, qui sont en quartier dans la ville, ont la garde des lieux publics, se sont rendus chez le Maire & ont offert de faire gratuitement le service. […] Or est il permis de se rendre volontairement vicieux, même un instant ? […] Ainsi si les spectateurs doivent entrer dans les mêmes sentimens, pour bien goûter les plaisirs du spectacle, & se rendre mauvais pendant tout le temps qu’il dure, le même danger doit les faire trembler. […] On peut se passer de rien savoir, l’étude appesantit, éteint le feu naturel, émousse l’esprit, rend timide, desseche l’imagination, obstrue les veines de la poësie. […] & dans le fonds, & dans la maniere de les rendre.
Le savant Prélat quia rendu de si grands services à l’Église, à l’État, en a rendu un très-grand par son Traité contre la Comédie. […] Le grand monde qui y domine le leur rend inaccessible. […] Le Gazetier critique ses ouvrages jusqu’à Telemaque, blâme sa conduite, répand des nuages sur ses vertus, s’efforce de rendre suspect jusqu’à sa rétractation & sa soumission aux décisions du Pape, condamnation accablante de l’appel au futur Concile. […] Qu’on lise son article dans le Dictionn. critique & dans la République dés Lettres, jamais on n’en a dit plus de mal, ou plutôt jamais on ne lui a rendu plus de justice. […] Oui, quand il le rend intéressant par le vice.
Il est vrai que ce Saint Docteur dans le lieu cité de la question 168. marque de certaines conditions qui pourraient rendre l’usage de la Comédie licite, si elles étaient observées ; mais d’ordinaire elles ne le sont pas. […] » Enfin il conclut, en disant que ceux qui en sont spectateurs, et qui y prennent plaisir, se rendent coupables des crimes qui y sont représentés. « Pour ce qui est Ibid. […] Le lieu où se joue la Comédie, présente encore une infinité d’occasions pour offenser Dieu, dans les assemblées qui s’y font, et les rendez-vous qu’on y donne. […] » , en regardant ces choses peut-être ne vous rendrez-vous coupable d’aucune faute ; néanmoins vous êtes responsable du scandale que vous avez causé. […] » Quant à l’exemple que donnent ceux qui vont à la Comédie, on répond qu’il ne peut rendre légitime ce que l’Eglise a toujours condamné, et condamne encore aujourd’hui.
Où, si les moralités de l’Evangile sont annoncées, c’est d’une manière à les rendre méprisables. […] Et voilà ce qui les rend coupables. […] Que de graces à rendre au Ciel s’ils ne sont pas plus communs de nos jours, ces monstres, dont les noms serviront à jamais pour désigner les cœurs pervers ! […] ) qui vous a fasciné le cœur au point de ne pas vous rendre à la vérité ? […] pour rendre leur sort moins à plaindre, elles ne sont jettées à la mer ?
Plusieurs embarras survenus à l’Auteur pendant l’impression de cet Ouvrage, ne lui ayant pas permis d’en voir les Epreuves, il s’y est glissé quelques fautes considérables, qui rendent cet Errata absolument nécessaire, dans lequel on trouvera en outre quelques Additions importantes. […] Je n’entreprendrai point de répondre à l’Auteur des moyens de rendre la Comédie utile aux mœurs.
Peindre les vices pour nous en montrer le péril, & nous en faire craindre les suites malheureuses, émouvoir notre ame pour l’affermir, & comme pour l’endurcir par cette émotion même, en lui donnant une trempe plus forte & plus vigoureuse, c’est le moyen de rendre la Poësie utile. […] Il touche encore plus notre cœur par la beauté d’une morale qu’il rend sensible. Notre imagination n’est pas moins satisfaite d’entendre parler sa langue, non pour la séduire, mais pour la rendre plus attentive & plus docile à la raison. […] J’ajoute encore que le plus grand mérite & le plus haut degré de l’imitation quand elle est parfaite, est de se cacher elle-même, & de rendre l’illusion si forte & si dominante, que l’esprit tout occupé de l’objet imité n’ait pas le loisir de penser à l’art de l’imitation. […] Mais je ne sçai si dans cette vûe même, il n’y auroit pas plusieurs choses qu’il pourroit développer, ou même ajouter pour rendre sa Dissertation plus pleine & plus parfaite.
& tenant en leurs mains des masses de peau de chieure frappoient les femmes qui se presentoient à eux a demy-nuës, croyant par ce moyen les rendre habiles à conçeuoir & plus faciles à enfanter sans tranchees & douleurs. […] Paccien Euesque de Barcelonne prit la peine d’en escrire elegamment vn liure entier intitulé de Ceruolo, pour la raison que nous en rendrons : Homel. de Kalendis Ianuar. […] Lors que nostre Seigneur est ne pour nostre salut à l’instant de Diable a introduit contre l’honneur de Dieu infiniz pernicieux monstres de masquarades, pour rendre nostre religion ridicule, pour tourner la saincteté en sacrilege, & de l’honneur de Dieu faire iniure à Dieu mesmes. […] Nicece, sur ces entrefaictes le miserable rendit l’ame. […] , à celle fin que tous les Chrestiens fussent purs & nets à ce sainct iour, iour de toute pureté, & lors que l’attente de ceste absolution rendit nos François plus enclins à adulterer, dés lors le Pape Nicolas i. de ce nomIbid.
7, se moque du fard, sous le nom d’un Compositeur qui a obtenu, dit-il, un privilége exclusif pour le débit d’un secret admirable qu’il a trouvé, d’un fard à l’épreuve de tous les tems, qui appliqué sur le teint, dure autant que la peau, il a tant de pratique, qu’il ne peut y suffire, il a sept à huit douzaines de visages à rendre ; c’est un peintre sur cuir, au lieu que les autres peignent sur toile ; il appelle son laboratoire, la Manufacture des visages. […] dans cette multitude immense de secrets vrais ou faux sur toutes sortes de choses, en donne plusieurs pour faire du fard de toutes especes & de toutes couleurs ; ensuite il en donne pour le ternir, le dissoudre & découvrir par l’ail, les oignons, le souffre, le saffran, &c. ce qui doit rendre les personnes fardées extrêmement attentives sur tout ce qui les approche, pour n’avoir pas la honte d’être découvertes. […] Une femme doit être contente de plaire à son mari, il ne faut point d’art étranger pour lui plaire ; il ne peut au contraire que la rendre suspecte, la vertu est le plus puissant attrait : Illis pulchra satis forma pudicitiæ. […] Les femmes qui en usent se rendent, malgré elles, justice sur leur laideur ; elles sentent qu’elles ont grand besoin du secours de l’art, mais elles ne veulent pas sentir le tort qu’elles se font ; elles défigurent le peu d’agrément qu’elles ont, par les ravages que le blanc & le rouge font sur leur visage, & par le mépris qu’elles inspirent à ceux qui s’en apperçoivent. […] Ils auroient beau s’autoriser du grand nom d’un Empereur, l’effeminé Othon ne fait que les rendre méprisables comme lui ; ainsi nos petits maîtres ont beau citer le grand monde, & même les actrices, qui sont le prototype des graces, ils n’en méritent qu’un plus grand mépris, en suivant un modele si décrié par tout où l’on respecte la vertu.
Tel étoit autrefois l’usage de latiniser les noms François, & de franciser les Latins ; ce qui rend plusieurs anciennes histoires inintelligibles. […] Au lieu de rendre les Etats florissans, il prépare les calamités, & consomme la chûte des plus grands Empires. […] La seule domesticité enleve un nombre infini de Laboureurs & d’Artisans pour servir le luxe, & que le luxe corrompt, dégoute des travaux utiles, & les y rend inhabiles. […] De proche en proche l’oisiveté, les repas, les emplois, la fortune, par toute sorte de dépendances rendent égaux presque tous les états. […] Cette affecterie est une curiosité, une mondanité très-indécente, qui rend très-suspectes d’adultere celles qui y sont attachées.
Elles en inspirent le goût à leur famille & à leurs amis, elles y attirent leurs amans, pour qui c’est le plus favorable & le plus ordinaire rendez-vous ; elles forment des troupes d’Acteurs & d’Actrices dans les maisons particulieres. […] A la Chine, au Japon, dans toute l’Inde on voit des troupes nombreuses de Comédiennes courir de ville en ville, de maison en maison, jouer toutes les pieces qu’on leur demande, & après la piece rendre tous les services que l’on veut. […] Les registres de la Cour sont peu chargés de pareils arrêts, il en faudroit beaucoup pour empêcher les femmes de s’étaler ; trouveroit-on bien des Juges qui voulussent les rendre ? […] Rien de plus marqué que la modestie des Religieuses ; l’habitude y familiarise, & affoiblit l’impression que la multitude, la continuité de ces pieux excès devroient rendre plus vive. […] La le Maure, Actrice de l’opéra, eut ordre de s’y rendre ; elle refusa d’y aller, si on ne lui envoyoit un carrosse du Roi & des Pages ; le carrosse & les Pages vinrent la chercher.
C’est une peine portée par les lois en punition de certains crimes, qui rend inhabile à tout. […] Une autre raison peut rendre fort rare ce cas de l’exhérédation de Comédiens. […] Tout doit être rendu à la famille, ou confisqué, quand même ces enfants auraient obtenu du Prince des lettres de légitimation. La bassesse, l’avidité, l’ascendant que la passion donne, rendent la loi bien nécessaire. […] Un beau dimanche matin, la future, parée de tous ses atours, se rendit à la messe de paroisse avec son futur, qu’elle fit cacher sous la chaire où le Curé faisait le prône.
Quelque vifs que soient ces portraits, ils ne rendent que faiblement les Actrices de tous nos théâtres, et les Spectatrices, qui se font un mérite et une étude de les imiter. […] Les erreurs dans lesquelles il tomba rendraient son témoignage suspect ; mais rien ne peut affaiblir ce qu'il a dit dans son traité contre les spectacles, que tous les siècles ont admiré. […] Après avoir ravi l'innocence au premier homme, le démon, rival de la Divinité, s'est rendu comme maître des créatures par le mauvais usage qu'il en fait faire. […] Le lieu par lui-même n'est point mauvais ; on va bien sans péché dans les temples, quand ce n'est pas pour rendre quelque culte aux Dieux. […] Partout où il y a du plaisir se glisse la passion qui le goûte, et la vivacité de l'affection qui la rend piquante.
On accuse Racine d’avoir passé les bornes de la vraisemblance dans ses peintures des Heros de l’Antiquité ; mais ce Poëte si sage a mieux aimé rendre ses Personnages un peu trop François, que de les laisser trop Grecs. […] Quand les Poëtes modernes, après s’être rendus inintelligibles par un pompeux galimatias, voulurent rabaisser leur ton, ils chercherent le merveilleux du style dans le brillant des pensées. […] Un Poëte Espagnol étoit si content de mourir pour sa Maîtresse, qu’il disoit à la mort, O mort, viens me saisir furtivement, que je ne sache pas que tu viens, de peur que le plaisir de mourir ne me rende la vie. […] Ne songeons point à rendre à Dryden reproches pour reproches : nous aurions trop d’avantage sur lui. […] Je ne m’arrêterai pas à relever dans cette Piéce tous les défauts de stile & de conduite, ni des Amours aussi déplacés qu’inutiles à l’Action : cette Piéce, dans laquelle un seul Personnage intéresse, & que notre Corneille, sans lui mettre un Platon à la main, eût rendue plus admirable, fut reçue avec de grands applaudissemens en Angleterre, non seulement parce qu’elle fit, comme dit Pope dans le Prologue, couler sur les Loix mourantes des larmes de bon Citoyen, Tears ars Patriots shed… & qu’elle fit tomber des yeux Anglois des larmes Romaines, Calls fort Roman drops from British Eyes, mais 1°.
MONSIEUR, Il y a quelque temps qu’il vous plut me commander de faire quelque chose en faveur de la Comédie, et répondre au libelle du Père Augustin, ce que j’ai fait avec autant d’affection, que j’ai d’intérêt à la défense de sa cause ; Il est vrai que j’eusse différé de rien mettre au jour pour diverses raisons que le silence et le respect m’oblige de taire, Mais le pouvoir que vous avez eu sur mon esprit, m’a fait rompre toutes sortes de considérations pour vous rendre cette satisfaction, et donner cette lettre apologétique au public, sous l’aveu de votre protection, espérant que vous l’agréerez d’aussi bon cœur, que je désire me conserver la qualité de MONSIEUR Votre très humble et affectionné ServiteurA.D.L.B. Lettre apologétique ou défense contre le Libelle du Père Augustin L’Approbation que la Comédie reçoit des plus célèbres esprits de ce siècle, lui sert d’un puissant avantage, pour se défendre contre le Père Augustin, qui non content de la faire l’objet de sa passion, tâche de la rendre odieuse, par la force de ses calomnies, et priver un chacun du plus agréable divertissement, qui sonta entre les exercices de l’esprit. […] Saint Martial évêque de Limoges, autrement appelé l’Apôtre des Gaules, l’un des septante-deux Disciples, dans une Epitre qu’il écrit à ceux de Bordeaux, après les avoir exhortés des devoirs spirituels, les conjure de s’exempter de la fréquentation de ces profanes, comme étant une école de l’idolâtrie, en effet les Païens s’en servaient pour rendre des louanges à leurs Dieux, par Hymnes et Cantiques ; c’est de là que la poésie a été estimée le plus digne de tous les Arts, à cause de la noblesse de son origine, et fut même appelée le langage de la Divinité, car si nous considérons l’histoire Romaine, nous trouverons que les Oracles, ne répondaient autrement qu’en vers. […] Il prétend prouver en alléguant l’antiquité, que les Comédiens sont notés d’infamie, selon les lois et constitutions Ecclésiastiques ; j’avoue avec lui que la Comédie à sa naissance, a été condamnée de l’Eglise primitive, et des Pères Orthodoxes, en ce qu’elle était une fondrière de tous vices : Mais comme les temps perfectionnent les hommes, et changent de mal en bien l’être des choses, elle s’est tellement rendue agréable par la pureté de son innocence, qu’il ne lui reste rien pour ajouter à son mérite, et qu’autant qu’elle a été pernicieuse en son principe, elle s’est montrée recommandable en la fleur de son printemps. […] Mais ce qui le rend encore d’autant plus blâmable, c’est de vouloir choquer une profession, dont il ignore l’effet et la cause.
Ne voyez-vous pas par toutes les choses que nous avons dites jusques ici, qu’il faut que vous travailliez tous les jours à le rendre Philosophe. […] Mais dîtes-moi, je vous prie, ce qu’il doit savoir afin de rendre la vérité aimable aux autres, s’il est quelquefois obligé de la leur représenter. […] Mais s’il est destiné à tout autre chose ne vous tourmentez pas davantage pour le rendre Philosophe. […] Cela peut le rendre Physicien avant même qu’il sache qu’il y a des Livres de Physique.
L a nouveauté du Théâtre dont je parle souvent dans le cours de cet ouvrage, le rend peut-être moins respectable aux yeux de certaines gens. […] Un Auguste, un François I, un Médicis, un Louis XIV, viendront alors lui rendre son éclat : elle le conservera parmi nous tant que rien ne ternira notre Théâtre, & tant qu’il ne sera point en proie au mauvais goût. […] Elle trouble le repos des familles ; elle rend faible & criminelle la beauté qui ne se proposait quelquefois que d’enchaîner à son char une foule de soupirans.
Ensuite les jeunes gens y introduisirent des railleries en Vers assez mal faits, et accompagnés d'une Danse composée de mouvements assez malhonnêtes, et enfin y employant des Acteurs du Pays, au lieu que l'on avait accoutumé jusque là de les emprunter de l'Etrurie, ils formèrent les Satires avec plus de règle, tant pour la Poésie que pour la Danse, et qui n'étaient que Mimes imparfaits ou bouffonneries, mais avec peu d'art en la composition des Vers », dont ils n'avaient rien appris des Grecs, parmi lesquels Sophron s'était rendu célèbre dès cents ans auparavant, par les Mimes qu'il avait composés pour hommes et pour femmes ; et cette Poésie s'acheva si lentement que durant plus de six-vingts ans, depuis cette institution des Jeux Scéniques, on ne parle d'aucun Poète Romain. Mais enfin Andronicus donna publiquement dans Rome des Fables qu'il jouait lui-même, et dont ces vieilles Satires lui prestèrent le fondement et l'invention ; et je ne vois pas pourquoi l'on a voulu deviner que ce fussent des Tragédies et des Comédies, car il est certain que ce n'en pouvait pas être ; c'étaient des Mimes, ou de petites Fables qu'il mettait en Vers, comme les Fableaux de nos vieux Poètes français, et qu'il dansait lui-même en sautant, chantant et touchant quelque instrument ; comme tous les autres Poètes de son temps, selon mêmes les termes de Tite-Live ; mais j'estime qu'il les fit avec plus d'art, et qu'il se rendit si célèbre qu'il en fut nommé l'Auteur ou le premier. […] Encore me semble-t-il que le dessein de ce Satirique, en les nommant Comédiens, est plutôt de les blâmer, et de leur imputer la lâcheté de se rendre complaisants par flatterie à ceux dont ils espéraient quelque avantage.
La peur que vous m’avez donnée me rendra plus sage à l’avenir. […] Molière a montré qu’on pouvait être aussi amusant que Plaute, aussi spirituel que Térence sans choquer la bienséance, c’est ainsi que le Théâtre Français peut se glorifier d’être devenu un spectacle digne de tous les hommes, puisqu’il a acquis le degré de perfection qui le rend utile à tous, au lieu que les spectacles des autres nations ne sont bons que pour elles-mêmes et seront toujours bornés à ne plaire qu’à chacune en particulier, tant que les règles établies par Aristote et respectées des seuls Français n’auront pas acquis le crédit qu’elles méritent dans l’esprit des Dramatiques de toutes les nations, et que ceux-ci ne s’attacheront pas comme les Auteurs Français à se rendre utiles, encore plus qu’agréables.
« Ces plaisirs peuvent bien charmer un moment nos chagrins, interrompre un peu le cours de nos ennuis, et fixer un instant la joie fugitive ; mais ce n’est que pour rendre nos chagrins plus insupportables, nos ennuis plus accablants et nos regrets plus amers. […] Celles-ci sont au firmament comme autant de flambeaux que la main du Tout-Puissant a placés dans une distance respective qui ne change point, pour marquer son immutabilité : ces globes mobiles rendent un perpétuel témoignage à sa puissance par leur immensité, puis à sa grandeur par leur élévationbl. […] Les eaux de Mara perdent leur amertume : Moïse, y ayant jeté un bois mystérieux, le bitume dont la vase était pénétrée se dissipe, ou du moins il retire ses influences désagréables, pour rendre aux eaux leur douceur naturelle.
Les Athéniens furent les premiers qui inventèrent la commodité du théâtre et la pompe des décorations, qui rendirent l’action beaucoup plus commode et plus magnifique. […] Eupolis, Cratinus et Aristophane s’étaient rendus formidables par cette méthode. […] Théodoric Roi des Goths s’étant rendu le Maître de l’Italie l’an 493. y abolit les combats cruels, et sanglants du cirque, tous les autres Princes Chrétiens en ont fait autant dans leurs Etats ; et de ces spectacles des Anciens ; il n’est plus resté que ceux du Théâtre.
Son exil ne le rendit pas plus sage. […] Ses malheurs ne le rendirent pas sage, même à l’égard du théatre : car il composa douze pieces fort inférieures à l’Aminthe, qui ne réussirent pas. […] Il ne se rendit qu’à celle de Padoue, d’où il prit le nom de Berger extravagant : car c’est la mode que toutes les Académies italiennes prennent un nom bisarre, Humoristes, Enfarinés, Insensés, &c. […] Ses amis ou plutôt les amis du vice ont rendu au public & à lui-même le mauvais service de répandre ce funeste poison, qui le rend aussi-bien que les éditeurs comptable au jugement de Dieu des péchés innombrables qu’il fera commettre. […] Ses amis ont ajouté des estampes où toutes la manœuvre de Cythere est fidelement rendue : c’est une galerie comme celle des Carraches à Florence.
Mercier a joint à sa piece, pour mieux peindre son héros, un long commentaire qui forme un gros livre : il a prévenu la postérité, & s’est rendu à lui-même le même service que les interprêtes rendent à Sophocle, à Euripide, &.
Je ne dirai rien de l’Episode de Misaël, il a paru si naturel et a été si heureux que ce serait me rendre indigne de l’approbation qu’il a eue, si je voulais la justifier. […] Ce bruit est devenu un scandale public, et semble nous faire entendre qu’il faudrait proscrire la piété et la bannir du Théâtre, comme si nous étions encore dans ce siècle barbare et ignorant, où les spectacles publics représentaient nos plus sacrés mystères d’une manière qui rendait ridicule ce qui devait être le sujet de l’attention la plus sérieuse et de la plus profonde vénération.
Qui en croiront-ils, s’ils ne se rendent pas à de semblables autorités ? […] Abus, mes Freres : appellez-vous amour honnête celui qui possede un homme et qui l’enchante jusqu’à lui ravir le sens et la raison, qui absorbe toutes ses penses, qui épuise tous ses soins, et qui aux dépens du Créateur, le rend idolâtre de la créature ? […] Si c’est votre main, coupez-la, et privez-vous de tout le service qu’elle pourroit vous rendre : Si manus tua scandalisat te, abscinde eam. […] Au milieu de tant d’objets différents qui tour à tour et comme par des évolutions réglées, passent sans cesse et repassent, de quoi les yeux sont-ils frappés, et à quoi se rendent-ils attentifs ? […] Qu’auroient-ils dit de ces promenades dérobées, où le hazard en apparence, mais un hazard en effet bien ménagé et bien prémédité, fait de prétendues rencontres et de vrais rendez-vous ?
Je crois donc, Monsieur, que vous vous rendrez sans peine sur ce point. […] Les Violons jouent : George Dandin paroît ; & dans le même lieu où étoit le Temple de Jérusalem, je vois le rendez-vous nocturne d’un jeune homme avec une femme mariée, & le pauvre M. […] Tout ce que l’amour lui représente, elle croit le voir ; & tout ce qu’elle voit, elle le rend visible au Spectateur. […] La fourberie & la duplicité de ses compatriotes, son emportement & sa cruauté l’eussent rendu plus reconnoissable & plus théatral. […] L’amour n’en est pas le seul ressort ; la politique & l’ambition y sont mêlées avec art, & le rendent plus noble & plus tragique.
Il pouvoit profiter de l’allusion, & faire semblant de la percer dans sa chûte, ce qui auroit rendu la scene plus tragique. […] Cette partie du corps non seulement orne les animaux, mais encore leur rend bien des services. […] Un grand Mandarin à force de vestes & de robes l’une sur l’autre, se rend gros comme un tonneau. […] 2.° Les queues ont un air de gravité parce qu’elles rendent l’action & la marche plus lente, ce qui est bien opposé à la vivacité & à la legereté Françoise, au dégagement des habits, & à la facilité des mouvemens. […] N’est-ce pas peut-être ce qui rend les queues si cheres à la Noblesse ?
On prodigue tout à la passion ; les passions seules rendent prodigue. […] Est-il étonnant que la corruption du paganisme ait aussi favorisé les Comédiens qu’elle avait enfantés, et qui à leur tour par reconnaissance lui rendaient les plus grands services ? […] Roscius, qui était Gaulois, composa un Traité de l’éloquence du geste, qui s’est perdu, que Sanlec dans son Poème du geste, et l’Abbé Dinouard dans son livre de l’Eloquence du corps, d’après Quintilien et bien d’autres, ont tâché de nous rendre. […] 1.), rapportent que le Ministre Rousset, qu’elle fit Evêque d’Oleron, s’insinua dans sa cour, lui fit lire la bible traduite en français, et la rendit huguenote, qu’elle composa une tragi-comédie de tout le nouveau Testament, et la fit jouer par des Comédiens, qui pour lui plaire, y mêlèrent une foule de railleries et d’invectives contre le Pape, les Ecclésiastiques et les Moines. […] Enfin Néron lui-même, c’est tout dire, agit contre eux dans un de ces moments, de ces éclairs de raison qui le rendaient à lui-même et aux bonnes mœurs (Suét.
Toute l’intrigue consiste en ce qu’un sorcier met une poudre sur les yeux d’un Prince, qui le rend aveugle ; un autre y met un eau qui le guérit. […] Mais ce n’était là qu’un jeu auprès des coups que lui allait porter la main la plus respectable, de qui il devait le moins les attendre : « La qualité de Poète que le grand Armand prétendait réunir à tant d’autres, le rendit jaloux du Cid. […] Cette Compagnie ne se rendit pas pour cela, il fallut entamer une nouvelle négociation ; on sollicita, on pressa, on promit, on menaça, on mendia de toutes parts des autorités, et on fit venir du fond de l’Angoumois une lettre du vieux Balzac, célèbre Académicien, l’oracle de son temps, et qui méritait mieux de l’être que la plupart de ses contemporains. […] Mais il ne sera jamais de l’intérêt de l’Etat de rendre les Ministres des Autels vicieux et méprisables, ni d’amuser et de dissiper les Ministres du Prince par la corruption et la frivolité du théâtre. […] Richelieu crut que le moyen de calmer les esprits, de se rendre maître, et de prévenir de pareils mouvements, c’était de faire une révolution dans les mœurs de la nation, en l’amollissant par le plaisir, et la dissipant par la frivolité.
Il se rendit agréable à son éléve, qui en fit son Conclaviste, & son Camerier. […] Ce ne fut pas le seul spectacle où le Pontife oublia la Sainteté de la Thiare, ce fut une tâche dans un Pontifiat que de grands événemens ont rendu célébre. […] Il n’en falut pas davantage pour rendre Machiavel comédien ; il travailla à la Nitia, au Ditia, & à la Mandragola, & à bien d’autres piéces, où il joua la personne la plus distinguée de Florence. […] Les comédiens Italiens jouent ordinairement masqués, ils rendent mieux par-là, le caractère de l’acteur, & y trouvent un plaisir plus piquant. Les deux caractères réunis de la Palui & de son rôle, s’aident mutuellement, rendent plus saillants & plus plaisants les traits des personnages ; ils se mocquent en même tems du défaut qu’on joue, & de leurs compatriotes.
Un Prédicateur ainsi formé aurait plus perdu que gagné ; il aurait perdu cette grâce, ces lumières, cette inspiration du ciel, qui seules peuvent mettre sur la langue ces paroles de vie dignes de la sainteté de nos mystères, « dabo vobis os et sapientiam » ; cette force, cette élévation, cette profondeur divine, qui peuvent seules la rendre efficace dans les auditeurs ; cette douceur, cette onction, cette piété, qui seules peuvent inspirer le goût et persuader la pratique de la vertu, sans laquelle on n’est qu’un airain sonnant, et une cymbale retentissante. […] Ainsi écarte-t-on le danger des spectacles ordinaires : mélange des sexes, parures, nudités, attitudes efféminées, discours libres, tendres, galants, passions vives, vivement rendues, qui toujours se récitant en français, font peu d’impression dans une langue étrangère. […] Sans elles on n’échappera pas à ses anathèmes, même dans le vénérable Institut ; on les y méritera encore plus parce qu’on ne se conformera pas à ces traits de sagesse qui l’ont rendu vénérable. […] Il fut représenté sur le théâtre des Jésuites de Rouen, le 10 et 12 août 1750 un ballet moral, intitulé, le Plaisir sage et réglé, que le Parlement de Rouen a condamné au feu par arrêt du 12 février 1762, d’après le compte rendu par M. le Procureur général le 23 janvier précédent. […] III. part. du Compte rendu.
On y voit Catinong par l’attrait des plaisirs, D’un trop volage époux réveiller les désirs, Pour regagner son cœur, n’employant que ses charmes, A Saint Far enchanté faire rendre les armes. Aimable Catinon, dont l’art si séduisant De plaire et de charmer est le moindre talent, Du Public connaisseur tu ravis le suffrage, Moi je prétends te rendre un plus sensible hommage, Il est digne de toi, puisqu’il t’est présenté ; Ton cœur en est l’objet, le mien me l’a dicté. […] Mais tout change ; et je vois trompant leurs surveillants, A l’aide d’un Valet, intriguer deux amants ; Sous le masque des Ris, la fine Dangevilleq , Jouer d’après nature, et la Cour et la Ville ; Tantôt d’un jeune objet servant la passion, Ecarter un témoin qui n’est point de saison ; L’instant d’après, Coquette ou Bourgeoise à la mode, D’un mari tout uni faire un époux commode ; Ou lorgnant un Galant, retirée à l’écart, Pour lui rendre un poulet, minauder avec art ; Soubrette inimitable, adroite, gaie, unie, Pour la peindre en trois mots, rivale de Thalier, Cette immortelle Actrice est seule sans défauts ; Dumesnil a ses jours, et Grandvals des égaux ; Là, j’aperçois Gaussin t, cette charmante Actrice Déguisée en Agnès, d’un air simple et novice, Exprimer ses désirs par sa tendre langueur, Et peindre dans ses yeux les miracles du cœur ; Retrouver dans l’Oracle une mine enfantine, Ou du Comte d’Olban triompher dans Nanineu.
Mais vous dites aussi que le soin qu’on prend de « couvrir les passions d’un voile d’honnêteté » ne sert qu’à les rendre plus dangereuses. […] Ne lui a-t-on pas même rendu ses louanges dans l’une des Provinciales, et n’est-ce pas elle que l’auteur entend, lorsqu’il parle d’une « personne qu’il admire sans la connaître j » ? […] Voilà ce qui l’a rendu digne de la doctrine de Saint Augustin.
Je me rendis facilement à ces raisons ; je crus qu’il ne serait plus parlé ni de la Lettre ni des Réponses ; et sans m’intéresser davantage dans le parti des comédies ni des tragédies, je me résolus de leur laisser jouer à leur aise celles qu’ils nous donnent tous les jours avec Desmarets et les Jésuites. […] [Note de l’éditeur de l’édition originale, Germain Garnier] Un arrêt du Conseil du 19 novembre 1666, rendu sur une ordonnance du prévôt de Paris, avait fixé la hauteur et la saillie des auvents qu’on était alors dans l’usage de construire au-devant des boutiques dans les rues de Paris.
Ce soin même que prennent les auteurs des pièces de théâtre, de couvrir leurs mensonges de l’apparence de vérité, afin qu’elles puissent être agréables rend témoignage à ce que j’avance, et prouve invinciblement que l’esprit de l’homme est créé pour la vérité ; mais cet attachement prodigieux à des fictions et à des chimères, fait voir d’autre part qu’il est devenu plus vain que la vanité, puisqu’il préfère l’image à la réalité, des mets en peinture à une viande solide, et qu’il consume misérablement ses forces et sa vigueur à poursuivre des fantômes, et courir après l’ombre de la grandeur. […] Ainsi un parricide, un inceste, exciteront bien moins d’horreur que de pitié, mais elles ne gâtent pas simplement l’esprit, elles le rendent idolâtre et tout Païen, comment cela ? […] L’instinct du Christianisme va si fort à en éloigner, que les Païens reconnaissaient qu’un homme était devenu Chrétien dés qu’ils ne le voyaient plus dans ces lieux, et la curiosité y ayant un jour conduit une Chrétienne, le démon prit possession d’elle aussitôt, et comme on le conjurait dans les exorcismes de dire ce qui l’avait rendu assez insolent pour s’emparer du corps de cette servante de Jésus-Christ, il répondit par sa bouche qu’il l’avait trouvée dans sa maison, in meo inveni. […] Le temps ne permet pas de m’étendre sur les désordres et les inconvénients du bal, la plupart des raisons qui prescrivent l’un, condamnent l’autre, les danses sont aussi bien que les comédies un reste du paganisme, car les idolâtres croyaient rendre par là un grand honneur à leurs fausses divinités dans leurs fêtes solennelles.
Il en résulte que les prêtres qui, en matière d’excommunication, violent les saints canons et décrets des conciles, se rendent doublement coupables, envers l’autorité séculière et envers la discipline ecclésiastique. […] Cependant on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer aux exercices de notre religion, faire des aumônes, rendre le pain béni, etc., etc., et continuer, en même temps, d’exercer leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés ; car en ce cas, ils devraient être exclus de l’Eglise. […] C’est ainsi que pour le malheur de la belle France, les Jacobinières de Montrouge, de Saint-Acheul, etc., etc., arrivent peu à peu à leur but désorganisateur et destructeur, en replongeant le peuple dans l’ignorance et en cherchant à lui rendre les erreurs et les superstitions des siècles de barbarie ; ils veulent enfin procurer à la France le même genre de bonheur et de gloire, que la secte monachique et jésuitique procure aujourd’hui à la malheureuse Espagne. […] Tel est le principe atroce de l’inquisition religieuse, que les jésuites professèrent de tout temps et professent encore, et dont l’auteur du livre des crimes de la presse s’est rendu l’apôtre.
La Reine le lui rendit par un autre où les plus belles de la Cour firent le même office, la gorge découverte. » Le Journal d’Henri III ajoute que pour le repas du Roi il fut levé soixante mille livres de soie verte, que celui de la Reine revenait à cent mille livres, qu’on leva par forme d’emprunt. […] Les coffres de l’épargne étaient vides, il fallait avoir recours aux plus fâcheux expédients pour recouvrer de l’argent, surtout par la création de nouveaux offices, dont les Italiens fournissaient les titres, et persuadaient au Roi que c’était un excellent moyen d’avoir de l’argent sans violenter personne, et de rendre la puissance du Roi absolue, en remplissant toutes les villes de créatures qui fussent à lui, et que par la crainte de perdre leurs charges, il tint obligées de lui aider à fouler ses sujets. » L’Abbé de S. […] Le théâtre l’a ennobli, l’a rendu nécessaire, en a donné le goût, en fournit les modèles et les maîtres, et charge le public de frivolités aussi dispendieuses que dangereuses. […] on y forme des passions, on y lie des intrigues, on y donne des rendez-vous ; il faut y faire des emplettes, payer des rafraîchissements.
Et, je le rappelle, ce qui rend extrême l’inconvénient de cette manière de corriger les mœurs, c’est la mauvaise foi sans frein, c’est l’action, inévitable de la troisième école, de cette faction de tous les vices, qui encore, dans son déchaînement, s’arroge la plus forte part de jurisdiction à ce tribunal et en tire plus de force, d’autorité et d’audace, pour lancer les traits du ridicule contre ses adversaires. […] Et même, les plus ardents de ces privilégiés le voyaient ainsi long-temps avant que la révolution n’eût blessé leurs intérêts particuliers, par une influence philosophique qu’ils rendent comptable, pour cette raison, de tous les dommages et de tous les désordres passés et à venir. […] Je reconnais vos droits à mes hommages, et je vous les offre avec autant de plaisir que vous me trouvez de dureté à rendre mon mépris pour ceux qui déshonorent si cruellement vos professions. […] Voici un autre exemple qui rend encore plus palpable l’inutilité et les dangers de jouer ou attaquer confusément le vice dans une corporation. […] on pourrait citer bien des exemples d’hommes généreux qui ont pris spontanément la défense personnelle du faible opprimé : je n’ai donc qu’à faire le vœu que ce dévouement soit encouragé tant sous l’ancienne que sous cette nouvelle forme, qui n’entraînerait point une plus grande responsabilité que l’autre, et qui attesterait mieux le courage des auteurs et la sincérité de leur zèle que les imprudences accoutumées rendent si douteux qu’on est quelquefois forcé de croire que les uns sont au moins indifférents aux désordres qu’ils combattent, et que les autres seraient fâchés qu’ils manquassent à leur verve ou à leur ambition.
Ce privilége les rendit insolents, ils tuerent un Tribun qui vouloit reprimer les insultes qu’ils faisoient aux Magistrats. Tibere, qui ne les aimoit pas , proposa au Sénat de révoquer cette grace, & de rendre aux Magistrats une liberté entiere de les chatier. […] Tant ces deux Princes avoient peur qu’on ne devint bête, faute de danse, tant ils avoient envie de rendre agréable aux Catholiques une Eglise qui danse par principe de Religion & de soumission aux Loix. […] Leibnits n’a point de monade si rendre, Newton n’a point D.**. plus enchanteur ; A vos attraits on les eût vu se rendre : Vous tourneriez la tête à nos Docteurs, Et Bernouilli calculant vos appas Briseroit son compas. […] Encore moins celui de Newton, où tout gravite vers le centre, & par conséquent rend la masse immobile.
LEs autorités très-respectacles & les raisonnemens très-solides qui forment cet Ouvrage en rendent l’impression très-utile ; on desire ardemment qu’il soit lu avec pause, & l’esprit dépouillé de toute prévention.
Ainsi les observations malignes qu’on appréhende, nous rendent attentif dans l’instant même où la chaleur de la composition nous enlève, nous transporte. […] Le Spectacle moderne me fournit tout ce que je pouvais désirer pour rendre mon Ouvrage singulier, & pour faire des remarques sur le Drame, sans répéter tout-à-fait ce que les autres ont dit.
Que les Dieux le leur rendent. […] Pour arracher leur ame à cette oisiveté qui fait son ennui, il faut ou la rendre attentive à un pompeux récit de merveilles qui la tiennent dans l’admiration, ou frapper en elle cette partie pleureuse, dont parle Socrate [p. 67] qui est insatiable de larmes, ou, ce qui est plus difficile, satisfaire la partie gaye, qui ne veut que rire.
Ils ne furent pas longtemps sans abuser de cette liberté ; les obscénités et les insolences qu’ils mêlerent dans leurs récits et dans leurs postures, les rendirent enfin odieux, et attirèrent également contr’eux l’indignation de l’une et de l’autre des deux Puissances, la spirituelle et la temporelle. […] Ainsi pour se rendre plus agréables, ils se joignaient souvent ensemble, et se trouvaient aux grandes assemblées, pour divertir ceux qui voulaient les employer.