En ce qui regarde les théâtres, et d’après les institutions anciennes et nouvelles qui les concernent, le clergé n’est point en droit, dans aucun cas, d’exiger d’un acteur l’abjuration de la profession de comédien ; et si les prêtres persistaient dans cette prétention, ils se mettraient en pleine opposition et en plein délit, contre la puissance du prince et celle des lois. Le délit dont nous venons de parler, considéré sous le point de vue de l’état politique et celui de la législation, impose nécessairement à MM. les procureurs du Roi, l’obligation de surveiller et de réprimer en ce qui les concerne les ministres du culte qui, par un faux zèle de religion, manqueraient au respect qu’ils doivent au souverain, et se mettraient en quelque sorte en insurrection, contre ce qui a été institué par l’action de l’autorité souveraine et par le fait de la législation et des règlements de la police du royaume. […] De là naîtraient des pensées, des discours et des actes séditieux ; car le prêtre par sa conduite, semble dire publiquement, le prince et les lois ont tort d’honorer ce qui est digne d’anathème, mon autorité dans l’état est supérieure à celle du prince et à celle des lois, et j’ai la puissance de punir, d’anathématiser publiquement, et sans opposition, les actions sacrilèges du prince. » MM. les procureurs du roi doivent donc punir ce délit réel, qui est d’autant plus dangereux, qu’il laisse propager une usurpation de pouvoir, qui met le clergé au-dessus du prince et des lois, et qui lui donne les moyens terribles de punir audacieusement et publiquement, ce que le roi et les lois constituent et protègent.
Les Grecs, les Latins, et avec eux les Auteurs dramatiques de tout pays ont pensé que la vraie définition de la Comédie, c’est d’être une représentation qui nous fait voir nos faiblesses, comme dans un miroir ; qui nous découvre les illusions de l’esprit humain ; qui nous met sous les yeux nos vices et nos passions ; afin que nous nous voyons nous-mêmes tels que nous sommes, et que la risée du Public nous fasse connaître combien nous sommes ridicules. […] n’y a parmi vous, leur dit-il, ni Poète, ni aucune autre personne assez zélée, pour vous reprocher avec affection, et pour mettre au jour vos défauts et ceux de toute la Ville ; s’il vous arrive, par bonheur, qu’il en paraisse quelqu’un, vous devez l’embrasser avec la plus grande amitié, et le recevoir avec autant de joie et de solemnité, que si vous célébriez un jour de fête…. » Peu après il ajoute : « Si quelqu’un prend l’extérieur de Philosophe, dans la vue du gain, ou par vaine gloire et non pas pour votre utilité, il ne mérite pas que vous le receviez ; on peut le comparer à un Médecin qui, visitant un grand nombre de malades, ne pense à rien moins qu’à les guérir, mais à leur distribuer des couronnes et des parfums, à leur mener des femmes de mauvaise vie, et par conséquent à irriter leurs maladies et à les rendre incurables. […] Mais, pour tirer encore plus d’utilité de cette Ecole qu’on suppose nécessaire, réformons les Comédies, et mettons les dans un état de pureté capable de pouvoir nous procurer l’avantage que nous nous promettons.
Ainsi Calais a mis celui du Sr. […] La scène mit le comble à l’infortune. […] On en feroit un très bon opera, en le faisant mettre en musique par le Chevalier Gluk. […] Il avoit eu du moins la sagesse de ne pas le mettre au jour. […] Le théatre n’est que l’art d’aimer décousu, l’art d’aimer n’est que le théatre mis en ordre.
Elle m’a mise d’une humeur… En vérité, je ne saurais m’accoutumer à voir, à rencontrer par-tout de ces femmes qui ne sont à personne, & qui peuvent être à tout le monde ; de ces Beautés bannales, qui jouissent du droit exclusif de séduire… publiquement… sous la protection des Loix. Depuis ma dernière, je me suis mise à réfléchir sur les moyens de réformer cet abus… & mille desordres que les Comédiennes occasionnent. […] Au dedans de nous, le Souverain Etre a mis une lumière innée, qui ne nous égare jamais, à moins qu’elle ne soit obscurcie par quelques préjugés, elle nous montre que tout divertissement qui nous donne beaucoup de plaisir, sans préjudicier à notre conservation, ni faire de mal à nos semblables, est légitime & permis. […] Ainsi qu’un mauvais estomac change en poisons les mets les plus salubres, de même, les Spectacles ne sont pour plusieurs qu’une Ecole de persiflage, de fourberie, d’audace, d’indépendance & de volupté. […] Un pareil dessein, s’il était exécuté, mettrait le comble au mal ; puisqu’un Peuple corrompu, au lieu des amusemens où les passions sont quelquefois chatouillées, excitées, réveillées, chercherait des divertissemens où il pût les assouvir.
Prologuea Que sert aux Assyriens, aux Médoi[s]b, aux Perses, aux Macédoniens, et à cet invincible Sénat, d’avoir donné fondement aux Monarchies, amplifié ses bornes, établi l’état d’un admirable empire, subjugué la meilleure partie de la terre, conservé l’excellente dignité d’un noble gouvernement ; Si la postérité par l’agréable mémoire d’un Nine, d’un Arbaze, d’un Cyrec, d’un Alexandre, d’un César, et d’un Pompée ne les récompensait de leurs vertus, et ne mettait en évidence ces anciens courages doués d’une louable magnanimité ? […] Les six prologues suivent le récit lucianesque de L’Asne ruant : il donne le titre au volume et, au dire de l’auteur, met en scène des étudiants en droit de Bourges sous des identités illustres.
Croyez-vous en vérité, que la subtile contagion d’un mal dangereux demande toujours un objet grossier, ou que la flamme secrète d’un cœur trop disposé à aimer en quelque manière que ce puisse être soit corrigée ou ralentie par l’idée du mariage, que vous lui mettez devant les yeux dans vos héros et vos héroïnes amoureuses ? […] La passion ne saisit que son propre objet : la sensualité est seule excitée, et s’il ne fallait que le saint nom du mariage pour mettre à couvert les démonstrations de l’amour conjugal, Isaac et Rébecca n’auraient pas caché leurs jeux innocents et les témoignages mutuels de leurs pudiques tendressesd.
Afin que le Théâtre ne puisse jamais manquer de Sujets, outre les Comédiens de Province, sur lesquels il faut peu compter ainsi que sur les enfants de la Capitale, je crois qu’il serait de la prudence d’élever et d’instruire pour le Théâtre une demie douzaine de garçons, et autant de filles ; une ancienne Comédienne, et un ancien Comédien auraient le soin de les former dans des logements séparés ; on leur donnerait en même temps des principes de religion et de piété, et on leur ferait apprendre un métier pour leur préparer une ressource, si par hasard à un certain âge on ne leur trouvait pas les talents nécessaires pour le Théâtre, ou s’il leur survenait quelque défaut qui ne leur permit pas d’y jouer : dans ces deux cas la bonne éducation qu’ils auraient reçus, jointe aux secours qu’on leur procurerait, les mettrait en état de trouver un autre établissement que celui du Théâtre. Il me paraît d’une nécessité indispensable que le Souverain ou le Sénat mette un fonds considérable dans la Caisse du nouveau Théâtre, ce fonds servira à acheter des anciens Comédiens tout ce qui pourra être utile à leur successeur, Décorations, Magasin, Ustensils, etc.… d’un autre côté la Ville achetera le fonds de l’ancien Théâtre, et des deniers de la Caisse on payera les habits des particuliers, étant juste que tout ce qu’on achetera de l’ancienne Troupe soit payé argent comptant : d’autant plus que les Comédiens qui se retireront, de même que ceux qui prendront leur place, n’en auront plus besoin et trouveront dans le nouveau Magasin tout ce qui leur sera nécessaire.
Que ne pouvons-nous la reproduire, et la mettre en honneur et en pratique parmi la génération actuelle ! […] A-t-on seulement soupçonné que, toute vue de religion, de morale, de décence étant mise à part, le bien de la société générale étoit étrangement compromis dans cette fatale substitution ? […] « Princes, leur dira un de ces hommes courageux dans l’enthousiasme d’une bienfaisance réelle, jamais je n’ai mis en problème que dans un gouvernement sagement dirigé, il faille des jeux, des spectacles à la multitude. […] Ne faisons pas comme ces empiriques qui mettent un topique sur une plaie purulente dont ils négligent le principe ; imitons plutôt ces nations barbares qui coupent le tronc de l’arbre pour atteindre plus facilement à ses branches. […] Quel moyen prompt et facile de mettre à leur aise des progéniteurs vils et barbares !
ne sont-elles pas ces passions mêmes mises en jeu & en action ? […] Cette réforme d’ailleurs s’étend-elle à tous les spectacles que l’on met sous vos yeux ? […] ne le cache-t-on pas, au contraire, dans les liqueurs les plus flatteuses & les mets les plus exquis ? […] Et s’il m’est permis de me servir de cette expression familière, n’a-t-il pas toujours mis les rieurs du côté des vices & des crimes ? […] Et cependant, on ne rougit point de mettre un tel homme au nombre de ceux qui ont le plus illustré leur siècle ; on porte la prévention & le blasphême jusqu’à dire qu’il a plus corrigé de défauts que les Ministres mêmes de la parole de Dieu.
Médard, après midi, La Rosiere dans l’habillement de l’innocence, coëffée & habillée à la mode du pays, suivie de plusieurs jeunes filles vêtues de blanc comme elle, & les plus modestes, sort de sa maison au son des instrumens, & se rend à l’église avec son cortége, elle va se mettre à genoux sur un prie-dieu placé au milieu du chœur pour la recevoir. […] Médard, la Rosiere le suit, marchant toujours dans le même ordre, l’officiant bénit le chapeau de roses, le met sur la tête de la fille, & fait un discours à l’assemblée. […] Le mémoire historique que Favart a mis à la tête de sa farce, est plein de fautes & d’idées théatrales. […] Dans la vérité, la Rosiere modestement habillée, & coëffée à son ordinaire, accompagnée de sa famille & de ses amies, modestes comme elle, sans souffrir qu’aucun garçon les approche, & suivie de tout le village, se rend à l’Eglise, se met à genoux, fait sa priere, & le Prêtre, après un petit discours, bénit la couronne & la lui met sur la tête : elle s’en retourne chez elle avec la même modestie. […] Les arietes sans nombre qu’on met dans la bouche des acteurs, selon le génie italien, ne sont certainement pas du caractere des paysans, ni pour la musique, ni pour la poësie.
Ce ne sont pas, il est vrai, ces violentes agitations des gladiateurs, que la fureur animoit ; c’est la molle volupté qui met ici en jeu tous les ressorts. […] Le premier péché est celui du scandale : toutes les loix condamnent à payer le dommage l’imprudent qui par hasard auroit mis le feu à la maison de son voisin. […] Le prochain eût-il résisté à l’occasion, on est inexcusable de l’avoir mise : il est innocent, mais vous êtes coupable ; il n’a pas tenu à vous qu’il ne le devînt : Et si culpâ vacas invidiâ non liberaberis. […] Ce dernier y met le comble. […] Cette indécence a passé du théatre dans les maisons des amateurs ; par-tout les tapisseries, les portraits, les tableaux, les estampes mettent sous les yeux les objets les plus lascifs, & pourroient servir de décorations.
Elles ont plus de grace, d’aisance, de legereté, & sont les premieres à se mettre à la mode. […] Toujours rendue pour ne pas déranger ce chef-d’œuvre, attentive à le mettre dans tout son jour, quelle gêne, quel assujettissement ! […] Qui y met obstacle que leur frivole vanité ? […] On l’arrache pour mettre à sa place l’étendard du Démon. […] Les marchands, les artisans, mettent des enseignes à leur boutique, pour apprendre au public l’objet de leur commerce, & avertir les acheteurs.
Si chaque auteur qui met dans la bouche de ses acteurs et l’imposture et le blasphème, était cité en justice réglée comme un ennemi de la morale publique, combien serait petit le nombre de nos écrivains qui échapperaient à la censure comme aux justes arrêts des tribunaux ? […] C’est cette maxime dangereuse qui mit le feu dans Athènes, et força le gouvernement effrayé à mettre un frein à la licence des poètes qui, plus mesurés et moins hardis, donnèrent naissance au second age de la comédie chez les Grecs. […] ils ne rougissaient pas même de dépouiller de leurs vêtements les victimes abandonnées à leur coupable impéritie, quand l’absence de toute ressource pécuniaire mettait celles-ci dans l’impuissance absolue de satisfaire leur abominable cupidité. […] NDA N’y a-t-il pas plus que de l’indécence de mettre dans Santeuil, Arlequin sous le costume d’une dévote au confessionnaly. […] Devise de la comédie, imaginée par le poète Santeul (Paris 1630) et donnée à l'arlequin Dominique (Bologne 1640) pour qu'il la mette sur la toile de son théatre (Dictionnaire des citations, Le Monde).
parce qu’ils sont passionés pour des sons, il faut, pour les mieux imiter, mettre en vogue des Pièces où le Spectateur ne peut effectivement saisir que des sons ! […] …… On peut donc mettre sur la Scène, les conditions les plus communes : on peut, non pas leur donner le bel-esprit, mais du bon-sens. […] Il se communique peu ; il est souvent timide, & toujours déguisé avec ceux qui se mettent au-dessus de lui. […] Ainsi, lorsque dans les Deux-Frères-Rivaux, Scapin menace sa sœur de la faire mettre entre quatre mutailles, & qu’Arlequin lui répond, qu’il vaudra mieux la faite enfermer entre quatre rideaux ; l’on rit & l’on applaudit à la naïveté de la répartie, dans un balourd, qui dit bonnement ce qu’il pense sans y entendre finesse : au-lieu que dans un homme d’esprit qui la donnerait pour une pointe, elle serait sifflée avec raison.
Depuis qu’on eut formé dans Athènes cet art de craindre et de se lamenter, on mit en usage à la guerre ces malheureux mouvements qui avaient été comme appris aux représentations. […] Que de mettre la perturbation dans une âme, pour tâcher après de la calmer par les réflexions qu’on lui fait faire sur le honteux état où elle s’est trouvée ? […] Nous mettons une tendresse affectée où nous devons mettre les sentiments les plus nobles.
Sont-ce là des leçons et des exemples à mettre sous les yeux du public ? […] La doctrine de Jean Petit, condamnée au Concile de Constance, y est toute mise en action ; la Ligue ne fit, ne dit rien de plus. […] Ce serait mettre de pair la vérité et le mensonge, le régicide et le patriotisme. […] Il convient qu’il a totalement changé l’histoire, qu’il n’a pas « mettre sur la scène une action vraie, mais des mœurs vraies ». […] Je le suis bien davantage qu’on ose en mettre bien d’autres sur le théâtre qui ne valent pas mieux.
Quelque année après, Boursaut mit à la tête de son théatre une lettre apologétique qu’il avoit surprise du P. […] Enfin en 1751 il a plu au sieur Fagan, homme obscur, & Auteur médiocre de quelques pieces jouées aux François, aux Italiens, & à la Foire, de se mettre sur les rangs, & il a été suivi d’une foule d’autres. […] Il mit Photius à sa place, qui eut la lâcheté d’applaudir à ces infames représentations contre un Saint dont il avoit usurpé la dignité. […] veut-on donc mettre aux mains la religion & la politique ? […] Les loix de la conscience doivent l’emporter sur les loix civiles : dans un objet arbitraire & frivole un vrai Chrétien balancera-t-il à mettre son salut à couvert ?
Les Essais sur Paris ne sont qu’un Recueil de traits ridicules destinés à mettre dans des farces de la Foire, qu’on a décoré de ce titre intéressant. […] Tout cela ne vaut pas la peine qu’on se mette en frais pour le réfuter. […] Il est vrai qu’on mettoit un Oblat dans chaque Abbaye, mais quelle petite-ressource pour ceux que la guerre met hors d’état de subsister ! […] Les Ultramontains n’en ont jamais tant dit, ils n’ont jamais mis l’autorité entre les mains du peuple, infiniment plus dangereux & plus remuant que les Papes. […] Mais comment le Gouvernement n’a-t-il pas connu ce nouveau genre de finance si considérable, comment ne l’a-t-il pas mis en parti, & n’en a-t-il pas diminué les impôts ?
Les grands de leur côté, si jaloux de leur liberté, vont au-devant du joug, se le mettent sur les épaules, se battent pour le mieux resserrer. […] Ces lieux qui ne respirent que luxe, que dissipation, que galanterie, vos galas, vos mascarades, vos spectacles, vos divertissemens nocturnes, à quoi servent-ils qu’à ruiner votre santé, épuiser votre bourse, troubler votre repos, & vous mettre hors d’état de remplir vos devoirs ? […] Qu’on parcoure les sales de spectacles de toutes les villes françoises, on verra à quelles mains Thémis a confié son épée & sa balance, sur quels yeux l’intégrité a mis son bandeau : en cas de besoin, les actrices pourroient comme Ariadne fournir à Thésée le fil nécessaire dans ce labyrinthe. […] Le prince Poninski, de son côté, a acheté un village aux portes de Varsovie ; il doit y rassembler tous les juifs de la ville, & les y loger : le loyer de ces maisons, qu’il mettra au prix qu’il voudra, lui fera le plus beau, le plus sain & le plus assuré revenu. […] Son Dom Quichotte, prince fameux à Varsovie par des manœuvres de toutes especes, se déclara hautement pour sa Dulcinée, défia son ennemi, mit la lance en arrêt, & le menaça de la lui passer à travers le corps.
Je ne sais si les Comédiens Espagnols font autant d’éloges de leur charité que les François de l’imposition qu’on a mise sur eux en faveur de l’Hôtel-Dieu, à peu près comme si des joueurs vantoient leur zèle pour l’École militaire, parce qu’ils payent le droit des cartes, & les libertins de Naples leur amour pour les pauvres, parce qu’on prend quelque chose sur les profits des Courtisannes. […] Il est d’abord singulier qu’on veuille mettre une différence entre les anciennes & les nouvelles pieces de théatre, tandis que tous nos dramatiques se piquent & se font un devoir & un mérite d’imiter les anciens. […] Que sont donc les pieces d’Œdipe, d’Oreste, d’Iphigénie, d’Ajax, d’Andromaque, l’Amphitrion, l’Andrienne, les Menechmes, &c. que l’ancienne comédie mise en François ? […] Les Jesuites ont fait cent commentaires sur ces anciens poëmes, ils les ont mis entre les mains de la jeunesse, avec quelque léger retranchement. […] En effet les pieces de Térence sont plus châtiées que les nôtres ; tous les Collèges les mettent entre les mains des jeunes gens ; Madame Dacier, dont la vertu ne fut jamais douteuse, Port-Royal, dont la morale sévère n’alloit que trop loin, en ont donné des traductions avec des commentaires.
Si on peut la mettre au nombre des choses indifférentes. […] « Je dis que selon moi, les Comédies de leur nature, et prises en elles-mêmes indépendamment de toute circonstance, bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. »p. 20. […] « La Comédie étant devenue toute honnête, ceux qui la représentent et qui vivent honnêtement d’ailleurs, doivent sans difficulté être mis au nombre des honnêtes gens. »p. 34. […] Sulpice) étant mort subitement il y a environ trois ans, il fut enterré sans Clergé, sans luminaire, et sans aucunes prières, dans un endroit du Cimetière, où l’on met les enfants morts sans Baptême. […] La différence qu’il y met ; c’est, dit-il, que ces crimes souillent à la vérité ceux qui les commettent ; mais ils ne souillent pas, et ne rendent pas criminels ceux qui les voient commettre, ni ceux qui en entendent seulement faire le récit.
L’Eglise a longtemps caché les mystères eucharistiques, et garde encore un silence mystérieux au canon de la messe ; elle n’a jamais approuvé qu’on mît l’Ecriture sainte entre les mains de tout le monde par des traductions en langue vulgaire. […] Se peut-il que ceux-mêmes qui défendent la lecture de l’Ecriture, la mettent sur le théâtre ? […] Les Indiens, les Chinois, les Japonais, qui depuis bien des siècles ont des comédies, n’ont jamais vilipendé la religion jusqu’à mettre leurs Dieux, leurs Bonzes, leurs Mandarins sur la scène. […] Pour mettre une histoire sainte sur le théâtre, il faut ourdir une intrigue, former des obstacles, ménager un dénouement, introduire des personnages, leur prêter des sentiments et des discours, altérer les faits. […] L’Abbé Pélegrin, dans son humble préface de l’Opéra de Jephté, a beau demander grâce au lecteur qu’il fait rire ; il assure qu’il n’a mis qu’en tremblant sur le théâtre de l’Opéra une pièce tirée de la Bible.
que sont des Comédiens, que des marionnettes animées, et, qui pis est, mises en mouvement par le vice ? […] Cet éclat, aussi honteux que frivole, au lieu de faire oublier l’obscurité de la source, la met plus en jour, et déshonore à la fois l’insensé qui enrichit, et le crime qui est enrichi. […] , tot millia virorum tam pueriliter ludentes spectare. » Il est vrai que dans quelques villes de la Grèce le théâtre ne déshonorait pas, il donnait même une sorte de considération ; mais ces exemples en petit nombre doivent être mis parmi bien d’autres dont personne ne s’autorisera. […] Sans doute l’Auteur de la brochure aura mis son idée à profit, car c’est un versificateur que l’Arlequin de Berlin, qui propose au Gouvernement cet admirable système, bien digne de son inventeur. […] Depuis que les destinées m’ont mis au monde, je n’ai vu chose pire que ce qui s’apprend avec ces Bateleurs.
Là un homme se déguisera en femme, ce qui est renoncer à la prérogative de son sexe, et vouloir sortir du rang où son Créateur l’a mis. […] Nonobstant son improbation les Théâtres gagnèrent, et se mirent en grande vogue ; Ce qui ayant été remarqué par PlatonPlaton De Republica, lib. 10. […] » mettre ceux-ci « plusieurs des doctes ne font nul doute ». […] Vincent ne met pas de référence marginale, mais il s’agit du Pseudo-Aristote, Problemata, section XXX, § 10. […] Comprendre : il met par écrit, d’après sa propre expérience (puisqu’il a écrit des tragédies).
La preuve en est que plusieurs bonnes Comédies, dans lesquelles les Auteurs ont mis plus de choses que de mots, c’est-à-dire, où les vices & les vertus sont traités le plus à fond, sont aussi suivies que des Comédies bouffonnes. […] Un Auteur met son esprit à la toiture, & presse son imagination dans tous les sens, pour en faire sortir ce qu’il appelle une pensée neuve. […] Si elles sont vraies, je desire qu’elles produisent le fruit pour lequel je les ai mises au jour : si elles sont fausses, je souhaite qu’on me donne les moyens de les rectifier.
Non que je m’arrête à ces Parallèles que l’on fait courir, où la passion dérobe toujours quelque chose à la Justice : si Corneille trouve moins de Gens qui l’imitent que Racine, c’est peut-être qu’on s’y attache avec moins de soin ; et si j’avais l’Eloge de Racine à faire, les efforts que l’on fait pour l’imiter, ne serait pas le plus méchant endroit que j’y pûsse mettre. […] Je ne vois rien dans notre Langue de plus agréable que le petit Roman de la Princesse de Cléves : les Noms des Personnages qui le composent sont doux à l’oreille et faciles à mettre en Vers : l’intrigue intéresse le Lecteur depuis le commencement jusqu’à la fin ; et le cœur prend part à tous les événements qui succèdent l’un à l’autre. […] Dans les Siècles passés comme au Siècle où nous sommes La Nature était lente à faire de Grands Hommes ; Et l’aimable Thalie a longtemps à pleurer Avant que son malheur se puisse réparer, etc. » Voilà, Madame, tout ce que j’en ai retrouvé, et c’en est assez pour vous faire connaître combien je voyais de difficulté à mettre de pareils Noms sur le Théâtre.
Non seulement les auteurs dramatiques mettent des passions dans leurs pièces ; mais ils y mettent encore des passions fort vives et violentes ; car les affections communes ne peuvent procurer aux spectateurs le plaisir qu’ils y cherchent. […] En un mot, les poètes sont obligés de mettre dans la bouche des acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu’ils font parler et à qui ils parlent : or on ne présente guère que des méchants et des libertins, et on ne parle guère que devant les personnes qui ont le cœur gâté par des passions déréglées et l’esprit rempli de mauvaises doctrines.
Jamais fruit n’a mieux senti le terroir, jamais enfant n’a plus hérité de ses peres que cette Princesse trés fameuse si la naissance & la fortune ne l’avoit mise infiniment au-dessus des Histrions. […] On lui a soupçonné plusieurs amans favorisés, soit par goût de galanterie, soit par politique, pour les mettre dans son parti. […] Heureusement les Suisses vinrent à leur secours, mirent en sureté le Roi, la Reine & les Vestales. […] C’étoit si bien le goût du temps, que la Reine Marguérite, sœur de François premier, se fit honneur de mettre en drames, & de faite représenter dans la Cour tout l’évangile. […] Elle fut la premiere qui mit la jambe sur l’arçon, d’autant que la grace est bien plus paroissante que sur la planchette.
C’était l’ordre et la police qu’on peut y mettre qu’il fallait indiquer, au lieu d’écrire contre toute vérité qu’il n’en est pas susceptible. […] Troisièmement, le peu d’ordre établi pour les mettre à couvert de la mauvaise foi des Directeurs de spectacle, qui leur font si souvent banqueroute, et les réduisent à des ressources honteuses pour subsister. […] L’Officier lui communiqua une idée, qui n’est peut-être pas sans inconvénients, mais qui mise en exécution retiendrait infailliblement mieux les faux braves que tout autre règlement qui ait paru jusqu’ici. […] N’est-ce pas pour l’amuser qu’il travaille, et qu’il met ses productions au jour ? […] Il aima mieux faire une réponse impudente que de se mettre en état de faire de bonnes actions.
Les morceaux épars sont des matériaux précieux, il faudroit que l’Architecte de Thalie les mît en ordre, & en formât un édifice régulier. […] Les théatres seroient bien de mettre un pareil coffre ou tronc, au parterre, où chacun déposeroit librement ses écrits.
L’impression que fit ce portrait, donna lieu de mettre ce genre en action. […] Les représentations théatrales ne recommencerent qu’en faveur des mysteres de la Religion, qu’on s’avisa de mettre en action. […] C’est commencer par mettre le feu à la maison, pour faire jouer les pompes ». […] On va même au-delà des bornes de la nature, dans les peintures cyniques que l’on met sous les yeux des Lecteurs. […] On y met en chant les choses les moins faites pour être chantées, le dépit, la colere, la fureur, le désespoir, même les sentimens d’une mort prochaine.
D’abord si l’on observe sans prévention le moyen dont l’auteur se sert pour réprimer l’avarice et l’usure, on voit avec peine qu’il met en spectacle, devant les enfants comme devant leurs parents, le fils d’un avare qui manque de respect à son père, qui l’insulte cent fois, tâche de lui attirer le mépris et la risée publique, le vole, le goguenarde et se rit de sa malédiction, de manière à mériter l’approbation des spectateurs ; on voit que la fille même manque à son père et s’en moque avec autant de succès dans cette pièce. […] Je mets encore le Misantrope au nombre des ouvrages de Molière qui ont porté atteinte aux mœurs. […] mais ne cessera-t-on pas de mettre en balance le mal que ces réunions pouvaient faire au bon goût, avec le service qu’elles rendaient aux bonnes mœurs, avant d’avoir été ridiculisées et déconsidérées ! […] Les femmes ont encore moins su auquel entendre ; sous la minorité de Louis XIV, on les critiquait sur la légèreté de leurs goûts ; elles ont été sensibles à ces reproches et se sont livrées à l’étude des sciences et des lettres ; elles fréquentaient les savants et voulaient avoir dans leur cercle leur mathématicien, ou leur littérateur ; Molière est arrivé, et s’est mis à crier de toutes ses forces, aux précieuses, aux femmes savantes ! […] D’un autre côté, non-seulement ils sont très-propres à tourmenter et pressurer l’égoïsme qu’ils mettent à contribution malgré lui ; mais on les voit s’attaquer mutuellement, se prendre au mot et s’exécuter les uns les autres.
Croyons Fatime pour un moment, s’il s’étoit distingué dans les guerres précédentes, il avoit au moins treize à quatorze ans ; il avoit donc connu son pere, il l’avoit vu mettre dans les fers ; depuis sa captivité, il ne le connoissoit plus ! […] …… Je viens me mettre en ton pouvoir…… Où a-t-il pris cette fortune, puisqu’il ne connoissoit point sa famille ? […] Ce prince renvoie en France un esclave, absolument privé de toute ressource, sur la promesse qu’il lui rapportera la rançon de douze Chrétiens, au nombre desquels il met Luzignan. […] Personne ne doute qu’il n’y ait des vérités qui ne peuvent être mises sur la Scène.
Ce qui rend la Comedie plus dangereuse, c’est qu’elle éloigne tous les remedes qui peuvent empêcher les mauvaises impressions qu’elle fait sur nous : car aprés avoir amolli notre cœur, elle enyvre si fort notre esprit de toutes les folies qu’elle lui represente, qu’elle nous met hors d’état d’avoir la vigilance nécessaire pour résister aux mauvaises idées qui nous restent de ce que nous avons vu & entendu. […] Bien loin de détester cette impression, on met son plaisir à la sentir, & son honneur à suivre les mouvemens qu’elle inspire : & pourquoi s’y abandonne-t-on ? […] Si toutes les choses de cette vie ne sont que des figures & des phantômes, en quel rang doit-on mettre les Comedies, qui n’en sont que les ombres, puisqu’elles ne sont que de vaines images de ce qui se passe dans le monde ? […] Sont-ils autre chose que des délassemens de l’esprit, qui le mettent en état de reprendre ses saints exercices, & de les continuer avec plus de perfection ?
Il ne faudroit pour m’y faire renoncer que cette diversité de sentiment ; car, pourquoi mettre ma conscience au hasard dans une chose aussi vaine dont je puis si aisément me passer ? […] L’étalage que Satan ose mettre sous les yeux du Sauveur représente les illusions du théatre, dont l’Ange des ténèbres fascine l’esprit. […] Oui, il y a péché de vous exposer sans nécessité au danger de perdre la grace ; péché d’autoriser par votre présence des assemblées où toute la morale de l’Evangile est renversée ; péché dans la complaisance que vous y prenez, quand vous seriez exempt de passion ; péché dans les suites inévitables, pensées criminelles, désirs honteux, rendez-vous infames, mysteres d’iniquité ; péché dans la perte du temps, on n’en trouve point pour des exercices de piété, & on passe les heures entieres à des amusemens frivoles ; péché dans le mauvais usage de l’argent qu’on y dépense ; péché dans l’état où ils mettent notre ame, dissipation d’esprit, éloignement des choses de Dieu, froideur pour la priere, amour du monde, &c. […] Tous les examens de conscience, toutes les préparations à la pénitence, à l’Eucharistie, tous les détails de vices, les tableaux du monde & de ses pompes, du démon & de ses tentations, de la chair & de de ses penchans, mettent la fréquentation du théatre au nombre des péchés & des obstacles à la réception des sacremens.
Encore que l’envie soit généralement condamnée, elle ne laisse pas quelquefois de servir ceux à qui elle s’attache le plus obstinément, puisqu’elle fait connaître leur mérite et que c’est elle, pour ainsi dire, qui y met la dernière main. […] L'on n’ose la mettre au jour, de crainte d’être regardé comme le défenseur de ce que la religion condamne, encore qu’elle n’y prenne point de part et qu’il soit aisé de juger qu’elle parlerait autrement si elle pouvait parler elle-même, ce qui m’oblige à vous dire mon sentiment, ce que je ne ferais toutefois pas sans scrupule si l’auteur de ces Observations avait parlé avec moins de passion. […] Mais vous connaîtrez d’abord que la charité ne fait point parler cet auteur et qu’il n’a point dessein de servir Molière, encore qu’il le mette au commencement de son livre. […] Cependant, je m’étonne que, dans le dessein qu’il avait de paraître, il n’ait pas examiné de plus près ce qu’il a mis au jour, afin que l’on ne lui pût rien reprocher et qu’il pût voir par là son ambition satisfaite ; car vous n’ignorez pas que c’est le partage de ceux qui font profession ouverte de dévotion.
Et cette croyance du peuple fut, à mon avis, une suite des Apothéoses ; car ayant mis des hommes au rang des Dieux, il était bien raisonnable de diviniser toutes leurs actions, et d'honorer par un culte de Religion toutes les choses que ceux qu'ils adoraient, avaient aiméesStat. […] par des amendes pécuniaires tout ce que l'on y faisait contre les Lois, tant ils craignaient que leurs Dieux en fussent irrités, et cet argent était employé au service de la Religion, comme les six Statues de Jupiter surnommées Zanes que Pausanias met au pied du Mont Cronius, et les huit autres qu'il compte encore auprès de celles-là, avaient été faites des amendes auxquelles les combattants de la Lutte, de l'escrime et d'autres Jeux qui avaient corrompu les Juges, et les Juges mêmes avaient été condamnés, et les inscriptions portaient qu'elles avaient été élevées pour honorer Jupiter, et pour témoigner la piété, des Æliens contre l'injustice et la fraude des Combattants qui devaient mettre toute leur espérance en leur mérite. […] Mercure y reçut le même honneur, si nous ne voulons démentir Pausanias et la vieille inscription d'un marbre que Fulvius a mis au jour.
Mais comme dans ce denouement il ne s’agiroit pas seulement de lui, mais du sort de l’Empire, après nous être mis à la place de Titus, mettons-nous un moment à la place des Romains, qui vont être privés du bonheur dont ils espéroient jouir sous son regne. […] Je conviens que les vieillards sont difficilement corrigés ; mais ils ne sont mis là que pour l’instruction d’un âge plus susceptible d’en recevoir. […] Dans l’usage de presque tous les autres divertissemens, il faut du repos encore après le plaisir, pour se mettre en état de s’appliquer au travail, par conséquent double perte de tems pour les occupations utiles. […] Aussi inconséquent dans cette partie de votre discours que dans tout le reste, permettez-moi de vous mettre un instant aux prises avec vous-même. […] Ce parallele nous montrera de quel poids est, pour votre sentiment, la différence qu’on doit mettre entre la honte qui ne frappe que l’ouvrage, & celle qui s’attache à la personne.
Au surplus, la paix dont l’on aurait pu jouir sous ce caractère ne pouvait pas être de longue durée, puisque la misantropie a été mise aussi en spectacle et vouée au ridicule ; que depuis cette époque le mot misantrope est devenu synonyme de ceux de bourru, d’homme sauvage, d’ours, etc. […] La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées. […] Ainsi donc, après avoir mis à part, avec l’admiration et tous les égards qui leur sont dûs, l’esprit, le génie et l’art qui brillent dans la satire du Tartufe, et qui ont aveuglé le public sur ses défauts, comme la pompe et les richesses l’aveuglent ordinairement sur ceux des riches, on peut dire que son instruction s’est bornée à donner aux honnêtes gens l’avis qu’on pouvait les tromper sous un masque noir comme sous un masque blanc, ou sous l’habit ecclésiastique comme sous l’habit de laïc ; ce qui ressemble au soin de leur apprendre que les brigands et les voleurs, qui se mettent en embuscade aux coins des édifices profanes, pour surprendre et dépouiller les passants, se cachent aussi derrière les temples, quand ils croient y être plus avantageusement placés ; or, l’on n’attendait pas après une telle révélation ; tout le monde en conviendra ; donc la plus savante, la plus ingénieuse attaque dramatique a été dirigée contre un moulin à vent. […] Ne devient-il pas de plus en plus sensible qu’il ne peut être avantageux ou agréable qu’aux disciples de la dernière école de mettre en spectacle, de cette sorte, l’image des vertus qui les inquiètent et les condamnent ; et qu’eux seuls devraient le désirer pour leur vengeance et leur satisfaction ?
Il élevait un Théâtre, mais moral : un Théâtre qui tournât au profit du cœur et de l’esprit ; qui formât des Citoyens, des Pères et des Mères de famille, des Enfants et des Sujets dociles ; qui ne respirât que l’honneur et la probité ; qui rectifiât les fausses idées et les remplaçât par de plus justes ; qui mît un frein aux passions et apprît à les régler ; qui fût ennemi déclaré du vice et épargnât le vicieux : persécuteur infatigable de tout ce qui conduit au détriment de la Société : protecteur zélé de ce qui en serre les liens ; qui montrât le crime et le vice dans toute leur difformité, et la vertu dans tout son lustre : en un mot, qui ne proposât que de bons exemples, et couvrît de confusion les mauvais. […] (Je puis bien sous un certain point de vue les mettre en parallèle avec nos Théâtres.) […] Le salut de ses Enfants lui est trop cher, pour souffrir ce qui y met obstacle. […] On lit dans cet Auteur Italien que quoique la Musique soit un amusement dangereux, mais qui peut être innocent, on ne doit pas toujours l’interdire aux femmes que leurs richesses ou leur condition mettent à couvert de ses suites ; mais qu’il en faut défendre l’étude aux filles pauvres et de basse naissance, parce que cette science en fait des Chanteuses et des filles de Théâtre ; profession avec laquelle il est impossible d’allier la vertu et le Christianisme. […] Un d’eux qui n’était rien moins que brave, nous avoua que dans l’enivrement où l’avait mis ce chef-d’œuvre de Corneille, il eût été tenté de percer de son épée, qu’assurément il ne savait pas manier, le premier qui en sortant l’eût coudoyé, même innocemment, ou lui eût marché sur le pied.
La ville de Frontignan en Languedoc, Diocese de Montpellier, est connue par les bons vins muscats qui se cueillent aux environs, & les raisins qu’on fait sechèr pour les mettre en caisse, & dont on fait un commerce ; c’est toute la richesse du pays, & l’unique illustration de la Ville. […] Ces braves guerriers se provoquent mutuellement, en récitant les vers que le Tasse met comme Homere, dans la bouche de ses héros ; de la Jérusalem délivrée. […] que ces gens-là voulant se donner un air de littérature & de beaux esprits, & se mettre à la mode de Paris, ont bâti un théatre qu’ils décorent du grand nom de Théatre National, qu’ils y représentent des pieces, qu’un d’entr’eux, qui fait des vers, a composé une tragédie, qu’ils ont jouée ; mais quelle piece, mais quel succès, mais quels applaudissements ! […] Le Gouverneur de la Province, quoique Prince du sang, n’a qu’une autorité déléguée, & la justice n’est point rendue en son nom : son écusson ne peut être mis en parallele avec celui du Souverain dont-il tient la place. […] mais c’est pour mettre sur le théatre des propositions, & des caresses indécentes qu’on fait faire par ce Prince à une Païsanne, chez qui il reçoit l’hospitalité.
On doit juger aussi que son exemple dans ces circonstances ne met pas un si grand poids dans la balance en faveur des représentations théatrales les plus pieuses, même dans les communautés & les collèges. […] Des loix sévères & souvent renouvelées eurent bien de la peine à mettre quelque barriere à la médisance : In vitium libertas excidit & vim dignam lege regi, lex est accepta chorusque turpiter obticuit sublato jure nocendi. […] Les pieces, les représentations qui les mettent dans le plus grand jour, sont des chef-d’œuvres. […] Il n’est pas étonnant qu’une nation médisante par caractère, aime si fort l’art de médire, & la médisance mise en action, parée de toutes les graces les plus piquantes, & fondue avec la galanterie, autre sel qu’elle ne trouve pas moins piquant, & que le théatre à son tour souffle, attise, alimente ce feu. […] La médisance met obstacle à la piété, en la décriant, & décourage les ames foibles par la honte & la crainte du ridicule qu’elle y attache ; elle arme les vices par les traits envenimés d’une langue licentieuse qui les favorise tous, que tous lancent, dont tous se repaissent.
Cette idée est si universellement répandue, que d’abord le Comédien & la Courtisanne sont mis sur les rangs. […] Au reste, il ne fait que suivre l’esprit & la doctrine des Canons & des Loix, qui, comme nous l’avons souvent dit, mettent toujours ces deux choses sur la même ligne, ou plutôt n’en font qu’une sous deux points de vue. […] Oseroit-on le mettre dans le rang des actions saintes destinées au culte de Dieu ? […] Il n’y a pas jusqu’à cette espèce de lumiere magique, artistement graduée & distribuée, qui retrace, embellit, met dans le vrai jour d’une maniere si frappante, que rien n’échappe aux yeux & au cœur. […] Le théatre est donc interdit au grand nombre, qui y pèche réellement, & au petit nombre, qui prétend ne pas y pécher, parce qu’il le met dans un danger évident de pécher.
J’avoue donc avec sincérité que je sens dans toute son étendue le grand bien que produirait la suppression entière du Théâtre ; et je conviens sans peine de tout ce que tant de personnes graves et d’un génie supérieur ont écrit sur cette matière : mais, comme il ne m’appartient pas de prendre le même ton, et que d’ailleurs les Spectacles sont permis et soutenus par l’autorité publique, qui sans doute les permet et les soutient par des raisons que je dois respecter, il serait indécent et inutile de les combattre dans l’idée de les détruire : j’ai donc tourné mes vues d’un autre côté ; j’ai cru que du moins il était de mon devoir de produire mes réflexions, et le plan de réformation que j’ai conçu pour mettre le Théâtre sur un autre pied, et pour le rendre, s’il est possible, tel que les bonnes mœurs et les égards de la société me paraissent l’exiger : c’est ce que je ne pouvais entreprendre dans le temps que j’étais Comédien, pour les raisons que l’on trouvera dans le corps de mon Ouvrage. […] Peu de temps après, par la même raison et toujours dans le même dessein, je mis au jour mes Pensées sur la Déclamation c, et quelqu’autre brochure ; mais tout ce que j’y dis, pour annoncer mon projet de Réformation, y est enveloppé avec tant de réserve, que personne n’a découvert mon intention : je ne pouvais pas me plaindre de n’avoir pas été entendu, puisque je ne m’étais pas expliqué assez clairement.
Le Roi se mit à rire, & lui dit, vous êtes fille, il n’y a qu’à lui donner de quoi boire, & vos bréloques seront des choses très-importantes . […] Henri de Transtamare, son frere naturel, qui lui avoit échapé, profita de ces dispositions, fit soulever les peuples, se mit à leur tête, & le détrona ; Pierre vint en Guyenne, où les Anglois regnoient, ils lui fournirent des troupes, & le rétablirent dans ses Etats. […] Dans le projet de M. de Belloy, de mettre l’histoire de France de M. […] Devoit-il prodiguer ses éloges au meurtrier du Roi de Castille, & aux François, qui mirent l’usurpateur sur le trône ? […] Dans une guerre contre le Roi d’Israël, au lieu d’avoir recours à Dieu, il acheta chérement l’alliance du Roi de Sirie, dont il fut la dupe ; un Prophére l’en reprit de la part de Dieu, il en fut offensé, & le fit mettre en prison.
Mais il est de la dernière indécence de travestir les Saints en Comédiens, et les Comédiens en Saints, de mettre la parole de Dieu dans des bouches infâmes, et les mystères de l’Evangile sur les autels élevés au vice. […] Parfait l’ont donnée au public sous un autre titre ; car qu’est-ce que l’histoire du théâtre, que l’histoire des folies humaines mise en action par des fous et des libertins ? […] Le ridicule des Dieux du paganisme est le seul point de vue qu’il soit permis de mettre sur la scène. […] Que serait-ce, s’il donnait un masque à Abraham, s’il peignait la Madeleine, la Sainte Vierge, fardées et découvertes comme nos actrices, si dans un coin du tableau il mettait des danseurs et des danseuses ? […] La mettre sur la même ligne avec le vice, c’est la décréditer, l’égalité du traitement la déshonore.
L'origine des Actrices n'est pas plus honorable, elle est plus pernicieuse ; elles y sont alléesm mettre leurs grâces à profit. […] » Quintilien ne veut pas même qu'on permette la lecture des pièces du théâtre aux jeunes gens, jusqu'à ce que l'âge mûr ait mis leurs mœurs en sûreté : « Donec mores fuerint in tuto. […] comment peut-il mettre en parallèle la construction de la Sorbonne et celle d'un théâtre dans son Palais, et faire passer pour une bonne œuvre d'ouvrir la source de tous les vices ? […] Encore même le premier nous est il imputé quand nous nous sommes mis volontairement dans l'occasion prochaine de cette impression vicieuse ; à plus forte raison le second, qui en est la suite, est inexcusable. […] Cyr refusèrent d'assister à la pièce, elles se mirent en oraison dans le temps qu'on la jouait, sans doute pour en demander pardon à Dieu.
Mais l’usage en est établi, la poësie regne dans le tragique, les chef-d’œuvres de Corneille & de Racine (beaux noms que l’usage met par-tout) sont tous en vers : voilà le ton du jour. […] Pour charmer son ennui, il se mit à danser la danse des Chinois dans l’opéra d’Issé, qu’on jouoit alors, & l’accompagnoit des attitudes grotesques de cette danse. Tout à coup le cabinet s’ouvre, le procureur général sort, & se mit à rire de la saillie du candidat ; ses conclusions ne furent pas données. […] Elle est prise d’un conte de Marmontel mis en drame, &, ce qui ajoute bien à la farce, un conseiller au parlement de…….. l’a composée, l’a fait jouer & imprimer. […] C’est une exagération plus qu’oratoire, de mettre l’ame entiere de la nation aux pieds du théatre y prenant des leçons d’héroïsme.
D’ailleurs, quelque prévenu que l’on soit en faveur du Comédien, on ne met apparemment pas son talent au-dessus du génie des Corneille, des Racine, des Crébillon, des Voltaire. […] Une fait autre chose que de se mettre à la place des héros que le Poëte introduit sur la scène. […] Tels sont les Comédiens à l’égard des Auteurs : copistes serviles ; il ne leur faut que de l’attention pour entrer dans leurs idées & les mettre dans un beau jour ; comme l’Eleve n’a besoin que de voir les Tableaux d’un Maître pour les rendre.
On l’a mis en drame, on en a fait des suites de tapisseries, de tableaux, d’estampes. […] Dom Quichotte est une satyre de l’univers : tous les états y sont satyrisés, tous les personnages sans nombre qui y paroissent, déchirés ; &, pour y donner plus de jeu, tout y est mis en dialogue. […] Toute une petite ville est mise en train pour jouer la farce du gouvernement chimérique donné à l’écuyer, à qui l’on fait toutes sortes d’insultes : cent & cent autres personnes, dans le cours de cette histoire insensée, entretiennent les rêveries de ce malheureux, pour le baffouer, & renouvellent les combats des gladiateurs, où les romains se divertissoient aux dépens des hommes, comme ils venoient de faire au théatre Le cirque est un théatre, le théatre est un cirque, où l’homme est le jouet de l’homme ; dans l’un aux dépens de la vie, dans l’autre aux dépens de l’honneur : la brutalité a enfanté l’un & l’autre, y conduit & s’y plaît.
Quoi, mes Dames, mettre cinq ou six heures de tems a se parer & à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pieges à la chasteté des hommes, & servir de flambeau au demon, pour allumer par tout le feu de l’impudicité, demeurer les nuits entieres exposées au yeux & à la cajollerie des jeunes fous, & de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville, emploïer tout ce que l’art & la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regars, & pour leur renverser l’esprit, deguiser vos personnes & vôtre sexe, pour n’avoir plus honte de rien, & pour ôter à la grace ce petit secours, qu’elle trouve dans la pudeur, qui vous est si naturelle. […] Elle a condamné les dances & les spectacles en détruisant l’Idolatrie, qui les avoit enfanté, & qui a mis au jour tous ces monstres de vanité & de dissolution. […] Ne les avez-vous mis au monde que pour les danner ?
une fille chrétienne, qui aura vecu dans la modestie, croyant qu’il lui est permi de prendre quelque chose extraordinaire se met au hazard de se perdre. […] circonstance qui prouve ce que j’ai avancé : car outre qu’à cet âge l’imagination est vive, l’esprit dissipé, le cœur volage, les sens ouverts & subtils, dispositions fatales, & propres à donner entré au peché, c’est qu’on est sans experience, sans crainte, sans défiance, sans preservatifs ; faute d’experience tout plaît, tout touche, toute attache : faute de crainte on ne sçait ce que c’est que de se menager, que de s’arrêter a propos, que de reculer ; on envisage avec joye le precipice, où l’on va se perdre, on cherche même a se perdre : faute de défiance loin de tenir sur ses gardes, & de se mettre en disposition de repousser l’ennemi du salut, on se dépouille (si j’ose parler de la sorte) de ses armes, & sent-on la tentation, on est hors d’état de se defendre. […] … Mon âge, me répondez vous, mon rang, ma dignité m’obligent d’avoir une retenué, & une gravité qui me met à couvert de ces defauts ; oüi, mais le cœur est-il immobile, & insensible, & l’esprit est-il dans sa situation ordinaire ?
On a déjà dit pour défense, Qu’il y avait différence de Spectacles chez les Grecs et chez les Romains ; Que véritablement les représentations qui se faisaient en postures, en grimaces, et en danses, étaient lubriques et déshonnêtes, et n’étaient exécutées que par les Histrions et Pantomimes qui étaient les Bouffons ou bateleurs de ce temps-là, et qu’il n’y a point d’apparence de croire que ces sortes de gens fussent mis au rang des personnes d’honneur ; mais qu’il y avait des Comédiens sérieux qui ne représentaient que des Tragédies ou Tragi-comédies pleines de raisonnements Moraux et Politiques, et que c’était ceux-là qui n’étaient pas notés d’infamie comme les autres ; Qu’un Roscius Comédien qui a été tant estimé, pouvait être de leur bande ; Que c’était chez lui que les jeunes Orateurs de Rome allaient étudier le geste et la prononciation ; Qu’il était un des plus honnêtes hommes de la Ville, et que Cicéron ayant pris la peine de le défendre en une Cause, avait parlé de lui fort avantageusement ; Mais quoi que en effet ce Roscius ait été vertueux, s’ensuit-il que tous les autres Comédiens de son temps le fussent, et qu’ils lui ressemblassent en son mérite personnel ? […] On dit qu’un grand Seigneur aimait si fort ce divertissement, qu’il voulait faire établir un Professeur pour la Poésie du Théâtre, comme il y en a pour l’Eloquence et pour les Mathématiques ; Qu’il entendait que celui-ci instruisît les Poètes qui voudraient faire des Comédies ou des Tragédies, afin qu’ils n’y missent rien qui ne fût convenable. […] On ajoute une proposition assez judicieuse qui est, que comme l’on examine toute sorte de Livres avant que de permettre de les imprimer, et de les communiquer au public, il faudrait qu’il y eût un Magistrat qui examinât, ou qui fît examiner par Gens experts, les Pièces que l’on voudrait faire jouer devant le peuple, afin que leur représentation ne pût nuire à personne : Mais des Censeurs inexorables diront que d’ériger une Académie pour les Comédiens, ce serait autoriser leur Profession, comme si elle était fort nécessaire au public ; Et pour ce qui est du reste, qu’au lieu de donner la peine à un Magistrat d’examiner les Comédies dignes d’être représentées, il vaudrait mieux les condamner entièrement ; Que par ce moyen on ne craindrait ni brigue, ni surprise, et l’on ne se mettrait point au hasard d’en recevoir du dommage.
Elle mit à profit son art funeste pour enflammer le Roi, & l’aveugla jusqu’à l’épouser. […] Sa mort mit fin à ses variations, à ses cruautés, à ses débauches. […] Ils furent mis en prison. […] Tant de chagrin & de traverses le mirent au tombeau. […] On pouvoit mettre dans la bouche d’un Ministre toute l’histoire de la Ligue.
Il est sans vraisemblance qu’un seul homme ait eu tant d’aventures : on a sans doute ramassé de tous côtés un infinité de faits, dont on a fait un tissu, & qu’on a mis sur son compte. […] En effet, il mit le feu à ses batteries, tua huit cens hommes, obligea le prince de Condé à se retirer avec précipitation, & bientôt à lever le siege. […] Il vaudroit mieux encore mettre entre les mains des enfans un recueil des contes sagement écrits. […] Il est visible de voir la prétention qu’on met à ces bagatelles, toujours sous le voile modeste de la préférence donnée à Lafontaine, dont l’éloge gigantesque est devenu d’étiquette. […] Il s’en faut donc bien qu’on puisse mettre sans choix les Fables de Lafontaine entre les mains des jeunes gens.
Je finis, en assurant que je ne mets d’autre intérêt à soutenir ce Livre, que celui que les Gens de Lettres prennent aux bons Ouvrages. […] Les réflexions qu’elles m’ont donné lieu de faire, m’ont mis dans le cas de commencer par la Piece qui est la moins ancienne. […] Rien ne vous avilit tant, & ne vous met au dessous de vous-même que les passions ; elles vous dégradent. […] Les Anciens n’ont presque pas mis d’amour dans leurs Drames ; & quelques-uns les louent de n’avoir pas avili leur Théatre par de si petits sentimens. […] L’intérêt qu’il a mis au soutien de cette mauvaise cause, l’a séduit, de maniere qu’il a cru pouvoir appuyer son opinion par l’autorité de S.
Il y a en effet des gens qui prétendent qu’on ne devroit point mettre les Tragédies en vers. […] Il ne faut pas épuiser un sujet, quand on en a mis plusieurs sous les yeux.
Tout ce qui est dans la nature n’est pas bon à mettre sur le Théâtre, 58 Critique des Ouvrages d’Aristophane, et son autorité nulle pour l’affaire présente, 59 Le témoignage de ce Comique contre lui-même, 79 Autorités de Ben Jonson, 83, et suiv. […] Les vertus morales persécutées sur notre Théâtre, 248 Les Héroïnes de nos Comédies aussi vertueuses que les Héros avec le même succès qu’eux, 250 Les jeunes personnes de condition ont des mœurs plus saines dans Plaute et dans Térence, 251 Vaine Justification de l’Astrologue Joué, dans sa Préface, 254 Sentiment d’Horace contraire à celui de l’Astrologue joué, 256 Exemple de Ben Jonson inutile pour justifier l’Astrologue Joué, 260 Autorité de Shakespeare opposé à l’Astrologue Joué, 263 Erreur de l’Auteur de l’Astrologue Joué, sur la différence qu’il met entre la Tragédie et la Comédie, 265, 266 Le divertissement n’est point la fin principale de la Comédie, 267 La Comédie et la Tragédie, quoique par une route différente, doivent tendre à une même fin ; qui est la réformation des mœurs, 268, et suiv.
Tu es grand en noblesse ; ta race te rend glorieux : mais ne sais-tu pas que notre naissance est égale, et qu’il n’y a que la vertu qui doive mettre de la différence parmi les hommes ? […] Nous n’en mettons point aussi sur les morts, mais je m’étonne pourquoi vous le faites ?
Il eut beau dire qu’il n’en savoit aucun, on le mit en prison, on le fouetta jusqu’au sang, on le menace de la mort, s’il ne le découvre. […] Le Czar s’y mit, il en fut soulagé, & récompensa magnifiquement son Médecin. […] Qui croiroit que les Suisses fissent des vers satyriques contre le grand Voltaire, & les missent dans l’Almanach ? […] Il a joué les défauts des Comédiens, ce qui l’a mis mal avec ces deux théatres, & a contribué à le faire chasser. […] Les galanteries qu’on met dans la bouche d’Henri IV pour une paysanne, valent bien les litanies de la Sainte Vierge.
: Les vns cõsument tout en despẽce de bouche, les autres à iouër aux dez & à faire masques & mommeries : le mesmes, les pechez des ieunes gens en leur adolescence bien souuent sont enormes, comme vne yurongnerie, vne gourmandise, larrecin d’argent de leurs peres, ieux de dez, masques & mommeries, amours de filles, adulteres de femmes mariees : Prenez garde ie vous prie comme il met les masques entre les choses infames, à quoy s’accorde le Iurisconsulte Paul, Lib. […] Augustin s’aygrit de l’excez de ceste liberté parlant des masques, aucuns d’entre-eux se vestoient de robes de femmes, ne rougissans point de honte de mettre leurs bras puissans & aguerriz dans des robes delicates à vsage de femme : S. […] vn prestre nommé Epachius des plus notables familles de Riom sortoit souuent de l’Eglise la veille de Noel pour boire mesmes apres minuict, peu de temps apres, comme il disoit la messe solemnelle, außitost qu’il eut mis en sa bouche le precieux sacrement & l’eut baillé aux autres se print à hannir comme vn cheual tomba par terre, & escumant reietta ce qu’il auoit pris, fut emporté par ses seruiteurs hors l’Eglise & le reste de ses iours vesquit epileptique : Le mesme recite vne autre exemple aduenu à Lyon. […] que la pauureté porta à desrober vn porceau la veille de Noel, duquel ayant faict festin à ses compagnons au l’endemain, la nuict d’apres gaigné du sommeil, tenant la bride de son cheual en main de laquelle il auoit commis le larrecin le perdit si bien que le larrecin d’vn porc luy cousta la perte de son cheual : De quelle punition serõt chastiez les masques qui desrobent l’honneur de Dieu à leur Dieu qui se desrobent à eux mesmes, & se mettent hors d’eux pour folier ? […] Donnons congé à ces folies qui nous attisent l’ire du ciel & attirent mille malheurs, car par des actions sales & deportemens insolens plaire à soy & au populaire, est vrayement desplaire à Dieu & aux sages : ramassons nos esprits que telles folies mettent hors de nous, & les ayans repris, considerons si ce ne sont pas folies de se mettre hors de soy & faire le fol pour honnorer la natiuité du sage des sages, de la sagesse mesme.
Il étoit aisé à leurs adversaires de se couvrir de ce manteau, pour se cacher, & faire tomber le soupçon sut la société : plus d’une fois ces travestissemens affectés ont mis l’innocent à la place du coupable. […] Il a fait brûler cette piece en place publique par la main du bourreau ; il a fait les plus grandes perquisitions pour en découvrir les auteurs, & mis leurs tètes à prix, promettant cinq cens écus romains à celui qui les découvriroit, & a fait arrêter plus de vingt personnes. […] L’actrice Pélagie, attirée par la curiosité, se trouva dans l’assemblée : elle avoit été instruite & mise au rang des cathécumenes ; mais le théatre avoit étouffé en elle tous les principes de la Religion. […] On la mit entre les mains d’une sainte veuve qui fut sa marraine. […] Voici un usage de ce diocèse qui tient du comique : dans certaines cérémonies on met un beau fauteuil dans la chaire de la cathédrale, l’évêque s’y place pour prêcher le peuple & montrer des reliques.
Il n’en fallut pas davantage pour mettre le sacré Collège en déroute, chacun se sauva comme il put. […] Aussi ces braves guerriers ont si bien mis l’épée dans le fourreau, que depuis deux siecles ils n’ont plus dégainé. […] Les Prêtres qui se mettent en habit de cour & chevelure, sont comme dégradés, ils se dégradent eux-mêmes. […] J’en conserverai les expressions, pour le mieux mettre sous les yeux. […] Les jeunes gens qui viennent de la fournaise, qui de nouveau se mettent au monde, ne se doivent masquer sans avoir avec eux quelque ancien compaignon masquier, exercité aux faits d’amour, pour les duire & apprendre la conduite qu’ils doivent tenir envers les Damoiselles.
Auroient-ils voulu que ce Vers eût été chanté, c’est-à-dire mis sur des tons que la Nature n’inspire point, puisque dans les Passions elle ne nous fait jamais chanter ? […] N’étoit-ce donc qu’un Chanteur que Ciceron admiroit dans Roscius, dans cet homme qui avoit mis par écrit les principes de la Déclamation, & qui en avoit donné des leçons à Ciceron ? […] Et que veut dire l’Abbé du Bos quand il traduit ainsi ce Passage : Les Compositeurs de Déclamation, lorsqu’ils mettent une Piéce au Théâtre, savent tirer des masques mêmes, le pathétique. […] Lorsque Quintilien demande pourquoi Cicéron a mis per hosce dies, & non pas per hos dies, il répond qu’il est plus aisé d’en sentir la raison que de la dire. […] Ce mot suffit pour nous donner une idée de la Déclamation des Comédiens & des Orateurs, & par-là nous pouvons comprendre de quelle utilité pouvoit être à Gracchus ce Flutteur qu’il faisoit mettre auprès de lui, quand il haranguoit le Peuple.
L’ouverture de la scene est large de trente-six pieds, & haute de trente-deux, proportion qui rapproche le fonds du théâtre, & le met avec égalité sous les yeux du spectateur. […] La Salle ou Bal est aussi toute prête une machine ingénieuse mettra le parterre au niveau du théatre, ce qui forme un salon octogone de 45 pieds de diamêtre, magnifiquement décoré de colomnes, de statues, de glaces, &c. […] Nous n’avons garde d’attribuer au Roi, plein de bonté & de sagesse, des profusions si énormes ; c’est l’ouvrage des artistes, & de ceux qui ont présidé, qui, pour se signaler, n’y ont mis aucune borne. […] Toutes les petites loges qui sont sur le parquet sont mobiles, & peuvent, être aisément enlevées, & quand on veut pour le bal & autre fête, ce parquet se leve tout entier avec des cries, pour être mis à la hauteur du théâtre, dans les occasions qui demandent toute l’étendue. […] Dans toutes les Réligions vraies ou fausses, le cérémonial du culte public, est une sorte de spectacle mystérieux & figuratif, pour mettre les dogmes, les loix, les vertus sous les yeux du peuple, l’instruire, l’effrayer, le toucher.
Iconomanie littéraire est la passion des littérateurs, de mettre des images dans les livres. […] Il faut mettre devant les yeux les problêmes de la Géométrie & de l’Astronomie, les expériences de Phisyque, les machines, les plantes, les médailles, les inscriptions, ainsi que les figures sans nombre, du vaste recueil de de l’Accadémie des sciences, & de celle des Inscriptions font un des plus utiles ornemens de cet immortel & immense chef d’œuvre de l’esprit humain. […] Voudroit-on se mettre à la place de l’image, dans le même état, l’un n’est pas plus permis que l’autre ; n’est-ce pas se dévoiler soi-même, que de se faire peindre sans voile ? […] Nous ne prétendons pas traiter cette grande matiere ; mais voici l’usage que nous faisons de cette fameuse querelle, qui mit aux mains l’Orient & l’Occident ; elle suppose de l’aveu des deux parties, que les images produisent sur l’esprit & sur le cœur, de bons & de mauvais effets, Qu’il faut donc proscrire les images indécentes, dont l’effet ne peut être bon, & nécessairement mauvais, & conserver les images de piété, qui ne font aucun mal, & peuvent faire beaucoup du bien. […] Le Temple de Gnide, ouvrage très-dangereux, où toutes les folies de la passion sont décrites par des idées les plus voluptueuses, avec une légèreté & une négligence de style, qui ne respire que la molesse ; cet ouvrage n’est point achevé, c’est une galerie de tableaux passionnés, tracés par une imagination, qui s’égare, & voltige sur les objets de l’amour ; c’est une piéce à tiroir, un tissu de scénes que la Réligion, la vertu, la décence défendent également de garder & de lire, & défendoient au Président de Montesquieu de mettre au jour, aussi-bien que les Lettres Persannes, dont il n’approche pas pour le mérite littéraire.
Le Poète est donc obligé de mettre tous ses soins à l’Exposition d’un Drame. […] Le Poème Epique est le seul Ouvrage de Littérature dont le commencement doit être modéré ; encore ne s’agit-il que du stile & de l’invocation, car l’on peut y mettre de grandes passions, des événemens considérables, dès le prémier Chant, aussi-bien que dans le cours du Poème. […] On me demandera comment je prétens qu’on mette dans notre Opéra plus d’action que de paroles, si un rien lui tient lieu d’intrigue ? […] Les méchans Poètes mettent souvent des Chevilles dans leurs Vers, de même un Auteur médiocre termine ses Drames par des choses forcées, qu’on pourrait aussi nommer des Chevilles. […] De même qu’il est nécessaire de mettre un morceau de Musique à l’ouverture des Drames modernes, il faut aussi en placer un après le dénouement ; cela achève de réjouir le Spectateur, & c’est finir par un beau coup d’éclat.
Il a dansé, chanté, représenté des comédies ; son plus grand plaisir a été de jouer le rôle d’un infâme baladin, de remporter une couronne d’acheb chez les Grecs, de se livrer aux regards de l’amphithéâtre : « Gaudentis fœdo peregrina ad pulpita saltu, prostitui Graiœque apium meruisse coronæ. » Allez donc, illustre Héros, arborer vos glorieux trophées, mettez vos couronnes aux pieds de la statue de votre père Domitien, le masque et l’habit d’Acteur que vous portiez quand vous faisiez le personnage d’Antigone et de Thyeste, et suspendez votre luth à la statue colossale que vous vous êtes fait élever : « Ante pedes Domiti longum tu pone Thyestæ syrma, et de marmoreo citharam suspende colosso. » Voudrait-on vous excuser par l’exemple d’Oreste, qui tua sa mère ? Du moins Oreste ne s’est pas oublié jusqu’à monter sur la scène : « In scena nunquam cantavit Orestes. » Quand Néron fit mettre le feu à Rome, il prit son habit de Comédien, monta sur la haute tour de Mécène, pour mieux voir ce qu’il appelait un bel embrasement, une vive image de l’incendie de Troie ; et pour mieux représenter le premier rôle qu’il jouait dans cette affreuse tragédie, il chanta un poème qu’il avait composé sur la prise de Troie. […] qu’a pu dire de plus fort le paganisme pour flatter des Princes qu’il mettait au rang des Dieux ? […] Les premiers Empereurs Chrétiens, Constantin et ses enfants, en bannirent toutes les infamies que le paganisme y avait souvent tolérées, et le mirent sur le pied où nous le voyons, peut-être même fut-il plus régulier qu’il ne l’est aujourd’hui. […] ils n’ont aucun rang dans l’Etat ; dans quelle place de citoyen pourrait-on les mettre ?
Cela ne suppose-t-il pas au moins que les Chrétiens ne doivent entreprendre aucune action qui ne puisse être rapportée à Jésus-Christ, et par où son Nom ne puisse être glorifié, et qu’ils ne doivent jamais se mettre en aucun état où la prière leur devienne impossible ? […] En second lieu, il ne veut pas qu’en y assistant on y mette son affection. […] Pour les Exercices des Collèges, on peut observer d’abord que les Comédies ne sont pas des exercices convenables à la jeunesse, et qu’il n’y a point de parents qui mettent leurs enfants aux Collèges pour y être dressés au Théâtre. […] L’illustre et sage Prélat dont il parle, et qui n’attend pas après ses éloges, est celui-là même qu’on peut mettre à la tête des Prélats qui foudroient la Comédie avec plus de force et avec plus de zèle. […] Mais comme les insectes aiment à se mettre au Soleil aussi bien que les Aigles, il n’y a point de Charlatan, point d’Opérateur, point de Saltimbanque, et enfin point de cette sorte d’engeance, qui ne tâche de se parer du nom du Roi.
Ceux-ci dans leur superstition craignaient leurs faux Dieux ; et cette crainte mettait des bornes à leurs passions. […] Quand, par exemple, Cicéron dans une de ses plus fameuses harangues, met l’Art militaire au dessus de la Jurisprudence, par cette raison qu’il tire de son Héros Ennius« Tollitur e medio illa ipsa Domina rerum sapientia : vi geritur res. […] Ne serait-ce point encore faute de cette sorte d’éducation que nous voyons tant de faux savants, tant de jeunes hommes, et même tant de vieux qui mettent toute leur science à réciter des vers, à réciter de longs passages des Historiens et des Orateurs, à parler de tout ce qu’ils ne savent point ? […] Mais que peut-on penser de ces amateurs de Tableaux, de ces curieux de Médailles et de Porcelaines, qui mettent tout leur soin à garnir leurs cabinets ?
Cependant une de nos Comédies, entierement imitée d’une Comédie Grecque, a été mise au nombre de nos bonnes, puisque depuis tant d’années qu’elle paroît sur notre Théâtre, elle fait rire & le Parterre, & les Spectateurs délicats, je parle de celle des Plaideurs. […] Menage ne s’attendoit pas que lui-même seroit dans la suite mis aussi sur la Scene par le même Imitateur, & qu’il seroit un objet risible. […] Corneille qui avoit mis à la mode parmi nous le goût de la Comédie Espagnole, à la tête d’une Piéce qu’il avoit intitulée Comédie Héroïque, avoit avancé que la Comédie peut se passer du Ridicule.
dans tous les Ecrivains des derniers siècles, et même dans la Préface de Donat sur Térence, que Livius Andronicus fut l'Auteur de la Comédie et de la Tragédie parmi les Romains, ce que les Anciens n'ont jamais écrit, et si l'on n'avait point été prévenu de cette erreur, je ne crois pas qu'aucun homme de bon sens l'eût jamais mis en avant. […] Mais enfin Andronicus donna publiquement dans Rome des Fables qu'il jouait lui-même, et dont ces vieilles Satires lui prestèrent le fondement et l'invention ; et je ne vois pas pourquoi l'on a voulu deviner que ce fussent des Tragédies et des Comédies, car il est certain que ce n'en pouvait pas être ; c'étaient des Mimes, ou de petites Fables qu'il mettait en Vers, comme les Fableaux de nos vieux Poètes français, et qu'il dansait lui-même en sautant, chantant et touchant quelque instrument ; comme tous les autres Poètes de son temps, selon mêmes les termes de Tite-Live ; mais j'estime qu'il les fit avec plus d'art, et qu'il se rendit si célèbre qu'il en fut nommé l'Auteur ou le premier. […] , qui étaient quatre de ces Acteurs célèbres de son temps, où sans doute il n'aurait pas oublié de mettre ceux des femmes, s'il y en eût eu dans les troupes des Comédiens pour agir en ces représentations.
Bientôt la lune ouvre les portes de l’Orient ; elle conduit son char dans un profond silence : son emploi est de mettre, par ses phases, un certain ordre dans la révolution des temps ; elle domine sur les étoiles, quoique moins brillante. […] C’est là que les fontaines ont pratiqué leurs sources, pour fertiliser les campagnes, et former, par leur réunion, les grandes rivières qui se précipitent dans la mer : cette vaste étendue pousse ses vagues sur le rivage, on dirait qu’elle va nous engloutir : celui qui l’a créée a mis un terme qu’elle ne passe jamais. […] Israël est puni d’une double captivité, qui met fin à son idolâtrie.
une fille chrétienne qui ayant vécue dans la modestie, croyant qu’il lui est permis de prendre quelque chose d’extraordinaire, se met au hasard de se perdre. […] Ce qu’on peut en conclure, dit un célébre Auteur, c’est tout au plus qu’il faut les mettre au nombre des maux qu’elle ne cesse de défendre, & qu’on aime toujours. […] Quelque soit notre insensibilité au théâtre, elle ne met pas notre ame plus en sûreté. […] Et tout cela sur-tout mis en usage pour intéresser le spectateur à l’intrigue d’une passion, pour faire entrer dans l’ame du spectateur la folle passion du Héros prétendu que l’on feint enflammé ; & tout cela mis sous les yeux, celui de tous les sens qui fait toujours les plus fortes impressions dans l’ame : assailli de tant de côtés, tantôt par adresse & tantôt par force, je défie le cœur le plus dur de ne pas se rendre à l’impression de la passion qui est représentée. […] Quelque soit notre insensibilité au théâtre, elle ne met pas notre ame plus en sûreté.
Ce n’est pas la premiere fois que Thalie a mis son favori sur ses treteaux ; on fit l’Ombre de Moliere d’abord après sa mort ; on la trouve à la fin de ses ouvrages, avec ses Epitaphes en grand nombre, quoiqu’il n’ait pas même eu de tombeau. […] C’est l’histrion monté dessus, dont l’âne se moque, & qu’il jette à la renverse, qui est seul le vrai ridicule, par une folie qui le met au-dessous de la monture.
Si les peintures immodestes ramènent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, et que pour cette raison on en condamne l’usage, parce qu’on ne les goûte jamais autant qu’une main habile l’a voulu, sans entrer dans l’esprit de l’ouvrier, et sans se mettre en quelque façon dans l’état qu’il a voulu peindre : combien plus sera-t-on touché des expressions du théâtre, où tout paraît effectif : où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion : de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges : et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement, et n’excite que par accident les passions ?
Si, dans les ouvrages de belles Lettres, les Savants ont soin de laisser au Lecteur intelligent le moyen d’occuper son esprit, soit en devinant, ou même en ajoutant quelque fois aux idées qui lui sont présentées, et que l’Auteur, dans cette intention, n’aura pas tout à fait développées, j’ai cru que je ne pouvais rien faire de mieux que d’imiter une conduite également sage et utile ; parce qu’elle ne dérobe rien au Lecteur ignorant (pour qui il y en a toujours assez) en même temps qu’elle procure un vrai plaisir au Lecteur de génie et de goût, qui est bien aise de pouvoir mettre quelque chose du sien à sa lecture. […] En un mot je respecte les règles, lorsqu’elles me paraissent dictées par la nature et conformes à la raison ; mais je ne les écoute pas quand elles forcent la nature, et que, contraires au bon sens et à la raison, elles ne tendent qu’à nous mettre aux fers comme des esclaves.
Elle mettra son étude à negliger les minuties : cette negligence est un effet de son art. […] Si elle met la vertu à une rude épreuve par une longue suite de malheurs, elle finira par la couronner. […] Ils la mettent au rang des autres maux que la Scéne veut guérir. […] Cesars, connus par votre barbarie, voilà le prix que vous mettiez au sang humain ! Hé quoi, Messieurs, mettons-nous les ames à plus haut prix ?
fable du Paganisme mise en action ; fable qui n’a pour objet que l’intrigue la plus licencieuse, et la passion la plus criminelle. […] Il prend soin d’y servir des mets fort délicats. […] Peut-on mettre ces Pièces en parallèle avec les prédications les plus saintes et les plus éloquentes ? […] On est persuadé qu’il n’y en met que pour céder à la nécessité, et pour servir les spectateurs, suivant le goût où les Poètes ses prédécesseurs l’ont accoutumé. […] On n’a eu pour but que de mettre la Comédie dans son vrai point de vue, et de montrer qu’elle n’est ni aussi pure ni aussi innocente qu’on le dit.
Depuis que les spectacles ont acquis une si grande faveur, qu’on ne respire que spectacle, le torrent les a entraîné ; quelques Instituteurs ont eu la foiblesse de mettre au nombre des leçons utiles à leurs éleves precisement les mêmes choses qu’on croyoit autrefois devoir leur laisser ignorer. […] Ne faut-il pas tâcher d’en sortir au plutôt pour mettre son ame en sûreté ? […] Pour celui qui veut acquérir la vertu, est-il douteux qu’il ne doive fuir un spectacle qui y met le plus grand obstacle ? […] L’état d’émotion & de crime où il s’est mis, subsiste toujours après ce mariage étranger, dont l’idée momentanée & future, n’a pu rendre pour lui la piece innocente, & après qu’elle est passée, ne peut excuser les péchés auxquels elle a fait une si légere diversion. […] Il veut mettre la procédure au feu, si on veut se rendre.
Voici quelques autres traits qu’on peut mettre dans le même rang. […] On peut mettre au nombre des témoignages peu favorables au théatre ses raisons & ses demêlés avec Voltaire, & l’infâme portrait qu’il en fait. […] Qu’on mette dans la balance ces deux suffrages ; d’un côté le Prince de Conti adversaire du théatre, avec son Traité ; de l’autre le Philosophe de sans souci amateur du théatre, avec ses Epitres ; quelle des deux autorités doit décider la question ? […] Non, l’Etre tout-puissant ne se met point en peine Des rôles que je joue, & du sort qui m’attend. […] Grand Dieu, votre courroux devient même impuissant ; La mort met à vos coups un éternel obstacle.
Ce sont des tours que joue une sorte à un jaloux, qui dans la crainte des infidélités ordinaires à celles qui ont de l’esprit, l’avoit exprès élevée dans l’ignorance, pour mettre son honneur en sûreté, en l’épousant. […] Le soin économique de son bien met obstacle à la vanité, à la prodigalité, au libertinage de la jeunesse ; décrions-la sous les dehors-de l’avarice, voilà Harpagon. […] La jeune Sara avoit épousé successivement sept maris qui tous libertins, & ne cherchant dans le mariage qu’à satisfaire leur passion, avoient mérité d’être mis à mort le jour de leurs noces par le démon Asmodée. […] Elle se leva aussi tôt, & tous deux se mirent en priere. […] L’Empereur, qui quoique incommodé avoit été de tous les plaisirs, revenant de la comédie, n’eut pas le temps d’arriver à son appartement, une attaque foudroyante d’apoplexie le fit mourir subitement dans la chambre & sur le lit d’un valet de chambre, où le mit son fils, le Roi des Romains, qui étoit auprès de lui & le reçut entre ses bras, sans avoir un moment pour appeler ni Chirurgien ni Confesseur.
Ce serait après ces Exercices publics qu’on ferait un triage des Sujets qui ne seraient pas propres au Théâtre : les Garsons mis au rejet après la troisième année deviendraient Soldats ; & les Filles, Ouvrières dans des métiers utiles : on continuerait l’éducation des autres, que le sort de leurs Camarades rendra plus ardens & plus attentifs. […] Ils hériteront du pécule de leurs pères & méres morts avant l’affranchissement, comme ils succéderont à leur fortune, lorsqu’ils auront été mis en liberté XIV. […] Il en sera de même pour l’Acteur qui sera l’annonce ; après s’être incliné profondément, il se mettra à genoux pour aprendre au Public le nom des Pièces que l’on doit donner, & il ne se levera que lorsque les battemens de mains lui en donneront le signal. […] qui sait si les mœurs efféminées de notre siècle n’ont pas leur source dans ces divertissemens, où des séductrices aimables font avaler le poison, en feignant de présenter des mets salutaires ! […] PRÉVILLE, 1757 : Les Coquettes, les Femmes-de-qualité, avec beaucoup de finesse ; mademoiselle Grandval en mettait moins dans son jeu, & lui donnait peut-être plus de vérité.
; ce qui obligea Moïse, percé de douleur, de briser les tables de la Loi, et de commander aux Lévites de prendre les armes, de les mettre à mort, et de les tuer sur la place. […] On met enfin mille autres agréments où l’on juge qu’ils auront de l’éclat et de la bonne grâce. […] Une assemblée de personnes agréables, bien mises, bien parées, qui ne songent qu’a se divertir, à prendre leurs plaisirs, et à contribuer au plaisir commun, ils y voient des femmes et des Filles qui font tout ce qu’elles peuvent pour se faire admirer et se rendre aimables, et des hommes qui font tout ce qu’ils peuvent pour leur témoigner qu’ils les admirent et qu’ils les aiment. […] Il faut donc que la vue d’une femme soit bien contagieuse, puisqu’un homme, qui a le corps presque tout pourri, l’esprit accablé de tristesse, et soutenue d’une protection particulière de Dieu, sans s’arrêter ni à la sainteté, ni à son affliction a cru qu’il ne pouvait se mettre en sûreté, qu’en obligeant ses yeux par un pacte fait exprèsJob. […] Ce qui est défendu dans les divertissements ; c’est de les prendre avec trop d’affection, trop d’attache, et d’y mettre son cœur.
Les Espagnols & les Anglois ne seront pas plus faciles sur la prétendue supériorité de notre scéne, ainsi que sur celle de notre musique, de notre danse, de nos opéras, de nos pantomimes, &c. on met à Parme, l’incomparable Moliere, à la tête de tous les comiques de tous les siécles, & de tous les tems ; je ne ferai point de procès sur une si frivole préséance ; mais après Moliere on met Dufreni, Regnard & des Touches : je ne dispute pas leur mérite, mais je doute que tout le monde souscrive à cette distribution exclusive des rangs. […] Léon X. employa les trésors du Chateau St, Ange à payer ses dettes, & à faire une magnifique cérêmonie pour son Couronnement, comme le triomphe des anciens Romains ; Julien, bâtard de sa maison, y parut d’abord en Chevalier de Rodhes (de Malthe,) portant le guidon de la Réligion, au milieu de la cavalcade, il lui mit sur la tête le Chapeau de Cardinal dévenu vacant par la promotion de Sa Sainteté, & à la fin le nomma à l’Archévêché de Florence, sa Patrie, qui vaquoit. […] La premiere marche en ést élévée de trois pieds, & au moyen de canaux disposés de tout côté, on peut remplir d’eau à cette hauteur le vaste parterre, on met sur ce lac de petites gondoles dorées dans lesquelles on navige, & on peut faire de petites Naumachies. […] Le Clergé de Lyon consentit de l’enterrer dans l’Eglise, & d’y laisser mettre cette épitaphe ; mais Bayle a tort d’en conclure la tolérance de l’Eglise pour les comédiens. […] Les noms des acteurs presque tous Italiens ; plus de liberté dans la composition, plus de tabarinage, de farce, reste de son ancienne futilité, & licence, sont les seuls traits qui mettent entr’eux quelque différence.
On ajoute une autre Comédie qui porte le titre du Festin de Pierre 3 ; mais elle ne paroît plus au monde, du moins n’a-t-elle pas été mise dans le Recueil des autres : de sorte qu’elle doit passer pour une Piéce supprimée, dont la mémoire ne subsiste plus que par les observations qu’on a faites contre cette Piéce & celle du Tartuffe4. […] Il leur falut un Comédien1 Qui mit à les polir son art & son étude. […] L’un défenseur zélé des Bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnoit au feu.
En effet le vice n’est pas dangereux parce qu’il est ridicule, mais parce qu’il entraîne après lui des suites funestes : par exemple, l’ivrognerie n’est pas un vice dangereux, parce qu’il met celui qui en est dominé dans un état d’extravagance qui lui attire les regards de tous les passans ; parce qu’il lui fait dire cent choses déraisonnables qui le font prendre pour un insensé ; mais bien parce qu’un ivrogne va dépenser au cabaret l’argent qui seroit mieux employé au soutien de sa famille ; mais bien parce qu’un ivrogne pour contenter sa malheureuse passion, laisse manquer de pain à sa femme & à ses enfans ; parce qu’il perd le goût du travail, & tombe lui-même dans la misere inséparable de la fainéantise ; mais bien parce qu’un homme dans l’état d’ivresse perd le sentiment de sa propre conservation, & qu’étant privé de raison, il n’a plus de frein qui puisse s’opposer à ses mauvais penchans. […] Ceci pourra paroître singulier à la plupart de ceux qui sont accoutumés à regarder la Comédie comme un Spectacle de pur amusement ; mais je les prie de mettre à part les préjugés que l’habitude leur a fait contracter, & d’examiner quelques Comédies d’après les principes constitutifs de son essence, j’espere après cela, que la plupart de mes lecteurs trouveront mon opinion moins extraordinaire. […] Je conviens par la malignité qui caractérise l’esprit humain, que c’est un très-grand plaisir de voir son semblable tourné en ridicule, & de pouvoir se mettre au-dessus de lui : je conviens qu’on jouit avec satisfaction de l’embarras d’un jeune provincial qui se présente d’un air gauche dans un cercle brillant, qui salue d’un air timide, & qui perd contenance : je conviens qu’on est charmé de voir un homme qui se laisse duper comme un sot : pourquoi cela ?
Voici donc comme ils ont raisonné : Les François trouvent un plaisir singulier à jetter du ridicule sur tout ; nous sommes donc sûrs de les divertir, en chargeant de ridicules les personnages vicieux que nous mettons sur la scène : les François en outre craignent plus d’être ridicules que d’être vicieux ; il faut donc leur faire envisager le vice dans ce qu’il a de ridicule, & nous peu embarrasser de ce qu’il a de funeste & de dangereux pour la Société. […] Le ridicule de ces deux personnages non-seulement est naturel, mais il concourt encore à mettre dans un plus grand jour l’hypocrisie de Tartuffe. Ainsi une Comédie pour être utile aux Mœurs, doit nous peindre le vice d’après nature, sans le charger de ridicule ; & si elle veut amuser en même-temps qu’instruire, elle le peut faire en joignant au portrait du vice qu’elle attaque, le portrait de quelques défauts ridicules, pourvu qu’ils naissent naturellement du sujet, & qu’ils soient placés de maniere à mettre encore plus en évidence le vice dominant de la piece.
Le Poéte n’a plus qu’à mettre ses personnages dans des circonstances qui dévoilent leur ame. […] Il s’applaudit de sa mort, parce qu’aimé du peuple, il pouvoit être mis sur le Trône à son préjudice, & à la mort d’Antigone, qui seule pouvoit l’en éloigner, cet ambitieux qui ne songeoit qu’à régner, entre dans le plus grand désespoir. […] Il n’est point de mise parmi le beau monde.
C’est quand on met son plaisir aux choses contraires à la règle de la Doctrine de l’Eglise, comme nous avons déjà dit. […] C’est que ces jeunes gens ne seront mis en ces Jeux, qu’une fois ou deux pendant le cours de leurs études : Ce qui pris tout ensemble ne peut produire aucun mauvais effet comparable à ceux des Comédiens publics. […] Vous dites vrai : car autrefois quelques habitants de Paris représentaient la Passion de Notre Seigneur, dont la figure est encore restée en relief sur la porte de cet Hôtel, et il appartenait à des Confrères, qui eussent peut-être mieux fait de la laisser inutile, que d’y mettre des infâmes qui détruisent ce que les premiers y avaient établi à bonne intention.
D’autres le tournent d’une autre manière, mais qui va toujours à même fin, puisqu’il demeure pour assuré que les délices et la gloire du Sabbat est de mettre son plaisir en Dieu : et maintenant on nous vient donner le plaisir de la comédie, où les sens sont si émus, comme une imitation du repos de Dieu et une partie du repos qu’il a établi. […] La discipline est constante sur ce sujet jusqu’aux derniers temps, et le Concile de Reims sur la fin du siècle passéai, au titre des fêtes, après avoir nommé au chapitre III certains jeux qu’on ne doit permettre tout au plus qu’après l’office : met ensuite, au chapitre VI, dans un rang entièrement séparé, « celui du théâtre qui souille l’honnêteté et la sainteté de l’église », comme absolument défendu dans les saints jours.
Son âme est agitée en même temps de mille passions, de craintes, de désirs, et d’espérances, et son cœur est mis entièrement hors de son assiette. […] La loi mettait au rang des animaux immondes ces oiseaux amphibies qui nagent et qui volent, et vivent en deux éléments, dans l’air et dans l’eau.
On n’avait point vu de réponses à tous ces savants et solides écrits contre la Comédie ; et on ne croyait pas que personne osât mettre la main à la plume pour la défendre. […] Il faut cependant mettre encore au nombre des Apologistes, le célèbre M.
Mais ils en croiront tout ce qu’ils voudront ; je sais bien que quand ils se sont mis en tête de nier un fait, toute la terre ne les obligerait pas de l’avouer. […] A la vérité, ce n’est pas leur coutume de laisser rien imprimer pour eux qu’ils n’y mettent quelque chose du leur.
La seconde ils en ont fait payer trente et trente-six écus et maintenant ils les mettent à quarante et cinquante écus solal ; ainsi l’on connaît oculairement qu’il n’y a que le quête et profit particulier qui les mène et ne font qu’inventions pour tirer subtilementam argent du peuple. […] A aussi ledit procureur général présenté autre requête à ce que, pour les causes susdites, les anciens entrepreneurs soient tenus mettre et délivrer, de leur gain et deniers procédant desdits jeux des Actes des Apôtres, la somme de huit cents livres parisisbb en la boîte aux pauvres par provision, et sauf après avoir vu par la cour l’état de leurs frais et de leur gain en ordonner plus grande somme, si faire se doit, ainsi qu’il fut en pareil cas ordonné contre les maîtres de la Passion bc. […] Et semblablement mettront par devers ladite cour leur état et compte, pour icelui vu leur être pourvucc ainsi qu’il appartiendra par raison. […] Mettre le peuple en contact direct avec l’Ancien Testament, c’est courir le risque d’encourager l’hérésie.
Ce soin même que prennent les auteurs des pièces de théâtre, de couvrir leurs mensonges de l’apparence de vérité, afin qu’elles puissent être agréables rend témoignage à ce que j’avance, et prouve invinciblement que l’esprit de l’homme est créé pour la vérité ; mais cet attachement prodigieux à des fictions et à des chimères, fait voir d’autre part qu’il est devenu plus vain que la vanité, puisqu’il préfère l’image à la réalité, des mets en peinture à une viande solide, et qu’il consume misérablement ses forces et sa vigueur à poursuivre des fantômes, et courir après l’ombre de la grandeur. […] ; or rien ne nous est plus dangereux, susceptibles d’erreur au point où nous le sommes, que de prendre l’habitude de quitter les choses réelles pour nous attacher à leur ombre, et de mettre notre plaisir dans le néant, c’est pourquoi Tertullien ne fait aucune difficulté de dire que tout ce qui tient de la fiction passe devant l’auteur de la vérité pour une espèce d’adultère, « adulterium est apud illum omne quod fingitur », et comme ces fables sont ingénieuses, et embellies de tous les ornements de l’art, et des traits de l’éloquence, elles viennent non seulement à vous plaire plus que la vérité, mais encore à en inspirer le mépris et le dégoût. […] Cette passion insensée qui fait des ravages incroyables dans le monde, ce feu d’enfer qui enflamme le cercle de la vie de la plupart des enfants d’Adam, l’impureté dont saint Paul ne veut pas que le nom même soit prononcé parmi des Chrétiens, parce que son image est contagieuse, ou si l’on est obligé d’en parler, ce ne doit être qu’avec horreur, qu’en la flétrissant, la traitant avec exécration comme une maladie honteuse qui ravale l’homme à la condition des bêtes, ce vice, dis-je, y est transformé en vertus, il est mis en honneur et en crédit, regardé comme une belle faiblesse dont les âmes les plus héroïques ne sont pas exemptes, et qui leur sert d’aiguillon pour entreprendre les choses les plus difficiles, on s’y remplit du plaisir qu’on se figure à aimer et à être aimé, on y ouvre son cœur aux cajoleries, on en apprend le langage, et dans les intrigues de la pièce les détestables adresses que l’auteur suggère pour réussir, or n’est-ce pas là une idolâtrie dont se souille le cœur humain ? […] Si le but principal de la comédie est d’exciter les passions, parce qu’elle sait que l’homme ne hait rien tant que le repos, et ne se plaît qu’à être remué, celui de la religion Chrétienne est de les calmer, les réprimer, arrêter leurs fougues et leurs saillies, tenir renfermées dans leurs cachots ces bêtes farouches qui ne sont enchaînées que par les liens invisibles de la grâce, c’est le principal exercice de la morale Chrétienne, c’est notre lutte, notre tâche, notre combat journalier, le tout de l’homme Chrétien, la grâce que Jésus-Christ nous a apportée du Ciel est une grâce militaire qui arme l’homme contre lui-même, et le met dans la nécessité de tenir ses passions sous ses pieds, s’il n’en veut bientôt devenir le jouet et le misérable esclave, « actiones carnis spiritu mortificare quotidie affligere minuere, frænare, interimere »S.
Les Empereurs se crurent obligés d’y mettre des bornes, et taxèrent à un prix modique jusqu’aux gratifications en habits, argent, chevaux, etc. des Acteurs. […] Pour récompenser le livre et les travaux du Commissaire Lamarre, le Roi, par une ordonnance du 5 février 1716, ordonna pour lui l’augmentation d’un neuvième par place, que l’on mit sur le compte de l’Hôtel-Dieu, à la charge de s’arranger avec la famille de Lamarre pour une somme convenable, et que le surplus appartiendrait aux pauvres. […] Il est singulier qu’on ait osé mettre au frontispice de l’Hôtel de la Comédie : Hôtel des Comédiens entretenus par le Roi. […] il n’y aurait pas moins de folies à mettre sur la scène ; mais on ne veut ni se jouer soi-même, ni dégoûter les chalands.
Autant que le zèle est louable de mettre tout à profit pour la gloire de Dieu, autant l’orgueil & la vanité sont repréhensibles d’abuser de la foiblesse des hommes pour s’élever. […] Ce fut le Maréchal & les huit sous-Maréchaux qui commencèrent, ils allèrent en cérémonie se mettre à genoux devant l’Empereur, & bûrent à sa santé ; les autres vinrent ensuite faire de même au bruit des timbales, des trompettes & d’une musique choisie, placée dans un appartement voisin : il y eut ensuite bal pour les Nains, le soir les deux époux furent conduits en cérémonie au lit nuptial qu’on avoit préparé dans la chambre à coucher de l’Empereur qui vouloit se réjouir & voir toute la fête, les autres Nains s’en retournèrent chez leurs maîtres. […] Les trois quarts de la Chrétienté vivent tous les jours de fiel & de larmes, abandonnés & misérables dans l’oppression, tandis que les autres régorgent dans les excès de bouche, font nager leurs crachats dans l’or, se mirent dans l’éclat de leurs habits, & sont toujours dans les mignardises, vivent dans les parfums exquis, sans se soucier de l’affliction des pauvres, ingredientes pompaticè Domum Israel optimis unguentis delibuti nihil patiebantur super contritionem Joseph . […] Punition juste & particulière des femmes éprises de leur beauté, qui mettent tout en œuvre pour l’embellir. […] Si les Chaldéens venoient à nos théatres, ils n’entreroient pas moins librement chez nos Actrices sans craindre de se méprendre ; toute leur personne est une enseigne, & l’enseigne devient marchandise ; nos libertins, nos Chaldéens de Paris n’en sont pas moins persuadés, & ne s’y trompent pas, il y a des difficultés dans le prix : les commerçantes aussi avares qu’impudiques se mettent à l’enchère à proportion de leur mérite ; leur temps & leurs grâces sont à l’aune, & l’aune est à tant, selon la beauté de l’étoffe, l’ensoigne du rouge, des nudités, &c.
Il y a plusieurs erreurs de fait qu’un Académicien n’auroit pas dû faire, mais qu’on a cru y avoir été mises à dessein pour dépayser les lecteurs, afin qu’ils ne pussent en connoître les Auteurs. […] On sent bien qu’il n’oublia pas les Actrices ; l’Académie est trop galante pour ne pas mettre des guirlandes sur la tête de ces aimables Académiciennes, à qui la plupart devoient leurs succes & leurs graces. […] La passion a déjà saisi son objct & commis le péché, sans attendre un remede qui vient après coup, & ne fait aucune impression, & n’arrête pas un penchant qu’elle a mis dans son parti. […] La cabale fait tomber ou valoir une piece, on crie merveille, on se moque, on siffle, on bat des mains, & l’expérience fait voir en effet que mise dans cette balance vénale, la faveur l’emporte sur le mérite. […] Ceux qui ornent leurs filles mettent le bois sec au feu, afin qu’il brûle mieux.
Jamais assurément les rubriques chrétiennes, même dans l’immense foule des Breviaires, Missels, Rituels, de toute espèce que de tous côtés on enfante, n’ont imaginé de mettre la danse dans le cérémonial ecclésiastique. […] Il choisit la danse, la mit à la mode, feignit de l’aimer, & fit venir les deux plus habiles danseurs qui eussent jamais paru ; tout s’en occupa, Rome ne tourna plus ses regards sur le gouvernement qu’on lui avoit ravi, & subit le joug : politique fine, qui étoit dans son caractère. […] La débauche publique de sa femme y mit le plus grand obstacle. […] Henri III avoit l’esprit léger, le cœur gâté, l’ame foible, la pente la plus forte au libertinage ; elle en profita, elle mit en jeu le bal, les ballets, les mascarades, les plus belles femmes, les Courtisans les plus libertins, pour l’endormir sur le trône. […] La danse répand dans le spectacle de la variété, de la gaieté, du délassement ; elle met en jour, développe, étale, offre au public les graces des Actrices, à peu près comme dans une foire les Marchands déploient leurs marchandises pour attirer les acheteurs.
Ne fît-elle pas commettre de grands péchés, elle y prépare, elle y conduit par l’état où elle met l’ame, la force qu’elle donne aux passions, & le dégoût qu’elle inspire des bonnes choses. […] Indépendamment du trouble qu’excitent les passions, la seule agitation des organes y met obstacle. […] Sans doute le caractère des personnes y met bien des nuances différentes ; la grossiereté du peuple, la familiarité de la bourgeoisie, la politesse des grands, la régularité de la composition théatrale, doivent beaucoup diversifier la scène. […] Elle a la taille élégante & bien proportionnée, & ses jambes brillantes ; elle met beaucoup d’élégance dans ses pas. […] le coup d’archet met tout en mouvement, on n’écoute pas même le coup d’archet, on va, on vient, on entre, on sort, on s’agite, on se mêle, on se prend, on se quitte : Amictus corporis, risus dentium, ingressus hominis, ennuntiant de illo.
Voilà à quoi aboutit tout ce qu’on met de bon dans les pièces de Théâtre. Tertullien l’avait déjà bien remarqué de son temps, qu’on y mêle de fort bonnes choses, pour y faire passer les mauvaises, comme on ne mêle le poison que dans les mets les plus agréables. […] » On a bien vu que cela était trop édifiant pour être mis sur le Théâtre. […] Et doit-on s’imaginer qu’en conduisant le dessein d’une pièce, ils ne mettent jamais dans la bouche des Acteurs, que ce que Dieu même leur ferait dire. […] Que si les Comédiens osent lui insulter jusqu’à se moquer de ses Règlements, et à porter sur le Théâtre les choses saintes, comme si leur état était bien saint, ils mettent le comble à leurs crimes, que Dieu saura venger tôt ou tard.
Enfin parlant des biens acquis par une voie criminelle, il met sans exception, le gain des Comédiens au rang de celui des prostituées. […] Elles sont tirées ces raisons, de la nature des spectacles, qu’ils mettent constamment au nombre des Pompes du Démon ; du vice intrinséque des piéces qu’on y représente, de leurs sujets, de la morale qu’on y enseigne, de l’émotion des passions, des illusions de l’imagination, des impressions mauvaises. […] Où ce ne sont pas des traits morts & des couleurs séches, qui agissent ; mais des personnages vivans, devrais yeux, ou ardens, ou tendres & plongés dans la passion ; de vraies larmes dans les Acteurs, qui en attirent d’autres, dans ceux qui regardent ; enfin de vrais mouvemens, qui mettent en feu tout le parterre ? […] Pour vous en convaincre, il me suffira de vous mettre sous les yeux, une décision, qu’ont donnée, il y a environ deux mois, contre les spectacles, trente six Prélats, tant Cardinaux, qu’Archevêques & Evêques, de l’état Ecclésiastique. […] Les spectacles ne peuvent donc pas être mis au nombre des Divertissemens innocens.
Je mettrai entre deux crochets, quelques mots qu’il a ajoutés au texte. […] Je reconnois donc la vérité des Principes d’Aristote, & j’avouerai même que suivant ses Principes, il ne faut mettre Athalie que parmi les Piéces du second rang, parce qu’on ne doit mettre au premier rang que celles qui excitent la Terreur, qui n’est jamais excitée par une Catastrophe favorable aux bons & funeste aux méchans. […] Il ne prétend pas qu’on ne doit jamais mettre sur le Théâtre un Personnage souffrant des maux qu’il ne mérite pas. […] Cette Réflexion suffit pour prouver qu’un tel Sujet n’a pu être mis sur le Théâtre, que dans les tems d’ignorance. […] Augustin, la met au nombre des vertus, & les Stoiciens n’ont pas de honte de la mettre au nombre des vices.
Ne leur mets-je pas plus vivement sous les yeux les principes qu’ils ne doivent jamais oublier ? […] M’étant proposé d’aprofondir particulièrement tout ce qui concerne le nouveau Spectacle, j’ai cru que je devais insérer les louanges qu’on lui prodigue à côté des critiques qu’en font les gens éclairés ; afin qu’on ne pût rien m’objecter que je n’eusse déjà prévu ; & il m’a semblé que l’ironie me mettait plus à mon aise.
Les masques des Anciens mettaient encore beaucoup de vraisemblance dans ces Pièces excellentes où le nœud naît de l’erreur, qui fait prendre un Personage pour un autre Personage par une partie des Acteurs. […] Or le rouge qui est à la mode, depuis cinquante ans, & que les hommes même mettent avant que de monter sur le Théâtre1, nous empêche d’appercevoir les changemens de couleur, qui dans la nature font une si grande impression : mais le masque des anciens Comédiens cachait encore l’altération des traits, que le rouge nous laisse voir2.
par une Ordonnance de l’an 789. les mit au nombre des personnes infâmes, et auxquelles il n’était pas permis de former aucune accusation en Justice. Les Conciles de Mayence, de Tours, de Reims, et de Châlon-sur-Saone qui furent tenus l’an 813. défendirent aux Evêques, aux Prêtres et aux autres Ecclésiastiques, d’assister à aucuns de ces spectacles ; à peine de suspension, et d’être mis en pénitence.
Le corps des comédiens s’est mis sur les rangs, & pour la premiere fois s’est avisé de suivre cet exemple, en faveur du grand Moliere, dont on a célébré la mort cent ans après, le 17 Février 1773. […] Jamais on n’a mis les Dieux en buste dans le Temples. […] Le véritable éloge d’un auteur est dans les ouvrages, (nous laissons ici la Réligion & les mœurs) & pour les bien aprétier, il faut, s’il est possible, les mettre sous les yeux, par des extraits abrégés ; on a tâché de le faire en personifiant les principales piéces, sous le nom des acteurs. […] On ne met la couronne sur la tête qu’à titre de maître qui la donne, ou de valet de chambre qui l’attache. […] Un voyage nouveau auCap de bonne Esperance, écrit d’une maniere intéressante, en parlant des Hollandois qui sont établis à ce fameux Cap, dit, le peuple content du bonheur domestique que donne la vertu, ne l’a pas encore mis dans les romans, & le théatre.
Il ne faut donc que les entendre, pour sortir de l’aveuglement, pourveu qu’on les entende sans préoccupation, & sans apporter un esprit rebelle contre des veritez, aussi claires, que celles, que je va mettre en avant. […] Mais comme vous pourriez vous retrancher, en me disant deux choses, & que ces pieces ne se joüent pas tous les jours, pour soüiller toûjours le theatre, & que toutes les personnes qui ont plus de Christianisme, ont coûtume de s’en abstenir ; je vous l’accorde, quoy que cela se pourroit assez disputer : Laissons donc ce theatre infame & libertin, pour vous mettre hors de combat : Mais revenons aussi à ce theatre, dont j’ay tantôt parlé, qui ne respire que l’air de l’amour, qui en enseigne si delicatement tous les leçons, & que vous voudriez bien justifier, disant que des bouffonneries impies ne s’y voyent point ; or sachez, que celuy-cy n’est gueres moins dangereux que l’autre. […] Ce métier, appris à une si mechante école, étant secondé par les inclinations naturelles, & ne laissant que les idées d’une douceur effeminée, ce jeune homme & cette jeune fille, commencent à mettre en pratique, ce qu’on leur a si bien enseigné sur le theatre : L’innocence est attaquée, l’on aime sa foiblesse dans l’attaque, & ensuite arrivent les grandes chûtes, à qui la Comedie a donné les commencemens.
Les Marionnettes le mettent en vogue. […] Des troupes d’acteurs s’en mirent en possession, & les forcèrent de la leur abandonner, parce qu’ils la représentaient beaucoup mieux. […] Ruses qu’on mit pour lui en usage.
Je ne sais pas, Monsieur, si je m’en tiendrai là, et si, après avoir mis la main à la plume, je pourrai m’empêcher de combattre quelques endroits dont je crois ne vous pas avoir assez parlé dans ma lettre. […] Quoi, il mettra des équivoques qui tourneront l’esprit à de sales pensées, et l’on ne l’appellera pas athée ? […] Comme il sait que tout le monde est désabusé, il a appréhendé que l’on ne le jouât, et c’est ce qui lui a fait mettre la main à la plume.
Elles rendent le sens moins clair, & fatiguent l’esprit, qui est obligé de mettre sur le champ chaque mot à sa place. […] Il est singulier qu’un Italien ait mis avec beaucoup de succès plusieurs de nos Drames en musique, & que des Français s’éfforcent ensuite de soutenir que leur Langue n’est susceptible d’aucune harmonie ; ils veulent encore qu’il n’y ait que la musique Italienne de passable, sans considérer que c’est directement des Italiens qu’ils tirent la leur. […] Il est si vrai que nous pouvons composer de la musique purement dans le goût Italien, sitôt que nous voulons nous y appliquer, qu’un Français, dont les talens sont très-connus, vient de mettre en musique un Opéra Italien, représenté à Londres avec le plus grand succès. […] Le Compositeur Français ne méprise pas tout-à-fait les paroles qu’il met en chant ; il veut qu’elles soient entendues, & se garde bien de les mutiler pour faire admirer ses talens, & pour faire briller une voix fléxible : il nous fait suivre aussi facilement les modes d’un chant que les paroles qui l’accompagnent. […] Afin de mettre les Lecteurs en état de juger tout de suite si j’ai raison, il me suffit de les prier de se ressouvenir d’un ou de deux chef-d’œuvres de nos rivaux, dans le genre le plus simple & le plus chantant qu’il sera possible de trouver.
L’Acteur auparavant faisoit un récit pour laisser au Chœur le tems de se reposer : le Chœur, dans la suite, ne chanta plus que pour laisser reposer les deux Acteurs : ainsi il devint intermede ; l’Action mise en dialogue eut plus d’étendue, & le Chœur qui en étoit témoin, y prit intérêt. […] Les Commentateurs de Boileau qui nous disent tant de choses, ne nous disent point pourquoi en traduisant ces vers d’Horace, Boileau a mis le brodequin au lieu du cothurne, & pourquoi il donne à Sophocle l’honneur qui appartient à Eschyle d’avoir le premier intéressé le Chœur à l’Action. […] La Tragédie étant devenue une Action grande mise en dialogue & représentée avec magnificence, enchanta les Athéniens. […] Un Comédien qui récitoit à cette fête quelques morceaux des Tragédies d’Euripide, saisit la tête de Crassus, & plein d’enthousiasme, chanta les Vers qu’Euripide avoit mis dans la bouche d’Agavé portant la tête de Penthée. […] Lorsque les Scythes la prirent sous Claude II, ils étoient prêts à mettre le feu à un grand amas de Livres.
Richelieu n'en a jamais fait confidence aux Jésuites, pour les mettre du complot ; ils n'y ont pas intérêt, et il est incroyable qu'ils aient porté l'envie de faire leur cour, jusqu'à favoriser cet odieux projet. […] Qu'on mette dans la bouche d'un Acteur, surtout d'une Actrice bien faite, les propres paroles des plus odieux tyrannicides, ce qui était détestable en Latin sous l'écorce hérissée de chapitres et d'articles, sera admirable en dialogue versifié. […] Je suis bien éloigné de jeter aucun nuage sur la religion et la vertu des Jésuites ; c'est sans doute contre leur intention que le Démon a mis à profit le goût pour les spectacles qu'ils ont répandu dans tout le royaume, pour produire le mauvais fruit dont ils ont eu les dents agacées, comme dit l'Ecriture : Dentes obstupescunt. […] » Ce pompeux panégyrique du théâtre est bon à faire à quelqu’un qui ne l'a jamais vu ; il fait rire ceux qui le connaissent, si l'enthousiasme ne leur met sur les yeux un verre coloré. « Lorsque Julien (on l'a appelé l’Apostat dans tout l'univers pendant quatorze siècles, il a cessé de l'être depuis que toutes les religions sont indifférentes) défendit aux premiers Chrétiens d'enseigner les lettres humaines, et à la jeunesse de les étudier ailleurs que dans les écoles payennes, (les jeunes gens eurent toujours la liberté d'apprendre ce qu'ils voulurent, il n'y eut que les Régents Chrétiens interdits. […] Mais ce théâtre et cette approbation n'existent que sous la plume du Journaliste, tout se réduit à ce que les deux Apollinaires, dont l'un a été un hérésiarque, chef des Apollinaristes, mirent en vers quelques histoires de l'Ecriture, en forme de dialogue, comme plusieurs déclamations que les Régents font réciter dans les Collèges.
CONTENANT INSTRU- ction, et Resolution de la Question: ASSAVOIR, Si tels esbats, et passe temps sont per- mis aux Chrestiens.
, que « Tertullien a mis les Comédies parmi les actions indifférentes ». […] » Doutez-vous, disait-il à son peuple, que ces jeux ne doivent être mis au nombre des vanités ? […] On a toujours mis une grande différence entre les Acteurs publics et ceux qui ne paraissaient que dans des maisons particulières. […] Sulpice, où l’on met les enfants morts sans Baptême. […] Cabreros de met.
Car si toutes les choses temporelles ne sont que des figures et des ombres, en quel rang doit-on mettre les Comédies, qui ne sont que les ombres des ombres, puisque ce ne sont que de vaines images des choses temporelles, et souvent de choses fausses ?
Quand après avoir reçu le Baptême vous retournez aux spectacles que vous avez mis au rang des œuvres du Démon, ne vous engagez vous pas de nouveau sous son empire auquel vous avez renoncé ? […] Ils sont un poison tantôt lent, tantôt prompt, mais qui ne manque jamais de mettre dans l'âme de malignes dispositions favorables aux passions.
ou bien, n’est-ce pas mettre en question, si les pensées volontaires, & les desirs que ces objets sont naître, & que l’on entretient ensuite ; sont défendus par la Loy Chrétienne, qui pour nous obliger à la pureté, se sert des termes les plus forts, & qui tiennent davantage de l’exaggeration, sçavoir, de nous arracher les yeux, s’ils nous sont une occasion de scandale, & où l’Autheur de cette Loy met au rang des crimes les plus énormes, les regards que l’on jette sur une femme à mauvais dessein : Matth. […] les cajoleries, les complimens, les têtes à têtes, & tout ce que la galanterie a de plus fin, n’y est-il pas mis en usage ? […] Que si ces spectacles nous mettent ainsi en danger de prendre l’esprit du monde, il n’y a pas moins de sujet de craindre qu’il ne nous en imprime les sentimens, & les maximes, sur lesquelles ensuite l’on regle sa vie & sa conduite ; puisque ces spectacles sont comme une école, où l’on enseigne une Morale toute contraire à l’Evangile, & à la Religion. […] Ainsi comme l’on tient un livre pour dangereux, lorsqu’à la faveur de quelques sentimens Orthodoxes, qui y sont bien touchez & répandus çà & là, on en fait couler d’autres qui sont impies ou suspects ; parce qu’on juge avec raison, que c’est un serpent caché sous des fleurs, & que le venin, sans cet artifice, en seroit sans effet ; pourquoy n’en diroit on pas le même de ces Tragedies, où le profane est confondu avec le sacré, & où les maximes les plus opposées au Christianisme sont mises en la bouche de ces Chrétiens de Theâtre, qui soutiennent si mal le personnage qu’ils representent ? […] Ne me dites point, que vôtre âge, vôtre profession & vôtre état vous mettent à couvert de ce danger ; car cela même est le plus dangereux écueïl où vous puissiez donner, de croire, contre le sentiment de tous les Saints, & contre l’experience de tous les hommes ; que vous n’avez rien à craindre des surprises d’une passion, que les Solitaires mêmes, aprés avoir blanchi dans les austeritez de la penitence, ont crû si redoutable, & qui n’ont pû trouver d’autre moyen de s’en défendre, que la fuite des occasions, & des objets capables de l’exciter.
L’agneau sans tache seroit peu flatté d’être mis entre ses mains, croiroit-on que les Canons des Conciles, les Statuts des Diocèses, les Mandemens des Evêques le défendent expressement. […] C’est un art de favoir faire à propos des mouvements de tête, qui mettent dans leur jour la beauté de leur chevelure, & le chef-d’œuvre de leur toillete. […] Les Coëffeurs & les Coëffeuses qui voudront s’en rendre l’usage familier, trouveront toute la facilité dans la politesse & le zéle patriotique pour le bien public, dont le Grand César Daillion est rempli, ils abrégeront beaucoup leurs ouvrages, & gagneront au moins une heure de tems, sur chaque tête à coëffer ; tant pis, ils seront moins employés, moins payés ; il faudra moins de Coëfeurs, on y mettra moins de tems. […] Les veuves Romaines s’enservoient pour se mettre dans le plus grand deuil, & mieux contrefaire les affligées, les Coëffeuses mortuaires s’accréditoient, & leur talent pour la parure les firent employer pour toute sorte de décoration, & les rendirent très-célebres ; d’autant mieux que dans le bon goût de la coquetterie, une parure en noir, a beaucoup de grace, il convient mieux qu’aucune autre au teint & à la phisionomie de certaines personnes. […] Et comment les apprécier, à moins de les mettre en vente, & de supposer que les coquettes de Jérusalem les achetoient, pour les peser, parce qu’ils étoient fort beaux, ce qui n’auroit guère convenu à ce Prince.
Elle le mit au-dessus de Turenne & de Condé. […] En voici un dont elle s’applique le mérite, & qu’elle met sur le compte du prince de Conti : ce que je ne garantis pas. […] Comme il la reportoit le matin, passa une bonne femme avec sa lanterne allumée : elle fut essayée de cette rencontre, & se mit à crier. […] Cette fille fut mise dans un couvent : on n’a plus entendu parler d’elle. […] Il étoit si considérable qu’il mit le Comte au-dessus de ses affaires, quoique ses dépenses & ses dettes fussent énormes.
ou bien, n’est-ce pas mettre en question, si les pensées volontaires, & les desirs que ces objets font naître, & que l’on entretient ensuite, sont défendus par la Loy Chrétienne, qui pour nous obliger à la pureté, se sert des termes les plus forts, & qui tiennent davantage de l’exaggeration, savoir, de nous arracher les yeux, s’il nous sont une occasion de scandale, & où l’Autheur de cette Loy met au rang des crimes le plus énormes, les regards que l’on jette sur une femme à mauvais dessein : Qui viderit mulierem ad concupiscendum eam, jam mœchatus est eam in corde suo. […] les cajoleries, les complimens, les têtes à têtes, & tout ce que la galanterie a de plus fin, n’y est-il pas mis en usage ? […] Que si ces spectacles nous mettent ainsi en danger de prendre l’esprit du monde, il n’y a pas moins de sujet de craindre qu’il ne nous en imprime les sentimens, & les maximes, sur lesquelles ensuite l’on regle sa vie & sa conduite ; puisque ces spectacles sont comme une école, où l’on enseigne une Morale toute contraire à l’Evangile, & à la Religion. […] Ainsi comme l’on tient un livre pour dangereux, lorsqu’à la faveur de quelques sentimens Orthodoxes, qui y sont bien touchez & répandus çà & là, on en fait couler d’autres qui sont impies ou suspects ; parce qu’on juge avec raison, que c’est un serpent caché sous des fleurs, & que le venin, sans cet artifice, en seroit sans effet ; pourquoy n’en diroit on pas le même de ces Tragedies, où le profane est confondu avec le sacré, & où les maximes les plus opposées au Christianisme sont mises en la bouche de ces Chrétiens de Theâtre, qui soutiennent si mal le personnage qu’ils representent ? […] Ne me dites point, que vôtre âge, vôtre profession & vôtre état vous mettent à couvert de ce danger ; car cela même est le plus dangereux ecueïl où vous puissiez donner, de croire contre le sentiment de tous les Saints, & contre l’experience de tous les hommes, que vous n’avez rien à craindre des surprises d’une passion, que les Solitaires mêmes, aprés avoir blanchi dans les austeritez de la penitence, ont crû si redoutable, & qui n’ont pû trouver d’autre moyen de s’en défendre, que la fuite des occasions, & des objets capables de l’exciter.
Après une farce misérable entre Paillasse et un vilain homme habillé en Bohèmienne ; après quelques airs communs de tambour de basque ; après les exercices d’un petit garçon, de neuf ans, qui se met en boule, qui saute à la manière des carpes, qui marche sur la tête, qui tire l’oreille à son père, qui lui crache au nez &c. […] Violento force ce cavalier inconnu de mettre l’épée à la main ; Inès tombe en s’écriant : « je suis blessée ». Violento reconnoît sa sœur, il est mis au fait de ses amours avec le marquis, et la voyant près d’expirer, il consent à leur union ; mais Inès lui dit que sa blessure est feinte, &c. […] Jerôme, voulant se guérir de sa passion pour Fanchonette, se met à boire chez un cabaret ; mais ne v’la t’y pas qu’il trouve l’amour au fond du demisquié ? […] D’abord, elle gardoit l’incognito ; insensiblement la licence même de ces jeux là, accoutumée à se mettre au-dessus de la gêne des bienséances, dernière sauve-garde des mœurs.
La proposition générale qu’il tâche d’établir est celle-ci : « Les comédies, de leur nature & prises en elles-mêmes, indépendamment de toute circonstance bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. » Il tire ses autorités, i°. des pères ; 2°. de l’écriture ; 3°. du raisonnement. […] La décence de notre théâtre est mise en opposition avec le cynisme, auquel se sont livrés quelquefois les Romains sur le leur. […] Rien n’est omis, dans les Réflexions sur la police des spectacles, de tout ce qui peut les mettre en honneur. […] Ils intéressent au mensonge, à la ruse, aux fourberies : ils mettent l’honneur en parole & le vice en action ; ils attirent tous les applaudissemens au personnage le plus adroit, & rarement au plus estimable.
Aujourd’hui c’est une vraie comédie qui se met sur les rangs, & change la face des choses. […] Après la piéce il y eut un soupé & un bal, les acteurs & les actrices s’y rendirent avec leurs habits, ainsi les aubes & les sacs des Pénitens se mirent à table, & danserent jusqu’au lendemain. […] Toutes les gazettes ont annoncé l’incendie du théatre d’Amslerdam ; sur la fin de l’opéra un lampion mit le feu à un cordon qui pendoit le long de lacou’isse, le feu prit à la coulisse même, & delà à tout le théatre ; dans un instant le plafond & le toit furent embrasés, les lustres de eristal tomberent sur les spectateurs qui étoient en très-grand nombre. […] Le seul qu’on ne lui donne pas, & qu’il mérite, est celui de Lieu de débauche, sa situation est avantageuse, on y arrive par une longue allée plantée d’ormeaux, & il est entouré d’autres arbres de haute futayé, dont le feuillage met à l’abri du soleil ; une magnifique salle s’éleve dans le fond ; l’architecture en fait honneur à l’artiste, & la décoration superbe & très agréable, en fait beaucoup au peintre, il y a de tous côtés des caffés bien distribués, on y trouve toutes sortes d’amusemens & de rafraîchissemens, & d’occasions de péché.
Machiavel, avec plus d’art, d’ordre & de suite, a mis en système le principe général, plus politique que chrétien, que les princes doivent tout sacrifier à leur intérêt fortune, honneur, vie des hommes, mœurs, religion, probité, bonne foi, pour régner sous les dehors de la vertu. […] Croiroit-on que Rousseau l’a mise en vers pour le théatre où elle n’a pas réussi il la fit imprimer à Londres. […] Tout le systême de Machiavel, bien analysé, se réduit à trois points : 1°. s’emparer de ce qui est à notre bienséance, royaumes, provinces, terres, autorité ; 2°. employer tous les moyens possibles, sans s’embarrasser de la religion, de la probité, de la conscience, des promesses, des traités ; 3°. en arborer cependant les apparences, en faire profession, tout promettre, pour endormir les gens & venir plus aisement a ses fins : ce n’est que la friponnerie mise à couvert & réduite en systême. […] Ces moyens sont épars dans son livre, traités au long & appuyés par des exemples & des réflexions, on les a ramassés & abrégés, on y a ajouté & retranché, on en a fait un corps, & donné sur un ton dogmatique ce qui n’est qu’historique, on l’a mis sur le compte de S.
Je vous envoie à l’école de vos femmes, dont vous devriez plutôt être les maîtres que les disciples ; le péché vous met au-dessous d’elles, & vous livre à leurs justes reproches ; fuyez ce péché, & vous reprendrez l’autorité que Dieu vous a donnée. Le péché vous met même au-dessous des plus vils animaux, je vous renvoie à leurs leçons avec l’Ecriture ; les oiseaux, les poissons, les reptiles, sont plus chastes que vous. […] Ceux qui feignent de pareilles horreurs sont dignes de mille morts, d’oser mettre sons les yeux ce que toutes les loix condamnent. […] Combien les Actrices n’en ont-elles pas mis dans l’esclavage !
Ils le mirent sur le pied où il est aujourd’hui que la grossièreté en est bannie. […] Je ne parle pas de l’esprit faux et frivole qu’inspire et qu’entretient l’étude continuelle des fables et des chimères, du mauvais goût que donne le tissu de folies et de crimes dont on se repaît comme de quelque chose de bien merveilleux, des entraves qu’il met au génie, en persuadant que tout le beau, le sublime, l’agréable est renfermé dans ce petit nombre d’objets sans cesse répétés et ressassés, qui n’ont plus que de la fadeur. […] » La religion se trouve aussi mêlée dans l’origine du théâtre, soit qu’on ait voulu attirer le peuple à la piété par l’appas du spectacle, soit que l’homme, et surtout le Chrétien, soit naturellement entraîné à mettre partout la religion : intention bonne sans doute, et dont la grossièreté du siècle doit faire excuser les moyens aussi imprudents qu’indécents. […] On en rougit ; mais au lieu de supprimer le mauvais, et de ne conserver que ce qu’il y avait encore de pieux, on fit tout le contraire, on supprima tout ce reste de religion qui embarrassait la passion, et on mit le vice à son aise.
Il ne faut donc, que les entendre, pour sortir de l’aveuglement, pourveu qu’on les entende sans préoccupation, & sans aporter un esprit rebelle contre des veritez, aussi claires, que celles, que je va mettre en avant. […] Laissons donc ce Théatre infame & libertin, pour vous mettre hors de combat : Mais revenons aussi à ce Théatre, dont j’ay tantôt parlé, qui ne respire, que l’air de l’amour, qui en enseigne si délicatement toutes les leçons, & que vous voudriez bien justifier, disant que des bouffonneries impies ne s’y voyent point ; or sçachez, que celuy-cy n’est gueres moins dangereux, que l’autre. […] Ce mêtier, apris à une si méchante école, étant secondé, par les inclinations naturelles, & ne laissant, que les idées d’une douceur efféminée, ce jeune homme, & cette jeune fille, commencent à mettre en pratique, ce qu’on leur a si bien enseigné sur le Théatre : L’innocence est attaquée, l’on aime sa foiblesse dans l’attaque, & en suite arrivent les grandes chûtes, à qui la comédie a donné les commencemens.
Une étude réfléchie des Idyles de Théocrite, & des Eglogues de Virgile, leur fit naître l’envie de mettre sur le Théâtre ce genre admirable, par sa naïveté. […] Nos Drames champêtres sont la plus-part froids, insipides, & mal dialogués ; les Personnages en sont aussi quelquefois trop spirituels ; ils mettent trop d’esprit dans leurs naïvetés. […] Mais on est convenu depuis long-tems qu’on le flatterait toujours en le dépeignant : si on le mettait sur le Théâtre tel qu’il est pour l’ordinaire, les Spectateurs en seraient révoltés ; ils en détourneraient bientôt les yeux.
En cela je suis pour vous ; je ne me mets jamais si fort dans les intérêts de mes amis que je ne me laisse plutôt guider par la justice que par la passion de les servir. Comme je vois qu’on ne saurait tâcher de mettre à couvert Monsieur de Molière d’un reproche si bien fondé, qu’on ne se déclare l’ennemi de la raison et le protecteur d’un coupable, j’abandonne sans regret son parti, puisqu’il n’est plus bon, et confesse avec vous que ce valet est un malpropre et qu’il ne mange point comme il faut. […] J'ai donc cru que cela me regardait, et comme je n’avais encore rien mis au jour, je me suis imaginé que c’était commencer bien glorieusement que de soutenir une cause où le bon droit était tout entier.
Un hideux assemblage de bouffonneries où la religion et les choses les plus saintes étaient jouées comme des farces ; où les ministres de la religion même venaient donner l’exemple de la plus cynique immodestie, et corrompre autant par leur mise et leur jeu, que par la liberté révoltante de leurs paroles, les peuples qu’ils devaient édifier. […] un lieu où sont représentés avec une étonnante précision tous les ridicules de la pauvre humanité, depuis ceux du prince assis sur le trône, jusques à ceux du pauvre couché sur la poussière ; où l’hypocrisie mise à nu, succombe sous le poids des anathèmes publics ; où la liberté trouve toujours des applaudissements, et la tyrannie des sifflets ; où le fanatisme excite l’indignation, la pitié ou le mépris, et où la charité, la tolérance sont toujours accueillies avec transports ; où enfin tout ce qui est juste, noble, généreux, désintéressé, trouve sympathie, et où l’on ne repousse que ce qui est contraire aux vrais intérêts des peuples et au bonheur de l’humanité : voyez l’épouse de Thésée, bourrelée de remords, et expirante au milieu des plus cruelles angoisses, victime d’une flamme coupablee ; quel cœur de femme n’a pas frissonné d’horreur aux accents de désespoir, de rage et de fureur de notre immortelle tragédienne dans le rôle de la belle-mère d’Hippolytef ! […] Jusque là, ils avaient eu le privilège de l’impunité ; on n’avait pu mettre en scène leurs ridicules ; ils se fussent bien gardés de le permettre.
mettre cinq ou six heures de temps à se parer et à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pièges à la chasteté des hommes, et servir de flambeau au démon pour allumer partout le feu de l’impudicité : demeurer les nuits entières exposé aux yeux et à la cajolerie de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville ; employer tout ce que l’art et la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regards, et pour séduire leur cœur, déguiser sa personne et son sexe, pour ôter à la grace ce petit secours qu’elle trouve dans nos habits ; rouler de quartier en quartier sous un masque de théatre ; ne se pas contenter de discours frivoles et inutiles, se relâcher jusqu’à dire des paroles qui scandalisent : de quel terme oserait-on se servir pour autoriser une licence si scandaleuse ? […] Mais ces railleurs parlèrent-ils sur le même ton quand ils virent le feu du ciel sur eux et sur leurs familles, tandis que le vengeur de tant de crimes avait mis le juste en sûreté ? […] Combien qui se sauront mauvais gré de s’être mis dans la nécessité de les faire.
Leurs effets sont donc tellement répugnants à leur préceptek en ceci que tout homme d’esprit mettra aussi peu de foi aux uns qu’aux autres. […] La licence que sa bonté nous a concédée jusques ici de tirer l’épée et de mettre toutes sortes d’armes à la main en sa présence, avec autant de franchise et de liberté que en ce lieuah, nous lave de toutes calomnies, montrant la créance qu’il a que nos armes non plus que nos âmes ne sont faites que au détriment et à la ruine de ses ennemisai. […] Ainsi, le métier d’histrion, qui a pour but la distraction de l’homme, n’est en soi ni infâme, ni illicite, et ceux qui en usent ne se mettent pas pour cela en état de péché, pourvu qu’ils en usent modérément.
Il en est parmi eux qui, entrainés d’abord par la curiosité, ne continuent d’y aller que par foiblesse, ou par vanité, ou par un malheureux respect humain : Mais qu’on leur mette devant les yeux l’ensemble des Spectacles, la fin qu’ils s’y proposent, leurs effets & leurs suites : Qu’on ait la patience de répondre aux faits controuvés & aux pitoyables subtilités dont ils se servent, pour étouffer les cris de leur conscience justement allarmée ; c’en est assez, le bandeau tombe, la Réligion rentre dans ses droits, & ils renoncent pour toujours aux funestes plaisirs dont ils étoient esclaves.
Il y a bien des degrés avant que d'en venir à une entière corruption d'esprit et de cœur ; et c'est toujours beaucoup nuire à l'âme que de ruiner les remparts qui la mettaient à couvert des tentations.
Bientôt cette Nation, capable de tout, vit des Pélerins chanter & représenter les actions des Saints, les Mystères de la Religion ; les plus grands Personnages de l’Ancien & du Nouveau Testament, Jesus-Christ même, furent mis sur la Scène. […] La Comédie eut part à de si glorieux triomphes ; Moliere enrichi des dépouilles des Grecs, des Romains, des Italiens, & sur-tout des ridicules de son tems, & doué de tous les dons qui font le grand Poéte, mit sur la Scène le Misantrope, le Tartufe, les Femmes Savantes, les Précieuses Ridicules, l’Ecole des Femmes, &c.
Ce Comédien, Disciple de Lucrece, qu’il avoit traduit en bonne partie, introduit sur la Scène, le plus perfide & le plus scélerat de tous les hommes, avec tous les dehors de la piété ; son but dans cette piéce odieuse, est de tourner la Religion en ridicule, ou du moins ceux qui la professent : il met dans la bouche d’Orgon, ces paroles que les Epicuriens ont dû entendre avec une très-grande satisfaction. […] J’en conviens, mais ce sont des Chrétiens qui leur mettent ces blasphémes dans la bouche : jugeroit-on, en assistant à la représentation de leurs Tragédies, qu’ils n’ont point pensé comme Sophocle & Euripide en matiere de Religion.
Enfin, on dégrade toutes sortes d’états, à l’exception du militaire, pour mettre les Comédiens au pair & de niveau avec tous les autres Citoyens, Marchands, Avocats, & même avec la Magistrature. […] Eux retirés ; Examen fait dudit Imprimé, la matiere sur ce mise en délibération : LA COUR, ordonne que le Livre en question sera lacéré & brûlé par l’Exécuteur de la Haute Justice, au pied du grand Escalier du Palais ; fait défenses à tous Imprimeurs, Libraires, Colporteurs ou autres, de l’imprimer, vendre, colporter ou autrement distribuer, à peine de punition exemplaire : ordonne en outre que ledit François-Charles Huerne de la Mothe sera & demeurera rayé du Tableau des Avocats, étant au Creffe de la Cour, en date du neuf Mai dernier ; comme aussi ordonne que le présent Arrêt sera imprimé, lû, publié & affiché par-tout où besoin sera.
Ne va pas te mettre dans la tête, que la *** a plus de part que toi à ce desir de s’en retourner : elle peut y en avoir ; mais beaucoup moins que toi, c’est ta sœur qui t’en répond. […] Or si la Troupe actuelle, chargée, outre ses Dépenses ordinaires, de 24,000 liv. de Pensions, parvient chaque année à mettre en caisse une somme à partager d’environ 100,000 liv.
Les spectacles sont absolument défendus, parce qu'ils sont absolument mauvais, et qu'on ne saurait les mettre au rang des choses qui peuvent être bonnes ou mauvaises, selon le bon ou le mauvais usage qu'on en fait ; et que rien n'est plus opposé à la vie, aux sentiments, et aux devoirs d'un véritable Chrétien. […] Met-on au rang des spectacles défendus toutes les représentations qui se font sur les Théâtres ?
Ne sentez-vous pas qu’il y a des choses, qui sans avoir des effets marqués, mettent dans les âmes de secrètes dispositions très mauvaises, quoique leur malignité ne se déclare pas toujours d’abord ? […] En s’affaiblissant peu à peu, on se met en un danger évident de tomber avant qu’on tombe, et ce grand affaiblissement est déjà un commencement de chute.
Au nombre de ces plaisirs, je mets les Bals publics et les Comédies. […] Qu’on y met de différence aujourd’hui !
Tout n’est presque 1 a sur la terre qu’illusion pour les hommes ; c’est leur seule réalité : ils parlent, ils s’agitent dans le mode des impressions qui les met en mouvement ; mais la cause de ces impressions en est cachée à tous. […] J’avoue que cette licence effrénée d’un Particulier sans caractère, nourri dans nos Théâtres, qui ose faire publier à Paris un Libelle aussi monstrueux, contre une Nation dont il n’a qu’à se louer, m’a révolté ; et je n’ai pu m’empêcher de faire la critique de son Livre, malgré toute la faveur où sa façon d’écrire et la nouveauté des idées qu’il présente, le mettent aujourd’hui auprès du Public.
Platon n’a pas hésité de mettre le Théâtre au nombre des choses pernicieuses qu’il bannit de sa République ; et, en cela, son but n’a été que de former le Citoyen parfait. […] Quoique Plaute soit celui des deux qui ait le plus donné dans le vice des Atellanes, il y a deux de ses Pièces toutes entières dans le goût de la bonne Comédie : Les Captifs et le Trinummus : on n’a qu’à les examiner, et les mettre vis-à-vis de la plus modeste Comédie du Théâtre moderne ; et l’on verra, à notre honte, combien le Poète Payen l’emporte sur nous : tout y respire la censure du vice, et il n’y a rien qui favorise la corruption des mœurs.
Peu de temps après ils se mirent noblement sur le pied des maisons de Prince, ce que n’ont pas les Académies. […] Et pour y mettre le comble, ajoutez aux agrémens naturels du corps exposés, comme un Marchand étale sa marchandise, l’art de la parure la plus recherchée, l’indécence des nudités les plus dangereuses, la douceur de l’harmonie la plus attendrissante, l’éclat du théatre le plus brillant, la situation passionnée où laissent les scènes qui ont précédé, & l’art des personnes les plus exercées porté au plus haut point. […] Ces deux genres de beautés, à qui la nature donne des rapports si marqués & si vifs, se prêtent par leur concours un secours mutuel qui les rend plus séduisantes, & conduit à leur union, dont elles offrent l’image licentieuse : image qu’on charge encore par des vis-à-vis, des regards, des langueurs, des épanchemens, des vivacités, qui la mettent sous les yeux par toutes les allures de la passion, & en font un tableau vivant. […] L’Auteur du Mercure trouve mauvais qu’on mette l’hymen à côté du lascif par deux raisons très-fausses ; pour donner le change, par un air de pruderie, il prétend que le mot lascif emporte une chaleur & un emportement physique, & que le mariage est ordinairement tiede & indifférent. […] Le Roi de Sicione Clistene ayant mis sa fille au concours, & la promettant au plus digne, plusieurs partis se présentèrent pour la disputer.
L’occasion de ce travail fut la Lettre à M. d’Alembert sur les Spectacles ; mais n’ayant pu commodément l’y faire entrer, je le mis à part pour être employé ailleurs, ou tout-à-fait supprimé. […] Et qui ne riroit de voir une troupe imbécille aller admirer tous les ressorts de la politique & du cœur humain mis en jeu par un étourdi de vingt ans, à qui le moins sensé de l’assemblée ne voudroit pas confier la moindre de ses affaires ? […] Or, par les raisons que nous avons déjà discutées, il est impossible que l’homme, ainsi présenté, soit jamais d’accord avec lui-même ; & comme l’apparence & la réalité des objets sensibles lui en donnent des opinions contraires, de même il apprécie différemment les objets de ses actions, selon qu’ils sont éloignés ou proches, conformes ou opposés à ses passions ; & ses jugemens, mobiles comme elles, mettent sans cesse en contradiction ses desirs, sa raison, sa volonté & toutes les puissances de son ame. […] Il tâchera de mettre à profit ses revers mêmes, comme un joueur prudent cherche à tirer parti d’un mauvais point que le hazard lui amene ; &, sans se lamenter comme un enfant qui tombe & pleure auprès de la pierre qui l’a frappé, il sçaura porter, s’il le faut, un fer salutaire à sa blessure, & la faire saigner pour la guérir. […] C’est donc avec raison que nous blâmions les imitations du Poëte & que nous les mettions au même rang que celles du Peintre, soit pour être également éloignées de la vérité, soit parce que l’un & l’autre flattant également la partie sensible de l’ame, & négligeant la rationnelle, renversent l’ordre de nos facultés, & nous font subordonner le meilleur au pire.
Cette licence était parvenue à un tel point, que le Magistrat de Police fut obligé d’y mettre la main pour en arrêter le progrès. […] Corneille cependant animé par la réussite de ce premier ouvrage, continua de travailler, et donna sept ou huit Pièces de théâtre en moins de six ans : l’on fut toujours de plus en plus charmé de la beauté de ses ouvrages ; mais sa Tragédie du Cid qu’il fit représenter en l’année 1637. mit pour ainsi dire le comble à sa réputation. […] L’union de ces Associés ne subsista qu’un an, le divorce se mit entr’eux et les déconcerta. […] ce qui Nous a été représenté par le Procureur du Roi, que certains personnages sans emploi, portants l’épée, qui ont en diverses occasions excité des désordres considérables en cette Ville ayant depuis peu de jours, avec la dernière témérité et un grand scandale, entrepris de forcer les portes de l’Hôtel de Bourgogne, se seraient attroupés pour l’exécution de ce dessein avec plusieurs vagabonds ; lesquels assemblés en très grand nombre, étant armés de mousquetons, pistolets et épées, seraient à force ouverte entrés dans ledit Hôtel de Bourgogne pendant la représentation de la Comédie qu’ils auraient fait cesser ; et ils y auraient commis de telles violences contre toutes sortes de personnes, que chacun aurait cherché par divers moyens de se sauver de ce lieu, où lesdits personnages se disposaient de mettre le feu, et dans lequel, avec une brutalité sans exemple, ils maltraitaient indifféremment toutes sortes de gens. […] Majesté s’étant fait représenter son Ordonnance du vingt-cinquième Février 1699. par laquelle Sa Majesté avait ordonné qu’il serait levé au profit de l’Hôpital Général, un sixième en sus des sommes qu’on payait alors pour l’entrée aux Opéra et Comédies, pour être ledit sixième employé à la subsistance des Pauvres ; et voulant Sa Majesté prévenir toutes difficultés à cause des prix différents, qui pourraient être mis dorénavant aux places desdits Opéra et Comédies, et conserver audit Hôpital le bien que Sa Majesté a entendu lui procurer ; Sa Majesté a ordonné et ordonne, que dorénavant il sera payé au Receveur dudit Hôpital le sixième de toutes les sommes qui seront reçues, tant par ceux qui ont le privilège de l’Opéra, que par les Comédiens de Sa Majesté ; lequel sixième sera pris sur le produit des places desdits Opéra et Comédies, sans aucune diminution ni retranchement, sous prétexte de frais ou autrement : Enjoint Sa Majesté au Lieutenant Général de Police de sa bonne Ville de Paris, de tenir la main à l’exécution de la présente Ordonnance, qui sera publiée et affichée par tout où besoin sera.
» Si nous sommes donc obligés, en qualité de Chrétiens, de demander à Dieu qu'il nous ôte les yeux pour toutes les folies du monde, dont la Comédie est comme l'abrégé, et qu'il nous en imprime la haine et l'aversion dans le cœur: comment pourrons-nous croire que nous puissions repaître nos yeux de ces vains spectacles, et mettre notre contentement en ce qui doit être l'objet de notre aversion et de notre horreur ?
Que cet Etranger se propose de mettre notre Poëme dans sa Langue ; il ne rendra pas tous les mots, mais sa traduction sera bonne, parce que les pensées sont le fond de l’ouvrage, & que celui-ci sera parfaitement rendu, si toutes les idées en sont mises dans un beau jour. […] Si quelques-uns où elle n’est pas, en sont goûtés ; si quelques-autres où elle est, en sont désaprouvés, dans les uns & dans les autres, la Poësie ne sera pas toujours le mérite principal : il faudra réduire la thése générale à quelques cas particuliers ; & ce sera déjà beaucoup d’obtenu Non-seulement il y a des Piéces de Théâtre que l’on voit avec plaisir, quoique la Poësie en soit très-deffectueuse ; mais il y a même des Théâtres entiers d’Auteurs, qui l’ont fort négligée, & que les connoisseurs mettent au même rang que d’autres Théâtres qui excellent par là.
Elle ne tend qu’à mettre aux prises la vertu & l’autorité, l’Église & le sceptre, & à fermer la bouche aux ministres, par la crainte & le respect. […] Cependant, on fréquente, en Italie comme en France, le théâtre, malgré la loi & la conscience parce que le vice se met presque toujours au-dessus d’elles ; mais on mutile, en Italie, les chantres de l’opéra. […] Le même intérêt de passion qui les y mene, leur met les armes à la main pour les soutenir.
La Comtesse met envain tout en œuvre pour avoir une audience, l’inflexible Charles refuse constamment de la voir. […] Ces vertus austeres, rares dans les particuliers, si difficiles dans les princes, étoient d’autant plus admirables, que des passions violentes, un caractere indomptable, & le germe des vices qui s’étoient fait sentir dans sa jeunesse, sembloient y mettre des obstacles invincibles. […] Ils tiennent aujourd’hui ce langage que le Sage met à la bouche des impies : Nos insensatis !
Cela se fait aussi aucunefois sous quelques arbres à la mode gentilef, sur les fontaines et ruisseaux, ès prairies bien vertes, et ès bocages, ou quelques autres lieux propres à mettre les personnes gaiement plutôt qu’à dévotion. […] » Quelque mignon se voulant chatouiller et mettre en excusant son jeu, dira qu’il y a différence entre lui et un prophète ou religieux, lequel dira ne devoir aucunement jouer pource qu’il a renoncé à toute mondanité. […] Au 16e siècle, ‘eschez’ est une variante de “eschec” et se réfère aux jeu d’échecs ; le mot signifierait ici met en échec, combat.
Il y a bien des degrés avant que d'en venir à une entière corruption d'esprit, et c'est toujours beaucoup nuire à l'âme que de ruiner les remparts qui la mettaient à couvert des tentations.