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150. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Style froid, intrigue mal liée, dénouement trivial, mauvaise musique, Acteurs ignorants, etc. que sais-je ? […] Au milieu de cette brillante féerie et de ce magnifique palais de diamants, le Roi et la Reine s'ennuyèrent si fort qu'ils plantèrent là les Acteurs et Actrices, diamants et rubis, demandèrent des cartes, et au milieu du spectacle se mirent à des tables de jeu. Est-ce faire l'éloge de la pièce, des Acteurs, ou du Journaliste qui le rapporte ? […] Il est partout dressé, partout des Acteurs, des décorations, des farces. […] Le vice change-t-il de nature en passant par la bouche d'une Actrice ?

151. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Que fait un Acteur, lorsqu’il veut naturellement jouer une passion, que de rappeller, autant qu’il peut, celles qu’il a ressenties ? […] paroitroit sur les Théatres en la personne d’un Acteur ! d’une Actrice effrontée ! […] Puisque la Comédie est un si grand mal dans les Acteurs & les Actrices qui la représentent, on ne peut douter, que ceux qui y concourent… Ceux qui leur fournissent les moyens d’exercer leur profession, ne péchent aussi très-griévement, suivant cette maxime de St. […] n’est-ce dont rien, dit le Rituel de Toulon &c, d’autoriser & d’approuver par sa présence, l’infame métier des Acteurs & des Actrices du Théatre ?

152. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Les actrices n’ont plus besoin de précaution. […] Chaque actrice a son goût. […] Il plus à la vieille actrice, qu’il alla visiter à Londres. […] L’actrice joua bien son rôle. […] Il croyoit trouver une femme, il n’a trouvé qu’une actrice.

153. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Quoique la première de ces deux Pièces soit assez vide, & que la seconde fourmille d’invraisemblances, l’honnêteté qui y règne, la belle Musique, le Jeu d’un excellent Acteur, & le chant des autres, en ont assuré le succès. Ce qui fit tomber le Théâtre, avant que Mlle Favart le relevât, c’était le mauvais Jeu des Acteurs : & malgré la fureur du Public pour les Ariettes, le Théâtre Italien cessera bientôt d’avoir la foule, si (comme on a déja lieu de le présumer) on ne voit plus les Pièces favorites rendues que par de médiocres Chanteurs. […] Je crois que l’on pourrait faire de bonnes Pièces Françaises, où l’on aurait soit un Arlequin, un Scapin ; soit un Pantalon, un Docteur ; soit un Scaramouche, un Mézetin, un Trivelin ; j’en dis autant des Acteurs des Parades : on vient de voir avec plaisir, dans le Tableau-parlant, Isabelle, Colombine, Cassandre, Léandre & Pierrot. Qui nous empêcherait d’employer ces Acteurs dans des Comédies-Parades, où l’on voudrait charger la simplicité sote, ou peindre quelques scènes grivoises ? […] [On trouve dans l’ Etat actuel de la Musique du Roi et des trois Spectacles de Paris (chez Vente, Libraire 1770) & dans le Calendrier Des Spectacles, les Eclaircissemens nécessaires sur notre Théâtre Italien ; le nom de ses Acteurs, depuis son établissement ; le catalogue de ses Pièces, & la liste de ses Auteurs.

154. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

Avant que d'entrer en matière, je suis obligé de remarquer deux choses pour faciliter l'intelligence de tout mon discours : l'une que le Théâtre ne signifie pas proprement comme nous l'entendons aujourd'hui, l'échafaud où paraissent les Acteurs des Comédies et Tragédies, mais un grand lieu composé de plusieurs bâtiments, galeries, promenoirs, et sièges pour les Spectateurs, au milieu duquel était un espace vide, où l'on donnait divers spectacles, comme de Gladiateurs, d'Athlètes et autres, selon le différent usage des Villes et des Provinces, où l'on dressait l'échafaud composé de plusieurs parties, que nous appellons maintenant comme d'un nom propre, le Théâtre ; et là se faisaient plusieurs Jeux, de musique, de danse, de Poésie, et plusieurs autres combats que l'on a souvent compris tous ensemble sous le nom de Jeux Scéniques ou de Théâtre. […] C'est pourquoi dans ce discours, aux choses qui concerneront conjointement la Comédie et la Tragédie, les Comédiens et les Tragédiens, je ne me servirai bien souvent que du premier nom ; ce que je dis afin que l'on ne s'imagine pas que je veuille mettre autant de différence entre les Acteurs de ces deux sortes d'ouvrages, comme il y en avait entre eux et ceux qui s'appliquaient aux autres Jeux de Théâtre ou de scène, qui n'avaient presque rien de commun avec ces premiers. […] Nous avons dit et justifié clairement dans la Pratique du Théâtre, que la Comédie et la Tragédie commencèrent par les Danses et par les Chansons qui furent faites dans Icarie, l'un des Bourgs d'Athènes, à l'entour d'un Bouc qu'Icarius avait tué comme l'ennemi de Bacchus, au milieu d'une Vigne, dont il gâtait et mangeait les fruits ; et cette cérémonie s'étant ainsi continuée durant quelque temps, passa dans sa Ville et sur les Théâtres, et fut appelée Tragédie, du nom du bouc que l'on y sacrifiait à Bacchus ; ce qui dura plusieurs siècles, jusqu'à tant que Thepsis, pour donner quelque repos au Chœur de Musique, y inséra un Acteur qui récitait quelques Vers, et Eschyle y en mit deux ; et ces récits s'éloignant peu à peu des louanges de Bacchus, ses Prêtres en firent de grandes plaintes, n'ayant pu retenir les Poètes, qui par ce moyen plaisaient au peuple. Sophocles introduisit trois Acteurs parlant ensemble dans la Tragédie, avec d'autres embellissements qui lui donnèrent sa dernière perfection ; et nous voyons clairement cette première vérité dans les écrits de Donat, et de plusieurs célèbres Auteurs, qui nous apprennent que ces deux Poèmes ne furent au commencement qu'un Hymne Sacré en l'honneur de Bacchus, chantée et dansée par de grands Chœurs de Musique dans les Temples. […] défait les Espagnols, célébra toute sorte de spectacles, et même ceux du Théâtre, par des Acteurs en toutes langues.

155. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

L’Auteur & l’Acteur, intéressés à ne pas le lever, seroient bien fâchés qu’il fût assez peu transparent pour donner le change. […] Les Auteurs, les Acteurs, les Théatres entr’eux (on s’en plaint tous les jours), ne s’épargnent pas davantage ni le public. […] Nos Actrices, moins fardées, moins découvertes, moins vénales, sont devenues des Lucrèces ; nos Acteurs & nos spectateurs grossiront bien-tôt le catalogue des Saints. […] Les femmes n’étoient point encore admises dans les troupes ; depuis qu’elles en font le plaisir, la nudité des Satyres a passé aux Actrices. […] Tout François est Acteur, toute Françoise est Actrice, sur-tout dans les provinces méridionales, où un soleil ardent augmente la vivacité.

156. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

qu’étoit-ce que les Troubadours, les seuls Auteurs & Acteurs du temps ? […] Quel arrêt contre les Actrices, & la plupart des spectatrices, qui bien plus dangereuses qu’un portrait, se présentent dans l’état le plus indécent ! […] Qui chante, qui danse, qui peint la passion comme des Actrices ? […] L’air enjoué, le ton d’insinuation, la vivacité de la passion, le goût des spectateurs, la licence des Acteurs, l’immodestie des Actrices, le fonds du sujet, les épisodes, les intermèdes, &c. tout en fait un poison mortel. […] Thomas, contre les fausses interprétations que le relâchement lui a données, & après avoir démontré combien les spectacles sont contraires aux divines Ecritures, combien ils sont dangereux en effet, & dans le sujet des pieces, & dans la maniere de les représenter, dans les Actrices, les danses, les masques, vices communs à tous les théatres, qui rendent même la scène moderne plus obscène que les scènes Grecque & Romaine, malgré le voile de l’équivoque dont on la couvre, & le mariage qui est le dénouement de l’intrigue, il conclud que les Acteurs & les Actrices sont dans un état de péché mortel & de damnation.

157. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Il y mena la vie qu’on y mene, & qu’on ne peut manquer d’y mener avec la Champmelé & les autres actrices. […] On ne l’aime que dans la bouche des acteurs. […] On ne peut mieux le comparer qu’à la Gaussin, actrice trop charmante, la Racine entre les actrices, dont la pénitence fit une Magdelaine, la plus tendre amante de J. […] Il y a des exemples d’Acteurs & d’Actrices convertis, mais en petit nombre. […] Gaillard, Jésuite, célébre Prédicateur, de la conversion de Fanchon Moreau, Actrice de l’Opera, qui, par son conseil, quitta le Théatre & se maria.

158. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Personne ne doit pouvoir y élever la voix ni parler au public1, excepté les acteurs. […] L’établissement d’un théâtre exige un emplacement, une salle, des magasins d’habits et des acteurs. […] Si les acteurs, chargés de cette censure, trouvoient la piece bien conduite, ils retranchoient quelques scenes, qui la privoient de l’enchaînement et de la suite qu’elle devoit avoir. […] Il étoit permis à l’acteur de s’évanouir, même de se blesser ; mais il lui étoit défendu de se tuer ou de mourir. […] Les acteurs s’y donnent, comme les nôtres, sur les affiches, le titre de serviteurs de S.

159. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Acteurs, loges, parterre, tout l’admire jusqu’à l’emportement, & le loue jusqu’au délire. […] les Actrices aussi immodestes, les Danseuses aussi effrontées, les décorations aussi licentieuses. […] Un trait fin, une répartie naturelle peignent le caractère d’un Acteur. […] Les Actrices étoient alors aussi courues des Grands, les Comédiens aussi bien reçus des Dames. […] Les Actrices Françoises sont aussi traitables que les Italiennes.

160. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Les Canonistes demandent si les Acteurs qui jouent pour leur plaisir, sans rétribution, sont dans le même cas. […] Ce n’est pas en vérité sur le front d’un Actrice que la croix doit être tracée et le saint chrême répandu. […] Enfin après bien des négociations, l’Actrice officieuse obtint une pension viagère. […] Ce n’est en effet que la misère ou le libertinage qui font des Acteurs ou des Actrices. […] Ce fameux Acteur vint de Florence à Paris avec Laurenza Izabella, qu’il disait sa femme.

161. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Ce sont des pécheurs publics d’un ordre singulier, au plus haut point de la notoriété : un concubinaire qui entretient publiquement une femme, ou allant chez elle, ou la tenant chez lui, comme sont la plupart des Acteurs et des Actrices, est moins connu. […] En 1709 les Acteurs forains de la foire S. […] Germain, qui louait chèrement le terrain aux Acteurs, appela de l’ordonnance de Police, et Son Eminence le Cardinal d’Estrées, Abbé de S. […] Les Acteurs Français, qui n’ont en vue que le bien public, sans aucun intérêt, les examinèrent de près, et trouvèrent que dans leurs prétendus monologues un Acteur parlait tout haut, et l’autre répondait tout bas ou par gestes, ou s’enfuyait dans les coulisses, d’où il faisait la réponse ; ce qui formait de vraies conversations. […] Le parterre, ou peut-être quelqu’un aposté, lisait et chantait, et les Acteurs faisaient les gestes.

162. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

L’Auteur & l’Acteur étudient le goût dominant pour s’y conformer, l’exprimer & le communiquer. […] Le diable remue toutes les passions des Acteurs & des spectateurs, & en fait un monstrueux assemblage. […] Si Dieu vous révéloit le sort des Acteurs & amateurs, vous les verriez au milieu des flammes. […] on le voit, on l’entend, il se trouve à chaque instant dans chaque Actrice, & par-tout. […] Au retour du spectacle, vous méprisez vos femmes modestes, pieuses, si différentes des airs lascifs, des gestes, des visages des Actrices.

163. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Les Acteurs sur la scène, dit-il, jouent les rôles de Prince, de Général d’armée, de Philosophe, de Médecin, &c. quoiqu’ils ne soient que des misérables. […] Cette vile troupe d’Acteurs & d’Actrices rentre dans le néant ; dépouillés de leur fausse grandeur, ils n’en imposent plus par la décoration, ils se montrent ce qu’il sont. […] Ce seroit offenser Dieu doublement d’acquérir des biens par des voies illégitimes, & de les prodiguer pour des objets défendus, favoriser, soutenir le spectacle, entretenir des Acteurs & des Actrices, payer & honorer le vice, & fournir les occasions de péché ? […] vous refusez au pauvre, & vous prodiguez à l’Actrice ; vous dépouillez la veuve & l’orphelin, vous ne payez pas vos créanciers, & vous nourrissez des débauchés. […] L’un des plus grands inconvéniens du théatre, c’est la facilité, c’est le danger extrême de former de mauvais commerces avec les Actrices, toutes femmes de mauvaise vie, qui perdent en même temps la bourse, le corps & l’ame de leurs aveugles amans.

164. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Entretenus par l’actrice, le vice les dégrade, les dépouille, les deshonore, les accable d’infirmités, abrege leurs jours, &, ce qui est bien plus terrible, les conduit à la damnation éternelle. […] On peut voir l’Almanach des Boulevards, ou leur histoire, les anecdotes inombrables, le détail des pieces, le catalogue des acteurs, démontrent l’étonnant succès de tout ce qu’il y a de plus bas, de plus grossiers, de plus licencieux. […] Ils ont obtenu que ces acteurs ne joueront jamais dans la ville de Paris, mais toujours hors des murs. […] L’intérêt des bonnes mœurs n’a pas dicté cette loi, ni même une bonne politique : des pieces regulieres & décentes auroient embarrassé les acteurs, ennuyé les spectateurs, introduit les regles, parlé des vertus ; c’étoit précipiter la chûte. […] Le systême de l’amour physique est fort bien expliqué dans la comédie des Courtisannes, scèn. 2, que les actrices ont refusé de jouer, parce qu’elles y sont trop bien peintes.

165. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

On entend par Acte un certain nombre de Scènes jointes ensemble ; dans l’Acte les Acteurs parlent & agissent aux yeux des Spectateurs. […] Notez bien, qu’il faut autant d’art pour terminer un Acte, que pour faire sortir les Acteurs à la fin d’une Scène. […] Elles en ont davantage si l’on commence à les compter dès l’instant que le chœur chante ; & elles n’en ont qu’une seule si l’on ne marque les divisions ou les repos du Poème ancien, que lorsque tous les Acteurs quittent la Scène, comme dans nos Drames. […] Pour moi je pense qu’ils mettaient peut-être tout uniment le nom des Acteurs au commencement de chaque Scène, & avant l’instant de repos que nous appellons entre-Acte. […] Quand tous les Acteurs ont quitté le Théâtre, ce n’est pas parce que l’action cesse, mais parce qu’ils sont contraints d’aller agir hors de la Scène.

166. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

L’enchantement de la décoration, les grâces des Actrices, l’ivresse d’une volupté nouvelle, facile, piquante, l’adresse, l’insinuation séduisante des Comédiens, gagnent aisément un cœur sans expérience que tout s’efforce d’aveugler et de corrompre. […] Combien de fois dans les innombrables intrigues des femmes ou des maris infidèles qu’on met tous les jours sur le théâtre, les Acteurs et les Actrices composent ou jouent d’original ! […] Elle se réconcilia avec Monchindre Paphetin, revint triomphante sur la scène, et fit passer son mari du grade de Moucheur de chandelles à la haute dignité d’Acteur, qu’il remplit assez mal. […] Ces embarras, cette rapidité de justification, cet air de tristesse qui ne veut pas plaisanter, même en parlant des gentillesses des Comédiens, sont véritablement dans le ton de cette multitude de jeunes gens que nous voyons si souvent se récrier au théâtre, et des parents qu’ils ont volé pour quelque Acteur ou quelque Actrice, et qui véritablement ne sont pas trop d’humeur d’en plaisanter. […] A Paris on les traite souvent en Princes, on les enferme dans les maisons royales, les Acteurs à Bicêtre, les Actrices à la Salpetrière, où l’on ne leur épargne pas la correction.

167. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Les Chœurs chez les anciens jouoient un très-grand rôle : c’étoit le principal acteur, il entroit dans toute l’action, il en faisoit partie. […] La pompe, la magnificence, le luxe des acteurs & des actrices s’accommoderoient-ils de cette table frugale, dapes laudet mensa brevis ? […] Il tient le même langage de galanterie ; &, loin de former à la sagesse, il répete les mêmes folies, les mêmes sentimens, & n’est employé qu’à confirmer le libertinage de la piece & des acteurs. […] Il compare le poëte, non à un actrice, mais à une femme honnête, qu’on obilgeoit quelquefois de danser aux fêtes de la grande Déesse, & qui, bien loin de se faire gloire d’étaler ses charmes, en danseuse de théatre, n’y paroissoit que malgré elle, modeste & confuse, ut sacris matrona moveri jussa diebus interevit satyris paulum pudibunda protervis .

168. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

On voyoit bien Ninon Lenclos, la Raisin, la Delorme ; on voit bien les actrices ; on fait plus, on les épouse en secret. […] Le mot a passé de la Peinture au Théatre, où l’acteur doit être habillé, coëffé, chaussé, agir, parler, chanter, danser, comme feroit la personne qu’il représente. […] Quels héros que les acteurs & les auteurs ! […] quelles déesses que les actrices ! […] Lafontaine parle, raconte, il porte par-tout sa physionomie ; Moliere fait parler & agir : il doit donner à chaque acteur la physionomie de son rôle.

169. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Si donc il est arrivé que le libertinage des Acteurs ait donné quelque peine à la pudeur des Ames Chrétiennes, il ne faut en cela qu'imiter les Empereurs qui n'ont jamais rien prononcé contre ces représentations, et qui se sont contentés d'en réformer l'abus, et d'imposer des peines rigoureuses contre ceux qui par leurs désordres corrompaient l'excellence de cette Poésie et la beauté de sa représentation ; il en faut chasser le vice qui se doit faire haïr partout, et conserver un art qui peut plaire. […] Mais comme ils furent corrompus par la licence des Poètes, et par la mauvaise conduite des Acteurs, les Rois jetèrent l'infamie sur ceux qui montaient sur le Théâtre, où l'on avait porté tant de dissolution. […] Ce qui n'est pas véritable ; au contraire, nous lisons dans la vie des Pères que Saint Paphnuce apprit par révélation qu'un certain Acteur de son temps serait quelque jour égal en la possession de la gloire du Ciel. » Et pour réponse à cette objection cet illustre Théologien dit, « Que le divertissement est nécessaire à l'entretien de la vie humaine, et que pour y parvenir on peut établir quelques emplois licites, comme l'art et le ministère des Histrions ; que quand on le fait pour cette fin, on ne peut pas dire que leur exercice soit défendu, ni qu'ils soient en état de péché quand ils le font avec quelque modération, c'est-à-dire, sans y mêler des paroles malhonnêtes, et des actions impudentes, pourvu que ce soit en des temps, et parmi des affaires qui n'y répugnent pas. […] Thomas parle des Histrions au sens des derniers siècles, et qu'il comprenne sous ce nom les Acteurs des Poèmes Dramatiques ; Car si l'on n'entendait par ce terme que les Mimes et les Farceurs, son autorité serait encore plus avantageuse aux autres, que l'on ne pourrait pas condamner contre la résolution de ce grand Théologien, qui serait favorable à ceux-là même que les Grecs méprisaient, que les Romains tenaient infâmes, et que jamais on ne leur doit comparer.

170. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Il masqua le visage des acteurs, il les haussa sur le cothurne, & les revêtit de robes traînantes, pour leur donner plus de majesté. […] Enfin Aristodème, un des premiers acteurs grecs, fut envoyé en ambassade à Philippe. […] Roscius, acteur célèbre dont Cicéron fait l’éloge, trouvoit ses rôles dans Plaute & dans Térence. […] Ils redonnerent les comédies burlesques de Scaron, dans lesquelles brilla le fameux acteur Jodelet. […] Quelle seroit la recette pour le début de tels acteurs !

171. (1753) Compte rendu de Ramire « Compte rendu de Ramire » pp. 842-864

Les accidens de la Comédie en sont l’appareil & les accompagnemens, c’est-à-dire, les Intermèdes, les Farces, les Danses, la Musique, l’air & le jeu des Acteurs, le concours & la disposition des Spectateurs. […] Ramire se prévaut ici de l’approbation même qu’il réfute ; le Docteur qui l’a donnée, y fait des vœux pour obtenir aux Auteurs, aux Acteurs, & aux Spectateurs une retenuë & une décence, qui empêche d’interdire dans le Christianisme une recréation si indifférente, selon lui, aux Fidèles, si nécessaire aux Citoyens, & si instructive pour tout le monde. […] Les Acteurs & les Actrices. […] Peres : son zèle, comme le leur, se fonde sur l’Ecriture, qui nous ordonne de fermer les yeux dès qu’une femme folâtre paroît, de peur de tomber dans ses filets, & qui nous avertit que les artifices d’une Actrice ou d’une Danseuse sont encore plus puissants pour nous perdre2. […] Si les Dames n’y trouvoient que des Acteurs & des Spectateurs de leur sexe, auroient-elles le même empressement à s’y rendre3 &c.

172. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

Les accidens de la Comédie en sont l’appareil & les accompagnemens, c’est à-dire, les Intermèdes, les Farces, les Danses, la Musique, l’air & le jeu des Acteurs, le concours & la disposition des Spectateurs. […] Ramire se prévaut ici de l’approbation même qu’il réfute ; le Docteur qui l’a donnée, y fait des vœux pour obtenir aux Auteurs, aux Acteurs, & aux Spectateurs une retenuë & une décence, qui empêche d’interdire dans le Christianisme une recréation si indifferente, selon lui, aux Fidèles, si nécessaire aux Citoyens, & si instructive pour tout le monde . […] Les Acteurs & les Actrices. […] Peres : son zèle, comme le leur, se fonde sur l’Ecriture, qui nous ordonne de fermer les yeux dès qu’une femme folâtre paroît, de peur de tomber dans ses filets, & qui nous avertit que les artifices d’une Actrice ou d’une Danseuse sont encore plus puissants pour nous perdre*. […] Si les Dames n’y trouvoient que des Acteurs & des Spectateurs de leur sexe auroient-elles le même empressement à s’y rendre* &c.

173. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

La Comédie considérée dans les Acteurs. L’idée la plus juste qu’on puisse donner d’un Acteur, est celle d’un homme qui s’empoisonne lui-même & qui empoisonne les autres. […] La Comédie n’est donc autre chose qu’une école, qu’un éxercice de vices, puisqu’elle oblige nécessairement ses Acteurs à réveiller sans cesse des passions vicieuses.

174. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VI. Des Poèmes Dramatiques représentés aux Jeux Scéniques. » pp. 135-144

Les premières, et qui furent introduites de bonne heure en ces divertissements furent les Fables Atellanes, ainsi nommées de la Ville d'Atelle dans la Campanie, qui fut toujours la Province des délices et des voluptés d'Italie, et d'où elles furent transportées à Rome ; Elles étaient comme des Satires agréables, sans aigreur et sans turpitude, et que la vertu Romaine avait accompagnées de bienséance et de modestie, et dont les Acteurs étaient en bien plus grande estime que les Scéniques et Histrions, et jouissaient même de quelques privilèges particuliers, entre autres de sortir du Théâtre avec les habits dont ils s'étaient servis dans leurs représentations ; ce qu'à parler franchement je ne saurais bien comprendre, quoique les Auteurs en fassent grand bruit ; car si l'on entend qu'ils sortaient ainsi de la Scène où ils avaient paru, je ne vois pas quel était leur avantage, ne croyant pas que les autres Histrions y reprissent leurs vêtements ordinaires avant que de disparaître aux yeux du peuple ; et si l'on veut dire qu'ils pouvaient même sortir de ce grand lieu que l'on nommait Théâtre, et aller à travers la Ville jusques dans leur logis, avec les ornements qu'ils avaient portés en jouant leurs Fables, je ne connais point quelle était l'excellence de ce privilège ; car c'était les exposer en mascarades publics aux petits enfants et aux grands idiots, qui n'étaient pas plus sages, à mon avis, dans la Ville de Rome, que dans celle de Paris ; et qui sans doute les auraient suivis avec beaucoup de bruit et de tumulte. […] Les Acteurs y paraissaient vêtus honnêtement, selon ce qu'ils représentaient, et ne faisaient aucune posture ni grimaces indignes du sujet, ni que l'on pût condamner d'impudence. […] entendre l'excès de quelque turpitude, « qu'un Mime ne la pourrait représenter, qu'un Bouffon n'en pourrait faire un Jeu, et qu'un Atellan ne la pourrait prononcer » : car n'y comprenant point ces deux autres sortes d'Acteurs, il montre bien que les choses honteuses ne se mêlaient point aux grâces de leurs représentations, bien que le plaisir n'en fût point banni.

175. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Pour une troupe d’Acteurs imbécilles, qui paroissoient depuis quelque tems parmi nous, & qui prophanoient les Mysteres de la Religion, en les représentant au coin des rues & sur des échaffauts ? […] 5 C’est de penser que les Actrices y soient habillées plus immodestement qu’ailleurs. […] Un Acteur sera quelquefois plusieurs mois sans paroître sur la scene ; & dans les tems où les Spectacles sont le plus courus, ce n’est que trois jours de la Semaine que l’Acteur le plus nécessaire paroît en public. […] Il y avoue à la vérité, que par la faute des Acteurs, des Auteurs, & des Spectateurs, le Théâtre n’est pas irreprochable ; mais il conclut, qu’il pourroit être propre à former les mœurs, & c’est, sans doute, la décision la plus favorable qui fût permise à un homme de son état. […] A mettre ordre à la conduite des Acteurs & Actrices qui éclateroit trop, comme on en a vu plusieurs exemples.

176. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

Ces noms passerent jusqu’à ceux qui avoient parié pour vn party ou pour une couleur, & les Acteurs & les parieurs joints ensemble estoient appellez Factions. […] & toutes les sortes d’Acteurs se mettoient en estat de fournir leur carriere. Les Acteurs estoient nommez & choisis : & il y avoit vne espece de sort qui regloit le rang & l’ordre de leur course. […] Les noms des Acteurs y estoient confusement jettez, & l’on les en tiroit ensuite quatre à quatre, & selon le rang qu’ils estoient tirez ils estoient admis à la course. […] Alors les trompetes donnoient le premier & le second signe, par quelques fanfares, soit pour animer les chevaux, soit pour disposer les Acteurs.

177. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

Cet heureux temps n’est plus, les Acteurs et les amateurs connaissent-ils des temps consacrés au service de Dieu ? […] La Purification nous fait admirer une Vierge qui vient dans le temple consacrer son Fils au Seigneur ; sur la scène on est enchanté d’une Actrice qui vient immoler les cœurs au Démon. […] On se moquerait d’une Actrice qu’on verrait se confesser et communier : n’en est-elle pas indigne ? […] un Acteur est-il fait pour être pieux ? une Actrice veut-elle l’être ?

178. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

C’est le choix des Acteurs. […] Mais un bon Acteur fait tousiours honneur au Poëte, & plaisir au Spectateur. […] Mais la chose qui regarde immediatement le succez ou l’embaras du Spectacle, c’est de tenir de Theatre vuide, & de n’y souffrir que les Acteurs. […] Car tel Estranger qui durant deux mois ne voit que la mesme chose sur un Théatre, se persuade que l’on n’a rien que cela à représenter, & conclut au prejudice de nostre Nation, la sterilité de ses beaux Esprits & la misere de nos Acteurs. […] Nos Acteurs ne manquent ny de courage ny d’ambition pour faire valoir leurs Comedies, & pour plaire à leurs Spectateurs ; mais leur generosité est encor plus à plaindre qu’à admirer, car hors de leur Garderobe qui n’est jamais venduë à peu prez de ce qu’elle couste, il en est très-peu qui puisse faire fonds de quelque chose pour subsister dans le repos, & pour passer la vieillesse sans besoin.

179. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Les Actrices & les Acteurs se plient si fort à leur rôle qu’ils s’y identifient avec tout ce qu’ils représentent. […] Elle joue la comédie & doit faire honneur aux Actrices. […] Les premières Actrices furent les deux Reines. […] Mais qui peut se fier au jeu & aux amusemens des Actrices ? […] La décoration change, & l’Actrice joue un rôle différent.

180. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Chrysostôme tous ceux qui couraient aux spectacles de leur temps. « Êtes-vous donc de fer ou de pierre, leur demandait le dernier, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parole, du chant, des gestes des acteurs et des actrices ? […] On devient bientôt acteur secret dans la tragédie ; on y joue sa propre passion. […] Quand on s’abuserait assez pour croire qu’on n’a rien à craindre des impressions du théâtre et qu’on n’y fait aucun mal, on ne peut se défendre de celui qu’y sont les acteurs et les actrices, suivant cette maxime de St.  […] N’est-ce donc rien aux spectateurs de payer le luxe de ces actrices, dont les regards sont mortels, de nourrir leur corruption, d’aller apprendre d’elles ce qu’il ne faudrait jamais savoir ? […] bien, écoutez le langage d’un célèbre acteur du théâtre Italien de Paris, auquel il renonça par principe de religion.

181. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

La scéne se passe chez un Chanoine, l’actrice est sa niéce, ou selon quelques uns, sa fille naturelle : elle devient Réligieuse, elle est faite Abbesse, & avec le héros fondatrice d’une Abbaye. […] Sur ce plan on fit une estampe sur un Prélat François, qui passoit pour aimer une actrice, & l’écouter un peu trop ; d’un côté on voyoit l’actrice magnifiquement & peu modestement parée, à l’ordinaire, ayant la croix pectorale, la mitre en tête, la crosse à la main, & donnant la bénédiction. […] Les acteurs, il est vrai, se cottisoient pour les fraix des habits, des décorations, des rafraichissemens, faisoient quelquefois, par reconnoissance, quelque présent au Régent qui avoit composé, dirigé, exercé. […] En France, en Espagne, en Portugal, les représentations théatâles n’ont point été une matiere d’accusation, cet usage étoit chez eux public, & reçu, tout le monde y venoit, tous les enfans y jouoient, les Magistrats eux-mêmes avoient été acteurs, & laissoient jouer leurs enfans. […] Les vendanges firent disparoître les acteurs & les spectateurs, il faloit cueillir la liqueur bachique, Bacchus l’emporta sur Thalie.

182. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Un vieux Acteur qui avait quitté le théâtre gagnait sa vie à exercer et former des Comédiens. […] Telle femme qui était allé chaste à la comédie en revient impudique  « Quæ casta processerat, revertitur impudica. » Quelle plaie aux bonnes mœurs, quel aliment du vice, que les gestes des Acteurs ! […] Qu’ai-je à faire d’un Acteur masqué, qui jette des cris, fait des gestes, est paré comme une femme ? […] Que sera-ce d’être Acteur soi-même, de former avec ses amis des troupes pour jouer la comédie ? […] Vous vous trompez vous-même, et vous trompez les autres, lui dit-il, les Comédiens ne se sont jamais étudié à rendre les hommes vertueux, leur unique dessein est de les faire pécher (les Actrices sont-elles du complot ?) 

183. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Le sieur Dorat, jeune homme infatué, s’il en fut jamais, du Théatre & des Actrices, se peint lui-même, ses maîtresses & la Comédie. […] Chaque actrice a sa couronne : mais il s’arrête sur-tout pour les acteurs à Bellecour & à Baron, l’un héros de crapule & l’autre de galanterie : tous les deux avec dignité ont ennobli le vice. […] Sulpice, sur l’enterrement d’une actrice de la Comédie Françoise. […] Les Actrices sont de grandes maîtresses, aussi tout se ressent chez lui de ce vertueux commerce. […] Tout son livre est plein de sarcasmes contre tout le monde, même contre les actrices ses divinités.

184. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Mais comme ils ne savaient pas la manière de les faire, et qu'ils n'avaient point d'Acteurs, ils eurent recours aux Etruriens qui les en instruisirent, et leur donnèrent des gens capables de les jouer et de les bien exécuter, selon l'intention qu'ils avaient ; et ces gens furent nommés Histrions, selon la langue des Etruriens, comme nous dirons ci-après, parce qu'ils nommaient Istres ceux que les Romains nommaient Ludions. Je ne veux pas examiner si ces Jeux Scéniques étaient les mêmes qui se nommaient Floraux sous le premiers Rois, s'ils furent de nouveau donnés au peuple, ou seulement renouvellés, s'ils furent célébrés en l'honneur de Flore, qu'ils estimaient la Déesse des Fleurs, ou de cette fameuse Débauchée de même nom, qui devint si riche par sa mauvaise vie, qu'elle osa faire le Peuple Romain son héritier ; ni si l'ignorance ou la perte de tous leurs Acteurs par cette prodigieuse maladie, ou par quelque autre malheur les obligea de recourir à leurs voisins. […] Et quand les Auteurs écrivent que l'on dansait les Tragédies, il ne faut pas se persuader que les Tragédiens eux-mêmes dansassent : mais cela veut dire que ces Mimes dansaient des Episodes tirées des Poètes tragiques, ou qu'ils représentaient par la danse des sujets, dont on faisait les Tragédies, ce qu'ils nommaient les arguments des Fables, comme ce fameux Pantomime Mnester que Suétone dit avoir sauté ou dansé les Tragédies, et que plusieurs ont nommé pour cela danseur de Tragédies, c'est-à-dire Histrion ou Acteur de sujetsLucian. […] C'est le nom qu'eurent les premiers Acteurs des Jeux Scéniques, parce que les Etruriens, dont les Romains les empruntèrent durant plusieurs années, donnaient en leur langue aux Joueurs de bouffonneries le nom d'Ister « Quia Ister Thusco verbo vocabatur nomen Histrionibus inditum. » Tit. […] Mais il ne leur fut donné que par une signification qui comprenait tous les Acteurs des Théâtres, et qui se restreignait toujours aux Scéniques, quand il s'agissait d'en expliquer les qualités, les fonctions ou le mépris que l'on en faisait, comme nous dirons lors qu'il sera nécessaire d'en faire la distinction.

185. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

C’est un Comédien, disait-on, une actrice, une danseuse, gesticularia, dionisia, celebris lattatricula. […] C’est la tâche des jeunes Régents : elle a des théâtres tout dressés dans plusieurs maisons, choisit les acteurs parmi les écoliers, les exerce, les habille, préside à l’exécution, distribue des programmes, invite toute une ville. […] La malignité ajoute que les écoliers les mieux faits y sont habillés en femmes, avec du rouge, des mouches ; qu’à l’occasion de ces représentations les femmes entrent, se répandent dans les pensionnats et les collèges, se placent à une fenêtre pour voir la pièce, qu’elles vont dans les chambres des écoliers, des Religieux, y sont accueillies et régalées ; que tout cela est précédé, accompagné, suivi d’un nombre infini de visites, de conversations, de repas, de lectures, qui ne sont rien moins que des leçons de spiritualité, et qui font perdre un temps infini aux Régents, aux acteurs, à toute la classe ; qu’on y appelle des acteurs, des danseurs, des violons de l’opéra, qui se mêlent avec les écoliers, et ne les conduisent point à la plus haute sainteté. […] J’en conclus qu’on n’a jamais parlé d’amour sur leur théâtre ; qu’on n’y a jamais traité que des sujets pieux ; que jamais aucun Acteur n’y a été habillé en femme et ne s’est permis des parures mondaines ; qu’il n’y a jamais eu dans leurs pièces des rôles de femme. […] Le Journal des Savants, la République des Lettres, l’Histoire des ouvrages des Savants, etc., ne se sont jamais amusés à ces frivoles analyses, aux débuts des Actrices, aux compliments des Acteurs, et ne parlent des spectacles qu’en passant, par occasion, comme d’un objet inutile et dangereux.

186. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — CHAPITRE IV.  » pp. 109-114

Il s’applique à faire parler & agir ses Acteurs comme s’ils étaient des bucherons, des bouviers, des manans véritables ; ce qui ne laisse pas de faire un très-bel éffet. […] Le nouveau Théâtre enrichit ses Acteurs. Je veux pour un moment que notre Spectacle bien-aimé n’ait aucune utilité profitable au Public ; au moins lui cédera-t-on le pouvoir d’enrichir ses Acteurs.

187. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Plusieurs de ces lois regardaient nommément les Magistrats, comme celles qui leur défendaient d’aller à la comédie après dîner, de faire aux Acteurs d’autres largesses que d’une somme modique qui était taxée ; de paraître aux spectacles que deux ou trois fois l’année, le jour de la naissance et du couronnement de l’Empereur ; de transférer pour leur satisfaction les Acteurs, les décorations, les chevaux, d’une ville dans une autre, afin de se donner ce divertissement dans le lieu de leur séjour, etc. […] On ne lui rendait pas justice, il ne voulut jamais la voir, il lui fit donner de sages avis et la renvoya : « Numquam spectavit aut vidit, postea redire præcepit. » Il voulut par là donner aux jeunes gens et des leçons et des exemples, pour les corriger de l’amour des femmes, en méprisant une Actrice célèbre, qui était en son pouvoir : « Ut adolescentes doceret ab amore mulieri temperare, quam qui haberet in potestate despiceret. » Il n’était pourtant pas marié, ajoute S. […] Cette fille ayant dansé devant Hérode, avec les grâces et l’indécence d’une Actrice (et sans doute beaucoup moins, c’était une jeune Princesse plus noblement élevée qu’une vile danseuse), elle séduisit ce Prince, jusqu’à lui arracher ce serment, si ordinaire aux amants, de tout sacrifier pour l’amour d’elle, et enfin à sa prière d’immoler le plus saint des hommes. […] Le nécrologe des Actrices fournit-il bien de pareils martyres ? […] profitons du temps, aimable jeunesse, la vie s’envole comme un léger nuage, hâtons nous d’en jouir, ne laissons pas passer le printemps sans en cueillir les fleurs, avant qu’elles se flétrissent ; laissons partout des traces de nos plaisirs, faisons-nous des couronnes de roses, et ne songeons qu’à jouir agréablement des charmes de la volupté, puisque tout va s’anéantir dans le tombeau : « Non prætereat nos flos temporis, coronemus nos rosis antequam marcescant. » Si l’on ne voit pas dans ce portrait le théâtre et sa morale, le parterre et sa folie, les Actrices et leurs manèges, le spectacle et ses dangers, les coulisses, les loges, les foyers, les maisons des Comédiens, la vie des Comédiennes, on ne voit pas le soleil à midi ; mais si après ces connaissances, on aime encore, on fréquente le théâtre, plus misérablement aveugle, on ne voit pas l’enfer ouvert sous ses pieds.

188. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

A quoi servent ces Arlequins, ces actrices, ces scénes sans nombre dont on a farci les Opéras, le théâtre Italien, celui de la foire, Moliere & toutes ses comédies ? […] Les nudités des Saintes ne sont pas moins dangéreuses que celle des Déesses de la Fable, ou des actrices de l’Opera. […] Les actrices mêmes doivent s’y conformer. […] Ces tableaux indécens des amours, les portraits des actrices, des comédiens, des danseurs : Effigies meretricias, molles saltandi flexus, opus turpe. […] Qu’on en juge par les mœurs des acteurs, par leurs desseins, par le fond du Drame ; on ne veut que des tableaux du libertinage, toute la décoration, toute l’action n’est que le développement de leur cœur, l’abrégé de leur vie, leur imagination étalée, leurs passions sont les yeux.

189. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Il falut se borner à de belles affiches, qui publierent à tous les carrefours, qu’on représenteroit la comédie de la statue de Voltaire, cette statue ; étoit gravée comme les masques, les actrices, les déesses le sont dans les affiches ordinaires ; on feroit bien de donner au public une farce qui représentât cette inauguration. […] Ce jour à jamais mémorable étant venu, tout le corps illustre des comédiens fut en mouvement, les trois théatres se réunirent, danseurs, danseuses, musiciens, musiciennes, officiers, jusqu’au moucheur des chandelles, le grave conseil en robe, tous les acteurs dans leurs plus beaux habits, & leurs plus riches parures ; la plus élégante toillette avoit prodigué ses trésors, la décoration étoit la plus brillante, & les amateurs sans nombre, tous s’écrioient en chœur : Grand Voltaire ce jour est un grand jour pour vous. […] Un cheval Pégase, de carton, qui ne fut jamais retif à Voltaire, y voloit dans les airs, porté sur un nuage, par la main d’une actrice ; l’hypocrene & le permesse couloient à grands flots sur la toile, & enivroient de leurs eaux sacrées tous les Voltairistes ; les neuf muses, la divine Uranie & sa dévote Epitre, Melpomêne & ses Cothurnes, Thalie & ses Masques, &c. […] L’esprit, le génie de la Clairon sont des Etres inconnus jusqu’ici sur le Parnasse ; cette actrice a quelques talents pour la déclamation tragique mais son esprit & son génie n’ont pas encore vu le jour. […] Voltaire lui-même en fournira le spectacle, & sans doute bientôt, à 75, ans on est bien près du terme fatal, où le poëte, l’acteur, l’actrice, l’amateur, l’entousiaste vont également se briser.

190. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

On n’y trouvera le portrait ni des Actrices, ni des Héroïnes qu’elles représentent. […] Non : il n’a point de comédie à jouer ; la vertu n’est pas actrice. […] Une Actrice verser des larmes allant au lit nuptial ! […] Sara est-elle une Actrice ? […] Non : il va se passer une scène si sublime, si extraordinaire, que tous les Poëtes, Acteurs, Actrices, amateurs, amatrices, depuis Thespis jusqu’à Panard, n’en ont pas eu la moindre idée.

191. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Qui peut excuser de péché mortel une actrice, une coquette, une femme galante, qui ne veut que tendre des piéges ? […] Les actrices pourroient sans scrupule accepter celui-ci. […] Celles des actrices & des coquettes font tissues par la main de tous les vices. […] Ciceron & Quintilien le défendoient aux Orateurs, & se moquoient de ceux qui s’ajustoient comme des actrices. […] Une Actrice en pareille occasion seroit une mauvaise Ambassadrice.

192. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

[NDA] Acteur nain qui jouait à l’Ambigu et qui, dit-on, fut admis à la table de Louis XV dans un pâté, dont il sortit en gambadant. […] [NDA] Acteur en tous genres et qui ne fut pas sans mérite. […] [NDA] Les acteurs du premier, dans leur origine, ne pouvaient jouer qu’à travers un canevas, fixé derrière la toile. […] [NDA] Audinot, acteur de la Comédie Italienne, est auteur du Tonnelier. […] Camel est un acteur et auteur dramatique.

193. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Personne assurement ne méconnoîtra dans ces portraits la toilette & le visage d’une actrice & de toutes les femmes qui sont gloire de les imiter. […] Rien ne lui coûte, un coup de baguette produit un théatre, comme un palais, des acteurs & des actrices, comme des Nimphes, la belle eut le plaisir de voir la comédie dans toute sa perfection. […] Il est difficile que si les acteurs & les actrices n’apportent point ces passions sur la scene, ils ne les y prennent ; leurs rôles-même les sont naître. […] Il n’est pas nécessaire de donner ces leçons aux actrices, elles en donneroient à tout le monde ; mais je suis trop jaloux de leurs droits, pour souffrir qu’on leur dispute aucune de leurs prérogatives. […] Quelle témérité, dira-t-on, d’oser comparer une actrice à Medée, sous prétexte qu’elle se farde, qu’elle emploie toutes sortes de drogues pour s’embellir où se rajeunir, quand elle est vieille ?

194. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

La critique & le mauvais succès de quelques pieces, auxquelles il fut toujours fort sensible, les maniéres desobligeantes des acteurs, l’ont souvent mis de mauvaise humeur, & lui ont fait lancer des sarcasmes qu’il a cru de bons mots ; mais un historien est plus croyable qu’un poëte. […] La scéne est plus mesurée aujourd’hui, les acteurs mieux élevés, le langage plus décent, les piéces plus régulieres ; mais le vice n’y perd rien, les mœurs des acteurs & des spectateurs ne sont pas moins corrompues. […] Les Chinois n’ont pourtant pas de théatre fixe, & de troupes d’acteurs réglées, ce ne sont que des farceurs, qui courent les rues, dressent un théatre dans les places publiques, & vont dans les maisons où on les appelle, jouer pour de l’argent, ce qu’on leur demande. […] Copenhague, Stokolm, Londres, Amsterdam sont moins susceptibles que jamais de retour à la vraie foi ; elles ont dans les acteurs & les actrices des apôtres de la licence, des mœurs, qui ne laisseront jamais retablir la Réligion de leurs Peres. […] Dans toutes les Indes, la Chine & le Japon on a des théatres, mais ce sont des théatres ambulant ; on ne va pas au spectacle, on fait venir le spectacle chez soi, des troupes d’acteurs courent les rues, & jouent par-tout, & a toute heure, pour de l’argent.

195. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

On appelait ainsi chez les Romains, des Acteurs, qui par des mouvemens, des signes, des gestes, & sans s’aider de discours, exprimaient des passions, des caractères & des évènemens. […] L’émulation était si grande entre ces deux Acteurs, qu’Auguste, a qui elle donnait quelquefois de l’embarras, crut qu’il devait en parler à Pylade, & l’exhorter à bien vivre avec son concurrent, que Mécène protégeait : Pylade se contenta de lui répondre, « Que ce qui pouvait arriver de mieux à l’Empereur, c’était que le Peuple s’occupât de Bathylle & de Pylade. » On croit bien qu’Auguste ne trouva point à propos de repliquer à cette réponse. […] Il veut ensuite qu’on enseigne à cet Acteur, la Musique, l’Histoire, & je ne sais combien d’autres choses, capables de faire le nom d’hommes de Lettres à celui qui les aurait apprises. […] Le fameux Garrick est un Acteur d’autant plus merveilleux, qu’il exécute également toutes sortes de sujets Tragiques & Comiques.

196. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « La tradition de l'Eglise sur la comédie et les spectacles. Les conciles » pp. 53-68

La première est la sévérité de l'Eglise contre les comédiens et contre ceux qui assistaient à ces Spectacles, et le grand soin qu'elle prend pour empêcher qu'on ne contraigne les Chrétiens à y assister, ou à en être les acteurs; ce qui nous doit faire voir qu'elle n'a pas regardé cela comme un crime médiocre. […] La seconde, de demander que les Chrétiens ne fussent point contraints à être, ni les acteurs, ni les spectateurs de ces Jeux défendus. […] Il faut encore représenter aux très-pieux Empereurs qu'on ne doit point contraindre les Chrétiens d'assister aux Spectacles, ou d'en être les acteurs; car il ne faut persécuter personne, pour l'obliger de faire des choses qui sont contraires aux Commandements de Dieu; mais on doit laisser chacun dans la liberté qu'il a reçue de Dieu pour en user comme il faut; surtout on doit considérer le danger où sont ceux qui sont du corps de ces personnes qui sont chargées du soin des Jeux publics, qu'on contraint par la terreur des peines, de se trouver aux Spectacles contre les Commandements de Dieu. […] Il faut aussi supplier les Empereurs, que si quelqu'un des Acteurs des Jeux publics veut recevoir la grâce du Christianisme, et sortir de cet état d'infamieb où il était, que personne ne le puisse obliger, ni contraindre de reprendre son premier métier.

197. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE X. De la protection due aux Comédiens par le ministère public, contre les entreprises du fanatisme. » pp. 174-185

Il en résulte que les acteurs de comédie étant protégés, salariés, pensionnés et honorés par les souverains et par les papes, aucun prêtre en France, n’a le droit de son autorité privée, d’anathématiser et d’excommunier la profession de comédien, qui a été créée et autorisée par les diplômes du prince, par la législation du pays ; et par conséquent, c’est un véritable délit d’en exiger l’abjuration. […] En ce qui regarde les théâtres, et d’après les institutions anciennes et nouvelles qui les concernent, le clergé n’est point en droit, dans aucun cas, d’exiger d’un acteur l’abjuration de la profession de comédien ; et si les prêtres persistaient dans cette prétention, ils se mettraient en pleine opposition et en plein délit, contre la puissance du prince et celle des lois. […] Puisque le clergé ne peut exiger l’abjuration des comédiens, sans se constituer en délit contre la volonté du prince et des lois, il s’ensuit que le refus d’admettre à l’église le corps des acteurs, et de leur accorder des prières, ne peut non plus avoir lieu. Ce refus de recevoir à l’église le cadavre des comédiens décédés sans confession, est une conséquence de la réprobation de la profession d’acteur.

198. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

S’il vivoit aujourd’hui, une troupe d’Acteurs ne manqueroit pas de s’y rendre. […] Les Acteurs eux-mêmes en sont dégoûtés. […] Les premiers Acteurs sont chargés des premiers rôles. […] Tout le reste n’est que remplissage ; les moindres Acteurs y suffisent. […] C’est là que les Acteurs étoient placés.

199. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

J’ose donc le premier élever la voix, (& je ne suis que l’écho du Public) pour arrêter cet abus infâme, pour réveiller la paresse des Acteurs. […] » Nous sommes persuadés que Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen, fourniroient dès-à-prèsent des Parterres très-éclairés, & peut-être des Acteurs très-capables de donner aux premieres Représentations l’éclat qui peut en faire sortir les beautés. N°. 20. année 1775. » Je n’en veux point à ces Messieurs ni à ces Dames ; j’aime assez les Acteurs, plus encore les Actrices. […] Les Gens de Lettres alors seroient jugés par leurs pairs ; les avis seroient motivés ; on ne craindroit plus d’être humilié par un froid dédain, ou trompé par un enthousiasme aveugle ; les chûtes deviendroient moins fréquentes, les succès plus honorables, & les Acteurs retourneroient à leur place ; ils ne seroient que les interprêtes du génie, dont ils sont devenus les arbitres. » Voilà comme s’exprimoit hautement ce vif partisan des Comédiens, à qui ces Messieurs & ces Dames avoient accordé ses entrées.

200. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Les yeux s’y plaisent à voir la bonne grace & les gestes des Acteurs, les décorations du theatre, & les grandes assemblées. […] Nous pouvons remarquer la mesme difference dans les Pieces de theatre, dans ces peintures qui parlent par la bouche des Acteurs. […] Salvien, passent de la bouche des Acteurs dans les cœurs & dans les actions de ceux qui les entendent, & qui les voyent. […] Les Acteurs en sont coupables, parce qu’ils agissent ; les Magistrats en sont coupables, parce qu’ils les souffrent ; les Acteurs les commettent par leurs paroles, les Magistrats les commettent par leur silence ; les Acteurs seront punis, parce qu’ils ont parlé ; les Magistrats seront punis, parce qu’ils se sont tus : les premiers seront châtiez, parce qu’ils ont soulevé les peuples contre Dieu ; il se vangera des seconds, parce qu’ils ne se sont pas opposez à cette persidie ; il leur fera souffrir des peines eternelles, parce qu’ils ont endure des offenses publiques, & que par cette patience criminelle, ils sont cause de la perte de tous ceux qui les ont commises. […] Aux Acteurs impies ?

201. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [L] » p. 425

C’est au Spectateur à se déplacer, non au Spectacle ; & c’est la réflexion que tous les Acteurs devraient faire, toutes les fois qu’ils vont jouer ; on ne verrait point César en perruque quarrée, ni Ulysse sortir tout poudré du milieu des flots. […] Rien ne me satisfait moins que les prétendus Habits de Paysannes qui sont en usage sur nos Théâtres : il vaudrait autant que les Actrices conservassent leurs vêtemens ordinaires ; ils ressembleraient au-moins à ceux d’une condition quelconque : au-lieu que ceux de nos rôles de Villageoises du Théâtre Français ; & ceux de Ninette, Rose, Annette, au Théâtre Italien, ne ressemblent à rien, & nuisent à l’illusion.

202. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

D’où il infère dans le neuvième Chapitre, que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n’étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions, et les Bateleurs. […] De la distinction des Acteurs des Poèmes Dramatiques, et des Histrions, et Bateleurs des Jeux Scéniques dans le VII. […] VIII. ne traitant que de la différence des Acteurs du Théâtre, et de leurs Noms, sont tout à fait inutiles, et hors de propos ; car cette distinction des différents Acteurs du Théâtre ne regarde point la Morale, qui ne les distingue que selon la différence de leurs vices, et qui les condamne tous selon qu’ils sont plus, ou moins vicieux. […] N’est-ce pas pour cela qu’elles déclaraient infâmes les acteurs des SpectaclesL. […] Secondement on peut entendre cette proposition selon les motifs, et l’intention des Acteurs, et des Spectateurs : En ce sens il n’est pas généralement vrai que les Acteurs, ou ceux qui donnaient ces Jeux, et les Spectateurs mêmes, y cherchassent plutôt la Religion, que le divertissement.

203. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

Je disois, il y a quelques années, à une Actrice, à l’occasion d’une Tragédie où elle avoit bien fait, qu’il étoit dommage que cette Piéce fût écrite foiblement. […] Dites sagement : moins on s’apperçoit qu’un Acteur récite des vers, plus on le croit aisément ce qu’il représente. […] L’Acteur qui voudroit le représenter ainsi, ne réussiroit pas.

204. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Septième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 282-286

La première fois qu’elle parut, je fus frappé ; je me hâtai de revenir, pour vérifier une ressemblance aussi singulière : je trouvai mon épouse tranquille, occupée des soins de sa maison : c’était précisément les mêmes traits, la même beauté : avec la même parure, on n’aurait pu distinguer Ursule de la nouvelle Actrice : pourtant, j’ai cru voir dans le sourire de madame D’Alzan plus de délicatesse.… Aussi, qui sourit comme elle ? […] Je sens une peine, dont je ne démêle pas trop bien la cause.… Il me semble que cette belle Actrice n’est pas à sa place ; l’état de Comédienne.… Je voudrais bien.… la mettre dans le cas de ne dépendre que d’elle-même. […] Tu n’auras qu’à mon retour le travail de ton tendre, de ton généreux Amant (c’est à l’Actrice que je parle) : je te trouve assez occupée… Je gagerais que tu reviendras plus d’une fois au joli portrait… Ma sœur, quelle situation !

205. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Vincent de Paul) bâtissait des hôpitaux, fondait des séminaires, instituait une Congrégation de Missionnaires pour annoncer la parole de Dieu, une Congrégation de filles pour aller de toutes parts secourir les malades ; et un Cardinal de l’Eglise Romaine établissait une académie de Missionnaires du vice de l’un et de l’autre sexe : les Actrices de l’opéra et des Sœurs de la charité ; des Acteurs, et des Lazaristes ; des hôpitaux et des théâtres ; des sommes immenses répandues d’un côté pour soulager des pauvres, de l’autre pour payer des Musiciens et des Danseurs, etc. […] Depuis 1637 qu’il y commença, jusqu’en 1700, il y a été joué six cent cinquante pièces, quoiqu’on ne représente que dans l’hiver, que les machines y coûtent infiniment, et que l’on donne pour chaque carnaval douze mille livres à chaque Musicien ou Acteur d’une habileté supérieure. […] Il en fit toute la dépense, il fit venir de Rome la Signora Léonore pour chanter, Torrelli pour les machines, et une troupe d’Acteurs et d’Actrices Italiens pour représenter. […] Il fut peu enthousiasmé du jeu de l’Acteur Ambassadeur, et le renvoya sans rien accorder. […] Je sais bien que Melpomène n’avait point alors tous les atours dont à su la parer Racine, ni le Clergé petit-maître toutes les grâces que répand sur leur tête la main d’un habile baigneur ; mais je ne sais par quelle fatalité le théâtre et l’Eglise, la comédie et la sagesse, les airs d’un actrice et les affaires de l’Etat, ne furent jamais d’intelligence, quoiqu’une mauvaise politique ou des passions criminelles aient souvent essayé de les réunir.

206. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Le systeme de la législation est une comédie sérieuse, où il établit à perpétuité, le revêtant de l’autorité royale ce que la scene représente en badinant revêtu des attaits séduisans du jeu & de la figure des Actrices. […] Supposons que les Acteurs, Actrices, Auteurs, amateurs, en un mot, le Sénat dramatique, par une révolution subite, soit revêtu de l’autorité souveraine, & forme une République ; que cette République veuille se faire un corps de législation selon l’esprit regnant de la scene, je dis que ces nouveaux Licurgues, ces nouveaux Solons, ces nouveaux Numas ne feront que ce qu’a fait Fréderic. […] Cette loi n’est pas juste ; il y a des personnes avec qui le pere peut avec raison vouloir ou ne pas vouloir le mariage de son fils, lui défendre d’épouser une Actrice qui le déshonore, lui ordonner d’épouser une honnête fille qu’il a séduite ; il peut y ajouter en punition ou en récompense le don ou la privation de quelque bien dont il a droit de disposer ; il ne peut pas, à la vérité, le priver de sa légitime. […] En France on est moins difficile ; & quoique les innombiables Marquis s’y donnent pour Gentils hommes de cinquante degrés, tous les jours pour avoir du pain, ils épousent des roturieres, & pour leur plaisir jusqu’à des Actrices. […] Deux sortes de concubines, une Actrice qu’on entretient pour son plaisir, & une Actrice avec qui à la vérité on se marie, mais en déclarant hautement & expressement que ni elle, ni ses enfans ne seront reçus dans la famille, & n’y auront aucun droit .

207. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Les Théâtres ne tomberent pas avec l’Empire Romain en Italie, s’il est vrai, comme le soutiennent quelques personnes, que la Farce Italienne, Spectacle très-ancien & très-constant en Italie, est une suite de ces Spectacles bouffons dont les Romains dans les derniers tems étoient si amoureux, & que les Zanni rendent ce Personnage nommé par Ciceron Sannio, Acteur qui, au rapport de Ciceron, faisoit rire par sa voix, son visage, ses gestes, & toute sa figure, ore, vultu, motibus, voce, denique corpore ridetur ipso. C’est par ce Passage d’un Ecrivain si grave, qu’on croit découvrir l’origine d’un Acteur, qui portant le nom bizarre d’Arlequin, est couvert d’un habit qui n’a aucun rapport à l’habit d’aucune Nation, & est un mélange de morceaux de drap, de différentes couleurs, coupés en triangles ; Baladin qui porte un petit chapeau sur une tête rasée, un masque dont le nez est écrasé, &, comme le Planipes des Romains, a des souliers sans talons ; Acteur principal d’un Spectacle dont le langage est aussi bigarré que son habit, puisque les Acteurs y doivent parler différens idiomes, le Vénitien, le Boulonnois, le Bergamasche, le Florentin ; Mime dans son jeu comme dans son habit, puisque le Mime (comme on le voit dans un Passage d’Apulée) étoit vétu centuncuculo d’un habit de piéces & de morceaux, Personnage qui est toujours prêt à recevoir des soufflets, suivant un Passage du Traité de Tertulien sur les Spectacles, faciem suam contumeliis alaparum objicit. […] Saverio nous apprend que le masque de cet Acteur est semblable à un masque antique, qu’on conserve dans l’Italie, & dont on voit la figure dans Ficoronius de larvis scenicis. […] Les Acteurs se pourvurent à la Cour, & pour se la rendre favorable, erigerent leur Société en Confrairie, sous le titre de la Passion de Notre Seigneur. […] On se faisoit un pieux devoir dans les Eglises de prêter des habillemens aux Acteurs, & un Sacristain des Cordeliers fut cruellement puni, suivant Rabelais, pour n’avoir pas voulu prêter à Dieu le Pere une pauvre Châpe.

208. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Décorations, paroles, habits, acteurs, tout eût été du goût des Païens. […] Voyez cette Actrice, si la pudeur ose la regarder. […] Il y a peu de pièces, où quelques Acteurs dans l’excès de leur rage, n’en vomissent grand nombre. […] Non : c’est à une Actrice. […] Ces rôles font rire dans le plus sérieux tragique, lorsqu’on les voit joués par nos Actrices.

209. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Puisque les hommes quelques favorables qu'ils soient aux divertissements de la volupté, jugent ceux qui en sont les acteurs, indignes d'être admis aux dignités, et qu'ils les notent d'infamie, combien plus sévère sera le jugement que la Justice de Dieu exercera contre eux ? […] Mais il n'y a rien de plus scandaleux dans tous les Spectacles, que de voir avec quel soin, et avec quel agreement les hommes et les femmes y sont parés; l'expression de leurs sentiments conformes ou différents pour approuver ou pour désapprouver les choses dont ils s'entretiennent, ne sert qu'à exciter dans leurs cœurs des passions déréglées: Enfin nul ne va à la Comédie qu'à dessein de voir, et d'y être vu: Comment un homme se représentera-t-il les exclamations d'un Prophète, en même temps qu'il sent frapper ses oreilles par les cris d'un Acteur de Tragédie ? […] Il répondit hardiment, j'ai eu droit de le faire, puisque je l'ai trouvée dans un lieu qui m'appartient: Une autre femme étant aussi allée à une Tragédie, la nuit suivante elle vit en songe un suaire, et il lui sembla qu'on lui reprochait la faute qu'elle avait commise d'avoir assisté à cette Tragédie, en lui représentant même le nom de l'Acteur; ce qui l'effraya tellement qu'elle mourut cinq jours après: Combien d'autres exemples y a-t-il de ceux qui suivant le party du Démon dans les Spectacles, ont secoué le joug du Seigneur, car personne ne peut servir deux Maîtres: Quel commerce peut-il y avoir entre la lumière et les ténèbres; entre la vie, et la mort. […] Alors les Acteurs des Tragédies se feront mieux entendre, poussant leurs plaintes d'une voix plus éclatante dans leur propre misère. […] C'est donc avec raison que nous qui faisons profession des bonnes mœurs, et de la pudeur, nous nous abstenons de vos voluptés, de vos pompes, et de vos Spectacles, comme de choses mauvaises, et consacrées à de fausses divinités, dont nous savons la naissance et l'origine, et nous les condamnons comme des corrupteurs agréables : Car qui n'a horreur dans la course des Chariots, de voir la folie de tout un Peuple qui se querelle: Qui ne s'étonne de voir dans les Jeux des Gladiateurs, l'art de tuer les hommes : La fureur n'est pas moindre au Théâtre ; mais l'infamie y est plus grande : car un Acteur y représente les adultères, où il les récite : Et un Comédien lascif émeut les passions des autres, en feignant d'en avoir lui-même.

210. (1823) Instruction sur les spectacles « Table des chapitres. » pp. 187-188

Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. 51 Chap.  […] Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. 76 Chap. 

211. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Des troupes d’acteurs s’en mirent en possession, & les forcèrent de la leur abandonner, parce qu’ils la représentaient beaucoup mieux. […] Les Acteurs forains, réduits d’acheter à prix d’argent le droit de divertir le Public, traitèrent avec les Directeurs de l’Académie Royale de Musique, & obtinrent la permission de le remettre sur la Scène avec tout l’éclat qu’ils pourraient lui prêter. […] Comme ses Personnages étaient contraints de jouer à la muette, on descendait un carton, qui s’arrêtait sur la tête de ceux qui devaient parler, & sur lequel étaient écrites en grosses lettres les paroles que l’Acteur ne pouvait faire entendre que par signes. […] Un de ses Auteurs eut encore recours à un autre stratagême : comme il était dit que les Acteurs de l’Opéra-Comique ne parleraient point sur le Théâtre, il s’avisa de les faire parler en l’air ; dans la Pièce intitulée Les Perroquets, il était naturel de voir tous les personnages sur des arbres. […] Non-seulement Polichinel & ses autres confrères de bois, représentaient les piéces de l’Opéra-Comique ; mais encore les infortunés Acteurs de ce Spectacle si souvent renversé jouaient avec eux ; ils se tenaient cachés derrière la toile, & parlaient tandis qu’on fesait mouvoir les Marionnettes.

212. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. […] En un mot, les poètes sont obligés de mettre dans la bouche des acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu’ils font parler et à qui ils parlent : or on ne présente guère que des méchants et des libertins, et on ne parle guère que devant les personnes qui ont le cœur gâté par des passions déréglées et l’esprit rempli de mauvaises doctrines. […] Cette intention ne garantit pas des mauvais effets des passions qui triomphent sur le théâtre ; c’est toujours le cœur qui prend le plus de part aux spectacles ; il en est même pour cette raison le premier juge, puisque ce n’est que relativement à l’émotion qu’on y éprouve, qu’on applaudit plus ou moins à la représentation, si on se sent plus fortement ému par le vif intérêt que l’on prend à l’action ; si on se sent transporté sur le lieu de la scène, et comme dans la situation du personnage qui nous attache le plus ; si on l’entend parler, et si on le voit agir comme on parlerait et comme on agirait soi-même, étant animé de la même passion : alors le cœur prononce que le poète et les acteurs ont bien réussi à intéresser les spectateurs. […] On veut être ému et touché par le spectacle ; la scène languit, si elle n’irrite quelques passions, et, quand les acteurs nous laissent immobiles, nous sommes indignés de ce qu’ils n’ont pas su troubler notre repos, ni blesser notre innocence.

213. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Ce Répertoire général est divisé par colonnes, avec ces titres : l. noms des Personnages de la Pièce, 2. qualité des rôles, 3. noms des Acteurs qui doivent les représenter, 4. noms des Acteurs qui les doivent représenter en cas de nécessité. […] Ainsi des autres, chaque rôle étant doublé par l’Acteur en second de celui à qui le rôle est destiné en premier. […] Ce n’était point le talent des Acteurs, qu’ils pouvaient appliquer à d’autres objets, qu’on méprisait ; c’était leurs personnes. […] L’un ne suppose-t-il pas l’autre, et jouirait-on du talent si l’Acteur n’en faisait pas son métier ? […] » Si la Pièce ou l’Acteur les ennuie, ils se contentent de bailler et s’en vont.

214. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Les Acteurs s’èxpriment d’une manière proportionnée à leur rang, & aux passions qu’ils ressentent. […] Il est bien plus naturel que dans l’intervale d’un Acte à l’autre, les Acteurs ayent eu le tems de parcourir certain espace. […] Le seul voyage que tous les Acteurs font de la Thessalie dans une des îsles de l’Archipel, éxige un tems bien plus long. […] Dès que les Acteurs chantans sortent du lieu où se passe l’action, l’Acte est censé fini. […] A peine un petit nombre d’Acteurs ont-ils la liberté de se mouvoir sur le Théâtre, qui devrait être le plus vaste de France.

215. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Quel plaisir d’écouter tes aimables Acteurs, Des plus hautes vertus nouveaux Prédicateurs ! […] L’acteur innocemment y peut jouer son rôle. […] Ses poètes rampants, et ses mauvais acteurs Rebutent, chaque jour, les doctes spectateurs.

216. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

n’y voit-on pas des Acteurs, des danseurs masqués en diables, en sorciers, en magiciens, de la maniere la plus bizarre, la plus affreuse, la plus ressemblante à de vrais démons ? […] Les Sirenes n’ont jamais été plus fameuses que les Actrices ; leurs noms sont passés en proverbe, Sirene & Actrice sont deux synonimes. […] Un Prédicateur en chaire, un Avocat au barreau, un Acteur sur la scène, dansent, parce qu’ils font des gestes. S’ils apprennent à déclamer, sur-tout s’ils prennent leçon d’une Actrice, ils apprennent à danser. […] La nation des Acteurs & des Actrices peut-elle se contenir ?

217. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

La Duclos, célebre actrice, jouant le rôle de Camille dans la tragédie de Horaces de Pierre Corneille, traînoit une longue queue. […] La politesse de l’acteur en fit une farce, & les siflets célebrerent la queue qui avoit fait tomber les graces. […] On verroit avec plaisir une actrice qui meneroit sa queue en cartosse. […] Une actrice chante parfaitement, & réalise encore mieux ce papillonnage. […] Les actrices peuvent-elles s’en passer, le Parterre n’en exige-t-il point ?

218. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Il faut des Acteurs familiarisés avec le vice, qui puissent se livrer à toutes les passions. […] Il prétend, dans sa Préface, & Freron le dit après lui, que Poisson étoit le principal Acteur de la piece, que la mémoire lui manqua, & que pour remplir le vuide il ajouta de son chef des discours & des gestes obscènes. […] Est-il bien difficile dans les comédies les moins licencieuses, que des Acteurs & des Actrices, qui sont le libertinage même, ajoutent de leur chef des obscénités ? […] le cahier de l’Auteur qu’on va consulter contient-il ce que l’Acteur y a mêlé ? […] Est-ce même une beauté de n’avoir que deux Acteurs ?

219. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Leurs Acteurs étoient leurs Prêtres. […] Admirez tout le fiel de cette apostrophe : « Nobles Acteurs de l’Opéra de Paris, ah ! […] Il n’y auroit point d’Acteurs s’il n’y avoit point d’Auteurs. […] L’invention de l’Auteur et; l’adresse de l’Acteur me font plaisir. […] Lucullus donna souvent à tous les Acteurs des robes de pourpre.

220. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

Ceux qui se sont apperçus des défauts du Spectacle moderne, n’auront pu s’empêcher, en le condamnant, de convenir du mérite de ses Acteurs. Plus il est prouvé que le genre naissant des Drames tant applaudis de nos jours s’est écarté des règles reçues, & soulève contre lui la critique & la raison, plus il est démontré que les Acteurs qui le soutiennent & le font valoir, ont des talens rares & supérieurs.

221. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Seconde Lettre. De madame Des Tianges, À sa Sœur. » pp. 21-24

Point de Pièces dont on ne soit rebattu, d’Acteurs qui soient supportables, d’Actrices qui veulent perfectionner leurs talens ; tout est médiocre ou mauvais… Le goût de ton mari n’en est pas moins vif… Qui l’attirerait ?

222. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

On ne croit pas voir sur le théatre un Cyd, un Alexandre véritable ; on sait que ce n’est qu’un vil Acteur, dont la majesté s’évanouit dans les coulisses ; on ne croit pas les hauts faits des Amadis & des Rolands, les hypogriffes de l’Arioste, les prouesses de Fierabras & des Chevaliers de la table ronde, & de cent autres dont le Curé & le Bachelier de Don Quichotte font une si juste & si agréable critique. […] Le talent d’Acteur n’exige pas moins ce caractère double, pour jouer si fréquemment, si aisément, si naturellement, toute sorte de rôles, & tendre comme vraies & profondément senties toute sorte de passions factices. […] Qu’est-ce qu’un Acteur & une Actrice ? […] L’amateur de théatre ne mérite pas plus de confiance dans ce qu’il fait & ce qu’il dit ; il en prend l’esprit & le ton, & devient une espèce d’Acteur qui approprie tout à son rôle. […] Combien de gens qui n’ayant de connoissance de l’histoire que celle qu’ils ont puisée dans des romans & des tragédies, prennent pour des vérités ce que dit un Acteur, d’autant plus aisément qu’il sera plus approprié à nos mœurs, & plus vrai-semblable, & renfermera des choses dont on trouve le fonds dans son cœur & le modelle dans le monde, & qu’on le donne pour véritable, sous le nom imposant de personnes illustres !

223. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

C’est ordinairement le dénouement légitime de toutes leurs intrigues, l’heureux terme des artifices des auteurs & des acteurs, la récompense & le couronnement de deux amants. […] Mais ce ne sont pas les ridicules qui font la honte des rois & le malheur des peuples ; ce sont les passions qui les dominent ; & jamais les auteurs ni les acteurs tragiques & comiques n’en ont guéri aucune, ni dans les princes, ni dans les sujets. […] Tous les suppôts & manœuvres du théâtre, acteurs, actrices, figurantes, danseurs, chanteurs, colporteurs, graveuts, machinistes, valets, &c. […] La piece fût-elle décente, les acteurs vertueux, la seule assemblée qui compose le théâtre est un préjugé contre lui, & devroit le faire éviter.

224. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Sans doute les Actrices sont de vraies Amazonnes ; les aime-t-on moins que les Chevaliers n’aimoient leurs Dames ? […] Quelle kirielle de couples amoureux on feroit, si on suivoit ainsi les Actrices & les spectatrices ! […] Il y a à présent à Paris trois mille filles entretenues (sans compter les Actrices, danseuses, &c. qui sont le modèle des autres). […] Tout l’or que le théâtre fait couler en France, en roulant des spectateurs aux Acteurs & Actrices, & de ceux-ci à l’Artisan & au Marchand, étoit dans le royaume. […] Voilà de belles intentions, bien propres à justifier & le Commerçant & l’Acteur !

225. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

Il y avoit 800 acteurs ou actrices ; le quartier des courtisannes de Rome n’est pas si peuplé. […] Mais comprend-on comment on pouvoit entendre les acteurs & la musique, voir les danses & les gestes, suivre le fil de l’intrigue, le dénouement de la piéce ; car pour les graces des actrices, l’architecture savante des boucles des cheveux, la fraîcheur du rein ; il faudroit un télescope de Londres, au milieu de cette cohue, de ce cahos qui étourdit, qui fatigue, qui assomme l’esprit, l’imagination, les yeux, les oreilles, & fait rire de l’adulation ; qui y trouve un sentiment délicat, & y admire l’éclat des talens & des arts ? […] Les issues pour les sorties, sont multipliées dans toute la galerie extérieure ; la facilité de déboucher pour se rendre aux voitures suppléera à ce qui pourroit manquer à la facilité de la circulation, dans un quartier si fréquenté, trois réservoirs contenant deux cent muids d’eau, sont disposés en cas d’incendie ; les loges très-nombreuses des acteurs sont toutes en briques, & les escaliers le sont en pierre : au dessous de tout est un Palais souterrain pour loger les diables, les furies, & les dieux infernaux. […] Ce théâtre, avec ses accessoires, foyers, coulisses, loges, Parterre, orchestre, occupe six cents cinquante toises superficielles, ce qui fait environ 4000 pieds, sans compter les logemens des Acteurs, & les magasins immenses d’habits, de décorations, de machines ; on y employa les meilleurs ouvriers & les plus habiles artistes en tout genre. […] Il fit promulguer cette loi sur son théâtre au commencement de la piéce mauvaise ploitique, il falloit attendre à la fin, on s’en seroit allé en murmurant, à cette proposition le tumulte fut effroyable, & la révolte générale, on ne voulut pas permettre aux acteurs de jouer, les loges & l’emportement alla si loin, qu’on démolit & qu’on détruisit tous les ornemens de la salle : il fallut supprimer la Loi, tout fut rétabli à grands frais, & l’on revint comme auparavent en ne payant à l’entrée, qu’à proportion du tems.

226. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Même l’on joua un bon quart d’heure la pluie tombant doucement, sans que pour cela ni les spectateurs, ni les acteurs fissent semblant de quitter leur place. […] Mais à bon escient, qui sont ces neuf ou dix acteurs de compte fait, qui effrayés sont depuis morts ? […] Pour nous, qui n’avons bougé de Lyon depuis, nous sommes assurés du contraire, certains que de tous ceux qui étaient présents en l’action, soit acteur, soit spectateur, aucun n’est mort comme ayant été effrayé du foudre, ou du tonnerre. […] [NDE] Echafaud : ouvrage de charpenterie élevé en forme d’amphithéâtre pour y placer des spectateurs et pour le jeu des acteurs (voir Furetière 1690). […] Pour le père latin, en effet, le spectacle du jugement dernier s’oppose à ceux de la terre et les acteurs seront les premiers à brûler en enfer (30, 5).

227. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

y introduisit un Acteur vers l’an du Monde 3530. et quelques-autres depuis les augmentèrent jusqu’à trois. […] L’on y ajouta bientôt des Acteurs, et alors la Comédie eut ses personnages, et ses sujets déterminés ainsi que la Tragédie. […] Ils paraissaient quelquefois sur le théâtre dans les intermèdes, pour divertir et amuser le peuple, pendant que les Acteurs se reposaient ; et ils jouaient une espèce de Comédie muette, représentant par leurs gestes ce qui se devait jouer dans l’Acte suivant. […] Quoique par une superstition affreuse ces Anciens engagés dans l’erreur du Paganisme, fissent entrer la Religion dans tous ces spectacles profanes, ils ne s’y comportaient pas néanmoins avec plus de sagesse, d’humanité et de modestie ; les nudités, les paroles et les postures impudiques, l’effusion du sang des Acteurs, la perte de leur vie, les cruels combats contre les bêtes féroces en faisaient souvent les principales circonstances, et selon eux les plus grands agréments.

228. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

Les Acteurs ne laissent pas d’être frappés d’anathéme, ainsi que vous, en vertu des Canons qui sont en vigueur dans toute l’Eglise. […] Enfin, les Acteurs ne sont point riches, ils n’obtiennent des pensions qu’après vingt années de service ; les contraindre à quitter avant ce terme, c’est les exposer à manquer de subsistance ; ils ne sont point assurés que l’on permettra leur retraite, s’ils l’exécutent sans être avoués, ils ne seront pas pensionnés. […] Il y a une Providence qui veille à nos besoins essentiels ; celui qui nourrit les animaux, qui habille les fleurs de la Campagne, n’oublie pas une créature qu’il a faite à son image & pour sa gloire ; c’est entre ses bras qu’une Actrice doit se jetter, en renonçant aux secours qu’elle recevoit d’une main criminelle ; le nécessaire ne lui manquera pas : si les délices lui sont enlevés, elle doit s’en consoler, puisqu’elle rentre dans l’état d’où elle n’auroit jamais dû sortir.

229. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

Les Acteurs & les spectateurs sont donc bien dépravés ? […] Le principal Acteur représentoit un jeune éveillé qui dans deux ou trois heures débaucha trois femmes & autant de filles. […] Si le théatre n’est pas fait pour inspirer la vertu (quel aveu dans un Comédien auteur & acteur !) […] Quel Auteur oseroit composer, quelle Actrice jouer ce rôle maussade ? […] quel contraste avec une Actrice !

230. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

les Acteurs poussant des cris plus perçans que sur le théatre ! […] Qu’est-ce qu’une boule qui roule sur un plancher pour imiter le tonnerre, quelque poignée de résine enflammée pour contrefaire la foudre & les éclairs, une trappe qui s’ouvre, un homme qui s’enfonce & qui est reçû sur des matelas pour ne pas s’écraser en tombant dans l’enfer, des cordes & des poulies qui enlèvent une Actrice en l’air sur un char attelé avec des chevaux de carton, un monstre de toile qui va dévorer Andromède, un homme qui fort de derriere la toile couvert d’un linceul, qui fait le revenant, que sais-je ? […] La magnificence de nos temples, la majesté de nos cérémonies, la régularité de nos offices, la dignité de nos Ministres, la mélodie de nos cantiques, le pathétique de nos sermons, ne valent-ils pas ces bruyans orchestres, ces ridicules pantomimes, ces chants efféminés, ces danses lubriques, ces décorations licencieuses, ces Actrices immodestes, ces accens passionnés, ces attitudes voluptueuses, dont tout le mérite est d’allumer la passion, de nourrir le vice, d’amuser la frivolité, de fournir le modelle au luxe, l’attrait à la volupté, la facilité au crime, la voie à l’endurcissement, le goût de l’irréligion ? […] il faudroit remonter aux années où l’on avoit le trésor de l’innocence, où l’on aimoit & pratiquoit la vertu ; & pour des Acteurs & des amateurs, c’est remonter au siecle passé. […] On auroit pû lui répondre : Ces hommes n’ont point de femmes, ils entretiennent des Actrices ; ils n’ont point d’enfans, ils sont célibataires ; ils n’ont point d’amis, ils se lient avec des compagnons de débauche ; ils n’ont point de campagne, ils la voient peinte dans des décorations ; ils n’ont point d’exercices, ils regardent des danseurs, &c.

231. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Les actrices ne sont-elles pas des personnes parfaites ? […] De vanité & de molesse ; ce n’est pas même un soupçon, chaque ruban, chaque coup de pinceau l’affiche, toute la personne d’une actrice n’en est qu’un composé. […] Est-ce pour inspirer la vertu au patterre, & pour faire preuve de modestie & de charité, qu’une actrice paroît dévergondée sur le théatre ? […] Une actrice dont tous les regards, toutes les boucles des cheveux, le fard & les nudités ne tendent qu’à blesser le cœur des hommes, blesse assurément le cœur de Dieu. […] Ce cas est rare, communément on vient à la Communion dans un état modeste ; les femmes qui n’ont point de réligion, ne communient pas, celles qui en ont se rendent alors justice, fussent-elles des actrices.

232. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Le voilà Auteur & Acteur célebre, & Chef de troupe à douze ou treize ans. […] Les platitudes, les bouffonneries sont dans le caractere des Acteurs. […] Les premiers acteurs se donnent aussi quelquefois de pareilles libertés. […] Les acteurs, toujours amoureux à l’insu & contre le gré de leurs parents, se revoitent contre eux, & ne veulent point le parti convenable qu’on leur destine. […] Il ne faut s’en prendre qu’aux acteurs dangereux.

233. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Des Duo, Trio & Quatuor. » pp. 329-339

Il faut garder les sons perçans & renforcés, le fortissimo de l’Orchestre pour des instants de désordre & de transports où les Acteurs semblent s’oublier eux-mêmes ; il faut, par une musique douce & affectueuse, avoir déjà disposé l’oreille & le cœur à l’émotion ». […] Les trio, quatuor & quinqué n’ont, ainsi que le duo, un air de vraisemblance qu’en arrivant tout-à-coup lorsqu’un violent sujet de colère, de joye ou de surprise, viendra s’emparer des Acteurs. […] Il est assez désagréable d’être obligé de s’éfforcer à deviner ce que peut dire l’Acteur qu’on écoute.

234. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Ces pièces, dont la simple lecture, faite dans le silence du cabinet, serait capable d’échauffer votre âme, l’embraseraient d’un feu impur lorsqu’elles sont animées par les voix séduisantes des acteurs et par leurs attitudes passionnées. […] Votre présence au théâtre est un sujet de scandale pour les acteurs que vous entretenez dans une profession frappée de tous les anathèmes de l’Eglise, et qui les voue à l’infamie publique ; c’est pour vous plaire que ces insensés se séparent de la communion des fidèles, qu’ils s’éloignent des sacrements et qu’ils seront peut-être à la mort privés de la sépulture ecclésiastique. […] Ce sont ordinairement des esprits légers, des hommes inutiles, des époux qui, fatigués de leurs querelles domestiques, seraient chez eux des acteurs peut-être plus tragiques et plus comiques que ceux qu’ils vont voir.

235. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Sur le théâtre paroissent encore des Acteurs & des Actrices, dont tout l’art consiste à transporter aux spectateurs les mouvemens vicieux qu’ils éprouvent, par des discours séduisans, une musique lascive, des chants mous & efféminés à la louange des Dieux & des demi-Dieux des Payens, des gestes expressifs, des peintures naïves, des portraits parlans & animés, des parures riches, pompeuses, immodestes & plus ou moins indécentes, suivant que l’exige la scene. […] Lorsque les spectacles sont une occasion prochaine de péché mortel, quoiqu’on ne s’y trouve qu’à regret & par nécessité : c’est, dis-je, un péché mortel dans ce premier cas, 1°. parce qu’on autorise les acteurs par sa présence ; 2°. parce que l’on contribue à leur entretien, & que l’on coopere par conséquent au péché qu’ils commettent en représentant : s’il n’y avoit point de spectateur, il n’y auroit point d’acteur ; 3°. à cause du scandale ; 4°. à cause de la perte du tems ; 5°. par rapport au mauvais emploi de l’argent, qui est dû aux pauvres, s’il est superflu, ou aux autres besoins, s’il est nécessaire ; 6°. parce qu’on s’y expose presque toujours à l’occasion prochaine, & au danger presqu’inévitable d’offenser Dieu ; 7°. parce qu’en s’exposant ainsi à l’occasion prochaine de pecher, on tente Dieu ; 8°. parce qu’on fait une action que l’on ne peut rapporter à Dieu, & qui est directement contraire à l’esprit du christianisme, qui est un esprit de vigilance, de priere, de recueillement, de pénitence ; 9°. parce qu’on viole les loix de l’Eglise, qui condamnent les spectacles & ceux qui les représentent. […] Je vous avoue, répondit la Princesse, que quelque gaie que je sois en allant à la comédie, si-tôt que je vois les premiers acteurs paroître sur la scene, je tombe tout-à-coup dans la plus profonde tristesse ».

236. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Puis se tournant vers Thespis, premier Acteur : un homme à talent comme vous, lui dit-il, ne devroit-il pas rougir de prononcer toutes ces bouffonneries devant tant de monde ? […] Un Ecrivain pour lui répondre a rempli plusieurs Mercures de l’éloge, des graces, des talens, & sur-tout de l’héroïque chasteté des actrices. […] Nougaret, la vue des actrices, les femmes qui remplissent les loges, tout porte assez à l’amour, sans qu’il soit nécessaire de composer des drames dont l’intrigue agréable & galante, le style léger & délicat nous invitent à nous livrer à cette passion. […] C’est sur ces impertinens amphigouris que nos Musiciens épuisent leur goût & leur savoir, & nos Acteurs leurs gestes & leurs poulmons. […] Rousseau prétend que l’Acteur qui joue si bien le rôle de frippon sur le Théatre pourroit ailleurs mettre à profit son adresse, & prendre la bourse de son maître pour celle de Valere : il a malheureusement raison.

237. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

Par la suite, pour réveiller la monotonie de ces chansons, Thespis introduisit un acteur qui faisait quelques récits ; il allait de bourg en bourg. […] Eschyle augmenta le nombre des acteurs pour former des dialogues. […] Dans les unes, les acteurs portaient la robe prétexte d comme représentant les actions de ce qu’il y avait de plus distingué dans la républiquee. » Dans d’autres, on représentait les actions des gens de la lie du peuple qui fréquentaient les cabarets. […] Ayant su qu’un acteur nommé Stéphanion avait pour serviteur une femme déguisée en garçon, il le fit fouetter sur les trois théâtres de la ville, et il le bannit.

238. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

Ils n’étoient alors, comme à présent, que des serviteurs aux ordres des acteurs. […] Il y a encore, à la vérité, des Auteurs qui lisent mal, mais il déclament bien ; & j’en ai connus qui donnoient de bonnes leçons aux Acteurs, quoiqu’ils lussent sans grace.

239. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XIII. S’il est nécessaire qu’une Pièce de Théâtre plaise autant à la lecture qu’à la représentation. » pp. 359-363

Jettez les yeux sur la prémière Tragédie de Corneille ou de Racine, voyez comme ils mettent dans la bouche de leurs Acteurs toutes les figures de la Rhétorique. […] Ecoutons ce fameux Philosophe, « La Tragédie ne laisse pas de conserver toute sa force sans représentation & sans Acteurs62… Peu importe à une Pièce que l’Acteur manque de bien jouer son role63… de plus, la Tragédie fait son éffet seule & sans tous ces mouvemens64. » On conçoit qu’Aristote veut dire, qu’une Pièce doit se soutenir par les choses qu’elle contient, par la manière dont son stile expose & développe les sentimens, les passions des Personnages : ce qu’il adresse à la Tragédie se rapporte également à toutes les espèces de Drames quelconque.

240. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

» Quand l’intrigue agréable et le style léger et délicat des drames n’inviteraient pas les spectateurs à se livrer à l’amour, la magie du spectacle, la vue des actrices et des femmes qui remplissent les loges, ne les portent-elles pas déjà trop efficacement à cette funeste passion ? Peut-on dire qu’on est indifférent à la vue des actrices qui possèdent si bien l’accent du cœur ? […] « Voilà pourquoi, dit Voltaire, les acteurs jouent mieux les rôles d’amour que les rôles héroïques. Vous trouverez vingt acteurs qui plairont dans Andronic et dans Hippolyte, et à peine un seul dans Cinna et dans Horace. » Or, comment des actrices toutes dévouées à la volupté, et la prêchant sans cesse, ne l’inspireraient-elles pas ?

241. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Patavii 1630 On trouve dans la Bibliothèque du Roi cet Ouvrage Latin, dont le titre signifie en Français, Avertissement aux Acteurs et aux Spectateurs des Comédies, composéb par François Marie del Monaco Sicilien de la Ville de Drapanoc, Docteur en Théologie, de la Congrégation des Clercs Réguliers, imprimé à Padoue en 1630. […] Il faut remarquer que les Italiens ont deux sortes de Comédiens, savoir des mercenaires dont je viens de parler ; et des domestiques, dont les Acteurs sont des personnes de famille qui ne gagnent pas d’argent à jouer. […] [NDE] Nicolo Barbieri (1576-1641), acteur et auteur dramatique italien, créateur de personnages de la Commedia dell’arte (Beltrame, Scapino). […] [NDE] Pier Maria Cecchini (1563-1645), acteur de la Commedia dell’arte et auteur de deux pièces de théâtre et de nombreux autres écrits, notamment : Brevi discorsi intorno alle Comedie Comedianti et spettatori, dove si comprendo quali rappresentazioni si possino ascoltare et permettere. 1616. […] [NDE] Giovan Battisti Andreini (1576 ou 1579-1654), acteur de la Commedia dell’Arte, est également un auteur dramatique prolifique.

242. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Médard ; on n’y trouve aucune Rosiere, les actrices ne sont pas de Salenci, & n’aspirent point à la Rose. […] Ce drame, fort inférieur à celui de Favart, l’ami, le maître, le modele du Marquis, & bien plus indécent, a comme lui métamorphosé les Salenciennes en actrices. […] Le souffle empesté du théatre souille les choses les plus saintes, corrompt les cœurs les plus innocens : d’une fète édifiante il en fait un libertinage scandaleux, & des filles les plus sages autant d’actrices. […] Les paysannes ne sont, ni poudrées, ni frisées, ni à cheveux flottans en grosses boucles : cette parure n’est connue qu’à la toilette des actrices. […] Les arietes sans nombre qu’on met dans la bouche des acteurs, selon le génie italien, ne sont certainement pas du caractere des paysans, ni pour la musique, ni pour la poësie.

243. (1833) Discours sur les spectacles « [Discours sur les spectacles] » pp. 3-16

qu’elle était puissante pour la vertu la voix de cet homme qu’un prélat voulut convertir parce qu’il était acteur, et dont le grand homme disait qu’il l’aurait décoré s’il n’eût pas craint les sots préjugésb. […] Les intérêts de la religion ne sont donc pour rien dans la prohibition du spectacle : le vrai motif des anathèmes de l’Église de France contre les acteurs et la comédie, c’est la perte du monopole, d’une influence acquise, le dépit de ne plus pouvoir jouer les autres, et la douleur de se voir jouer soi-même. […] Gardons-nous de proscrire ceux que St Paul allait entendre à Éphèse, et que parmi nous, le grand homme faisait asseoir à sa tablet, et puisque les vertus d’un acteur ne doivent pas être d’un moindre prix aux yeux de Dieu que celles de tout autre citoyen, ne faisonsu point à la cendre de ceux dont le cœur est rarement insensible au malheur, les devoirs que la religion et l’humanité réclament pour tous les hommes indistinctement. […] [NDE] Acteurs du Théâtre français.

244. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

Jésus-Christ paraîtrait sur le théâtre en la personne d’un acteur, d’une actrice effrontée, gens infâmes, même selon les lois des hommes ! […] N’est-ce pas là que, par des peintures vives qu’on y fait, les passions s’excitent dans notre âme, et que le cœur, bientôt capable de tous les sentiments qu’un acteur exprime, passe tour à tour de la tristesse à la joie, de l’espérance à la crainte, de la pitié à l’indignation ? […] n’est-ce pas là en un mot que le cœur, se voyant lui-même dans celui qui paraît épris d’un objet séduisant, devient aussitôt un acteur secret, qui, tandis qu’on joue une passion feinte, en éprouve lui-même une véritable ?

245. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Les Magistrats se sont radoucis, ils sont presque tous amateurs, quelquefois même Auteurs & Acteurs. […] Il espere sans doute trouver des Actrices de l’âge d’or. […] Cette belle simplicité fait honneur aux mœurs pures, au cœur toujours vertueux du Prélat, qui ne sait pas même soupçonner le vice dans des Actrices. […] Ce sont de grands acteurs qui pleins de leur rôle le jouent avec plus d’action & de feu. […] A quelques Acteurs, Auteurs ou Amateurs près, qui en sont enthousiasmés, & qui l’élévent, jusqu’aux nues, Moliere dans le public n’est estimé que ce qu’il vaut.

246. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

L’Acteur invite à s’affliger, non pas à donner du secours aux misérables. […] Vous avez commencé de sentir la vérité lorsque dans le temps que vous vouliez les honorer par les jeux du théâtre, vous avez déclaré infâmes les Acteurs qui les représentaient. […] Voilà un bon Acteur, vous l’aimez, vous lui applaudissez, vous vous dépouilleriez pour lui, vous le regardez comme votre fils. […] Vous vous plaisez à voir les Acteurs : malheur à vous, si vous ne vous corrigez. Qui voit les Acteurs avec joie, ne verra le Sauveur qu’avec douleur : « Videbunt Salvatorem, et contristabuntur. » (Epist.

247. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Les acteurs et les actrices mènent ordinairement une vie très-déréglée. […] Quels dangers dans le jeu passionné et indécent des acteurs, et dans la licence ou l’immodestie souvent plus criminelle des spectateurs ! […] Jésus-Christ paraîtrait sur les Théâtres, en la personne d’un acteur ; d’une actrice effrontée, gens infâmes, même selon les lois des hommes ? […] Et quel sera même l’effet de ces deux pièces admirables de Racine, toutes les fois qu’elles se trouveront comme dénaturées par des acteurs qui sont habituellement les organes de la volupté ? […] Nous instruisons un moment, mais nous avons longtemps séduit ; et, quelque forte que soit la leçon de Morale qui termine la pièce, le remède est trop faible et vient trop tard. » Louis Riccoboni, célèbre acteur du Théâtre italien de Paris, auquel il renonça par principe de religion, convient, dans l’un de ses ouvrages imprimé en 1743 et 1767, que, dès la première année qu’il monta sur le Théâtre, il ne cessa de l’envisager du mauvais côté.

248. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Saint Jean Chysostome s’emporte avec son zéle ordinaire contre le peuple d’Antioche, qui malgré ses avertissemens réiterés, fréquentoit toujours les Spectacles : vous courez à l’Amphithéâtre où l’on voit des danses immodestes, où 1 l’on entend des Acteurs qui sont les organes de Satan. […] César en les protegeant avoit rendu les Acteurs d’une insolence1 à se faire redouter ; elle augmenta par dégrès jusqu’au régne de Tibere, qui crut d’abord pouvoir la reprimer, en défendant2 aux Sénateurs l’entrée de leurs maisons, en statuant qu’un Chevalier n’auroit plus la liberté de s’en faire accompagner dans les rues ; mais que l’on se contenteroit de les voir sur le Théâtre. […] Après plusieurs plaintes inutiles, on a cité tous les Acteurs & Actrices au Consistoire, qui est une maniere d’Inquisition.

249. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

La plupart des noms des Acteurs sont forgés exprès pour faire rire par quelque idée ridicule. […] L'art dramatique n'est que l'art de ramasser, de combiner, d'inventer, de lier des folies, et l'art de l'Acteur celui de les peindre, et le plaisir du spectateur de les voir, de les goûter, de s'en amuser, ou l'art d'embellir, de dire et de faire agréablement des extravagances. […] Il l'est si bien et si unanimement reconnu, qu'il est devenu un proverbe, c'est une comédie, c'est une farce, c'est un Comédien, une Actrice, cela est comique, etc. […] Dans cette troupe de Comédiens on n'aurait qu'à choisir et combiner les diverses espèces de folie, on ferait aisément une pièce régulière : voilà des Acteurs tout formés qui joueraient d'après nature. Ce serait un spectacle curieux, et digne du grand Corneille et de l'incomparable Molière, qu'une pièce formée de ces divers morceaux, et une troupe composée de ces Acteurs ; on verrait que les petites maisons et l'Hôtel ont une étroite liaison.

250. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Porée3 ne les jugeait pas mauvais de leur nature, mais tels qu’ils sont parmi nous ; et cela par la faute des Auteurs, des Acteurs et des Spectateurs, et principalement de ces derniers. […] Dès- ors plus d’Acteurs ou d’Entrepreneurs qui osassent se renfermer dans ces bornes étroites et modestes que nous leur prescrivons. […] Il va plus loin11 : il soutient que « les sentiments les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des Acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du Spectateur même le plus indifférent ». […] Vous venez de voir que, suivant la pensée de Riccoboni, les sentiments les plus corrects changent de nature en passant par la bouche des Acteurs : bien entendu qu’il y comprend aussi les Actrices, à qui il nous apprend13 qu’Innocent XI défendit de monter jamais sur aucun Théâtre ; c’est nous dire assez qu’à Rome on est sur cet article plus sévère qu’en France.

251. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. Des différens genres qu’embrasse le nouveau Théâtre. » pp. 14-20

Les Acteurs du nouveau Théâtre voudraient le faire changer de forme. J’avertirai les jeunes Poètes, que je fais de bonne part que les Acteurs du nouveau Théâtre ont résolus de préférer les Poèmes dont le genre serait un peu relevé.

252. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

On vient de donner une Pièce célèbre, dans laquelle l’Acteur qui fait le rôle de Saint-Albin a mis un intérêt, une chaleur, une intelligence qui lui ont concilié tous les suffrages. J’ai vu dernièrement encore, une représentation de la Mérope, qui ne laissait rien à desirer, que plus de jeunesse à l’inimitable Actrice, dont le Théâtre ne réparera que difficilement la perte.

253. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IV. Du Clergé considéré comme protecteur et fondateur des Comédiens du troisième âge en France, et comme en ayant lui-même exercé la profession. » pp. 113-119

Ces sortes de comédies étaient pour la plupart représentées dans les églises mêmes, ou sur des théâtres construits dans des couvents de moines ; c’est là que des ecclésiastiques de tous grades intervenaient comme acteurs dans ces représentations religieuses, ainsi que dans ces fameuses processions trop souvent licencieuses, quelquefois obscènes et n’offrant que des farces du plus mauvais goût. […] sans faire attention que les théâtres sont protégés par les gouvernements, et que la profession de comédien est approuvée par les souverains et par le pape, des prêtres rigoristes par ignorance, et entêtés par fanatisme, fulmineraient contre les acteurs une excommunication injuste en les privant des prières et des honneurs de l’église, et en leur refusant la sépulture en terre sainte !

254. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

la modestie & le recueillement des gens de bien à l’Église, les nudités, l’effronterie des Actrices sur la scène, la piété des cantiques, la sainteté des Sermons, & l’orgueil du tragique, la licence du comique ; l’un est l’ouvrage de la grâce, & mène à la vie, l’autre est le chef-d’œuvre du vice, & conduit à la mort. […] Ce mêlange parut d’une manière frappante dans le Czar Pierre par les scènes bisarres, indignes de lui, qui le dégradoient, & le faisoient passer du trône d’un grand Prince au tabarinage des trétaux d’un Arlequin ; sa Cour étoit un théatre, comme il étoit l’Acteur le plus comique, il y jouoit tour à tour les rôles d’Empereur & de Valet, de Ministre & de Scaramouche ; nous en avons rapporté bien des traits en divers endroits de cet ouvrage : en voici qui n’a point d’exemple dans l’histoire. […] Les Actrices sont de nouvelles Eve, que le serpent a séduite, seroit-ce même trop dire d’assurer qu’elles sont de nouveaux serpens qui perdent le genre humain. […] les Actrices ne sont-elles pas baptisées ? […] Jamais une vierge n’a imaginé de se farder pour plaire, pour inspirer des désirs, pour avoir des amans ; ces moyens sont peu efficaces pour conserver la pareté, les Actrices qui se serviront de l’essence virginale seront toutes vierges. 2.° Les Perruquiers vont de pair avec les Médecins, ils sont devenus Censeurs des médicamens & donnent leurs approbations légales à des essences ; celle-ci peut intéresser la santé, puisqu’elle fait rentrer les boutons, ce qui doit altérer la masse du sang ; des boutons rentrés peuvent occasionner des maladies.

255. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

On est d’abord tenté d’imputer à l’acteur ce style sale emprunté de la Grenouilliere d’où il est peut-être venu, & qu’il emploie par habitude ; & dans tout ce qui se joue sur canevas aux Italiens, à la Foire, aux Boulevards, cette noble extraction n’est pas douteuse. […] Les horreurs du théatre de Crébillon rendent brutal, cruel, en porté, sanguinaire ; les friponneries des acteurs de Moliere & de Regnard secouent les scrupules de la probité & la justice, apprennent & font imaginer une infinité de tours d’adresse pour s’emparer du bien d’autrui. Sur-tout cette fatale passion de l’amour, qui regne sur le théatre, cette passion si naturelle, si commune, si violente ; quel désordre ne cause-t-elle pas, lorsqu’armée des attraits & de la parure des actrices, de la licence des discours & des gestes, d’une danse voluptueuse, des chants efféminés d’une société libertine, elle livrera les plus dangereux assauts ?

256. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Il serait ridicule de voir un Acteur attendre pendant long-tems que son tour vienne de répondre, ou discourir avec gravité & sans prendre haleine, comme s’il prononçait une harangue. […] Quand je recommande qu’on ait soin de faire paraître le Dialogue vraisemblable, je veux dire, qu’il soit naturel que les Acteurs s’entretiennent dans le lieu & dans l’instant où vous les faites parler. Qu’il paraisse, que ce sont les seuls Acteurs qui parlent au Théâtre.

257. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

De prêter l’oreille à des Acteurs encore jeunes, ou même bégaiants ? […] Oui, j’ose m’en prendre d’abord au Chef même des Auteurs & des Acteurs de notre Scéne. […] Dira-t-on que tant de meurtres si déplorables se sont sans crime de la part des Acteurs ? […]   Mais que veut-on que fassent les Acteurs pour être innocens ? […] Les Acteurs s’étudieroient-ils à tant de rafinement pour amollir leur jeu.

258. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Aussi que fait un acteur lorsqu’il veut jouer véritablement une passion, que de rappeller, autant qu’il peut, celles qu’il a ressenties ? […] Chrétiens, reprend Tertullien de concert avec saint Chrysostôme, vous oserez lever au Ciel ces mains que vous venez de fatiguer en applaudissant à un acteur ? […] C’est la maniere dont on a toujours regardé les acteurs du théâtre dans le Paganisme. […] Quel est l’objet des acteurs : celui même de ceux qui vont aux spectacles ? […] De quelle maniere a-t-on toujours regardé les acteurs ?

259. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Et par la suite, pour réveiller la monotonie de ces chansons, Thespis introduisit un Acteur qui faisoit quelques récits. […] Eschyle, qui vivoit vers l’an du Monde 3508, augmenta le nombre des Acteurs, pour former des dialogues. […] Les Acteurs jouoient d’imagination sur un scenario, dont ils convenoient. […] Ces Acteurs jouoient toutes sortes de sujets tragiques & comiques, sans rien prononcer. […] Le même Auteur trouve encore plus dangereux les Romans François. « Quels en sont, dit-il, les Acteurs ?

260. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

N’est-ce pas là que toutes les passions se trouvent à l’aise, et qu’elles rencontrent tout ce qui peut leur plaire, et les favoriser ; de sorte que les maximes du monde et les pompes de Satan se représentent à tout instant, et comme l’embellissement des Théâtres, et comme le principal objet des acteurs ? […] Et pourriez-vous en supporter la vue au milieu de ces Acteurs profanes et scandaleux, qui, par leurs gestes, par leurs paroles, par leur immodestie, ne cherchent qu’à vous distraire de ce grand objet ? […] c’est là, vous le savez, qu’ont commencé tant de divorces qui mettent une misérable Actrice à la place d’une légitime Epouse, qui ruinent des familles entières, et qui sont des objets continuels de gémissements ; c’est là que des regards lascifs entraînent le cœur, et que l’âme devient coupable d’adultère. […] Qui est-ce qui peut ignorer qu’il empoisonne tout ce qu’il offre au public, et que les Tragédies, même les plus saintes, en passant par la bouche de ces acteurs justement flétris par la Religion et par les lois, deviennent des occasions de se perdre ? […] Alors on craignait jusqu’à l’ombre du mal ; alors on regardait le Théâtre comme une source empoisonnée, et ceux qui en étaient les Acteurs comme les Sacrificateurs du Démon.

261. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Ces hommes amoureux d’une Actrice, d’une Soubrette, sont-ils plus délicats ? […] Il passe du théatre à son camp volant, & quittant l’Actrice, il va donner dans une embuscade, & ne pense pas que c’est sa conduite qui donne la plus ridicule comédie. […] Il est vrai que ce Prélat, qui étoit un grand Acteur, qui aimoit éperdument les spectacles, qui composoit & payoit bien cherement des drames, fut aussi très-aise de les faire jouer ; mais il n’est pas moins vrai que c’étoit un instrument de la politique dont le Duc fut un peu la dupe. […] Lui-même traite tout cela de comédie, & il ne pensoit pas qu’il étoit le principal Acteur. […] Tout le monde sait qu’après son abdication, cette Reine fameuse, si enthousiaste du théatre & si grande Actrice, se montra dans une grande partie de l’Europe, avant de se fixer à Rome où elle finit ses jours.

262. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Chaque théatre a son conseil bien pensionné, sans compter l’entrée gratuite au spectacle, & le revenant bon des faveurs des Actrices. […] Le grand art, le vrai succès, le chef-d’œuvre du théatre, est de transformer le spectateur en secret Acteur, qui joue au-dedans de lui-même les passions qu’il voit jouer. […] Que sont des Actrices, que sont des danseuses ? […] Quelle comparaison avec les graces, les artifices, la licence d’une Actrice ! […] Rien ne peint mieux le goût François que le compliment fait par une Actrice pour prévenir favorablement le public dans une piece composée par une femme, qui quoique médiocre ne put à ce titre manquer de réussir.

263. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

L’exercice d’un Acteur est donc celui du vice, & toute sa vie se passe en cet exercice, il n’a presque rien autre chose dans l’esprit. […] Toutefois l’inconvénient étoit moindre pour les Spectateurs qui voyent aujourd’hui paroître sur la scéne des Actrices vêtues avec une pompe & un art enchanteur, qui joignent toute la beauté & toutes les graces aux parures indécentes ; le maintien, la demarche, le son de la voix, les regards passionnés, tout parle, tout émeut en elles, dit S. […] Les Acteurs & Actrices ne sont pas les seuls objets séduisans que l’on doive craindre en courant aux Spectacles, les hommes & les femmes qui s’y rassemblent en foule, sont aussi, selon Saint Clement d’Alexandrie1 des piéges les uns pour les autres. […] Si vous louez un Acteur ; d’où vient n’oseriez-vous embrasser sa profession ?

264. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

Cyr dans la plus exacte décence : pièce sainte, nulle intrigue d’amour, actrices les plus modestes, nul mélange de sexe, compagnie la plus respectable, maison Religieuse, fondatrice distinguée par sa piété. […] Une Troupe n’oserait les recevoir pour Acteurs ; pourquoi les admettre pour Auteurs ? […] Qui connaît mieux les anecdotes théâtrales, qui y fournit plus de matière, qui lit plus régulièrement les pièces, juge plus hardiment, prononce plus décisivementc, qui sent, qui goûte mieux le jeu des Acteurs et les grâces des Actrices, que ceux que leur état devrait y rendre les plus étrangers ? Pour les pièces de Communauté ou de Collège, ce sont les spectateurs les plus bénévoles et les meilleurs acteurs.

265. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

On a beau couvrir les acteurs & les spectateurs d’or & d’argent, ce sont des enfans qui vont à cheval sur un bâton, & des enfans qui s’en occupent bien plus à plaindre que des enfans. […] On a même vu l’acteur marcher à quatre pieds, & contre-faire la bête ; & c’est un grand Philosophe, bien supérieur à Moliere par les talens, par les mœurs, par la pureté de la morale, par la religion même, quoique fausse, puisque Moliere n’en avoit aucune.

266. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  TABLE. DES MATIERES. Et des Personnes dont il est parlé dans les deux Volumes. » pp. 567-614

Art de cette Actrice, a, 26. […] Définition du jeu d’un Acteur, 87. […] Exemple de la passion des Romains pour les talens des Acteurs, 53. […] Effets du jeu des Actrices sur le Théatre, 28. […] Sur les Acteurs Atellanes, 30.

267. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Richelieu avait une troupe d’Auteurs, aussi bien qu’une troupe d’Acteurs, à ses gages, leur fournissait des sujets, leur traçait des plans, composait des scènes. […] Ainsi sous les auspices et par les soins du Clergé s’introduisit parmi nous un nouveau genre de spectacle qui n’est pas le moins dangereux, et où les Actrices, danseuses, etc. ne sont pas les plus intraitables. […] D’Amboise, Lorraine, Tournon, Ximenès, même Wolsey en Angleterre, Cardinaux et Ministres d’Etat, comme eux, ont-ils érigé des théâtres, ceint leur front des lauriers du parnasse, et employé les revenus de l’Etat à soudoyer des Poètes comiques et des troupes d’Acteurs ? […] Ses propres pièces n’étaient pas moins dignes de censures, la fondation même d’un théâtre dans sa maison, les pensions des Auteurs et des Acteurs, sa protection déclarée, étaient du côté des mœurs une hérésie de conduite plus condamnable que le livre le plus séduisant. […] Leur vie est une comédie perpétuelle, ils passent tous les jours, sans en apercevoir le contraste, de l’Eglise au bal, du sermon à la comédie, d’un service pour les morts à l’opéra, d’une messe pour les calamités publiques aux farces de la foire ; hommes d’état et petits-maîtres, les affaires et le jeu, le tribunal et la toilette, le bâton de commandement et une Actrice, partout jouant leur rôle, licencieux et dévots, riant et pleurant, invoquant Dieu et l’amour, Vénus et les Saints.

268. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

En celle-ci, où il y a des acteurs et des spectateurs et auditeurs, il n’est pas malaisé de connaître le but et la fin des uns et des autres. Les Acteurs ont pour but de donner du plaisir et du passe-temps aux spectateurs, et en tirer, du gain et du profit. […] A quoi se rapporte ce que Cicéron écrit, que l’ancienne Grèce a sévèrement puni les acteurs de telles fables. […] Il est vrai que lors en plusieurs lieux on nourrissait les acteurs de ces déshonnêtes voluptés : mais tout était rempli et gorgé de biens. […] Comprendre : qu’on oblige ces gens (les acteurs) à se comporter comme ils le doivent.

269. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Rousseau venoit de porter contre les Auteurs, les Acteurs & les Spectateurs Scéniques. […] Les Acteurs & les Actrices. […] Une Actrice se croit fille de conséquence.  L’Acteur se perd par sa fatuité. […] Dans l’In-promptu des Acteurs.

270. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

On n'y reconnaît plus ces Anciens Prêtres, Ministres de l'Idolâtrie, comme Souverains Pontifes, ce n'est plus à l'honneur de quelques fantastiques Divinités que nos Poètes et nos Acteurs consacrent leurs travaux, ni qu'ils rendent des actions de grâces, quand ils y reçoivent des applaudissements ; Tous leurs soins ne vont qu'à complaire à la Cour de France et à la Ville de Paris, et leurs remerciements ne sont que pour les bienfaits dont nos Princes les honorent. […] Il en est arrivé de même des Poèmes Dramatiques : car depuis qu'ils ont été retirés des Théâtres anciens consacrés aux faux Dieux, ils n'ont plus été considérés comme une invention des Démons, et n'ayant plus rien de leur vieille et criminelle vénération, ils sont donnés au public, et portés jusques dans le Palais des Rois, sans aucun scrupule d'Idolâtrie ; On les regarde seulement comme les Chefs-d'œuvre d'un bel esprit ; et une parfaite imitation de la vertu des Héros, et tout ce que l'on y peut admirer sont les inventions du Poète, et le beau récit des Acteurs.

271. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

Après l'éclaircissement de ces vérités, touchant les choses qui se pratiquaient dans le Théâtre des Romains, il sera facile de montrer que la juste censure des premiers Docteurs de l'Eglise, ne regardait point les Acteurs des Comédies et des Tragédies, mais seulement les Scéniques, Histrions, ou Bateleurs, qui par la turpitude de leurs discours et de leurs actions avaient encouru l'indignation et de tous les gens de bien, l'infamie des Lois, et l'anathème du Christianisme ; Il ne faut qu'examiner les paroles qu'ils ont employées en cette occasion, et qui nous en peuvent aisément donner toute assurance. […] Le Concile de Milan ordonne bien que l'on chasse les Histrions, les Mimes et Bateleurs, et tous les gens de cette sorte abandonnés au vice, et que l'on soit sévère contre les Hôteliers, et tous ceux qui les retirent, mais il ne dit rien contre les Acteurs des Comédies et des Tragédies qui n'ont jamais été traités de même sorte.

272. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Les Modernes nous ont présenté sur la Scène les Acteurs, tels que la nature les a faits, et non défigurés par les cothurnes, par les masques et même par la voix, dont le son n’était jamais naturel sur les Théâtres d’Athènes et de Rome ; car il fallait la proportionner à la figure agrandie des personnages, et à la distance des Spectateurs. Ajoutons que le Théâtre moderne mérite toute préférence, par la commodité qu’il procure aux Acteurs, aussi bien qu’aux Spectateurs : les premiers peuvent exprimer les sentiments et les passions dans les tons convenables et naturels : les seconds sont à portée de concevoir toute la force et toute la finesse de l’expression ; puisque les Théâtres modernes ne sont pas, à beaucoup près, si vastes que les Théâtres des Anciens, ni exposés au grand air, comme ils l’étaient.

273. (1761) Lettre à Mlle Cl[airon] « [frontispice] »

CL****,ACTRICE DE LA COMÉDIE FRANÇOISE.

274. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

De jeunes Romains en étaient les Acteurs. 2. […] Les Comédies appelées d’un nom qui répond a notre bas-comique ; dont les Sujets & les Personnages étaient pris du bas-peuple, & tirés des tavernes : (tels sont plusieurs de nos Opéras-comiques) : les Acteurs y jouaient en robes longues, sans manteaux à la Grecque. […] Celles qu’on nommait Togates, où les Acteurs étaient habillés de la Toge. […] Les Acteurs y paraissaient avec l’habit de cérémonie nommé Trabée, & y jouaient des Triomphateurs, des Chevaliers.

275. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

Le coup de sifflet est sur-tout choquant lorsque le Théâtre change de face au milieu d’un Acte, par un pouvoir surnaturel, ou lorsqu’un Acteur est supposé passer dans un lieu différent. […] Ne semble-t-il pas que ce maudit sifflet s’adresse à l’Auteur du Drame, ou aux Acteurs qui viennent de représenter ?

276. (1705) Traité de la police « Chapitre II. De l’origine des Histrions, des Troubadours, des Jongleurs, et des autres petits spectacles qui ont précédé en France l’établissement des grandes pièces de Théâtre, et des Règlements qui les ont disciplinés. » p. 436

Dans ce débris tous ceux de cette profession se séparèrent en deux différentes espèces d’Acteurs ; les uns sous l’ancien nom de Jongleurs, joignirent aux instruments le chant, ou le récit des vers. […] n’est pas que l’usage de ces spectacles se perdit ; mais les principaux d’entre les Acteurs s’étant adonnés à faire plusieurs tours surprenants et périlleux, avec des épées et d’autres armes, on commença de les nommer Batalores, et en Français Bateleurs : ce nom a depuis passé à tous les autres Histrions ou Jongleurs, et ils n’en ont point d’autres aujourd’hui.

277. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 —  TABLE DES CHAPITRES.  » p. 196

Immodestie des Actrices.

278. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Les embellissemens qu’il y ajouta ne consistoient guère que dans les habillemens des Acteurs, & la construction d’un Théâtre plus commode. […] Eschyle dans le chœur jetta les personnages ; D’un masque plus honnête habilla les visages, Sur les airs d’un Théâtre, en public exhaussé, Fit paroître l’Acteur d’un brodequin chaussé. […] ) qui mit deux Acteurs sur la scène, car il n’y en avoit qu’un avant-lui.

279. (1675) Traité de la comédie « XVI.  »

Car la fin qu'ils se proposent est de plaire aux spectateurs, et ils ne leur sauraient plaire qu'en mettant dans la bouche de leurs Acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu'ils font parler, ou à qui ils parlent.

280. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Le titre des pieces est aussi François que le langage, l’intrigue, le dénouement ; les hommes à la mode, les liaisons du jour, les acteurs de société, &c. […] Bon, les vrais Apôtres sont des actrices, l’Evangile, c’est l’opéra bouffon ; enfin, le 16 Juin 1771, trois mois après, le théatre étant fini dans la ville de Bastia, on en fit solemnellement l’ouverture & la dédicace, le Gouverneur, les Magistrats en robes de cérémonie, la Noblesse, la Bourgeoisie s’y rendirent, il y eut le plus grand concours ; ce ne fut d’abord qu’une troupe Italienne, en attendant la troupe Françoise, elle s’est faite attendre quelques mois, c’étoient des siécles, quelle impatience ! […] Les Gazettes ont annoncé ce grand événement ; elle a enchanté tout le monde, non par des pieces sérieuses, mais par des opéra bouffons, où la nouvelle actrice, la Caille, distinguée par une voix agréable, plaira bientôt aux Corses, par d’autres attraits. […] De Marseille, 17 Avril 1772, bien aprécié, veulent dire qu’une poignée de Négociants de Marseille, qui trafiquent au Levant, & qui ont un Comptoir à Smirne, & un Consul de leur Nation, avec leurs commis, facteurs, courtiers, matelots, (quel auteur, quels acteurs, quels juges !) […] C’est le rôle des acteurs.

281. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVI.  »

Le but même de la Comédie engage les Poètes à ne représenter que des passions vicieuses : car la fin qu' ils se proposent est de plaire aux spectateurs, et ils ne le sauraient faire qu'en mettant dans la bouche de leurs acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu'ils font parler, et à ceux des personnes devant qui ils parlent.

282. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Pour donner une idée de ces immoralités, nous allons citer un passage du désespoir de saint Joseph, que les acteurs religieux de ce siècle représentaient comme un martyr de la jalousie que lui causait la grossesse de son épouse : « Elle a été trois mois entiers Hors d’ici, et au bout du tiers Je l’ai toute grosse reçue : L’aurait quelque paillard déçue, Ou de fait voulu efforcer ? […] C’est ainsi que la lutte cessa d’être apparente ; mais, rivaux irréconciliables, les acteurs et les prêtres ne vivront jamais dans une paisible harmonie.

283. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Ce ne sont que des acteurs qui changent d’habits. […] 2.° Le nombre des Acteurs. […] Est-ce stérilité dans l’Auteur qui n’a sçu que faire dire à ses acteurs ? […] L’Auteur en est plein, il voit par tout des Actrices. […] M. de la Harpe croit faire parler une Actrice qui n’a pu voir son amant.

284. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Je pense, en premier lieu, qu’il y a une très-grande différence entre composer des Tragédies, & les faire représenter par des Acteurs gagés & publics. […] Je conclus de là, Monsieur, que la composition ni la représentation d’une Tragédie n’ont rien en soi de vicieux, ni qui puisse causer les regrets de l’Auteur, ou des Acteurs ; & que tout le mal, qui est très-grand quand il y en a, consiste dans l’espèce de la Tragédie, dans la qualité des Acteurs, & dans le lieu de la Représentation. […] Il n’est pas étonnant que des Acteurs employés à la représentation d’Ouvrages si scandaleux soient retranchés de la Communion des Fidèles. […] Il résulte nécessairement de ces faits & de ces observations, que le Spectacle tel qu’il est encore, n’étant point à beaucoup près un lieu sûr pour la sagesse & pour la vertu, & les Acteurs de ce Spectacle étant toujours dans les liens de l’excommunication, un Auteur élevé dans la morale Chrétienne, ne sauroit sous quelque prétexte que ce soit, ni par quelque Ouvrage que ce puisse être, concourir au soutien du Théatre, sans se rendre lui-même responsable des inconvéniens & des abus qui y sont attachés ; ni contribuer à l’entretien des Acteurs, sans partager le mal qu’ils font. […] Il n’appartient qu’à Corneille & à Racine de faire parler les Acteurs.

285. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Sur l’ennemi commun sauront prendre leur temps. » Ce sont les principaux Acteurs, qui tous à la fin de la pièce sont récompensés du parricide. […] Les charmes des Actrices ont obtenu la grâce de ce qui méritait les foudres ; leurs myrtes auraient-ils été flétris par les mains de leurs adorateurs ? […] Tous les Acteurs, chacun à sa manière, plein des mêmes principes, tient le même langage, tout ne parle que de meurtres, de trahisons, de séditions. […] Il a débité tant d’erreurs et de calomnies, il a si fort déclaré la guerre à Dieu et aux hommes, quand il a parlé de son chef, qu’on ne s’attend pas qu’il les ménage dans la bouche de ses Acteurs. […] Tout est plein de tyrannicide dans les bouches des Acteurs les plus respectables.

286. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Ce Prince voulut encore que l’Acteur qui joueroit ce personnage fut habillé en homme du monde, l’épée au côté avec des dentelles , pour écarter toute idée d’état ecclésiastique ou religieux, & ne peut donner lieu de penser que tous ceux qui sont dans cet état sont des hypocrites ; car telle étoit la malice de Moliere en habillant son Tartusse en Abbé, ce qui étoit contre son plan même, puisque le Tartusse est destiné à épouser la fille d’Orgon ; sur quoi roule toute l’intrigue, il est supposé laïque, & non d’un état qui exclud le mariage. […] Ce portrait très-vrai & très-ingénieusement rendu est celui de tous les théatres où les amans sans pudeur & les Amantes, les Actrices sans décence, quoique les expressions n’ayant rien de grossier, & par conséquent sont très-dangereux. […] Pourquoi ne pas dire que Venus étoit fille d’un premier Roi de l’Univers, que les hommes ne connoissoient alors que les loix de la nature, ignoroient ce que c’est que le choix & le goût, se livroient à leurs besoins sans délicatesse comme les animaux, & se multiplioient en aveugles, sans que jamais les pères reconnussent leurs enfans, & les femmes leurs époux (ce temps n’a jamais existé, un Chrétien qui croit à la Genèse n’avance point de si grossières absurdités) ; que cette Venus que le Ciel avoit doué d’une beauté divine, sentant des sentimens bien différens des femmes, le dessein de faire connoître aux hommes une union plus parfaite, qu’elle assembla les plus belles femmes, & que connoissant son sexe moins difficile à conduire que les hommes (peu de maris en conviendroient) : elle commença à publier par lui les loix, persuadée que les femmes porteroient bientôt les hommes à les suivre, lorsqu’elles se donneroient la peine de les en instruire (ces institutrices de chasteté sont à naître, à moins que ce ne soit les Actrices de l’opéra), dans cette nouvelle école cette Princesse leur fit voir l’horreur de se livrer à la nature sans que le cœur y prit aucune part ; que cette partie étant la plus belle & la plus noble, devoit conduire toutes les actions de la vie (quand on n’a que des sentimens platoniques, on n’en veut pas plus à la femme qu’à l’homme, la femme touche le cœur par d’autres endroits). Le cœur donne du courage, de la gloire, de la témérité, il peut aussi inspirer quelque chose de plus doux, de là dépend une félicité parfaite, il faut pour y parvenir faire un choix avec goût & discrétion suivant simplement la sympathie qui fait pencher vers un objet plutôt que vers un autre (c’est pour le fixer qu’on se farde & qu’on étale des nudités) ; cette sympathie formera bientôt le sentiment qu’on nomme amour (une jolie femme n’en doute pas) ; que cet amour produiroit la délicatesse seule source des vrais plaisirs (ce galimathias feroit rire une Actrice). […] Cependant rien n’est plus commun en France & sur-tout au théatre & envers les personnages qu’on y joue, & envers les Actrices elles-mêmes ; on adore les femmes, elles sont adorées, on se met à genoux devant une Actrice, c’est une Divinité, on lui offre des victimes, on brûle l’encens ; le jargon de la galanterie n’est que le langage de la Religion appliqué à la créature, on ne peut excuser ni la prophanation si ce langage est sincère, ni l’indécence s’il ne l’est pas ; mais d’où vient cet abus sacrilège si généralement répandu de la frivolité du François ?

287. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

L’Acteur innocemment y peut jouer son rôle. […] La déclamation, dans de pareils Acteurs, est un langage des plus éloquens. […] Cette Actrice, qui mourut en 1730, ne voulut donner aucun acte de repentir des scandales de sa profession. […] Nos Acteurs ne sont pas plus réservés que l’étoient ceux des Romains. […] Denis le bord de la Seine où fut enterré le corps de cette Actrice.

288. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

On veut être ému et touché par le spectacle ; la scène languit si elle n’irrite quelque passion : et quand les acteurs nous laissent immobiles, on est indigné de ce qu’ils n’ont pas su troubler notre repos, ni blesser notre innocence. […] Et comme ce sont des leçons flatteuses, auxquelles les acteurs donnent un merveilleux relief, quel progrès une passion vive et ardente, insinuée avec tant d’artifice, ne fait-elle pas dans un cœur où elle trouve déjà de si grandes dispositions ? […] Dans cette disposition de tous les sens, ou gagnés ou captifs, et d’un cœur si près de l’être, on voit paraître sur la scène un nombre choisi d’acteurs parés avec tout l’artifice que l’esprit du monde peut imaginer pour séduire, et qui ajoute à l’artifice, tout ce que la passion qu’ils expriment peut inspirer.

289. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IV. La Comédie considérée en elle-mesme. » p. 8

Pour mettre quelque ordre dans ces preuves, considérons la Comédie en elle-même, dans ses Acteurs & dans ses Spectateurs, & on verra clairement que de quelque côté qu’on l’envisage, elle n’est propre qu’à produire ces pernicieux effets.

290. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

IL y a deux sortes de Parodies dramatiques, l’une où les Acteurs parlent tout simplement, & l’autre qui se chante : cette dernière, de beaucoup plus ancienne, appartient de droit au Spectacle moderne par sa nature & par son genre. […] Molière même, lorsqu’il habillait ses Acteurs de la même manière que ceux qu’il tournait en ridicule, se permettait des licences toutes pareilles à celles d’Aristophane, ainsi que je l’ai déjà dit ailleurs(14).

291. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Jugez-en par ce que l’Eglise pense des Acteurs. […] Je vous avoue, répondit la Princesse, que quelque gaie que je sois en allant à la Comédie, sitô t que je vois les premiers Acteurs paraître sur la scène, je tombe tout à coup dans la plus profonde tristesse. « Voilà, me dis-je à moi-même, des hommes qui se damnent de propos délibéré, pour me divertir.

292. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Qu’on rabatte, à la bonne heure, de la grossièreté de ces termes, qui en effet ne sont pas du goût de notre siècle, qu’on accorde de la politesse, de la civilité aux Acteurs de Paris ; mais les mœurs des troupes sont toujours les mêmes, et les Etats du royaume n’auraient pas moins de doléances à faire que dans le seizième siècle. […] Les attraits de la passion, le goût du vice, le langage du péché, les mouvements du cœur, les nudités, les attitudes séduisantes, la magie de la décoration et des parures, les pièges de la coquetterie, les agaceries, la vénalité des Actrices, les adresses de l’hypocrisie, les artifices de la fourberie, etc. toutes ces batteries de l’enfer sont autant et plus que jamais dressées au théâtre. […] L’Actrice, Reine en apparence par son rôle, est dans la réalité une femme très commune : Madame de Maintenon, Reine en effet par son mariage et sa faveur, ne paraissait qu’une femme ordinaire. […] L’Empereur fut très choqué de cette insolente bouffonnerie ; mais les Acteurs prirent la fuite, ils avaient de puissants protecteurs. […] Il fit pourtant bien des lois et des traits de justice pour contenir les Acteurs.

293. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Il attribue, en passant, aux Acteurs de l’Opéra, un ressentiment un peu vif de l’ennui qu’ils lui ont causé. « Néron, chantant au théâtre, faisait égorger ceux qui s’endormaient… Nobles Acteurs de l’Opéra de Paris, ah ! […] Que Zaïre soit jouée par une actrice d’une rare beauté, sa beauté affecte les sens, mais son rôle n’affecte que l’âme. […] Or les actrices sont mises à peu près comme on l’est dans le monde : elles se montrent avec cette bonne grâce que M. […] L’actrice qui joue Emilie ou Colette, est elle plus vendue à l’or des spectateurs, que ne l’étaient Corneille et M. […] L’Auteur qui compose, et l’Acteur qui représente, se frappent l’imagination du tableau qu’ils ont à peindre.

294. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XII. Son opposition aux vœux du Batême. » p. 25

Montrons-le dans ses Acteurs.

295. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [D] »

pour l’hist. de ce Théâtre, les Noms de ses Auteurs, de ses principaux Acteurs, le Catalogue des Pièces qu’on y joue, ses Priviléges & ses Règlemens, le Calendrier des Spectacles, en particulier l’année 1754 ; & l’Etat actuel de la Musique du Roi.

296. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Les Faunes, les Silvains & les Bacchantes, me paraissent autant d’Acteurs qui représentent divers personnages ; Silène était le bouffon de la Pièce. […] Molière sembla avoir le dessein de la ressusciter de nos jours, par le soin qu’il avait que ses Acteurs portassent les mêmes habits, & eussent les mêmes manières que les originaux qu’il dépeint dans ses Drames. […] La prémière s’appelait Prætexta, à cause que l’on nommait ainsi la robe de pourpre, à large bande, que portaient les Magistrats en dignité ; & parce que ses Acteurs étaient vétus de la sorte : voilà notre Comédie héroique. Les Acteurs de la seconde espèce étant habillés d’une robe nommée Toges, dont se servait le Peuple, & ne représentant que des actions Romaines, la firent appeller Togata : c’est là notre comique ordinaire.

297. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Quand l’Auteur en reçoit et que les Acteurs les partagent, la Pièce est parvenue à son but et l’on n’y cherche point d’autre utilité. […] Si l’on ne voit en tout ceci qu’une profession peu honnête, on doit voir encore une source de mauvaises mœurs dans le désordre des Actrices, qui force et entraîne celui des Acteurs. […] Après ce que j’ai dit ci-devant, je n’ai pas besoin, je crois, d’expliquer encore comment le désordre des Actrices entraîne celui des Acteurs ; surtout dans un métier qui les force à vivre entre eux dans la plus grande familiarité. […] Les grands Acteurs portent avec eux leur excuse ; ce sont les mauvais qu’il faut mépriser. […] [NDA] J’ai lu dans ma jeunesse une Tragédie de l’Escalade, où le Diable était en effet un des Acteurs.

298. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Il l’a rendu florissant dans ses Etats, & y a appelé de toutes parts, à grands frais, & des acteurs & des actrices, qui avant lui y étoient inconnus. […] Parmi cent belles qualités, la divine Emilie étoit une actrice parfaite. […] Il y en a peu parmi les auteurs & les acteurs qui ne les acceptent. […] Un amateur n’est occupé que de scenes, d’actrices, de décorations, de danses, de musique ; il n’a aucun souci de tout le reste.

299. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

La fin à laquelle la Comédie tend d’elle-même, et le but que les Acteurs s’y proposent ; c’est d’émouvoir, d’entretenir, et de fortifier les passions qui ont rapport à leurs sujets, dans l’esprit et le cœur de leurs spectateurs, et particulièrement celles de l’amour, de l’ambition, de la jalousie, de la colère, de la vengeance, et autres semblables. […] C’est cela qui fait distinguer un bon Acteur d’avec un méchant. […] Un bon Acteur sait animer de telle sorte sa voix, et si bien ajuster ses paroles avec ses gestes et ses postures, que la passion qu’il représente fait d’ordinaire impression sur ceux qui l’écoutent, parce qu’il paraît ressentir lui-même cette passion, Et c’est ce qui les touche. « Si vis me flere, dolendum est Ante tibi. » Mais au contraire un Acteur froid et languissant, qui ne paraît pas ressentir les mouvements de la passion qu’il tâche d’exciter dans le cœur des autres, devient ennuyeux et insupportable. […] C’est pourquoi Tertullien appelle les Comédiens, « Furiarum ministros et animarum inquietatores. » Quelque belle et bien entendue que soit une pièce, s’il n’y a pas de passions qui soient soutenues et poussées par de bons Acteurs, elle n’est point goûtée et elle échoue toujours.

300. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Entre les différents moyens depuis long-temps indiqués, pour là réformation du théâtre, je crois devoir recommander d’abord celui de cesser de condamner en principe, ou en théorie, ce que nous approuvons dans la pratique ; je veux dire, de commencer par être plus conséquents et plus justes envers les hommes qui se vouent au théâtre, soit comme auteurs2, soit comme acteurs, et reconnaître le droit qu’ils ont, lorsque d’ailleurs ils sont bons citoyens, à l’estime et à la considération dont ils jouissent de fait, par un accord à peu-près général ; et ôter enfin à un petit nombre de gens de bonne foi, et à tous les gens de mauvaise humeur, le droit de traiter d’infâmes la profession ou les personnes de Molière, de Corneille, Racine, Voltaire, et de Lekain, de Molé, Larive, Talma, des idolâtrées Comtat, Raucourt, Mars, etc., lesquels ont emporté les regrets, ou font encore aujourd’hui les délices et l’admiration des Français et des étrangers, qui leur rendent les plus grands honneurs, qui leur élèvent des statues. […] Ainsi les hommes et les femmes mariés, ou d’un certain âge, dont les mœurs sont plus en sûreté, seraient seuls admis aux représentations des satires dirigées contre les mauvais parents, contre les pères et mères indifférents, avares, durs, dénaturés ; il m’a toujours paru cruellement inconséquent de souffrir là des enfants ; c’est bien assez de ceux qui y sont comme acteurs ; cela doit se passer à huis clos pour les autres. […] En présence d’institutions de toute espèce et pour tout besoin, organisées avec un soin scrupuleux, suivant toutes les règles de la prudence, dont les maîtres et sous-maîtres sont choisis par des supérieurs qui ont passé par tous les grades, subi eux-mêmes toutes les épreuves, les concours, les examens sévères sur les études et la capacité, sur les principes et la moralité, épreuves qu’ils font subir aux aspirants avant de leur accorder le droit d’instruire et former les autres, droit qui encore n’est que la faculté de transmettre avec une autorité respectable à leurs élèves ou disciples soumis, obligés de les écouter, des préceptes ou des leçons dès long-temps préparées et approuvées, déclarées classiques, après avoir été épurées au creuset de la sagesse et de l’expérience ; en présence de semblables institutions, dis-je, et de tels instituteurs, je vois une confusion de professeurs, auteurs, acteurs et actrices, ou maîtres et maîtresses, d’une institution différente, isolés, éparpillés, aventuriers, errants, sans unité, obscurs ou distingués, estimables ou méprisables, licencieux, effrénés, etc., qui ont la plus grande influence sur les mœurs qu’ils font métier de corriger, sans être obligés de prouver qu’ils en ont, et trop souvent sans en avoir ; qui sont sans mission régulière, sans titre ou sans caractère (observez qu’il ne s’agit pas ici d’écrivains qui publient simplement leurs pensées, mais d’instituteurs qui ont des écoles ouvertes dans toute l’Europe, qui appliquent leurs soins presque à tous les genres d’instruction, qui se chargent de l’éducation et de la réforme des deux sexes, des trois âges et de toutes les conditions) ; sans titre, dis-je, sans guide, sous le rapport essentiel, dont la dépendance immédiate est nulle dans l’intérêt des mœurs, qui n’ont que des chefs d’entreprise, ou spéculateurs, traitants, hommes ou femmes, pieux ou impies, croyants ou athées, édifiants ou scandaleux, à qui il suffit surtout d’avoir de l’argent et de l’industrie pour diriger une troupe de comédiens, ou maîtres de cette école, choisis comme eux ; qui, étrangers au grand corps constitué centre de l’instruction et de l’éducation publiques, et sans être astreints à aucune de ses plus importantes formes de garantie, jouissent également du droit d’instruire et de former ou réformer, en transmettant, non en maîtres, avec une autorité respectable, des préceptes ou leçons dès long-temps préparées et approuvées, mais en sujets tremblants, des leçons toutes nouvelles et hasardées pour la plupart ; non à des élèves soumis et obligés de les écouter, mais à des disciples-juges auxquels ils sont obligés, au contraire, de soumettre et préceptes et leçons, et leurs personnes mêmes, qui sont tous sifflés ou applaudis, rejetés ou admis, selon le goût et le bon plaisir des écoliers. […] Si on n’y voit pas celles que le succès des pièces et des acteurs soit plus assuré, on y voit qu’ils seront écoutés avec des préventions plus favorables, traités plus décemment, et mieux jugés. […] J’engage les lecteurs qui ne sentiraient pas assez la faiblesse des raisons par lesquelles on veut prouver que les auteurs ne font pas cause commune ici avec les acteurs, à se rappeler les discussions et les dernières lois sur la liberté de la presse.

301. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Aussi avertit-on que l'Acteur doit affecter une voix faible : avis singulier pour un Acteur qui représente une personne mourante. […] Il serait moins ridicule, si pour donner au théâtre une décoration nouvelle, on attachait aux coulisses les estampes si connues des exercices de la Trappe qu'on voit dans les boutiques, les galeries, les chambres des bourgeois, où une piété gothique n'a pas encore permis de substituer aux images de dévotion, pour l'édification publique, les figures de l'Arétin ou des contes de la Fontaine, qui parent si religieusement les cabinets des Acteurs et des Actrices, et ceux de leurs adorateurs. […] Les meilleurs Acteurs n'attireraient personne, s'ils ne jouaient que les vies des Saints, les plus médiocres attireront la foule par les amours des Dieux. […] La farce vient bientôt après essuyer ces larmes exprimées avec douleur, et délayer le noir du tableau ; et les Actrices, après la pièce, savent bien dérider le front de ces larmoyants.

302. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Quel outrage de le prendre, autant qu’il est en nous, pour Acteur de nos coupables divertissements ? […] Iacynte y est une des principales Actrices : elle interrompt entre autres choses Théodosie sa sœur, et s’écrie : « Quoi ? […] Voilà la Femme Il démasque une des Actrices. […] Il démasque une des Actrices. Montrant une autre Actrice.

303. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

Il y avoit un rôle qui convenoit à une Actrice, & un plus brillant, mais moins dans son genre. […] « comment, disoit un Seigneur Allemand, homme d’un grand sens, à qui on avoit adressé un Auteur, pour le recommander à une Actrice ; les gens de Lettres ne sont-ils pas assez recommandables par leurs talents ?

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