L’auteur, qui a consulté des Avocats, a pris la voie légale, pour les obliger à la jouer. […] Son amant la quitte impitoyablement pour prendre à l’Opéra la célebre Amélie. […] Le Journal de Trévoux, de qui nous avons pris cet extrait, doit avoir bien du courage. […] Ce genre de réparation a été pris de Boileau dans sa Satyre IX. […] Le Conseil soussigné, qui a pris lecture du Mémoire ci-dessus, est d’avis de ce qui suit.
Si quelques Auteurs du Théâtre Français voyent mourir leurs pièces à l’instant qu’elles viennent de naître, c’est qu’ils n’ont pas sçû démêler si l’événement qu’ils prenaient pour leur action plairait aux Spectateurs, ou les révolterait. […] L’éxemple des Grecs devait plutôt nous faire ouvrir les yeux : c’était toujours parmi eux qu’ils prenaient les actions de leurs Drames. […] M. de Belloi, éclairé par les éssais & par les réfléxions de ce grand homme, a composé de nos jours un Poème qui ne doit peut-être son prodigieux succès qu’à l’heureux choix de son sujet, pris au milieu de la Nation. […] On personnifierait l’idée que nous avons des Riens ; dans chaque Scene on verrait des Riens qui prendraient des formes différentes. […] Il est étonnant qu’on laisse prendre à la Tragédie plus de libertés.
Il n’est ni de mon objet ni de ma compétence d’examiner ce systême destructeur ; je me borne à la part qu’y prend le théatre : il y joue son rôle, jamais il n’aima une vie qui lui est si opposée. […] Tout cela doit avoir été pris de quelqu’une des nuits d’Yong, pour faire peur. […] C’est qu’il est pris sur le fait par la mère & deux Religieuses. […] Le Moine la voyant si résolue, prend son parti, fait des reproches à la mère, & un dernier compliment à la fille, à qui seule il attribue sa conversion : Je t’obéis bien plus encore qu’à Dieu. […] Il peint son crime par des traits qui en justifieroient le châtiment : J’ai pris pendant dix ans pour la religion, pour de saints mouvemens, mon feu, ma passion : Lorsqu’à Dieu j’ai cru rendre hommage, c’étoit toi, c’étoit toi dont j’adorois l’image.
Ordinairement on le choisisoit entre vne coline & vne riviere, soit en faveur des regardans éloignez, qui se tenant sur les diverses hauteurs voyoient pardessus la teste des plus proches, tout ce qui se passoit au milieu du Cirque ; soit pour borner la longueur des courses, ou la suite des poltrons : de sorte que ce grand espace destinée aux jeux estoit pris en forme d’ovale, environ deux tiers plus long que large, toutefois sans perdre absolument la forme spherique & disposée en rond. […] Le jour pris & indiqué, les invitez de qualité & qui pouvoient honorer l’assemblée se rendoient au Capitole. […] mais sans prendre à tâche de refuter des sentimens arbitraires, ny de prendre party pour ou contre les uns ou les autres, je crois que c’est le plus court de s’atacher au plus vraysemblable. […] Ils immolerent sans reserue & sans choix sur les tombeaux de leurs amis, tous les esclaves qu’ils avoient pû prendre à la guerre. […] , de l’un ils blessoient, & en cas de besoin, ils s’en servoient pour tuer leur ennemy ; mais la gloire de leur attaque consistoit à jetter si adroitement & si à propos le Iacque-de maille, qu’ils peussent enveloper leur ennemy & le prendre vif.
L’Acteur auparavant faisoit un récit pour laisser au Chœur le tems de se reposer : le Chœur, dans la suite, ne chanta plus que pour laisser reposer les deux Acteurs : ainsi il devint intermede ; l’Action mise en dialogue eut plus d’étendue, & le Chœur qui en étoit témoin, y prit intérêt. […] Les Comédiens prirent des masques très-difformes, afin que les personnes puissantes qu’ils avoient à craindre, ne s’imaginassent pas y trouver leur ressemblance. Eschyle, pour annoblir son spectacle, fit prendre à ses deux Acteurs des robbes traînantes, les éleva en exhaussant l’endroit de la scene sur lequel ils parloient, & les éleva encore par le cothurne, qui étoit une chaussure haute. […] Dégoûté du séjour d’Athenes, il alla mourir loin de sa Patrie, qui prit le deuil, quand elle apprit la nouvelle de sa mort, & redemanda sa cendre qui ne lui fut point accordée. […] Lorsque les Scythes la prirent sous Claude II, ils étoient prêts à mettre le feu à un grand amas de Livres.
On prend au théâtre ces chevilles indécentes pour des beautés, & ce n’est que stérilité de génie. […] Le Peintre est ordinairement le premier pris dans ses filets. […] Voyant la jeune Laïs, il fut frappé de sa beauté, & la prit chez lui, pour servir de modele à ses tableaux. […] Le théatre en fait une autre espece d’apothéose, il a pris ces infamies pour le sujet de ses piéces. […] Dans le procès qu’elle eut avec son mari, qui la reclamoit, elle l’accuse d’être dévot, & en prend une raison de divorce.
Le modeste Abbé Schrone répond que ce n’est pas à la foible colombe à entrer dans le nid de l’aigle, dont il ne peut prendre l’essor. […] N’eût-il pas été plus filial de prendre tous les frais sur le fond de la troupe, qui sont l’héritage d’un si bon pere ? […] Si ou n’eût pas voulu les prendre tout d’un coup, on pouvoit partager la levée en plusieurs années, on le pouvoit aisément. […] Le premier acteur, sans récueillir les suffrages, prend la parole, à la fin de la piéce, c’étoit dans son rôle, s’érigeant en juge souverain, il prononce sur son mérite, & la déclare digne de la plus brillante couronne, une couronne de laurer descend du Ciel, le premier acteur la reçoit, & la pose sur la tête du poëte, qui s’y étoit préparé, & l’attendoit avec humilité ; il la reçut avec joie. […] Il avoit craint cet événement, & en homme avisé, il avoit pris des mesures pour s’assurer des suffrages ; il en vouloit de bruyans qui pussent couvrir le bruit des sifflets, par un plus grand bruit.
Je ne sais où il a pris ce fait, ce nombre précis, ces circonstances qui n’ont aucune vrai-semblance. […] Tout est consterné dans Rome, les Magistrats & le peuple prennent le deuil, les boutiques sont fermées, &c. […] Mais l’Auteur, qui ne s’embarrasse guère du conseil de l’Ange, & ne craint pas le démon Asmodée, laisse prendre l’essor à son imagination. […] Les Rois d’Espagne & de Portugal se disputant le nouveau monde, prirent le Pape pour arbitre, & le Pape en amiable compositeur partagea le différent par une ligne de démarcation. […] Les Auteurs ont dit qu’on pouvoit tuer un tyran qui usurpoit l’autorité souveraine, & ont pris pour exemple César tué par Brutus, Eglon par Aod, Holopherne par Judith.
Voilà George Dandin, qui a fait la sottise de prendre une femme plus noble que lui. […] Piece médiocre, quoique l’intérêt que l’on prend au fonds, la donne pour un chef-d’œuvre. […] A le bien prendre, les titres de sa gloire ne sont que le monument de l’infamie de sa personne & de sa conduite. […] Tels sont les exploits des Conquerans de l’Amerique, que l’artillerie fit prendre pour des Dieux. […] On a pris pour prétexte que le Vauxhall n’étoit point autorisé par lettres patentes enregistrées en la Cour.
Si les jeunes Athéniens devenaient débauchés après cela, ils ne pouvaient pas s’en prendre aux Tragédies qu’on leur représentait, puisqu’ils ne voyaient rien dans ces Tragédies qui autorisât leurs débauches. […] Mais je ne voudrais pas aussi que sa faiblesse allât jusqu’à prendre de l’amour. […] Vous le verriez prendre, sur le point de mourir, le parti de son Persécuteur, contre ses propres amis, qui voulaient non seulement le tirer des fers, mais encore le mettre à la place de ce Tyran. […] Mais nous attendrons peut-être encore longtemps avant qu’il prenne une résolution si extraordinaire. […] De quelque manière que vous preniez ce que j’ai dit, vous ne pouvez nier que ce serait une chose fort à souhaiter que l’on pût réussir dans la Tragédie sans Amour.
« Il n’y a peut-être point de gens, dit Bayle, qui puissent se donner plus de carrière, en fait de maximes impies et libertines, que ceux qui composent des pièces de théâtre ; car, si on voulait leur faire un crime de certaines licences qu’ils prennent, ils ont à répondre qu’ils ne font que prêter à des profanes ou à des personnes dépitées contre la fortune les discours que le vraisemblable exige. […] Ceux-ci prennent du dégoût pour des mystères qu’ils voient tourner en ridicule, du dégoût ils passent au mépris, du mépris à l’incrédulité.
Ovide lui-même, que l’on ne prendra pas pour un casuite fort sévère, nous montre ce qu’il pensait de la Comédie. […] Il ne faut que peser leurs termes, et les prendre dans le sens le plus naturel, pour y reconnaître toute la force du précepte. […] Les impressions vives et touchantes dont nous prenons l’habitude, sont-elles bien propres à modérer nos sentiments au besoin ? […] Prenons le plus parfait auteur comique, dont les ouvrages nous soient connus. […] Son plus grand soin est de tourner la bonté et la simplicité en ridicule, et de mettre la ruse et le mensonge du parti pour lequel on prend intérêt.
Elle prit un quartier separé de sa maison, en fit une chapelle qu’elle consacra à la pudicité, & y fit toutes les fonctions du sacerdoce. […] Elles ne peuvent sortir de leur maison lorsqu’il fait soleil, ou si elles y sont absolument obligées, il leur faut prendre mille précautions gênantes. […] On prend au théatre le ton & l’habitude de la fatuité, & on la porte par-tout. […] Elles travaillent avec hardiesse & avec feu ; & quand on les met aux prises avec l’ennemi ; elles combattent avec une sainte fureur. […] Quelques Princesses recommandables par la chasteté, ont pris cette dévise ; & il n’y a point de Chrétien, qui ne s’en fasse gloire.
.), qui croit même qu’on peut aller jusqu’au péché mortel, par le plaisir que l’on y prend. […] 38.), défend la comédie aux Ecclésiastiques par diverses raisons prises de l’Ecriture et de leur état, et assure que les mêmes vérités regardent les laïques : « Cum ab omnibus Christianis, juxta Apostoli documentum, scurrilitas et statiloquium sint cavendæ, multo magis Sacerdotibus, qui aliis exemplum et condimentum salutis esse debent. […] On se scandalise de le voir au théâtre, et on l’y sollicite, et on le traite de scrupuleux, s’il s’en abstient ; il lui inspire son esprit, et le blâme de le prendre ; il condamne sa modestie, et ne peut souffrir le saint usage de ses biens. […] Si on avait pris cette précaution, on n’aurait point vu les Abbés de Pure, Boyer, Bois-Robert, d’Aubignac, Pélegrin, se déshonorer par leurs pièces dramatiques, lesquelles même par une nouvelle indécence étaient souvent plus libres que les autres. […] Dans les provinces, soit qu’il y reste plus de retenue et de timidité, soit qu’on y soit moins libre et plus observé que dans l’immense forêt de la capitale, le Clergé n’a pas encore si bien pris les leçons du monde ; il paraît peu au théâtre.
Ils sont partout en si grand nombre, que les salles seraient toujours pleines ; mais il s’en faut bien que ce plaisir soit celui que ces gens-là prennent ; il est trop délicat pour des goûts grossiers et corrompus. […] Une honnête fille qui voudrait ne vivre que de ses talents et non de son libertinage pourra-t-elle prendre ce parti ? […] Les remèdes, pris à propos, sont utiles ; appliqués ou pris sans raison, ils se convertissent en poisons. […] C’est le talent d’un Prédicateur qui prend la place d’un Apôtre, se passionne de sang-froid et dit souvent autre chose que ce qu’il pense, aussi naturellement que s’il le pensait. […] Que penseriez-vous de la maladresse d’un filou qui commencerait par montrer aux gens de quelle manière il s’y prendra pour les tromper ?
Le génie, ennemi de la contrainte, se réfroidit, s’abaisse, dès qu’on ne lui laisse pas prendre un libre essor. […] Cette haute idée d’eux-mêmes, échauffoit leur esprit ; ils n’avoient pas, comme ceux qui les ont suivis, de précautions à prendre pour ne pas ressembler, n’y d’efforts à faire pour trouver dans des sujets rebattus, des faces nouvelles, & capables de donner à leurs ouvrages, cet air de fraîcheur qu’on exige même de nos jours. Il n’y a point d’Ecrivain qui, en traitant des matieres neuves, n’ait senti plus de feu & plus de facilité que dans des sujets pris avant eux. […] La gloire des Romains étoit passée ; l’esprit avoit pris la place du génie, la pointe, l’affectation, celle du merveilleux & du sublime.
Puisque l’on prend celle des autres Spectacles dans les danses, dans les fêtes des Anciens, je puis trouver aussi le germe de l’Opéra-Bouffon dans la danse des Rats. […] En 1630. l’Opéra-Comique devait avoir pris déja certaine forme, puisque l’on trouve une pièce imprimée en 1640, intitulée La Comédie des Chansons. […] Comment les Français prirent du goût pour l’Ariette Italienne. […] Blaise le Savetier fit prendre une forme différente à l’Opéra-Comique, & changea même notre Littérature.
Malgré le dernier résultat de ce grand procès, cette nominative et rude attaque a plus épouvanté et tiendra plus en respect les chefs de tontine que vingt comédies vagues, fussent-elles intitulées : les Tontinéries ou Tontinières, représentant la mauvaise foi, la honteuse avidité, les faux calculs, les jeux cupides, en un mot, les iniquités de ces administrations et d’autres prises en masse auxquelles ne président point des Larochefoucaulds. […] Les honnêtes gens, les vrais dévots, les bons prêtres, n’auraient pas été plus affectés ni plus compromis dans ce cas que nous ne le sommes tous chaque fois que la justice appréhende et punit personnellement un scélérat attaché à notre profession qui prenait, comme Tartufe, tous les dehors d’un honnête homme. […] On s’y prend ainsi pour les punir, sous prétexte que la loi ne peut les atteindre ; mais en réfléchissant sur son résultat, on trouve la un étrange supplément à cette loi qui n’est arrêté que par la crainte de se tromper, de punir les bons pour les méchants. […] Mais puisque ces vampires ne sont pas chimériques, qu’ils existent trop réellement, que tout le monde est convaincu de leur brigandage, et qu’une multitude de faibles victimes sans argent, sans interprètes, dont les plaintes isolées ne sont pas entendues, en peut fournir des preuves incontestables, pourquoi des écrivains sensibles, amis de l’ordre et protecteurs énergiques des opprimés, n’en pourraient-ils prendre fait et cause ? […] Le moyen nécessaire pour l’exécution de ce dernier parti, est tout établi dans la précaution que l’on est déjà obligé de prendre, afin de pouvoir satisfaire aux demandes autorisées, faites par des organes de la police, soit à la sortie des spectacles, ou dans les rues pendant la nuit.
Les objets spirituels échappent à l’imagination & n’intéressent pas, mais les objets extérieurs excitent de fortes tentations & de violens ébranlemens ; l’ame accoutumée à juger de tout par comparaison, les prend pour la mesure de la grandeur, & se forme des idées plus élevées de ce qu’elles représentent. […] Qui prendroit le théatre pour le Paradis terrestre ? […] Ce style est suranné, ces expressions passent aujourd’hui pour basses, mais il a de l’éloquence, de la force, de la vérité, le livre d’où ce trait est pris a joui de la plus grande réputation, couru de la Cour & de la ville, imprimé plusieurs fois, traduit en toutes les langues vivantes ; on ne le lit plus aujourd’hui. […] 10.° Il est permis de prendre des remèdes dans les maladies, des secours dans la vieillesse, des appuis dans les foiblesses ; la laideur est une maladie, une vieillesse, une foiblesse, le fard en est le remède, le soutien de la beauté. […] On fait grâce à tous ces raisonnemens de les traiter de jeux d’esprit, d’un homme qui veut s’égayer & amuser des femmes malades, à peu près comme on les trompe pour leur faire prendre une médecine, ou souffrir une saignée.
Un Maître de musique, quoique aussi peu scrupuleux, est moins à craindre, on prend leçon à travers une grille ; il faut sortir pour danser. […] Les jeunes gens, quoiqu’en petit nombre, s’y laissent quelquefois prendre, & le bal est le médiateur bien suspect & bien dangereux d’un établissement d’où dépend le bonheur ou le malheur de la vie. […] Ce n’est pas sans raison que des maris vigilans sur la conservation de ce précieux trésor, ont pris les plus vives alarmes. […] A même temps qu’ils reçurent l’onction du saint chrême, que la croix fut arborée sur leur front, le Saint Esprit dans la confirmation prit possession de leur ame : qu’on cherche dans ce bal les dons du Saint Esprit, & à travers l’impudence & la folie l’onction sainte & le signe de la croix. […] le coup d’archet met tout en mouvement, on n’écoute pas même le coup d’archet, on va, on vient, on entre, on sort, on s’agite, on se mêle, on se prend, on se quitte : Amictus corporis, risus dentium, ingressus hominis, ennuntiant de illo.
Les lois Romaines avaient les mêmes alarmes, et prenaient les mêmes précautions que Marseille païenne, parce qu'il est de l'intérêt essentiel de l'Etat que les jeunes gens qui en sont l'espérance, aient de la religion et des mœurs, et étudient les sciences propres à leur profession. […] Cette réflexion est très juste, surtout pour de jeunes gens, dont le cœur facile et ardent prend plus facilement toute sorte d'impression, et s'y livre plus aveuglément. […] Elle ne savait le plus souvent comment s'y prendre pour remplir un si grand vide, et remplacer tant de fêtes et de plaisirs bruyants qui l'avaient si longtemps amusé. […] Ces Demoiselles prirent si bien les airs de la Cour, et représentèrent si naturellement Andromaque, que la Fondatrice s'en aperçut et craignit des effets opposés à ses vues. […] Mais le public, qui savait bien que ce n'était qu'une adresse pour attirer la Reine et les Dames de la Cour, et en obtenir bien des aumônes, le public n'a pas pris le change et n'a pas même cru que cet exemple, malgré la piété reconnue de S.
Pour les colorer, on s’est appuyé d’un lieu commun ; chacun est le maître chez soi, dit-on ; ainsi nous pouvons prendre dans notre sale, telle résolution qu’il nous plaira. […] Les auteurs qui font valoir ce domaine, accablés sous l’idée de propriété & de seigneurie, furent pris pour des vassaux, ou pour de simples cultivateurs, qui ne devoient jouir du bénéfice de leurs travaux, que précairement.
Rarement la compagne du Cultivateur éprouve, sous son toît de chaume, les atteintes de la jalousie : son époux a bien d’autres occupations que de fades amourettes : il est homme ; il en prend les peines ; il en a la dignité* : son bras fait tout. […] Oui, ma chère, dissimule : puisque tu connais ta Rivale, étudie-la, pénètre-la, copie-la, surpasse-la ; & crois que pour regagner entièrement un cœur sur le point de t’échapper, le moyen le plus sûr est de prendre les grâces de ton ennemie, de paraître plus aimable qu’elle : s’il est d’autres routes non moins sûres, il t’est permis de les suivre.
Prenons le Livre, & suivons le Philosophe pas-à-pas. […] La sixième Classe prend un caractère à part ; on peut en tirer un excellent parti, contre les abus commençans. […] … l’on ne saurait trop prendre de précautions. […] Comment s’y prirent-ils ? […] Où prit-il une idée de ses Décorations, de ses Chœurs, de ses Danses ?
Dans l’un & l’autre cas, on à beau s’échauffer, donner l’essor à son esprit, appeller à son secours son propre génie ; il semble que ce génie jaloux de l’invention de ses sujets & de la liberté de les traiter, se refuse à la moindre contrainte, & prend en aversion tout ce qui a l’air du commandement. […] Les unes vouloient prendre les tons hauts de la premiere, & ne poussoient que des glapissemens. […] Les Comédiens, dont le sort est fait au Théatre, regardent les nouveaux rôles comme une surcharge ; il faut les prier, les presser pour les leur faire accepter : quand on y est parvenu il faut prendre leur tems, & attendre qu’il leur plaise de jouer.
Car en l’une des deux Naumachies dont il voulut donner & prendre le divertissement, il y fit rehausser les eaux en un point que des Poissons marins y parurent nageans & fuyans les javelots & les hameçons des Chasseurs & des Pécheurs. […] Les Dames mesme y chasserent & firent des prises considerables. […] Il ietta une espece de billets, que le vent & le hazard firent voler de toutes parts sur le Peuple : & quiconque en put prendre quelqu’un, receut d’un Commissaire étably pour ce sujet, le prix contenu dans les billets qu’on luy representoit.
L’on doit donc approuver ceux qui prennent cette voie, si d’ailleurs ils ont l’attention la plus scrupuleuse à ne rien mettre que d’extrêmement châtié dans la bouche de ces innocentes créatures. […] Pour dédommager les Grands Spectacles de ce qu’ils accorderaient au Théâtre-Ephébique, il suffirait que chacun d’eux eût le droit d’y prendre les Sujets exercés dans son genre, soit pour jouer instantanément dans les Pièces où ils auraient des rôles d’enfans à remplir, soit pour les attacher à leur Théâtre, lorsqu’ils paraîtraient suffisament formés. […] Le moyen que je viens de proposer, pour rendre utile le Théâtre-Ephébique, n’est pas le seul ; il en est un autre, peut-être moins avantageux pour les jeunes Acteurs, mais dont l’effet serait plus présent pour le Public : Qu’on abandonne tout-à-fait le mauvais genre de Pièces, adopté, faute de pouvoir mieux par le Néomime soumis au caprice des Grands-Comédiens : au lieu d’intrigues communes & triviales, de passions froides, dont l’expression est aussi gauche que messéante dans la bouche des Enfans-acteurs, qu’ils jouent de petites Pièces plus proportionnées à leur âge ; par exemple, que ces nouvelles Atellanes peignent les passions, les goûts, les défauts de l’Enfance : qu’on prenne encore des sujets naïfs dans les Fables de Lafontaine de Lamotte &c.
Les Pantomimes vinrent à bout de donner à entendre par le geste, non-seulement les mots pris dans le sens propre, mais même les mots pris dans le sens figuré ; leur jeu muet rendait des Poèmes en entier, à la différence des Mimes, qui n’étaient que des boufons inconséquens. […] Il arriva que les Pantomimes prirent des livrées différentes, à l’imitation de ceux qui conduisaient les chariots dans les courses du Cirque.
Je sais, par le témoignage de tant d’excellents Ecrivains de l’antiquité, que la Comédie est un délassement agréable qui dédommage des fatigues du travail : que Cicéron appella les Poètes comiques, des Poètes amis de l’innocence : que l’on peut rapporter une infinité d’exemples des amusements honnêtes, que les plus grands Hommes ont fait succéder à leurs occupations sérieuses et importantes : que les personnes les plus sages se livrent quelquefois à des moments de loisir et de récréation, qui ne prennent rien sur leurs devoirs. […] n’y a parmi vous, leur dit-il, ni Poète, ni aucune autre personne assez zélée, pour vous reprocher avec affection, et pour mettre au jour vos défauts et ceux de toute la Ville ; s’il vous arrive, par bonheur, qu’il en paraisse quelqu’un, vous devez l’embrasser avec la plus grande amitié, et le recevoir avec autant de joie et de solemnité, que si vous célébriez un jour de fête…. » Peu après il ajoute : « Si quelqu’un prend l’extérieur de Philosophe, dans la vue du gain, ou par vaine gloire et non pas pour votre utilité, il ne mérite pas que vous le receviez ; on peut le comparer à un Médecin qui, visitant un grand nombre de malades, ne pense à rien moins qu’à les guérir, mais à leur distribuer des couronnes et des parfums, à leur mener des femmes de mauvaise vie, et par conséquent à irriter leurs maladies et à les rendre incurables. […] On prétend que Cratès de Thebes ne connaissait que trois remèdes pour guérir de la maladie d’amour ; la faim, le temps et la corde : l’Histoire du Vieillard de Parme nous apprend que la Comédie est un quatrième remède, non moins infaillible que les trois autres, mais qui mérite toute préférence, parce qu’il est bien plus aisé à prendre et qu’il produit son effet en divertissant le malade.
Valère de son côté peut s’excuser auprès d’Elise, en disant que son intention a été uniquement de gagner la bienveillance d’Harpagon, ce à quoi il est déjà presque parvenu, quoi qu’il ne soit que depuis deux jours auprès de lui, parce qu’il n’a perdu aucune occasion de flatter sa passion pour l’argent ; il peut ajouter que son dessein est de persuader à son père, avec le temps, de consentir à marier sa fille, chose à laquelle peut-être il ne penserait jamais pour s’épargner la dot qu’il faudrait lui donner en la mariant : qu’en attendant il aurait le temps d’avoir des nouvelles de ses parents, comme on lui en faisait espérer, et qu’en cas qu’il parvint à les trouver, il se flattait que le goût qu’Harpagon aurait pris pour lui le déterminerait aisément en sa faveur par préférence à ses Rivaux ; d’autant plus qu’il croirait être en droit de lui moins donner qu’à tout autre. […] Du Fresny , Cette Comédie me paraît excellente ; le Poète entreprend de corriger un défaut qui, selon le titre de sa Pièce, paraît particulier à une Province, et par cette raison on pourrait s’imaginer que l’instruction ne serait pas générale pour des Spectateurs de tout pays ; cependant si l’on y prend bien garde on s’appercevra que ce défaut n’est que trop commun, et que malheureusement en tout pays on trouve des parents et des frères qui ne vivent pas en bonne intelligence et même qui se détestent mutuellement. […] Je demande donc qu’on retranche, ou du moins qu’on corrige ces endroits, et pour lors cette Pièce serait très bonne pour le nouveau Théâtre : elle corrige un défaut commun à presque tous les hommes qui prennent aisément l’alarme sur de fausses apparences, et se livrent souvent à des résolutions imprudentes et dangereuses.
On poursuivit les auteurs d’un si grand scandale : le peintre prit la suite, le graveur fut mis en prison, Arétin par la faveur des Médicis obtint sa liberté. […] Cette insolence fit recommencer la procédure : Arétin & le graveur prirent la fuite pour se dérober aux supplices. […] Ces deux plaisans étoient souvent aux prises, & se disoient leurs vérités chacun selon son caractere. […] Il ne se rendit qu’à celle de Padoue, d’où il prit le nom de Berger extravagant : car c’est la mode que toutes les Académies italiennes prennent un nom bisarre, Humoristes, Enfarinés, Insensés, &c. […] Qu’un Cordélier ait pris soin de l’édition italienne, où rien n’est voilé, il n’en a pas mieux fait.
Ie haïs encore la mode de Paris, qui donne la liberté à tous ceux qui veulent, d’aller prendre les Dames, & de se presenter à la Dance. Il est bien plus raisonnable d’attendre, qu’on vous appelle aussi-bien dans la Courante que dans les Bransles, & que l’enchaînure & la continuation du Bal dure de cette maniere, & avec ce petit soin de rendre & de reprendre ceux qui nous ont pris, & qui nous ont fait cet honneur.
Il faut que dans toutes ses études il ait pris bien peu, et du goût de la science qu’il professe, et de l’esprit de la Religion de Jésus-Christ, pour entreprendre la défense de ces spectacles, que les Pères et les Canons de l’Eglise ont condamnés comme contraires à la sainteté des mœurs et à la pureté du cœur, que nous veut inspirer Jésus-Christ par ses paroles et par ses exemples. […] Car dans cet état même elle ne plaît que parce qu’elle représente d’une manière vive et touchante ce que peuvent les passions de l’amour, de la vengeance et de l’ambition, dans leurs plus grands emportements ; et il est vrai qu’on ne prend plaisir à la représentation de ces passions, que parce qu’on aime les passions mêmes.
Le Chef du Corps-Municipal vint de Besançon avec les Compagnies bourgeoises, se rendit chez la Rosiere où se trouverent les Juges & le cortege tout formé, la prit par la main & la mena à l’Eglise avec celle qui avoit l’accessit : le Curé la reçut à la porte de l’Eglise & lui fit ce petit discours : Vous avez grand sujet de vous réjouir, ma chere fille, puisque ce jour est pour vous un jour de triomphe, mais votre joie doit être sainte ; c’est moins à vous qu’à la vertu qu’on rend hommage, & vous devez l’honorer en vous par une modestie soutenue. […] On devoit chanter la priere pour le Roi, selon la fondation, mais la foule ne permit pas aux Bénédictins de prendre leur place au Chœur & d’en trouver même dans leur Eglise, il fallut se contenter de le dire à voix basse chacun en particulier ; mais le Curé benit quatre grands pains qu’on appelle Brioches & ailleurs Pain béni dont trois furent distribué au peuple, comme le Pain béni à la Grand’Messe, & une fut portée chez la Rosiere qui la distribua à ses compagnes, parens & amis. […] Le Magistrat prit la Rosiere par la main & la conduisit dans sa maison à travers un foule immense, au bruit des fanfares & de l’artillerie. […] Dans ces grands repas les jeunes gens voltigent autour de la table, derriere les femmes qui sont assises, qu’ils croyent de la politesse de les servir, ce n’est qu’un exercice d’impureté, pour leur tenir des discours licencieux & prendre des libertés indécentes, jetter des regards criminels qu’elles favorisent, qu’elles attirent par l’immodestie de leurs habits, & la situation où elles s’offrent à leurs esclaves. […] La fête finit par un soupé que les garçons donnerent à la famille, le tout s’y passa dans la plus grande decence, les garçons avoient pris un engagement entr’eux de ne se rien permettre dans cette fête qui pût blesser la modestie, & de se distinguer toute leur vie par la plus exacte régularité des mœurs.
Par le détail qu’en fait l’Histoire de l’Opéra, les gages courants montent à soixante-sept mille cinquante livres ; les dépenses sont énormes, les meubles, habits, bijoux, masques, tableaux, décorations, machines, sont à tas dans le magasin, on le prendrait pour un arsenal. […] Du moins n’était-ce qu’aux dépens des particuliers que se faisaient ces folies, jamais imposées sur le public, ou prises sur les revenus de la République. […] Ces sommes immenses sont prises sur le nécessaire ou sur le superflu. […] Oserait-on paraître ailleurs avec moins d’éclat, et déchoir de l’essor qu’on a pris ? […] Cependant la dépense que font leurs amants ne les assure pas du cœur de ces créatures ; elles prennent de toutes mains quand l’occasion est favorable, leur vertu ne s’effarouche pas, pour peu que leurs aventures soient cachées à leurs adorateurs, lorsqu’elles sont assurées du secret, le marché est bientôt conclu.»
Il faut prendre le siécle dans l’état où il est, puisqu’aussi bien la réforme subite seroit contre l’ordre des événemens humains. […] Pour faire jouir les Cours étrangeres de tant d’heureuses & importantes découvertes, le sieur le Gros se propose d’y aller établir incéssamment des Académies de coëffure, comme il en a établies à Paris ; où l’on prend les degrés de Bachelier, Licencié, Docteur dans son art, où l’on fait des exercices, soutient des theses, distribue des prix. […] On n’oseroit paroitre dans le monde, si on n’est coëffé en Comédien ; aussi les Baigneurs & les Coëffeuses vont assidument au spectacle, & par libertinage, & par intérêt, pour prendre des leçons de leurs bonnes amies, car personne ne porte plus loin la finesse de l’art, & les coups de maître. […] En les frisant par le moyen d’un fer chaud, en forme de pince, qui, en pressant & chauffant les cheveux, leur fait prendre le pli qu’on veut ; ce que Virgile exprime ainsi : Vibratos ferro calido myrrâque madentes. […] Lorsque ce plâtre pendant étoit divisé en trois branches, comme dans les statues métaphores, prises des rangées de souches dans une vignes, & des sillons dans un champ, & les rayes des herbes dans un carreau de jardin : Semitatus à semitâ .
Comme on se lasse de tout, et surtout aux Boulevards, les ouvrages exotiques disparurent, et la pantomime dialoguée prit naissance. […] Quel est mon étonnement de reconnaître dans celle, que je prenais tout au moins pour la femme d’un agent de change ou du plus en réputation des courtiers du commerce, ma blanchisseuse ! […] un ruisseau bourbeux qui, à coup sûr, n’a pu être pris pour l’Hypocrène, une espèce de promontoire pierreux ne peut figurer l’Hélicon. […] La prétention a chassé le naturel, pris dans toutes ses acceptions. […] C’est ce genre de pièce qui depuis a pris le nom de mélodrame.
L’Auteur rappelle d’abord qu’au commencement de ce siècle la Russie éclairée voyoit avec plaisir les grands de l’Empire jouer la comédie, & qu’il ne manquoit plus à la Pologne que de suivre cet exemple & de prendre des leçons de ses magnats travestis en baladins. […] Tout cela est pris de sa vie donnée en 1724 : ces traits injustes déshonorent plus le théatre que la beauté de ses pièces ne lui fait honneur, ils font l’éloge & justifient les sentimens de ce Héros qu’on a si injustement attaqué. […] On bâtit la chamade, on se rendit prisonnière de guerre ; l’Enseigne suivi de l’État-Major s’avance enseigne déployée, va trouver l’Abbesse pour prendre possession de sa conquête. […] On avoit parcouru tous les théatres de l’Europe pour en tirer le plan, en désigner les beautés & les fondre toutes dans la salle de la comédie de Paris, comme Appelles rassembla les beautés d’Athènes, prit de chacune ce qu’elle avoit de plus beau pour en former sa Venus. […] Le théatre n’est qu’une gaze qui couvre la débauche ; mais personne ne prend le change & elles seroient bien fâchées que la bonne opinion qu’on pourroit former de leur vertu, éloignât les Marchands, & fit languir le commerce, & mit au rabais le prix de leurs grâces & de leurs talens.
Qui prendra ce soin honorable et dangereux de montrer aux princes le tableau de leurs devoirs ? […] c’est ici que se formaient ces missionnaires vénérables qui avaient pris l’apôtre du Japon, et pour patron et pour modèleg. […] Il prend évidemment sa source dans la multiplicité des théâtres, qui, chaque jour ouverts à la curiosité et au désœuvrement, nuit même aux progrès de l’art, et l’a fait dégénérer d’une manière trèss ensible. […] « Dès qu’ils avaient pris la toge virile, ils s’y présentaient comme pour y faire un apprentissage des fonctions d’avocat et de l’administration de la justice. […] Quel plaisir a pu prendre l’auteur, à peindre un tableau si dégoûtant, et qui réellement soulève le cœur de tous les hommes honnêtes ?
Prenez son temple du goût. […] Tous font profession de croire, que la voie, que prend le plus grand nombre, est la voie de perdition. […] Madame **** étant réduite au silence, Madame la Marquise prit la parole. […] Le Théatre à pris leurs places. […] Une troisieme Dame, qui attendoit son tour avec beaucoup d’impatience, prit aussi-tôt la place de celle-ci.
Dans l’usage ordinaire, on prend le nom de Comédie pour toute sorte de poème dramatique ; c’est-à-dire, pour tous les ouvrages qu’on destine au Théâtre, soit Comédie, Tragédie, Tragi-comédie ou Pastorale. […] Jamais personne n’a pris pour règle de conduite ce qu’il a vu représenter sur un Théâtre et dans une Comédie. […] Il n’est pas nécessaire que les choses que l’on compare conviennent en tout, il suffit qu’elles conviennent en quelque point : ces choses conviennent en ce que, comme le désir déréglé de l’or et de l’argent est mauvais, de même le plaisir que l’on prend à la Comédie est mauvais. […] » Enfin il conclut, en disant que ceux qui en sont spectateurs, et qui y prennent plaisir, se rendent coupables des crimes qui y sont représentés. « Pour ce qui est Ibid. […] » . « Et de regarder volontairement, dit-il, ces sortes de choses, c’est un péché mortel, tant parce que c’est prendre plaisir à des choses sales, que parce que le spectateur s’expose de plein gré au péril de la tentation.
L’ignorance de tant de siécles barbares qui les ont suivis, a pris cette complaisance pour une vérité, & en a fait un préjugé contre lequel, disent-ils, la bonne philosophie reclame aujourd’hui. […] Dans cette scène où Nérestan détermine Zaïre à recevoir les eaux du baptême, ne devoit-il pas prendre avec elle, dans une conjoncture si favorable, toutes les mesures nécessaires pour cette cérémonie ? […] Voilà ce grand tableau qui a dabord fait quelque sensation, parce que les apparences du beau sont souvent prises pour lui-même. […] Les oracles se souffrent sur notre scène dans une action dont les héros sont pris de l’antiquité.
Après quoi nous n'avons qu'à prendre le témoignage de Valère Maxime, pour rendre inébranlable la vérité que nous avons avancée. […] Et Macrobe soutient que les Histrions n'étaient point infâmes, et le prouve par l'estime que Cicéron faisait du fameux Roscius Comédien, et d'Esope excellent Tragédien, avec lesquels il avait une étroite familiarité ; et par les soins qu'il prit de défendre les intérêts du premier devant les Juges ; où le mot d'Histrions ne signifie que les Joueurs de Comédie et de Tragédie, comme il résulte assez clairement de l'exemple qu'il en tire de Roscius et d'Esope seulement, et de ce que auparavant il avait montré que les Danses malhonnêtes et désordonnées, qui étaient propres aux Bouffons et vrais Histrions, étaient condamnés par tous les sages au siècle de ces deux célèbres Acteurs. […] Nous pouvons prendre encore un autre raisonnement de pareille manière, et d'une aussi forte conséquence dans les pensées des Jurisconsultes Romains, qui nous enseignent que l'on n'a pas compris entre ceux qui pratiquaient l'art de bouffonner, ni jamais noté d'infamie les Athlètes « Athletas Sabinus et Cassius responderunt omnino artem ludicram non facere. […] Et pour dire en passant un mot du mauvais traitement que les Histrions et Scéniques ont reçu quelquesfois des Empereurs, ou verra toujours, si l'on prend bien garde aux Auteurs qui nous en parlent, que cela ne s'adresse qu'aux Bateleurs et Bouffons, et non pas aux Acteurs des Comédies et Tragédies « In Pantominis adversatur et damnata effeminatas artes. » Plin. in Paneg.
On dira que vous n’êtes plus des fêtes du carnaval, parce que vous avez pris le parti de mener une vie chrétienne : est-ce donc un crime d’être vraîment Chrétien ? […] On fait ce qu’on peut pour prendre les remords d’une conscience effrayée pour de fausses allarmes. […] Dites à cette jeune personne que ses parents prennent plaisir d’immoler à tant de vanités, et qui est si contente d’en être la victime ; dites à ce libertin en qui l’esprit du monde et une oisiveté invétérée ont presque éteint l’esprit de Religion ; dites à cette jeune femme qu’un leurre de fortune flatte et éblouit, et qui n’a plus de goût que pour les joies et les fêtes mondaines ; dites-leur que selon saint Chrysostome, il n’y a point de plus dangereux ennemis du salut que ces divertissements nocturnes, ni qui soient moins chrétiens. […] On aura eu raison alors de traiter de divertissements païens les réjouissances du carnaval ; alors ces Ministres de l’Evangile, sincères et peu flatteurs, auront été les sages, on rendra justice alors à la vertu de ceux qui avaient pris le bon parti, en s’interdisant toutes ces fêtes peu chrétiennes.
Faut-il donc prendre du poison, faire la guerre & des procès, se blesser & se donner des maladies, les rendre contagieuses ? […] Plusieurs maisons ont été endommagées & les coulisses renversées, nos actrices ont oublié leurs rôles & pris la fuite avec leurs amans. […] Nous prenons peu d’intérêt à ces farces littéraires : mais l’intérêt de la religion doit exciter le zele d’un chrétien. […] Le Journal de Trévoux ne prend pas plus de précaution pour la sureté des bonnes mœurs : il va même plus loin. Moins timide, il prend tout sur son compte, ne se borne pas à l’ordre littéraire, mais approuve la morale & la religion de Saint-Foix.
Il a pris le ton du siecle, & a cru attirer plus de vogue à son Ouvrage en le théâtrisant pour ainsi dire ; mais il n’avoit pas besoin de ce nouveau degré de gloire. […] Il prend la ville de Cambray, c’est Calais. […] Tout prend la teinte de notre imagination. […] Cette bisarrerie a sans doute pris sa source dans l’idée qu’ils ont que tout péché se répare lorsqu’on dit son Chapelet & qu’on chante les Litanies. Cette imputation à toute une Nation catholique & éclairée, n’a pas sans doute pris sa source dans la religion & la justice de l’Auteur.
Les autres Théatres en ont été jaloux & allarmés, & ont pris bien des mesures pour maintenir leur crédit. 1°. […] Un de ses premiers ouvrages, est une Ode impie & grossierement obscene, si mauvaise, que l’autorité publique en prit connoissance, que le Procureur-Général du Parlement de Dijon lui en fit la plus sévére réprimande, & le menaça de lui faire son procès. […] Sa famille ne négligea rien pour l’en détourner ; elle le fit étudier en Droit ; il prit des Grades ; il entra au Barreau ; il y auroit réussi, mais son goût l’entraîna au théatre où il se livra à son penchant. […] Un Financier le prit chez lui aux gages de deux cens livres ; cet homme qui faisoit aussi des vers, le fit intendant de ses affaires poétiques, Piron se moqua de lui, sa causticité le fit congédier. […] Enfin sur ses vieux jours il s’avisa de se marier, prit une vieille femme de près de soixante ans, d’un bon caractere, avec qui il vêcut dans une parfaite intelligence ; il la soigna avec affection & lui donna tous les secours que lui permettoit sa modique fortune, dans les longues & fâcheuses infirmités, jusqu’à sa mort.
Non-seulement la plus-part des Tragédies nouvelles qu’on joue aujourd’hui sont mal écrites, mais ceux qui en sont les Auteurs prennent des licences singulieres dans leur versification ; ils semblent vouloir insensiblement secouer le joug de la rime : ils terminent hardiment plusieurs de leurs Vers, par des mots qui n’ont aucun son, aucune terminaison semblable, & qui ne riment ni à l’oreille ni aux yeux35. […] Ecoutez, je vous prie, combien de formes on fait prendre au mot Bonheur, & combien de Métaphores on met pour lui en usage. […] Quand j’ai montré les défauts de stile des Drames Modernes ; j’ai tiré tous mes éxemples des meilleurs Poèmes du nouveau Spectacle ; je vais prendre aussi mes remarques dans les plus célèbres Auteurs. […] Mais le dèssein est pris. […] Fermez les yeux sur les libertés qu’ont prises, ou que prennent des Auteurs célèbres.
Il a permis les histoires, et a pris quelquefois plaisir à les voir représenter avec le respect dû aux choses saintes, mais non pas devant d’autres que lui ; aussi on ne l’a jamais fait céans. […] 286.), croit qu’il est permis aux Religieux de représenter des pièces de théâtre, prises de la vie des Saints ou de quelque sujet de morale, sans autres acteurs et spectateurs que les Religieux. […] Germain, intervint dans l’instance, et prit fait et cause pour les Comédiens de la foire, auxquels il avait garanti dans son bail, la pleine liberté du théâtre sur son terrain. […] Lazare ne prit aucune part au procès : il n’avait rien garanti ni approuvé. […] Ces comédies apostoliques réussirent parfaitement, on y prit tant de goût dans le pays, qu’il y venait des milliers de spectateurs.
Il avoue ensuite qu’il avait fait une Dissertation Latine sur la Comédie, depuis dix ou douze ans, et qu’il y avait pris le parti de la justifier sans avoir mûrement examiné la matière, et par une légèreté de jeunesse ; il déclare qu’on a ajoute à son Ecrit ce qu’il n’y avait pas énoncé, savoir l’Approbation tacite de Monseigneur de Paris, et l’air méprisant avec lequel on a traité les Rituels dans la Lettre du Théologien ; il reçoit avec soumission la discipline des Rituels, et la doctrine qui en fait le fondement. […] On peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie que ses Pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les Pères et les Mères prennent de s’opposer aux engagement amoureux de leurs enfants. […] On n’oublie pas de répondre à l’argument tiré des Tragédies des Collèges, par les règles de l’Université, qui défendent d’y rien représenter que d’édifiant, et d’en exclure les personnages et les habits de Femmes ; par les Statuts des Jésuites qui portent que les Comédies et les Tragédies seront Latines, qu’on n’en fera que très rarement, qu’on prendra toujours des sujets de piété, et qu’il n’y paraîtra point de personnages de femme, ni de fille ; enfin par la quatrième Assemblée générale de l’Oratoire, qui renouvelle le règlement contre les personnages de Femmes et de Filles sur le Théâtre de leurs Collèges. […] Il ajoute que les Airs de Lully tant répétés dans le monde, ne servent qu’à insinuer les passions décevantes, en les rendant plus agréables et plus vives, plus capables par le charme de la Musique de s’imprimer dans la mémoire, parce qu’elle prend d’abord l’oreille et le cœur. […] Ainsi les Hommes y prenaient l’habit, et faisaient les personnages de Femmes.
On se dégoûta des cheveux, on se prit de belle passion, pour le poil des animaux, on garnit ses habits de fourrures, on envelopa la tête de peau bien travaillée, & marquetée, de chien, de chat, de renard, de mouton, de lapin, d’hermine, de vair, de contrevair ; (il a passé dans les armoiries.) […] La même pâte les recrépit tous, comme une muraillé dont le mortier ou le plâtre remplit les trous, & cache tous les défauts, semble rajeunir les vieillards, se confondre avec la peau, & prendre le ton du tein. […] Ne prenons pas le change, la tête brille aux dépens de la table, le cuisinier payé le baigneur ; c’est une allusion peu dévote de l’Evangile, quand vous jeûnerez, dit-il, l’avez votre visage, parfumez votre tête, pour cacher votre pénitence. […] Si l’on ne veut que plaire à Dieu, on est bien à plaindre de prendre inutilement tant de peine, Dieu n’en tient aucun compte ; le fard ne blesse point son cœur, il veut des vertus & non des couleurs ; des bonnes œuvres, & non des boucles de cheveux. […] Les femmes fardées sont prises en flagrant de lit, leur péché est peint sur leur visage ; les comédiens sont, à la vérité plus coupables.
Ce Prince à pris ce goût à Paris, où dans sa jeunesse il a fait quelque séjour. […] Pour le libertinage, qui est l’ame, le principe & la fin du théatre, le Philosophe sans souci en tient si communément le langage, il en prend si vivement la défense, qu’on ne sautoit douter qu’à ce seul titre il ne fut un zelé protecteur du théatre. […] Prenez un mandiant, trois jours qu’on le leur donne, Je réponds qu’il prendra les dehors des François. […] C’est là tous les matins après votre reveil, Sur le choix des ateurs que vous prenez conseil. […] Un sage est un homme grave & sérieux, occupé de la sagesse, s’intéressant avec zele pour le bien public, plein de bienfaisance, travaillant pour l’humanité ; un homme Sans Souci est un libertin qui ne songe qu’à son plaisir, un esprit frivole qui glisse sur tout & ne prend intérêt à rien.
Mais nos conquêtes ayant étendu notre domaine, agrandi notre ville, augmenté nos richesses, la vertu disparut, le libertinage regna ; & par une suite nécessaire, la licence s’empara du théatre, de la poësie, de la musique, accessit numerisque, modisque, licentia major ; tout prit le goût & le ton de la débauche : des chants rendres, un langage efféminé, des gestes lascifs, des habits traînans, l’art dramatique ne fut plus que l’art de la corruption, sic prisca motumque & luxuriam addidit arti tibicen, traxitque vagus per pulpita vestem eloquium insolitam, &c. […] Ce qu’Horace ne peut pardonner, tant il est éloigné de penser que le caractere des personnages excuse les libertés qu’on leur fait prendre, les impiétés, les obscénités qu’on leur fait vomir. […] Effets que toute la piété puisée à Port-Royal, dans une éducation chrétienne, n’empêche pas, L’épouse que tu prends, sans tache en sa conduite, Aux vertus dans Port-Royal instruite, aux loix de son devoir regle tous ses désirs.
Lorsque je me hasarderai de proposer mon sentiment, je croirai que le goût de mon siècle éxige que je prenne cette liberté ; ou bien ce sera pour rapporter plus au long tout ce qui concerne un article intéressant. […] Il est, je crois, inutile de découvrir plus particulièrement quel est le dessein qui me fait prendre la plume : ceux qui daigneront lire cet ouvrage, comprendront assez quelles sont mes vues, & ceux qui voudront s’en épargner la peine, n’ont pas besoin d’en savoir davantage.
Septimanie, sa sœur, accomplit seize ans : elle est jolie ; blonde, fade, nonchalante ; c’est l’opposé de son frère, que je lui préférerais ; je crois que j’aimerais mieux une étourdie, une coquette que ces espèces d’êtres-là : tu la verras ; monsieur Des Tianges engage son Pupille à prendre une Charge à Paris, & sa sœur doit demeurer avec nous, comme monsieur D’Alzan le présumait. […] C’est le parti que j’ai suivi dans mes Lettres ; où je prends le plus souvent un ton qui n’est pas le mien à beaucoup près.
Soit à insérer avec grâce dans le discours, un vers entier d’un Poète, ou une partie de vers sans y rien changer, le sens que prend ce vers par l’apropos de la citation, suffisant pour la Parodie ; soit en y fesant quelque léger changement. 2. […] Platon, peu content de ses essais de Poésie, parodia ce vers en y changeant un seul mot, lorsqu’il eut résolu d’en faire un sacrifice à Vulcain (pris pour le dieu du Feu) : Ephaiste, prouol’ ôde Platôn nutì seî o chatizei.
Quelle nécessité pressante ou quelle utilité publique de l’Eglise,12 qui sont les seules raisons légitimes, selon tous les Canonistes, de passer d’une Eglise à une autre, lui a fait quitter l’Evêché de Lavaur pour prendre l’Archevêché d’Aix ? […] On ne comprend pas que des Chanoines assemblés puissent donner l’autorité de gouverner leur Diocèse à un Evêque qui n’est pas encore déchargé du soin qu’il est obligé de prendre du sien.
En vérité, un Chrétien se peut-il croire innocent dans le plaisir qu’il prend à voir, à entendre ce qui excite en lui tant de passions différentes ? […] Ce grand Saint, à la vérité, en faveur de ceux qui dans certaines conjonctures, qui sont rares, se voient comme forcés de s’y trouver, prescrit des précautions pour y conserver l’innocence ; mais il ne plaît pas aux gens du monde de les prendre, ces précautions ; ils ont donc mauvaise grâce d’autoriser les danses et les spectacles, par le témoignage de ce saint Evêque.
Imaginez-vous donc de voir d’abord paraître une Vieille, qu’à son air et à ses habits on n’aurait garde de prendre pour la mère du maître de la maison, si le respect et l’empressement avec lequel elle est suivie de personnes très propres et de fort bonne mine ne la faisaient connaître. […] La Suivante s’en va, et les Beaux-frères restant seuls, le sage prend occasion sur ce qui vient de se passer de pousser l’autre sur le chapitre de son Panulphe. […] Le bon Seigneur donne, pour se justifier pleinement sur ce chapitre à son Beau-frère, se met à lui conter « comment il a pris Panulphe en amitié ». […] Le Beau-frère plus pleinement confirmé dans son opinion qu’auparavant, prend occasion sur ce sujet de faire des réflexions très solides sur les différences qui se rencontrent entre la véritable et la fausse vertu : ce qu’il fait toujours d’une manière nouvelle. […] Le Frère s’écrie là-dessus avec un emportement fort naturel, qu’il faut laisser au Ciel à empêcher la prospérité des méchants, et qu’il ne faut point « prendre son intérêt plus qu’il ne fait lui-même ».
Ciceron prit ces leçons dans sa jeunesse ; déclamoit-il des scénes ? […] Un style mâle, nerveux, concis, plusieurs mots dans ce genre masculin qui lui échappent, décelent une autre main ; nous n’en prendrons que ce qui regarde le théâtre. […] Un autre malheur attaché à ses ours, il a de la Réligion, & la Religion est en lui continuellement aux prises avec la passion. […] Il se couchoit satisfait, & se levoit content ; il accouroit le lendemain chez moi, prendre sa dose de bonne humeur pour toute la journée. […] Apollon prend sa défense & plaide pour lui devant Minerve.
Bel esprit superficiel, qui ne fait que glisser sur les matieres qu’il traite, pour en prendre ce qui amuse, ou satisfaire sa malignité ; esprit fort, qui ne respecte & n’épargne rien, empoisonne, exagere, invente, pour décrier ce qu’il n’aime pas, même sur le théatre ; cela peut être, je ne suis pas chargé de son apologie, je rapporte seulement ce que tout le monde peut lire dans son histoire universelle : en voici des extraits sur les matieres du théatre, pris au hasard. […] Voilà pourtant la nation philosophe par excellence, dont on adopte les principes, qu’on prend & qu’on veut donner pour modele : peut-il être de modele plus détestable ? […] Quelques soins qu’ils prennent pour le rendre florissant, ils ne seront jamais remboursés d’une si énorme dépense, qu’ils multiplient tous les jours. […] On prit ce prétexte pour le détroner, & pour exclure sa fille du trone. […] On lui fait solemnellement le procès, & comme on ne fut pas assez puissant pour le prendre, on le condamna par contumace, on l’exécuta en effigie.
Les grands poëtes & les grands peintres devroient prendre pour objets de leurs travaux les sujets qui sont l’objet de notre foi. […] Il faut donc pour lui ressembler que la pommade attractive prenne ces nuances, cette finesse, ce poli, si fort diversifiés, sans quoi elle formera un cercle autour du visage, qui tranchera avec la couleur naturelle : à moins qu’on ne prenne ce cercle pour une couronne. […] Un domestique ne prend pas un cahier sur un nombre de cahiers rassemblés, qu’il doit juger être quelque chose d’important : il étoit aisé de ramasser & de copier ces papillotes. Quoiqu’il en soit, voilà Moliere aux prises avec son valet. […] Ce puissant génie n’est point du tout créateur, non-seulement parce que ses Fables & ses Contes sont pris dans quelques auteurs, mais parce qu’ils ont tous le même habit, le même visage.
Appeler ainsi la salle dans laquelle on les représente, c’est prendre le contenant pour le contenu21. […] Ils doivent, il faut que leurs créanciers prennent avec eux toutes les sûretés possibles ; mais ils ne peuvent considérer une chose qui n’appartient pas à leurs débiteurs comme une hypotheque. […] Ainsi les précautions qu’on auroit prises, pour empêcher le sien de se repandre, serviroient à en multiplier les éditions. […] Il avoit osé se lever sur un banc dans l’orchestre, haranguer le parterre, et le prendre pour juge du refus que les comédiens avoient fait de sa piece. […] Ils ont encore moins de droit de solliciter la destruction de ce charmant spectacle, le seul où ils puissent prendre des leçons de chant et de goût, et où leurs compositeurs puissent se former.
On doit donc être attentif à prendre bien les caractères et à peindre les grands personnages semblables à eux-mêmes ? […] D'Urfey prend toujours les choses du bon côté, et est déterminé à se rendre heureux par des interprétations favorables. […] Ne faut-il pas le rendre agréable au goût, afin d’engager à le prendre ? […] « Quelle part l’homme Chrétien peut-il prendre aux spectacles ? […] On devrait ce me semble, prendre au moins la précaution de s’informer si la Pièce qui se joue est honnête.
J’ai vu l’homme du monde le plus fier prendre des airs modestes après la comédie du glorieux. […] Elle ne tend qu’à mettre aux prises la vertu & l’autorité, l’Église & le sceptre, & à fermer la bouche aux ministres, par la crainte & le respect. […] Il n’entrera jamais dans l’esprit d’une honnête fille de se faite comédienne ; & la premiere résolution que prendra tout suppôt du théâtre, qui voudra sincérement se convertir, sera de quitter la troupe. […] Porée, jésuite, recommandables par leur piété, qui ont pu prendre le change, & avoir quelqu’indulgence pour le théâtre.
Quand vous allez au théatre vous repaître de la vue de ces femmes immodestes, & vous laissez prendre par vos yeux à l’hameçon, d’abord vous goûtez quelque plaisir ; mais vous allumez dans vos veines une fievre violente. […] Un chasseur qui a pris la bête, n’a plus d’efforts à faire ; c’est celle qui se sauve qu’il se fait un devoir de poursuivre. […] Je vous parle comme on parleroit à un aveugle débauché, peu touché & peu capable de l’être des grands objets de la religion, du paradis, de l’enfer, & qu’il faut tâcher de prendre par les motifs humains d’un intérêt temporel. […] Chrysostome n’a presque laissé que des sermons à un peuple livré au théatre & à la débauche, & tout ramène à cet objet, parce que le théatre influe sur tout par les passions de toute espèce qu’il représente & qu’il excite, & que tout à son tour influe sur le théatre par la nécessité où il est pour plaire de se conformer au goût dominant, & de flatter les vices du siecle, par conséquent d’en prendre les sentimens, les erreurs & les modes.
L'on n’ose la mettre au jour, de crainte d’être regardé comme le défenseur de ce que la religion condamne, encore qu’elle n’y prenne point de part et qu’il soit aisé de juger qu’elle parlerait autrement si elle pouvait parler elle-même, ce qui m’oblige à vous dire mon sentiment, ce que je ne ferais toutefois pas sans scrupule si l’auteur de ces Observations avait parlé avec moins de passion. […] Il n’a pas pris garde que sa passion l’a emporté, que son zèle est devenu indiscret et que la prudence se rencontre rarement dans les ouvrages qui sont écrits avec tant de chaleur. […] Je ne sais pas comment on peut lire cet endroit sans s’empêcher de rire, mais je sais bien que l’on n’a jamais repris les inconstants avec tant d’aigreur et qu’une maîtresse abandonnée ne s’emporterait pas davantage que cet observateur, qui prend avec tant de feu le parti des belles. […] Ce n’est pas que je veuille prendre le parti de ceux qui sont dans ce doute, il suffit pour mériter le foudre qu’il fasse voir par un signe de tête qu’il est athée, et pour moi, je trouve avec bien d’autres que ce qui fait blâmer Molière lui devrait attirer des louanges et faire remarquer son adresse et son esprit.
Ils doivent le révoquer en justice dans quinze jours ; un homme privé de raison ou pris de vin ne peut pas se promettre, il doit révoquer dans huit jours . […] Il oublie que cette liberté indéfinie d’attaquer le mariage quand on voudra, s’embrasse toute la vie, & qu’il ne donne pour retard que quinze jours à ceux qui ont été forcés, & huit jours à ceux qui étoient pris de vin. […] Quiconque quitte sa femme pour en prendre une autre, commet un adultere, & l’expose à la devenir. […] Le mariage est nul, si la femme qu’on a cru prendre vierge se trouve ne pas l’être. […] Philippe Langrave de Hesse crut pour cette raison pouvoir prendre deux femmes.
Je voudrais que l’on se fût bien examiné, bien connu, avant que de prendre un parti contre les hommes. […] Ne pouvant lui parler à lui-même, je prends le parti de lui écrire. […] Il prend envie de croire que le vrai bonheur, le véritable amour, consiste à avoir les yeux fermés auprès de ce qu’on aime, à n’oser regarder ses charmes, à se priver d’un plaisir, pour un plaisir plus grand, quand on a lu des maximes si nobles, si pures et si séduisantes. […] Ces fantômes disparaissent : de nouveaux prennent leur place. […] Mais l’imposture a pris cent fois ce langage enchanteur : j’ai vu le malheur des hommes ; dois-je me fier à des serments !
Pierre montait à l’autel, prenait le saint ciboire, se communiait lui-même, et présentait la sainte hostie aux apôtres. […] La procession y étant arrivée, tous se prenaient l’un après l’autre par le bout de leur surplis ; et en chantant quelques répons de la fête de la descente du S. […] Romain prit cette bête, lui mit son étole au cou ; et lors, toute férocité cessant, la bailla audit prisonnier criminel, qui l’amena sans résistance jusque dans la ville, où publiquement elle mourut, et fut consumée par le feu. […] On dit même qu’il se trouve certains diablotins entreprenants, qui poussent le jeu fort loin, et prennent des libertés capables d’alarmer la pudeur des jeunes vierges. […] Voici comme ils s’y prirent : ils placèrent un jeune novice sur la voûte de l’église, qui, à minuit, lorsqu’on disait les matines, faisait grand tintamarre.
Charles V ne s’en offensa point, & prit le parti du Roi. […] ; ce sont de jeunes garçons qui en prennent les habits, & en jouent les rôles. […] Les François prennent-ils les armes pour un usurpateur, un fratricide, & des sujets rebelles contre leur Roi ? […] Je crois que le maître à danser du Bourgeois Gentilhomme, avoit pris dans cette loi les grandes idées qu’il avoit de la danse. […] Cet éloge est à le bien prendre, une injure.
Une foule de jeunes gens y prennent ses leçons : Jouissons de la vie, l’amour en fait seul le bonheur. […] De jeunes gens qui prennent tous les jours de pareilles leçons, fussent-ils les plus vertueux, peuvent-ils ne pas être bien-tôt affoiblis, avilis, enivrés par les charmes de la volupté ? […] Tout tente au théatre, & à force de goûter ce qui plaît, on aime le piege, on se sait bon gré d’y être pris, on s’y apprivoise aisément ; malgré le danger, la douceur du poison en fait oublier les funestes suites. […] Il se moque de Baldellus, qui par une distinction singuliere, avance que quand les loges & le parterre sont pris, on peut entrer & payer, parce qu’alors on n’est pas la cause de ce qui va se faire ; mais qu’on ne peut pas entrer & payer des premiers. […] La personne à qui elle parloit ainsi, ne put s’empêcher d’en marquer de l’étonnement, & prit la liberté de lui en demander la raison : Je vous avoue, répondit la Princesse, que quelque gaie que je sois en allant à la comédie, si-tôt que je vois les premiers Acteurs paroître sur la scène, je tombe tout-à-coup dans la plus profonde tristesse.
Le Comique et le Tragique prennent une route différente ; mais ils doivent toujours aboutir au même terme. […] Ce n’est donc point à lui, mais bien au Poète qu’il faut s’en prendre. […] Le Ciel prit l’homme dans son sommeil lorsqu’il la forma de lui : car s’il eût été éveillé, il n’y aurait jamais consenti. […] serait curieuse de savoir « où il a pris le merveilleux talent qu’il a de dire des injures ? […] [NDE] Qui proprement doit être écrit et prononcé Charte (car il vient de Charta qui est pris de khartês, mot Grec) est mot gënéral à tout document mis par écrit en papier.
Judith les portoit avant son veuvage, elle ne prit que ses habits de nôces. […] Elle prit des sandales précieuses, c’est-à-dire, foula aux pieds les richesses de la terre. […] Collin les enlumine, ou plutôt il leur donne les couleurs qu’on veut, car son orvietan végétal prend & donne toutes les couleurs. […] Il y a aussi trois sortes de rouges, pris des trois regnes. […] Il prend des nuances graduelles, de maniere que la circonférence est infiniment moins éclatante que le milieu (les couleurs des Aurores boréales sont ainsi graduées).
Celui qui y fait le personnage d’Athée s’y moque de Dieu ouvertement, et son fripon de Valet qui fait semblant d’y prendre le parti de la Religion et de défendre la vertu, s’en acquitte d’une manière si impertinente et si badine, que tous ses discours sont une nouvelle dérision. […] 5. « Si la Pièce renferme, dit-il, des choses déshonnêtes et lascives, les Acteurs et les spectateurs pèchent mortellement, parce que c’est prendre plaisir dans les choses déshonnêtes, et s’exposer volontairement à une chose très dangereuse. […] comment peut-il prendre plaisir à voir les impuretés du Théâtre ?
Entendrons-nous toujours une voix du Ciel nous dire : Sortez du milieu d’elle, Mon Peuple, de peur qu’ayant pris part à ses iniquités, vous ne partagiez ses châtimens ? […] Quel droit ont ils de nous en imposer & de prendre sur nous un si funeste ascendant,…. ces fourbes dont la langue est vendue au mensonge ? […] Venez-vous prendre de l’éloignement pour les bals & la danse à l’école de nos Terpsychores, de nos Sultanes & de nos Nymphes ? […] Aussi combien de vous, pour avoir assisté à nos Bals, à nos Spectacles, pourroient chanter avec l’aimable Cendrillon : Je ne l’ai pas donné, mais je l’ai laissé prendre ! […] Les playes de l’une & de l’autre sont également profondes, & les remèdes propres à les guérir ne peuvent se prendre que dans les Loix de la Religion, (p. 21.)
.… Dis, mon frère, où prends-tu ce don de faire sentir toute l’énormité des fautes, sans décourager, presque sans humilier le coupable ? ah Des Tianges, où le prends-tu ?
Mais comme le monde y trouve de grands avantages pour s’attirer des sectateurs, il en a toujours pris la défense ; & sans doute ces sortes de divertissements n’ont pas manqué d’apologistes redoutables, puisque les saints Docteurs n’ont pas dédaigné de prendre la plume pour les combattre fortement. […] C’est se moquer de Dieu, dont l’Apôtre dit, qu’on ne se moque point en vain, que de prendre le silence du saint Esprit pour une approbation tacite de ce desordre ; & c’est encore une erreur de croire, que la suppression du nom supprime la chose & en autorise l’usage. […] poursuit-on, du moins ce plaisir est-il innocent, pour ceux qui en peuvent prendre quelqu’un, car le Théatre est aujourd’huy si purifié, qu’il n’est plus ce qu’il estoit autrefois. […] Mais à le bien prendre, on n’y en guérit aucune, seulement on y apprend à cacher toutes les deux par la seule crainte du ridicule. […] Ceux qui ont juré dès le premier jour de leur ordination de prendre le Seigneur pour leur héritage, & de faire une guerre continuelle au monde & à Satan, se trouvent dans les lieux, où le monde étale toutes ses pompes, & où Satan fait pratiquer toutes ses œuvres !
Ces motifs sont de se former l’esprit en le délassant des occupations sérieuses, & même de prendre, dit-on, des leçons de vertu. […] Dites donc, il faut le dire pour vous justifier, que si vous allez au théâtre, c’est pour y prendre des leçons de vertu. […] J’en appelle à vous, ô mon Dieu, je vous en prends pour Juge ! […] De-là tous ces agréments, que l’ennemi de la pudeur a pris soin de répandre sur les spectacles. […] Du moins, mes Freres, je vous prend à témoins devant Dieu, que je ne vous ai rien caché de tout ce qui pouvoit vous inspirer de l’horreur des spectacles profanes.
Un Concile de Carthage défend sévèrement aux Clercs de prendre aucune part aux spectacles profanes ; & quelle est la raison qu’il en apporte ? […] ne règne-t-elle pas dans ces spectacles d’un ordre inférieur, qu’on a multipliés à l’infini, & qu’on a pris soin de rapprocher du peuple, de peur sans doute qu’aucune classe de citoyens n’échappât à cette corruption ? […] Non : si les Auteurs dramatiques qui les ont prises pour modèles, en ont imité les beautés, ils en ont encore plus copié les vices. […] Je dis plus : la part que vous prendriez à ces dangereux plaisirs ne pourroit qu’anéantir aux yeux de Dieu le mérite de votre bienfaisance. […] Je dis plus : la part que vous prendriez à ces dangereux plaisirs ne pourroit qu’anéantir aux yeux de Dieu le mérite de votre bienfaisance.
Si le tems ne les prend comme Seigneur foncier, La mort doit les abbatre avec un vent d’acier. […] Les coëffeuses, les tailleurs doivent être initiés dans ces sublimes mystêres, aller prendre conseil chez les actrices ; essayer les couleurs en les rapprochant des visages, afin de donner la palme à celle qui sert le mieux. […] Auguste voyant sa fille dans cet état, l’obligea de s’aller deshabiller, pour prendre une autre robe. […] Le poëte nous dit seulement que c’étoit une espece de glu qu’on répandoit sur tout le visage, en sorte que quand son mari vouloit la toucher il s’engluoit comme un oiseau pris au piege ; viscansur labra mariti . […] Il assassine l’Empereur, & se farde le visage, il prend les ornemens Impériaux, & il se couvre les joues de pain mouillé : Et pressum in faciem digitis extendere panem.
Ce n’étoit pas une sale, c’étoit une vaste pleine, où, par des machines & des ouvriers sans nombre, on étaloit les décorations les plus étranges ; C’étoit une Ville affiégée, une armée qui la bat & la prend. […] Quand on a pris la résolution de faire la guerre, ou qu’au retour de la campagne, on en rend compte à la nation, on en imite en pleine assemblée toutes les opérations, & toujours dansant, chantant, d’abord on va sur la pointe du pied, ensuite en rempant pour se mieux cacher, regarder au loin à la découverte de l’ennemi. […] Le théâtre est-il donc une maison différente, où le Roi daigne passer sa vie, ou peut être comme les gens qui s’y assemblent, la plupart des gens sans Réligion & sans mœurs, on a cru la personne du Roi plus exposée au théâtre, & on a pris plus de sûreté, pour sa précieuse conservation. […] Mais les amans sont trop occupés de leur amour pour ressentir les infirmités humaines, & pour en parlet ; les amateurs du théâtre sont plus terrestres ; il leur faut des garderobes ; on prend la sage précaution de leur en offrir. […] Si les comédiens Romains avoient fait peindre des Anges à leur théâtre, les Chrétiens l’auroient pris comme une dérision de la Réligion Chrétienne.
Il étoit en guerre avec un Prince voisin, un jour on vint lui dire que son ennemi étoit entré dans ses Etats avec une armée, & y faisoit des ravages ; il descend à la cuisine, met sur sa tête un chauderon en guise de casque, prend à la main une broche comme une épée, sort avec sa Cour dans la rue, s’escrimant avec sa broche pour combattre les ennemis. […] Il prit en effet un charbon ardent, & à force de le presser, de le passer d’une main dans l’autre, en se grillant la peau, il lui parla si long-temps, qu’il ennuya la compagnie, la mere & la fille. […] Ayant pris la ville de Nanci, il fit ce qu’il put pour se saisir de sa personne. […] Il fut trahi, pris prisonnier par les Espagnols, & enfermé pendant cinq ans dans le château de Segovie. […] Chacune le trompe, il en est au désespoir, il prend la résolution de ne plus aimer, & le lendemain il se rengage.
Mercure en fait l’ouverture par un prologue, où il dit que de cette Comédie il en fera une Tragicomédie, parce que des Dieux et des Rois y agiront, et qu’il y mêlera la dignité des personnes avec la bassesse des discours comiques : ce n’est point en ce sens que nous avons pris ce nom. […] Une Troupe de Comédiens se forma pour la première fois, et prit à loyer le Privilège et l’Hôtel de Bourgogne. […] Faisons défenses aux Comédiens de prendre plus grande somme des habitants et autres personnes, que de cinq sous au Parterre, et dix sous aux Loges et Galeries ; et en cas qu’ils y aient quelques Actes à représenter où il conviendra plus de frais, il y sera par Nous pourvu sur leur Requête préalablement communiquée au Procureur du Roi. […] Le Roi réunit les deux Troupes de Comédiens Français, qui prirent le théâtre que l’Opéra avait occupé au Faubourg saint-Germain ; et les Italiens demeurèrent seuls à l’Hôtel de Bourgogne. […] Cette réduction a augmenté le concours des spectateurs, et a fait prendre à proportion de plus fortes mesures pour y maintenir la tranquillité nécessaire aux divertissements publics.
Mais quoi, disent ceux qui goûtent les sentiments des païens, Dieu s'offense-t-il des plaisirs des hommes, lorsque pris à propos ils ne blessent ni la religion ni la conscience ? […] Il donne sa malédiction à celui qui prend des habits de femmes ; que pensera-t-il d'un Acteur efféminé qui en affecte même les parures, la démarche, la mollesse, et de ceux qui se font crever les yeux, meurtrir le visage à coups de ceste ? […] » Rien de plus dangereux dans les spectacles que les parures recherchées, le mélange des deux sexes, et les partis que l'on y prend pour ou contre : « Nullum majus scandalum quam ipse viverum et mulierum exercitatior cultus ipsa consessio. […] En voici un exemple (j'en prends Dieu à témoin). […] « 27.° N'y eût-il que les blasphèmes qu'on y vomit contre Dieu, les projets qu'on forme, les mesures qu'on prend pour nous perdre, les espions qu'on charge de nous découvrir, les tourments qu'on nous y fait souffrir, nous devrions détester ces assemblées.
très bon, très grand, ains homme mortel, impie envers ses parents, et rempli de toute méchanceté, n’ayant épargné ni sa sœur Junon, ni sa fille Vénus : lequel mêmement avait ravi Ganymède de Phrygie, pour en abuser à son plaisir, sous couleur de le prendre pour son échanson. […] ains le prenaient pour quelque puissance céleste par-dessus les éléments, ou pour la région du feu. […] Ce Poète affirma qu’il n’y avait qu’un Dieu, duquel toutes choses prenaient leur être. […] Car l’une prend son étymologie de ce mot GrecDonatus sur Terence. τράγις, qui signifie en François, Bouc, lequel au seul regard premier ne semble point laid, mais quand il se départ, il laisse une puanteur merveilleuse : l’autre prend son appellation de ce mot GrecHoratius in arte.
Ce n’est assurément pas à la magistrature à prendre le parti du théâtre ; elle y est très fréquemment jouée, ainsi que tous ses suppôts, Commissaires, Avocats, Procureurs, Huissiers, Notaires, etc. […] Comment l’obtiendront-ils, s’ils oublient leur dignité, jusqu’à se montrer sur la scène, se familiariser avec les Comédiens, prendre leurs allures, jouer eux-mêmes des pièces ? […] Mais ceux qui prennent le plus de peine, ce sont des jeunes gens (des petits-maîtres) qui sont partout. […] Les ordonnances n’exigent-elles pas pour prendre un office le même âge, autant d’étude, plus de grades, d’enquêtes, d’examen, que l’Eglise n’en demande pour le sacerdoce ? […] Quel respect, quelle estime peut avait le public pour un habitant de la scène, qui nécessairement en prend l’esprit et les allures, la dissipation et la malignité, la frivolité et les vices ?
Du moins Oreste ne s’est pas oublié jusqu’à monter sur la scène : « In scena nunquam cantavit Orestes. » Quand Néron fit mettre le feu à Rome, il prit son habit de Comédien, monta sur la haute tour de Mécène, pour mieux voir ce qu’il appelait un bel embrasement, une vive image de l’incendie de Troie ; et pour mieux représenter le premier rôle qu’il jouait dans cette affreuse tragédie, il chanta un poème qu’il avait composé sur la prise de Troie. […] Il tend des pièges, et se moque de celui qui s’y laisse prendre, et ne prévoit pas qu’il souffrira un jour des mêmes passions qu’il a allumées pour en abuser. » Les Grecs, il est vrai, dans le premier âge de la comédie, n’épargnaient pas même les plus grands de la République. […] Il est digne de nos autels, son tonnerre inspire l’effroi, il prend le soin du bonheur de la terre, etc. […] Les Comédiens y prennent des airs de grandeur, un ton de fierté, un goût de luxe, un esprit de profusion ruineux et ridicule. […] Ils se sont montés sur ce ton, ils ont pris cette habitude, comment se populariser ?
Julien se révolta contre Confiance, prit le titre d’empereur, & alla avec son armée combattre son souverain 5°. […] C’est alors que, mortellement blessé dans un combat, il prit une poignée de son sang, le jetta de rage contre le ciel, & prononça de rage ce blasphême : Tu as vaincu, Galiléen, tu as vaincu, rassasie-toi donc de mon sang. […] Etant au Mans, aulieu d’aller à l’office, il se masque en sauvage ; il s’enduit tout le corps de miel, ouvre un lit de plume & s’y roule jusqu’à ce qu’il en eût pris tout le duvet. […] Il est vrai que Racine ne fit depuis que deux tragédies, Esther & Athalie, pleines de sentimens de religion, où il n’entre point de galanterie : mais tout est lié au théatre, d’une piece sainte on passe aisément à une piece profane ; & dans la piece sainte même, le goût du spectacle que l’on prend, la décoration mondaine qu’on étale, ne sont gueres moins dangereuses dans Esther & Athalie, que dans Phedre & Bérénice : Clairon est Clairon par-tout.
C’est donc mal à propos qu’il recueille les sentences des anciens Docteurs pour nous condamner, comme si nous prenions un parti contraire vu que nous les maintenons, les prenant pour boucliers et défenses contre la batterie que l’hérésie a tirée de l’arsenal de Satan pour attaquer la maison de Dieu, qui augmente sa gloire en ce digne labeur. […] Philippe de Commines écrit que les Rois de France y ont pris très grand plaisir. […] Scipion et Lélius ont aidé Térence à faire ses Comédies : Au prologue de celle de Clinia et Antiphile h, Térence s’en défend, et le prend à honneur. […] Mais s’il est ainsi, comme il est vraisemblable, que l’homme d’entendement ne se laisse jamais vaincre d’un plaisir ridicule, et borne celui qu’il prend et donne aux autres, comme s’il s’était imposé lui-même la loi pour entretenir ceux qu’il veut réjouir, de propos, aussi décent que délectables ; c’est en quoi le docte est reconnu de l’ignorant ; l’un pour toute fin n’a que le ris, et ne se soucie de quel prix il l’achète : et l’autre n’en veut séparer 1’honnêteté.
Plusieurs s'imaginent qu'il n'est pas certain que ce soit un péché, de monter sur le Théâtre, et d'aller à la Comédie: Mais quoi qu'ils en pensent, il est certain que tout cela cause une infinité de maux ; car le plaisir qu'on prend aux Spectacles des Comédies, produit la fornication, l'impudence, et toute sorte d'incontinence. […] Quand vous entendez des personnes qui blasphèment ; vous ne prenez point plaisir à ce qu'ils disent ; vous frémissez au contraire ; et vous vous bouchez les oreilles pour ne les point entendre. […] Comment vous pouvez-vous appliquer aux bonnes choses, étant accoutumé à ces sortes de discours ; comment pourrez-vous supporter le travail qui est nécessaire pour s'affermir dans la continence, lors que vous vous relâchez jusqu'à prendre plaisir à entendre des mots et des vers infâmes ; car si lors même qu'on est le plus éloigné de ces infamies, on a tant de peine à se conserver dans toute la pureté que Dieu nous demande ; Comment notre âme pourra-t-elle demeurer chaste, lors qu'elle se plaira à entendre des choses si dangereuses. […] On y voit un jeune homme qui ayant rejeté tous ses cheveux derrière la tête prend une coiffure étrangère, dément ce qu'il est, et s'étudie à paraître une fille dans ses habits, dans son marcher, dans ses regards, et dans sa parole.
Mais, je le répète, c’est une petitesse de s’en prendre aux personnes plutôt qu’aux choses, quand il est bien prouvé qu’on ne peut rien gagner au changement. […] Il en est de même du grand mouvement de l’Amérique, auquel nos ministres semblent craindre de prendre une part active et utile pour notre commerce. […] Les injustes interprètes des réflexions franches que j’expose dans le présent écrit, m’accuseront peut-être d’avoir pris un ton ironique ; mais j’en appelle aux hommes les plus pénétrants, ils sauront apprécier la pureté de mes intentions.
Si Dieu ordonne aux Juges par la bouche du même Prophète de prendre le parti des pauvres, contre l’oppression des méchants, et si pour leur infidélité à cet ordre, il dit, que « les fondements de la terre sont ébranlés », c’est-à-dire, les Provinces et les Royaumes dans le trouble et le renversement, par l’occasion que leur faiblesse ou leur lâcheté donne à l’insolence, aux vols, aux pillages, et aux meurtres, appuyés sur l’espérance de l’impunité ; que leur dira-t-il, s’il se trouve que non seulement ils aient été l’occasion de la perte des âmes, mais qu’ils y aient actuellement contribué, comme en effet ils y contribuent, puisque c’est par leur ordre que les Théâtres sont dressés, que ceux qui corrompent les mœurs, y paraissent effrontément, et que Dieu y est outragé publiquement et impunément : qui pourra, je vous prie, mettre à couvert les Juges de si grands maux, vu que c’est leur criminelle tolérance qui en est la source ? […] « Vous mourrez comme des hommes », ajoute le Prophète parlant aux Juges, comme s’il disait, vous ne mourrez pas comme Juges, comme Pasteurs et Supérieurs des autres, mais comme hommes qui n’aurez aucune autorité non plus que le dernier des mortels, et qui serez traités avec toute sorte de mépris, de confusion et de peines, parce que la grandeur du châtiment se prendra de la grandeur des grâces que vous aurez reçues : le haut rang que vous tenez dans le monde ne vous exemptera ni de la mort, ni du jugement, ni des tourments qui sont préparés à ceux qui président, et qui ont abusé de leur autorité, comme font les Juges qui préfèrent la satisfaction d’un Tabarin, d’un Jodelet, et d’un faquin, à la gloire de Dieu, à l’honneur de son Eglise, et au salut des âmes qui sont le prix du Sang de Jésus-Christ : Pensez-y, Messieurs, il y va de vôtre éternité. […] Le même Tertullien que je viens de citer, parlant de la scène et de l’échafaud des Farceurs, l’appelle « la sacristie de Vénus, le consistoire de l’impudicité, l’arsenal de toute vilenie, qui prend sa grâce et sa gaité, de l’ordure et de la saleté », parce que la voix des Bateleurs, leurs gestes et leurs habits de parade, allument des étincelles de lubricité dans le cœur de ceux qui les écoutent et qui les regardent.
On ne va à la Comédie, dit-on ordinairement, que pour y prendre un plaisir honnête. […] Les douceurs que prennent les bonnes âmes dans la prière, lui semblent fades, ou plutôt il ne les goûte point.
Quoique ce Discours soit plus curieux que nécessaire, et qu’il importe peu de savoir si le Monarque doit appliquer son esprit à ces Arts, qui pour leur noblesse sont appelés Libéraux, et si pour se délasser des affaires il se peut exercer à la Peinture et à la Musique ; J'ai cru néanmoins que je devais traiter ce sujet, parce qu’il a déjà été traité par quelques autres ; Joint que voulant former un Prince, je suis obligé de lui marquer aussi bien ses exercices que ses occupations, et d’examiner si la main qui porte le Sceptre peut prendre quelquefois le Pinceau pour se divertir et s’égayer. […] Ce sage Grec se trouvant en quelque ville où la Musique était en estime, et où les Princes faisaient gloire de la savoir, il fut prié de chanter : Il s’en excusa en avouant son ignorance, et dit avec une fierté digne d’un grand Capitaine, qu’il ne savait pas chanter, mais qu’il savait bien faire la guerre et prendre des Villes.
Peut-on plus mal prendre son tems ? […] C’est un tailleur qui fait un habit, il prend ses mesures sur les personnes qu’il veut habiller. […] Le vrai génie dramatique n’a aucun caractère propre, aucun style à lui, ni dans la composition, ni dans la représentation ; mais il prend tous ceux qu’il veut jouer, c’est un vrai Caméleon, qui prend toutes les couleurs des objets ; c’est un historien en action, qui n’est d’aucun pays, d’aucun siécle, d’aucun climat, mais de tous les pays, de tous les siécles & de tous les climats. […] Devroit-on prendre du poison parce qu’il agit lentement ? […] Le Pere Porée & le Pere Brumoi son traducteur sont moins entousiastes ; je m’en prends sur tout, disent-ils, au chef des auteurs & des acteurs de la scéne poëté par goût plus que par étude.
Pour le déprécier il prend le haut ton en faveur de Moliere. […] Un homme sage devroit-il prendre ce ton dans un ouvrage public, par-tout repandu ? […] On ne pouvoit mieux s’y prendre pour les tourner en ridicule. […] Mais il prend le titre nouveau de Greffier de ses Citoyens. […] Ce Prince a fait quelque sejour en France, & a pris à Paris le goût du Spectacle.
Les Incas sentant l’influence du théatre sur les mœurs, le prirent en confidération, & s’en emparerent pour le contenir. […] Il est difficile d’égaler un si parfait modele : eût-on même le bonheur d’eu approcher, l’Archevêque de Cambrai a pris le devant, il est en possession de l’estime publique qui sans examen ne lui souffre point de rivaux. […] Je pris le rôle d’Arlequin, je m’en acquittai si bien, que le monde venoit en foule. […] Je ne sais si l’Editeur qui l’a publié, aura bien pris les allures, la naïveté, l’énergie de son modele, pour les licences qui lui sont familieres, ne doutons pas qu’il ne les ait imitées & même surpassées. […] Il se maria, & prit dans sa patrie une charge qu’il remplit avec honneur.
Et puis, on me prenait la main ; on l’aurait baisée, je pense, si je l’avais souffert. […] Je sais bien que ce jeu forcé plaît, & que nous sommes dans un siècle où il est impossible qu’il ne prenne pas ; mais il n’est pas naturel. […] Des exemples feront mieux entendre comment l’on peut manquer à ces trois sortes de décences ; je les prendrai dans les premières Pièces qui s’offriront à ma mémoire. […] Dans toutes les Comédies à composer dans la suite, on ne parlera qu’en prose ; les vers étant un abus dans des Pièces où l’on doit prendre le ton ordinaire de la conversation. […] Aucun fruit considérable à espérer du Théâtre, si l’on ne prend cette route.
Ce saint Docteur veut même qu’il y ait quelque sorte de péché à ne point prendre de divertissement ; « Parce, dit-il« Quia omne quod est, etc. », article 4. […] J’ai été bien aise de vous rapporter toutes ces choses avant que de vous découvrir précisément mon sentiment sur ce sujet ; et sur les principes incontestables que j’ai posés : je dis que, selon moi, les Comédies de leur nature, et prises en elles-mêmes indépendamment de toute circonstance, bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. […] « Pour preuve que l’Ecriture Sainte ne condamne point les Jeux, les Danses et les Spectacles, pris en eux-mêmes et dépouillés des circonstances fâcheuses qui les peuvent faire condamner (ce sont les propres paroles du Bienheureux Albert le Grand). […] J’aime donc mieux conclure avec plus de vraisemblance que ces péchés sont des effets de la malice ou de la faiblesse humaine, qui de toutes sortes d’objets indifféremment prennent occasion de pécher. […] J’en ay confessé et connu assez particulièrement, qui hors du Théâtre et dans leur famille, menaient la vie du monde la plus exemplaire : et vous m’avez dit vous-même que tous en général prenaient sur la Masse de leur grain de quoi faire des Aumônes considérables, dont les Magistrats et les Supérieurs des Couvents pourraient rendre de bons témoignages.
Clairon est donc devenue le temple de la gloire, c’est à elle à donner des lauriers, puisqu’elle en est toute couverte ; je ne pourrai pas la rémercier dignement, je suis un peu entouré de ciprés ; on ne peut pas plus mal prendre son tems pour être malade ; je vais pourtant me secouer, & écrire au grand Prêtre & à la grande Pretresse. […] Les Bacchantes même n’étoient pas habillées de pampres & de lierre ; il faut que Voltaire & sa troupe soient surieusement affectés de l’envie qu’ils s’imaginent qu’on leu porte, & qui n’est que l’injure banale contre tous ceux qui ne l’admirent pas, qui la répétent à toutes les pages ; il y a sans exagération dans les œuvres de Voltaire deux mille traits contre ses ennemis, & tous avec ces propos des hâles ; il est si hors de lui-même, qu’on le prendroit pour une harangere. […] Les Orgies ou les Bacchanales étoient les fêtes de Bachus, ainsi appelées, & célébrées par l’ivresse, les folies, les fureurs, les emportemens des Bacchantes ; Voltaire auroit-il voulu dire que ceux qui ont célébré son Orgie l’ont pris pour Bacchus, étoient dans la fureur & l’ivresse ? […] Cette idée me fait souvenir d’un livre intitulé la Danse de Macabré, où dans plus de cent estampes, on voit la mort qui prend quelqu’un par la main, & le fait danser ; à commencer par le Pape & l’Empereur, par l’Imperatrice, le Roi & la Reine, jusqu’au plus petit berger, & à la moindre paysanne ; à chacun desquels la mort annonce qu’il faut mourir. […] Il y a un autre livre intitulé le faut mourir, en vers & en dialogue, comme le premier, dont il semble avoir pris l’idée & le plan ; mais dont la poésie est plus correcte, quoiqu’encore assez médiocre.
Son orgueil et son libertinage méritent assurément d’être punis, et comme il est un sot, ils le seraient bientôt, par une suite toute simple de sa sottise et de sa prodigalité, si le bon sens de sa femme ne venait à son secours. » Mais on dit, M. le Public, que vous prenez pour un honnête homme, cet Escroc de Gentilhomme qui le vole si indignement ? […] En qualité de Juge, il reprend très fort son sérieux, quand il est question de prononcer sur le Compte d’Angélique : il ne voit plus en elle qu’une femme détestable ; il passe du rire à la compassion pour le pauvre George Dandin, et convient avec lui que quand on a épousé une aussi méchante femme que la sienne, « le meilleur parti que l’on puisse prendre, est d’aller se jeter dans l’eau la tête la première »cs . […] J’en parlerai moi, et même pour justifier l’usage qu’on en fait : on les représente tels qu’ils sont, fourbes, fripons impudents, par une raison très louable, c’est comme si l’on disait aux pères de famille : « Vous qui négligez de prendre vous-mêmes soin de l’éducation de vos enfants, qui ne leur donnez souvent que vos valets pour surveillants ou tout au moins qui leur permettez trop de commerce avec eux, vous qui, par une sévérité mal entendue, êtes presque toujours opposés à des goûts que la nature et la jeunesse autorisent ; vous qui, sans faire aucune attention à l’inclination, au goût, au caractère de vos enfants, ne leur prescrivez que ce qu’ils doivent haïr, ne soyez point surpris s’ils se livrent à des conseils tout à fait opposés à vos vues, et si les avis d’un Valet fripon ou d’une Soubrette effrontée obtiennent leur confiance que votre dureté leur a fait perdre. » Voilà Monsieur l’usage que nos Auteurs font des valets. […] Il s’agit d’examiner si Alceste est un galant homme tourné mal à propos en ridicule ; si la pièce, comme vous vous l’imaginez, est contraire aux bonnes mœurs ; si un homme qui dit durement son avis sur tout, qui ne s’embarrasse jamais de mortifier personne, qui prend le Dé à tous coups, et s’établit orgueilleusement le Juge et le Précepteur du genre humain, qui joint l’insolence à la brusquerie, n’est pas un homme vicieux et blâmable ; et si la probité est un titre qui exclue la politesse et la modestie. […] Rassurez-vous donc Monsieur, je vous réponds qu’aucun Faussaire ne s’y prendra jamais aussi maladroitement que le Légataire pour faire un faux acte : Crispin et Lisette sont des fourbes trop absurdes pour servir jamais de modèle ; tous trois enfin sont trop mauvais professeurs en friponnerie pour faire jamais des écoliers dangereux.
.), où il parle fort au long et en bon Magistrat de tous les spectacles ; on y verra divers ordres du Roi, nombre de règlements du Lieutenant de police, et quantité de précautions prises pour y maintenir l’ordre. […] Chaque ville a eu besoin de prendre bien des mesures pour arrêter les désordres trop communs dans des assemblées malheureusement tolérées, qui sont elles-mêmes un très grand désordre. […] Ce n’est que peu à peu, à mesure que l’esprit de frivolité et le goût du vice ont pris le dessus, qu’on a souffert, après bien des oppositions des voisins, et des gens de bien, que la folie et le scandale eussent des établissements fixes et des maisons publiques, où tout le monde fût reçu et invité à en aller prendre des leçons et voir des exemples. […] On ne les écoute pas en corps dans leurs procès, ils n’en font pas un aux yeux des Juges ; on ne leur doit aucune audience, et ce n’est que par grâce qu’on souffre qu’ils prennent dans leurs écritures la qualité de Comédiens, que les Tribunaux ne connaissent pas. […] Le Parlement les rebuta, comme personnes que les bonnes mœurs, les saints canons, les Pères de l’Eglise, et nos Rois même, ont toujours réputés infâmes, et leur défendit de jouer, ni de plus obtenir de semblables lettres ; et néanmoins dès que la Cour fut de retour de Poitiers, le Roi voulut qu’ils rouvrissent leur théâtre. » Le Journal dit que ce fut le 19 mai que ces Italiens nommés li Gelosi, apparemment du nom de leur chef, parurent sur la scène à l’Hôtel de Bourbon, qu’ils prenaient quatre sols par tête à l’entrée, et que l’affluence du monde était si grande, « que les quatre meilleurs Prédicateurs de Paris ensemble n’en avaient pas autant ».
C’est une production dans le goût du siecle ; on prendroit l’Auteur pour un Deïste du grand monde qui a de la politesse, mais qu’un masque de décence assez transparent a bien-tôt décélé. […] C’étoit un Poëte qu’il avoit pris soin de former, & qu’il rendit presque aussi inimitable. […] Il est vrai qu’il les avoit pris dans l’histoire du peuple le plus fertile en grands hommes (les Romains qui vinrent après Cirus à mille lieues de la Perse). […] Il avoit pris ces teintures de Philosophie, dans les conversations de Robaut & les conférences de Gassendi. […] En voici quelques traits pris aux hasard ; ils feront juger s’ils méritoient un autre sort.
On a vraiment bonne grâce de louer les Comédiens, de vouloir qu’un Prédicateur prenne leurs leçons, et de le traiter, par mépris, de Comédien quand il les imite. […] Si c’est là votre but, repris-je, vous vous y prenez mal ; au lieu de faire déclamer des scènes, faire réciter les sermons de Bourdaloue ou les plaidoyers de Patru. […] Mais l’inconvénient le plus grand, parce qu’il nuit à la piété et aux mœurs, c’est le danger que ces exercices ne fassent naître dans l’esprit des maîtres et des écoliers, comme cela est naturel, le désir de s’instruire par leurs yeux de la manière dont on déclame au théâtre, de le fréquenter, et de prendre pour la comédie un goût qui peut avoir des suites bien funestes, surtout à cet âge. […] Il faut que ce soit, non des comédies toujours plus libres, plus malignes, plus frivoles, mais des représentations sérieuses de quelques histoires, qu’on ne prenne jamais des sujets de l’Ecriture, qui ne doivent pas être mis sur la scène. […] Quand il commença de s’introduire, avec les précautions que la ferveur faisait prendre, on a pu le regarder comme peu dangereux : l’abus est aujourd’hui sensible.
» Ce mot pris dans un sens général, signifie toute sorte de Poème dramatique, soit Comédie Pastorale ou Tragédie. […] dit que le théâtre est le consistoire privé de l’impudicité, où l’on n’approuve que les libertés qu’on n’oserait prendre ailleurs, « Est privatum consistorium impudicitiæ, ubi nihil probatur quam quod alibi non probatur. […] Il suffit de dire, qu’il assure, que ceux qui assistent aux Comédies et qui y donnent des marques du plaisir qu’ils y prennent, sont en quelque manière plus coupables que les Comédiens mêmes ; puisqu’en les autorisant par leur présence et en témoignant la joie qu’ils ont d’entendre leurs bouffonneries et leurs sottes plaisanteries, ils les animent à se rendre encore plus insolents, et en sont par conséquent la véritable cause. « Non enim, dit ce Père, tam ille delinquit, qui illa simulat, quam tu præ illo, qui hoc fieri jubes : non solum jubes ; sed etiam exultatione, risu, plausu adjuvas quæ geruntur, omnibusque prorsus modis, hanc diabolicam confovens officinam. […] La première : parce que cette sorte de récréation étant par elle-même et par ses circonstances entièrement mondaine, et de la nature de celles que prennent les seules personnes du siècle, elle ne peut en aucune manière convenir à des Religieux, qui par la régularité de leur conduite, et par la sainteté de leur état doivent être très éloignés des maximes et des pratiques du monde, auxquelles ils ont absolument renoncé par leur profession solennelle. […] Nous ne voulons rien dire de la mollesse et du peu de retenue, où s’engagent souvent ceux qui ne font point de scrupule de se laisser aller à un tel excès, et nous nous contentons de déclarer notre sentiment, qui est, que ces Religieux ne peuvent en conscience, et sans un péché fort grief continuer à prendre une telle récréation.
Elles appellent sans cesse au tribunal du goût, juge assez intégre, pris généralement, & si partial, considéré dans chaque individu, qu’il est indefinissable. […] Doit-on s’étonner que ceux qui s’adonnent à ce genre périlleux, prennent presque autant de soin de gagner les spectateurs, que de composer de bons ouvrages ? […] Qu’elles précautions ne prend-on pas pour éviter les préges & les cris de la cabale ?
L’on se plaint ouvertement de la ruine des Sages-femmes bientôt exterminées par les accoucheurs ; de l’extinction de la charge de Demoiselle suivante, et de l’érection de celle de Valet de chambre ; de la liberté qu’une femme a d’aller seule dans tout Paris, sans autre compagne qu’une écharpe, comme un Moine, qui pour son compagnon prend son chapeau sur son froc : De sorte qu’avec une écharpe comme avec un chapeau, l’on a mis en usage d’aller où l’on veut, et de pouvoir faire tout ce que l’on ne serait pas tenté de faire, en la présence d’une Suivante ou d’un oblatc. […] On reconnaît déjà qu’on s’y est trompé ; on sent la nécessité de s’y prendre autrement ; et j’examinerai à loisir les règles que l’on peut s’y prescrire. […] Ancien soldat invalide, pris en charge par une abbaye ou un prieuré.
Ce fut aussi pour ce sujet que Octave Auguste défendit aux femmes d’y assister, et l’un des Scipion voyant les grands désordres que ce mauvais entretien causait dans les familles, persuada aux Romains par une grave et forte harangue, d’empêcher les vices étrangers, tel qu’étaient la Comédie de prendre pied dans Rome, ce qui eut assez de pouvoir pour faire tôt après ruiner et brûler les lieux destinés à tel usage, avec tous les sièges et autres préparatifs dont on s’y servait. […] Mais ces Saints Pères ont-ils improuvéc le plaisir qu’on prend en telle rencontre, où les assistants n’ont aucun mauvais desseins ? […] C’est que ces jeunes gens ne seront mis en ces Jeux, qu’une fois ou deux pendant le cours de leurs études : Ce qui pris tout ensemble ne peut produire aucun mauvais effet comparable à ceux des Comédiens publics.
Pour ce qui regarde les dimanches, notre auteur commence par cette remarque : « Que les saints jours nous sont donnés non seulement pour les sanctifier, et pour vaquer plus qu’aux autres au service de Dieu, mais encore pour prendre du repos à l’exemple de Dieu même »Page 55. [« Lettre d’un théologien », page 55]. : d’où il conclut « que le plaisir étant le repos de l’homme », selon Saint Thomas, il peut prendre au jour de dimanche celui de la comédie, pourvu que ce soit après l’office achevé : à quoi il tâche encore de tirer Saint ThomasPage 55. [« Lettre d’un théologien », page 55].
L’un et l’autre conclurent de là que c’étaient vraisemblablement les académiciens qui l’avaient déférée à M. l’archevêque ; ils s’en prirent à eux. […] Quoique une compagnie dans laquelle il y a toujours eu des gens de lettres d’un grand mérite ait mis cinquante ans à le faire, il est tombé, dès qu’il parut, dans l’oubli et dans le mépris si fort qu’on n’ose le citer ; aussi dit-on que les illustres n’y avaient pris que peu de part et que c’est l’ouvrage des jetonniers.
Je crus qu’un homme qui se mêlait de railler tant de monde, était obligé d’entendre raillerie, et j’eus regret de la liberté que j’avais prise dès qu’on m’eut dit qu’il prenait l’affaire sérieusement. […] Enfin, il est aisé de connaître, par le soin qu’ils ont pris d’immortaliser ces Réponses, qu’ils y avaient plus de part qu’ils ne disaient.
Nous sommes persuadés néanmoins que l’on pourrait prendre pour y parvenir des voies non seulement plus utiles aux Enfants à qui on fait perdre un temps infini, et aux Maîtres qui n’en perdent pas moins, occupés pendant plusieurs mois de la composition, du récit et du succès de leur ouvrage ; mais aussi plus conformes à la Religion, qui a toujours marqué beaucoup d’horreur pour les spectacles sans y mettre de distinction. […] » Nous croyons devoir exhorter les Régents qui seront chargés de ces sortes d’ouvrages, de ne pas y donner si fort leur temps, qu’ils oublient le soin qu’ils doivent prendre de leurs Ecoliers ; et de se souvenir qu’ils doivent s’appliquer beaucoup plus à les rendre de bons Chrétiens, qu’à en faire de bons Acteurs.
Tous les Spectateurs saisis de fureur montèrent sur le Théâtre, et ayant pris Gélasin ils le lapidèrent. […] Il avait pris ce qui se trouvait de meilleur et de plus sage dans les Poètes qui l’avaient précédé, et S. […] Il faut donc prendre des biais pour se faire écouter. […] Je prends cette citation dans la Critique du Théâtre Anglais, p. 465. […] L’Epouse qu’il prit, l’incomparable Marguerite, se trouva tout à fait dans les mêmes dispositions.
Ce soin même que prennent les auteurs des pièces de théâtre, de couvrir leurs mensonges de l’apparence de vérité, afin qu’elles puissent être agréables rend témoignage à ce que j’avance, et prouve invinciblement que l’esprit de l’homme est créé pour la vérité ; mais cet attachement prodigieux à des fictions et à des chimères, fait voir d’autre part qu’il est devenu plus vain que la vanité, puisqu’il préfère l’image à la réalité, des mets en peinture à une viande solide, et qu’il consume misérablement ses forces et sa vigueur à poursuivre des fantômes, et courir après l’ombre de la grandeur. […] ; or rien ne nous est plus dangereux, susceptibles d’erreur au point où nous le sommes, que de prendre l’habitude de quitter les choses réelles pour nous attacher à leur ombre, et de mettre notre plaisir dans le néant, c’est pourquoi Tertullien ne fait aucune difficulté de dire que tout ce qui tient de la fiction passe devant l’auteur de la vérité pour une espèce d’adultère, « adulterium est apud illum omne quod fingitur », et comme ces fables sont ingénieuses, et embellies de tous les ornements de l’art, et des traits de l’éloquence, elles viennent non seulement à vous plaire plus que la vérité, mais encore à en inspirer le mépris et le dégoût. […] L’instinct du Christianisme va si fort à en éloigner, que les Païens reconnaissaient qu’un homme était devenu Chrétien dés qu’ils ne le voyaient plus dans ces lieux, et la curiosité y ayant un jour conduit une Chrétienne, le démon prit possession d’elle aussitôt, et comme on le conjurait dans les exorcismes de dire ce qui l’avait rendu assez insolent pour s’emparer du corps de cette servante de Jésus-Christ, il répondit par sa bouche qu’il l’avait trouvée dans sa maison, in meo inveni. […] , la nudité, les gestes, les airs lascifs des comédiens et comédiennes qui soit contraire à la modestie, supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur parure, leurs actions, et tout leur maintien extérieur, supposé que tout ce qui s’y passe, les vers tendres et passionnés, les habits, le marcher, les machines, les chants, les regards, les mouvements du corps, la symphonie, les intrigues amoureuses ; enfin que tout n’y soit pas plein de poison, et semé de pièges, vous devez pourtant vous abstenir d’y aller, (je parle toujours avec saint Chrysostome) car ce n’est pas à des Chrétiens à passer le temps dans la joie, aux Disciples d’un Dieu homme qui n’a jamais pris sur la terre le moindre divertissement, à qui le rire a été inconnu, qui a donné au contraire sa malédiction à ceux qui rient, que l’Athlète qui étant dans la lice tout prêt d’en venir aux mains avec son adversaire, quitte le soin de le combattre pour prêter l’oreille à des folies, le démon nous attaque et tourne de tous côtés pour nous dévorer, il n’y a rien qu’il ne tente pour surprendre, il grince des dents, il rugit, il jette feu et flamme, et vous vous arrêtez tranquillement à ouïr ces extravagances, pensez-vous que ce soit par là que vous le surmonterez ?
Les impressions vives et touchantes, dont nous prenons l’habitude, sont-elles bien propres à modérer nos sentiments au besoin ? […] Il crut augmenter son bonheur et le sien en lui faisant prendre le goût des plaisirs à la mode et en la forçant en quelque sorte à aller aux spectacles. […] Leurs riches et pompeux ornements, plus ou moins indécents suivant que l’exige la scène, donnent encore un tel pouvoir à leurs charmes, qu’on ne peut guère les considérer sans s’y laisser prendre. […] Ajoutez la confusion et la négligence des spectateurs, le lieu même qui invite à la volupté, tout ce qu’on entend avant que ces femmes paraissent et après qu’elles ont paru ; ajoutez le son des instruments de diverse espèce, les charmes d’une musique dangereuse, qui amollit l’âme, qui dispose les hommes et les rend plus faciles à se laisser prendre aux attraits des courtisanes qui se donnent en spectacle.
Les Ursulines, qui ne se sont pas trouvées prêtes, ont renvoyé à un autre temps pour exercer leurs Eleves ; ce sera vraisemblablement le jour qu’on fera l’Oraison funebre, qu’elles prendront ce deuil théatral. […] Ils ont pris leurs degrés, & fait leur cours dans toutes les sciences. […] Qu’est-ce que leur portion auprès de ce qui revient à la troupe, quoiqu’ils aient pris plus de peine ? […] Elles se dissipent, perdent la pudeur, flattent leur vanité, & prennent les miseres de la passion pour la mesure de leurs grâces, s’aguerrissent avec le vice, se perdent en perdant les autres. […] On se poursuit, on s’évite, on se prend, on gagne ; il faut de l’invention & de l’adresse pour ménager & varier des danses & des airs qui caractérisent chaque piece, & la fassent marcher à propos.
Ces monstres, demi-femme & demi-poisson ou demi-oiseau, si célèbres dans la mythologie par leurs chants & leurs attraits dangereux, dont il étoit si difficile de se sauver, & dont Ulisse n’échappa, dit Homère dans l’Odissée, qu’en se faisant attacher au mât du navire, & bouchant les oreilles de ses matelots, ces monstres prétendus, n’étoient dans la vérité qu’une mere & des filles prostituées, qui s’étoient établies sur le Promontoire de Sirenusse en Lucanie, d’où elles ont pris leur nom, dans un endroit où les vaisseaux venoient aborder pour prendre des provisions, & où elles se vendoient aux passagers & aux matelots. […] S’ils apprennent à déclamer, sur-tout s’ils prennent leçon d’une Actrice, ils apprennent à danser. […] On n’a qu’à parcourir les Almanachs des Spectacles, on y verra tout cela, & encore de nouvelles horreurs enfantées par les imaginations lubriques des modernes, ou prises des Contes de Bocace, de la Fontaine, de Rabelais, de Pétrone, de l’Arétin. […] est-ce faire celui du politique qui l’emploie, & du peuple frivole qui s’y laisse prendre ? […] Pour éluder la loi, on porte dans sa poche un faux nez qu’on s’applique en entrant, pour se déguiser ; mais des gardes sont chargés de prendre à l’entrée les gens par le nez pour voir s’ils ont un nez postiche.
Nous trouvons un plaisir dans l’émotion que nous cause ce spectacle ; & c’est dans cette disposition du cœur humain (comme je l’ai dit plus haut) que le plaisir de la Tragédie prend sa source. […] Je puis m’y prendre de trois manieres. […] Pourquoi donc les premiers Auteurs de nos Spectacles prirent-ils pour leur Sujet ordinaire, la Passion de Notre Seigneur ? […] Ou change-t-elle en Médecine les poisons qu’elle nous fait prendre ? […] Tous les soins qu’on a vu prendre de Joas, ont fait connoître le pere de l’Orphelin.
Voicy donc à peu prez comme il faut s’y prendre. […] Le Poëte ou celuy qui a la direction du Balet, doit prendre un soin exact de faire joûer note pour note l’Air du Balet, sans y permetre ny redouble ny batterie qu’alors qu’on ne dance point. […] Le Danceu de son costé doit estre intelligent, prendre peine pour entrer dans le sens du Sujet, dans l’esprit du Poëte, & dans le caractere de son Personnage. […] L’adresse, la belle execution suffisent, & le moindre divertissement qu’on y prenne, tient lieu d’un raisonnable succez. […] Les Arbres & les Troncs quoy que morts, & de racinez paroissent transplantez & semblent prendre un nouveau suc de l’esprit du lieu & de leur sol nouveau.
[FRONTISPICE] PETIT FRAGMENT CATECHISTIC D'UNE PLUS AMPLE CATECHESE DE LA MA- gie répréhensible et des Magiciens, pris de l’une des Catéchèses et Opuscules de M.
Au reste, malgré les détours que j’ai pris quelquefois pour dire ma façon de penser, il est facile de l’entrevoir ; la vérité, que j’essaye de cacher en partie, m’échappe souvent, & perce le faible nuage dont je l’enveloppe. Le Lecteur se ressouviendra donc que la plus-part des louanges que je donne à l’Opéra-Bouffon ne doivent point être prises à la lettre.
« L’épouse que tu prends, sans tache en sa conduite, Aux lois de son devoir règle tous ses désirs. […] Et ces airs tant répétés dans le monde ne servent qu’à insinuer les passions les plus décevantes, en les rendant plus agréables et plus vives par les charmes d’une musique, qui ne demeure si facilement imprimée dans la mémoire que parce qu’elle prend d’abord l’oreille et le cœur.
Et quand je le voudrais, je ne puis vous donner une assurance que je n’ose pas prendre pour moi-même. […] De prendre le fait et cause des oppressés avec chaleur. […] Bientôt après le travail excessif qu’il avait pris en l’état où il était, et le soin des affaires échauffèrent tellement son poumon, que la fièvre le prit avec des accès, et des douleurs si violentes qu’il fut à l’extrémité. […] L’Auteur de la Dissertation a pris l’argument de saint Augustin pour l’opinion des Païens. […] Nous pouvons prendre pour règle de cet Examen ou les sentiments des Philosophes du Paganisme ; ou la croyance du peuple.
Il faut les marquer si vivement, que le spectateur soit en quelque façon prévenu sur le parti, que doit prendre un Acteur. […] Ses infortunes doivent être regardées comme la suite de quelque mauvaise action ; mais il ne faut pas qu’elle parte d’un mauvais fond, ou d’une âme noire ; il faut plutôt que ce soit l’effet d’une certaine fragilité, qui n’est pas incompatible avec une grande vertu : C’est ainsi, que la jalousie injuste de Thésée, l’infidélité de Jason, qui abandonne Médée, pour prendre une autre épouse ; la présomption de Niobé, qui se glorifiait dans le grand nombre de ses enfants, et qui méprisait Latone, ont été punies avec justice. […] Ce n’est donc que la corruption du cœur humain, qui peut rendre la Comédie mauvaise : En effet à le bien prendre, elle n’est qu’un mélange de paroles et d’actions agréables, propres à délasser l’esprit de l’homme ; et ce délassement est autant nécessaire à l’esprit, que la nourriture l’est au corps : De sorte que si l’on ne trouve dans la Comédie, ni paroles, ni actions, qui soient contre les bonnes mœurs, ni qui choquent les règles d’une exacte bienséance, ce serait une sévérité outrée, que de vouloir la proscrire absolument. […] Il n’y a rien qui ne soit louable dans cette institution : Et si l’on a fait dans la suite, des Comédies pernicieuses, et qui blessaient directement les règles de l’honnêteté, il faut s’en prendre aux Comédiens, qui ont abusé de leur profession ; comme il faudrait punir un Médecin, qui ne se servirait des règles de son Art, que pour composer des poisons. […] Je vous laisse, Madame, le choix du parti que vous avez à prendre, après avoir examiné toutes les raisons de part et d’autre.
Quelle confiance peut-on prendre dans le suffrage du Docteur, dont on a inséré l’approbation dans une Edition des Œuvres de D.P. […] Pour ne prendre qu’un honnête délassement à une Scène dont le jeu réunit tant d’objets si capables de faire des impressions contraires à l’honnêteté, quelle violence ne faut-il pas faire à ses sens & à son imagination ! […] Après avoir fait éclater son zèle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matière les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des mœurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux.
Quelle confiance peut-on prendre dans le suffrage du Docteur, dont on a inséré l’approbation dans une Edition des Œuvres de D. […] Pour ne prendre qu’un honnête délassement à une Scène dont le jeu réunit tant d’objets si capables de faire des impressions contraires à l’honnêteté, quelle violence ne faut-il pas faire à ses sens & à son imagination ! […] Après avoir fait éclater son zéle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matiére les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des moeurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux.
Je prends un jeune Poète qui brûle du desir de s’illustrer dans la carrière du nouveau Spectacle, je vais le conduire pas-à-pas ; je développerai l’éffet que feront sur lui mes discours ; & je détaillerai les progrès insensibles de son esprit. […] Quand je vais au Théâtre, le plaisir que je prends aux Drames qu’on y représente me fait verser des larmes. […] Lisez attentivement les Auteurs qui ont parlé avec succès de ce qu’il faut observer dans les Pièces de Théâtre ; ne vous éfforcez pas de les suivre à la lettre : le nouveau Spectacle auquel vous déstinez vos talens, permet à ses Poètes de prendre quelques libértés, c’est du moins ce que nous montre la plus-part de ses Drames.
.° Cent cinquante ans après, ces bouffonneries commencèrent à prendre un air régulier, & à devenir de petites pieces qu’on appela des Mystères, parce qu’on n’y représentoit que des choses saintes. […] A quoi il répond que sans doute en général, regarder la représentation de quelque chose n’est point un mal, mais que la vue des spectacles devient vicieuse, vitiosa redditur inspectio spectaculorum, parce que par ce moyen l’homme prend du goût & de l’inclination pour les vices d’impureté ou de cruauté : Per hæc homo fit pronus ad vitia lasciviæ vel crudelitatis. […] L’un, sauvage & farouche, ne voudroit jamais prendre de récréation ; l’autre s’y livre si fort, qu’il en devient un bouffon, un Comédien : Scurra mimus, mimium nugis indulgens. […] quelle jeune personne ne les prend pour modelle, & ne se fait gloire de les imiter ? […] ne prend-on pas le monde pour duppe, si on croit le persuader ?
Almérie prend ce jargon pour modèle, et y conforme sa réponse. « O je suis frappée ! […] que l’extravagance a pris la place de la raison, le renversement celle de l’ordre, et le vice celle de la vertu ? […] Pisthetœrus s’échauffe sur le nouvel intérêt qu’il prend à la cause des oiseaux, et jure par Jupiter que c’est à eux et non à lui qu’on doit désormais sacrifier. […] Quel plaisir peut-on prendre à voir le vice croître sans cesse par son industrie et par ses veilles ? […] Ben Jonson x beaucoup plus sage que Shakespeare prend le parti de la modestie dans ses Découvertes.
Quelle confiance peut-on prendre dans les sophismes des Apologistes des Théatres ? […] Je n’ai point pris la plume précisément pour attaquer les Spectacles : mais les nouvelles Observations de M. […] Ses regrets à cet égard sont une preuve de l’intérêt qu’il prend aux bonnes mœurs. […] C’est que le Théatre a pris les mœurs de la Nation, comme il contribue à son tour à les amollir & à les énerver. […] Ce fut au Théatre que prirent naissance les deux factions qui partagerent l’Empire sous Justinien.
lui diriez vous bien que c’est pour sa gloire que vous les prenez ? […] & pouvez-vous aspirer aux récompenses dont ils jouissent, si jusques dans vos plaisirs, vous ne les prenez pour vos modeles ? […] Ces motifs sont de se former l’esprit en le délassant des occupations sérieuses, & même de prendre, dit-on, des leçons de vertus. […] Dites donc, il faut le dire pour vous justifier, que si vous allez au théâtre, c’est pour y prendre des leçons de vertus. […] J’en appelle à vous, ô mon Dieu, je vous en prend pour juge.
Ainsi le besoin que l'on a de se délasser quelquefois, ne peut pas excuser ceux qui prennent la Comédie pour divertissement; puisqu'elle imprime, comme nous avons dit, des qualités venimeuses dans l'esprit, qu'elle excite les passions, et dérègle toute l'âme.
Ainsi le besoin que l'on a de se délasser quelquefois, ne peut pas excuser ceux qui prennent la Comédie pour un divertissement, puisqu'elle imprime, comme nous avons déjà dit, de mauvaises qualités dans l'esprit, qu'elle excite les passions, et dérègle toute l'âme.
RELIGIONb Sans être une passion, la religion prend une part très active dans les révolutions de la société humaine. […] [NDA] Le mot onéreux ne paraîtra pas déplacé, si on prend en considération cette opinion de La Bruyère: « Il y a dans les paroisses, dit-il, plus de rétributions pour un mariage que pour un baptême, et plus pour un baptême que pour la confession.
Pompée fut le premier qui en bâtit un de pierre, à demeure ; mais comme il craignait la sévérité des Censeurs, il prit la précaution d’y élever un temple à Vénus, et de ne proposer son théâtre que comme un accompagnement de cet édifice sacré. […] Revenons à la vérité du mot de Bossuet, « il y a de grands exemples pour, et de grandes raisons contre », que Louis XIV ne prit pas pour une insolence et un manque de respect à son autorité.
On a même encheri sur lui, & composé plusieurs contes à son imitation ; il prit le Florentin pour désigner Lulli qui étoit Italien, tout cela est-il bien noble ? […] On rapporte que le Pere de l’Arioste le grondoit un jour fort vivement, & fort long-tems ; l’Arioste l’écoutoit avec la plus grande attention, sans rien répondre pour se justifier : son frere lui demanda, quand son pere se fut éloigné, pourquoi il n’avoit rien répondu pour sa défense ; c’est , lui dit-il, que je travaille actuellement à une comedie, je suis a une scéne où un vieillard gronde son fils, & je veux prendre celle-ci pour modele. […] Arnaud quoique fort irrité, ne peut s’empêcher de convenir, que Nicole avoit pris le change, que ce n’est point à l’art qu’on doit faire le procès, mais à l’ouvrier qui péche contre le but & l’intention de l’art. […] Catherine de Médicis & le Cardinal Mazarin ont fait venir des troupes Italiennes à Paris ; personne n’y a fait venir des troupes Espagnoles, cependant les Italiens ne se sont jamais francisés, ils n’ont jamais pris le goût de la nation, ni la nation le leur ; ils ont toujours fait corps à part, & quoiqu’ils parlent François, ce sont deux spectacles toujours différents, qui n’ont pu s’incorporer, ni se fondre l’un dans l’autre. On n’a point puisé chez l’Italien, qu’y a-t-il à prendre ?
Tout cela pris à la lettre seroit ridicule ; mais en l’appliquant à la parure des femmes qui, selon la mode du pays, donnoient à leurs cheveux toute sorte de figures, il n’y a rien que de naturel & de juste. […] Chrisostome, dans la même idée, croit que l’ascendant qu’elle prend sur l’ame, la fait couler comme l’eau, en y apportant la fureur de l’amour, une véritable ivresse : Imposuisse menti, limphasse animum, æstum libidinis furibundum accendisse, amoris impetum attalisse . […] Dieu punira par des puanteurs horribles le plaisir déréglé qu’on aura pris dans les bonnes odeurs : Erit pro suavi odore fœtor . […] Cela n’est inconnu que dans ces Séminaires, ces maisons Religieuses, qu’on prendroit pour de boutiques de Parfumeurs, dans ces celules qui semblent des cabinets de toilette où s’habille un Acteur ou une Actrice, qui ajoute un colet ou une guimpe à toutes les futilités du théatre. […] Le Prophete se sert de ces images qui sont communes dans l’Ecriture ; car on voit par tout des métaphores, des figures prises des bonnes & des mauvaises odeurs.
Le Comédien dont parle Horace qui ayant trop bu, s’endormit, & n’entendoit point la voix de l’Ombre de Polydore qui lui crioit ma mere je vous appelle, jouoit le Rôle d’Ilionnée endormie ; & celui qui prit l’urne où étoient les cendres de son propre fils, représentoit Electre tenant l’urne des cendres de son frere. […] Des Acteurs qui dans leur jeu éprouvoient la vérité des Passions qu’ils imitoient, n’étoient pas occupés de tons de Musique : ce n’étoit pas en chantant que celui qui représentoit la douleur d’Electre, prit l’urne où étoient les cendres du Fils qu’il venoit de perdre, & ce n’étoit pas en chantant qu’Esopus représentant les fureurs d’Atrée, tua un Esclave qui s’approcha de lui imprudemment. […] Demosthéne avoit aussi pris les siennes d’un Comédien. […] Afin, dit-il, que Niobé paroisse triste, Médée furieuse, Ajax étonné, les Comédiens prennent des masques convenables aux Passions qu’ils ont à imiter : Artifices pronuntiandi à Personis quoque affectus mutuantur. […] Tout bon Déclamateur entre dans l’enthousiasme, & saisi des Passions qu’il imite, prend les tons qu’elles lui inspirent.
Cependant elle s’est enflammée subitement pour l’Olive, à qui elle prend le menton, à qui elle promet de l’argent s’il répond à ses feux. […] Les efforts de ces farceurs, pour prendre un ton noble et se donner des airs distingués, portèrent mon dégoût au comble. […] Celui-ci, pour lui ôter cette mauvaise opinion, prend successivement & à l’insçu de l’autre, divers costumes sous lesquels il se présente à lui, d’abord en jockei, ensuite en cocher, ensuite en jardinier, en solliciteuse de procès, en homme ruiné qui emprunte de l’argent ; à la fin il se découvre et fait convenir le jeune homme qu’il l’a trompé. […] Dans la prison, tandis qu’elle est étendue sans connoissance, un hideux geolier transporté d’amour, l’œil en feu, les mains tremblantes de desir, la contemple, lui prend les bras et les mains, paroît à tous momens prêt de se porter aux derniers attentats. […] Dans je ne sais plus quelle intrigue un Coquin demande à d’autres, comment il faut s’y prendre pour se délivrer des obstacles que leur oppose certain personnage, et l’un d’eux répond de sang froid : la riviere coule pour tout le monde J’ai vu, oui, j’ai vu tous les Spectateurs s’indigner de cette atroce application d’un Proverbe consolant dans son vrai sens ; j’ai vu frémir jusqu’aux Tartares ; les Tartares, Monsieur, sont la foule de gens sans aveu, qui, chaque soir, se répandent sous les galeries, dans le jardin et les différens jeux du Palais-royal.
Voudroit-on encore faire un dernier effort pour soutenir le Théâtre, & prétendre que la nécessité où nous sommes de prendre quelque délassement le rend permis ?
C’est donc prendre les choses du bon costé que d’expliquer ces allegories pour l’amour de la vertu ; puisque dans les saincts Cahiers on les a obseruées si soigneusement à céte seule intention, & non pas pour donner cours à la vanité de ces Spectacles, qui sont les fruits de la superstition payenne ; ouy, la sainte Escriture l’a fait pour allumer on nos cœurs le desir de la perfection euangelique, & nous faire obtenir vn iour les recompenses que le Ciel nous prepare à l’issuë de céte vie, qui ne se peuuent mieux abreger que par les trauaux & les calamitez dont elle est accompagnée. […] Tous les Demons president diuersement à ces disputes de course, de force, de vigueur des nerfs, de voix & d’instruments, qui ont pris origine dans la Grece ; les Demons sont arbitres de ces assemblées : Et si l’on recherche soigneusement la source de toutes ces illusions & de ces charmes trompeurs qui gaignent si subtilement la veuë & les oreilles d’vn spectateur, on la découurira dans vn mort, dans vn Idole, ou dãs vn Diable : c’est ainsi que ce rusé aduersaire preuoyant que l’Idolatrie route nuë & sans fard paraistroit mõstrueuse, & qu’elle dõneroit plus d’horreur que d’amour, s’auisa de la reuestir des spectacles, afin qu’auec le foïble plaisir dont ils sont meslés, elle pût cacher sa laideur sous vn visage est ranger. […] Dans ces lieux où les débauches fleurissent auec excés, quelle posture peut tenir vn Chrestien à qui les seules pensées du vice sont des crimes ; quelle satisfaction a t’il de voir l’impureté dans son throsne ; prend-il plaisir à voir tant d’objets & de marques d’infamie, pour estre puis après moins honteux & plus libertin ; & ne considere t’il point que pour auoir souuent veu faire le mal, on apprend à le faire aussi par coustume. […] Nous y sommes naturellement portés plustost qu’au bien ; nous auons vne secrette inclination pour les vices ; & partant que peut faire vne ame qui les prend pour exemples, & qui se conduit par les saillies d’vne nature lubrique & corrompuë ; & si estant foible de soy-mesme, elle glisse aisément ; comment pourra-t’elle s’empescher de choir estant poussée d’ailleurs ?
L’Italie prit goût à ce genre Dramatique : un Michelagnolo mit sur le Théâtre un genre encore plus champêtre. […] Après que notre Garnier eut fait voir sur son Théâtre la Captivité de Babylone, & Nabuchodonosor avec son Prevôt d’Hôtel, faisant crever les yeux à Sedecias ; Hardi, son successeur, loin d’avoir l’ambition d’imiter les Poëtes Grecs, ne prit pour guide que les caprices de son imagination. […] Sarasin qui dans sa longue Dissertation ne dit pas un mot de Corneille, donne à Hardi la gloire d’avoir tiré de la fange, notre Tragédie, à Mairet celle de l’avoir rendue reguliére, & à Scuderi celle de l’avoir rendue si admirable, que s’il eut vecu du tems d’Aristote, ce Philosophe eût prit sa Tragédie pour le fondement de sa Poëtique. […] Le stile ampoullé de Dryden, & le brillant de Delfino devoient écarter de l’Angleterre & de l’Italie le goût de la belle Nature ; mais enfin nos Tragédies mieux connues, forcerent ceux qui les méprisoient, à prendre une route meilleure que celle qu’ils avoient tenue jusqu’alors.
Et quelques autres Prélats l’ont honoré de Lettres, qui expriment l’intérêt qu’ils prennent à cet Ouvrage. […] Prenez donc une conduite qui vous réponde de vous à vous-même. […] N’est-ce point nous accoutumer à prendre souvent le change en fait de grandeur d’ame ? […] « Prenons le Théatre comique dans sa perfection. […] Un jour il prit congé du Roi, pour retourner à l’armée.
Je ne parle pas des licences, du libertinage, des indécences, des tableaux présentés & sous-entendus, que l’actricisme de ces Pièces, prises de Contes trop libres, ne couvre que de gaze ; parce que ce n’est pas-là ce qui fait la fortune des Comédies-chantantes : plus un siècle est libre dans ses mœurs, plus il est retenu & chaste dans son expression : les oreilles des débauchés, sous l’expression la plus innocente, croient toujours entendre une lasciveté : ainsi le Monstre qu’élevèrent Sénèque & Burrhus, ne voyant aucune partie de son corps qui ne fût souillée, ne pouvait envisager un autre homme, sans se former une image obscène. […] Mais si nous voulons prendre les ridicules de tous nos voisins, & les joindre aux nôtres, déja si nombreux, nous ferons dans peu de très-jolis personnages. […] Représentez-nous des femmes sans modestie, sans vertu, sans pudeur, dont les regards hardis font baisser la vue aux hommes ; qui ne rougissent de rien, ne voient de mal à rien, méconnaissent ou méprisent tous les devoirs de leur sexe : ces originaux-là sont chez vous, il vous est permis de vous en emparer : mais laissez nos Paysans ; ou du-moins ne prenez que ceux de Passy, de Chaillot, de Versailles & de Nanterre, que vous avez corrompus.
Madame je suis violentée en la condition où je suis c’est pourquoi je supplie votre majesté de me prendre en sa protection et de me donner en garde à quelqu’une des Dames de sa Cour jusques à ce que je puisse jouir de l’effet de ma requête, si vous faites ce bien Dieu sera votre récompense trop plus grande, sinon, prenez garde Madame que mon sang ne soit redemandé de votre main et que la perte de mon âme ne vous soit imputée à immiséricordei. […] Retirez-moi madame de la mer où je me noie du Labyrinthe où je me pers et faites de mon salut une perle à la couronne qui vous attend au ciel. » Les sanglots qui avaient souvent, mais de bonne grâce, entrecoupé son discours le tranchèrent ici tout à fait et sa voix étouffée dans ses soupirs et suffoquée dans ses larmes donna place à celle de la Reine qui la relevant doucement avec cette suavité naturelle et Française qu'elle sait si judicieusement mêler avec cette artificieuse gravité Espagnole, lui dit, « Ma fille, vous me demandez une chose si petite par de si grandes que je ne puis vous refuser sans être blâmée de tout le monde et comme je crois sans offenser Dieu, assurez-vous donc que je vous prends en ma particulière protection et que je ferai pour vous et de vous tout ainsi que vous voudrez. […] Et d’effet la Reine la prit par la main et la fit entrer dans le Palais la baillant en garde à une des anciennes Dames, et dit-on qu'elle la mettra Religieuse en l’un de ces Monastères où elle peut aller de son palais à couvert par des Corridors.
Notre crainte n’est le plus souvent qu’une agréable inquiétude qui subsiste dans la suspension des esprits ; c’est un cher intérêt que prend notre âme aux sujets qui attirent son affection. […] [NDE] : Lucain, Pharsale, I, 27 : « Les dieux prirent le parti du vainqueur, mais Caton prit celui du vaincu ».
Je ne dis pas que ç’a été une morale de perfection seulement et de pur conseil : il n’y a qu’à peser leur termes et qu’à les prendre dans le sens le plus naturel et le plus commun : sur quel autre sujet se sont-ils expliqués avec plus de rigueur ? […] Vous avez des enfants, et après avoir mis votre premiere étude à leur inspirer les sentiments de la piété chrétienne, la religion, j’en conviens, ne vous défend pas de leur faire prendre certains airs du monde. […] Que j’en prenne à témoin un joueur de profession, et que devant Dieu je le prie de me répondre si son jeu ne va pas trop loin, je dis trop loin selon la raison, le Christianisme et la conscience ; il en conviendra : en effet dans la plupart des jeux, sur-tout des jeux que l’usage du monde autorise le plus, il y a trois sortes d’excès opposés à la raison et à la religion. […] Je dis avec la paix du cœur, parce que vous jouerez sans passion, parce que vous jouerez dans l’ordre, et que vous réduirez votre jeu à être pour vous ce qu’il doit être, je veux dire, une courte distraction, et non une continuelle occupation ; parce que vous prendrez votre jeu assez pour vous délasser, et trop peu pour vous fatiguer ; enfin parce que vous n’aurez point dans votre jeu le ver intérieur de la conscience, qui vous reproche la perte du temps qui s’y consume et l’inutilité de votre vie. […] Mais que j’attaque jusqu’à la promenade, que je prétende qu’il y ait sur cela des mesures à garder et des précautions à prendre, que je sois dans l’opinion qu’une mere chrétienne ne doit pas sans ménagement et sans réflexion y exposer une jeune personne, qu’elle doit avoir égard aux temps, aux lieux, à bien des circonstances dont elle n’a guere été en peine jusqu’à présent, c’est ce qu’on traitera d’exagération, et sur quoi l’on ne voudra pas m’en croire.
Veut-on nous la faire prendre ? […] Toutefois pourquoi s’en prendre à la Comédie ? […] Ah, prenons nous en à ceux qui pouvant la rendre bonne & utile, l’ont renduë nuisible & pernicieuse. Oui, j’ose m’en prendre d’abord au Chef même des Auteurs & des Acteurs de notre Scéne. […] A qui nous en prendre après lui ?
une des raisons de condamner le théâtre en général ; parce que, la coutume régulièrement ne permettant pas d’y produire les femmes, leurs personnages étaient représentés par des hommes, qui devaient par conséquent, non seulement prendre l’habit et la figure, mais encore exprimer les cris, les emportements, et les faiblesses de ce sexe : ce que ce philosophe trouvait si indigne, qu’il ne lui eût fallu que cette raison pour condamner la comédie.
Il y a plus : la Nation & la Religion doivent à l’envi former l’éloge de cette femme forte, qui prend en main la défense d’un Citoyen fidéle. […] On applaudit à la noblesse des sentimens de l’Actrice, qui la porte à rompre des fers que les seuls préjugés ont pris soin de forger .
Le Duo & les autres parties de Chant a plusieurs voix, ne sont supportables que dans des Poèmes dont les Hèros sont pris parmi le menu Peuple, ainsi que je le dirai ailleurs ; encore le Poète a-t-il plusieurs choses à observer, que je vais lui tracer en peu de mots, d’après M. […] Une autre attention est de ne pas prendre indifféremment pour sujets toutes les passions violentes ; mais seulement celles qui sont susceptibles de la mélodie douce & un peu contrastée.
Si c’est là, mes Pères, être, selon vous, le plus digne, d’un Archevêché, que de se jeter après et de s’en saisir, comme votre allégorie porte à croire que votre Prélat a fait, c’est selon l’Ecriture et les Pères, s’en rendre très indigne quelques belles qualités qu’on pût avoir d’ailleurs. « Jésus Christ , dit l’Apôtre, 6 n’a point pris de lui-même la qualité glorieuse de Pontife.… nul ne s’attribue à soi-même cet honneur, mais il faut y être appelé de Dieu comme Aaron. » C’est ce divin modèle du Fils de Dieu qu’ont toujours suivi et imité tous les véritables Pasteurs : Et l’Eglise n’en honore aucun comme Saint, dont elle ne puisse dire ce qui est marqué dans le Bréviaire de Paris pour le commun des Pontifes : « Ille non vano tenuit tremendam Spiritu sedem, proprio nec ausu, Sed sacrum jussus Domino vocante Sumpsit honorem. » Les Saints n’ont pas seulement été éloignés de cette ambition pour les charges de l’Eglise, qui fait, pour parler conformément à votre allégorie, que l’on se jette après, qu’on tâche de s’en saisir et qu’on y court en dansant, c’est-à-dire dans une disposition bien contraire à cette crainte et cette frayeur que leur humilité leur a toujours inspirée, mais ils ont encore marqué quels étaient sur cela leurs sentiments, et qui selon eux étaient les plus dignes de ces charges. […] Augustin pris de son Sermon de la vie commune des Clercs. « Je me suis séparé de ceux qui aiment le siècle ; mais je ne me suis point égalé à ceux qui conduisent les peuples.
Mais toutes ces sortes de libelles, où la haine et le mensonge prennent impudemment le langage de la vérité, dégoûtent les plus beaux génies, étouffent les talents, et détruisent l’émulation. […] Quel talent malheureux que celui de nous faire prendre intérêt aux crimes les plus atroces, et de nous faire courir à des monstres qui effrayent la nature !