/ 505
172. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Apollon et Mercure ont des mœurs très mal assorties à leur rang. […] Où est la convenance des mœurs avec la personne ? […] un misérable pour les mœurs et un escroc de profession. […] Disons maintenant un mot des mœurs de cette Pièce. […] Quel composé de Mœurs étranges !

173. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Les mœurs d’une Nation forment d’abord l’esprit de ses ouvrages dramatiques. […] L’influence du Théâtre sur les mœurs, n’a pas besoin d’être prouvée, puisqu’elle est indispensable. […] Un Gouvernement équitable encourageroit tout ce qui peut corriger les mœurs publiques. […] Combien il auroit donné de plus grandes leçons, s’il n’eût pas été forcé d’affoiblir ou de voiler ses intentions en présentant sur la Scène des mœurs étrangères & des faits inventés ! […] Les gens imbus d’anciennes erreurs s’étonneront de cette importance que j’attache à la liberté du Théâtre, du Théâtre qui change insensiblement les mœurs Nationales.

174. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Les scandales des Dieux du paganisme, les intrigues, les débauches, les passions en prirent la place, et malgré tout ce que l’ancien spectacle pouvait avoir de défectueux, on voit aisément que les mœurs et la religion n’ont rien gagné au change. […] Heureusement tout cela ne portait pas sur les mœurs, et peu à peu, comme dans tout le reste, on eût réformé les airs gothiques. […] Les danses, les chants, le mélange des sexes, les discours libres, les parures indécentes, les postures, les gestes, les mœurs des spectateurs et des auteurs, d’un exercice de religion firent un scandale. […] Les mœurs ni la religion n’ont rien gagné au nouveau théâtre. […] Jamais la religion ni les mœurs n’approuveront qu’on les y expose avec les attributs de la Divinité, les adorations, les vœux et les sacrifices : c’est tout ce que pouvaient faire leurs adorateurs.

175. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. […]  » Pour ce qui est de la Comédie, les Païens même ont reconnu combien elle était dangereuse, et que les jeunes gens ne devaient pas lire ces sortes d’Ouvrages, qu’après que leurs mœurs seraient tellement affermies, qu’elles ne pourraient plus en être blesséesb

176. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Ce soupçon néanmoins qui auroit dû le retenir, s’il aimoit sa Religion, ne l’empêche point de franchir le pas : c’est une difficulté qu’il élude, désesperant de la résoudre, & bravant les remords que sa conscience ne manque pas de lui faire sentir, il s’obstine à l’apologie des représentations théâtrales, courant volontiers le risque de prêter sa plume au relâchement, à la corruption des mœurs, à des passions avec lesquelles le Christianisme est tout-à-fait inconciliable. […] L’Ange des ténébres prévoyant, ajoute ce Saint Pere1, que les cruautés du Cirque devoient bientôt prendre fin, qu’on se lasseroit du combat des Gladiateurs, a inventé un nouveau genre de Spectacles non moins à craindre ; on n’attente plus aujourd’hui sur le Théâtre à la vie naturelle de l’homme, c’est à la vie de l’ame que l’on en veut ; les Auteurs dramatiques s’en prennent à l’innocence des mœurs, ils jettent dans tous les quartiers d’une grande Ville des semences de péché qui germent, poussent des racines, multiplient leurs branches, & dont les fruits causeront bientôt une corruption générale. […] Concile de Milan1, exhorte vivement les Magistrats à chasser les Comédiens, comme gens perdus, qui ne sont faits que pour perdre les autres ; il ordonne aux Prédicateurs de son Diocèse de parler avec beaucoup de zéle contre les Spectacles qui sont les appas du démon, qui tirent leur origine des mœurs corrompues des Payens, & ne souillent que trop celles des Chrétiens en ce malheureux siécle.

177. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312

Je me flatte d’avoir démontré dans le premier Chapitre de cet ouvrage combien la Comédie de l’Avare telle qu’elle est, est contraire aux bonnes mœurs ; par tout ce que j’ai dit sur les amours de Cléante et Elise les deux enfants d’Harpagon, il semble que je devais en conséquence placer cette Pièce dans la classe des Comédies que je rejette. […] LA MERE COQUETTE, Il y aurait de l’injustice à ne pas avouer que cette Comédie de Quinault est bien imaginée et bien conduite ; mais quant à l’article des bonnes mœurs, il ne paraît pas que l’Auteur en ait été occupé autant qu’il l’aurait dû, puisque le principal personnage de sa Pièce est insoutenable de ce côté-là, et suffirait seul pour exclure la Coquette de tout le Théâtre, où l’on aura pour but d’instruire en divertissant. […] Quoiqu’on en puisse dire pour excuser une pareille conduite on ne parviendra jamais à la justifier du côté des mœurs, et il en résulte toujours qu’elle est d’un très mauvais exemple pour les jeunes gens.

178. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Ses rêveries sur la religion et sur les bonnes mœurs vont-elles de pair avec ses rêveries sur les légions et les colonnes ? […] Au reste, c’est la même chose ; les jeux voluptueux qui efféminent les hommes, ne sont que le théâtre en détail, et le théâtre n’est que l’amas de tout ce qui corrompt les mœurs. […] L’ennemi peut se fier à la corruption des mœurs : sans combat et avec combat elle répond de la défaite. […] La comédie est en effet bien ancienne, les intrigues Madianites n’ont pas commencé à Molière, et les Princesses Cozbi de nos jours datent dans l’histoire des mœurs théâtrales, de la plus haute antiquité. […] On le voyait jusque sur le théâtre faire aux Acteurs et aux Actrices des caresses indécentes, bien sûr de n’être pas refusé par des gens qui ne s’embarrassaient pas plus que lui des mœurs et des bienséances.

179. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Ce tribunal me fait souvenir du Sénat des Dames, établi par Héliogabale, pour juger des modes, des coëffures, des pompons, &c. ainsi se formeront, à Parme comme à Paris, d’excellents citoyens, & acteurs de théatre, très-utiles à la République, à la Réligion & aux mœurs. […] Dieu veille sur son Eglise, les portes de l’enfer, ni même les mauvaises mœurs des premiers Pasteurs ne prévaudront point contr’elle. […] Le théatre doit être bien mauvais, puisqu’il a contribué à perdre les mœurs du chef de l’Eglise, & a jetté une tache ineffaçable sur la mémoire, & qu’il n’a été aimé que par un homme sans mœurs ; aussi aucun de ses successeurs n’a donné un pareil scandale, même Clément VII, de la même maison de Médicis ; encore moins Léon XI, qui vécut & mourut en saint. […] Les ariettes, les vaudevilles qui ont eu quelque cours, sont un genre de mérite emprunté, qui peut enrichir toute sorte de théatre, les graces, la coquetterie des acteurs, des danseuses, des figurantes, qui achalandent un théatre, ne sont pas un mérite dramatique, & sont un très-grand démérite pour la Réligîon & les mœurs. […] Il fit à sa mort une sorte de conversion, voulut par dévotion être enterré chez les Dominiquains de Venise, & leur laissa sa bibliothéque théatrale ; sans doute afin que tous ses ouvrages, si utiles pour les mœurs, ne tombassent pas en des mains profanes : tous, ces graves écrits ne sont-ils pas bien placès dans un Couvent ?

180. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

A qui donc la dépravation des mœurs est-elle le plus redevable de ses excès ? […] Chapelle dont Chaulieu se disoit le disciple, supérieur en quelque chose, inférieur en d’autres, valoit mieux pour les mœurs : il est pourtant moins audacieux ennemi de la Religion & de la vertu ; mais plus grossier dans ses expressions. […] Le jeune Voltaire, qui pouvoir avoit une vingtaine d’années, puisque Chaulieu est mort en 1720, & qui étoit déjà sans mœurs, sans religion, peint ainsi les parties de débauche qu’il faisoit avec lui. […] Il a ramassé plusieurs traits répandus dans ses Essais en faveur de la Religion & des mœurs. […] Il parle de la religion & des mœurs avec une énergie & une liberté cinique : ce qui n’est pas un petit mérite.

181. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Je veux des mœurs compagnes des plaisirs. […] Il en est de même des mœurs. […] Mais ce qui la mérite, c’est l’utile dessein qu’on attribue à ce peintre de corriger les mœurs par les tableaux grotesques, des divers excès où font tomber les vices. […] La Flandre n’est pas la seule où l’on solemnise la fête des saints comme celle des dieux du paganisme ; cette liturgie est suivie dans toute l’Europe, au grand préjudice de la religion & des mœurs. […] Que penser d’un spectacle si vanté, qui ne commence d’être bon que depuis cinq ou six ans, malgré tant de chef-d’œuvres qu’on donnoit pour une école de mœurs.

182. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Premierement, c’est une chose tres-constante, que tous les Peres de l’Eglise ont déclamé contre la comédie, qui se faisoit de leur temps, comme contre un spectacle, qui alloit de luy-même à la grande corruption des mœurs : Il ne faut qu’en lire les invectives, pour voir de quel zéle ils estoient portez contre un divertissement, qui en des-honorant le Christianisme, en corrompoit aussi les maximes, & la pureté. […] N’est-on pas donc obligé de regarder au moins la comédie, comme un divertissement dangereux, puis qu’ils ont parlé de cette sorte de spectacle, comme d’une chose, capable de corrompre les mœurs les plus innocentes ? […] Mais aujourd’huy, comme je vous l’ay marqué tout au long dans l’Entretien du Cercle, presque tout le monde aime à railler, & à rire, aux dépens des bonnes mœurs, de la pureté, & de la Religion ; c’est l’esprit empoisonné du temps, qui se répand, & se glisse par tout ; on l’aime en soy, on l’aime dans les autres, & ceux qui sçavent mieux s’en aquitter, sont les plus aplaudis. […] Me direz vous maintenant, que l’on voit des personnes de bonne vie, & de bonnes mœurs, qui sans tant de façon vont à la comédie, comme les autres, & qu’ainsi l’on est fort justifié, quand on agit sur leur exemple ?

183. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Et à dire la vérité les Comédies Italiennes sont remplies de tant de licences déshonnêtes qu'elles passent du style Comique fait pour délecter, pour enseigner et pour corriger par la répréhension et la moquerie les mauvaises mœurs, dans celui de la raillerie, de la bouffonnerie, de l’Impudicité et de l’imprudence. Et ces farces exécrables dont en France on fait un dessert de ciguë aux représentations tragiques et sérieuses, mériteraient sans doute une sévère punition du Magistrat parce que les mauvais propos et abominables que l’on y tient ne corrompent pas seulement les bonnes mœurs et n’apprennent pas seulement au peuple des mots de gueule, des traits de gausseries et des quolibets sales et déshonnêtes mais le porte à l’Imitation des friponneries et sottises qu’il voit représenter et qui par ses yeux (lesquels sont plus vifs que l’ouïe) passent dedans son cœur. […] Et davantage le Magistrat a tellement l’œil à ces ébats que ceux qui disent ou font des actions qui offensent la pudeur ou les bonnes mœurs sont sévèrement châtiés encore que par joyeuseté il y ait toujours quelque personnage destiné à donner du plaisir et à faire rire la compagnie soit par les points et les rencontres de ses mots, soit par ses grimaces, soit par ses sottises et badineries, mais toujours sans préjudice de l’honnêteté et de la modestie. […] Et c’est ainsi que ces doctes Religieux qui portent les flambeaux des lettres et de la piété par toute la terre se servent des Représentations dans leurs Collèges non seulement pour donner à leurs écoliers la hardiesse de parler en public et pour former leur geste et leur action à l’art Oratoire, mais encore pour corriger les mauvaises mœurs et imprimer de bons sentiments de vertu en l’âme des spectateurs.

184. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

L’Abbé Metastasio avoit précédé M. de Belloi dans la carriere des pieces historiques utiles aux bonnes mœurs. […] Il semble qu’on ait choisi ce sujet, & qu’on l’aye chargé exprès pour corrompre les mœurs. […] Mais c’en est trop, l’intérêt de la religion & des mœurs a pu seul faire parler si long-temps sur une production qui en vaut si peu la peine. […] On a été indécis pour Paris ; tout l’intérêt de la piece étant fondé sur un duel, proscrit par nos loix, exipar nos mœurs, on a demandé divers changemens. […] C’est l’esprit de Marmontel dans son apologie, sur ce beau principe, qu’il faut renforcer les mœurs de la nation, bonnes ou mauvaises, comme la fureur du duel.

185. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Mais un Censeur est un homme public, chargé de veiller sur la religion & les mœurs, & à ne rien souffrir sur la Scène qui les blesse. […] Ne seroit-il pas de l’intérêt de l’état, du public & des mœurs, qu’a la place des pieces des boulevards, a plupart obscenes & mauvaises ; on y jouât des drames decens & instructifs ? […] Il a toujours respecté la religion ; mais les mœurs & la charité n’ont pas eu le même privilege. […] Son caractere sombre, brusque, colere, caustique, n’avoit rien d’aimable ; ses mœurs, sa bassesse le faisoient mépriser. […] Sa fortune ne vient que de la dépravation des mœurs & de l’affoiblissement de la Religion, toujours plus grande dans ce siecle.

186. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Le Consul Scipion en fit détruire un, comme inutile, & pernicieux aux mœurs publiques, tanquam inutile & nociturum publicis moribus : Tit. […] Tout changea, les mœurs tomberent, & les Censeurs firent eux-mêmes élever des Théâtres : il se trouva encore du tems de Pompée des Personnes séveres qui lui reprocherent de ce qu’au lieu des Théâtres qui n’avoient été jusqu’à lui que de planches rassemblées, il en avoit fait construire un, qui subsisteroit toujours. […] Afranius cependant, au rapport de Quintilien, y répandit des maximes impures, & conformes à ses mœurs. […] Avec ce revenu il fit de si grandes dépenses pendant son Edilité, qu’elle renversa entierement les mœurs, prostravit mores civiles, & fut plus fatale à la République, que la Puissance de son Beau-pere Sylla. […] Ce Spectacle, dont je parlerai dans le dernier Chapitre, bien plus propre à exciter la colere de Pline, contre les mœurs de sa Patrie, que le double Théâtre de Curion, devint la seule Passion, & la honte des Romains.

187. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Il brillait depuis vingt ans à Venise, lorsqu’en 1645 il plut au Cardinal de lui faire passer les monts et l’établir parmi nous, où il s’est répandu et perpétué avec le plus grand éclat, au grand préjudice des bonnes mœurs. […] Je n’impute pas à Mazarin, comme on le soupçonnait de Richelieu, d’avoir voulu changer les mœurs de la nation et l’amollir, pour l’asservir, lui forger des fers dans le théâtre, et la désarmer par les mains de la frivolité. […] Les mœurs n’en souffrirent pas moins, et le théâtre s’autorisait de plus en plus sous ses auspices. […] Pour M. de Noailles, successeur de celui-ci, la régularité de ses mœurs, la sévérité de sa morale, ne l’ont jamais laissé soupçonner, même de tolérance ; et dans le même temps M. […] Ils supposent qu’on ne représente que des pièces sérieuses, où il n’y a rien de dangereux pour les mœurs.

188. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Le véritable éloge d’un auteur est dans les ouvrages, (nous laissons ici la Réligion & les mœurs) & pour les bien aprétier, il faut, s’il est possible, les mettre sous les yeux, par des extraits abrégés ; on a tâché de le faire en personifiant les principales piéces, sous le nom des acteurs. […] Le Misantrope fait une sortie contre les mœurs du siécle ; Trissotin veut s’unir à lui, & offre de faire des satyres. […] Elle la deshonore bien plutôt, en rendant des honneurs publics à un histrion sans réligion & sans mœurs. […] Ces spectacles sont fort semblables, le Tonquin est non-seulement voisin de la Chine, mais en étoit autrefois une province ; les mœurs, les loix, la créance, les divertissemens doivent être à peu près les mêmes. […] Ce n’est pas que les Hollandois n’aient des spectacles, il y a des théatres à Amsterdam, à la Haye, mais c’est plus pour les étrangers que pour eux ; leur caractère sérieux & modeste, simple & laborieux, les éloigne de ces folies ; les affaires du commerce les occupent trop pour leur en laisser le loisir ; mais ils esprésentent à la frivolité, à la pétulance des François qui sont chez eux en grand nombre, & à l’habitude qu’ils ont prise de la comédie ; ils ont porté leurs antiques mœurs dans leurs colonies, & n’ont pas voulu y introduire cette cause de libertinage, comme à Geneve, où malgré l’éloquence de M. d’Alembert, les mœurs un peu Suisses, n’ont jamais souffert le théatre, non plus que dans les Cantons.

189. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Les Comédies grecques & latines, bien plus que l’histoire, nous donnent une connoissance plus exacte des mœurs & des usages des Anciens. […] On ne vit plus que meurtres & brigandages dans les mœurs, & le tableau ne fut plus de nature à pouvoir être imité sur le théâtre. […] En effet on ne peut jamais que peindre la nature, les mœurs, les caracteres & les passions, & offrir aux spectateurs des imitations dont il doit connoître les modeles. […] La corruption du goût, celle des mœurs, & le desir de jouir de ces mêmes arts sans peine, a éloigné de l’amour de l’étude & du travail nécessaires pour les approfondir & les perfectionner. […] Les Comédies seront prises dans les mœurs honnêtes & décentes de la nation, le vice y sera représenté sous les véritables couleurs & la vertu dans tout son jour.

190. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Tous ont condamné les jeux de théatre comme très-pernicieux & capables de corrompre les mœurs, & les ont qualifiés de dangereux amusemens. […] Ces saints Docteurs étoient autorisés en de si justes invectives par l’oracle de saint Paul, qui dit que les mauvais entretiens corrompent les bonnes mœurs, même dans le particulier : I. ad Cor. 15. […] Ne corrompent-ils pas les mœurs par tant de mauvais sentimens qu’ils inspirent, si contraires aux maximes de l’Evangile ? […] On n’a jamais vû personne se convertir au sortir d’une comédie par la force de ces critiques que l’on compare aux morales les plus intéressantes, comme on en voit changer de conduite & réformer leurs mœurs après une éloquente & patétique prédication : & c’est une erreur de croire que la comédie soit un plaisir innocent & même avantageux, parcequ’on y censure tous les vices. […] Les gens qui fréquentent habituellement les comédies, sont pour l’ordinaire gens sans piété, sans charité pour les pauvres, sans religion ; gens corrompus dans leurs mœurs, parcequ’ils le sont dans le cœur.

191. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

LE Philosophe de sans souci n’est pas suspect de rigorisme, ni pour la religion, ni pour les mœurs. […] Cependant le genre d’invectives dont il les charge, contre les mœurs & la probité, devroient les faire chasser. […] Il parle sur le même ton à Voltaire, avec qui il étoit encore plus lié, & dont mieux que personne, il connoissoit les mœurs & les sentimens. […] Mais comment ce Prince, ainsi que nous l’avons vu, blâme-t-il le théatre, & reconnoît-il qu’il est pernicieux pour les mœurs ? […] Ils connoissent la verité de la morale, & ne s’embarrassent point de la pureté des mœurs.

192. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Je n’examine pas le mérite poëtique de ces deux farces, selon moi fort médiocre, quoique ses enthousiastes les élèvent jusqu’aux nues ; je ne les regarde que du côté des mœurs, avec d’autant plus de raison, que leur titre d’école les annonce comme des ouvrages didactiques faits pour instruire, & non pas jetés au hasard pour divertir sans conséquence, & il est certain qu’indépendamment des grossieres indécences d’actions & de paroles qui révoltent les honnêtes gens & font les délices des libertins, on ne sauroit donner à la jeunesse de plus mauvaises leçons & de plus mauvais exemples. […] Tout cela blesse les bonnes mœurs, détruit l’esprit de générosité & de bienfaisance, en faisant voir l’inutilité des bienfaits les plus multipliés, & le risque inévitable de l’ingratitude, par une passion qui corrompt tous les cœurs & y éteint tous les sentimens. […] Je n’ai garde de soupçonner dans les gens de théatre un projet semblable à celui de Bourgfontaine, où les Jansenistes, dit-on, composèrent un systême réfléchi de déisme, & formèrent le dessein suivi de détruire la religion & les mœurs. […] Cyr, n’ait pas traité le sujet de Tobie en forme d’opéra ou de pastorale ; il eût pû y semer des sentimens de religion autant que dans Esther & Athalie, y peindre agréablement la simplicité des mœurs antiques, y mêler quelque Léandre ou Marinette qui eût contrasté avec Tobie & Sara, & débiter sa morale théatrale, comme dans le Mysanthrope & toutes les pieces de caractère il y a quelque méchant opposé au bon, & dans Athalie & Esther on voit Mathan & Aman. […] Tout ce qui ne va qu’à toucher le cœur, purifier les mœurs, ramener à Dieu, est insipide & méprisé.

193. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Il prétend que « Nicole ne composa son traité que pour se venger du grand Corneille, qui se déclarait hautement contre la nouvelle secte. » En effet il prend dans Corneille tous les vers qu’il cite comme contraires aux bonnes mœurs. […] Un homme sans religion sera bientôt sans mœurs, et un libertin ne tardera pas à faire naufrage dans la foi. […] la décence des mœurs est-elle plus recommandée que le respect pour la religion ? […] De tout temps elle a été défendue aux Chrétiens, comme apportant corruption de foi et de bonnes mœurs, surtout quand l’Ecriture sainte y est profanée. […] Mais du moins n’était-il pas dévot ; la licence de son Dictionnaire en écarte bien loin le soupçon : que ne dit-il pas de la vie et des mœurs de Molière, de Poisson, et de tous les Acteurs et Actrices qui tombent sous sa main ?

194. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Serait-ce à des Magistrats à leur donner par l’assiduité à les entendre, une autre sorte d’existence qui fait aussi peu d’honneur à la loi et à la magistrature, qu’à la religion et aux mœurs ? […] Le métier de Comédien fut toujours un métier d’esclave, et jamais la pureté des mœurs ni la noblesse des sentiments n’ont dû les affranchir. […] Les mœurs y eurent aussi beaucoup de part. […] Au contraire, tout ce qu’il y a eu de Princes sages, vertueux, ou grands génies, Jules César lui-même, tout débauché qu’il était, l’ont méprisé, n’y ont paru que malgré eux et avec dégoût, ont supprimé les pensions des Acteurs, ont fait des lois sévères, sinon pour l’abolir, ce que la corruption des mœurs rendait presque impossible, du moins pour en réformer les abus, ce qui n’était guère plus facile. […] Enfin Néron lui-même, c’est tout dire, agit contre eux dans un de ces moments, de ces éclairs de raison qui le rendaient à lui-même et aux bonnes mœurs (Suét.

195. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Fussent-ils d’ailleurs de bonnes mœurs, ce qui n’est pas, et ne peut être, aucun Prêtre ne peut leur donner l’absolution, à moins qu’ils ne quittent absolument leur métier. […] quelles cautions de leurs mœurs et de leur religion, que des pécheurs publics, des maîtres publics du vice, qu’elle ne met point au nombre de ses membres, à qui elle ne peut accorder les choses saintes sans les profaner ! […] Ce portrait, dicté par une juste indignation, ne représente pas moins les mœurs de l’Orateur que celles du théâtre. […] Elle fait l’éloge de sa religion, de ses mœurs, de sa vertu. […] ne connaissait-il pas les mœurs, la profession, la famille de celle qu’il a épousée ?

196. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Au défaut de solides raisons, j’appellois à mon secours tous les grands & frêles raisonnements des Apologistes du Théâtre ; je tirois même des moyens personnels d’Apologie de mon attention à ne rien écrire qui ne pût être soumis à toutes les Loix des mœurs : mais tous ces secours ne pouvoient rien pour ma tranquillité. […] J’ai cru, pour l’utilité des mœurs, pouvoir sauver de cette proscription les principes & les images d’une pièce que je finissois, & je les donnerai sous une autre forme que celle du genre Dramatique : cette Comédie avoit pour objet la peinture & la critique d’un caractère plus à la mode que le Méchant même, & qui, sorti de ses bornes, devient tous les jours de plus en plus un ridicule & un vice national. […] J’ai tout lieu d’espérer que ce sujet, s’il doit être de quelque utilité, y parviendra bien plus sûrement sous cette forme nouvelle, que s’il n’eût paru que sur la Scène, cette prétendue école des Mœurs où l’Amour-propre ne vient reconnoître que les torts d’autrui, & où les vérités morales, le plus lumineusement présentées, n’ont que le stérile mérite d’étonner un instant le désœuvrement & la frivolité, sans arriver jamais à corriger les vices, & sans parvenir à réprimer la manie des faux airs dans tous les genres, & les ridicules de tous les rangs.

197. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

L’amour, je parle de celui qui peut faire le sujet d’une Comédie, est nécessairement une passion criminelle, qui devrait toujours être suivie de malheurs, comme elle est précédée de traverses, si on ne la mettait sur le Théâtre que pour l’instruction des Spectateurs et pour la correction des mœurs. On répondra, peut-être, que l’amour dans les Tragédies, qui est presque toujours malheureux, pourra donc être admis au Théâtre, pour fournir à la correction des mœurs, et qu’ainsi il n’y aura que l’amour de la Comédie à réformer. […] Il est vrai que cette passion bien traitée peut donner occasion, plus que toute autre, à la correction des mœurs.

198. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIX. Si un Evêque peut défendre qu’on ne danse les jours des Fêtes, ou même en quelque temps de l’année que ce soit. » pp. 146-153

Pour le second, on ne peut non plus douter qu’un Evêque ne puisse défendre la danse absolument et en tout temps, parce que la puissance Episcopale n’est pas tellement bornée par le Droit commun, pour ce qui regarde les mœurs, qu’elle ne puisse s’étendre au-delà des lois Canoniques, et ajouter des nouvelles Ordonnances pour ôter et détruire le péché, C. […] par lequel ils montrent que les ravisseurs sont excommuniés par les Ordinaires des lieux ; d’où ils concluent, que les Evêques ont pouvoir d’ordonner généralement tout ce qui est nécessaire pour le bon règlement de leurs peuples touchant les mœurs, c’est-à-dire, pour les établir dans la vertu, et pour les éloigner du vice.

199. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Saint Augustin raconte2 que les Censeurs, Crassius & Valerius Messala, avoient loué aux Histrions un Théâtre que Scipion Nausica fit démolir par ordre du Sénat, qui veilloit à la conservation des bonnes mœurs : ce fut Pompée qui le rétablit. […] Cet Historien célébre est fort éloigné d’envisager, ainsi que le sieur de la M… l’éloignement que les Germains avoient pour toutes sortes de Spectacles, comme un effet de leur barbarie ; il attribue à cette sage abstinence l’intégrité de leurs mœurs. […] O la plaisante maniere de corriger les mœurs, dit-il encore1 ! […] Rien en effet, ajoute-t-il1, n’est plus funeste à l’intégrité des mœurs, que le Théâtre : le vice s’insinue avec le plaisir dans le cœur, & l’on se pervertit en se divertissant.

200. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Les Médicis, qui, sous prétexte de Beaux-arts, prodiguoient leur bien, sans goût & sans choix, sans aucune attention à la religion & aux mœurs de leurs protégés, se l’attacherent par des bien-faits. […] Ce Prince le goûta, lui fit des présens, voulut se l’attacher : mais Arétin ne voulut pas quitter l’Italie, & les malheurs de François I. lui firent oublier un libertin qui n’eut point fait l’éloge de ses mœurs ni la gloire de son regne. […] Sa religion, ses mœurs, ses aventures, ses comêdies & ses livres obscènes ne pesent rien dans la balance académique : on n’a égard qu’aux talens, & souvent même n’est-on pas fort difficile sur les talens. […] Je respecte , dit-il, les mœurs ; je serois fâché d’y donner atteinte. […] Mais peut-on porter trop loin le respect pour les bonnes mœurs ?

201. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Nous avons triomphé de la barbarie, répondront-ils ; nous avons adouci les mœurs publiques. […] Si vous eussiez eu pour Spectateurs & pour Juges des hommes graves, attentifs au maintien de la discipline & des mœurs, vous auriez également tenté de leur plaire, vous vous seriez rapprochés des tragiques Grecs ; & je ne doute presque point qu’avec les heureuses dispositions que vous aviez reçues de la Nature, vous ne fussiez parvenus à les égaler. […] Les leçons qu’on y donneroit, outre l’importance des matieres, auroient encore cet avantage, qu’elles seroient naturellement à la portée de toutes sortes d’esprits : les autres Sciences exigent dans ceux qui s’y consacrent, des dispositions que la Nature n’a point données à tous les hommes en général, au lieu que la Science des mœurs est à la portée de tout le monde. […] Dans les momens où ils paroîtront le plus occupés des fadaises que l’on débite, ils étudieront secretement les mœurs & les caracteres des principaux Acteurs, & mettront à profit, pour leur raison, des momens qu’ils regardoient comme absolument vuides. […] Enfin, pourquoi désespérerions-nous de voir revivre ces hommes rares qui s’étoient rendus si profonds dans la Science des Mœurs & du Gouvernement, à qui les Cités faisoient quelquefois des députations solemnelles pour les prier de leur donner des Loix, que les Particuliers alloient consulter sur l’état de leur ame, comme on consulte aujourd’hui les Médecins sur les maladies du corps ?

202. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Il écrivoit bien, avoit de l’esprit & des connoissances, mais ni mœurs, ni religion, ni pudeur. […] Machiavel, avec plus d’art, d’ordre & de suite, a mis en système le principe général, plus politique que chrétien, que les princes doivent tout sacrifier à leur intérêt fortune, honneur, vie des hommes, mœurs, religion, probité, bonne foi, pour régner sous les dehors de la vertu. […] Léon, éleve dans le faste & le luxe des Médicis, maison qui a fait tant de mal à la France & à l’Eglise, & a occasionné les plus grands progrès du Luthéranisme & du Calvinisme, Léon s’attachoit plus à la pompe du spectacle qu’à la décence & à la pureté des mœurs. […] Le théatre est une école des mœurs, Moliere est un sage réformateur. […] C’étoit une faveur qu’on accordoit aux grandes villes pour corrompre les mœurs dans tout l’Empire.

203. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Nos anciens Comiques, à l’imitation de Plaute & de Térence, leurs modèles, ont donné trop aux Soubrettes & aux Valets : mais les Auteurs actuels consultent davantage les mœurs & la nature. […] Supprimons les fourberies des Valets & des Soubrettes ; c’est une correction nécessaire aux mœurs comme à la vraisemblance. […] Celles de la troisième Classe, peuvent donner beaucoup de plaisir ; mais elles ont peu d’efficacité pour la correction des mœurs. […] Nous regarderions ces Théâtres, comme destinés à récréer ceux des Citoyens dont les mœurs ne sont pas sévères : une mère saurait qu’elle ne doit jamais y conduire sa fille ; un père que ce Spectacle est dangereux pour son fils. […] Les Comiques dans la première Classe, auront le même honoraire que le Tragique patriotique, ainsi que la couronne & la médaille d’or, avec ces mots sur l’exergue, Pour les mœurs.

204. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Une école de malice est aussi pernicieuse pour les mœurs qu’une école de libertinage. […] un corrupteur des bonnes mœurs, qui ne connoît ni la bienséance ni l’honnêteté publique ; un cynique qui se joue de tout, des hommes, de la religion, de la vertu, Cui genus humanum ludere ludus erat. […] Il est vrai qu’il est plus traitable que le Roi Catholique ; il n’est difficile ni sur la religion, ni sur les mœurs, ni sur la preuve de noblesse. […] Le théatre veut si bien qu’on connoisse ses mœurs & sa malignité, qu’il a peint son génie & ses talens sous l’emblême de Satyres avec des pieds de chèvre, des cornes, des oreilles pointues, un masque à la main, un ris caustique, des attitudes indécentes. […] On tourne en ridicule l’ancien Testament, les mœurs des Patriarches, les visions des Prophètes, la physique de Moyse, les histoires, le style, les expressions des Écritures, en un mot toute la religion.

205. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

L’esprit d’irréligion, la corruption des mœurs, les idées philosophiques de population, l’envie de s’emparer de ses biens, la haine des censeurs du vice & les appuis de la vertu, ont mis dans les esprits une aversion infinie contre ce saint état, & allumé le flambeau de la guerre. […] Si Euphemie a moins de beautés, d’élévation & de force, elle n’a guère moins de choses répréhensibles sur la religion & les mœurs, qui doivent la faire proscrire d’un théatre chrétien. […] Il n’y a là ni vrai-semblance ni décence, contre le précepte d’Horace, Quid deceat, quid non. 5.° Une femme riche, de qualité, chassée par son fils, à qui elle donne tout son bien, réduite à se mettre domestique, n’est point dans nos mœurs. […] Est-ce là l’école des mœurs pour la jeunesse ? […] Voltaire auroit dû imiter la docilité de Corneille à retrancher dans le Cid quatre vers fameux sur le duel, des qu’on lui eût fait entendre qu’ils étoient contre les bonnes mœurs.

206. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

« Quels effets peuvent produire ces expressions accompagnées d’une représentation réelle ; que de corrompre l’imagination, de remplir la mémoire, et se répandre après dans l’entendement, dans la volonté, et ensuite dans les mœurs ? […] Il y a beaucoup de personnes qui assurent qu’ils n’ont jamais reçu aucune impression mauvaise par la Comédie ; mais je soutiens ou qu’ils sont en petit nombre, ou qu’ils ne sont pas de bonne foi, ou que la seule raison par laquelle la Comédie n’a pas été cause de la corruption de leurs mœurs, c’est parce qu’elle les a trouvés corrompus, et qu’ils ne lui ont rien laissé à faire sur cette matière. [...] […] Mais, comme dit le grand Evêque que je viens de citer ae : "Pour changer leurs mœurs, et régler leur raison, les Chrétiens ont l’Eglise, et non pas le Théâtre" : l’amour n’est pas le seul défaut de la Comédie, la vengeance et l’ambition n’y sont pas traitées d’une manière moins dangereuse. […] Mais il se plaint à la fin de cet Ouvrage par ces paroles : « Il est certain que depuis quelques années notre Théâtre se laisse retomber dans sa vieille corruption, et que les Farces impudentes, et les Comédies libertines, où l’on mêle bien des choses contraires aux sentiments de la piété et aux bonnes mœurs, ranimeront bientôt la Justice de nos Rois.  […] Idée que Mr. l’Abbé Fleury a donnée de la Comédie dans Les Mœurs des Chrétiens, imprimés en 1682.

207. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

on dirait sûrement que l’Auteur fait le contraire de ce qu’il doit faire : qu’il ne sait pas son métier, puisqu’il va contre les règles de la raison et du bon sens : qu’il blesse les bonnes mœurs, loin de les faire respecter : qu’il mérite d’être regardé comme un séducteur qui approuve le vice, en confirmant le vicieux dans le mal par le succès, enfin qu’il faut le bannir comme un ennemi de la République. Il me paraît qu’on ne peut se dispenser de dire la même chose au sujet de la passion d’amour, lorsqu’elle est traitée d’une manière qui blesse les bonnes mœurs et les devoirs de la société.

208. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Nos Seigneurs ont même encheri sur Moliere, la cérémonie du Capricorne, est bien plus réguliere & plus auguste, au profit sans doute des bonnes mœurs & de la sainteté du mariage, nos Seigneurs n’en sont-ils pas les protecteurs & les modeles ; ornarires ipsa vetat contenta doceri. […] Il est vrai qu’elle pouvoit se dispenser de la remplir de Poëtes licencieux ; ainsi que de donner pour le sujet du du prix l’Eloge de Moliere, & d’annoncer ainsi au public que des ouvrages contraires aux bonnes mœurs, qui devroient à jamais en fermer les portes, pouvoient être un titre pour être admis dans son Sanctuaire, ou être couronné de sa main. […] Voici une Anecdote théatrale, d’un Prince, que depuis quelques années on se tue de dire grand, parce qu’il n’avoit ni mœurs, ni réligion ; qui, à la vérité, a fait de grandes choses ; mais en a bien ternir la gloire par des cruautés attroces, & des vices honteux, & des petitesses ridicules. […] Chez un peuple poli, les mœurs font les plaisirs. Chez un peuple poli, les plaisirs font les mœurs.

209. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Dans les grandes villes, d’autres mœurs, d’autres rapports entre les diverses classes de leurs habitants, exigent d’autres amusements, et ici l’irruption d’un prêtre intolérant n’est pas à redouter. […] » Que ajouter à ce tableau de mœurs, de mœurs pures et innocentes, et de quel autre coloris oserais-je essayer de l’embellir ? […] Dans les ouvrages de nos auteurs modernes, son goût accueille, approuve tout ce que nos pères auraient approuvé, accueilli, et ce goût épuré d’après nos nouvelles mœurs, réprouve ce que nos pères, plus indulgents, auraient peut-être permis et souffert, soit dans l’action, soit dans le langage. […] Ainsi, de piège en piège et d’abîme en abîme, Corrompant de vos mœurs l’aimable pureté, Ils vous feront enfin haïr la vérité ; Vous peindront la vertu sous une affreuse image. […] Ce n’est point avec le fouet déchirant d’une censure directe et sévère qu’il nous attaque dans nos mœurs corrompues ; mais avec l’arme plus terrible du ridicule : et d’après le précepte d’un des législateurs du Parnasse, « c’est en riant qu’il châtie les mœurs aa. » Ses successeurs ont eu encore un vaste champ à exploiter, et beaucoup y ont fait d’heureuses récoltes, mais à lui la palme, que personne ne songe, sans doute, à lui disputer.

210. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Ces ingenieuses productions servent à former l’éloquence, à corriger les mœurs, à soulager l’esprit, & n’estant pas criminelles d’elles-mesmes, & estant si utiles au public, elles ne meritent pas le anathémes de l’Eglise. […] La défense des livres contraires à la pieté & aux bonnes mœurs est un des devoirs des Puissances ecclesiastiques & seculieres. […] L’autorité publique ne peut se justifier par aucune raison, si elle permet ces outrages évidens contre la Majesté divine, ces conspirations visibles contre les bonnes mœurs, cette ruine manifeste des vertus, cette corruption & cette perte des hommes. […] Un Magistrat souffriroit sans peché qu’on jouë des Comedies contraires aux bonnes mœurs, & à la Religion ? […] Les Conciles de Dieu soustiennent la verité, reforment les mœurs, condamnent & punissent les erreurs & les vices.

211. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Et ne sont-ils pas d’autant plus hardis à s’autoriser dans cette action, que vous paroissez réguliers dans vos mœurs ? […] ô mœurs des Chrétiens ! […] Et ne sont-ce pas là cependant les mœurs de tout théâtre ? […] L’expérience commune & générale est que le théâtre a toujours perdu & perd encore toutes les mœurs. […] L’expérience commune & générale est que le théâtre a toujours perdu & perd encore toutes les mœurs.

212. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Je me crois obligé d’ajouter ici une observation, quelque danger qu’il y ait pour moi de la faire, puisqu’il s’agit d’attaquer un préjugé auquel on ne peut toucher sans qu’on paraisse manquer aux bonnes mœurs. […] Je n’entreprendrai point de répondre à l’Auteur des moyens de rendre la Comédie utile aux mœurs.

213. (1804) De l’influence du théâtre « PREFACE. » pp. -

Oui, c’est à ce titre honorable que j’ai cru pouvoir exprimer mon vœu personnel pour l’entier rétablissement de la Morale et des Lois, sous un Gouvernement paternel, également ami des Arts et des Mœurs ; mais où la doctrine de nos Poètes dramatiques ne peut plus être désormais qu’en harmonie parfaite avec celle de la Chaire et du Barreau qu’il vient de rappeler à leur gloire primitive. […] Passant ensuite à l’influence réelle du théâtre en France, et le considérant particulièrement aux époques des grands événements qui ont précédé ou suivi le cours de la révolution, j’ai fait voir qu’il avait beaucoup contribué au bouleversement de l’Etat, et nui singulièrement à sa prospérité, en affaiblissant les grandes idées religieuses dans l’esprit des peuples, en corrompant les mœurs, loin de les corriger, enfin en altérant jusqu’au bon goût, et en changeant même le caractère national sous le rapport du sentiment et de l’urbanité.

214. (1715) La critique du théâtre anglais « TABLE DES PRINCIPALES matières. Contenues dans ce Volume. » pp. 494-500

Les vertus morales persécutées sur notre Théâtre, 248 Les Héroïnes de nos Comédies aussi vertueuses que les Héros avec le même succès qu’eux, 250 Les jeunes personnes de condition ont des mœurs plus saines dans Plaute et dans Térence, 251 Vaine Justification de l’Astrologue Joué, dans sa Préface, 254 Sentiment d’Horace contraire à celui de l’Astrologue joué, 256 Exemple de Ben Jonson inutile pour justifier l’Astrologue Joué, 260 Autorité de Shakespeare opposé à l’Astrologue Joué, 263 Erreur de l’Auteur de l’Astrologue Joué, sur la différence qu’il met entre la Tragédie et la Comédie, 265, 266 Le divertissement n’est point la fin principale de la Comédie, 267 La Comédie et la Tragédie, quoique par une route différente, doivent tendre à une même fin ; qui est la réformation des mœurs, 268, et suiv.

215. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Tous les deux sont très-dangereux pour les mœurs ; qui en doute parmi les chrétiens ? […] La dépravation des mœurs qu’elle cause suffirait pour le démontrer. […] Rarement un homme sans mœurs sera-t-il bon écrivain ? […] Les mœurs influent et se peignent sur toutes les allures. […] III, comdamne absolument jusqu’aux pièces de collége, non seulement pour les mœurs, mais pour l’instruction.

216. (1608) Traitté contre les masques pp. 3-36

Masquer est contre les bonnes mœurs. Que masquer ne soit contre les bonnes moeurs mesmes entre les Payens, prenons en à tesmoin Plutarque, lequel discourant des enfans perdus & desbordez parle ainsiAu traitté comment il faut nourrir les enfans. […] Masquer est doncques par vne illation necessaire coutre les bonnes moeurs & contre l’hõnesteté publique, mesmes entre les Payens, à plus forts termes entre les Chrestiens & fideles qui les doiuent surpasser en modestie & honnesteté de moeurs : Genes. c. […] (dit le Dieu eternel) à ceux qui s’oublient de tant : pour destourner ce mal il n’y a que d’instruire les ieunes gens aux arts mecaniques, de bien faire nourrir & instituer aux bonnes moeurs & aux bonnes lettres les enfans de maison. […] Masquer est contre les bonnes mœurs.

217. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Tandis que vous vous efforcez de conserver leurs mœurs, vous éprouvez de l’inquiétude en remarquant l’ardeur qu’ils témoignent pour être mênés aussi aux Petits Spectacles. […] Gardez-vous bien père tendre et honnête, de conduire vos pauvres enfans dans ces lieux infâmes, leurs jours y sont en péril ; leur goût et leurs mœurs s’y corrompront également. […] Rien ne vous montrera mieux combien ces Spectacles sont dangereux pour les mœurs que quelques observations sur les acteurs, sur les Pièces considérées relativement à la morale, e, sur les Spectateurs. […] Quand même les appointemens seroient plus forts, ces spectacles n’en seroient pas moins, en eux-mêmes, contraires aux bonnes mœurs et par conséquent de trop dans l’état. […] D’abord, elle gardoit l’incognito ; insensiblement la licence même de ces jeux là, accoutumée à se mettre au-dessus de la gêne des bienséances, dernière sauve-garde des mœurs.

218. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Les mœurs, la littérature et le théâtre sont à l'unisson. […] Je dis du moins que ce n'est là ni le ton de la raison, ni celui de la vertu, ni celui des sciences ; que des modèles si remuants, une école si pétillante, des leçons si superficielles, ne seront jamais celles du bon goût et de la sagesse ; que dans la bonne compagnie, de vingt comédies on ne trouvera pas une page de religion, de bonnes mœurs et de bon sens. […] Que l'oraison ait des mœurs, « oratie sit morata », dit Aristote (Rhetoric. […] Outre les inconvénients innombrables pour la religion et les mœurs, cette plaisanterie continuelle monte l'esprit sur le ton de la plus licencieuse familiarité : l'enjouement est naturellement familier, et la médisance méprisante ; on n'y connaît ni la prudente circonspection qui ne juge qu'avec connaissance, ni la sage timidité qui arrête, ni la modeste retenue qui s'observe.

219. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Depuis la naissance du Christianisme, ces spectacles et ces jeux se trouvèrent encore beaucoup moins compatibles avec la sainteté de notre Religion et la pureté de nos mœurs. […] Honorius et Arcadius importunés par le Peuple en ordonnèrent le rétablissement, par une Loi du vingt-quatre Avril 396. mais à « condition de n’y rien représenter qui put blesser la pudeur, ou qui fut en quelque autre manière contre les bonnes mœurs. » LeL. 2. […] Par cette même Loi, pour ne pas jeter le Peuple dans la tristesse, par une trop grande austérité sur cette matière des spectacles, ne ex nimia harum restrictione tristitia generetur ; ils permirent la représentation des autres jeux, à condition d’en retrancher toutes sortes de licences contraires à l’honnêteté, et aux bonnes mœurs.

220. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Non seulement on a voulu distraire de leurs peines ces enfants adultes ; on a voulu que ce Théâtre, où ils ne vont en apparence que pour rire ou pour pleurer, devînt pour eux, presque sans qu’ils s’en aperçussent, une école de mœurs et de vertu. […] Mais quand l’état présent de nos mœurs pourrait nous faire regarder la Tragédie comme un nouveau moyen de corruption, la plupart de nos pièces me paraissent bien propres à nous rassurer à cet égard. […] Vous n’y voyez qu’un exemple continuel de libertinage, de perfidie et de mauvaises mœurs ; des femmes qui trompent leurs maris, des enfants qui volent leurs pères, d’honnêtes bourgeois dupés par des fripons de Cour. […] Si quelques Comédies en petit nombre s’écartent de cet objet louable, et sont presque uniquement une école de mauvaises mœurs, on peut comparer leurs Auteurs à ces hérétiques, qui pour débiter le mensonge, ont abusé quelquefois de la chaire de vérité. […] Le plus sûr moyen de vaincre les passions, est de les combattre par la vanité ; qu’on accorde des distinctions aux Comédiennes sages, et ce sera, j’ose le prédire, l’ordre de l’état le plus sévère dans ses mœurs.

221. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

La représentation des mœurs est alors plus naturelle. 2°.  […] C’est-à-dire, qu’au sentiment de ces deux Tragiques, la régularité dans les mœurs suit de la droite raison, comme la conséquence, de son principe. […] Euripide attentif à cet écueil mesure tellement sa Diction et ses Mœurs qu’il n’y tombe jamais. […] Où les mœurs sont corrompues, là le langage est dissolu…. […] Mais il paraît que la trop grande austérité de ses mœurs fut l’unique sujet de la persécution qu’elle souffrit.

222. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

Ces alternatives ont paru jusqu’au rétablissement des Lettres, sous François I. depuis cette époque aussi favorable aux Comédiens, qu’elle est malheureuse pour les bonnes mœurs & pour la pureté de la foi, la Comédie a cessé d’être interdite dans le Royaume ; ses progrès étoient néanmoins très-lents. […] Le Parlement les rebuta comme personnes que les bonnes mœurs, les Canons, les Peres de l’Eglise & nos Rois même avoient toujours réputé infames, & leur défendit de jouer, ni de ne plus obtenir de semblables Lettres ; & néanmoins dès que la Cour fut de retour de Poitiers, le Roi voulut qu’ils rouvrissent leur théâtre.

223. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

Une mine basse, des traits grossiers, une physionomie impudente & chagrine annonçoient son origine, son métier, ses mœurs & son caractere. […] On a même vu l’acteur marcher à quatre pieds, & contre-faire la bête ; & c’est un grand Philosophe, bien supérieur à Moliere par les talens, par les mœurs, par la pureté de la morale, par la religion même, quoique fausse, puisque Moliere n’en avoit aucune.

224. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

ou plutôt n’est-ce pas un monstre dans l’ordre des mœurs ? […] Quelle école pour les mœurs ! […] Il convient qu’il a totalement changé l’histoire, qu’il n’a pas « mettre sur la scène une action vraie, mais des mœurs vraies ». Comme si des forfaits atroces qui sont sans exemple, étaient les mœurs ordinaires des hommes ! Il faut avoir soi-même le cœur et les mœurs bien affreuses, pour croire ces prodiges de scélératesse des mœurs ordinaires.

225. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

On devint plus galant à son école (au profit des mœurs). […] C’étoit un homme sans religion, sans mœurs, sans décence, pire que Bergerac. […] Il n’y a guere que l’Anglomanie & la corruption des mœurs qui aient engagé à traduire ses œuvres, à leur donner quelque cours. […] ce qui fournit une foule d’aventures burlesques, de contrastes satyriques avec nos mœurs, & quelquefois de bonnes moralités. […] Les comparaisons des mœurs étrangeres, vraies au imaginées, avec les nôtres, font un cadre bannal, où on enchasse le tableau qu’on veut.

226. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Les théâtres ont toujours été fort contraires aux bonnes mœurs. […] Parce que la Comédie est une peste des plus pernicieuses qu’on puisse s’imaginer, et qu’il n’y a rien qui gâte plus les bonnes mœurs et la simplicité naturelle du peuple. […] Il ajoute que rien n’étant plus pernicieux aux bonnes mœurs, ni plus injurieux au Christianisme, que la licence qu’on prend dans les Comédies, un Prince doit bien se donner de garde de les autoriser par son exemple et par sa présence. […] Car les mœurs de son siècle étant entièrement corrompues, il n’a pû d’abord corriger tous les abus qui régnaient dans son Diocèse ; mais on peut juger par ce que nous voyons qu’il a fait, de ce qu’il aurait pû faire, si Dieu l’eût laissé plus longtemps sur la terre. […] La multitude de ceux qui vont présentement à la Comédie, est une conviction manifeste de l’horrible dépravation de nos mœurs ; puisque cela fait voir que le nombre de ceux à qui le bien ne plaît pas, l’emporte infiniment au dessus de celui des gens de bien.

227. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

Il me paraît donc que la Tragédie d’Iphigénie peut rester telle qu’elle est ; sauf à examiner pourtant avec attention, s’il n’y a rien, dans les maximes et dans les expressions, qui puisse blesser la pureté des mœurs ; ce que je ne me suis pas donné la peine de rechercher. […] Nous ne pourrions pas de nos jours proposer de pareils modèles ; ou, du moins, nous ne devrions jamais le faire, parce qu’ils blesseraient nos mœurs : aussi la Tragédie de Phèdre est elle du nombre de celles que je rejette : mais, dans Andromaque, il ne s’agit que d’un amour tout naturel, et qui, eu égard aux personnes et aux circonstances, n’a rien en soi de criminel ; cependant cette passion, toute simple qu’elle est, se trouve portée à un tel point de violence, dans Pyrrhus et dans Hermione, qu’elle produit tous les excès que nous voyons. Il me semble donc que l’on pourrait laisser Andromaque telle qu’elle est, et lui donner place sur le Théâtre de la Réforme ; après avoir pourtant fait précéder un examen très exact des maximes et des expressions de cette Pièce, pour corriger celles qui pourraient blesser les bonnes mœurs. […] C’est de dessein prémédité que j’ai gardé la Tragédie de Brutus pour la dernière de celles que j’examine dans l’idée de les conserver sur le Théâtre de la réforme : et je répète que je l’ai fait de dessein prémédité ; ayant voulu terminer cet article par un exemple remarquable des excès de la passion d’amour ; car ces excès fidèlement représentés sont selon moi presque aussi utiles pour corriger les mœurs que la peinture des faiblesses de l’amour me paraît capable de les corrompre. […] Mais je répondrais en premier lieu que, dans le nombre de ces Tragédies que je conserve, je n’ai pas prétendu qu’elles fussent toutes dignes d’être conservées en leur entier ; je sais que la plupart de ces Pièces pourraient être placées dans la classe de celles qui ont besoin d’être corrigées ; cependant, si on venait à les représenter telles qu’elles sont sans aucun changement, je me flatte qu’on n’y trouverait rien de contraire aux bonnes mœurs, ni qui fût de mauvais exemple : et, quant aux petites bagatelles qui mériteraient ou d’être corrigées, ou d’être supprimées totalement, je m’en rapporte à ceux qui seront nommés, en cas que mon projet réussisse, pour examiner les Pièces du Théâtre de la réforme plus sévèrement que je n’ai prétendu le faire.

228. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

D epuis la renaissance du Dramatisme, le goût des Spectacles n’avait pas encore été si général qu’aujourd’hui ; par conséquent jamais leur influence sur les mœurs ne fut si grande, & jamais l’on ne dut autant espérer ou craindre de leurs effets. […] La Mimographe * débute par le tableau d’une de ces Intrigues communes à nos Actrices, qui sert de preuve que leur personne, leurs talens, leurs mœurs, & leurs attraits inconvénientent la Représentation des Pièces les plus sages. […] Proposer de la regarder comme nulle, & de favoriser les Représentations Dramatiques, sans reformer le Théâtre, ce serait montrer qu’on est peu scrupuleux sur les obligations du Citoyen & de l’honnête-homme : le mépris de la Religion entraînerait celui des mœurs, de la subordination, de la pieté filiale & paternelle, du civisme, de tous nos devoirs.

229. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Que voulez-vous, Monsieur, nos mœurs sont faites comme cela, Joseph, et vous-même, avec votre belle Rhétorique, auriez bien de la peine à remettre à la mode le véritable amour conjugal. […] Lui-même est convenu avec moi, que sa Bérénice était très dangereuse pour les mœurs. […] Il est le premier à convenir qu’Homère est excellent dans ses inventions fabuleuses, et qu’il charme l’esprit par ses agréables rêveries : mais il se déchaîne aussi contre le torrent de la coutume, qui porte à lire des choses si chatouilleuses pour les bonnes mœurs ; jusques là qu’il fait honneur au Christianisme qu’un Auteur nourri dans ces sciences profanes, et dans la Religion du Paganisme, que Cicéron, en un mot, eût reproché à Homère qu’il faisait des Dieux des hommes, et qu’il érigeait les hommes en Dieux : au lieu, dit-il, qu’il aurait dû rendre les hommes semblables aux Dieux, plutôt que d’abaisser la divinité à la condition des hommes.

230. (1588) Remontrances au roi Henri III « [Chapitre 2] » pp. 128-135

Au surplus je demande si pour aller à ces spectacles le peuple est moins vicieux et corrompuLes spectacles corrompent les mœurs du peuple. […] Les spectacles corrompent les mœurs du peuple.

231. (1822) De l’influence des théâtres « [EN-TETE] »

[EN-TETE] DE L’INFLUENCE DES THEATRES et particulierement DES THEATRES SECONDAIRES sur les moeurs du peuple

232. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

Qu’on compare sans prévention deux familles, de même état, de même fortune, dont l’une fréquente, l’autre fuit le spectacle : quelle différence, je ne dis pas pour la religion et les mœurs, la probité, la sagesse, elle est immense, je dis pour l’éducation des enfants, l’union des époux, l’arrangement des affaires, le crédit, l’aisance, l’estime, la confiance du public, celle-ci fût-elle moins riche. […] En matière de religion et de mœurs le beau monde est plus peuple que la plus vile populace. […] Dans la ville de Genève, où les mœurs sont plus pures, parce qu’on n’y souffre point le théâtre, les mariages sont plus nombreux, plus heureux, plus féconds, que dans les villes où il est établi. […] Rien n’est plus contraire à ce saint état que la licence des mœurs.

233. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

La Fontaine n’étoit guére lu, lorsque l’Abbé Aubert l’a ressuscitée, par un poëme élégant, qui est ce qu’on a fait de mieux pour le litteraire ; mais plus voluptueux & plus dangereux pour les mœurs, que la tragédie de Moliere & l’Opera de Corneille. Chacun des auteurs l’a désignée par des circonstances particulieres, comme des broderies differentes sur le ménu fonds ; les mœurs n’ont rien gagné, ni la raison n’est pas plus satisfaite par ces différentes décorations. […] Ayez de bonnes mœurs, le succès est certain : prima sit in vobis morum tutela, castus amor morum. […] L’Abbé de Marolles ; dans sa traduction d’Ovide, dont il auroit pu ne pas traduire quelques ouvrages, entend par ces paroles, non les bonnes mœurs, mais la bonne humeur ; il est vrai que la bonne humeur rend les femmes agréables, & la mauvaise humeur fort incommodes ; mais quelques divertissantes qu’elles soient, sans les bonnes mœurs, elles seront méprisées, la vertu les fera estimer & cherir en tout tems, malgré le dégoût, les infirmités & les rides de la vieillesse, qui alterent toujours l’humeur. […] Le remord de la conscience, le bien de l’humanité, l’intérêt de la république, la loi des mœurs, la pudeur & la décence, conformément aux intentions du Créateur, ont prescrit au genre humain, ces bornes sacrées, & n’ont laissé ignorer à personne, que c’est un crime, ou de perdre le fruit de la sécondité par une inutilité volontaire, ou d’en exposer la naissance au hazard, sans lui donner un pere & une mere légitimes.

234. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Mais aussi il loue avec raison la modestie, la décence, le respect pour les mœurs & la Religion ; en quoi l’Espagne l’emporte infiniment sur la France, ou les acteurs & les auteurs sont fort peu scrupuleux. […] Il est à souhaiter que le Théatre françois ne l’adopte pas ; il n’y a que trop d’une Phedre pour l’intérêt de mœurs. […] La Moriniere, éleve & admirateur du Pere Porée, prit dans ses leçons un fonds de religion & de bonnes mœurs, qui ne souffrit dans toute sa vie que des momens d’éclipse. […] La Moriniere respecta toujours la religion & les mœurs : mérite rare chez les poëtes dramatiques. […] Quelques-uns prétendent avoir une science certaine qu’elle est dangereuse pour les mœurs.

235. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Il a bravé tous les prejugés, & franchis la barriere des bonnes mœurs. […] Le Théatre doit lui en savoir bon gré ; la licence de ses farces y trouve un apologiste : elles sont de vraies héroïdes qui s’emparetent de ce que les bonnes mœurs ont rejetté. […] L’éloge de Chaulieu ne fait honneur ni à ses vers ni à ses mœurs. […] C’est une lettre de Beelzébuth à l’occasion du Poëme infâme de la Pucelle, écrite du fonds des enfers à Voltaire son premier ministre, où l’irreligion & les mœurs sont tournées en décision. […] Titres bisarres qui ne dit que trop vrai ce sont des vrais Torts : peut-on en avoir de plus grands que de blesser la religion & les mœurs.

236. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Saint Clément Alexandrin, et Saint Basile condamnent les Spectacles, par la raison qu’ils corrompent les bonnes mœurs. […]  » Dans le second de la Cité de Dieu Chapitre 9, Saint Augustin39 parlant des Comédies en général, rapporte ce qui avait été dit autrefois par un Ancien, que jamais on ne les eût approuvées ni les crimes qu’elles représentent, si les mœurs des hommes qui étaient souillées des mêmes vices ne les eussent souffertes. […] Mais la vérité est que saint Charles en suivant l’exemple de l’esprit des Pères de l’Eglise, a condamné la Comédie par des raisons particulières prises du côté des choses fort sales ou impies qui y étaient représentées, et encore par une raison générale tirée des circonstances qui en sont dans la pratique inséparable, c’est à savoir qu’elle porte à la corruption des mœurs. […] La troisième, les Comédies ne sont plus aujourd’hui, comme elles étaient par le passé ; Le Théâtre est bien plus pur qu’il n’était ; l’on n’y représente rien qui soit opposé à l’honnêteté et à la pureté des mœurs. […] L’on ne demeure point d’accord que la plupart des Comédies soient réformées à un point qu’elles n’impriment, ou qu’elles ne laissent point de mauvaises idées capables de corrompre la pureté des mœurs d’un Chrétien.

237. (1836) De l’influence de la scène « [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] DE L'INFLUENCEDE LA SCENE sur LES MOEURS EN FRANCEMémoire de Madame Caroline Ratyé ; couronné par l'Athénée des Arts, le 17 mai 1835[...]

238. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] CARACTÈRES TIRÉS DE L'ÉCRITURE SAINTE, ET APPLIQUÉS AU MOEURS DE CE SIÈCLE A PARIS,Chez Louïs Guerin, ruë saint Jacques,vis-à-vis la ruë Mathurinsà saint Thomas d'Aquin.

239. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

fit abolir les Jeux Maiuma, comme un Spectacle de superstition et d'impudence, et lors qu'ils furent rétablis par les Empereurs Arcadius et Honorius, pour rendre ce contentement à leurs Provinces, ils défendaient expressément d'y mêler aucune chose et contraire à la pudeur et aux bonnes mœurs. […] Il est certain néanmoins que depuis quelques années notre Théâtre se laisse retomber peu à peu dans sa vieille corruption, et que les Farces impudentes, et les Comédies libertines, où l'on mêle bien des choses contraires au sentiment de la piété, et aux bonnes mœurs, ranimeront bientôt la justice de nos Rois, et y rappelleront la honte et les châtiments ; et j'estime que tous les honnêtes gens ont intérêt de s'opposer à ce désordre renaissant, qui met en péril, et qui sans doute ruinera le plus ordinaire et le plus beau des divertissements publics ; Car l'opinion des doctes Chrétiens, est que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être condamnée quand elle est innocente, quand elle est honnête.

240. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Le théâtre, selon lui, était dans ses commencements le triomphe du libertinage et de l’impiété, et il est, depuis sa correction, l’école des mauvaises mœurs et de la corruption. […] Le son des voix et des instruments enflamme les désirs, ôte à l’esprit toute sa force, corrompt les bonnes mœurs, excite impétueusement les affections indécentes.

241. (2019) Haine du théâtre: Bibliographie France (traités, pamphlets, documents, etc.)

Des ses rapports avec les mœurs des Grands, et avec les mœurs générales », p. 291-306 ; « Note IX. […] Avec les Caractères ou les Mœurs de ce Siècle, Paris, Estienne Michallet, 1688, in-12, (29 ff.) 308 p. […] X, « Les Comedies et les Tragedies corrompent les mœurs bien loin de les reformer », p. 185-190 ; chap.  […] Si les mœurs de l’ame suivent le temperament du corps. 2. […] I, p. i-lxxii ; 3e partie, « Des mœurs et des caractères de l’Iliade », première section, « Des mœurs des héros », t. 

242. (1753) Compte rendu de Ramire « Compte rendu de Ramire » pp. 842-864

Après avoir fait éclater son zèle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matière les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des mœurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux. […] En effet ces Docteurs n’ont jamais permis que des spectacles, où la pudeur & la décence Chrétienne ne peuvent rien appercevoir qui les alarme : ils ont anathématisé tout Théâtre, toute assemblée, qui pourroit donner la plus légère atteinte aux bonnes mœurs. […] Quant à la tolérance, il avertit, qu’elle ne rend pas licite la chose tolérée, qu’elle n’ôte pas aux raisons tirées de la règle des mœurs & de l’Evangile, la force qu’on ne peut y méconnoître, quand on est de bonne foi. 3°. 

243. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

Après avoir fait éclater son zéle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matiére les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des moeurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux. […] En effet ces Docteurs n’ont jamais permis que des spectacles, où la pudeur & la décence Chrétienne ne peuvent rien apercevoir qui les allarme : ils ont anathématisé tout Théâtre, toute assemblée, qui pouroit donner la plus légère atteinte aux bonnes mœurs. […] Quant à la tolérance, il avertit, qu’elle ne rend pas licite la chose tolérée, qu’elle n’ôte pas aux raisons tirées de la règle des mœurs & de l’Evangile, la force qu’on ne peut y méconnoître, quand on est de bonne foi 3°.

244. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Cette piece, que bien des gens donnent pour un chef-d’œuvre, louée & blâmée précisément par la même raison, parce qu’elle aattaque la religion & les mœurs, a éprouvé bien des vicissitudes. […] ) avoit-il tort de dire : Pour avancer qu’aujourd’hui la comédie n’a rien de contraire aux bonnes mœurs, il faut donc que nous passions pour honnêtes les impiétés & les infamies dont sont pleines les comédies de Moliere, qui remplit tous les théatres des plus grossieres équivoque dont on ait jamais souillé les oreilles des Chrétiens. […] Volà certainement une excellente école pour la religion & les mœurs ! […] Mais n’en voilà que trop sur une piece monstrueuse dans l’ordre des bonnes mœurs, où on semble avoir voulu ramasser & mettre sous les yeux tout ce qui est capable de les corrompre. […] On ne finiroit point, s’il falloit épuiser le détail de celles dont cette comédie est farcie en tout genre, sur-tout en matiere de mœurs & de décence.

245. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Dès lors, ils ne le regardèrent plus que comme une école de dépravation, propre plutôt à corrompre les mœurs qu’a les former. […] Ce sont là pourtant les prétendants à la formation des mœurs, les concurrents à la direction de l’enseignement et de l’éducation, les juges de nos secrètes iniquités, les conseillers de nos devoirs envers Dieu et envers l’humanité, les conciliateurs des cœurs, les consolateurs des affligés et les prétendus bienfaiteurs du genre humain !

246. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Elle fut inconnue à Rome dans les tems vertueux de la République, & même dans le régne des premiers Césars ; elle étoit si opposée aux mœurs romaines, & elle eût mal figuré avec la couronne de lauriers qu’ils se faisoient gloire de porter ; des cheveux poudres d’or n’ont pas l’air militaire, ni l’air Magistrat, de pareilles têtes au Sénat, à la tribune, à l’armée auroient fait pitié. […] Ce n’est pas à vous à juger si les mœurs de Sparte sont préférables à celles d’Athénes ; si la Bergere qui se mire dans la fontaine, & se pare de fleurs, merite plus d’hommage que la brillante Citoyenne qui use de tous les rafinemens de la parure. […] C’est au ton des mœurs actuelles que nous devons notre existence ; nous subsisterons autant qu’elles. […] L’état de Baigneur, Coëffeur étoit considérable à Rome, comme il l’est en France ; mais il ne le devint que quand les mœurs s’y corrompirent ; à peine connus auparavant, le Luxe les fit sortir de la misere & de l’obscurité, on les appelloit Cinerarius & Cinisto, comme nous l’apprend Varron ; parce qu’ils faisoient chauffer leur fer à friser dans des cendres chaudes, il n’y a pas un siécle que cette lie du peuple a commencé de jouer un rôle, & elle veut aujourd’hui aller de pair avec les Seigneurs ; elle forme un corps nombreux, fait valoir des Privileges, arbore le luxe des habits, & la parure de la tête comme un modele, une poupée vivante qu’elle présente ; le Théatre lui forme un grand crédit, la grande regle du bon goût est la parure d’une Actrice. […] Ce genre de folies les favorise encore, parce qu’il entre dans l’ordre des mœurs, & flatte la mollesse & la vanité de ceux qui le voyent, quelle mine plus riche pour le Théatre & ses suppôts !

247. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Cette nation ennemie déclarée des bonnes mœurs, les Actrices leur étoient inconnues (on a long-temps suivi cette loi parmi nous) ; ils interdisoient même aux femmes l’entrée des spectacles, jusqu’aux jeux olympiques, quoique moins dangereux, comme le marque Stace (Thebaid. […] Nos petites maîtresses semblent avoir pris à tâche de décrier leur sexe ; les femmes de théatre sont les respectables modèles d’après lesquels elles se forment ; elles en ont emprunté l’indécence dans l’air, l’habillement & le maintien ; la plûpart en ont pris jusqu’aux mœurs. […] En effet ce qui fait le plus rire dans les comédies, ce sont les traits obscènes de satyre contre les mœurs des femmes. […] Ce Doyen de l’Académie a pourtant en le courage de dire, en parlant de la Judith de l’Abbé Boyer, piece uniquement faite pour des femmes, où on défigure l’Ecriture pour faire de cette héroïne une coquette, une Actrice, après avoir loué les talens & les mœurs du Poëte, de dire en gémissant : N’auroit-il pas dû choisir une route plus convenable que le théatre à son honneur & à son état ? […] Peut-on comprendre qu’un pere délicat sur les mœurs de sa fille, un mari sur l’honneur de sa femme, un amant même sur les sentimens de la personne qu’il se destine pour compagne, les voient sans les plus vives inquiétudes à l’école la plus rafinée de la coquetterie, & dans les occasions les plus dangereuses de l’infidélité ?

248. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Rien, dit-il, n’est plus capable de corrompre les mœurs que le théatre ; ô qu’il m’a été funeste ! […] Le théatre n’est que l’imitation de la vie voluptueuse de Salomon, les Reines & ses concubines sont l’écueil de l’un & de l’autre, elles ont perdu la religion & les mœurs : Depravatum est cor ejus per mulieres. […] On pense en Europe comme aux Indes : les mœurs des François ressemblent fort à celles des Mogols ; on voit chaque année dans toutes le villes, le jour des Cendres, un convoi grotesque qui va enterrer Carnaval. […] Nous avons parlé de l’oisiveté, comme d’un des plus grands dangers du théatre pour les bonnes mœurs ; il est un autre point de vue qui mérite beaucoup d’attention. […] Ce trait ne prouve pas moins la corruption des mœurs que celle du goût du siecle & du théatre.

249. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Qui l’ignore, & pour peu qu’il ait de religion & de mœurs, qui n’en a horreur ? […] Je n’ai point pénétré dans le Conseil de la Seigneurie, mais il n’est pas douteux que ces folies ne fassent rouler dans la ville un argent immense, & que le peuple de Venise ne soit, par la dissolution de ses mœurs & la frivolité de ses amusemens, hors d’état de soutenir une révolte sérieuse. […] Les Grecs ne faisoient pas monter les femmes sur la scène, mais des hommes habillés en femme, ce qu’on a long-temps imité en France, & ce qui est moins dangereux pour les mœurs. […] Que n’en résulte-t-il pas contre les mœurs ? […] Il est bien-venu partout, d’un caractère doux, d’un commerce agréable ; c’est un phénomène, ses mœurs ne sont pas moins rares que ses talens.

250. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Telle femme qui était allé chaste à la comédie en revient impudique  « Quæ casta processerat, revertitur impudica. » Quelle plaie aux bonnes mœurs, quel aliment du vice, que les gestes des Acteurs ! […] C’est que le vice a toujours eu les mêmes torts, employé les mêmes prétextes, et porté aux mœurs et à la religion les mêmes atteintes. […] Jamais ils n’ont pensé à corriger les mœurs de personne, et ne le pourraient pas, quand ils le voudraient, « nec si velint id possint », parce que la comédie par sa nature n’est faite que pour être pernicieuse : « Mimica ars, natura sua tantummodo ad nocendum comparata. » L. […] point de componction, de pénitence, de crainte de Dieu, de changement de mœurs ; et souvent nous passons les jours entiers au théâtre ou dans la volupté et la pompe du diable, sans en être fatigués. […] Le théâtre a renversé l’Empire Romain ; et nous nous vantons d’avoir des mœurs, de la religion, de la décence, de la probité !

251. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — III.  » p. 457

On ne peut donc nier que les Comédies et les Romans ne soient contraires aux bonnes mœurs, puisqu'ils impriment une idée aimable d'une passion vicieuse, et qu'ils en font une qualité héroïque, n'y en ayant point qui paraisse davantage dans ces héros de théâtre et de roman.

252. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

Mais qu'est-ce que ces éclairs de sagesse au milieu de ces épaisses ténèbres, de cette multitude innombrable de folies qui font gémir la raison et les mœurs ? […] Une joie honnête qui ne blesse ni les mœurs ni les personnes, fut toujours permise, « gaudete in Domino semper », quoiqu'il fût et plus sûr, et plus parfait, et plus utile, de se renfermer toujours dans les bornes étroites d'une douce gravité. […] Mais ceux-ci sont à plaindre, les autres méritent son indignation, parce qu'ils font librement profession de folie, et que leur folie pernicieuse corrompt les mœurs : deux raisons qui mettront toujours les folies du théâtre au-dessus de toutes les autres folies. […]  » Malgré ces adoucissements, il faut convenir qu'un Roi pieux qui danse dans les rues, en chemise, devant tout le peuple, qui saute et bondit comme un chevreau, selon l'expression de l'Hébreu, subtilientem, est un spectacle fort extraordinaire, dont l'histoire ne fournit guère d'exemple, et qui dans nos mœurs déshonorerait même un homme du commun.

253. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « II. A quoi il faut réduire cette question. » p. 4

Puisqu’on demeure d’accord, et qu’en effet on ne peut nier que l’intention de Saint Thomas et des autres Saints qui ont toléré ou permis les comédies, s’ils l’ont fait, n’ait été de restreindre leur approbation ou leur tolérance à celle qui ne sont point opposées aux bonnes mœurs ; c’est à ce point qu’il faut s’attacher et je n’en veux pas davantage pour faire tomber de ce seul coup la dissertation.

254. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

quelle plus visible imposture, que d’accuser la loi chrétienne de dérèglement dans les mœurs, elle qui condamne jusqu’au désir, jusqu’à la pensée du crime ? […] Ne nous opposerait-on pas d’abord ces festins, ces bals, ces danses, ces divertissements, que les premiers Chrétiens reprochaient aux idolâtres, comme des marques toutes visibles, et de la corruption de leurs mœurs, et de la fausseté même de leur religion. […] Et certes si les spectacles profanes sont défendus ; si les assemblées mondaines sont peu chrétiennes ; si l’on ne peut s’exposer au péril sans péché ; si la sûreté n’est pas entière dans la solitude ; si l’Evangile est la règle des mœurs, si la pureté se flétrit par un seul regard ; s’il ne faut qu’un désir pour corrompre le cœur ; si les héros chrétiens ont de la peine même dans le désert de conserver leur innocence, quel homme de bon sens oserait dire qu’il est licite d’aller au bal ?

255. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Peut-on disconvenir que cette licence effrénée du siècle, cette affreuse corruption de mœurs dans tous les âges, ce dégoût de la piété si universel dans le monde, cette différence, pour ne pas dire, ce mépris de la Religion, réduite presque aux seules bienséances parmi les mondains, ne soient le fruit nécessaire de ces spectacles profanes ? […] Une salle, le rendez-vous de tous les libertins, et de tout ce qu’on appelle dans une ville gens oisifs, gens de plaisirs : peu dont les mœurs ne soient corrompues, moins encore qui soient de bonnes mœurs : une assemblée où règne un luxe étudié, où tout éblouit, où tout brille, et dans laquelle il ne se trouve pas une jeune personne qui n’ait employé tout ce que l’art a de plus séduisant pour plaire et pour tenter : Des loges pleines d’écueils d’autant plus dangereux qu’ils sont plus à couvert, et d’où les yeux peuvent rassembler plus d’objets à la fois, tous plus à craindre.

256. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Quoique les paroles de cet homme vain, libertin, caustique, ambitieux, désespéré d’un exil de dix-sept ans, ne soient pas d’un grand poids, l’intérêt des bonnes mœurs dans un auteur qui a un nom, demande quelques réflexions. […] Ses égaremens passés lui donnent un nouveau crédit : il s’éleve fortement contre le bal & les spectacles, qu’il assure, par son expérience, être si pernicieux pour les mœurs, qu’il est absolument impossible d’y résister. […] Les anciens ont bien senti les avantages de ce Tableau magique, le faisant servir à la législation, aux mysteres & aux mœurs. […] Du côté des mœurs, c’est un débauché décidé, mème infâme par son amour pour Batille ; c’est un épicurien qui ne parle qu’en libertin & en yvroque. […] Des Yvetaux à qui on le donne, du neveu duquel il dit le tenir, ne fut point un homme à citer à la Cour en matiere de bonnes mœurs & de sagesse.

257. (1675) Traité de la comédie « IV.  » p. 278

Ainsi, de quelque honnêteté apparente dont les Comédies et les Romans tâchent de la revêtir, on ne peut nier qu'en cela même ils ne soient contraires aux bonnes mœurs, puisqu'ils impriment une idée agréable d'une passion vicieuse, et qu'ils en font même une qualité héroïque, n'y en ayant point qui paraisse avec plus d'éclat que celle-là dans ces héros de Théâtre et de Roman.

258. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — [Introduction] » p. 2

La religion & les mœurs ne peuvent espérer de rétablir leur empire qu’autant que l’autorité souveraine le supprimeroit, ou que la satiété & l’inconstance le feroient abandonner : heureuse révolution, dont on ne sauroit se flatter ; le Théatre & le vice sont trop liés, ils ont trop besoin l’un de l’autre.

259. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « Approbation des Docteurs »

C’est le jugement que Nous Docteurs en Théologie de la Faculté de Paris, et Chanoines de l’Eglise d’Orléans portons de cet Ouvrage, dans lequel nous n’avons rien trouvé qui ne soit conforme à la Foi et aux bonnes mœurs.

260. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

L’Histoire du Théâtre Grec est, à la différence des mœurs près, celle du Théâtre François. […] Le Théâtre se perfectionnoit ; mais trop scrupuleux imitateur de la forme ancienne de la Tragédie, dans un état, dont le gouvernement, les mœurs, étoient différens de ceux des Grecs, l’action étoit encore embarrassée, réfroidie, souvent même étouffée par des Episodes étrangers, & des chœurs mal-cousus.

261. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

On convient que ces circonstances étoient incompatibles avec la pureté de la foi qui abhorre le culte des fausses divinités, avec la doctrine des mœurs qui proscrit l’effusion du sang humain. […] Le danger n’est pas moindre pour la pureté des mœurs, que pour la foi chrétienne ; en attendant la démonstration que je dois vous en faire, je suis, Mademoiselle, &c.

262. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

Les mœurs sont en sûreté ; le Théâtre est honorable ; les Acteurs sont estimés autant qu’honnêtes. […] Mais ce n’est pas sur un profit pécuniaire, que l’on établit l’utilité de la Réformation du Théâtre & du nouveau Règlement : C’est l’épurement des mœurs ; c’est la perspective flateuse de plaisirs inconnus, innocens, inexprimables procurés au Genre-humain, qui en est le louable motif.

263. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

Ceux qui entretiennent l'oisiveté, et la mollesse, qui excitent les passions, et corrompent les bonnes mœurs. […] Une de leurs principales raisons était, qu'ils portent à la corruption des mœurs, et qu'on n'y voit que des objets de passion.

264. (1844) Théologie morale « CHAPITRE I. Des Péchés de luxure non consommée, sections 644-651. » pp. 291-296

On doit par conséquent éloigner, autant que possible, de la lecture de ces sortes d’ouvrages, qu’on ne peut lire sans danger pour l’innocence, la vertu, les mœurs. […] Si les choses représentées ne sont pas notablement obscènes, et si la manière de les représenter ne blesse point gravement les mœurs, il n’y a que péché véniel à assister au spectacle sans raison légitime.

265. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Vous douteriez des vérités saintes que vous avez crues fermement jusqu’ici, vous vous accoutumeriez à parler un langage doucereux et romanesque, et à tenir des propos dont votre innocence ne rougirait plus : vous deviendriez une femme sans principes et sans mœurs. […] Sont-ils plus instruits des règles des mœurs et des vérités de la foi que les saints Pères, que Bossuet, que saint François de Sales, qui les condamnent ?

266. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

Un devis, un calcul qu’aucun Architecte ne s’est avisé de faire, ce sont les péchés si nombrables qui s’y commettront, le danger continuel de la corruption des mœurs, les désordres extrêmes, les excès de toutes les passions, qui devroient faire abolir tous les théatres ? Qui s’embarrasse des mœurs ? […] il falloit ajouter, pour montrer les progrès des bonnes mœurs, & y contribuer. […] Le théâtre est-il donc une maison différente, où le Roi daigne passer sa vie, ou peut être comme les gens qui s’y assemblent, la plupart des gens sans Réligion & sans mœurs, on a cru la personne du Roi plus exposée au théâtre, & on a pris plus de sûreté, pour sa précieuse conservation. […] On a fait aussi à Londres de très-grandes dépenses pour un théâtre de Drurilane ; & on en a établi directeur, le célébre Garrik, le Phénix des Comédiens, par la supériorité de ses talens, & par l’honêteté de ses mœurs, dit-on, sa probité & son désintéressement ; il s’en est acquitté parfaitement ; c’est aujourd’hui un très-beau théatre.

267. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Ne sera aussi loisible aux Fidéles d’assister aux comedies, tragedies, farces, moralitez, & autres jeux joüez en public ou en particulier, vû que de tout temps cela a été défendu entre les Chrêtiens, comme apportant corruption de bonnes mœurs, mais surtout quand l’Ecriture Sainte y est profanée. » Ils le sont encore plus particulierement aux Ecclesiastiques. […] Veritablement si l’extravagance ne s’estoit comme naturalisée avec nos mœurs, nous appellerions folie, ce qu’on appelle gentillesse. […] Les Païens estoient bien plus réglez que nous dans leurs mœurs. […] Tit. des habits, des mœurs &c. […] & mœurs des Eccles.

268. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Sa probité, ses mœurs et sa vertu prouvent authentiquement qu’il s’en faut bien que le Théâtre soit capable de corrompre un cœur bien fait ; c’est Mr. de Crébillon, osera-t-on rejetter l’opinion de ce Grand homme. […] On les verra tous devenir polis, sages, complaisants, on les verra se piquer de sentiments, de bonnes mœurs, et justifier par leur conduite l’utilité d’un amusement si louable. […] Leur vertueuse simplicité leur avait persuadé qu’il me suffirait d’avoir des mœurs et quelque capacité pour faire ma fortune. […] Rousseau ce féroce ennemi des spectacles ne dit-il pas lui même que le Théâtre est capable d’empêcher les mauvaises mœurs de dégénérer en brigandage. […] Ce genre de Tragédie Bourgeoise nous manque et je le préfererais, j’ose le dire, aux Tragédies Héroïques, puisque les personnages de ces pièces devraient ressembler aux hommes d’aujourd’hui et feraient par conséquent plus d’impression que les Héros de l’antiquité, dont les mœurs étaient si différentes des nôtres.

269. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

La Comédie est une représentation naïve et enjouée d’un événement agréable entre des personnes communes, à quoi l’on ajoute souvent une douce satire pour la correction des mœurs. […]  » Saint Clément d’Alexandrie et Saint Basile condamnent les spectacles, par la raison qu’ils corrompent les bonnes mœurs. […] La troisième, les Comédies ne sont plus aujourd’hui comme elles étaient par le passé : le Théâtre est bien plus pur qu’il n’était ; l’on n’y représente rien qui soit opposé à l’honnêteté et à la pureté des mœurs. […] , qui a jamais exigé la gravité des mœurs dans les spectacles ? […] L’on ne demeure point d’accord que la plupart des Comédies soient réformées à un point qu’elles n’impriment ou qu’elles ne laissent point de mauvaises idées capables de corrompre la pureté des mœurs d’un Chrétien.

270. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

D’un autre côté, Fatime est Chrétienne, & il n’est pas dans les mœurs Turques, de confier des enfans qu’ils ne manquent jamais de faire élever dans leur Religion, à des Esclaves Chrétiens. […] Il n’y a aucune Nation, dont les mœurs permettent une conduite si cavaliere auprès des Souverains : reconnoit-on là le cérémonial des Potentats d’Asie ? […] 7 Mais cet ordre qu’il donne à l’occasion de Nérestan, il ne l’avoit pas encore donné, comme ce désormais le prouve ; ainsi Nérestan agit sans raison & sans égard pour les mœurs & pour la dignité du Soudan.

271. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Et à ces témoignages si respectables vous préferez des libertins sans mœurs, sans étude, sans connoissance, des gens frivoles, des femmes mondaines ; voilà vos guides, vos oracles dans la grande affaire du salut, &c. […] Ce sont les mœurs du siecle, c’est le monde, dit S. […] Le spectacle suit les mœurs, & les forme.

272. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Que de mœurs, que de caracteres, que d’Actions à peindre ! […] Ce n’est donc point par les peintures des mœurs, par la délicatesse des sentimens, par les pensées ingénieuses, que la Tragédie produit son plus grand effet : & les Grecs, qui dans tous les Arts destinés au plaisir excellerent sur les autres Nations, pour leur gloire & pour leur malheur, puisque leur Passion pour les amusemens frivoles, fut enfin la cause de leur ruine, eurent la véritable idée de la Tragédie, quand ils y donnerent tout au Pathétique & à la vivacité de l’Action. […] Le Sujet d’Œdipe n’est recommandable, ni par les mœurs, ni par les sentimens, ni par les caracteres, & jamais Sujet ne fut plus heureux pour la Tragédie : c’est le sujet qu’Aristote avoit toujours en vue.

273. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Approbation qui peut servir de Preface. » pp. -

Que tout Chrêtien lise donc cette Dissertation Epistolaire : rien n’y est contraire à la Foi, ni aux bonnes mœurs ; elle sera utile à toutes les ames, qui aiment leur salut, puisqu’elle leur fera connoître les maximes du Christianisme à l’égard de ces sortes de divertissemens.

274. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 6. SIECLE. » pp. 180-181

Notre aveuglement est grand, notre négligence est extrême ; nous n'avons point de componction ; nous n'avons point de crainte de Dieu; nous ne corrigeons point nos mœurs ; nous ne faisons point et pénitence ; mais notre esprit s'applique entièrement à la malice et aux voluptés ; et il arrive souvent que nous passons sans peine les journées entières au Théâtre dans les conversations déshonnêtes, et dans les autres œuvres du Diable.

275. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VIII. Qu’il n’est point permis aux particuliers de faire des Assemblées pour la danse, ni pour toute sorte de sujet. » pp. 33-35

Et cette doctrine est toute dans la prudence et dans la justice ; car si on ne donne point de bornes au plaisir, et si l’on ne prescrit des règles aux hommes pour leurs divertissements ; l’inclination qu’ils ont à la volupté, corrompra bientôt les mœurs : et suivant la pensée de Cicéron même, en imitant le bien, elle gâtera et introduira le mal ; comme on ne le voit que trop dans l’exemple même des danses.

276. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

Charles ; car ne pouvant abolir les spectacles, il fit ordonner au 3e Concile Provincial21, que les Prédicateurs reprendraient avec force le dérèglement de ces plaisirs publics que les hommes séduits par une coutume dépravée mettaient au nombre des bagatelles où il n’y a point de mal : qu’ils décrieraient avec exécration les spectacles, les jeux, les bouffonneries du Théâtre et les autres divertissements semblables qui tirent leur origine des mœurs des Gentils et qui sont contraires à l’Esprit du Christianisme : Qu’ils se serviraient de tout ce qui a été dit de plus pressant sur ce point par Tertullien, S. […] mais cela n’empêcha pas ce saint Archevêque d’ordonner que les Prédicateurs désabuseraient là-dessus les peuples, et qu’ils leur montreraient que rien n’est plus contraire aux mœurs, et à la discipline de l’Eglise. […] Lorsqu’après avoir examiné un très grand nombre de Comédies pour pouvoir juger s’il y a du mal, il ose déclarer qu’il n’y a « rien qu’on ne doive approuver, rien d’indécent ni de déshonnête qui puisse blesser en quelque manière la pureté des mœurs », page 41 « et qu’on n’en imprime aucune, où l’on puisse trouver une équivoque, ni la moindre parole sous laquelle on pût cacher du poison », page 44. […] Il s’en faut donc bien qu’on ne soit persuadé que la Comédie est une Ecole de vertu, et qu’on n’y apprend jamais rien que de très conforme à la pureté des mœurs.

277. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Trois princes de trois communions chrétiennes, la Romaine, la Grecque, & la Protestante, si divisés d’ailleurs par les sentimens, les intérêts, les mœurs & les défiances, se sont réunis pour démembrer la Pologne & la dépouiller de ses provinces les plus riches, les plus fertiles, les plus peuplées, & à leur bienséance. […] Le premier, pour faire oublier ses manœuvres & les malheurs publics en amusant le peuple, vouloit introduire de nouveaux spectacles ; le second, qui pense que les bonnes mœurs sont le vrai soutien, la force, l’appui des Etats, s’opposoit à ce qui n’est fait qui pour les corrompre. Le premier ne pouvoit manquer de l’emporter dans la crise funeste de la décadence des affaires, que la corruption des mœurs a amenée, & dont le théatre va consumer le peu qui reste de vertu & de liberté dans la nation. […] Le Baron de Kurt, homme inconnu, chef de l’entreprise, dont la comédie fait toute l’illustration, & qui a vendu sa noblesse à l’infamie du théatre, a eu le courage d’offrir 20000 ducats à la maison de Radzivil, pour le loyer du palais dont il s’est emparé, & où il a établi la confédération contre les bonnes mœurs, & il a choisi pour faire l’ouverture de son spectacle la fête de S. […] Le Grand-Maréchal de la Couronne, chef de la police, qui s’étoit ci devant opposé quoiqu’inutilement, à l’introduction du Théatre permanent, s’opposa de nouveau à la proposition : il fit voir que c’étoit une monopole pour s’enrichir sur les plaisirs du public, aux dépens des bonnes mœurs d’une nation déjà si portée au luxe & à la volupté ; que ce seroit même donner aux propriétaires un titre sur la police des spectacles qui se donnoient chez eux.

278. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

Pour une Comédie sainte, ou deux qu’on a representées dans Paris en quarante ans, l’on en a joué des centaines, qui ont choqué tous les honnêtes gens, tant elles étaient préjudiciables aux bonnes mœurs. […] « Je suis obligé d’avouer, que des Pièces qu’on imprime après qu’on les a jouées, il ne m’en ait jamais tombé aucune sous les mains, où j’aie trouvé rien qui put en quelque manière blesser le Christianisme, ou la pureté des mœurs. » §.  […] Son père a grand tort d’entreprendre de lui faire des remontrances, et de lui dire qu’il doit se souvenir de son nom et de sa naissance, corriger ses mœurs, et vivre en homme de bien. […] L’Auteur de la Lettre dira-t-il après cela, lui qui dit avoir lu toutes les pieces qui ont été imprimées : « Qu’il n’y a rien trouvé d’indécent qui puisse en aucune manière blesser le Christianisme, ou la pureté des mœurs. » §.  […] Mais des Comédiens ne sont nullement propres a faire aux Chrétiens des leçons de morale, qui aillent à réformer leurs mœurs.

279. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Je ne garantis ni la justesse du raisonnement de ces Ecrivains dans des objets si différents, ni leur autorité pour faire ce changement de discipline, ni la sagesse de leurs mesures pour assurer le repos public, aux dépens de la religion et des mœurs, par une tolérance universelle ; il me suffit que les Comédiens aient toujours été traités de même, que dans toutes les opinions on ait unanimement reconnu qu’indépendamment de toute excommunication, on a dû leur refuser, et on leur a refusé en effet tous les sacrements, en vertu de leur péché, de leur scandale public, sur la seule notoriété. […] Il n’y a que celles-ci contre les Comédiens ; on n’en a jamais dénoncé aucun, et partout on peut communiquer avec eux, quoique par tout l’infamie de leur métier et le danger de leur commerce les fassent éviter par les honnêtes gens qui ont de la religion et des mœurs, comme une très mauvaise compagnie. […] Mais depuis que le théâtre est devenu un objet intéressant pour la religion et les mœurs, une école savante des passions, une leçon artificieuse de vice, un assemblage attisé de toutes les occasions de désordre, un spectacle frappant de péché, enveloppé du titre séduisant d’ouvrage d’esprit, du voile trompeur d’une modestie apparente, des attraits délicats d’une volupté épurée, des pièges cachés sous l’air de la décence et de la bonne compagnie, l’Eglise a allumé toutes ses foudres contre ce chef-d’œuvre de scandale et de péché, d’autant plus dangereux, qu’il cache adroitement son poison sous les dehors imposants de la politesse, de la réserve, de la censure de quelque vice, des exemples de quelques vertus morales, qui semblent devoir se dérober aux alarmes et aux regards de l’Eglise et de la vertu. […] Toute l’Eglise y a applaudi, et malgré la corruption des mœurs, qui dans tous les temps a conservé et fréquenté le théâtre, peu de lois dans la discipline qui soient plus connues, contre lesquelles on ait moins réclamé, que l’excommunication des Comédiens ; on ne l’a attaquée que depuis peu d’années, où les mêmes mains qui n’ont pas respecté la religion, ont osé, non pas révoquer en doute, mais traiter d’injuste ou de nulle, une peine dont ils reconnaissaient la vérité : « Quid de Histrionibus qui in suæ artis dedecore perseverant ? […] « Ne sera libre aux fidèles d’assister aux comédies, tragédies, farces, moralités, vu que de tout temps cela a été défendu aux Chrétiens, comme apportant corruption des bonnes mœurs, et les Magistrats Chrétiens sont exhortés de ne pas le souffrir. » (Discipl. des Protest.

280. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VI. Elle le donne pour une foiblesse : mais on veut qu’il y régne. » p. 12

Il seroit sans doute plus court, pour justifier le Théâtre, de soutenir que la concupiscence, cette racine envenimée qui étend ses branches par tous les sens, n’est point mauvaise ; qu’il n’y a rien de contraire au Christianisme & aux bonnes mœurs dans le soin qu’on prend pour l’entretenir.

281. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « [Introduction]  » p. 2

Les spectacles en sont un objet très intéressant, ils ont la plus grande influence sur les mœurs.

282. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Cependant Pascal est fort supérieur à Moliere, non seulement par la religion & les mœurs, Moliere en approche-t-il ? […] Gassendi étoit un homme d’un vrai mérite, & tous ces prétendus éleves étoient peu dignes de lui, sur-tout pour la religion & les mœurs. […] Ainsi les rangs sont confondus, les familles se ruinent, la jeunesse se remplit de vanité, les arts agréables se multiplient, les arts utiles se négligent, & ce n’est pas au profit de la religion & des mœurs. […] Il est bon sans doute de se corriger de ses ridicules, mais non pas aux dépens de la religion & des mœurs, infiniment plus nécessaires que la politesse mondaine. […] Dans cette crise les mœurs & les manieres anciennes contrastoient avec les lumieres nouvelles ; le caractère national, formé par des siecles de barbarie, cessoit de s’assortir avec l’esprit nouveau qui se répandoit.

283. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Qu’on joindra aux difficultés, déjà si grandes dans la composition d’un beau Poëme, les difficultés plus grandes encore d’y encadrer le jeu des Comediens, de faire une si juste combinaison de leurs qualités, qu’elles ne nuisent point aux caractères ni aux mœurs des personnages. […] Les mœurs, les pensées, les passions, sont autant d’objets à qui le Poëte donne une ame & un corps avec la parole.

284. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Il semble que les Enfans soient tous nés Comédiens, tant on trouve de facilité à leur enseigner le Mimisme : en effet, cet âge est celui des Jeux & des Ris ; tout est prestige, tout est illusion dans cet âge charmant ; & tout ce qui est imitation & faux-semblanta des attraits pour lui : la Comédie, qui n’est qu’une image des mœurs par son intrigue, est aussi la peinture des actions par ses Imitemens, comme elle est celle des manières par ses Modelemens ; cet Exercice doit être par-là doublement utile à la Jeunesse, qu’il prépare à remplir réellement dans la Société, ce qu’elle a feint sur la Scène. […] Il est sur-tout indispensable qu’on leur donne des mœurs.

285. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

Je n’avais garde de la lui demander, sûr qu’il ne me l’accorderait pas : mais, comme j’ai d’autres Pièces à faire représenter, et entre autres Esope à la Cour, que je suis prêt de soumettre à la Censure la plus austère, je me flattai que les Auditeurs me seraient plus favorables si je leur faisais voir que les Pères et les Canons qui ont détesté les Comédies détestables n’ont point prétendu interdire les divertissements honnêtes, et, pour ainsi dire, plus capables de corriger les mœurs que de les corrompre. […] Comme un Sot me chagrine, et qu’un Méchant m’irrite, Avec un vrai plaisir je loue un vrai Mérite ; N’importe dans quel rang on en soit revêtu : Aux petits comme aux Grands j’aime à rendre justice ; Et je défigure le Vice Comme j’embellis la Vertu. » Vous voyez, Monseigneur, par la Matière que je me prescris que je ne cherche ni à corrompre les mœurs, ni à favoriser le libertinage ; et qu’en soutenant les Spectacles nécessaires, je souhaite qu’ils soient toujours innocents.

286. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 3. SIECLE. » pp. 107-119

Les Farceurs avec leurs gestes honteux ne corrompent-ils pas les mœurs, ne portent-ils pas à la débauche, n'entretiennent-ils as les vices ? […] Vous devez rejeter les Spectacles publics, parce qu'étant des occasions des vices, et ne servant qu'à corrompre les mœurs, ils sont non seulement inutiles pour nous conduire à la vie bienheureuse, mais ils sont même extrêmement nuisibles.

287. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Il regarde avec raison les comédiens & les danseuses commes les plus dangereux ennemis de la religion & des mœurs, & la source la plus féconde des impudicités & des idolatries. […] Ces grands mots ne sont que du verbiage, & cette charité tant vantée est contraire aux bonnes mœurs. 1°. […] Il y a une opposition innée dans tous les esprits entre les bonnes mœurs & le théatre. […] En est-il quelqu’un à qui ces représentations ne fassent perdre le train de leurs études & beaucoup de temps, ne donnent un goût de dissipation ; &, par un autre inconvénient encore plus grand, en est-ils dont ils ne corrompent les mœurs ? […] Le théatre, qui est le grand maître des mœurs, y puise ses plus beaux drames.

288. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Lors que des hommes inutiles & dangereux à l’Etat & à la Religion, n’ayans point d’autres métiers pour vivre que celuy de divertir le genre humain, ont faits des spectacles publiques pour representer la vie & les plus memorables actions des Heros & des Heroines de l’antiquité payenne, non pas tant pour reformer les mœurs des peuples, que pour tromper & divertir les faineans. […]  : Sçavoir de profanation, d’infidelité & de libertinage ; de profanation, puisque la sainteté de la Religion y est deshonnorée ; d’infidelité, puisque les vœux du Baptême y sont violés ; & de libertinage, puisque la pureté des mœurs y est corrompuë. […] Oüy M. vous avez besoin d’un grand pardon & d’une grande misericorde, puisque les crimes qu’on commet à la comedie, sont plus grands que vous ne pensés ; la sainteté de la Religion y est profanée, les vœux du Baptême y sont violés, & pour comble d’iniquité, l’innocence des mœurs y est corrompuë. […] QVand je considere l’état d’un Chrétien je trouve que tout ce qu’il y a de plus grand & de plus inviolable dans sa profession, l’oblige à une parfaite innocence de vie, & à une eminente sainteté de mœurs. […] Enfin l’innocence de vos mœurs y est corrompuë par vos pechez, ou par ceux d’autruy, puisque vous étes aussi coupables des crimes que vous faites commettre aux autres, que de ceux que vous commettez vous-même.

289. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « TABLE DES CHAPITRES ET DES SECTIONS. »

Idée que M. l’Abbé Fleury a donnée de la Comédie, dans Les Mœurs des Chrétiens. page 66.

290. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VIII. Du Stile. » pp. 287-319

Hermogène a dit plus d’une fois, que ceux qui écrivent moralement, c’est-à-dire qui expriment les mœurs dans leurs discours, écrivent simplement ἀγελῶς, & sans fard. Les Poètes de notre Spectacle s’appliquent, sur-tout à peindre les mœurs des personnages qu’ils font agir ; donc ils ne doivent pas employer un stile recherché. […] « Les endroits qui renferment de beaux sentimens ou des mœurs, n’ont aucun besoin d’ornemens…. […] « Il n’y a rien de plus contraire aux mœurs & aux sentimens, (ce sont ses propres paroles) qu’une diction enflée & trop recherchée. » Longin dans son éxcellent Traité du sublime, s’est beaucoup élevé contre le stile trop étudié : ce qu’il admire dans les Livres de Moïse, montre jusqu’à quel point il chérit la simplicité des mots.

291. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

Certes, il faut avouer que Molière est lui-même un Tartuffe achevé, et un véritable Hypocrite, et qu’il ressemble à ces Comédiens, dont parle Sénèque, qui corrompaient de son temps les mœurs, sous prétexte de les réformer, et qui sous couleur de reprendre le vice, l’insinuaient adroitement dans les esprits : et ce Philosophe appelle ces sortes de gens des Pestes d’Etat, et les condamne au bannissement et aux supplices. […] L’impie qui est l’organe du Démon, tient les mêmes maximes ; il insinue d’abord quelque proposition libertine, il corrompt les mœurs, et raille ensuite des Mystères, il tourne en ridicule le Paradis et l’Enfer, il décrie la dévotion sous le nom d’hypocrisie, il prend Dieu à parti, et fait gloire de son impiété à la vue de tout un peuple. […] Et cet homme de bien appelle cela corriger les mœurs des hommes en les divertissant, donner des exemples de vertu à la jeunesse, réprimer galamment les vices de son siècle, traiter sérieusement les choses saintes ; et couvre cette belle morale d’un feu de charte, et d’un foudre imaginaire, et aussi ridicule que celui de Jupiter, dont Tertullien raille si agréablement ; et qui bien loin de donner de la crainte aux hommes, ne pouvait pas chasser une mouche ni faire peur à une souris : en effet, ce prétendu foudre apprête un nouveau sujet de risée aux Spectateurs, et n’est qu’une occasion à Molière pour braver en dernier ressort la Justice du Ciel, avec une âme de Valet intéressée, en criant « mes gages, mes gages m » : car voilà le dénouement de la Farce : ce sont les beaux et généreux mouvements qui mettent fin à cette galante Pièce, et je ne vois pas en tout cela, où est l’esprit ? […] Nous avons l’obligation aux soins de notre glorieux et invincible Monarque, d’avoir nettoyé ce Royaume de la plupart des vices qui ont corrompu les mœurs des siècles passés, et qui ont livré de si rudes assauts à la vertu de nos Pères.

292. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TABLE DES CHAPITRES. » pp. 3-4

Les Mœurs.

293. (1825) Encore des comédiens et du clergé « TABLE DES CHAPITRES ET ARTICLES CONTENUS DANS LE PRESENT VOLUME. » pp. 7-9

De l’utilité de l’art théâtral, dans l’ordre social, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs.

294. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

« Le théâtre prend les mœurs de la nation, et contribue à son tour à les amollir et à les énerver. […] Le vieux Sertorius voudra séduire une jeune femme éperdument amoureuse de son mari ; voilà les mœurs de la tragédie chez Corneille, le plus grave et le plus sublime de nos poètesak. » Les pièces de cet auteur n’auraient certainement pas plu aux spectateurs, si elles ne leur avaient donné agréablement des « leçons de galanterie, de fourberie, de vengeance, d’ambition ; si elles ne leur avaient appris à conduire habilement une intrigue, à éluder la scrupuleuse vigilance des parents, à surprendre par mille ruses la bonne foi, à ne tendre jamais à faux des pièges à l’innocence, à se défaire avec adresse d’un concurrent, à se venger à coup sûr d’un ennemi, à élever sa fortune sur les débris de celle d’autruial . » En effet, le spectacle perdrait son agrément, s’il n’était un assemblage vif et séduisant de tout ce qui peut plaire, s’il ne tendait à enchanter l’esprit et les sens par mille charmes, et à attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus fin et de plus insinuant.

295. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

On examinera toutes les anciennes Pièces, pour choisir celles qui paraîtront le plus susceptibles de correction ; et dans lesquelles, surtout, on pourra retrancher les Scènes d’amour, qui ne seraient pas compatibles avec la pureté des mœurs que l’on se propose d’introduire sur le Théâtre. Si pourtant le Conseil jugeait à propos d’en conserver quelques-unes, où la passion d’amour ne parût pas nuisible, ni capable de corrompre le cœur, il ne faudra l’insérer dans le Registre qu’après qu’on se sera assuré qu’elle est propre à corriger les mœurs, à inspirer une bonne morale, et à faire aimer la vertu ; ce qui doit être le premier objet de toutes les Pièces du nouveau Théâtre.

296. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VII. De ceux qui sont aux autres occasions de ruine, et de péché. » pp. 30-32

Car cette doctrine qui est rapportée par Angélus et par Sylvestre, est véritable et constante, que si quelqu’un fait quelque action, qui ne soit pas mauvaise de sa nature, et même que tout le monde puisse faire licitement, prenant la chose en elle-même ; si toutefois dans la condition présente du temps, et à cause de la corruption, et dépravation des mœurs, cette même action, qui de soi serait innocente, est devenue une cause, ou une occasion de mal, et de péché, il est tenu de s’en abstenir ; et s’il ne le fait pas, il offense Dieu.

297. (1715) La critique du théâtre anglais « DESSEIN DE L’OUVRAGE. » pp. -

Non : et je puis prouver combien ma plainte est juste par une simple exposition de la conduite de nos Poètes, eu égard aux mœurs et à la Religion.

298. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Cet homme qui avoit des mœurs, des talents, de la science ; mas turbulent, inquiet, singulier, caustique, a composé divers ouvrages, dont aucun n’a fait fortune, & dont plusieurs ont été fort mal reçus ; entr’autres, ce qui est très-déplacé dans un Abbé de la Trape, a donné la vie & les amours d’Abaillard & d’Héloïse & ses lettres traduites & paraphrasées d’une maniere très-libre, en quatre tomes. […] Dans la vérité, c’est un très-mauvais sujet, dans la Réligion & les mœurs ; c’est un très-médiocre auteur dans la littérature, qui n’a du quelques célébrités momentanées, qu’à l’ignorance de son siécle, où un homme qui savoit lire étoit un prodige. […] Je ne crois pas ces représentations convenables, elles nuisent aux mœurs, inspirent l’esprit du monde, donnent, le goût des spectacles, dissipent la jeunesse, lui font perdre beaucoup de tems, quoique moins rapidement & moins griévement que le théatre public ; mais il ne faut pas envénimer les choses même mauvaises, & calomnier même les coupables, même les Jésuites, quelque haine qu’on aie pour eux. […] Poinsinet dans sa traduction du Plutus d’Aristophane, s’en déclare l’apologiste, d’après le sieur Diderot, dans le traité de l’art dramatique, ils la croient très-utiles aux mœurs, parce qu’elle previendroit le crime ou corrigeroit le coupable, par le ridicule. […] Des nouveautés si contraires aux mœurs antiques, & à l’acienne Réligion, ont rémué les esprits, & fait dans la Ville une espece de schisme, le cri de la foi s’est fait entendre, la vertu à pris l’allarme, les vieillards, les gens sages, les gens de bien ont condamné le théatre ; les jeunes gens, les scenomanes, les merveilleux, les femmes galantes, ceux qui se piquent d’être le monde, ont pris hautement sa défense.

299. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Affoiblir les idées & l’horreur que le christianisme nous donne de l’impureté, & faire disparoître l’infamie par des adulations, des fables, des impiétés, des crimes, est-ce respecter l’Evangile & les mœurs ? […] C’est une contradiction en effet fort commune dans le monde entre les sentimens & la conduite, la religion & les mœurs. […] Après sa mort il est décrié pour ses mœurs & sa religion : il ne le méritoit pas moins. […] Je prens l’éloge d’un sot pour un affront : mais les éloges d’un homme d’esprit qui divinisent sans restriction un homme que la débauche & l’irréligion ont dégradé, ne sont-ils pas un affront à la religion & à la vertu, & ne blessent-ils pas les bonnes mœurs. […] Le ministre protestant, qui osa se charger de ce honteux panégyrique, ne fut pas moins embarrassé : la réforme, quoique plus indulgente sur l’incontinence, n’a jamais approuvé l’adultere, ni cette corruption de mœurs qui, depuis le berceau jusqu’au tombeau, souilla tous les pas de Maurice.

300. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-3

Il est de notoriété publique que les acteurs, les auteurs, les amateurs sont presque tous des libertins sans religion & sans mœurs, que le vice y a conduit, que le vice y entretient, ou à qui le théatre a enseigné & communiqué le vice.

301. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XI. Son opposition à l’Evangile. » pp. 23-24

exhorter les Princes & les Magistrats à chasser les Comédiens, les Baladins, les Joueurs de Farces & autres pestes publiques, comme gens perdus & corrupteurs des bonnes mœurs, Conc.

302. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIV. Troisième réflexion sur la doctrine de Saint Thomas : passage de ce saint docteur contre les bouffonneries. » pp. 85-87

« On rendra compte à Dieu de toute parole oiseuse : id est, verbum joculatorium per quod volunt inde placere aliis : de omni verbo otioso, etc. » Il compte donc manifestement ces trois choses parmi les vices, tria vitia, et reconnaît un vice ou une malice particulière dans les paroles, « par lesquelles on veut plaire aux autres » et les faire rire, distincte de celle des paroles qui portent au mal ; ce qui bannit manifestement la bouffonnerie, ou pour parler plus précisément la plaisanterie, du milieu des chrétiens, comme une action légère, indécente, en tout cas oisive selon Saint Thomas, et indigne de la gravité des mœurs chrétiennes.

303. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

La corruption des mœurs d’Athenes, si l’on en croit les Philosophes de cette Ville, fut causée par celle de la Musique, à laquelle le Théâtre avoit fait perdre son ancienne simplicité. […] Pour moi je crois que les mœurs de ceux qui gouvernent la Ville, sont la cause de ces changemens ; leurs exemples sont encore plus pernicieux que leurs fautes. […] Cet Agésilas à la vérité, avoit dans ses mœurs une austérité Lacédémonienne : cependant il n’épargnoit rien pour orner les Jeux qu’on donnoit au Peuple, & il disoit que de ces sortes de choses, il ne falloit être ni trop, ni trop peu curieux. […] Alexandre trouvant que la Comédie moyenne étoit encore trop hardie, ordonna aux Poëtes de ne plus désigner aucune Personne vivante, & de se contenter d’une imitation des mœurs des Hommes en général : & comme le Chœur dans la vieille & moyenne Comédie avoit abusé de sa liberté en chantant des Vers satiriques, il fut, dit Horace, ignominieusement condamné au silence, turpiter obticuit.

304. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Bayle pouvoit juger d’un ouvrage d’esprit, ou d’une dissertation physique ; mais c’étoit à nos directeurs à nous apprendre le changement des mœurs. […] Si, cependant, vous me demandiez si la comédie est propre à faire mourir en nous l’esprit du péché, & à nous faire rentrer dans la voie du salut, je vous avouerai franchement que je la crois peu capable d’opérer ces miracles ; je la regarde comme un objet indifférent en soi qui peut servir de délassement aux personnes occupées, & d’occupation aux personnes qui n’ont rien à faire ; mais vous auriez tort, je le répete encore, de vous imaginer que je regarde le théâtre comme une école de religion ; Non, pour changer leurs mœurs & régler leur raison, Les chrétiens ont l’Eglise & non pas le théâtre.

305. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

Veritablement, si l’extravagance ne s’étoit naturalisée dans nos mœurs, nous nommerions folie ce qu’on appelle gentilesse. […] Mais nous entendons parler ici des divertissemens defendus, comme sont les bals, les comedies, & autres spectacles de cette nature, qui sont dangereux, & corrompent les bonnes mœurs.

306. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Le temps n’est plus où le caprice et l’oisiveté pouvaient enfanter des volumes sans objet ; les travaux de l’esprit sont actuellement vus sous un aspect plus élevé ; l’art de l’historien ne consiste plus à tourner adroitement des épigrammes ; on n’irait pas loin en estime littéraire par une élégie sur les rigueurs de la marquise ou une épitre légère sur les séductions du chevalier ; nous voulons dans les romans autre chose que les mœurs de l’antichambre ou du boudoir, et certes, ce serait à nos yeux un étrange philosophe que celui qui n’étudierait la nature morale de l’homme que pour en faire saillir toutes les imperfections, ou qui s’attacherait à éteindre toute exaltation de l’âme par un froid et amer dénigrement. […] C’est sur cette législation protectrice des bonnes mœurs à une époque reculée et dirigée de concert par l’Etat et par l’Eglise contre des excès répréhensibles, que se fondent les membres du clergé actuel pour refuser la sépulture chrétienne aux comédiens morts sans avoir abjuré.

307. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Serons-nous obligés de dire que ce qu’il y a eu d’habiles Théologiens, plus recommandables encore par la sainteté de leurs mœurs que par l’éclat de leur science, ou se soient trompés eux-mêmes, ou ayant eu le dessein de nous tromper ? […] Je sais bien que comme elle était un peu trop hardie, les Athéniens eurent raison de lui ôter cette liberté et de l’empêcher de s’attaquer immédiatement à personne ; mais on lui permit de s’attacher généralement à reprendre les mœurs, et ce n’a été que par un abus, dont les choses même les plus saintes ne sont pas exemptes, que depuis, au lieu de les reformer elle a pu contribuer à les corrompre. […]  : « Les Comédiens qui jouent d’une manière honnête, ou pour se divertir, ou pour délasser les autres, et qui ne font rien contre les bonnes mœurs, ne sont point réputés infâmes. » Vous voyez donc bien que selon ce Commentateur, l’infamie ne tombe que sur les Comédiens qui jouent d’infâmes Comédies, et non pas sur ceux qui n’en représentent que d’honnêtes. […] Saint Clément d’Alexandrie donnant des règles pour les mœurs en bannit entièrement les Jeux de hasard : saint Cyprien ne peut souffrir que la même main qui a l’honneur de servir aux Sacrés Mystères Livre 3 chapitre 1. […] Quant à la lecture des Pièces que l’on imprime après qu’on les a jouées, je suis obligé d’avouer qu’il ne n’en est jamais tombé aucune sous les mains où j’ai trouvé rien d’indécent ni de déshonnête qui pût en quelque manière blesser le Christianisme ou la pureté des mœurs.

308. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Douzième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 250-253

Ce sont les préjugés, l’inconséquence des hommes, & quelquefois les mœurs de ceux qui exercent cette profession estimable qui l’avilissent : mais si le Comédien est honnête, l’Actrice sage, réservée, ils sont des Citoyens utiles, ils peuvent atteindre à la véritable vertu ?

309. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIV. Réponse a l’objection qu’il faut trouver du relâchement à l’esprit humain : que celui qu’on lui veut donner par la représentation des passions est réprouvé même par les philosophes : beaux principes de Platon. » pp. 58-60

à faire tant de différents personnages lui paraissait introduire dans la vie humaine un caractère de légèreté indigne d’un homme, et directement opposé à la simplicité des mœurs.

310. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre X. Les spectacles ne sont propres qu’à rendre romanesques ceux qui les fréquentent. » pp. 102-104

Elles abandonnent aux femmes du peuple la connaissance des détails que les mœurs réservaient aux mères de famille ; elles aiment mieux exercer ces talents séducteurs dont Salluste faisait un reproche à Simpronia, comme de savoir danser et chanter mieux qu’il ne convient à une honnête femme.

311. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Qu’importe à nos mœurs qu’ils soient sages ou vicieux ? […] Au sujet de l’objection, si l’on peut se rendre estimable en copiant fidèlement les mœurs de la lie du Peuple ; voilà tout ce que je dirai actuellement. […] Voici les termes de ce Poète élégant & judicieux ; « Une Comédie où l’on rencontre des sentimens & des mœurs, quoi qu’elle soit sans grace, sans force & sans art, plait quelques fois d’avantage au Spectateur, & l’attache plus fortement que ces Vers magnifiques & harmonieux qui ne signifient rien5. » Je terminerai cet article par une remarque du Père Brumoy ; il semble conseiller aux Auteurs Dramatiques de ne se point donner la peine de bien écrire leurs Poèmes, parce que le Sublime du stile n’est jamais saisi aux représentations.

312. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

La sixième Classe, contient les sentiments des savants Païens, savoir, de Platon, d’Aristote, de Sénèque, de Valère-Maxime, de Suétone, de Corneille Tacite, qui ont tous déclamé contre les Spectacles, et ont fait voir qu’il étaient contraires à l’honnêteté des mœurs. […] Ce Jésuite conclut : « Censeo ergo licentiam Theatri afferre certissimam pestem moribus Christianis s. » J’estime donc que la liberté qu’on se donne d’assister aux Spectacles du Théâtre, est assurément une peste pour les mœurs des Chrétiens.  […] La 4eme raison est une idée de correction des mœurs que les Comédiens ont voulu donner, pour justifier les Comédies.

313. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Quelles mœurs ! […] Quel siécle, dites-vous, quel pays, quel goût, quelles mœurs ? C’est le siécle, le pays, le goût, les mœurs du théâtre. […]  17, défend absolument les peintures obscénes dans sa république, parce qu’elles corrompent les mœurs, sur-tout de la jeunesse de l’un & de l’autre sexe. […] C’est ce qui mettoit les courtisannes tant en honneur dans les villes Grecques, honneur bien assorti à leur Réligion & à leurs mœurs.

314. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Cette excursion ne sera pas hors-d’œuvre, le théatre y revient souvent, elle achevera de caractériser son esprit, & la licence sur la religion, & les mœurs des Auteurs & amateurs du théatre. […] Je ne sais dans quel siecle on a commencé de dire pour louer un Evêque, il a de bonnes mœurs, &c. […] Personne n’a été plus ferme à maintenir la foi, les bonnes mœurs, l’ordre & la discipline ecclésiastique, & à rendre justice par lui même à tout le monde plusieurs fois la semaine. […] Mais un farceur est il Canoniste, est il Historien, est-il Catholique, a-t-il des mœurs ? […] Un Marchand de vin, car on s’enivre ; un Guinguéttier, car il se commet bien des désordres dans une guinguette ; un caffé, qui est un rendez-vous de libertins & de médisans ; un Imprimeur, qui imprime tant de choses contre la religion & les mœurs, eussent donné plus beau jeu à la plume de l’apologiste.

315. (1775) Voyage en Italie pp. 206-208

Il y a des pays où l’on demande si les spectacles peuvent s’accorder avec les mœurs et la Religion.

316. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VI. Des Comédiens français rétablis dans leurs droits civils et religieux, à raison de leur profession, et entièrement affranchis des anathèmes et des excommunications de l’Eglise. » pp. 130-133

En lisant l’histoire du droit canonique, au chapitre de la puissance des rois, comme protecteurs des canons, on y voit que les ecclésiastiques y sont, à double titre, soumis à l’autorité séculière ; premièrement en leur qualité de citoyen, qui les soumet à la puissance temporelle, comme tous les autres sujets ; en second lieu, en leur qualité d’ecclésiastiques, ils sont également soumis au prince, qui, étant protecteur des saints canons et décrets des conciles, a droit de veiller sur les mœurs des ecclésiastiques, afin de s’opposer au relâchement de la discipline de l’Eglise.

317. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XII. La représentation des pièces de théâtre est plus dangereuse que la lecture. » pp. 108-110

Aussi Quintilien ne voulait pas qu’on la permît aux jeunes gens, tant que leurs mœurs ne seraient pas en sûreté.

318. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Le Géographe Strabon écrit, que la Poésie a été tenue pour la première Philosophie, laquelle prescrit la manière de bien vivre, enseigne les mœurs et affections, commandant avec plaisir et délectation ce qui est à faire : et que mêmes les premiers anciens ont appellé les seuls Poètes, Sages, et Theologiens : à raison qu’iceux comprenaient par mesure et vers la doctrine des choses divines. […] Semblablement les Lacédémoniens commandèrent de transporter de la ville de Sparte les livres d’Æschylus, comme ne servant de rien, et mis en lumière plutôt pour corrompre les bonnes mœurs que pour servir à quelque discipline des bonnes sciences. […] Car elle corrompt et abâtardit les bonnes mœurs des hommes, les rendant efféminés, et les incitant à paillardise et méchanceté. […] Orontes de Syrie Dedans ton Tibre est coulé jusqu’icy, Qui avec soi a apporté aussi La langue, et mœurs, les tambours et hautbois, Et les joueurs des délicats Grégeois : Jusqu’à montrer toute fille impudique S’abandonner en plein cirque publique. » 18.

319. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VIII. Erreurs des Modernes sur ce sujet. » pp. 165-186

Maxime, qui prend les Mimes pour les Comédiens, comme a fait cet Apologiste ; car où Valère dit que la Ville de Marseille fut toujours si sévère en ses mœurs qu'elle ne permit point aux Mimes de monter sur le Théâtre, parce qu'ils ne représentaient que des actions d'impureté, cet Interprète dit que les Marsiliense furent si sages qu'ils bannirent de leur Ville la Comédie et tous les Jeux Scéniques. […] « Mimorum, hoc est Histrionum mores hominium gestu corporis imitantium. » il entend par le mot de Mimes, les Histrions, qui par leurs postures imitaient toutes les mœurs des hommes.

320. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

« Ce spectacle, mûrement examiné, apportera la réforme dans les mœurs que le théâtre a corrompues, il inspirera du dégoût pour les amusements profanes. […] [NDE] Jean-Baptiste Blanchard, Le Poète des moeurs, vol. 2, 1784, p. 249.

321. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

Si Dieu ordonne aux Juges par la bouche du même Prophète de prendre le parti des pauvres, contre l’oppression des méchants, et si pour leur infidélité à cet ordre, il dit, que « les fondements de la terre sont ébranlés », c’est-à-dire, les Provinces et les Royaumes dans le trouble et le renversement, par l’occasion que leur faiblesse ou leur lâcheté donne à l’insolence, aux vols, aux pillages, et aux meurtres, appuyés sur l’espérance de l’impunité ; que leur dira-t-il, s’il se trouve que non seulement ils aient été l’occasion de la perte des âmes, mais qu’ils y aient actuellement contribué, comme en effet ils y contribuent, puisque c’est par leur ordre que les Théâtres sont dressés, que ceux qui corrompent les mœurs, y paraissent effrontément, et que Dieu y est outragé publiquement et impunément : qui pourra, je vous prie, mettre à couvert les Juges de si grands maux, vu que c’est leur criminelle tolérance qui en est la source ? […] Après tous les sentiments de ces grands et saints personnages, dites-moi, je vous prie, Messieurs les Gentilshommes, dites-moi, je vous prie, Mesdames, Bourgeois, Bourgeoises, qui que vous soyez, n’aurez-vous point d’horreur désormais de passer les après-dînées entières dans ces assemblées si pernicieuses, pour y perdre votre argent, votre temps, la pureté de votre corps, et l’intégrité de vos mœurs ?

322. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

L’Auteur des trois siecles, l’un de ses admirateurs, dit pourtant : Comment Moliere, Auteur seulement de trois ou quatre pieces achevées, & de tant d’autres dont le denouement est si peu naturel & les défauts si sensibles, comment avec une prose si négligée, des vers si peu exacts des caracteres outrés, est-il parvenu à se faire regarder comme le premier Poëte comique de tous les théatres connus… Ses comédies sont les seules qui aient eu le pouvoir de reformer les mœurs. […] Cet excès de flatterie surprend dans un Ecrivain qui a de l’esprit, du goût, de la sincerité, de la sévérité, même dans le temps qu’il reconnoît ses défauts, & dans un homme qui avoit beaucoup moins de religion qu’un grand nombre d’autres qu’il poursuit dans tout son livre, non seulement avec zele, ce qui est très-louable, mais avec acharnement. ce qui ne l’est pas ; non-seulement Moliere n’a pas reformé les mœurs, mais il les a corrompues, plus que les nouveaux Philosophes, cet Ecrivain est un amateur du theatre, Auteur lui-même, qui s’entortille dans les éloges pour ne pas déplaire à ses amis, ni trahit tout-à-fait la vérité, & se déchaîne contre ses adversaires qui ne lui ont que trop donné prise, & l’ont cruellement offensé. […] Ce qui est très-vrai, & n’est rien moins que la réforme des mœurs, les pieces de Moliere ne sont que des satyres personnelles. […] L’Auteur étoit bien sûr de l’approbation de ce Casuiste, qui n’eut & n’inspira jamais des scrupules sur la religion ou les mœurs. […] Le Marquis de Roselle, le Comte de Valmon, & plusieurs auteurs Romans ou livres frivoles, ont condamné le théatre comme très-opposé à la religion, aux bonnes mœurs & à la décence.

323. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

vive & saillante, fut dangereuse en Grèce ; elle y fut un art qui servit également au plaisir, à la religion, aux forces du corps, au développement des graces, à l’éducation de la jeunesse, à l’amusement de la vieillesse, & à la corruption des mœurs. […] Ce ne fut qu’après la destruction de la République que se répandit avec la corruption des mœurs la contagion de la danse, qui dans la lie de l’empire fut portée aux plus grands excès. […] Je me renferme dans le prochain & inévitable danger pour les bonnes mœurs, dans le bal d’ailleurs le plus tranquille, le mieux composé. […] Elle l’est de plus d’une façon, non-seulement par la désolation de cette grande ville, devenue le repaire des animaux, mais parce que ces animaux représentent les mœurs, les crimes, la vie débordée de ses habitans, bêtes féroces que le vice rendoit plus méprisables que les bêtes : Replebuntur domus eorum draconibus, habitabunt strutiones, pisori saltabunt, & Syrenes indelubris voluptatis. […] Après avoir vu tout ce qui se passoit dans cette assemblée, il fut saisi d’étonnement, & nous dit : Ces folies sont une invention du diable pour corrompre les mœurs & perdre les hommes.

324. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Mais ce n'est là que décoration sans conséquence pour les mœurs ; le théâtre souffre-t-il, veut-il connaître les objets vraiment importants qui vont au cœur, ramènent au devoir, font le vrai christianisme ? […] afin qu'il délivre le premier et le soustraise à la juste vengeance de son frère que le téméraire était venu déshonorer et assassiner dans la maison : « Comminge accourt, il blesse un époux que j'outrage. » Elle continue pendant trois cents vers de faire, dans le même goût, le détail de la passion la plus folle, qui souvent outrage le style autant que les mœurs. […] Tout est dans cette pièce contraire à la décence, à la religion, à la vraisemblance, aux bonnes mœurs, Quoi de plus absurde que des Moines de la Trappe sur un théâtre ! […] combien d'anecdotes, vraies ou fausses, fourniront matière à une scène que la Trappe aura ouverte, dont la religion et les mœurs feront tous les frais ! […]  » Un Chrétien ne connaît ni beautés ni génie dans ce qui blesse la religion et les mœurs.

325. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

. « Ne sera loisible aux Fidèles d’assister aux Comédies et autres Jeux joués en public ou en particulier, vu que de tout temps cela a été défendu entre les Chrétiens comme apportant corruption de bonnes mœurs, mais surtout quand l’Ecriture Sainte y est profanée ; néanmoins quand en un Collège il sera trouvé utile à la Jeunesse de représenter quelque Histoire, on le pourra tolérer, pourvu qu’elle ne soit tirée de l’Ecriture Sainte, qui n’est baillée pour être jouée, mais purement prêchée. […] « Que pour changer leurs mœurs, et régler leur raison, Les Chrétiens ont l’Eglise et non pas le Théâtre. » Mais pour ne pas laisser ces autorités sans montrer le fondement solide sur lequel elles sont établies, entrons dans les raisons et dans les réflexions, qui nous feront apercevoir que l’Ecriture ne saurait être représentée sur le Théâtre des Comédiens sans y être altérée et corrompue. […] » En un mot, que peut-on attendre que des altérations, de la part des personnes qui ne prennent l’Ecriture que pour en divertir le monde, au lieu qu’elle n’est destinée, dit Saint Jérôme380, qu’à corriger nos mœurs. […] Comme elle enferme beaucoup de paille et d’ivraie, dit saint Augustin, elle se voit obligée de tolérer bien des choses, sans néanmoins faire ni approuver, ni dissimuler ce qu’elle trouve de contraire à la Foi ou aux bonnes mœurs Epist. 118. ad Joan. […] Boyer avait du génie, de l’inclination au travail, de bonnes mœurs, et qu’il portait l’habit Ecclésiastique : n’aurait-il pas dû choisir une autre route que le Théâtre, plus convenable à ses talents, à son honneur et à sa fortune ? 

326. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

Il s’agit maintenant, sur notre Théâtre Français particulièrement, d’exciter à la vertu, d’inspirer l’horreur du vice, & d’exposer les ridicules : ceux qui l’occupent, sont les organes des premiers génies, & des hommes les plus célèbres de la Nation ; Corneille, Racine, Molière, Renard, monsieur de Voltaire, &c. leur fonction exige pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de la sensibilité, de l’intelligence, de la connaissance des mœurs & des caractères, en un mot, un grand nombre de qualités, que la nature réunit si rarement, dans une même personne, qu’on compte plus de grands Auteurs que de grands Comédiens.

/ 505