Il y a longtemps que j’ai observé que nos anciennes pièces de théâtre qui ont le plus réussi il y a 80 ans mériteraient d’être perfectionnées quelque temps après la mort des Auteurs, du moins par rapport aux mœurs, d’un côté la langue change et de l’autre la raison croît et le goût se raffine ; il nous paraît aujourd’hui dans ces pièces des défauts, qui ne paraissaient point à nos pères, gens d’esprit, il y a cinquante ans : or ces pièces ainsi perfectionnées vaudraient ordinairement beaucoup mieux, soit pour le plaisir, soit pour l’utilité de l’auditeur, que les pièces nouvelles, c’est qu’il est bien plus facile au même Auteur de perfectionner un ouvrage qui a déjà plusieurs beautés et d’en faire un excellent que d’en faire un tout neuf qui soit exempt de défauts, et rempli de plus grandes beautés et en plus grand nombre que l’ancien qui était déjà fort bon. […] Il y a un autre grand obstacle à l’exécution de ce projet, c’est que l’Auteur qui serait capable de perfectionner une des plus belles pièces de Molière est capable d’en faire lui-même une nouvelle qui sera bonne, mais moins bonne que celle de Molière perfectionnée, et que pouvant se donner le titre d’inventeur il ne se contentera pas du titre de Perfectionneur, à moins que par une récompense honorable et utile telle que serait un prix proposé, il ne soit dédommagé par une pension du sacrifice qu’il fait au public, de donner son temps et son talent à perfectionner l’ouvrage d’autrui et à préférer ainsi l’utilité publique à sa réputation particulière. […] Cette pièce réformée porterait le nom du Réformateur jusqu’à ce qu’elle fût elle-même un jour réformée quelques années après sa mort ; il est aisé de voir que les ouvrages excellents ne périraient pas faute de quelques retranchements et de quelques additions nécessaires pour les rendre aussi beaux et plus utiles dans le siècle suivant qu’ils l’étaient dans le siècle précédant ; car il faut toujours faire en sorte que les spectacles se perfectionnent à mesure que la raison humaine se perfectionne, et la meilleure manière d’avancer beaucoup en peu de temps vers la perfection, c’est de se servir de ce qu’il y a de bon dans les ouvrages des morts, en diminuant ou corrigeant ce qu’il y a de défectueux, et en embellissant ce qu’il y a de beau. […] A l’égard du spectacle de l’Opéra, je crois qu’il n’est pas impossible d’en faire peu à peu quelque chose d’utile pour les mœurs ; j’avoue cependant que la chose me paraît très difficile en l’état de corruption et de mollesse où il est de mon temps ; mais après tout il ne faut à l’Académie des spectacles pour en venir à bout que deux moyens, le premier d’avoir un but certain où l’on vise, c’est de faire servir la musique et la poésie non à amollir les mœurs par la volupté, mais à les rendre vertueuses par l’amour de la gloire ; le second c’est de faire en sorte que ce perfectionnement soit presque insensible, car pour nous guérir de la mollesse, maladie enracinée depuis longtemps dans notre nation par une longue habitude, il faut pour ne nous pas révolter se servir d’une méthode qui procède par degrés presque insensibles, et je ne désespère pas que nos successeurs n’entendent chanter avec plus de plaisir les sentiments et les actions des grands hommes, que les maximes honteuses de la mollesse et les sentiments extravagants qu’inspire l’ivresse de l’amour.
Elle ne l’auroit pas été, je pense, en des temps postérieurs au régne de Louis XIV. […] En supposant que le Massacre de la Saint-Barthélemi soit le crime de la Nation ; les François de ce temps-là sont flétris, mais non ceux d’aujourd’hui, qui n’étoient pas nés encore. […] Croit-on que les Anglois fussent libres du temps de Shakespeare ? […] Je sais que depuis ce temps, & même depuis la révolution de 1688, on a tenté d’abolir, en Angleterre, la liberté dont jouissoit le Théâtre. […] Mais le temps de la justice vient tôt ou tard, & sur la question que j’ai traitée dans cet ouvrage, le temps de la justice n’est pas, je crois, fort éloigné.
Le Monde Chrétien avoit toujours été très-décidé sur le théâtre : on y alloit en foule dans tous les tems, comme on y va aujourd’hui, quoiqu’avec moins d’enthousiasme, mais on ne doutoit point que ce ne fut un péché. […] Etoit-ce à la Fontaine à prendre un air de piété & de modestie, dans les tems qu’il donnoit au public ses contes scandaleux, où les loix de la pudeur & de la Réligion sont également violées par une licence sacrilege que foulent aux pieds l’une & l’autre ? […] Enfin Mariamne, sa propre femme, la plus belle femme de son tems, qu’il aimoit éperdument. […] Il rebâtit magnifiquement le temple de Jérusalem ; mais en même tems il bâtit celui de Garisim à Samarie, pour entretenir le schisme. […] Hérode crut réparer sa faute par de nouveaux spectacles ; il en fit un autre peu de tems après.
11.) : Rien n’est plus prompt que les progrès de la licence ; les institutions les plus saintes dégénèrent en peu de temps en pratiques folles & nuisibles. […] C’étoit une célèbre danseuse & chanteuse de son temps, & par conséquent une femme sans mœurs. […] Il couroit le bal habillé en fille, La danse étoit la galanterie du temps. […] C’étoit la Sallé de son temps. […] Tout croît & s’embellit ; on a construit dans ces allées des pavillons, des arcs de triomphe ; on est dans ces salles à l’abri du mauvais temps.
Pendant le tems des représentations. C’est la borner à un tems bien court.
Du tems des Moliere, des Corneille, des Racine, le Théatre étoit rempli des meilleurs sujets. Aujourd’hui les Auteurs sont médiocres, je parle de ceux qui le sont en effet, & les plus supportables Acteurs égalent à peine les moindres du tems passé. […] Les Comédiens, dont le sort est fait au Théatre, regardent les nouveaux rôles comme une surcharge ; il faut les prier, les presser pour les leur faire accepter : quand on y est parvenu il faut prendre leur tems, & attendre qu’il leur plaise de jouer.
Aimable jeunesse, Profitez du tems, De vos jeunes ans, Donnez-vous à la tendresse, Ne perdez point ces précieux momens La beauté se passe, Le tems s’efface, L’âge de glace Vient à la place, Qui vous ôte le goût de ces doux passe-tems. […] Les obscénités que Moliere a supprimées, n’ont point reformé le Théâtre : l’expression ne change rien au fond des choses ; elle ajoute quelquefois certaines idées qui marquent la passion, c’est-à-dire, l’affection ou le mépris ; mais ces idées accessoires ne suivent pas constamment, elles varient selon le changement des tems & des usages.
Ses desordres furent pourtant en quelque chose ingenieux, & il fit venir & retirer les eaux par des Machines ingenieuses & considerables, & donner en mesme lieu & presque en mesme temps des combats de Mer & de Terre. […] Vne pluye extraordinaire estant survenuë, non seulement il ne voulut point permetre aux combatans de cesser & de differer pour un moment : mais il empescha mesme le Peuple de sortir, les forçant à demeurer exposez au temps, & se faisant un nouveau plaisir de l’incommodité des Spectateurs. Luy-mesme s’opiniastra à faire & à voir continuer les Ieux, de peur que son depart ou que son absence ne pretextast la retraite de la multitude, qui ne pouvoit plus souffrir l’injure du temps ny celle de l’Empereur.
Vous verrez dans les Théâtres des choses qui vous donneront de la douleur, et qui vous feront rougir; c'est le propre de la Tragédie d'exprimer en vers les crimes de l'antiquité: On y représente si naïvement les parricides et les incestes exécrables des siècles passés, qu'il semble aux spectateurs qu'ils voient encore commettre électivement ces actions criminelles, de peur que le temps n'efface la mémoire de ce qui s'est fait autrefois ; les hommes de quelque âge, et de quelque sexe qu'ils soient entendant réciter ce qui s'est déjà fait, apprennent que cela même se peut encore faire ; les péchés ne meurent point par la vieillesse du temps. […] En s'accoutumant à voir la représentation des crimes, il apprend à les commettre, ainsi l'on aime tellement tout ce qui est défendu, qu'on se remet devant les yeux, même ce que le temps avait couvert.
Les comédiens de tout temps furent assez souvent auteurs et acteurs à la fois. […] Les jésuites, de tout temps grands comédiens de religion et de vertu, furent également amateurs de comédie. […] C’est lui qui représenta Vespasien aux funérailles de cet empereur ; et, selon la coutume de ces temps-là, il en joua le personnage en imitant et en contrefaisant les paroles, les gestes, les mœurs et les inclinations de ce prince.
Si donnons en mandement au Prévôt de Paris, et à tous nos autres Justiciers et Officiers présents et à venir, ou à leurs Lieutenants, et à chacun d’eux, si comme à lui appartiendra, que lesdits Maîtres, Gouverneurs et Confrères, et à chacun d’eux fassent, souffrent et laissent jouir pleinement et paisiblement de notre présente grâce, congé, licence, don et octroi dessus dits, sans les molester, ne souffrir et empêcher, ores et pour le temps à venir ; et pour que ce soit chose ferme et stable à toujours, Nous avons fait mettre notre scel à ces Lettres ; sauf en autres choses notre droit et l’autrui en toutes. […] Denis, et y avaient fait bâtir une grande maison pour y recevoir les Pèlerins et les pauvres Voyageurs qui arrivaient trop tard pour entrer dans la Ville, dont les portes se fermaient en ce temps. […] Ce mélange de morale et de bouffonnerie déplut dans la suite aux gens sages ; la Religion ne put souffrir plus longtemps cette idée de dévotion, qu’une pieuse simplicité des temps plus éloignés avait attachée au théâtre, et encore moins cette profanation de nos principaux Mystères, qui en faisaient le plus souvent la matière.
Mon véritable sentiment serait donc que l’on imitât, en cela, les Anciens qui ont diversifié la Comédie, en l’accommodant au temps, aux mœurs et au goût des Spectateurs. […] Du temps de Ranuce Farnèse, Duc de Parmei, Prince d’un grand esprit, un vieux Seigneur de sa Cour s’était livré aveuglément à l’amour d’une femme, dont la réputation était équivoque. […] On prétend que Cratès de Thebes ne connaissait que trois remèdes pour guérir de la maladie d’amour ; la faim, le temps et la corde : l’Histoire du Vieillard de Parme nous apprend que la Comédie est un quatrième remède, non moins infaillible que les trois autres, mais qui mérite toute préférence, parce qu’il est bien plus aisé à prendre et qu’il produit son effet en divertissant le malade.
Valère de son côté peut s’excuser auprès d’Elise, en disant que son intention a été uniquement de gagner la bienveillance d’Harpagon, ce à quoi il est déjà presque parvenu, quoi qu’il ne soit que depuis deux jours auprès de lui, parce qu’il n’a perdu aucune occasion de flatter sa passion pour l’argent ; il peut ajouter que son dessein est de persuader à son père, avec le temps, de consentir à marier sa fille, chose à laquelle peut-être il ne penserait jamais pour s’épargner la dot qu’il faudrait lui donner en la mariant : qu’en attendant il aurait le temps d’avoir des nouvelles de ses parents, comme on lui en faisait espérer, et qu’en cas qu’il parvint à les trouver, il se flattait que le goût qu’Harpagon aurait pris pour lui le déterminerait aisément en sa faveur par préférence à ses Rivaux ; d’autant plus qu’il croirait être en droit de lui moins donner qu’à tout autre. […] Outre ces deux endroits il y a nombre d’autres expressions dans le cours de la Pièce qui sont choquantes, et qu’on n’oserait pas écrire de notre temps, même sur notre Théâtre tel qu’il est.
On choisissoit le tems de la nuit qui augmentoit la terreur. […] Des pareils spectacles sur les vastes théâtres de la Grece firent la réputation & la moitié du mérite d’Eschile : On y voyoit selon la mithologie du tems, des furies, armées de fouets & de torches, poursuivant, fouettant, brulant les criminels. […] Il est tems que le théâtre national jouisse des mêmes avantages ; il est tems que les manes de Corneille, Racine, Moliere, viennent (de l’autre monde) le contempler & vous dire : Voilà le temple où nous aimons d’être honorés. Il est tems de faire cesser ces reproches trop fondés des autres Nations jalouses de la gloire de la nôtre, &c. […] Garrik est venu à Paris, & y a vu certains usages qu’il a voulu introduire en Angleterre, entr’autres on n’est point reçu à la comédie de Paris, en quelque tems de la réprésentation que l’on vienne, qu’on ne paye à la porte la même somme.
La perte du tems. […] La perte du tems. […] De cette perte du tems, de cette paresse crapuleuse, naissent en foule tous ces désordres qui sont frémit, & que la rigueur des Loix ne peut arrêter. […] Debout, dit l’Avarice, il est tems de marcher : Hé ! […] Ainsi parle le célebre Morus ; mais il s’en faut bien que les choses fussent portées, de son tems, au point de corruption où elles sont parvenues de nos jours.
C’est à l’histoire, généreux Héros, que vous et nous tout ensemble devons mille millions de grâces, lui présentant les plus zélés de nos vœux, pour nous conserver ce que la longueur du temps pouvait ensevelir dans un injuste oubli. Et ce qui semble prodigieux, les antiquités se consomment par la suite des ans, agitées par le jouet de fortune, ébranlées par les hasards, et tenues par la négligence : la seule mémoire de vos actions, célébrée par tant de bouches, honorée par tant de plumes, et conservée par le soin de l’histoire, qui remplit un monde du bruit de vos conquêtes, a pour conservateur le temps, qui dissipe toutes choses.
Parce qu’il est défendu à un Religieux de quitter son habit, même pour un peu de temps. 3°. Parce qu’on ne peut emprunter des habits de théâtre, sans que bien des gens le sachent, et en soient scandalisés. * Ajoutez que pour apprendre une Pièce, pour s’exercer à bien faire son rôle, etc. il faut bien du temps, dont on peut assurément faire un meilleur usage.
Cette approbation générale, qu’il est sûr de recevoir en tout tems, dénote assez son mérite. […] Apprenons par cœur ces paroles de Tacite ; elles nous prouvent que nous avons raison de ne point rougir de notre amour pour les Ariettes Italiennes, & elles doivent faire taire en même tems ceux qui oseraient nous blamer : « Ce qui nous sert maintenant d’éxemple, a été autrefois sans éxemple, & ce que nous fesons sans éxemple, en pourra servir un jour. » Mais ai-je besoin d’encourager mon siècle à persister dans ses fantaisies ? […] Archelaus, fameux Comédien du tems de Lysimachus, Roi de Macédoine, représenta devant eux l’Andromède d’Euripide, avec tant de force & de pathétique, qu’ils furent atteints d’une frénésie qui leur fesait courir les rues en récitant les Vers de cette Pièce. […] Plutarque a dit que les plus belles choses ont leur tems & leur saison. […] Il n’avait garde de se montrer dans un tems où le vrai Beau seul avait des admirateurs.
Violento qui entend cette musique, s’élance, cherche le téméraire donneur d’aubades ; pendant ce tems-là, Inès, déguisée en homme, sort de la maison. […] Il est tems de parler des spectateurs. […] Cela étoit vrai autrefois, dans un temps, qu’il faut regretter, où ces spectacles n’étoient qu’absurdes. […] Les bêtises de Brioché étoient préférables à vos passe temps honteux. […] De la perte du tems s’ensuit nécessairement la négligence des devoirs ; les affaires du déhors et celles du dedans souffrent de ces fréquentes absences.
Les Directeurs de l’Opéra & les Comédiens François, fâchés de perdre cette semaine, se sont avisés de solliciter à la Cour la même faveur ; mais le Roi, loin de répondre favorablement à leur requête, vient de donner une nouvelle preuve de son zèle pour la Religion, & sur-tout dans ce saint temps, en interdisant, même aux Comédiens Italiens, toute représentation pendant ladite semaine. […] Les Règlemens defendent les spectacles à certains jours de l’année, de même que dans les temps d’une affliction ou calamité publique. […] Il n’a pas prétendu sans doute prouver dans une Réponse brusquée en dix-sept jours, qu’un Comédien est un homme digne de toute l’estime du Public ; un homme qui en seroit persuadé, y mettroit plus de temps & plus de raison. […] « Le temps où nos bons aïeux, comme dit l’Abbé des Fontaines, pleuroient à nos vieilles comédies, étoit déja passé ».
Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude. […] , célèbres en son temps, qu'ils parlaient, non pas en ouvrant la bouche ; mais d'un geste éloquent, des genoux, de la jambe, d'un signe de tête, et en se roulant. […] Ils y faisaient aussi paraître les hommes monstrueux de corps, et dont le seul aspect était capable de faire rire, avec ces Innocents ou Idiots, qui servaient assez souvent de jouet et d'entretien familier aux grands Seigneurs de ce temps-là, comme nous en voyons encore en celui-ci. […] Quoi qu'il en soit, ce nom qui dans l'intelligence véritable de sa propre signification ne convenait qu'à ceux qui s'occupaient aux Jeux Scéniques, passa depuis à tous les autres qui représentaient quelque chose sur la Scène, et qui dans la suite des temps furent mêlées à la célébration de cette Fête, pour la rendre plus pompeuse ou plus agréable.
Alors nous n’aurons que faire de porter envie aux Anciens : sans un amour trop grand pour l’Antiquité, ou un trop grand dégoût pour notre siècle, on ne fera point des Tragédies de Sophocle et d’Euripide, les modèles des Pièces de notre temps. […] Que si l’on conservait en ce temps-là les vrais sentiments de l’humanité, il fallait murmurer contre la cruauté des Dieux en impie ; et si l’on voulait être dévot envers les Dieux, il fallait être cruel et barbare envers les hommes : il fallait faire, comme Agamemnon, la dernière violence à la nature et à son amour : « Tantum Religio potuit suadere malorum. » dit Lucrèce sur ce sacrifice barbarej. […] Quelque temps après, il donna une Tragédie en prose, intitulée Zenobie, qui ne réussit point. […] [NDM] : C’est ce qu’on a vu dans le XVe et le XVIe siècles, où les Histoires de l’Ancien et du Nouveau Testament étaient représentées, ou pour parler le langage de ce temps-là, étaient jouées par personnages, sur des Théâtres publics.
Poëmes dramatiques de notre temps aussi dangereux que le furent ceux du temps de Varron, 499. […] Ressemblance de la mauvaise éducation de notre temps à celle du temps d’Horace, 498. […] Idée des farces de son temps, b, 87 Paterculus. […] Distinction entre les différens Comédiens de son temps, a, 167. […] Nos jeux de Théatre inférieurs à ceux des beaux temps d’Athenes, a, 168.
On ne connoissoit pas le théatre du temps de Jacob. […] Le commerce des Juifs du temps de Salomon ne dura qu’un siecle : il suffit pour changer tout dans l’état. […] Brillantes époques, temps de bonheur & de prospérité, sans doute à vos yeux ? […] Ils emploient mieux leur temps qu’ils ne l’auroient fait sans cela. […] L’érudition de Lafontaine est fort mince : il étoit instruit comme les poëtes de son temps, où l’on se piquoit de savoir quelque chose.
Il termina les derniers temps de sa carriere littéraire par la traduction en vers des Pseaumes de la pénitence qui expriment les sentimens de son cœur, Il eut des ennemis ; il essuya bien des contradictions & des critiques. […] Voici une Anecdote de Moliere que l’on a oubliée : car il ne faut pas s’imaginer que cet homme aujourd’hui si vanté fit beaucoup de sensation dans son temps ; le Théatre alors méprisé étoit bien éloigné de l’éclat où il est parvenu. […] On disoit d’elle dans le temps, les Médecins ont voulu faire un ouvrage méchant, & ils n’ont fait qu’un méchant ouvrage . […] Le Peuple fut long temps par vous-même abusé ; Il s’est lassé du sceptre, & le sceptre est brisé. […] Il accuse la France d’ingratitude, tant en effet de son temps Moliere étoit généralement méprisé.
Le Procureur, attaqué d’une maladie mortelle, se fit porter à la représentation (c’étoit bien le temps d’aller à la comédie). […] On a vu dans tous les temps ce contraste : les théatres de Paris, de Lyon, de Bordeaux, sont plus magnifiques que la plupart des Eglises. […] Fagan trouve une contradiction insoutenable que la comédie & les Comédiens soient à même temps proscrits & tolérés. […] Ce n’étoit pas le moment de se flatter qu’il se prêteroit à examiner la nature des spectacles pour une troupe d’Acteurs imbécilles qui paroissoient alors depuis quelque temps. […] Le temps vole, la nuit s’avance, le rêve va finir.
Rolin, ancien Recteur, et toute sa vie Professeur de l’Université, après avoir détaillé les embarras des Régents, la difficulté de composer des pièces, de trouver des écoliers propres, et de les contenir quand ils se croient nécessaires, la dépense du spectacle, le peu de succès, le risque pour la santé, la perte du temps deux ou trois mois à l’avance, l’inutilité de tant de peines, les écoliers oubliant le lendemain ce qu’ils ont appris, le soin de corriger les pièces, de les mutiler, en retranchant les rôles des femmes, ajoute fort sensément : « Il peut y avoir dans cet usage un défaut commun aux bonnes et aux mauvaises tragédies. […] « Coutume abominable, dit-il, défendue par la loi de Dieu, que l’Université avait quelque temps souffert, je ne sais pourquoi, et qu’on a sagement interdite. » Sur quoi il cite un fort habile et pieux Professeur, qui témoigna en mourant un regret extrême d’avoir suivi cette coutume, qu’il savait avoir été pour plusieurs écoliers une occasion dé dérangement. « C’est le temps, ajoute cet Auteur, véritablement homme de bien, et la situation où il faut se placer pour juger saintement de ce qu’on doit ou suivre ou éviter. » Si nous consultons les Protestants, la question sera bientôt décidée, car leur discipline s’explique ainsi : « Ne sera loisible aux Fidèles d’assister aux comédies, tragédies, farces, moralités, jouées en public ou en particulier, vu que de tout temps cela a été défendu aux Chrétiens, comme apportant corruption des bonnes mœurs, mais surtout quand l’Ecriture sainte y est profanée. […] D’abord c’est une défense générale à tous les Fidèles d’assister à aucune espèce de comédie ; ce qui leur a été défendu de tout temps comme contraire aux bonnes mœurs. […] La malignité ajoute que les écoliers les mieux faits y sont habillés en femmes, avec du rouge, des mouches ; qu’à l’occasion de ces représentations les femmes entrent, se répandent dans les pensionnats et les collèges, se placent à une fenêtre pour voir la pièce, qu’elles vont dans les chambres des écoliers, des Religieux, y sont accueillies et régalées ; que tout cela est précédé, accompagné, suivi d’un nombre infini de visites, de conversations, de repas, de lectures, qui ne sont rien moins que des leçons de spiritualité, et qui font perdre un temps infini aux Régents, aux acteurs, à toute la classe ; qu’on y appelle des acteurs, des danseurs, des violons de l’opéra, qui se mêlent avec les écoliers, et ne les conduisent point à la plus haute sainteté.
Il a fréquenté les spectacles dans un temps où l’idolâtrie détruite par Constantin et ses enfants, ne régnait plus sur le théâtre, et où leurs lois chrétiennes en avait réformé les abus et les scandales ; dans ces temps, où les Magistrats Chrétiens qui donnaient ces jeux ou y présidaient, et par vertu, et par intérêt, pour ne pas déplaire à leur Prince, n’auraient pas souffert ces indécences prétendues, dont on veut se faire une excuse pour sauver nos comédies, et que même les Païens n’y souffraient guère ; dans ces temps en un mot, où le spectacle était tel qu’il est parmi nous. […] Vous avez commencé de sentir la vérité lorsque dans le temps que vous vouliez les honorer par les jeux du théâtre, vous avez déclaré infâmes les Acteurs qui les représentaient. […] ), ouvrage utile, bien écrit, mis au nombre des livres Ecclésiastiques par le Pape Gélase, traite contre les Idolâtres le même sujet que ce Père dans la Cité de Dieu, et fait voir que les malheurs des temps viennent de la corruption du théâtre : « Theatra incusanda, non tempora. » Par une profonde méchanceté le démon a demandé des sacrifices, où il se nourrit moins de la chair des animaux que de la perte des vertus : « Profundo malignitatis argumento sacrificia flagitans, quibus non tam cruore pecorum, quom profligata virtute pascerentur. » Les vertus sont les victimes qu’on immole à l’autel de l’impudicité : « Ad aram luxuria virtutum victimas trucidantes. » Vous qui ne goûtez que la volupté, osez blasphémer le Dieu qui la défend, et vous vous réjouissez de la perte de vos âmes. […] Vous vous plaignez que les temps sont mauvais, parce que les théâtres tombent, ces honteux abîmes, cette profession publique du vice, ces séjours des démons ; mais c’est par la disette occasionnée par le mauvais et sacrilège usage qu’on avait fait de ses biens, en les construisant.
Celui-ci, dont la fortune était alors fort délabrée, ayant appris peu de temps après ce mot flatteur, courut aussitôt à l’appartement du Cardinal, qu’il trouva couché. […] dans le même temps un homme d’un caractère bien différent (S. […] Il en donna de magnifiques pour le temps ; les Poètes l’appelaient esprit divin, géomètre inventif, unique en sa science. […] Ronsard et Baïf, les Quinault de leur temps, qui avaient fourni les vers à Beaujoyeux, eurent chacun deux mille écus (trente mille livres) en récompense. […] Pour M. de Noailles, successeur de celui-ci, la régularité de ses mœurs, la sévérité de sa morale, ne l’ont jamais laissé soupçonner, même de tolérance ; et dans le même temps M.
L’accueil qu’elle reçut du Public, donna lieu à une seconde Edition qui parut en 1758, & qui fut épuisée en peu de temps. […] Du temps de S. […] C’est un abus que ce corps respectable des Ministres sacrés a condamné dans tous les temps. […] Enfin, tandis que vous étiez là, le temps s’est écoulé, la mort s’est approchée. […] Tels sont ces beaux esprits du temps : ils se piquent de raisonner en Philosophes, & vivent en insensés.
C’est-à-dire, voir dans le même tems, qu’on meurt, & qu’on vivra toujours. […] Ce n’est que depuis peu de tems que le théatre se donne un air d’importance, & que ses antousiastes divinisent tout ce qui y joue un grand rôle, c’est surtout à l’Académie Françoise que Moliere est redevable de sa tardive fortune, après un siécle de mépris & d’oubli. […] Les deux Roses dont il a été souvent fait mention dans la tragédie, firent naître à l’auteur l’idée de la petite farce des trois Roses, qu’il fit jouer peu de tems après. […] L’auteur dont l’intention est bonne, n’a pas pensé qu’au tems des croisades, où il place cette aventure, il n’y avoit point de spectacle réglé où l’on pût ordonner des piéces à son gré ; que la Hongrie, dont le Roi allant à la Terre-Sainte, laissa régner le mari de cette femme ; que la Moravie, dont le Souverain fut le séducteur artificieux, étoient des pays barbares, où le théatre étoit inconnu, où il n’est guere connu encore ; ainsi le représente l’auteur de l’histoire de Jeanne de Naples, qui avoit épousé dans ce même tems, le frere du Roi d’Hongrie. […] C’est en effet le moyen de l’autoriser dans tout le Royaume, & en même tems le moyen de répandre l’impiété à la Cour.
Je la crois de quelque tems plus ancienne que l’autre. […] Voilà la musique répandue chez les Gaulois dans un tems où ils ignoraient tous les Arts, & lorsqu’ils étaient plongés dans la plus grande barbarie. […] La punition la plus ordinaire à laquelle on condamnait les sots Auteurs de ce tems-là, était de les contraindre d’éffacer avec la langue leurs mauvais Ouvrages. […] Et quand les Scytes n’auraient été que fiers & courageux, en demandait-on davantage des Peuples de ce tems-là ? […] Je saisis cette occasion pour me plaindre publiquement d’un Vol Littéraire qu’on m’a fait il y a quelque tems.
Les témoins de l’Action en attendent la fin au même endroit où elle a commencé : ils ne s’en vont point, pour revenir, puisqu’ils en perdroient la suite : ainsi une Action ne doit durer qu’autant de tems qu’on y peut prêter attention, & j’ai remarqué dans les Tragédies que j’ai examinées, que ce tems est presque toujours le même que celui de la Représentation : c’est par condescendance qu’Aristote l’a étendu jusqu’à celui d’un tour de Soleil, c’est-à-dire environ douze heures. […] Elle ne demande pas plus de tems que la durée de la Représentation, & elle se passe dans le même lieu, puisque le Chœur qui remplit les quatre intervalles, ne laisse jamais de vuide. […] Il y en a beaucoup parmi nous, & il y en eut parmi les Grecs après le tems de leurs grands Poëtes, puisqu’Aristote se plaint de ce que la plûpart des Tragédies de son tems étoient sans Mœurs. […] Il compare ces Poëtes de son tems, qui faisoient des Tragédies sans Mœurs, à Zeuxis dont les Ouvrages ne portoient aucune idée des Mœurs, au lieu que tous les tableaux de Polignote faisoient connoître les Mœurs des personnes qu’ils représentoient. […] J’avoue que le Poëme Dramatique est fait pour être représenté, & je soutiens en même tems qu’il n’est jamais bon, quand il ne se fait pas lire.
On donna dans le même temps la comédie de Scaramouche Ermite, qui jouait ouvertement la religion : elle n’a pas été imprimée, sa platitude la fit tomber. […] Mais dans le temps de ce concile, les Empereurs chrétiens, qui avaient purgé le théâtre, ne l’auraient pas souffert, les Comédiens ne l’auraient pas osé. […] L’Eglise a dans tous les temps employé toute son autorité pour éloigner des fidèles ce subtil poison, jusqu’à défendre, d’après l’Apôtre, toute communication avec les hérétiques : Hæreticum hominem devita. […] De tout temps elle a été défendue aux Chrétiens, comme apportant corruption de foi et de bonnes mœurs, surtout quand l’Ecriture sainte y est profanée. […] « Du temps de Charles I. dans les guerres civiles commencées par des rigoristes fanatiques, on écrivait beaucoup contre les spectacles, d’autant plus que Charles et la Reine sa femme, fille de Henri IV, les aimaient extrêmement.
6. qu’un Magistrat devenu l’esclave de l’amour du spectacle, donne plus de temps et de soin à ces puérilités qu’aux affaires sérieuses dont il est chargé : « Absit ut Judex editionibus spectaculorum mancipatus plus ludicris curæ tribuat, quam seriis actibus. » La loi 2. […] Malgré cette multitude de défenses, les devoirs et les bienséances de l’état, il s’est trouvé dans tous les temps des Magistrats qui en oublient la dignité. […] Ces vicissitudes de faveur et de discrédit firent voir, selon les circonstances des temps, le vrai génie du théâtre. […] mai 1761.), et dans les Journaux du temps. […] On annonce que l’ouvrage est fait pour tous les citoyens qui en ont besoin si souvent, « ’surtout dans les temps de nuage et d’obscurité, que les contestations du Clergé élèvent fréquemment contre la liberté des citoyens fidèles, en les rendant esclaves d’une domination arbitraire ».
C’est ce qui dans tous les temps a été si unanimement reconnu, que les Comédiens eux-mêmes se sont rendu justice, qu’à deux ou trois Ecrivains près, qui ont fait semblant de s’en défendre, ils n’ont pas réclamé contre la juste sévérité de l’Eglise, sur laquelle il n’y eut jamais ni obscurité ni incertitude. […] Les Docteurs du temps, comme Albert le grand, Alexandre de Hales, S. […] Des personnes dévotes, dans le goût du temps, tournèrent ces amusements du côté de la piété, et représentèrent les mystères de la religion, les actions des Saints, des moralités. […] « Ne sera libre aux fidèles d’assister aux comédies, tragédies, farces, moralités, vu que de tout temps cela a été défendu aux Chrétiens, comme apportant corruption des bonnes mœurs, et les Magistrats Chrétiens sont exhortés de ne pas le souffrir. » (Discipl. des Protest. […] Celles-ci, qui sont aujourd’hui presque partout abolies, se payaient du temps de S.
Qui ne sait pas que de tout temps l’ambition a changé la face des Etats ; que l’amour de l’or à éteint celui de la vertu ; que par-tout où il y a eu des hommes, on a vu régner tour-à-tour le mensonge, la calomnie, la trahison, le luxe, le libertinage, la perfidie, la mauvaise foi, & généralement tous les vices dont le cœur de l’homme est malheureusement la victime ? […] Qu’on ne dise pas que les hommes ayant toujours été les mêmes dans tous les temps, il est inutile de leur donner des leçons dont il est certain qu’ils ne profiteront pas ; car malgré la corruption générale, il est toujours des ames disposées à goûter les maximes de la sagesse ; & quand la Comédie ne corrigeroit les mœurs que de quelques particuliers, elle n’auroit pas perdu son temps.
Ce Poëte loue la frugalité, la chasteté, la modestie du Peuple Romain dans les premiers temps, & le petit nombre qui fréquentoit le spectacle. […] Horace veut que, pour se former, un poëte dramatique lise des bons livres : il ne pouvoit en choisir de meilleurs que les livres de Socrate, c’étoit les livres de dévotion du temps. […] Ce philosophe du temps est aujourd’hui tombé dans l’enfance : il y a longtemps qu’il y devroit être.
Ils m’aprendroient que d’abandonner ces Spectacles & ces Assemblées dans les premiers siécles de l’Eglise, c’estoit une marque de religion, mais une marque authentique ; & qu’en particulier ils ne blamoient pas seulement le Theatre parce que de leur temps il servoit à l’idolatrie & à la superstition, mais parce que c’estoit une école d’impureté. […] Je ne dit pas que ç’a été leur Morale dans un tems, & qu’elle a changé dans un autre : de siécle en siécle, ils se sont succédez ; & dans tous les siécles, ils ont renouvellé les mêmes defenses, debité les mêmes maximes, prononcé les mêmes arrêts. […] je l’ai dit : quelques mondains, c’est-a-dire, un certain nombre des gens libertins, amateurs d’eux-mêmes ; & idolátres de leurs plaisirs ; de gens sans étude, sans connoissance, sans attention à leur Salut, de femmes vaines, dont toute la science se reduit à une parure, dont tout le desir est de paroître, & de se faire remarquer, dont tout le soin est de charmer le tems, & de se tenir en garde contre l’ennemi qui les surprend, dès que l’amusement leur manque, & qu’elles sont hors de la bagatelle ; mais ce qu’il y a souvent de plus déplorable, dont la passion cherche a se nourir & a s’allumer, lorsqu’il faudroit tout mettre en œuvre pour l’amortir & pour l’éteindre.
Il n’est donc pas étonnant que les Chrétiens eux-mêmes, en purifiant par une intention droite une institution aussi ancienne, l’eussent adoptée, dans les premiers temps de l’établissement de la Foi. […] Mais la Danse de l’Eglise, susceptible, comme les meilleures institutions, des abus qui naissent toujours de la faiblesse & de la bizarrerie des hommes, dégénéra, après les premiers temps de zèle, en des pratiques dangereuses : delà les Constitutions & les Decrets qui ont frappé d’anathème les Danses Baladoires*, celles des Brandons, &c. ces censures in globo, & trop générales de plaisirs innocens, sont toujours injustes, & ne peuvent devenir légitimes de la part d’aucune Puissance, les droits qu’y a l’humanité sont imprescriptibles. […] Les Danses sacrées, donnèrent dans la suite, l’idée de celles que l’allégresse publique, les Fêtes des particuliers, les Mariages des Rois, les Victoires, &c. firent inventer en différens temps ; & lorsque le génie, en s’échauffant par degrés, parvint enfin jusqu’à la combinaison des Spectacles réguliers, la Danse fit une des parties principales qui entrèrent dans cette grande composition.
De tout temps des enfants de famille et des Gentilshommes même, se sont faits Comédiens, à la faveur des Arrêts du Parlement qui ont décidé que la Profession de Comédien ne déroge point. […] Il sera défendu d’ouvrir le Théâtre, ni de donner aucun Spectacle, de quelque genre que ce puisse être, les jours de Fêtes et de Dimanche, et tout le temps de Carême. […] Ces jeunes gens trouveraient le Théâtre réformé, et s’en accommoderaient sans peine ; les principes d’honneur et de vertu, dans lesquels ils sont élevés, ne leur permettraient pas de souhaiter des Spectacles d’une autre espèce ; et quand, dans un âge plus avancé, ils liraient les Pièces de l’ancien Théâtre, loin de se plaindre de ce qu’on ne les jouerait plus, ils auraient plutôt peine à comprendre que leurs pères eussent pû goûter la licence de leur temps.
Enfin le caractère de Chrisale d’un bout à l’autre, peut servir d’école à tous les Auteurs de Comédie de Caractère ; cet homme ne se dément jamais, et dans le cours de la Pièce toutes les fois qu’on l’excite à parler avec vigueur, et qu’on parvient à l’échauffer contre sa femme, dans le temps même qu’il prend son parti et qu’il est dans la plus grande colère, on voit toujours ce qui en arrivera lorsque sa femme paraîtra devant lui. […] Je citerai pour unique exemple les Précieuses ridicules de Molière qui a su si bien manier son sujet, que de son temps même, les Précieuses étaient devenues bien rares. […] Il n’a donc pas même le temps d’exprimer sa passion, ni Orphise de lui faire connaître si elle y est sensible.
» Tertullien fait apparemment allusion au triste état où se trouvaient les chrétiens dans le temps des persécutions : on les regardait comme des victimes dévouées à la mort. […] On voit par ce reproche de Tertullien, que c’était une chose ridicule de son temps, que de se faire faire la barbe ; ce qui n’appartenait qu’à des comédiens, ou à des efféminés. […] » Je doute pourtant que les prêtres de ce temps-là fussent assez effrontés pour causer un si énorme scandale.
On le serait donc à proscrire l’Evangile, parce que depuis le temps qu’on le prêche aux hommes on ne les a pas encore rendus tous sages, vertueux et bons Chrétiens. […] Quant au goût que vous supposez diminué pour les pièces de Molière, c’est précisément par la raison que vous imaginez plus capable de les rendre meilleures, c’est-à-dire par une critique peu ménagée des mœurs du temps, qu’elle cause, s’il est vrai, moins de plaisir aujourd’hui qu’elle n’en faisait de son temps. […] L’art de l’Auteur fut d’imaginer des situations, de les coudre si artistement, que si elles arrivaient en effet dans l’espace de temps que dure la pièce, un avare quel qu’il fut, ferait infailliblement les mêmes choses que fait Harpagon. […] A-t-il attendu que les extravagances des Marquis de son temps ne fussent plus à la mode pour les tourner en ridicule ? […] On dit que jamais une bonne Pièce ne tombe ; vraiment je le crois bien, c’est que jamais une bonne Pièce ne choque les mœurs de son temps. » Ibid., p. 20.
Mais croyez-moi, ceux qui ont assez peu de conduite pour venir perdre au spectacle le temps qu’ils devraient donner à leurs affaires seraient gens à le perdre partout ailleurs d’une façon plus criminelle, si le spectacle leur était interdit. Il est donc à propos que cette espèce de gens perdent plutôt son temps au spectacle que dans les Cabarets, les assemblées de jeu, et dans les réduits impudiques où leur paresse les conduirait infailliblement, ne sachant où porter ailleurs leur oisiveté. […] L’étude fatigue l’esprit, mais en si peu de temps que des vingt-quatre heures du jour, n’en ayant pu donner que six ou huit au travail, il en reste toujours seize ou dix-huit à employer ; les emploiera-t-on à dormir ? […] Si, avant que de parler d’eux, je voulais réfuter toutes les absurdités que vous entassez dans cinq ou six pages que j’ai maintenant sous les yeux, il faudrait que je fisse un in-Folio, et je n’en ai ni le temps, ni la patience, ni la volonté. […] Je fixe, par mon projet, le temps qu’un Comédien doit donner à chaque rôle pour le bien savoir, sous peine d’amende considérable.
Il paraît qu’on fut de tout tems persuadé d’une telle vérité. […] Il n’appartient ni à mon âge ni à mes talens de composer en entier cet ouvrage important, tel que je le conçois, qui manque à notre Littérature, & qu’on lui souhaite depuis long tems.
L'Auteur s’est contenté la plupart du temps de rapporter à peu près les mêmes mots, et ne se hasarde guère à mettre des vers: il lui était bien aisé, s’il eût voulu, de faire autrement, et de mettre tout en vers ce qu’il rapporte, de quoi quelques gens se seraient peut-être mieux accommodés; mais il a cru devoir ce respect au Poète dont il raconte l’ouvrage, quoiqu’il ne l’ait jamais vu que sur le théâtre, de ne point travailler sur sa matière, et de ne se hasarder pas à défigurer ses pensées, en leur donnant peut-être un tour autre que le sien. […] Ce n’est pas qu’il n’ait fait tout ce que la brièveté du temps et ses occupations de devoir lui ont permis, pour donner à son discours l’air le moins contraint, le plus libre et le plus dégagé qu’il a pu; mais, comme il n’est point de genre d’écrire plus difficile que celui-là, il avoue e bonne foi qu’il aurait encore besoin de cinq ou six mois pour mettre ce seul discours du Ridicule non pas dans l’état de perfection dont la matière est capable, mais seulement dans celui qu’il est capable de lui donner.
On lit la même chose dans la cinquième Loi du Code Théodosien : « Si quelques Chrétiens, dit cette Loi, veulent imiter la folie et l’impiété des Juifs, et suivre l'étourdissement ou l’aveuglement des Infidèles et des Païens, en profanant comme ces peuples charnels les jours destinés au culte de Dieu, par des recréations mondaines ; qu’ils apprennent que le temps qui est consacré aux prières, et à l’oraison, n’est pas un temps de plaisir et de volupté. » « Si qui etiam nunc vel Judæorum impietatis amentia, vel stolidæ Paganitatis errore atque in sania detinentur, aliud esse supplicationum tempus noverint, aliud voluptatum »l. 5.
Donc ce saint évêque, père de l’église, l’un des plus savants docteurs de son temps, allait à la comédie : mais Nicole disait aussi que le danger de la comédie, est qu’on y fait paraître bien souvent le vice aussi aimable que la vertu. […] Les célèbres acteurs et actrices qui l’ont honoré dans tous les temps, en font l’éloge.
Les temps ont bien changé, la scene a si bien gagné de proche en proche, que la jeunesse déserte l’école & y court en foule. […] A t-elle le temps de se livrer à une folle joie ? […] La jeunesse est le temps où le danger est le plus grand, & influe le plus sur tous les vices. […] Elles n’aboutissent qu’à dissiper les jeunes-gens, leur faire perdre leur temps & le goût de l’étude, & leur inspirer le goût & la curiosité du théatre. […] Dans les états les plus saints, il y en a toujours qui se dérangent, & c’est ce temps de ce dérangement qui est chez eux celui du théatre ; & ce ne sont ni ces personnes, ni du moins ces temps qu’il faut prendre pour modele, les plus grands hommes sont alors de mauvais guides.
Dans les mauvais temps, les chemins ne sont pas praticables ; et comme il faudra toujours, dans ces temps-là, que la troupe vive, elle n’interrompra pas ses représentations. On ne pourra donc éviter de rendre le Spectacle abordable en tout temps. […] C’est ce qu’il est temps d’examiner. […] L’excès du vin dégrade l’homme, aliène au moins sa raison pour un temps et l’abrutit à la longue. […] On était plus grossier de mon temps.
L’une lit, pour consumer un tems qui lui est à charge. […] Il y a quinze ans qu’il l’a connoissoit plus mal encore ; cependant, dès ce tems là, il remarqua & reprit des fautes de langage, qui ne sembloient pas permises à des gens qui faisoient profession publique de la parole. […] Dans un pareil esprit, les idées coulent rapidement, & ne lui laissent pas le tems de s’occuper du style qui suit naturellement l’impulsion du génie. […] Quoique ces opérations se fassent en même tems, elles sont très-distinctes.
Les Auteurs & les Acteurs, ont à subir les Arrêts d’un Tribunal commun : celui des spectateurs, qui jugent à même tems de la composition de la piéce & du jeu des Comédiens. […] Que de tems il faut attendre ? […] On y entre par un large vestibule, sous une espece de porche, en colonne, où sont des boutiques de marchands ; on passe de-là dans un salon circulaire, d’une étendue & d’une élévation surprenante ; au tour de l’entablement de la coupole regnent trois galeries, l’une au-dessous de l’autre, le tour & les entrecolonnemens du salon sont remplis de gradins, le tout est magnifiquement décoré, chaque galerie a de tous côtés des dégagemens commodes, d’où on se répand dans les salles, sur des terrasses, dans des cours, dans un enclos planté d’arbres, & dans une espece de cirque découvert ; c’est dans ce cirque que l’on tire des feux d’artifice, & qu’il se fait des joutes sur l’eau, au moyen d’un bassin d’aréne ramassé, qu’on renouvelle de tems en tems.
La vérité seule peut faire penser unanimement tant de Ministres dans des siecles & des temps si différens. […] Ce n’est pas un des Pères, mais tous d’un consentement unanime ; ce n’est pas pour un temps, mais de siecle en siecle ; ce ne sont pas des gens foibles, mal instruits, peu éclairés, mais les plus grands hommes ; ce n’est pas par voie de conseil & de perfection, mais comme un précepte rigoureux ; ce n’est pas pour certains états, mais pour tout le monde, non par des raisons particulieres, mais par les mêmes raisons que nous employons. […] Oui, il y a péché de vous exposer sans nécessité au danger de perdre la grace ; péché d’autoriser par votre présence des assemblées où toute la morale de l’Evangile est renversée ; péché dans la complaisance que vous y prenez, quand vous seriez exempt de passion ; péché dans les suites inévitables, pensées criminelles, désirs honteux, rendez-vous infames, mysteres d’iniquité ; péché dans la perte du temps, on n’en trouve point pour des exercices de piété, & on passe les heures entieres à des amusemens frivoles ; péché dans le mauvais usage de l’argent qu’on y dépense ; péché dans l’état où ils mettent notre ame, dissipation d’esprit, éloignement des choses de Dieu, froideur pour la priere, amour du monde, &c. […] La mortification, la simplicité, la pauvreté, y sont des ridicules ; le goût des choses saintes, le recueillement, la présence de Dieu, le soin des petites choses, la vigilance sur soi-même, l’emploi du temps, l’exactitude à ses devoirs, le rapport de toutes les œuvres à Dieu, en un mot, le corps entier de la piété chrétienne, quelle chimère !
Il est encore certain que la scène était alors très épurée : les Empereurs Chrétiens en avaient banni l’idolâtrie et la licence, le Gouverneur de Milan (la Ligurie) ni son père ne l’auraient pas souffert dans leur gouvernement, et le crédit que ce Saint eut sur l’esprit de cinq Empereurs, dont trois l’appelaient leur père et ne se conduisaient que par ses avis, ne permet pas de douter que le théâtre de son temps ne pût aussi bien que le nôtre, se servir, pour l’autoriser, du spécieux prétexte de la prétendue réforme. […] 1.° Il fut fait, de son temps, sur les spectacles un grand nombre de lois, que nous avons rapportées, par les cinq Empereurs sous lesquels il a vécu dans la plus haute faveur, les deux Valentiniens, Gratien, Théodose et Honorius. […] On l’accusait d’avoir du goût pour les combats et la chasse des bêtes féroces, et il les fit tuer toutes à même temps : « Omnes feras uno momento jussit interfici. » On disait qu’il aimait les jeux du cirque et du théâtre, il n’y parut plus, il ne les permit plus, même les jours solennels de sa naissance et de son couronnement, où ils étaient d’usage : « Ne solemnibus quidem natalibus, vel imperialis honoris gratia putabat celebrandos. » Tant il savait être son maître, et dans l’âge le plus tendre égaler la force et la sagesse des vieillards : « Adolescentem videres senilem ferre sententiam. » Il y avait à Rome une Courtisane d’une beauté parfaite, qui corrompait la jeune noblesse, d’autant plus dangereuse que c’était une Comédienne (car dans toutes les affaires de galanterie il se trouve toujours quelque héroïne de théâtre) : « Scenicæ cujusdam forma et decore Romæ adolescentes nobiles deperire. » Valentinien ordonne qu’on la fasse venir à la Cour. […] profitons du temps, aimable jeunesse, la vie s’envole comme un léger nuage, hâtons nous d’en jouir, ne laissons pas passer le printemps sans en cueillir les fleurs, avant qu’elles se flétrissent ; laissons partout des traces de nos plaisirs, faisons-nous des couronnes de roses, et ne songeons qu’à jouir agréablement des charmes de la volupté, puisque tout va s’anéantir dans le tombeau : « Non prætereat nos flos temporis, coronemus nos rosis antequam marcescant. » Si l’on ne voit pas dans ce portrait le théâtre et sa morale, le parterre et sa folie, les Actrices et leurs manèges, le spectacle et ses dangers, les coulisses, les loges, les foyers, les maisons des Comédiens, la vie des Comédiennes, on ne voit pas le soleil à midi ; mais si après ces connaissances, on aime encore, on fréquente le théâtre, plus misérablement aveugle, on ne voit pas l’enfer ouvert sous ses pieds.
Les décorations & les machines lui couterent plus de quatre cens mille livres : dépense énorme pour le temps, & très scandaleuse dans un prélat. […] Dans le même temps elle écrivit à la Reine une longue lettre, éloquente & pathétique, pour se justifier & lui demander grace. […] Les feuilles du registre de ce temps sont comme les feuilles de la Sybille. […] Le temps n’est pas plus inconstant que le monde, & surtout plus que les grands. […] Heureux qui, comme elle, a le temps & la grace de réparer des jours malheureux, qui ont été le regne de la vanité & de toutes les passions.
La même chose arriva à Antioche : les Perses en embuscade saisirent le temps où tout le monde étoit au théatre, entrerent sans peine, & prirent la ville que le théatre avoit rendue sans défense. […] Il en fait le plus grand éloge, & le préfere à tous les princes de son temps & le leur donne pour modele : ce qui est très possible & très-vraisemblable. […] Trois Papes de son temps avoient favorisé les Médicis, deux de cette maison, Léon X & Clément VII, directement & par intérêt, Alexandre VI indirectement, par son exemple & ses menées en saveur de son Borgia, qui animoit & appuyoit les florentins, Clément d’ailleurs, contre lequel il avoit conspiré, & étoit accusé d’avoir conjuré, l’avoit fait dépouiller de ses emplois, chasser de sa patrie & mourir dans l’indigence. […] Le Prince de Machiavel n’est donc qu’une satyre des princes de son temps, comme les ouvrages de l’Aretin, ou plutôt une comédie de caractere, comme le Misantrope, le Tartuffe, le Joueur, le Glorieux, le Méchant ; comme Dom Guichotte, le Diable boiteux, Gil-Blas de Santillanne, le Roman comique, &.c. […] Il n’est pas même d’Aristote, dans lequel on a tout puisé : c’étoit l’oracle du temps, toute la philosophie n’étoit que l’explication de ses sentimens.
Ie seray un peu plus exact sur celuy de Nismes, dont il n’a presque remarqué que le nom de ses illustres ruïnes ; & je le fais d’autant plus volontiers, que j’en ay eu, par la faveur & par les mains de Monsieur Cassaigne Conseiller à Nismes une plaine & parfaite description des principales dimensions & des remarques importantes faites par Monsieur Guiran, qui sans doute a esté un des plus habiles & des plus curieux de son temps, & qui a promis au public une Histoire de son pays, dont tout le Royaume luy sera obligé & deviendra son admirateur. […] Mais Lipse ne doute pas que le changement des temps, de Religion & de domination, n’en ait fait ruyner de beaucoup plus considerables, qui estoient à Lion, Vienne, & ailleurs. […] Or il est certain que de son temps il n’y avoit dans Rome* que trois Theatres & un Amphitheatre. […] L es jeux du Cirque estant apuyez, partie sur la Religion, partie sur la Coustume, subsisterent malgré le changement des gousts & des temps. […] Pour se couvrir de l’injure du temps, ils faisoient tendre cette immense capacité, tantost de voiles de pourpre labourez à l’aiguille, tantost de soye d’une autre couleur, & les avançoient ou retiroient comme il leur venoit en fantaisie.
L’Eglise avait sans doute dans cette idolâtrie une raison essentielle d’interdire, dans les premiers temps, le théâtre aux fidèles, ou plutôt ils se l’interdisaient eux-mêmes, s’ils étaient fidèles. […] C’était la théologie du temps : la corruption des mœurs, qui en était, comme aujourd’hui, le fruit nécessaire, n’était pas regardée avec les mêmes yeux que par les Chrétiens ; il s’en fallait bien que chez eux les regards, les désirs, les paroles, les pensées fussent des crimes, comme ils le sont sous l’Evangile. […] Mais depuis que par des théâtres fixes, construits à demeure, les représentations théâtrales devinrent journalières, et par conséquent indépendantes des fêtes, elles ne furent plus que des amusements, et non des actes de religion, que dans certains temps où elles concouraient avec des fêtes, quoique les autels des faux Dieux y demeurassent toujours. […] Depuis ce temps-là on voit distinguer dans les Auteurs les jeux sacrés qui se donnaient en l’honneur des Dieux, et les jeux ordinaires du théâtre ; les jeux sacerdotaux, où devait toujours se trouver quelque Prêtre qui offrît des sacrifices, et où il était défendu aux bouffons et aux mimes de se trouver, et les jeux profanes, auxquels Julien l’Apostat défendait aux Prêtres d’assister, pour imiter, disait-il, la retenue et la modestie des Prêtres Galiléens (c’est-à-dire Chrétiens). […] Si nos pièces avaient été composées de leur temps, qu’aurait-on eu à y changer ou ajouter pour les jouer ?
Dans ce même temps ce saint Pape tenoit une conduite bien différente. […] Les fautes où il est tombé, soit par la foiblesse humaine, soit par la liberté qui régnoit de son temps, ne sont pas des titres pour ses successeurs. […] & dans quel temps ? […] Il paroissoit à même temps sur la scène des Héros & des bouffons, agissant & parlant, ou ensemble, ou alternativement, dont l’un contrefaisoit, parodioit & ridiculisoit l’autre. […] Il y en avoit pourtant bien des traits dans les anciens Mystères, où les choses les plus saintes étoient souvent défigurées par des grossieretés & même des indécences révoltantes ; ce qui étoit moins des traits malignement réfléchis, que la grossiere simplicité des temps.
Ce fait authentique est consigné dans les gazettes du temps, et il est cité à la page 163 du supplément de la grande Biographie dramatique, 1 volume in-16 ; Paris, 1825, à la librairie française et étrangère, Palais-Royal, Galerie de Bois, n° 233. […] J’ai rapporté dans le livre précité, page 162, l’épitaphe de Molière par le père Bouhours 8, l’un des jésuites les plus savants de son temps.
La première est, que les Saints Pères n’ont condamné les Comédies de leur temps, qu’à cause de l’Idolâtrie dont elles étaient souillées ; D’où il tire cette conséquence, que les Comédies de notre temps étant exemptes d’Idolâtrie, elles ne peuvent être condamnées ? […] Ce que Manlius exécuta, et les voua encore à pareil temps. […] le temps des Bacchanales, ou des Fêtes Samiennes, ou de celles qu’on célèbre pendant toute la nuit ; certes c’est un temps de divertissement, et non pas d’étude. […] Car selon le raisonnement de cet Auteur, il eût été permis aux Chrétiens du temps de S. […] Si en ce temps-là il y avait plus de lieu d’y craindre l’apostasie des Fidèles, qu’il n’y en a en ce temps ?
On loue sa beauté, on l’invite à l’amour ; elle en est l’objet, elle en fait les délices ; c’est son temps, c’est son droit & son bonheur. […] Quelque temps après, condamné par ses crimes, il périt par la main du bourreau. […] Qu’on établisse cette separation, le théatre sera desert ; qu’on fasse des représentations separées pour les hommes & les femmes, sur des théatres ou dans des temps différens, il n’y aura plus personne à la comedie. […] Le portrait de la toilette des filles de son temps dans un Prophête, est très-singulier, ainsi que le détail des punitions relatives à chacune de leurs parures. […] Le palais de Constantinople, du temps de Julien l’Apostat, entretenoit trois mille baigneurs, pour travailler les têtes des femmes de la Cour & de leurs amans.
Son père Gustave étoit trop sérieux & trop sage pour s’amuser de ces folies, & occupé dans la guerre qu’il fit en Allemagne n’avoit pas de temps à y perdre ; ses prédecesseurs n’en connoissoient pas même le nom : sa fille Christine fit à Thalie une réparation authentique du mépris de sa nation & de sa maison, elle bâtit un théatre, fit venir à grand frais & soudoya des troupes de Comédiens, fit jouer toute sorte de piècces, y passoit des temps considérable ; des dépenses & des occupations si frivoles qui nuisoient à toutes les affaires de l’État, furent une des raisons qui dégoûtèrent de son gouvernement, & enfin l’obligèrent d’abdiquer. […] Ce langage des philosophes du temps qui n’estimoit que leur prétendue sagesse, & méprisent la sainteté, est une absurdité aux yeux des Chrétiens. La vraie sagesse est la sainteté, il n’y a que les Saints vraiment sages ; les sages du temps ne sont que des insensés, peut-être faisoit-elle allusion aux révélations de Sainte Brigitte, qu’elle taxoit de folie ; car elle tenoit sur la Religion, les Ministres, les Saints, les pratiques, les cérémonies, les discours les plus libres, elle n’eut point à changer de style, elle ne pensoit pas plus mal étant Luthérienne. […] Se voyant peu de temps après persécutée par ceux qui ont lu ce point fondamental de notre Religion des dogmes & des sentimens conformes aux siens. […] C’est une femme qui le pense , dîsoit-on en France, quand Baile rapporta cette lettre dans son journal, c’est une Comédienne : & cependant ces deux choses dans le même temps ébranlent la Religion à faire la guerre au Pape, & vouloir la maintenir en faisant la guerre aux Huguenots.
Ecoutons le saint Esprit, qui nous apprend dans l’Ecriture le péril qu’il y a, non seulement de s’entretenir avec les personnes de différent sexe, ou de les toucher ; mais encore de les regarder ; et nous enseigne à même temps le soin exact que nous devons avoir d’en détourner nos yeux. […] Qu’on ne nous croie donc point trop sévères, si dans un siècle si corrompu, et dans l’état où sont les bals, et les danses de ce temps, nous n’osons point excuser de péché ceux qui les fréquentent, puis qu’Alexandre de Halès Auteur célèbre, Parte 4. citat. […] Il n’est pas à propos de nous en expliquer davantage, ni encore de nous étendre sur cet abus déplorable, qui n’est que trop connu, et qui fait gémir toutes les bonnes âmes ; je veux dire sur cette coutume malheureuse de perdre le temps le plus saint, et les jours qui sont consacrés à la piété dans les divertissements mondains, et profanes.
Nous avons plusieurs témoignages dans les Conciles et assemblées des Evêques, comme elle a défendu ces danses presque en tout temps. […] du Temps, dit, « Que danser c’est tourmenter son corps » : et appelle les danses, « des actions horribles » ! […] Les filles sont ravies d’aise, de voir que la légèreté de leur corps seconde celle de leur esprit, et croient être plus parfaites de savoir bien danser, que de savoir bien vivre. » Voila le jugement de ce grand homme sur les danses qui se faisaient de son temps, lesquelles n’étaient pas assurément plus criminelles que celles d’à présent.
Après tout j’avouerai sans peine, qu’après s’être longtemps élevé contre les spectacles, et en particulier contre le théâtre, il vint un temps dans l’église qu’on espéra de le pouvoir réduire à quelque chose d’honnête ou de supportable, et par là d’apporter quelque remède à la manie du peuple envers ces dangereux amusements. […] Saint Charles qu’on allègue comme un de ceux, dont la charitable condescendance entra pour un peu de temps dans le dessein de corriger la comédie, en perdit bientôt l’espérance ; et dans les soins qu’il prit de mettre à couvert des corruptions du théâtre, au moins le carême et les saints jours, il ne cesse d’en inspirer un dégoût universel, en appelant la comédie « un reste de gentilité »Act. p. 4. inst. praed. edit. 1599. p.485. […] Pontius, 1599, “Instructiones praedicationis Verbi Dei”, p. 485] : non qu’il y eût à la lettre dans les spectacles de son temps des restes du paganisme ; mais parce que les passions qui ont formé les dieux des gentils y règnent encore, et se font encore adorer par les chrétiens.
Vous nous peignez dans votre Lettre avec énergie, et en même tems avec douleur, ce combat intérieur, cette guerre continuelle que nous livre l’opposition de nos actions, avec notre croyance et nos principes, et vous nous développez en même temps une vérité bien humiliante. […] Je ne dirai rien de vos Pièces de Théâtre, ni du Méchant c, dont l’illusion trop séduisante me fit l’Apologiste dans son temps. […] Il est assez singulier qu’un Auteur ait ignoré le succès de ses Pièces dans le temps, et qu’il ait attendu douze années à en être informé par un homme d’Eglise.
A de si grands désordres, dont les malheurs du temps ont trop laissé développer le germe dangereux, il n’est évidemment qu’un seul remède, et pour l’obtenir, il faut recourir à la religion. […] Le temps fuit et dévore les générations ; mais l’état tout entier, s’il résiste au torrent des révolutions, survit dans son corps moral et politique, lorsque ces mêmes générations sont éteintes et qu’elles ont disparu du globe. […] Les Grecs et les Romains avaient des temps marqués pour ouvrir les jeux de la scène. […] L’expérience, de tous les temps, a confirmé ces vérités. […] L’hypocrisie ne peut mener à rien, dans un temps où trop malheureusement la religion a tant de peine à recouvrer sa splendeur, et où sa pratique si décriée dans le beau monde, n’y est plus même regardée que comme le partage des esprits faibles.
si ce n’est peut-être, dit un de ces Docteurs, que la circonstance rende le péché moindre, comme si cette Danse se faisait en secret, et qu’on n’y employât que fort peu de temps. […] Et ainsi suivant le véritable sens du Canon les Danses de ce temps, quoique on ne les juge pas déshonnêtes ; sont néanmoins opposées à l’honnêteté Chrétienne, et par conséquent à la piété, spécialement des personnes Ecclésiastiques.
Depuis ce temps-là le Théatre est dans la possession du Démon de l’impureté, & y sera même toujours, quelque exorcisme que l’on fasse pour l’en chasser. […] Comme ce qu’il dit a quelque rapport au temps où nous sommes, il ne sera pas hors de propos, mes Freres, de vous le répéter. […] Que les Théologiens & les Saints des derniers temps les justifient. […] des spectacles, voilà donc les Peres de l’Eglise certainement contre vous ; & n’allez pas vous figurer, que les Théologiens & les Saints des derniers temps vous soient plus favorables. […] enfin, mes chers Auditeurs, il est temps de donner des bornes à un Discours, qui a épuisé mes forces, aussi bien que vostre patience.
La flaterie tenoit dans le même temps ce langage bannal de vingt autres princes. […] Le Roi témoignant sa surprise de ce que la France ne produisoit plus de grands hommes, & que les deux héros du temps, M. de Saxe & M. de Lowendal, étoient étrangers. […] Maurice fut marié, mais peu de temps : il rompit son mariage par l’adultere & le divorce. […] Mais, bien loin de la ménager, dans le temps même qu’elle lui sauva la vie & le combla de bienfaits, il se livra à la débauche sous ses yeux, jusqu’à séduire ses propres filles d’honneur. […] Il falloit se jetter sur ses qualités guerrieres & ses victoires, quoique bien exagérées : car il fut quelque temps l’homme à la mode.
Mais, dit-on, c’est une des meilleures pieces qui aient jamais paru (pour former les mœurs des femmes), & où regne l’horreur du bas & les étroites bienséances qu’on s’est malheureusement prescrites depuis quelque temps qui ont énervé & anéanti la vraie comédie. […] Voici du très-nouveau & très-curieux, une anecdote de l’Opéra de Suse, du temps d’Assuérus, qui justifie les soupçons de quelques Savans, que le goût pour les filles de théatre est aussi ancien que le théatre même (qui en doute ? […] C’est un conte très-obscène d’une danseuse que quelqu’un vit dans le palais des enchantemens, (à l’opéra), & dont il devint amoureux, appliqué au temps d’Esther & de Vasti, & au palais d’Assuérus. […] N’avons-nous pas à regretter ces temps de simplicité où l’on ne raisonnoit pas, où l’on croyoit ? […] Les Comédiens avant de recevoir la piece, les spectateurs dans le temps de la représentation, les cotteries, les caffés, les soupers, les écrits après qu’elle a été représentée, tout le monde quand elle est imprimée, c’est l’histoire de tous les jours.
« Ainsi qu’ils commencèrent à lâcher leur premier pétard, ou petit tonnerre jésuitique, le temps auparavant serein, se brouille tout à coup. » ag Voila donc une grande merveille, que le ciel favorise tant et si à propos les jésuites, les secondant si heureusement en leurs desseins. […] « Le temps, ajoutes-tu, se brouille tout à coup, une nuée crève, une ravine d’eau s’épand, etc. » ai Trois jours devant l’action, le temps gros de pluie avait menacé de fondre ses nues, et les excessives chaleurs présageaient que les tonnerres n’arrêteraient guère de se faire ouïr, comme déjà il était arrivé le dimanche précédent à heure de vêpres. […] Vraiment il y a bien là que voir et regarder, etc. » co Ainsi parlait cet ancien au temps jadis, fournissant de sujet aux acteurs d’alors, s’ils eussent été chrétiens, et si les chrétiens eussent pu déposséder l’idolâtrie et chasser l’impudicité du caveaucp et du cirque. […] Mais il est temps que je finisse, et que je laisse couler les autres menteries, drôleries, malices et calomnies comprises en son libelle diffamatoire. […] D’après l’auteur de la Conviction, les pères de l’Eglise n’ont pas condamné le théâtre en tant que tel, mais ils ont seulement critiqué le théâtre païen de leur temps, contraire aux vérités chrétiennes.
Ce n’est que depuis ce temps que nos Poètes se sont appliqués à la composition de Poèmes Dramatiques sur des sujets profanes ; et que ces Pièces ont été données au public sur le théâtre, suivant la permission qui en avait été accordée par l’Arrêt. […] qui rapporte l’avoir vu jouer, dit que cette Pièce était excellente ; il y compare l’Auteur aux plus célèbres Poètes comiques des Grecs et des Romains : et la réussite, ajoute-t-il, en fut si grande, qu’elle a donné lieu depuis ce temps aux proverbes de Patelineurs et de patelinage, pour exprimer dans les actions communes un semblable caractère que celui que l’on y représentait. […] fit bientôt paraître sur la scène trois autres Poètes qui fournirent des Pièces au théâtre : Jean de Baïf fit la Comédie de Taillebras ; la Péruse, une Tragédie sous le nom de Médée ; et Robert Garnier donna peu de temps après au Public, Porcie, Cornelie, Marc-Antoine, Hypolite, la Troade, Antigone, les Juives et Bradamente, huit Tragédies qui remportèrent le prix sur tout ce qui avait paru jusqu’alors en ce genre d’écrire. […] Décembre 1588. par lequel il fit défenses à tous Comédiens, « tant Italiens que Français, de jouer des Comédies, ou de faire des tours et subtilités, soit aux jours de Fêtes ou aux jours ouvrables, à peine d’amende arbitraire et de punition corporelle. » Les Foires ont une prérogative de franchise que nos Rois leur ont accordée en faveur du Commerce, et qui fait cesser pour un temps et en certains lieux tous les privilèges des Corps ou Communautés. Sur ce fondement quelques Comédiens de Province élevèrent un théâtre à Paris dans les lieux et dans les temps de la Foire saint Germain.
MONSIEUR, Il y a quelque temps qu’il vous plut me commander de faire quelque chose en faveur de la Comédie, et répondre au libelle du Père Augustin, ce que j’ai fait avec autant d’affection, que j’ai d’intérêt à la défense de sa cause ; Il est vrai que j’eusse différé de rien mettre au jour pour diverses raisons que le silence et le respect m’oblige de taire, Mais le pouvoir que vous avez eu sur mon esprit, m’a fait rompre toutes sortes de considérations pour vous rendre cette satisfaction, et donner cette lettre apologétique au public, sous l’aveu de votre protection, espérant que vous l’agréerez d’aussi bon cœur, que je désire me conserver la qualité de MONSIEUR Votre très humble et affectionné ServiteurA.D.L.B. […] Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. […] Cyprien, Evêque de Carthage, un des plus excellents Philosophes de son temps, et grand Orateur, en sa seconde Epitre de l’humilité des Chrétiens, fait mention d’un certain Comique, Neoptolomeus, qui avait infecté l’Empereur Valerius, par ses postures lascives ; bref, ils étaient convaincus de toutes sortes de crimes par les sacrés canons et décrets ; même le Pape Gesalius leur fit défendre la communion des Sacrements, comme nous l’enseigne le docte Rupert, en ses décrétales. […] A Montauban trois ans avant sa prise, il se joua une histoire par les Clercs de la ville, qui avait été tirée du vieux Testament appelée l’Assyrien de Perse, où étaient contenus plusieurs beaux incidents trop longs à déduire, le Sieur Charnier un des plus doctes de son temps, et qui a fort écrit, fit l’avant-propos de ce poème. […] Il prétend prouver en alléguant l’antiquité, que les Comédiens sont notés d’infamie, selon les lois et constitutions Ecclésiastiques ; j’avoue avec lui que la Comédie à sa naissance, a été condamnée de l’Eglise primitive, et des Pères Orthodoxes, en ce qu’elle était une fondrière de tous vices : Mais comme les temps perfectionnent les hommes, et changent de mal en bien l’être des choses, elle s’est tellement rendue agréable par la pureté de son innocence, qu’il ne lui reste rien pour ajouter à son mérite, et qu’autant qu’elle a été pernicieuse en son principe, elle s’est montrée recommandable en la fleur de son printemps.
, « qu’il viendra un temps que les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et qu’ayant une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à des Docteurs propres à satisfaire leurs désirs. […] N’avez-vous pas observé, Messieurs, dans cet admirable Décret que du temps de S. […] On aurait eu beau dire à Théodose qu’il y aurait du temps pour le Sermon et pour la Comédie. […] Racine ; mais le monde et plus équitable, et plus religieux que lui, est convaincu qu’il y a un temps qu’on doit gémir d’avoir fait des Comédies, aussi bien que d’avoir fréquenté le Théâtre. […] Les plus pieux en effet en sont assez détournés par les principes du Christianisme ; et du temps du Louis XIV, ceux qui voulaient faire leur Cour, l’eussent faite assez mal en allant à la Comédie, où ce Roi n’allait plus depuis plusieurs années.
Cette supériorité, au spirituel, n’est pas douteuse ; mais au temporel, après avoir été longtemps disputée pendant les temps d’ignorance, de superstition et d’abrutissement, elle est enfin considérée comme n’étant qu’une usurpation anti-chrétienne, que les souverains, autrefois, eurent tant à redouter ! […] De pareils dangers, sans doute, nous menacent encore ; mais on sait, il est vrai, que la justice et la modération du souverain pontife actuel, ainsi que nous l’avons déjà dit, éloignent pour longtemps de semblables catastrophes ; cependant, puisque l’expérience nous a démontré qu’elles avaient eu lieu dans un temps, la prudence doit nous commander de prendre des mesures, pour empêcher qu’elles ne puissent renaître à une autre époque. […] Il est une vérité reconnue de tout temps, que deux pouvoirs, qui chacun prétendent à l’indépendance, ne peuvent longtemps subsister à côté l’un de l’autre, sans se nuire réciproquement, sans se faire la guerre. […] Pourquoi ne pas réfléchir que le retour des persécutions religieuses, serait une source féconde de troubles anarchiques, de désordres et de révolutions, dont il est temps enfin de fermer l’abîme.
Quant à la partie historique, elle se borne aux Ecrits qui parurent de son temps. […] Il a donc fallu me plier aux mœurs du temps, et commencer tard à parler d’amour ». […] ô temps ! […] Il leur faut en tout temps quelques Spectacles. […] Il y a assez de temps avant & après les Spectacles, pour se livrer aux mouvemens des passions effrénées.
Ces Ridicules, dépendans des usages, des modes, & des différentes manieres de penser, suivant les tems & les Nations, ne doivent pas, à ce qu’il semble, être toujours attaqués de la même façon. […] C’est le même Ridicule, que dans des siécles si différens, deux Poëtes ont attaqué, de la même façon, & avec les mêmes plaisanteries : elles sont donc asaisonnées d’un sel que le tems n’affadit point, & qui plaît à toutes les Nations. […] Quiconque est annoncé pour Plaisant, soutient rarement sa reputation ; & dans le tems où les Princes avoient à leur suite un homme chargé de les divertir, le Fol du Roi devoit souvent faire sa charge très-mal.
Mais enfin Andronicus donna publiquement dans Rome des Fables qu'il jouait lui-même, et dont ces vieilles Satires lui prestèrent le fondement et l'invention ; et je ne vois pas pourquoi l'on a voulu deviner que ce fussent des Tragédies et des Comédies, car il est certain que ce n'en pouvait pas être ; c'étaient des Mimes, ou de petites Fables qu'il mettait en Vers, comme les Fableaux de nos vieux Poètes français, et qu'il dansait lui-même en sautant, chantant et touchant quelque instrument ; comme tous les autres Poètes de son temps, selon mêmes les termes de Tite-Live ; mais j'estime qu'il les fit avec plus d'art, et qu'il se rendit si célèbre qu'il en fut nommé l'Auteur ou le premier. […] , qui étaient quatre de ces Acteurs célèbres de son temps, où sans doute il n'aurait pas oublié de mettre ceux des femmes, s'il y en eût eu dans les troupes des Comédiens pour agir en ces représentations. […] Et cela se fit près de cent cinquante ans avant que la représentation des Poèmes Dramatiques fut reçue au Théâtre Romain, durant lequel temps les Bouffons et Bateleurs ont porté le nom d'Histrion Scénique.
Mais pour faire voir que ce n’est qu’un prétexte de la part des Magistrats ; combien y a-t-il de Juges et autres Gens du Roi, qui ne les ont jamais voulu souffrir dans leur Ville, et qui n’ont pas pu voir qu’à la sortie de la Messe, des Vêpres, ou du Sermon, on trouvât un Théâtre dressé, comme un Autel pour le Diable, contre Jésus-Christ, pour détruire en une heure de temps tous les bons sentiments que les Prédications avaient fait naître dans les âmes pendant toute une semaine. […] Il ne faut donc qu’un peu de vrai Christianisme ; il ne faut qu’un peu de zèle pour son salut et pour celui des autres, afin de bannir ces ennemis de la vertu et de l’honnêteté : que Messieurs les Magistrats se donnent la peine d’entendre le Saint Esprit, qui leur parle et qui leur crie, « apprenez Juges, ouvrez, les oreilles, vous qui tenez sous votre autorité, les multitudes, et qui vous plaisez dans les pouvoirs que vous avez sur les Troupes, apprenez deux choses, la premières que toute votre puissance vient de Dieu, la seconde que ce même Dieu vous demandera compte de toutes vos œuvres, et fondera jusqu’à la moindre de vos pensées, par la raison que vous ayant établi les Ministres de son Royaume, vous n’avez point observé la Loi de la Justice ni marché selon sa volonté : ce qui fait qu’en peu de temps il vous apparaîtra d’une manière terrible, et vous fera demeurer d’accord que le jugement contre ceux qui président aux autres, sera effroyable » : Que répondra donc à Dieu le Juge qui aura contribué à la perte des âmes, par la permission injuste qu’il aura donnée à ces persécuteurs de la vertu ? […] Après tous les sentiments de ces grands et saints personnages, dites-moi, je vous prie, Messieurs les Gentilshommes, dites-moi, je vous prie, Mesdames, Bourgeois, Bourgeoises, qui que vous soyez, n’aurez-vous point d’horreur désormais de passer les après-dînées entières dans ces assemblées si pernicieuses, pour y perdre votre argent, votre temps, la pureté de votre corps, et l’intégrité de vos mœurs ?
Que s’il faut justifier mon Ouvrage en particulier, il me suffit du moins pour établir l’unité morale que ce commerce qui est entre la Ville et le Camp pour l’exécution de ce qui se passe sur la Scène, se puisse faire vraisemblablement dans moins de temps qu’il ne faut pour satisfaire à la règle de vingt-quatre heures ; et d’ailleurs cette unité de Scène se doit expliquer plus favorablement pour mon Ouvrage, puisque la proximité du Camp et de la Ville était absolument nécessaire dans les Sièges du temps de Judith où l’on ne pouvait battre les murailles de la Ville assiégée, qu’avec des machines.
J’ai pensé moi-même comme les autres, pendant un temps ; et, dans la crainte qu’on ne m’accusât de présomption en combattant l’opinion générale, j’ai soutenu les règles tant que j’ai pu ; comme on en peut juger, surtout par mon examen sur Œdipe : mais, en pénétrant plus avant, je me suis senti forcé de les abandonner ; et je me suis dit à moi-même que si mon sentiment était fondé sur la vérité, je ne devais point craindre de parler. […] 10 La fameuse querelle que cette Ecrivain eut dans ce temps là avec le Tasse et ceux de son parti, est assez connue des gens de Lettres : avec ce secours je me défiais moins de ma raison, quoique j’ai toujours cru que je devais avoir plus de ménagement qu’un autre en écrivant ; et c’est par ce motif que je n’ai jamais expliqué ouvertement mes idées.
Ce n’est pas là sans doute qu’il faut aller chercher le théatre, ils n’ont ni le temps d’y aller, ni assez d’esprit pour l’entendre, ni assez de corruption & de méchanceté pour le goûter. […] Ce peuple conserva quelque temps, & représentoit chaque année une piece dans l’ancien goût. […] Elle me parla (langage de l’Opéra) livre tes sens aux doux plaisirs, dédommage-toi des peines d’une longue captivité, profite des avantages de la jeunesse ; c’est maintenant le temps de la joie, avant que la vieillesse languissante t’ôte cette vigueur, ces agrémens. […] Ainsi consume-t-on au théatre son temps, son argent, son devoir, son honneur, la conscience, pour n’en tirer que de la fumée. 2.° Que les anciennes représentations des Mysteres & des Martyres valloient mieux que nos drames. […] Elles avoient un objet, parloient religion, disoient des choses utiles, elegantes pour le temps, quoique très-groffiérement.
Qu’elle a fait dans tous les temps les loix les plus séveres, & pris les plus grandes précautions pour prévenir ou corriger les désordres du Sanctuaire ? […] C. en a donné l’exemple ; il n’a pas craint de donner le pretendu scandale, ou plutôt il a prévenu le scandale véritable en démasquant les Prêtres de son temps, les Scribes & les Pharisiens, & nous disant sans menagement : faites ce qu’ils vous disent, mais ne faites pas ce qu’ils sont. […] C’étoit un jeune homme ne trente-six ans, de la famille des Médicis, une des plus libertine qui soit montée sur le trône, la dépravation étoit héréditaire à sa famille, ce sang avoit coulé de puis long temps dans les veines de Léon X. […] Cependant ces excès sont rares dans le sacré Collége, il faut lui rendre justice, le plus grand nombre dans tous les temps n’a pas été moins distingué par la pureté des mœurs, que par l’éminence de la dignité. […] Pour les Evêques, un grand nombre dans tous les temps a été amateur du théatre ; je n’en connois point qui ait été ni acteur ni compositeur ; ils s’observent aujourd’hui sur cet article.
Pour se débarrasser du soin de recevoir des Ambassadeurs, il alla demeurer trois mois a Lyon, y passa son temps à acheter, à un prix exhorbitant, des petits chiens, des singes & des perroquets, alors fort rares, & établit avec de gros appointemens une multitude d’hommes & de femmes pour en avoir soin. […] La parure est un assemblage de choses étrangères, arbitraires, de fantaisie, qui n’ont avec le tout & les autres parties qu’une liaison de goût, un arrangement de mode, très-incertain & très-volage, qui plaît dans un endroit & déplaît dans un autre, qui a de la vogue dans un temps & dans un autre temps tombe dans le mépris. […] iv. fait un détail fort singulier de la toilette des femmes de son temps. […] La toilette occupe trop ; le goût, les préparatifs & la jouissance de son triomphe absorbent toute l’attention & tout le temps : Qui altam facit domum quærit ruinosa. […] en a-t-elle le temps ?
I l parut dans le même temps sur la scène du monde une autre Actrice dont nous avons parlé, qui valoit bien Elisabeth ; c’étoit Catherine de Medicis. […] L’Espagne offrit quelque temps après à Elisabeth D. […] Les Rois d’Angleterre prennent aussi le titre de Roi de France, auquel ils n’ont aucun droit, mais ils prétendent en avoir, & ils ont quelque temps regné en France, Elisabeth seule a regné sur tout le globe, cette Actrice couronnée a appellé toute la terre à la représentation de ses comédies. […] Mais il ne faut pas confondre les temps. […] Grégoire Leti appelle son état un délire, peu de temps avant sa mort elle voulut danser & jouer du clavessin, & demandoit qui dansoit & jouoit mieux qu’elle ?
On les a donnés au public après sa mort, dans le même temps qu’on a donné pour sujet du prix l’Eloge de Moliere. […] On a voulu se faire honneur de la pensée de Cicéron sur Roscius, le plus fameux Acteur de son temps, & (ce qu’on regardoit comme un prodige) véritablement honnête homme & de bonnes mœurs. […] Ses innombrables antitheses ne sont pas heureuses, la plûpart des ridicules du temps de Moliere sont passés ; les Medecins, les Marquis, les Precieuses, les Agnez, Pourceaugnac, &c. […] Celles qui parurent du temps de Moliere vont jusqu’à l’insolence. […] Il défendit le spectacle à ses Prêtres Payens, comme contraire aux bonnes mœurs & à la sainteté de leur état, à l’exemple des Evêques & des Prélats de son temps, qui condamnoient unanimement la comédie.
Je me transporte dans les temps fortunés de l’âge d’or, où la scène de la Nature non corrompue charmoit les cœurs des gens de la campagne, inaccessibles à la corruption (ce sont des saints). […] Ce temps fut bien court, & trop rempli d’autres objets, pour laisser au premier homme le loisir d’en fournir des mémoires au Parnasse. Dans ce temps, qui ne dura peut-être pas vingt-quatre heures, il n’y avoit ni troupeaux, ni bergers, ni bergeres, ni amant, ni maîtresse, ni églogue, ni galanterie. […] X, deux portraits de Moliere qui parurent de son temps, & méritent quelque attention par leur fidélité. […] Mais quelque temps après, me voyant sans pratique, Je laissai là Cujas, & je lui fis la nique.
La Volupté fut de tout tems regardée comme nuisible aux humains ; ceux qui ont sçu se défendre de ses charmes se sont acquis une gloire immortelle. […] Le Philosophe Latin avait peut-être raison de son tems. […] Je me hâte d’arriver au tems où l’Opéra-Bouffon s’éleva au comble de la gloire, à l’aide de la musique. […] je n’ai pas le tems de me remettre, pendant ce tems-là… » & plus bas, « & ne croyez-vous pas qu’ils songent à vous ouvrir ? […] Mais les nouvelles Pièces qu’ils donnent chaque jour au Public, nous annoncent qu’ils ne sont guères plus scrupuleux que dans le tems que j’écrivais ce Chapitre(9).
Les jeunes Elèves ne débuteront sur les Théâtres publics, qu’après en avoir été jugés dignes aux Exercices généraux qui se feront chaque année : les Magistrats pourront retarder le temps du début ou l’avancer, suivant les circonstances, ou les talens des Elèves, ou le besoin du Théâtre, & la convenance de l’âge dans certaines Pièces. […] Les Acteurs & les Actrices, une fois admis à l’un des Théâtres de la Capitale, y resteront attachés pour tout le temps qu’ils seront en état de remplir leurs rôles ; ils y seront logés & entretenus : pour cet effet, on prendra un bâtiment convenable, ressemblant aux Cloîtres de nos Moines, où la Troupe en entier sera rassemblée, sous le gouvernement d’un Supérieur pour les hommes, & d’une Maîtresse pour les femmes. […] Pour les fautes commises à la maison, telles que la paresse, l’esprit de dispute &c. de demander pardon à genoux, au Supérieur : en cas de récidive, envoyés aux Baladins, pour un temps. 2. […] Lamotte, 1722, débute pour le Tragique, prend les Rôles de Caractères quelque temps après : quitte en 1759 ; morte en 1769. […] Oui, mon ami : les préventions Théâtrales sont aujourd’hui moins furieuses que du temps des Pylade & des Bathylle ; l’on peut dire son sentiment du Spectacle, des Acteurs, & même de notre Musique, sans crainte de se faire assommer.
Il proteste en parlant de son Roman en versy qui est rempli de fables impertinentes, et de fictions impures « que Dieu l’a si sensiblement assisté pour lui faire finir ce grand ouvrage qu’il n’ose dire en combien peu de temps il l’a achevé z ». […] Aussi n’empêcherez-vous jamais par de telles suppositions qu’il ne soit véritable que tous les Religieux ont toujours été bien reçus à Port-Royal, et l’on n’a que trop de témoins de la charité et de la générosité avec laquelle on y a reçu les Jésuites mêmes, dans un temps où il semblait qu’ils n’y étaient venus que pour voir les marques funestes des maux qu’ils y ont faits, et pour insulter à l’affliction de ces pauvres filles. […] Que si depuis quelque temps les écrits ne s’adressent pas directement aux Jésuites, et s’ils ne sont plus comme vous dites que les Spectateurs du combat, c’est parce qu’on les a mis hors d’Etat de combattre. […] [NDE] Dans le passage cité, Racine pointait le caractère circonstancié des attaques visant Desmarets (« Est-ce que vous êtes maintenant plus saints que vous n’étiez en ce temps-là ? Point du tout ; mais en ce temps-là Desmarets n’avait pas écrit contre vous » op. cit.
Au même temps nous avons promis solennellement de renoncer à Satan, à ses pompes, à ses anges. […] Car dès les premiers temps on divisa les jeux en sacrés et en funèbres. […] Quoi, disent-ils, si je vais au cirque hors du temps des spectacles, dois-je craindre que mon âme y contracte quelque souillure ? […] Ce spectacle quelque temps après, devint d’autant plus agréable, qu’il fut plus cruel. […] Pour nous le temps de fête, et de réjouissance n’est point encore venu.
5 S i dans les tems, où le public ne suivoit que les impulsions de l’ame, ses jugemens ont été quelquefois démentis par la raison ; on ne doit regarder ces erreurs que comme des accidens passagers, qui ne peuvent porter atteinte, ni à ses droits, ni à ses décisions. […] Ils lui donneroient plus de confiance en sa théorie, il ne parleroit plus qu’élemens : il leur conféreroit sans cesse toutes les parties d’une Tragédie ; le tems que dure un spectacle ne seroit employé qu’à des disputes sur l’art d’attendrir & d’émouvoir, qu’à des puériles discussions sur les fautes que l’Auteur pourra avoir commises. […] Ce Chapitre, égaré pendant le cours de l’impression de cet Ouvrage, ne s’est retrouvé que quand il n’étoit plus tems de le mettre à sa véritable place, & on a été obligé de l’imprimer le dernier.
Oui : car elle y est dès le temps du Paganisme et de l’Idolâtrie, qui était la saison plus commode au Démon pour établir cette abomination. […] y eut de leur temps un Sempronius Philosophe, qui répudia sa femme pour avoir été à ces jeux et spectacles publics, dont la Comédie a toujours tenu le premier rang, et les Empereurs ont aussi permis le divorce pour pareille cause. […] que les fidèles employassent une notable partie du temps à ces folies et extravagances, absolument contraires à la profession Chrétienne, et à la loi de Dieu, qui parlant par la bouche de S.
Un vernis répandu sur des panneaux dorés, D’un cristal transparent, avec art séparés, Défend de vingt Magots la grotesque figure ; Deux rapides coursiers enlèvent la voiture, Et la Déesse approche : ô temps ! […] Oui, dans ces temps féconds que tout Paris nous vante, Camargoz fut moins vive, et Salé moins brillante ; Ne pense pas, Lany, que dans les plus beaux jours, Ton air trop sérieux éloigne les amours ; Vénus ne voulant point rester seule à Cythère, En te cédant les sœurs, s’est réservé le frère ; Je connais la coquette ; elle aura craint tes jeux ; Mais, crois moi, cet enfant le plus malin des Dieux, Avec certain fripon, qu’on nomme le mystère, Pour t’aller retrouver, saura tromper sa mère. […] La Palais du Destin environné d’éclairs, Sur les ailes du temps soutenu dans les airs, Descend du haut des Cieux : l’avenir y préside ; C’est lui que sur son sort vient consulter Armide.
Aussi l’Auteur rapporte un endroit de Lampridius, qui loue l’Empereur Sévère de n’avoir rien donne aux Comédiens de son temps. […] Il prouve que celles de ce siècle sont de ce caractère, parce que les femmes s’y entretiennent d’amour avec les hommes, ce que les saints Pères ont fait voir être très mauvais et très dangereux ; et que plusieurs endroits des saints Pères sont autant les censures des Comédies de notre siècle, que de celles de leur temps. […] Puis il cite en cet endroit les paroles de Tertullien, si dignes d’un Chrétien des premiers siècles, et dont nous ne sentons plus la vérité, parce qu’en nous éloignant de ces temps heureux, nous avons toujours dégénéré de la vertu de nos Pères. […] Corneille de parler en ces termes : « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l’humilité de Théâtre souffre aussi qu’elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, Et si Rome et le temps m’en ont ôté le rang, Il m’en demeure encore le courage et le sang, Dans mon sort ravalé je sais vivre en Princesse Je fuis l’ambition, mais je hais la faiblesse. » Il fait voir ensuite que les passions qui ne pourraient causer que de l’horreur, si elles étaient représentées telles qu’elles sont, deviennent aimables par la manière dont elles sont exprimées.
Un petit maître a eu la direction de mon habit, il l’a fait faire sur le modèle du sien qui passe pour un chef-d’œuvre ; il m’a protesté qu’il a revé plus d’un mois à la seule façon des manches, & que le reste l’avoit occupé tout l’Été : vous avez donc lui ai-je dit, bien peu d’affaires, puisque vous consumez tant de temps à de pareilles bagatelles. […] Cet homme célèbre admiré de son temps est aujourd’hui presqu’inconnu ; personne ne lit ses ouvrages, il se croyoit en droit de posséder plusieurs Abbayes considérables, & de tenir à la Cour de Charlemagne, l’état d’un Prince. […] Depuis ce temps là, il s’en est marié beaucoup qui ont eu des enfans, & qui sont devenus grands pères, de sorte qu’on ne doit plus s’étonner que ces petites créatures se soient si fort multipliées en Russie. Dans tous les temps & chez tous les peuples, les habits ont servi à distinguer les états des personnes par la forme & les richesses, & à faire paroître les agrémens naturels par l’arrangement & la propreté ; jusques-là rien que d’innocent, & même de convenable. […] Le recueil des conférences du Médecin Renaudot, dont plusieurs sont très-frivoles, eut de la réputation dans son temps ; l’Auteur étoit habile, avoit de l’esprit, fort répandu dans le monde, Médecin à la mode.
Les bouffonneries dans le goût de son temps sont des momens de délire pour un personnage si grave & si savant, dans un sujet aussi sérieux. […] Le nom de Scuderi, aujourd’hui oublié, fut fameux dans son temps par le frere & la sœur, deux phénomenes de fécondité littéraire très-frivoles ; la sœur par trente-six volumes des romans, le frere par seize pieces de théatre, un poëme, une apologie, des poësies, galantes innombrables, & tous fort médiocres. […] Olivier Patru, homme infiniment loué de son temps, aujourd’hui oublié, très-médiocre même dans la profession d’Avocat. […] Il faut opter, leur permettre ce léger délassement dans un temps dont ils peuvent disposer, ou les condamner à un travail perpétuel (non pas du moins les jours de fête), sans goûter le moindre plaisir. […] Il semble que l’amour des Princes de cette auguste Maison, soit un sentiment général, que la bonté de chacun d’eux se plaît à proroger [ce mot ne regarde que le temps].
Ce ne sont donc pas les femmes qui corrompront l’« objet céleste » : mais les petits maîtres, les législateurs de Toilette vont s’emparer de son éducation et lui donner tous les vices du temps. […] L’éclat de ce grand jour, et la pompe des jeux Distrairont quelque temps les chagrins ténébreux. […] Rien de plus aisé que de prouver que les femmes ont de tout temps été ce que les hommes les ont fait ; les Spartiates, les Gaulois, les Germains, avaient transmis aux leurs la bravoure, l’amour de la gloire et de la Patrie. […] Combien de temps a-t-il fallu attendre pour que des hommes fissent mieux des vers délicat que Madame Deshoulières, ou Madame de la Suze ? […] Du temps de César, les féroces Germains pensaient comme vous sur le compte de leurs femmes, ils les menaient à la guerre avec eux ; ils étaient bien plus sages alors qu’aujourd’hui, n’est-ce pas ?
Les personnes qui n’auraient pas le temps de s’exposer à l’ennui de lire en son entier, le présent ouvrage, sont prévenues qu’elles trouveront à la fin des Chapitres, une Table des Matières, qui les dirigera dans le choix des articles qu’elles jugeraient à propos de parcourir.
[FRONTISPICE] L'ANNEECHRESTIENNEou le sainct et profitable employ du temps pour gaignerl'EternitéOù sont enseignées diverses practiques et moyens pour s’occuper durant tout le cours de l’Année, conformement à l’ordre de l’année, inspiré par le S.
On se fit de tout tems un plaisir malin de relever les fautes de celui qui veut éclairer son siècle. […] M’aurait-on pardonné d’écrire sur le Poème dramatique, dont on a tant parlé, & qui a fait naître en tout tems un nombre infini de Volumes ; si je n’avais eu quelque chose de particulier à observer, si je n’avais eu des règles toutes neuves à proposer, ou du moins de nouvelles applications ?
Mais les tems sont changés. […] Aristote avait peut-être raison de son tems de prétendre qu’un Poète devait très peu s’occuper du Spectacle de sa Pièce, parce qu’il est étranger à l’action ; & que quand même il manquerait, le Drame serait toujours entier.
On sait, sur ce sujet la sévérité de l’ancienne discipline dont il est bon en tout temps de se souvenir. […] ae , on en trouve un de saint Césaire Archevêque d’Arles, où il répète trois et quatre fois, que celui « qui chasse pendant le carême : horum quadraginta dierum curriculo : ne jeûne pas encore, poursuit-il, qu’il pousse son jeûne jusqu’au soir », selon la coutume constante de ce temps-là : « il pouvait bien avoir mangé plus tard ; mais cependant il n’aura point jeûné au Seigneur : potes videri tardius te refecisse, non tamen Domino jejunasse » : ce saint écrivait à la fin du sixième siècle.
Que s'ils donnent des marques d'une pénitence sincère, les Prélats pourront abréger ce temps.
La peinture & la sculpture, compagnes inséparable du théatre, en firent dans tous les tems l’ornement & la décoration, & dans tous les tems y étalerent des figures indécentes. […] Le détail des obscénités grecques ne finit point dans les livres de Pausanias, & les obscénités romaines remplissent dix ou douze volumes de l’antiquité des tems du P. […] Heu fuge, sed nulla est jam fuga ; l’amour caché dans ce tableau, lance des traits, allume son flambeau ; ce n’est qu’une fille en peinture, mais n’en crains pas moins les blessures ; Properce regrette l’heureux tems où on ne connoissoit point ces peintures. […] Je suis persuadé que Terence a voulu se moquer des Dieux de son tems, dont toute la Réligion étoit un tissu de crimes les plus scandaleux. […] C’est le Costume & la simplicité des anciens tems.
Ce temps vraiment critique réveille la vigilance d’un pere ou d’une mere, autant qu’elle favorise la hardiesse & les entreprises d’un libertin. […] La dame angloise a-t-elle tort de dire que le temps des spectacles influe sur la conduite des amateurs ? […] Les libertins qui eurent la vogue tournerent si bien en ridicule tout ce qu’il y a de plus sacré, qu’on n’ose, depuis ce temps-là, en montrer la moindre apparence. […] C’étoit un temps de troubles : depuis Henri VIII. […] Que le compositeur, l’acteur, le spectateur sacrifient leur temps, leur argent, leur conscience à des contes de vieilles ?
Que n’ai-je le temps d’examiner toutes ses piéces sans ennuyer le Lecteur. […] Il faut de tems en tems soulager l’attention du Lecteur. […] Considerez aussi qu’il ne fait pas toujours un tems ni une saison propre aux jeux d’adresse. Les cartes et; les dez sont de tout tems et; de toute saison, comme les coteries. […] Il faut plier au tems.
Comme le temps est très-beau pour la saison, mon oncle reste à Passy : monsieur D’Alzan s’y rend tous les jours le matin, & revient dîner avec moi. […] Une circonstance contribua durant quelque temps à faire subsister dans sa première vivacité, le goût du Magistrat ; c’est que sa jeune épouse était obligée de rester auprès d’un père infirme & malade, qui l’avait priée de ne pas le quitter, qu’elle ne lui eût fermé les yeux. Monsieur de F*** demeurait dans un château à deux lieues de la Ville ; le mari y venait tous les jours ; mais comme il ne possédait sa femme que le tiers de sa vie, il n’avait pas le temps de se rassasier d’une vue si chère.
On voit que ce Concile ordonne les mêmes peines que les précédents ; cependant il est certain que l’Idolâtrie ne paraissait plus sur les théâtres, dans l’intervalle du temps qui s’est passe jusques à ce Concile. […] Aussi pour empêcher les fidèles de Paris, de se laisser entraîner par les compagnies aux Spectacles, on chante des Vêpres du saint Sacrement, pendant le temps que l’on représente ces Spectacles ; et c’est pour cette raison, qu’on appelle ces Vêpres, des Saluts. […] N’est-ce pas un assez grand mal que d’employer si inutilement le temps, et d’être aux autres un sujet de scandale ?
CONTENANT INSTRU- ction, et Resolution de la Question: ASSAVOIR, Si tels esbats, et passe temps sont per- mis aux Chrestiens.
Térence parut lorsque Rome était devenue plus polie ; et il se conforme à cette politesse de son temps. […] Que la Comédie a fait de chemin depuis ce temps-là ! […] Le Poète d’ailleurs se garde bien de mettre au même temps sur le Théâtre ces deux personnages si intéressés l’un à l’autre : il appréhende qu’ils ne lui deviennent des caractères trop délicats à manier et trop dangereux à exposer. […] Peu de temps après, Ben Jonson et Beaumont vengèrent dans leurs Vers l’Auteur de la Bergère fidèle. […] » On voit que dans ce temps-là l’obscénité n’était que du goût des petites gens.
Signé Dugono : Il est permis à M*** de faire imprimer la Réponse à la Lettre d’un Théologien défenseur de la Comédie, pendant le temps de huit années ; avec défenses à tous autres de contrefaire ladite Réponse, à peine d’amende, confiscation des Exemplaires, et autres peines portées par ledit Privilège.
Pendant trois siècles de massacres horribles, dans le midi de la France, elle encouragea le crime et les plus noirs forfaits ; plus terrible encore elle introduisit chez tous les peuples chrétiens, la noire inquisition dont les mystères feront à jamais frémir d’horreur ; et partout, et en tous temps, elle sema la discorde, anéantit l’égalité, en convoitant la suprématie et le despotisme, et abusa de ses privilèges, en les employant à satisfaire l’égoïsme et les mauvais penchants de ceux qui étaient appelés à la sanctifier. […] Ce n’est rien au fond que cet usage, et ceux qui reçoivent pour les choses saintes ne croient point les vendre, comme ceux qui donnent ne pensent point à les acheter ; ce sont peut-être des apparences qu’on pourrait cacher aux simples et aux indévots. » Et chacun sait, de notre temps encore, jusqu’a quel point on porte ces abus et cette usure.
Il a le contentement d’y considerer les tableaux de ses inclinations, les images des desirs, de l’amour, de la joye, de la haine, & des autres passions : les applications de tous ces mouvemens à des sujets differens, un mélange si bien disposé, qu’il laisse de la passion pour le retour des mouvemens que les Acteurs suspendent pour un temps, afin de recréer par la nouveauté de ceux qu’ils font paroistre. […] Prosper qui luy donne ce nom, sauva quelque temps sa teste des foudres de l’Eglise, & du mépris de ses disciples. […] S’ils doutoient de la santé d’un voyageur dans un temps de contagion, ils seroient obligez de le faire retenir jusqu’à une entiere assurance qu’on peut le laisser entrer dans le Royaume ou dans une Ville sans danger ; ils sont obligez de faire jurer, ou signer les personnes mesmes les moins suspectes pour soûlager les particuliers de l’apprehension & du danger d’estre trompez. […] Il s’est trouvé dans mon peuple des impies qui tendoient des pieges aux ames comme des oiseleurs, les Prestres frappoient des mains pour applaudir, les Magistrats n’ont pas remedié à ces dangers publics, comme je l’avois commandé, que feray-je à la fin des temps ? […] Les Magistrats défendent de joüer la Comedie dans le temps des Offices divins, ils ne souffrent pas qu’on joüe les jours de Feste, qu’aprés que le divin Service est achevé.
Ciceron pense de même, il n’approuve ni les poëmes dramatiques, ni les spectacles de son tems, qui n’étoient pas pires que les nôtres. […] Ciran fut enfermé, se trouvoit en même tems le fameux Jean de Vert. […] Moliere en faisoit pour sa femme, Voitaire pour la niéce, Racine, qui étoit naturellement acteur, exerçoit sa maîtresse, & en fit la plus grande actrice de son tems. […] Ces deux auteurs traiterent le sujet d’Heraclius, à peu près dans le même tems ; long-tems après, quand ces deux pieces furent imprimées, les curieux qui les comparerent, les trouverent si semblables, qu’on mit en problême, quel avoit été le plagiaire de l’autre ? […] C’est l’idée que donne, de cet événement comique & tragique, l’Avocat général, qui l’a le mieux connu, & dont la sincérité lui fait le procès à lui-même sur ses désordres, dans un tems où depuis plusieurs années la passion & la cabale avoit quitté la plume & le burin.
.), parle au long des parfums connus de son temps, dont il détaille un grand nombre leur espece, leur nom, leur origine, la maniere dont on les fait, leurs bons ou mauvais effets. […] Gregoire de Nazianze, un des grands hommes qu’ait eu l’Eglise par ses vertus & ses talens, n’étoit pas au goût du monde ni du Clergé de son temps, à cause de sa simplicité & de sa modestie. […] Lechassier & Pelletier, temps què je regarde comme le plus précieux de ma vie, puisque par une heureuse nécessité, j’y suivois sous de si bons guides les routes de la vertu. […] C., & regardent comme l’odeur du démon toutes les odeurs recherchées de la sensualité, dont elles font l’aliment & le signe, de qui on peut dire comme Pline, des femmes de mauvaise vie de son temps : Suavis odor transeunte fœminâ invitat . […] Les pierres précieuses, dit Pline, subsistent toujours, les habits, les meubles durent long temps ; mais les parfums expirent dans un instant : Margaritæ ad hæredem transeunt, vestes durant ; unguenta illicò expirant, & suis moriuntur horis.
Depuis ce temps la couronne de roses a toujours été la récompense de la plus sage Salencienne : toutes ont aspiré à l’honneur de la recevoir. […] Le grand nom de Seigneur justicier, que le regne féodal ne fit éclore que plusieurs siecles après, étoit inconnu de son temps. […] Cette institution a toujours été respectée, & depuis ce temps-là le Salenciens ont joui paisiblement du droit de couronner la plus sage de leurs filles. […] Musique à la mode, toute en arietes & papillonage, au goût du temps. […] Depuis ce temps-là la Rosiere & ses compagnes sont décorées de rubans bleus.
Que les temps sont changés, dit Freron (1763. […] ont-elles besoin de ce temps de faveur ? […] Bien plus, le malheur du temps, & la crainte de déshonorer bien des familles, ont arraché des arrêts qui défendent aux Magistrats municipaux de rechercher les femmes de mauvaise vie, à moins qu’elles ne soient publiquement livrées au premier venu. […] C’étoit le théatre de son temps dans la capitale ; c’est celui de tous les temps dans toutes les villes, par-tout on pourroit faire de semblables clefs. […] Mais à même temps quelle étonnante prodigalité elle suppose, que les seules étrennes vaillent à une danseuse dix mille livres !
Tertullien rapporte un fait arrivé de son temps, qui est fort semblable : Une femme possedée du Démon ayant été exorcisée, on demanda au Démon où & de quel droit s’étoit-il emparé de cette femme : Je l’ai saisie chez moi, dit-il ; elle m’appartient, je l’ai trouvée à la comédie. […] Aime-t-on la science légère qui éfleure tout, les Héros de tous les temps, sur-tout des temps fabuleux, remplissent la scène & les coulisses. […] Ces amusemens étoient devenus pour lui des affaires plus importantes que l’administration de la justice, & le gouvernement de l’Etat ; ils avoient leurs temps marqués, & remplissoient toutes les heures de la journée. […] Quelque temps après ce Prélat alla visiter les classes, selon sa coutume, pour examiner & récompenser les enfans ; il fut fort étonné de voir toutes les filles habillées de noir, il en demanda la raison : Monseigneur, lui dit-on, Zaïre est morte, nous en portons le deuil. […] L’oisiveté est sans doute un vice dans tous les lieux, tous les temps, toutes les professions ; mais en France & dans ce siecle le théatre en a fair un état.
On trouve dans tous les temps & tous les pays une foule d’ordonnances, de règlemens, d’arrêts, de canons portés pour le contenir, qui tous n’ont abouti qu’à retrancher pendant quelque temps les grossieretés outrées, à élaguer quelque branche de cet arbre pourri, mais à laisser subsister la racine, le tronc, les principales branches, ce qui n’a servi, comme dans les ardins où l’on a soin d’émonder les arbres, qu’à le mieux nourrir, à le rendre plus touffu, & lui faire porter plus de mauvais fruits. […] Comme s’ils ne pouvoient se montrer que dans une loge où on ne les voit pas à demi, dans un temps où on est attentif à la scène plus qu’à eux. […] Ce ne sont pas au moins les sept sages ; ils ont vécu en différens temps & en différens lieux ; ils ne tenoient pas compagnie à Socrate. […] Laberius, homme très-ordinaire, étoit un célèbre Pantomime, rival de Publius Syrus, qui étoit esclave de naissance, & le plus fameux Acteur de son temps. […] Par une noble émulation une autre troupe d’Actionnaires, mais simples bourgeois, s’est formée à même temps, & pour s’étayer de l’autorité du Prince, lui a fait entendre qu’on avoit empiété sur ses droits.
Jaques, à l'en-seigne du Temps et de l'Homme Sauvage.
Qu'on parcoure les tables de l'Histoire du théâtre, on verra que la plupart des titres des pièces dont on parle, même dans ces derniers temps, ne sont que des impertinences. […] diversifiées de mille manières, selon le goût et le caractère des lieux, des temps et des peuples. […] Comme un Prédicateur qui irait prêcher aux petites maisons, on dira de moi : « Souvent, comme Joli, perd son temps à prêcherab. […] Tous les interprètes pensent que David ne se dépouilla pas en entier, et ne parut pas nu devant le peuple et les femmes, qu'il quitta seulement ses habits royaux, son manteau de soie ou de pourpre, stola byssina, que lui donnent les Paralip. 1. 15. et ceignit sa tunique, qui était la chemise du temps, avec une ceinture de lin appelée ephed.
Pleræque enim earum, tamquam in numerosa multitudine diebus festis, cum adveniunt audituræ verbum Dei, per inscitiam lætitiæ spiritualis, se dedunt inhonestis disciplinis. » c’est-à-dire, de femmes et de filles Chrétiennes, qui par une indiscrète et fausse joie, qu’elles appellent spirituelle, dansent aussi d’une manière honteuse les jours des Fêtes, et dans le temps même qu’elles viennent dans les Eglises pour entendre la parole de Dieu. […] En ce temps même on ne voit aucune personne qui soit en réputation de prudence et de sagesse, qui n’ait de l’aversion pour les danses, et qui n’en éloigne autant qu’elle peut tous ceux de sa maison. […] est-il possible que l’on tolère dans l’Eglise de Dieu un libertinage si horrible, et que l’on voie des écoles publiques de lubricité, et des assemblées où se font des trafics infâmes, et où se concluent les desseins des impuretés les plus abominables, et des adultères, même les jours des Dimanches et des Fêtes, et encore plus particulièrement dans le temps que l’Eglise a destiné pour remercier Dieu du bienfait inestimable de la naissance de son Fils, et depuis la Septuagésime jusques au Carême, c’est-à-dire lorsque suivant les intentions de cette même Eglise, nous devrions être occupés à pleurer nos péchés, et à nous disposer à obtenir la grâce d’une parfaite pénitence.
Faites donc votre accord tandis qu’il en est temps avec ce pieux adversaire, de peur qu’il ne vous livre un jour sans retour à vos véritables ennemis, ministres de sa justice. […] Examinez (le cas est assez important) les principes et les raisons de ces illustres Docteurs de l’Eglise, et voyez si elles ne portent pas autant sur les comédies d’à présent que sur celles de leurs temps, est-ce contre l’idolâtrie seule et les impudicités manifestes qu’ils tonnent le plus ? Ces choses portent leur condamnation avec elles, c’est contre cette dissipation, cette perte de temps prodigieuse, tout ce jeu de passions qui en produisent de pareilles, à ces larmes arrachées par leur vive image, cette impression contagieuse de nos maladies, ces parures, ces chants efféminés, ces yeux pleins d’adultères, cet enchantement du spectacle, cette agitation violente d’un cœur qui doit être le sanctuaire de sa paix, ces éclats de rire si peu convenables à des Chrétiens qui sont captifs sur le bord des fleuves de Babylone, et doivent attendre à tout moment la décision de leur sort éternel, en un mot tout cet amas de périls que les théâtres réunissent dont un seul est suffisant pour perdre une âme dans l’état de faiblesse où le péché de notre premier Père nous a réduits.
S’il paraît négliger pour un temps, les moyens d’accélérer notre perte, il saura les employer, quand il en trouvera l’occasion favorable. » « Et, quand il serait vrai que la Comédie ne fit aucun effet sur certains esprits, pourraient-ils s’en faire un divertissement innocent, et croire qu’ils ne sont point coupables en y assistant ? […] Qu’il aille plutôt à la Comédie : au retour, je m’en rapporte à lui. » La Mothe, dans le temps où il travaillait encore pour le Théâtre, fait cet aveu public, dans son discours sur la Tragédie. […] Guidé par la Foi, ce flambeau éternel devant qui toutes les lueurs du temps disparaissent, devant qui s’évanouissent toutes les rêveries sublimes et profondes de nos faibles esprits-forts, ainsi que toute l’importance et la gloire du bel esprit ; je vois, sans nuage et sans enthousiasme, que les Lois sacrées de l’Evangile et les maximes de la morale profane, le Sanctuaire et le Théâtre, sont des objets absolument inalliables. […] Après avoir apprécié, dans la raison, ce phosphore qu’on nomme l’esprit, ce rien qu’on appelle la renommée, ce moment qu’on nomme la vie ; qu’il interroge la Religion qui doit lui parler comme à moi ; qu’il contemple fixément la Mort ; qu’il regarde au-delà, et qu’il me juge… Le temps vole, la nuit s’avance, le rêve va finir : pourquoi perdre à douter ou à délibérer, le seul instant qui nous est laissé pour croire et pour mériter ? […] Cela était assez vrai, dans le temps où ecrivait Riccaboni.
Peut-on plus mal prendre son tems ? […] Moliere ne les introduit que dans ces occasions ; il a joué les Marquis ridicules de son tems, que nous appellons petits maîtres, il n’a jamais prétendu ni pu prétendre ridiculiser le titre de Marquis, de Comte, qui est un titre distingué. […] Le vice en action est donc plus dangereux que tous les Peres de l’Eglise, tous les Prédicateurs, tous les Pasteurs ne peuvent être utiles ; Ainsi ces infâmes troupes d’hommes & de femmes, qui vendent leur tems, leurs talens, leur personne à la corruption publique, nourrissent, exaltent, allument dans les cœurs toutes les passions. […] Les comédiens, à Bordeaux & à Toulouse, sont obligés de donner une représentation pour l’hôpital ; ailleurs on a d’autres manieres de les rançonner : à Toulouse l’hôpital choisit le tems ; c’est ordinairement le carnaval, & la piéce, toujours sort libre, double moyen d’avoir du monde. […] Ce mêlange de sacré & de profane, ce choix du tems & des piéces sont aussi sans doute le fruit de la charité.
Homère ouvrira la Scène, vu qu’il est le premier en date pour l’ordre du mérite aussi bien que pour celui des temps. […] » On voit qu’en ces temps-là c’était une insolence extrême que d’insulter au Sacerdoce, et aux dépositaires de la Religion. […] Le Sacerdoce fut chez eux restreint pendant quelque temps à l’ordre de Patriceak, c’est-à-dire de la plus haute noblesse. […] Mais je viens à des temps et à des pays plus connus. […] Les affaires du temps présent sont-elles plus pressantes que celles de l’éternité ?
Approbation des Docteurs Le but que s’est propose l’Auteur du Livre qui porte pour titre, Histoire et Abrégé des Ouvrages Latin, Italien et Français, qui ont paru dans ce Siècle, pour et contre la Comédie et l’Opéra, est de détruire les raisons de ceux qui croient ces Spectacles permis, et d’appuyer celles de ceux qui les condamnent ; ce qu’il fait par des réflexions solides tirées de l’Ecriture des Pères, et de la conduite de l’Eglise dans tous les temps.
Car aiant reconnus que le Poëme renfermoit beaucoup de choses, qui ne pouvoient être representées sur la Scène, & que souvent tous les Acteurs disparoissoient pour faire ailleurs des actions qui demandent quelque tems ; ils se sont avisés d’employer à cela cet espace, qui distingue les Actes. […] Il lui faut du tems pour se remettre dans la situation qu’il a perdue, & qui ne lui est pas moins nécessaire pour ressentir les impressions du jeu Théâtral, qu’à l’Acteur lui-même pour la produire.
On choisissoit des forêts, des lieux déserts ; on prenoit le temps de la nuit, pour inspirer plus d’horreur, par la solitude, le silence & les ténebres, pour être plus libre, & mieux cacher les infamies qui s’y introduisirent ; on y venoit en foule, on y dansoit, chantoit, s’enivroit ; il s’y trouvoit des libertins, des mendians, des voleurs, quelques personnes de bonne-foi dont on avoit surpris la crédulité : voilà le Sabbat. […] Le Théatre dans tous les temps s’est emparé de la religion & des mœurs, & a beaucoup influé dans l’un & dans l’autre : il ne s’est emparé de la Religion que pour corrompre les mœurs ; dans cette vue, il a favorisé les fausses religions qui en sont la corruption, il a ridiculisé & défiguré la véritable qui en maintient la pureté.
Ce n’est pas seulement en portant la parole que l’Acteur doit éxprimer les passions du Personnage qu’il représente ; il faut qu’il se persuade que pendant le tems qu’il est sur la Scène, tout ce qui s’y passe ne saurait lui être indifférent : ne serai-ce que dans l’instant qu’il parle, qu’il doit paraître ému, agité ? […] On ne saurait donc trop recommander aux Comédiens en général, de jouer pendant tout le tems qu’ils sont sur la Scène, soit en parlant, soit lorsqu’ils écoutent ce qu’on leur dit : qu’ils prennent garde à ne pas rester immobiles & sans mouvemens dès qu’ils ont débité les paroles de leur role.
Il est donc naturel que l’on chérisse un genre de Drame qui console en même tems qu’il réjouit. […] Il ne faut point se transporter dans les tems reculés de l’histoire, ni parcourir de vastes contrées, pour mieux connaître les Hèros qu’elle fait agir ; ses Personnages sont copiés d’après des originaux qui vivent parmi nous : on croit voir agir & entendre parler des personnes que l’on fréquente chaque jour.
Nous avons employé le temps qui nous restait jusqu’à huit heures, à préparer notre dénoûment. […] Durant cette perplexité, le temps s’écoulait fort vîte ; huit heures sonnent à la Pendule : je m’écrie qu’elle va mal ; mais les Montres s’accordent avec elle, & les Porteurs mandés pour la même heure sont à la porte.
Elle est la plus large, je vous l’avoue, et la plus fréquentée, mais Dieu a néanmoins ses Serviteurs dans tous les temps qui ne fléchissent point le genou devant l’Idole de l’ambition, qui vont aux honneurs par la voie de l’humilité, et qui s’y trouvent élevés sans qu’ils les aient recherchées. […] La nouvelle qu’on lui en porte le surprend, il ne l’accepte point d’abord, il demande du temps pour se résoudre.
D’ailleurs, il n’est pas certain que ce décret, qui était dirigé contre ceux qui prenaient part aux spectacles des païens, soit applicable ni aux acteurs du moyen âge, ni aux acteurs des temps modernes ; et il n’est guère plus certain qu’il s’agisse ici d’une excommunication à encourir par le fait, ipso facto. […] Si, après avoir recouvré la santé, l’acteur a recours à la décision de l’évêque, celui-ci verra dans sa sagesse, eu égard aux circonstances et aux dispositions du sujet, s’il doit exiger absolument qu’il abandonne le théâtre, aussitôt que possible ; ou s’il est prudent de tolérer qu’il le suive encore plus ou moins de temps, tout en lui indiquant les moyens à prendre pour se prémunir fortement contre les dangers inséparables de sa profession.
La nature étant la même par-tout, & dans tous les hommes, savans & ignorans, grands & petits, peuple & non peuple, il n’était pas possible qu’avec le tems, les Spectacles n’eussent pas lieu dans la société humaine : mais de quelle espèce devaient-ils être, pour faire la plus grande impression de plaisir ? […] Mais lorsqu’il s’agit de se former une idée des véritables inconvéniens des Spectacles, si l’on ne fait que consulter les Livres, on s’expose à se tromper, en copiant ce que le préjugé, un faux zèle, ou l’intérêt ont fait avancer de tout temps aux Misomimes* ; gens dont on peut dire que les griefs n’ont été jamais accompagnés de cette justice qui pouvait y donner du poids. Ils ont tous envisagé le Théâtre comme dangereux, non-seulement par ses Pièces, par la Musique, par les Danses, par le temps que les Spectacles consument, mais encore par le plaisir qu’ils procurent au Spectateur : c’est ainsi que par un excès de sévérité, ils n’ont fait que révolter l’homme raisonnable, qui sait bien qu’il peut se réjouir sans crime, que le plaisir est un don du Créateur, & qu’en prendre avec la modération convenable pour ne pas le détruire, c’est user du plus incontestable de ses droits. […] Monsieur De Voltaire pense bien différemment ; on l’a vu plus d’une fois attribuer modestement le succès de ses Pièces au zèle & à la bonne volonté des Acteurs, qui les portaient à se surpasser eux-mêmes : monsieur Diderot reconnaît de même l’excellence de leur talent, la part qu’ils ont à la réussite des Drames ; & cet estimable Auteur fait aujourd’hui mieux que jamais (on écrivait ceci dans le tems de la Reprise du Père-de-famille) que le mérite des Acteurs double celui de la Pièce. […] Les Ministres les plus avoués de cette Religion atrabilaire, privent les peuples qu’ils se sont asservis, de ces divertissemens honnêtes, où la Jeunesse des bourgs, dans les temps qui suivirent la création, retraçait aux yeux des Vieillards le printemps d’une vie que les glaçons de l’âge allaient éteindre ; où de jeunes filles, quittant pour un moment la contrainte ; acquéraient des grâces & de la souplesse.
On se fait en mesme temps une conscience fondée sur l’honnesteté de ces sentimens ; & on s’imagine que ce n’est pas blesser la pureté, que d’aimer d’un amour si sage.
Tout au théatre est opposé à la sagesse, le ris dissolu, la pompe diabolique, la dissipation, la perte du temps, l’aliment de la concupiscence, les préparatifs du péché, les pensées d’adultère, le collège des vices, l’école du péché, l’aiguillon de l’intempérance, l’exhortation à l’impureté, l’exemple, l’occasion, la facilité de la dissolution. […] Il faut pour la maladie ou la guérison du corps un certain temps ; mais la volonté fait dans un instant le bien ou le mal. […] On pourroit ajouter une foule d’autres passages sur les objets qui tiennent à celui-ci, sur les maximes de l’Evangile qu’ils proscrivent, sur les vertus qu’ils condamnent, sur les vices qu’ils favorisent, sur la chasteté qui y fait naufrage, sur l’humilité dont il méprise la bassesse, sur la charité dont il éteint les feux, sur la foi dont il affoiblit la soumission, la mortification dont il redoute les rigueurs, la pauvreté dont il abhorre les besoins, la piété dont il desseche l’onction, la patience dont il ne peut souffrir l’égalité, la fidélité conjugale dont il se fait un jeu, en un mot toute la religion dont il renverse jusqu’au fondement ; sur la vengeance dont il allume les fureurs, la vanité dont il exalte les délires, sur le luxe & le faste dont il étale les excès, sur la médisance dont il verse à grands flots le poison, sur l’immodestie des parures dont il présente le modelle, sur le mépris des parens dont il donne des leçons, la jalousie dont il répand le motif & le germe, l’oisiveté à laquelle il consacre tous les temps de la vie, la fourberie dont il enseigne les artifices, l’irréligion dont il seme le goût & les principes, en un mot le corps entier du péché dont il établit puissamment l’empire.
diriés-vous, l’état que j’ai embrassé dans le Baptême, exige de moi une vigilance si exacte, un courage si infatiguable, des exercices si saints, une retenuë si grande, une haine du monde si absoluë, un amour de Dieu si universel : une legere partie de ce tems qui m’a été donné pour travailler à mon salut, ou passé inutilement, ou emploié à des choses profanes, est capable de me rendre un serviteur criminel, ou du moins inutile. […] Je suppose que ce soit ici nôtre derniere heure à tous : (car je ne m’en exempte pas moi-même) que les Cieux vont s’ouvrir sur nos têtes, que le tems est passé, & que l’éternité commence : que Jesus-Christ va paroître pour nous juger selon nos œuvres, & que nous sommes tous ici pour attendre de lui, ou le coup de grace, ou le coup de mort. […] le tems de la captivité finira, ô mon Dieu !
la Ménardiere, Auteur d’une Poètique fort estimée de son tems, est l’Inventeur du mot à-parté, qui fait en France une si grande fortune. […] L’Abbé d’Aubignac donne aux Poètes un conseil qu’ils devraient mettre à profit, ils préviendraient les inconvéniens que j’ai fait observer ; « qu’un Acteur, dit-il, ne puisse entendre que quelques mots d’un Monologue, & que celui qui parle tout seul élève tems en tems la voix, comme si la passion l’obligeait d’éclater32 ».
L’Auteur y suit le précepte de saint Charles Borromée, & il allegue à la premiere lettre les Péres de l’Eglise, que Dieu nous a donnés après l’Evangile pour être la juste regle de nos actions : il en rapporte les dicisions contre la Comedie de leur tems, dont la censure convient fort au Theatre de nos jours.
Tôt tôt tôt soyons contens, Il vient un temps Qu’on est trop sage.
Il leur semble peut-être que le temps est mauvais, parce que presque dans toutes les Villes les Théâtres, ces lieux infâmes, où l'on fait une profession publique de l'impureté, tombent en ruine, d'où vient cela, sinon de la pauvreté, qui ne leur permet pas de réparer ces lieux qu'ils avaient bâtis autrefois avec une profusion honteuse et sacrilège ? […] Quiconque vit bien et ne se laisse pas emporter aux tempêtes du temps, montre qu'il attend cette gloire, et qu'il mérite de la recevoir. […] L'Eglise est vide en peu de temps, et en moins de temps encore le lieu qui reçoit les Spectateurs au Théâtre est rempli.
Bernardin se plaint avec feu d’une chose qu’il dit fort commune de son temps en Italie ; ce sont les queues traînantes des robes des femmes. […] on ne peut souffrir les habits longs, qui de tout temps avoient regné en France, & qui regnent encore en Orient, qui ont leur commodité & leur grace, & sont beaucoup plus décens. […] On ne les connoissoit pas dans les premiers temps de la Republique. […] Les folies sont de tous les temps & de tous les lieux. […] Le salut le plus respectueux qu’on a fait aux Grands, dans tous les temps a été non seulement de plier les génoux, & courber le corps, mais de se prosterner tout du long devant eux, de ramper, de se trainer.
L’Assemblée du Clergé qui excitée par le zèle des Magistrats donna peu de temps après son grand avertissement sur l’incrédulité, ne parle pas du Théâtre dans le long détail des sources & des effets de l’irréligion : ne pensons pas que celui qui tenoit la plume fasse plus de grace à la scene. […] De ses édifians corollaires comment distiller ce précieux élixir de ses premieres farces faites en province, & retouchées à Paris dans un temps où la Bejar avoit bien démonté son systême philosophique, je n’ose pas dire chrétien, on n’ose pas même prononcer ce nom en parlant de Moliere. […] Dans le même temps les Athéniens pillerent le Temple de Delphes, ils employerent des trésors à embellir les spectacles. […] Elle ne convertit pas tout le monde, mais elle en a beaucoup econverti dans tout le temps, elle en convertit encore, elle a rendu le monde chrétien, elle maintient la religion, & ce qui reste de vertu. […] Nous en conclurons sans balancer, que l’Académie Françoise, dans le temps que ces deux grands hommes en étoient les oracles, n’auroit pas donné pour sujet du prix l’éloge d’un Auteur que ses ouvrages doivent faire détester de tous les gens de bien.
Il faut avoir des yeux pour pouvoir l’admirer : car sans yeux on ne l’admirera pas ; de même, il faut avoir un cœur pour sentir et apprécier la Vertu, car sans son cœur sensible et disposé à la trouver belle, on en ferait en vain le portrait le plus flatteur et le plus flatté. » Le grave Muralt ni vous n’avez entendu selon moi ce passage d’Aristote : « Comœdia enim deteriores, Tragœdia meliores quam nunc sunt imitari conantur. »bn Voilà comme je crois qu’il doit être expliqué et entendu, car la Tragédie doit représenter les hommes comme meilleurs, et la Comédie comme plus vicieux qu’ils ne sont ordinairement, où qu’ils ne le seraient dans le temps préfixe qu’ils occupent la scène. […] On doit faire la même chose par rapport aux Héros qu’on veut représenter et leur faire faire, dans l’espace de temps qu’ils sont en scène, plus de belles actions, et dire plus de belles choses qu’il n’est probable qu’ils n’en feraient et qu’ils n’en diraient dans le court espace de temps qu’ils occupent la scène. […] Deux ou trois ans s’écoulèrent depuis ce bel exploit : j’avais pendant ce temps fréquenté assidûment les spectacles, j’avais lu d’excellents critiques, enfin j’avais appris à rougir de l’impertinence de ma censure, et à chérir les ouvrages de M. de Voltaire autant qu’ils le méritent. […] Je jouissais du temps le plus heureux de ma vie ; le bonheur d’être instruit par M. de Voltaire mettait le comble à ma félicité ; il me fit un envieux, un faquin que nous avions banni de notre société pour des raisons très importantes, faquin que je nommerais s’il vivait encore et s’il n’avait payé de la vie en Hollande son impudence et sa fatuité, eut l’indignité de communiquer à M. de Voltaire cette critique de Nanine en question : il mesurait l’âme de ce grand homme sur la sienne, et s’était imaginé qu’un égarement de jeunesse, une rhapsodie d’enfant allait déconcerter son amour-propre : il arriva tout le contraire.
Il est bien plus étonnant que de pareilles idées n’aient inondé Rome et tout l’empire ; mais le Romain, naturellement grand, sage, vertueux, a toujours méprisé les Comédiens, et dans le temps même où la Grèce et l’Asie, portant l’ivresse jusqu’au comble, ne rougissaient pas d’honorer le théâtre, ce fonds de grandeur, de sagesse et de vertu, non seulement a laissé dans la roture cette vile engeance, mais l’a authentiquement couverte de la tache ineffaçable d’une infamie légale. […] C’est un prodige ; mais un prodige plus grand encore, ce sont les mœurs de Roscius, que Cicéron dans l’Oraison pro Quintio, loue si finement en deux mots qui peignent au naturel et l’Acteur et la profession : « Roscius, dit-il, a un si grand talent pour le théâtre, qu’il ne devrait jamais en descendre, et tant de probité et de vertu qu’il n’aurait jamais dû y monter. » Le livre 15 du Code Théodosien est presque tout employé à régler la discipline des théâtres, et chaque loi par les termes les plus méprisants semble n’être faite que pour marquer l’horreur qu’on en avait eue dans tous les temps : « Turpis conversatio, vulgaris vita, hac macula, hujusmodi fœces, scenicum prejudicium, etc. » Le Code Justinien, les Novelles, tous les Jurisconsultes, loin d’adoucir les expressions, semblent n’en trouver pas d’assez fortes. […] Marguerite de Valois, sœur de François I, et Reine de Navarre, composa six pièces de théâtre, qu’elle appelait Pastorales, deux Farces, et quatre Mystères ou Moralités dans le goût du temps. […] La joie y est courte et bien petite, on y perd beaucoup de temps. […] La voici, elle fera connaître le génie de l’Auteur, on y trouvera de très bonnes choses sur la comédie et les Comédiens de tous les temps.
Divertissez-vous, mais innocemment ; non dans des plaisirs dangereux et criminels, mais modérément, sans passion et sans excès ; mais sagement, sans dissipation et folie ; mais chrétiennement, en Dieu et en sa présence, « gaudete in Domino, semper in conspectu Dei » ; en tout temps, en tout lieu, en toute espèce de divertissement, « in Domino semper ». […] Du moins les Auteurs et les Acteurs appellent du jugement du public, et se plaignent de son injustice, et n'ont pas toujours tort ; mais sans entrer dans tous ces procès, plus nombreux que ceux du palais, et qui n'en valent ni le temps ni la peine, il en résulte que le spectacle est le séjour des passions, mais non pas celui de la joie. […] Aussi les rôles les plus amusants, qui font le plus de plaisir au public, sont ceux de Valet, de Soubrette, d'Arlequin, et dans tous les temps l'Opéra Comique, le théâtre de la Foire l'a si bien emporté sur la Comédie Française, qu'il en a excité la jalousie, et essuyé mille querelles. […] Quelle place, quel temps reste-t-il aux pensées, aux discours pieux, quand tout est livré à la bagatelle ? […] Si l'on eût vu des Chrétiens au spectacle, les Molière du temps en auraient fait les plus plaisantes scènes.
Cependant, comme ces sujets d’une loüange eternelle, demandent beaucoup de temps V.
Car si la justesse & le déssein y sont oubliez ; si le raport des parties avec le tout n’y est exactement observé ; enfin, si le jugement ne regne par tout, quelque beauté que la rencontre, le temps, le soin, & la dépense, puissent aporter à ces divertissements, l’extravagance n’en est point plus excusée, & le plaisir en est beaucoup diminué.
« Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions, Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.