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175. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Molière par exemple a saisi d’après dix, vingt, trente, cent avares tous les traits caractéristiques de l’avarice dont il a composé le rôle d’Harpagon ; mais tous ces traits sont vrais. […] J’ai donc trouvé dans Chrysale l’homme que vous n’aviez pas encore vu, si ce n’est pas selon vous, avoir trop d’esprit que de ne dire que des choses vraies, simples et raisonnables. […] Si l’on a déjà secoué à moitié le joug de l’opinion, espérons que la raison achèvera l’ouvrage, en fournissant aux gens d’un vrai courage des raisons de se soustraire à l’étourderie des faux braves. […] Mais en supposant que cette pièce fut la seule cause qui détermina ses Concitoyens à le condamner, il n’en est pas moins vrai que s’il y eût eu à Athènes la même police qu’à Paris, Socrate n’eût pas été la victime de cette pièce. […] Les connaisseurs ont beau les admirer toujours ; si le public les admire encore, c’est plus par honte de s’en dédire que par un vrai sentiment de leurs beautés.

176. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Et quand même on pourroit le regarder comme indifférent en lui-même, est-il vrai que l’innocence n’y court aucun risque ? […] il n’est peut-être que trop vrai de la plupart ; oui jugez-les sur les mêmes regles. […] Il est vrai, comme vous le dites, que le théâtre aujourd’hui purifie l’amour profane, & ne forme que de légitimes nœuds. […] Des exemples généraux si je passe aux particuliers ; parmi les Auteurs sacrés, j’entends un Augustin qui se cite lui-même en témoignage ; & avec cette noble franchise, si digne d’un vrai Pénitent, avoue que c’est sur le théâtre qu’il respira par les oreilles & par les yeux tout le venin qui corrompit son cœur. […] Et quand il seroit vrai, ce que vous dites à présent, que vous êtes toujours sortis innocents du spectacle, encore faudroit-il conclure avec un grand Docteur : Premiérement, qu’à raison du scandale, autorisant par votre exemple des personnes qui peut-être y périront, & dont Dieu vous redemandera les ames ; secondement à raison du danger auquel vous vous exposez, danger moindre si vous voulez, pour vous que pour d’autres, mais toujours vrai danger pour vous, c’est toujours un vrai péché, un péché grief pour vous, qui que vous soyez, d’y assister.

177. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

La coquetterie est une vraie guerre ; un habile Général ne néglige rien, la position du camp, l’arrangement des troupes, le terrein de la tranchée, la situation des batteries, tout contribue au succès. […] Les Poëtes & les Romans dans leur fade jargon ont beau répeter jusqu’à la satiété, que leur visage est pétri de lys & de roses, qu’il efface l’éclat des plus belles fleurs, qu’il fait rougir de honte la rose, & pâlir le jasmin, c’est bien plûtôt le jasmin & la rose qui ternissent leur teint, & jettent un vrai nuage sur le vermillon & la céruse. L’Evangile ne dit pas moins vrai des actrices que des Princes, considérez les lys des champs, Salomon dans toute sa gloire ne fut pas aussi magnifiquement habillé, & les actrices de l’opera les mieux enluminées n’ont pas de si belles couleurs. […] La simplicité est la vrai élégance, la grace la plus touchante ce n’est point le vermillon, mais le sang adorable de J.C. qui pare mes jours, disoit Saint Agnes au tyran, c’est à lui seul que je veux plaire : Sanguis ejus ornavit genas meas. […] Le fard est une enseigne de libertinage, dit Saint Jerôme ; senocinii commentum , ses couleurs empruntées effacent l’image de Dieu, & les vraies couleurs de la vertu : Picturis & coloribus deletur color virtutis imago Dei.

178. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Cette mondanité est très-opposée à l’esprit de l’Eglise & à la vraie dévotion. […] Les vrais Ministres, disoit S. […] Il le peint comme un petit maître efféminé, énervé de délices, blasé de volupté, dégoûtant de parfums, couronné de fleurs, qui n’a que les graces d’une femme, non une beauté mâle, une vraie femme, ce qui le couvre d’infamie : Elumbem deliciis, muliebri venustate unguentis delibutum, rosis coronatum, puellarum amicum totum mulierosum . […] De cet effet naturel il conclud que la mauvaise odeur est une punition du crime, relative à la mauvaise odeur de la réputation & du scandale ; & il est vrai que la plupart des châtimens, comme la mort, la maladie, la misere, la pauvreté, sont accompagnés de mauvaises odeurs : Ater cum fulmine odor . […] Nous n’avons pas, il est vrai, des idées précises de ces tourmens ou de ces joies, qui peuvent être fort différentes de ce ce que nous éprouvons ici bas.

179. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

Il est vrai qu’il a paru depuis peu le Préjugé à la mode, piece assez bonne, faite pour rétablir l’honneur de cette sainte union, & engager les gens mariés à vivre dans une parfaite intelligence. […] Non seulement la religion n’entre pour rien dans toute la piece, quoiqu’elle soit le vrai, l’unique moyen de réconcilier sincèrement des époux & de les rendre fideles, mais on semble l’exclure, on n’emploie que des moyens humains, on ne montre que des personnes mondaines. […] Le Pervigilium Veneris de Catulle, tous les anciens épithalames, qu’on imite de nos jours, étoient de vraies prieres religieuses. […] Dans tout cela il y a encore moins de bonnes mœurs : la fripponnerie des domestiques, l’insolence des enfans envers leurs pères, leur licence dans leurs passions, la liberté entiere de leurs mariages, sont dans la société des désordres incomparablement plus grands que les ridicules de l’avarice, fussent-ils poussés aux excès où on les porte, aussi peu vrais que vraisemblables. […] Vous l’emporterez sur-tout : le vrai mérite d’une femme est de craindre Dieu, de faire son devoir ; ses œuvres seules font son éloge.

180. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Ce mélange de vrai & de faux est un paralogisme. […] Mais il est vrai qu’en le favorisant on encourage l’Auteur, l’Acteur, le Danseur. […] C’est du précieux, mais du vrai, le théatre fait perdre les vertus roturieres, aussi bien que les vertus nobles. […] Il est vrai que les femmes ont beaucoup d’influence sur le goût & la mode à la Cour & dans les belles compagnies. […] Il est vrai que le Corps des Chevaliers n’auroit pas souffert qu’un des leurs parût sur le théatre public.

181. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Les vrais Comédiens sont rares, tout le monde se mêle de leur métier ; outre le théatre des petits appartemens à Versailles, il y en a un à Sceaux chez la Duchesse du Maine, un magnifique à S. […] Ce sont de vraies filles de joie, mais bien nées, avec qui l’on peut souper sans indécence. […] mais il faut envisager la patrie, c’est un beau nom : Ce fanatisme usé des siecles héroïques, Se conserve, il est vrai, dans les ames stoïques. […] Il faut en rabattre, j’en conviens ; mais le fait est vrai. […] Il y a pourtant quelque chose de vrai.

182. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Il est vrai que l’Ecriture ne condamne point formellement la comédie, l’opéra, ni les autres semblables spectacles, parce qu’elle ne les nomme point expressément. […] Voici l’aveu public qu’a fait sur le même sujet M. de la Motte dans son discours sur la tragédie : Nous ne nous proposons pas d’éclairer l’esprit sur le vice & la vertu en les peignant de leurs vraies couleurs. […] Mais est-il bien vrai qu’on va aux spectacles sans en ressentir aucun mauvais effet ? […] « Cette auguste Princesse, dit M. l’Abbé Clément, disoit un jour à une personne qu’elle honoroit de quelque confiance, qu’elle ne concevoit pas comment on pouvoit goûter quelque plaisir aux représentations du théâtre, que pour elle c’étoit un vrai supplice.

183. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre III. Que les anciens Pères de l'Eglise défendirent aux Chrétiens d'assister aux Jeux du Théâtre, parce que c'était participer à l'Idolâtrie. » pp. 57-89

Et certes il n'y avait point d'apparence de souffrir que des âmes qui venaient de se purifier de leurs vieilles corruptions, qui s'étaient sanctifiées dans les eaux du Baptême, qui étaient parvenues à la connaissance du vrai Dieu, et qui par les mouvements du Saint Esprit, et en la présence des Anges avaient renoncé courageusement à Satan, à son service, et à toutes ses pompes ; que ces Ames, dis-je, témoignassent encore cette inclination à leurs premières impiétés, qu'elles fussent tous les jours abandonnées au culte des Idoles, qu'elles reconnussent un Bacchus et une Vénus, infâmes protecteurs des Ivrognes et des Débauchés, pour des puissances Divines, et qu'à la vue de tout un peuple, et à la face du Ciel et de la Terre, elles retournassent au service des Démons, dans le plus superbe lieu de leur Empire, et dans la plus glorieuse pompe que la superstition leur ait jamais consacrée. […] « Le Théâtre est le vrai Sanctuaire de Vénus et de Bacchus, c'est leur Palais. » Aussi donne-t-on à d'autres Jeux Scéniques le nom de Liberalia, consacrés à Bacchus que l'on appelle Liber, qu'il avait institués semblables aux Dionysiaques des Grecs. […] Si quelqu'un donc assiste à ces cérémonies, et se trouve en ces assemblées de Religion, il abandonne le culte du vrai Dieu, et se met du parti des faux Dieux, dont il célèbre les Fêtes. » Mais après le témoignage de Salvien ce célèbre Évêque de Marseille, il ne peut rester aucun douteSalvien. l. 6. de provid. […] Quelle folie de s'imaginer que le plaisir est léger, s'il ne fait injure au vrai Dieu, mais une très grande injure ?

184. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

La poësie l’a célébré sur le ton burlesque : c’étoit en effet un vrai sujet de Calot. […] C’est l’histrion monté dessus, dont l’âne se moque, & qu’il jette à la renverse, qui est seul le vrai ridicule, par une folie qui le met au-dessous de la monture.

185. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Aux païens, il est vrai, l’on pardonne aisément Qu’un héros courageux devienne un lâche amant. […] Tu voulus dans les vers d’Esther et d’Athalie, Donner un nouveau lustre à la Scène avilie ; Et par toi, dans saint Cyr, le théâtre ennobli Offre du vrai sublime un modèle accompli.

186. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Certes les vrais Chrétiens, et les enfants de Dieu n’ont pas accoutumé de se servir de ces moyens pour le remercier des bienfaits, qu’ils ont reçus de sa miséricorde ; et nous avons déjà montré, que les danses de l’ancien Testament qui furent rapportées à la gloire de Dieu, et à sa louange, comme celle de Marie sœur d’Aaron, après la ruine de Pharaon, et la perte de son armée, sont bien différentes, et bien éloignées de celles d’aujourd’hui. […] Il est vrai que pour ce qui regarde les Fêtes, quelques Casuistes ont ajouté, par une condescendance excessive, des exceptions très dangereuses, par lesquelles ils donnent aux Chrétiens une liberté contraire aux sentiments de l’Eglise, et à l’esprit de leur profession.

187. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Il ne satisfit pas le parterre : tant il est vrai qu’un homme de théatre n’est pas fait pour se mêler de gouvernement & de jurisprudence. […] Les bons magistrats, les vrais nobles qui soutiennent leur dignités par leur mérite, n’en furent jamais ni ne peuvent en être l’objet. […] Il n’est pourtant que trop vrai que le théatre est une sorte de sabbat où on travaille à les détruire. […] Il est vrai que ce ne sont que des chansons où on ne cherche pas la justesse : mais qu’on n’en attende pas l’immortalité. […] S’il a des foiblesses (c’est-là le vrai crime), vous n’êtes pas son juge, & il est le vôtre.

188. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Ensuite on outrage Bulle en vrai langage des halles ; on le fait paraître un hébété, un misérable, un impie. […] Il est vrai que ce Mathan est un très méchant homme : mais non un homme de néant ; c’est un des principaux chefs de la faction d’Athalie. […] Il est donc vrai que le Théâtre Anglais s’est toujours déchaîné contre l’état Ecclésiastique : et cependant il ne le fut jamais autant qu’il l’est aujourd’hui. […] Il est vrai qu’on ne détrône pas le Tout-puissant, ainsi qu’un Monarque de la terre, et que le bonheur de l’Eternel subsiste indépendamment de nos hommages. […] On ne saurait comparer sans crime les Ministres du vrai Dieu avec les Prêtres des Idoles.

189. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

N’est-il pas vrai, Monsieur, que ce qu’on lit des Spectacles des Anciens, est quelque chose d’épouvantable, tant pour le libertinage que pour l’impiété dont ils étaient partagés ? […] .  » Après des choses si criminelles, qui pourrait ne pas condamner la Comédie, s’il est vrai qu’elle fût remplie de tant d’ordures et d’impiété ? […] S’il est vrai que l’action soit mauvaise en soi, qu’importe qu’elle se fasse avec sgain ou sans profit ? […] L’illustre et sage Prélat qui gouverne avec tant de succès ce grand Diocèse, et qui ne laisse rien échapper à ses soins et à son zèle, n’emploierait-il pas toute son autorité pour ôter cette pierre de scandale du milieu de son troupeau, s’il était vrai que la Comédie fut scandaleuse ? […] [NDUL] Cet alinéa et le suivant ont été ainsi modifié en 1725 : Il est vrai que l’on joue en des temps de piété, et c’est ce qu’il y a de plus blâmable, comme pendant tout le Carême, temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, et pour me servir des termes de l’Ecriture, temps où la Musique doit être importune, et auquel les Spectacles paraissent peu propres et devraient être défendus.

190. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Il est vrai que le Pape ajoute que ce n’est qu’après avoir exercé pendant un an cette ignominieuse profession : « Si per annum artem illam ignominiosam exarcuerint ». […] Il est vrai que les autres paroisses n’ont pas la même attention pour l’Opéra, les Italiens, etc., non plus que dans les autres villes du royaume où il y a des théâtres publics, Lyon, Bordeaux, Marseille, etc. […] Clément Pape, mais qui plus vrai semblablement est un ouvrage composé dans le troisième siècle : « Si Scenicus, sive vir, sive mulier, accedat ad baptismum, Gladiator, Auriga, Choraulus, Citharadus, Lyristor, Luctator, quicumque theatralibus lusis dat operam, desistat vel rejiciatur. » (L. […] Après quelque temps d’habitation, Gervais dégoûté de sa femme, et la Duclos de son mari, et traitant leur mariage comme ceux de la comédie, ont l’impudence de demander à le rompre, et d’en appeler comme d’abus, sur ce qu’ils n’ont pas été mariés par le Curé de leur vrai domicile : comme s’il était permis à quelqu’un de ne pas savoir sa propre demeure, de tromper un Curé par un faux domicile, de se jouer d’un sacrement, de le faire servir à couvrir un concubinage ; et ensuite dévoilant sa propre turpitude et sa mauvaise foi, vouloir la faire servir à rompre les engagements les plus solennels. […] Cicéron a bien employé les siens pour Roscius, il est vrai ; mais Roscius voudrait-il bien être comparé à la Duclos ?

191. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

 » Mais laissons ces idées lugubres, toute vraies qu'elles sont : le théâtre s'embarrasse-t-il de l'Evangile ? […] Est-il même bien vrai que le théâtre soit si réjouissant ? […] La vraie cause de l'ennui est l'amour naturel du plaisir et la vanité de tous ceux qu'on peut goûter sur la terre, qui afflige une âme frustrée des fruits de tous ses efforts. […] Non : cette morale est très vraie. […] C'est une vraie folie, mais qui fait naître une autre folie, et nous y accoutume, la folie des passions.

192. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VIII. Du Stile. » pp. 287-319

La Comédie est peut-être la vraie preuve de ce que j’avance. […] Il est vrai que l’action est plus importante, mais on aurait tort de négliger l’arrangement des mots. […] De tous ceux qui courent dans la carrière du Spectacle Moderne, il est le seul qui éxcelle à peindre la Nature dans sa vraie simplicité. […] La vraisemblance, il est vrai, ne veut pas que des Paysans s’expriment avec toute la délicatesse des Habitans des Villes. […] Il est vrai qu’on dit un oiseau de Passage, pour signifier les Oiseaux qui vont d’un Pays dans l’autre ; mais on ne peut en dire autant d’un Nuage, attendu qu’il ne revient plus dans les endroits où il passe.

193. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Il est vrai que ce n’était pas, comme Richelieu, jusqu’à l’honneur du cothurne ; il se vantait seulement d’avoir fait beaucoup de vers galants qui avaient réussi : mérite dont un Prélat, sans faire tort à sa gloire, eût pu ne pas se décorer. […] Il est vrai que les Persans prisent les choses selon leur valeur ; quoiqu’ils aiment infiniment les Danseuses et les Musiciennes, ils regardent la danse comme un art infâme, surtout pour les femmes. […] Cette prétendue décision de quelques Docteurs de Sorbonne consultés par le Précepteur du Roi, ne se trouve en aucun endroit, et si elle était vraie, elle devrait se trouver partout. […] Il est vrai qu’il n’est pas d’accord avec le P. […] Il est vrai que les Centuriateurs ne parlent que du théâtre Romain, sur lequel le Pape, comme Souverain de Rome, pouvait donner des places d’honneur à l’Empereur et au Doge, mais non, comme dit Boursault, d’un théâtre papal pour Sa Sainteté, qui n’y eût pas été trop bien placée.

194. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

Il est vrai que l’amour insensé d’Eriphile pourrait paraître illégitime ; mais, outre que c’est un amour caché et nullement de mauvais exemple, on verra qu’il est si malheureux, qu’il peut même servir d’instruction. […] Il est vrai, que dans Phèdre, il y a un degré de plus ; parce que la passion de cette misérable femme l’aurait réduite à l’extrémité, si elle ne l’eût pas fait connaître au fils de son époux, dont elle était follement éprise. […] Il est vrai qu’un Chrétien doit tout quitter pour son Dieu, père, mère, femme, parents etc. […] Zénobie n’est pas moins admirable, quand elle a reconnu son mari et son meurtrier en même temps ; elle donne alors des marques si vives d’amour et de soumission à la volonté de Rhadamiste, que, dans toute situation, on peut la prendre pour un vrai modèle de vertu. […] Il est vrai que Pilade aime Iphigénie ; mais cet amour n’est connu que par un mot, et est traité avec la plus grande circonspection.

195. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les Ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise : il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la Comédie, il a quelque talent pour la farce, et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gaultier-Garguille, ni les Impromptus de Turlupin, ni la Bravoure du Capitan, ni la Naïveté de Jodelet, ni la Panse de Gros-Guillaume, ni la Science du Docteur, il ne laisse de plaire quelquefois, et de divertir en son genre : il parle passablement Français ; il traduit assez bien l’Italien, et ne copie pas mal les Auteurs : car il ne se pique pas d’avoir le don d’Invention, ni le beau Génie de la Poésie, et ses Amis avouent librement que ces Pièces sont des « Jeux de Théâtre, où le Comédien a plus de part que le Poète, et dont la beauté consiste, presque toute dans l’action » : ce qui fait rire en sa bouche, fait souvent pitié sur le papier, et l’on peut dire que ses Comédies ressemblent à ces femmes qui font peur en déshabillé, et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites tailles, qui ayant quitté leurs patins, ne sont plus qu’une partie d’elles-mêmes. Je laisse là ces Critiques qui trouvent à redire à sa voix et à ses gestes, et qui disent qu’il n’y a rien de naturel en lui, que ses postures sont contraintes, et qu’à force d’étudier ses grimaces, il fait toujours la même chose ; car il faut avoir plus d’indulgence pour des gens qui prennent peine à divertir le public, et c’est une espèce d’injustice d’exiger d’un homme plus qu’il ne peut, et de lui demander des agréments que la Nature ne lui a pas accordés : outre qu’il y a des choses qui ne veulent pas être vues souvent, et il est nécessaire que le temps en fasse perdre la mémoire ; afin qu’elles puissent plaire une seconde fois : Mais quand cela serait vrai, l’on ne pourrait dénier que Molière n’eût bien de l’adresse ou du bonheur de débiter avec tant de succès sa fausse monnaie, et de duper tout Paris avec de mauvaises Pièces. […] Cette pièce a fait tant de bruit dans Paris ; elle a causé un scandale si public, et tous les gens de bien en ont ressenti une si juste douleur, que c’est trahir visiblement la cause de Dieu, de se taire dans une occasion où sa Gloire est ouvertement attaquée, où la Foi est exposée aux insultes d’un Bouffon qui fait commerce de ses Mystères, et qui en prostitue la sainteté : où un Athée foudroyé en apparence, foudroie en effet tous les fondements de la Religion, à la face du Louvre, dans la Maison d’un Prince Chrétien, à la vue de tant de sages Magistrats et si zélés pour les intérêts de Dieu, en dérision de tant de bons Pasteurs, que l’on fait passer pour des Tartuffe, et dont l’on décrie artificieusement la conduite : mais principalement sous le Règne du plus Grand et du plus Religieux Monarque du Monde : cependant que ce généreux Prince occupe tous ses soins à maintenir la Religion, Molière travaille à la détruire : le Roi abat les Temples de l’Hérésie, et Molière élève des Autels à l’Impiété, et autant que la vertu du Prince s’efforce d’établir dans le cœur de ses Sujets le Culte du vrai Dieu par l’exemple de ses actions ; autant l’humeur libertine de Molière tâche d’en ruiner la créance dans leurs esprits, par la licence de ses Ouvrages. […] Il est vrai que la foule est grande à ses Pièces, et que la curiosité y attire du monde de toutes parts : mais les gens de bien les regardent comme des Prodiges, ils s’y arrêtent de même qu’aux Eclipses et aux Comètes : parce que c’est une chose inouïe en France de jouer la Religion sur un Théâtre, et Molière a très mauvaise raison de dire, qu’il n’a fait que traduire cette Pièce de l’Italien, et la mettre en Français : car je lui pourrais répartir que ce n’est point là notre coutume, ni celle de l’Église : l’Italien a des vices et des libertés que la France ignore, et ce Royaume très Chrétien a cet avantage sur tous les autres, qu’il s’est maintenu toujours dans la pureté de la Foi, et dans un respect inviolable de ses Mystères. […] , « qu’il lui est très fâcheux d’être exposé aux reproches des gens de bien, que cela est capable de lui faire tort dans le monde, et qu’il a intérêt de conserver sa réputation » : Puisque la vraie gloire consiste dans la vertu, et qu’il n’y a point d’honnête homme que celui qui craint Dieu, et qui édifie le prochain.

196. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

D’ailleurs, il n’est pas toujours vrai que le prémier Acte soit nécessaire à l’èxposition ; il suffit quelquefois de la prémière Scène : & les meilleurs dénouemens n’arrivent souvent que dans la dernière Scène. […] Les heures, il est vrai, sont des minutes au Théâtre ; mais la vraisemblance est blessée, lorsqu’on veut nous faire croire que ce qui n’a pu se pâsser que dans huit ou dix heures, s’est écoulé dans un instant, loin des yeux du Spectateur. […] Il est vrai que la Fée Urgèle passe les bornes que j’aurais dèssein de marquer.

197. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXX. Profanation du dimanche : étrange explication du précepte de la sanctification des fêtes. » pp. 109-116

Il est donc vrai que nous lisons ces paroles dans l’ExodeExod. […] Disons donc, que les comédies ne sont pas faites pour ceux qui savent sanctifier les fêtes dans le vrai esprit du christianisme, et assister sérieusement à l’office de l’église.

198. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Le Théâtre ne fait plus, il est vrai, partie du culte de la Religion Payenne ; mais la corruption des mœurs n’y règne pas moins que sur les Théâtres de Rome et d’Athènes. […] Ce qu’ils nous disent confusément et par lambeaux, quand ils nous font la description de leurs Théâtres, nous laisse, il est vrai, dans l’incertitude sur bien des articles, et ne nous donne pas une idée précise de la construction et des usages de la Scène ; mais c’est ce qui arrive tous les jours aux Ecrivains même les plus exacts, lorsqu’ils parlent de quelque chose que tout le monde a sous les yeux : il est rare qu’en pareil cas un Auteur se donne la peine d’en faire un détail circonstancié, parce que les vivants en sont instruits.

199. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] Entretiensur ce qui formel’honnête hommeet le vrai savant Par M.

200. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Il est vrai que son amant lui en donnoit l’exemple. […] Les grands & les vrais principes de religion, qu’elle avoit reçus, & dont elle étoit sincerement pénétrée, lui faisoient craindre, tout ce qu’elle voyoit & entendoit. […] C’étoit une vraie comédie : on voyoit les Officiers, insensibles à la perte de la bataille, les uns rire, les autres pleurer à la lecture de ces lettres. […] Ce sont de vrais coupegorges. […] Cet ouvrage respire la piété, & c’est un vrai sermon pour son successeur & pour tous les Rois.

201. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Cela n’est pas toujours vrai, & quand il le seroit de la beauté naturelle, la beauté artificielle ne le seroit pas ; ce n’est pas la nature qui la donne, c’est la passion, c’est le mensonge qui la fabrique, elle annonceroit bien plus sensiblement la corruption de l’ame. […] En voici d’autres plus apparens quoiqu’aussi peu vrais. […] C. a laissé répandre du parfum sur ses pieds & sur sa tête, il a approuvé cette action, il est vrai, mais tout cela n’est point du fard, il n’en fut jamais question dans l’Évangile ; au contraire l’hypocrisie des Pharisiens, ces sépulchres blanchis sont rigoureusement condamnés ; les Apôtres réprouvent tous les ornemens qui sentent la vanité ou la galanterie, les cheveux frisés, les riches habits, &c. […] Cet homme assurément a voulu se divertir : un Médecin judicieux ne peut pas dire sérieusement tant de folies, son petit-fils l’Abbé Renaudot étoit un vrai savant qui employa utilement ses travaux pour le bien de l’Église, en composant une partie très-considérable de la défense du fameux livre de la perpétuité de la foi sur l’Eucharistie. […] Rien de plus vrai.

202. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Il est vrai que ces pieux personnages qui ont voulu changer les temples et les mosquées en Eglises, ont mis à leur théâtre dévot des conditions qui ne s’observent guère, et qui en écartant le danger affadissent le sel du spectacle. […] Ce n’est pas se réjouir dans le Seigneur d’en faire une matière d’amusement ; le véritable objet de la joie Chrétienne, c’est le souvenir de ses miséricordes, la vue de ses bienfaits, l’espérance de la félicité éternelle : « Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi, in domum Domini ibimus. » Ce n’est pas, il est vrai, un langage à tenir aux Comédiens ; ils le prendraient pour un délire. […] Il faut que l’opposition du théâtre à l’esprit de Dieu soit bien entière, puisqu’on n’y saurait souffrir que les faits y paraissent avec leurs vraies couleurs ; les sentiments, les idées, les règles de la sainteté n’y sont goûtées qu’avec l’assaisonnement du vice : les vertus ne peuvent monter sur la scène que masquées. […] Corneille et Molière sont des Peintres, et de grands Peintres, mais de vrais Callots, toutes les fois qu’ils traitent de la piété. […] Vous ne me toucherez, disait Horace, qu’autant que vous serez le premier touché ; pleurez, si vous voulez me faire verser des larmes : « Si vis me flere, dolendum est prius ipse tibi. » « Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable, Il doit régner partout, et même dans la fable.

203. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Il est vrai, mais quelles coutumes étaient parmi les Grecs capables de faire réussir une Tragédie, qui ne soient pas parmi nous ? […] Si je vous montre qu’on peut faire de belles Tragédies sans Amour, il ne sera pas vrai de dire qu’on est en droit de n’en vouloir point voir d’autres aujourd’hui. […] Il est vrai que cette Tragédie réussit bien, Monsieur Corneille la hasarda sur sa réputation, et il crut par le succès qu’elle eut, qu’il en pouvait hasarder encore une autre. […] Si l’histoire en parle, et s’il est vrai que ce Héros a souffert pour la foi, on peut changer la nature de ses souffrances, et faire, par exemple, qu’on le menace de la mort, quoiqu’il n’ait jamais été menacé que de l’exil. […] N’est-il pas vrai que la plupart de nos Tragédies se ressemblent, je vous l’ai entendu dire plusieurs fois à vous-même.

204. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Si je ne suis pas aussi correct et; aussi fleuri que vous dans mon style, je serai plus juste et; plus vrai. […] Il n’en a pas profité, il est vrai. […] Quoiqu’il en soit, j’ai nié tout net qu’il fut vrai que la Comédie fut pernicieuse aux mœurs. […] Est-il rien de plus flateur, et; en même temps de plus vrai ? […] Il est vrai que vous ne décidez pas sur le champ si elle sera bonne ou mauvaise.

205. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Il est vrai que vous n’êtes pas venus à bout de votre dessein, le monde vous a laissés rire et pleurer tous seuls ; mais le monde est d’une étrange humeur, il ne vous rend point justice : pour moi qui fais profession de vous la rendre, je vous puis assurer au moins que le mélancolique m’a fait rire, et que le plaisant m’a fait pitié. — Ce n’est pas que vous demeuriez toujours dans les bornes de votre partage, il prend quelquefois envie au plaisant de se fâcher, et au mélancolique de s’égayer, car sans compter la manière ingénieuse dont il nous peint ces Romains qu’on voyait « à la tête d’une armée et à la queue d’une charrue », il me dit assez galamment, « que si je veux me servir de l’autorité de Saint Grégoire en faveur de la Tragédie, il faut me résoudre à être toute ma vie le Poète de la passion ». […] Je croirai même, si vous voulez, que vous n’êtes point de Port-Royal, comme le dit un de vousc, quoiqu’à dire le vrai j’aie peine à comprendre qu’il ait renoncé de gaieté de cœur à sa plus belle qualité ? […] Pascal, il est vrai que j’ai eu quelque pitié de voir traiter l’Auteur des Chamillardes avec tant d’inhumanité, et tout cela, parce qu’on l’a convaincu de quelques fautes, il fera mieux une autre fois, il a bonne intention, il s’est fait cent querelles pour vos amis, voulez-vous qu’il soit mal avec tout le monde, et qu’il ne soit estimé des Jésuites, ni des Jansénistes ?

206. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Il est physiquement vrai que le bon ne porte l’ennui que dans le sein des sots. […] Si les Spectacles n’étaient pas utiles, qui le saurait mieux que nous autres, idolâtres comme nous sommes du vrai beau ? […] c’est là que les plus grossiers apprennent que les faveurs de la fortune ne sont pas de vrais biens quand ils y voient la ruine de cette royale famille de Priam. […] Il est vrai que je n’ai pas ses yeux, mais chacun a son goût. […] Non, il n’y a de pure joie que la joie publique, & les vrais sentimens de la nature ne règnent que sur le peuple.

207. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

En vain les Théologiens croyent-ils s’être assez rapprochés, & avoir suffisamment étendu leur charité, en établissant, que l’on peut tolérer ceux qui vont aux Spectacles ; & qu’à l’égard des Acteurs, dans les momens pressans, on est prêt à recevoir leur abjuration ; en vain d’autres Philosophes pensent-ils, d’après Pope, que tout est bien, tel qu’il soit, & qu’il faut des ombres au Tableau ; en vain la Politique croiroit-elle entrevoir, dans une innovation, quelques inconvéniens : il n’en est pas moins vrai, que de vouloir diffamer une Troupe de Gens à talens, que l’on reconnoît d’ailleurs être nécessaires, est une contradiction insoutenable, & qui ne peut pas long-tems subsister dans un Etat, dont le goût & les décisions sont des Loix pour toutes les autres Cours de l’Europe. […] Le terrible accident, arrivé à Henri II, qui mettoit tous les Jeux en horreur, & la révolte naissante de Luther, qui, par ses maximes relâchées, venoit de secouer le joug de la vraie Religion, permettoient-ils d’espérer qu’au Concile de Trente, & dans les Parlemens de France, on auroit d’autre objet, que tout ce qui pourroit contribuer à l’austere Réformation des Mœurs, & à la plus réguliere Observation de la Discipline ? […] Il est vrai que le Tartuffe n’a peut-être pas été infructueux envers ceux qui se sont le plus courroucés contre lui, & que les gens d’Eglise pouvoient avoir alors un extérieur affecté, & une ardeur à se mêler des affaires des familles, que l’on ne remarque plus en eux à présent. […] Personne n’ignore que la vraie gloire ne peut s’acquérir que par les plus chers sacrifices. […] Est-ce, enfin, un faux bruit, ou s’il est vrai que la Cour de Rome n’exerce plus contre cette profession la rigueur qu’elle s’est attirée autrefois avec tant de justice ?

208. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Plusieurs fois défendue & permise, elle est enfin demeurée au théatre, & quoique moins courue depuis qu’on a la liberté de la jouer, elle est toûjours un vrai scandale. […] Allez, je ne sais pas, si vous n’étiez ma mère … C’est donc la leçon qu’on donne aux enfans dans une piece faite pour enseigner la vraie piété & démasquer la fausse. […] Et en venant d’applaudir au Tartuffe, comme à une piece qui enseigne la vraie vertu & démasque la fausse, on fera brûler Buzembaum ! […] On lui répond : Je puis vous dissiper ces craintes ridicules : Le ciel défend de vrai certains contentemens, Mais on trouve avec lui des accommodemens. […] Expression fausse dans la bouche de Cléante, personne ne passe les limites de son caractère, qu’autant qu’il affecte de les passer ; mais vraie par rapport au Poëte ou au Peintre qui outre les choses.

209. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

Mon intention est de me rendre utile à la vraie religion, au roi, à son gouvernement, au peuple, et en particulier s’il est possible, à la cause qui va être agitée contre les deux journaux inculpés par le réquisitoire de M. le procureur-général Bellart. […] Ce n’est donc qu’en dégageant la vraie religion des épaisses ténèbres de l’ignorance, de la superstition et du fanatisme dont elle est obscurcie, qu’on pourrait la ramener à sa pureté primitive. […] Ils n’aspirent qu’à en faire de vraies machines essentiellement obéissantes, et les prêtres se réservent à eux seuls le droit d’en régler les croyances religieuses. […] Je n’ai fait cette dernière remarque que pour exciter la surveillance des gouvernements contre les vices, l’immoralité et les exorbitantes prétentions de nos prêtres, et non pour nuire à la vraie religion et offenser ceux qui la professent. […] Il est temps que le souverain pontife, dont les vertus chrétiennes et évangéliques inspirent la confiance et la vénération à tous les vrais fidèles, se charge lui-même de faire rentrer dans leur devoir le clergé séculier et régulier.

210. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Dryden ; et quand il serait vrai que ce Comique Païen le surpasse, j’ai déjà paré cette objection. […] Car, pourquoi Jupiter paraîtrait-il sous la forme du vrai Dieu ? […] D'Urfey en caractérisant Mannel, le définit :  «Un homme d’esprit, et qui a le vrai goût de la bonne plaisanterie. […] Ceci toutefois est plutôt un détour qu’une vraie difficulté à faire. […] Et puisqu’il n’est que trop vrai que le cœur de l’homme a une pente naturelle vers le mal, y a-t-il de l’apparence qu’il y résiste, lorsqu’il y est encore attiré, invité, sollicité ?

211. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Il est vrai qu’on peut l’entendre dans un sens moral, une belle tête, une tête savante comme on dit. […] Cette lumiere étoit un vrai miracle que Dieu fit pour accréditer le saint Législateur : ex confortio Domini . […] Ce qui est un vrai ridicule. […] Telle étoit la conduite, & le langage des Prophêtes, & des vrais Israélites. […] Mais tout cet appareil galant, étalé sur la tête chenue d’une grand-mere, sous le grave mortier d’un Président, avec la couronne vraie ou simulée, d’un Prêtre, ne sont-ils pas une farce ambulante, qui encherit sur les Mascarades des tabarins ?

212. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Nous sommes bien éloignés d’approuver les réprésentations des piéces de théatre, que les Jésuites faisoient dans leurs colléges ; nous nous sommes assez expliqués la dessus, mais nous ne saurions approuver les calomnies & la malignité que l’on ajoute à des faits qui sont vrais & répréhensibles. […] Les acteurs, il est vrai, se cottisoient pour les fraix des habits, des décorations, des rafraichissemens, faisoient quelquefois, par reconnoissance, quelque présent au Régent qui avoit composé, dirigé, exercé. […] Moliere qui ne s’embarrassoit guerre des unes ni des autres, l’a souvent fait ; plusieurs de ses piéces sont des comédies personnelles, sous des noms emprantés, & celle de Pourceaugnac en est une sans déguisement, puisque c’étoit le vrai nom du héros. […] La prudence ne permet pas d’en courir le risque, il est impossible, si la barriere est une fois levée, qu’on ne pousse la malignité à la derniere extremité, en décriant tous les vices, toutes les turpitudes des particuliers, des familles, des coups, qu’on en vienne à des vraies calomnies. […] Il est vrai que c’étoit par la bouche de leurs adorateurs, dont un coup d’œil faisoit pencher la balance ; leur noble ambition a franchi cette barriere, elles ont dressé un tribunal, se sont assises sur les lys ; leur belle bouche s’est ouverte pour faire entendre les oracles des loix.

213. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Cet éloge vrai renverse tout le plan des deux farces de Favard & de Pezai, qui toutes deux degradent, & les filles, & leurs parens, & en font des gens de théatre. […] Selon le témoignage même de Favart, qui, dans les éclaircissemens historiques qu’il donne sur sa piece, avoue, & il dit vrai, qu’ il n’y a pas un seul exemple d’une fille qui ait eu quelque foiblesse, & d’une Rosiere qui ne méritât la couronne . […] Sept ou huit scènes de ce caractere sont des vraies parodies de la fête de S. […] Le vrai but de l’Auteur a été d’établir la morale de Moliere, qu’ il faut laisser aux filles une entiere liberté. […] Et cependant on fait de la Rosiere une vraie coquette, hypocrite & adroite qui cache la plus vive passion, par un air de gaieté, de fanfaronnade sur la vertu, de protestation d’indifférence, de mauvais traitemens affectés à son amant, des injures, des emportemens.

214. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Excuse qui est un nouveau scandale, & sur des raisons frivoles qui sont de vrais désordres 1°. […] En effet, M. de Lowendal le valoient bien : mais il n’étoit qu’en second, & sur un moindre théatre Mais voici du vrai. […] Tout cela peint parfaitement le héros & le panégyriste, les vrais originaux du tableau. […] Ce mot, dit-elle, est méchant, mais a quelque chose de vrai. […] Elle eût trouvé cette partie encore plus méchante & aussi vraie.

215. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Ce sont, dit-il, des couplets gaillards, la peinture vraie & forte d’un amour violent & délicat. […] Il est vrai qu’on y en a construit depuis long-temps ; mais ce sont des masses qu’on ne peut transporter, & qui n’ont pas l’élégance de ceux de Paris. […] Le vrai Chrétien en gémit, & l’abhorre : Lugeamus dùm Ethnici gaudent. […] Il est vrai que pour promener ses graces il faudra quitter ses amans, mais ne trouve-t-on pas par-tout des libertins & des duppes ? […] Est-il bien vrai qu’aucun rendez-vous n’y attire, qu’on n’espère point d’y trouver l’objet de sa passion ou d’y faire des conquêtes, qu’on ne prétend point y étaler ses charmes, s’y lier avec des gens de plaisir, y former des parties ?

216. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Il ne sert communément que de prétexte pour couvrir le phisique, le vrai but de tous ces beaux sentimens, & il y conduit immanquablement. […] On en voit, il est vrai, jusqu’au pied des Autels insulter au Dieu de sainteté, forcer l’asyle de la religion, tendre des pieges à l’innocence, & faire triompher le démon jusque sur le trône de la Divinité ; les Anges frémissent d’horreur, les ames pures en tremblent. […] Je le suppose vrai pour ce moment. […] Elle dit dans son cœur comme César, & ne dit que trop vrai : Je suis venue, on m’a vue, j’ai vaincu ; mais c’est par mes graces que je triomphe, je ne dois rien qu’à moi-même. […] Ce ne sont pas, il est vrai, ces violentes agitations des gladiateurs, que la fureur animoit ; c’est la molle volupté qui met ici en jeu tous les ressorts.

217. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Il est vrai qu’ils sont un peu moins chastes, & que les maîtresses qu’on y a enlevées, au lieu de ménager la paix entre deux nations, portent la division dans les familles : Ex illo solemnia more theatra nunc quoque formosis insidiosa. […] Que n’en ont pas à craindre des gens certainement moins sages que Salomon, qui ne sont point fils d’un David, qui n’ont pas bâti un Temple au vrai Dieu, que les Rois ne viennent point consulter, & de qui on ne dira jamais ; heureux qui est à portée d’entendre vos oracles ! […] Il est vrai que bien des gens seroient également oisifs, quand il n’y auroit pas de spectacle. […] Il est vrai qu’au spectacle les préceptes sont un peu gaillards, & que tout considéré, il vaudroit mieux n’y pas aller ; mais nous sommes des malades à la foiblesse desquels il faut se prêter sans raisonner. […] Porée a composé & fait représenter bien des pieces, il est vrai, sans amour).

218. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Quoique la Dame se trouvât assez mal, elle était descendue avec bien de l’incommodité dans cette salle basse, pour accompagner sa Belle-mère : ce qui commence à former admirablement son caractère, tel qu’il le faut pour la suite, d’une vraie femme de bien, qui connaît parfaitement ses véritables devoirs et qui y satisfait jusqu’au scrupule. […] Ce qui est admirablement dans la nature, que cet homme se soit mis dans l’esprit que sa fille trouve Panulphe aimable pour mari, à cause que lui l’aime pour ami, n’y ayant rien de plus vrai, dans les cas comme celui-ci, que la maxime, que nous jugeons des autres par nous-mêmes, parce que nous croyons toujours nos sentiments et nos inclinations fort raisonnables. […] Enfin s’expliquant une seconde fois, et elle pensant bonnement, sur ce qu’il a témoigné croire qu’elle aime Panulphe, que c’est peut-être ensuite de cette croyance qu’il les veut marier ensemble, lui dit avec un empressement fort plaisant « qu’il n’en est rien, qu’il n’est pas vrai qu’elle l’aime ». […] Je sais que le principe que je prétends établir a ses modifications comme tous les autres ; mais je soutiens qu’il est toujours vrai et constant, quand il ne s’agit que de parler comme ici. […] [NDE] Le « fond de la question » désigne le nœud de la polémique autour du Tartuffe, c’est-à-dire la possible confusion entre les vrais et les faux dévots.

219. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Je n’en excepte que François I, qui les accueillit en vrai Politique, qui les admit dans sa familiarité, & qui tenta de les introduire dans l’administration ; mais ce généreux Prince trouva un terrain sauvage & inculte, il fallut donner ses premiers soins à le défricher, & attendre que le temps & l’application eussent fait germer cette premiere semence. […] Il est vrai que vous avez changé le lieu de la scene ; que vous ne la mettez plus, comme autre-fois, dans une Place publique, ou dans le vestibule d’un Palais : vous avez trouvé plus commode de renfermer vos mysteres dans l’obscurité d’une chambre ou d’un cabinet. […] Je me garderai donc bien de vous faire aucun reproche personnel ; mais, après cette déclaration, ne nous sera-t-il pas permis de regretter la perte que la Nation a faite de tant de génies si capables de lui rendre des services importans, s’ils se fussent occupés de ses vrais besoins, & s’ils eussent préféré la gloire de l’éclairer au stérile emploi de l’amuser ? […] Le Docteur, qui étoit homme de goût, applaudit bien sincérement aux vrais beautés de ce chef-d’œuvre ; mais il reprocha vivement au Poëte d’avoir fait Hyppolite amoureux.

220. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Il faut en convenir, puisqu’il est vrai, la seule raison d’une conduite si peu conséquente, c’est que tout ce qui attaque et détruirait, s’il était possible, la pureté de la Religion, nous fait bien moins de sensation, que ce qui tendrait à troubler notre tranquillité et notre repos, dont nous sommes tout autrement affectés. […] Il est vrai que vous traitez le duel d’usage barbare ; c’est quelque chose. […] Mais pourquoi, selon vous, un homme patient, et brave en effet dans le premier sens, qui sait également repousser la brutalité d’un ennemi qui le surprend, et dédaigner les affronts d’un Spadassin, serait-il indigne d’occuper la scène, si l’on veut tout de bon tracer les justes limites qui séparent la vraie valeur d’une intraitable férocité ? […] C’est à son école seulement que vous trouverez ces idées autant vraies et exactes, que grandes et sublimes, qui échauffent et embrasent le cœur en même temps qu’elles éclairent l’esprit.

221. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Il est vrai que la reconnoissance de Luzignan, & de ses enfans, est un épisode étranger à la piéce, & qui n’y est pas trop nécessaire, si ce n’est pour la remplir. […] On a vu des exemples d’une amitié qui a duré autant que la vie, mais quelle différence entre un sentiment vrai & qui se reproduit chaque jour entre ceux-même qui l’éprouvent, & l’effet d’un sentiment qu’excite l’imitation ! […] Il est vrai qu’Hypermnestre n’avoit qu’un pas à faire en arriére pour se dérober au poignard ; mais le patétique de la situation eût disparu.

222. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

Un chrétien est un homme qui, renonçant du fond de son cœur à tout ce qui flatte les sens, ne doit s’occuper qu’à les mortifier ; qui, ayant fait, comme le saint homme Job, un pacte avec ses yeux, pour ne point les arrêter sur aucun objet qui puisse corrompre la pureté de son âme, doit vivre en ange dans la maison d’argile qu’il habite : un chrétien est un homme dont les oreilles ne doivent entendre que ce qui est bon et édifiant ; qui, tout céleste dans ses pensées, tout spirituel dans ses actions, ne vit que selon Dieu et pour Dieu : un chrétien est un disciple de Jésus-Christ, qui, tout occupé de ce divin modèle, doit le retracer en lui tout entier ; qui adopte la croix pour son partage, qui goûte une vraie joie et une vraie consolation dans les larmes de la pénitence ; qui, toujours armé du glaive de la mortification, pour soumettre la chair à l’esprit, doit combattre sans cesse ses inclinations, réprimer ses penchants : un chrétien est un homme qui, convaincu que tout ce qui est dans le monde n’est, comme le dit saint Jean, que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie, ne voit dans ces assemblées que périls, dans ces plaisirs que crimes ; et qui, en marchant à travers les créatures, doit craindre d’en être souillé : un chrétien est un homme mort au monde, mort à lui-même, et aussi différent des enfants du siècle que la lumière l’est des ténèbres ; enfin, un chrétien est un autre Jésus-Christ qui le représente, qui l’imite dans toutes ses actions, qui pense comme lui, qui non-seulement s’est engagé à marcher sur ses traces, mais qui a encore juré de ne jamais s’en écarter ; voilà ce que c’est qu’un chrétien. […] Ravi, transporté, il mêla ses applaudissements à ceux des autres spectateurs, et sortit plus épris que jamais de l’amour du théâtre : tant il est vrai que le cœur ne peut être indifférent pour tout ce qui est passionné !

223. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Je confesse de vrai et voudrais opiniâtrement maintenir, contre ceux qui le voudraient contester, que le service de Dieu doit être préféré, non seulement à la comédie, ains à tout autre œuvrel, quelque utile et nécessaire qu’il soit. […] Voilà comment notre profession causant ces assemblées, et elles unissant les volontés au lieu de les diviser, et bien souvent liant les cœurs envieillis de haine du vrai nœud de l’amitié nous purgeae de ce côté-là. […] Au contraire, pauvres gens, [ne] reconnaissez-vous pas que ces salutaires enseignements, ces louables préceptes et ces doctes exemples qui y sont contenus sont les vrais antidotes à ce poison de flatterie duquel vos semblables ont accoutumé de briguer leurs faveurs, l’absinthe de tels remèdes (venant de notre part) leur étant d’autant plus facile à recevoir que démêlé et détrempé en la douceur du plaisir qui accompagne notre théâtre, ils y sentent moins de fiel et d’amertumeaf.

224. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Il est vrai qu’autrefois le théatre n’étoit gueres connu qu’à la Cour & à Paris ; les Provinces n’en étoient pas encore infectés, on n’y voyoit que quelques tretaus, où des Tabarins, pour attirer le monde & vendre leur orviétan, donnoient quelques farces aux peuples. […] Bien loin de se réjouir, un vrai pénitent ne songe qu’à pleurer son malheur : Cohibeat se à spectaculis qui vult recipere gratiam remissionis . […] Il est pourtant certain dans le christianisme que toutes les libertés qu’on ose prendre, toutes les pensées qu’on se permet, sont de vrais péchés jusqu’à ce que le sacrement ait béni l’union conjugale. […] Je n’en faisois pas mieux , lui dit-il brusquement ; car, ajoute l’Auteur, le nombre des vrais sages est toujours très petit, & celui des foux le plus grand. […] Enmontrant les hommes heureux ou malheureux par les biens & les maux sensibles, on les trompe ; le vrai malheur, le vrai bonheur ne sont que dans le pêché & la vertu.

225. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — X. Ses impressions sont réelles, quoique non apperçues. » p. 22

Il est donc vrai que les leçons qu’on prend au Théâtre font des impressions réelles, quoiqu’elles ne soient pas toujours apperçues.

226. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

Les vrais génies ont moins besoin d’être instruits qu’aiguillonnés. […] Ceux-ci nous reprocheront peut-être une critique trop dure ; qu’ils prennent le vrai point de vue, ils ne la trouveront que juste.

227. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

Les Comédiens vulgaires disent crûment les choses que vous enveloppez, vous prenez un autre chemin pour atteindre au même but : différence des conditions ne fait rien aux yeux de celui qui n’a acception de personnes, & s’il est vrai que vous soyez pour les grands du monde, un sujet de scandale, je vous trouve tout aussi coupable qu’un Charlatan qui empoisonne, en débitant ses drogues, les oreilles de la Canaille, par des obscénités grossieres. […] Mais Seigneur, s’il est vrai que maître de nos cœurs, De nos divers penchants les Dieux soient les auteurs, Quand même vous croiriez que les Etres suprêmes Pourroient déterminer nos cœurs malgré nous-mêmes : Essayez sur le vôtre un effort généreux, C’est là qu’il est permis de combattre les Dieux.

228. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Extrait des Registres de Parlement, du 22 Avril 1761. » pp. 210-223

On ajoute : elle ne trouve de vraie gloire, qu’à répandre dans le Sanctuaire de la Religion qu’elle professe, celle que la France lui défere . […] Enfin, on tire une fausse conséquence de cette maxime vrai en matiere criminelle, non bis in idem, « Si l’Acteur & l’Auteur sont infâmes, dit-on , dans l’ordre des Loix, il resulte de cette peine d’infamie, que la peine de la Loi contre un délit, détruit toute autre peine ; parce que la régle est certaine, qu’on ne doit jamais punir deux fois pour le même délit.

229. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

Les Personnages qu’on y voit agir sont factices, il est vrai ; mais leurs ridicules & leurs passions se trouvent dans la plus-part des hommes ; l’on ne saurait donc manquer d’être frappé d’un tableau qui peint au naturel nos erreurs & nos travers. […] Il est se vrai que la tristesse & les angoisses que nous cause la Tragédie, nous paraissent délicieuses parce qu’elles satisfont le penchant qu’ont tous les hommes à plaindre les infortunés, que jamais au Théâtre on n’a éprouvé avec peine ces sentimens, tout douloureux, tout déchirant qu’ils sont dans d’autres circonstances.

230. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

Il est vrai que le Théâtre ôte aux passions, et surtout à l'amour ce qu'elles ont de plus grossier, et de plus opposé à la bienséance ; mais il est vrai aussi qu'une passion couverte d'un voile d'honnêteté est plus dangereuse.

231. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Il a causé de grands malheurs, il est vrai, mais n’a-t-il pas aussi formé de grands hommes ? […] Qualité héroïque, il est vrai, pour des Bergers, mais non pour des hommes qui doivent un jour défendre la patrie, ou gouverner l’Etat, et qui tous viennent déterminer leurs penchants dans les préceptes de la Comédie.

232. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

La plupart des Poètes modernes qui ont écrit pour le Théâtre, n’ont pas oublié de faire usage d’un si admirable original : il est vrai que chacun a voulu y ajouter du sien ; mais on me permettra de dire que les changements et les augmentations qu’on y a faits, n’ont servi qu’à en diminuer le mérite. […] J’ai toujours regardé les quatre premiers Actes des Horaces, comme un Ouvrage comparable, s’il n’est pas supérieur, à tout ce que nous avons de plus excellent en ce genre dans l’antiquité : je ne puis voir sans quelque peine, il est vrai, l’amour de Camille pour Curiace ; les violents transports qu’elle fait paraître à l’occasion de la mort de son Amant, quoi que cet Amant fût destiné à être son époux, sont indécents dans une fille bien née ; ils blessent également les sentiments qu’on doit à sa Patrie, et ceux que la bienséance inspire : le sexe en général en est offensé ; et tout le monde sent que de pareils exemples doivent être bannis du Théâtre, où ils peuvent faire des impressions dangereuses dans le cœur de la jeunesse. […] Si le Poète avait marché naturellement à son action, sans donner la moindre passion à Télémaque, et en ne mettant dans le cœur d’Eurimaque d’autre sentiment que celui de l’amour pour Pénélope, et de la politique pour s’emparer d’Itaque ; on aurait eû deux caractères décidés et vrais en même temps ; et les Spectateurs ne seraient pas indécis, pour savoir s’ils doivent louer ou blâmer Télémaque, et si la mort d’Eurimaque doit leur faire du plaisir ou de la douleur. […] Il est vrai que, dans le cours de l’action, Tibérinus et Agrippa ne sont nommés par les Princesses, que comme leurs Amants, sans qu’elles paraissent se rappeller qu’ils avaient été destinés à les épouser. […] Il est vrai que, malgré toutes ces raisons, je n’ai pas osé non plus placer cette Pièce dans le nombre de celles que l’on peut conserver.

233. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Il est vrai qu’on a remarqué que la figure de plus d’un Danseur n’est guères agréable quand elle ôse paraître sans voile ; mais alors elle est au moins l’image de la nature. […] Il est vrai qu’il serait criant de dérober aux yeux les charmes d’une jolie Danseuse ; j’en conviens ; cependant l’idée qu’on se forme des Furies éxige qu’elles n’ayent point une mine si friponne, si tentante. […] Soyons fortement persuadés que l’Opéra-Sérieux est une vraie Tragédie, qui doit être composée avec tous les soins de l’Art. […] Concluons-en, que les Auteurs lyriques sont obligés d’être vrais & d’éviter l’incroyable, avec autant de soin que dans le genre de Thalie & de Melpomène. […] Il est vrai que l’Andromède de Corneille n’est point tout en chantant, au lieu que Pomone est entièrement en musique.

234. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Car il suppose que les Comédies d’aujourd’hui sont dans un état de pure nature, et dépouillées de toute mauvaise circonstance ; ce qui n’est point du tout vrai, et en quoi il se trompe beaucoup. […] Il est encore moins vrai qu’elles puissent passer pour tout à fait honnêtes. […] Cependant notre Docteur le met en œuvre comme quelque chose de fort bon ; et effectivement c’est un vrai lieu commun pour les Docteurs de Théâtre ; car comme les affiches des rues leur tiennent lieu d’écriture, il semble qu’ils ont droit d’en tirer des arguments pour établir leur doctrine Théâtrale. […] On s’abstiendra en Carême des choses les plus innocentes et presque nécessaires à la vie, comme de viande, d’œufs, de laitage, et on ne s’abstiendra pas de la Comédie, qui est une chose de soi criminelle, ou tout au moins très dangereuse, et qui n’a été inventée que pour le plaisir, vrai antipode de la pénitence ? […] Cela paraît impertinent, et cela l’est effectivement très fort ; mais cela n’est pas cependant moins vrai, suivant notre Docteur : et pour le justifier, il n’y a qu’à réduire ses propositions dans une espèce de forme.

235. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Pour appuyer sa décision, il abuse d’une maxime, qui n’est vraie qu’en matiere criminelle, savoir, qu’on ne punit point un délit deux fois. […] Cela n’est-il pas aujourd’hui, plus vrai que jamais ? […] Tant il est vrai, que celui qui s’expose au danger, court à une perte certaine : qui amat periculum, peribit in illo. […] Où ce ne sont pas des traits morts & des couleurs séches, qui agissent ; mais des personnages vivans, devrais yeux, ou ardens, ou tendres & plongés dans la passion ; de vraies larmes dans les Acteurs, qui en attirent d’autres, dans ceux qui regardent ; enfin de vrais mouvemens, qui mettent en feu tout le parterre ? […] En faut-il davantage, pour vous prouver, que l’enseignement constant de l’Eglise, ne permet pas à de vrais Ministres de J.C. de regarder comme innocens, les partisans du Théatre ?

236. (1675) Traité de la dévotion « Prière. » p. 68

Ô Mon Dieu, mon divin Sauveur, viens remplir mon âme de ces douceurs que tu communiques à tes fidèles serviteurs ; donne-moi le pain descendu des cieux, la vraie manne et le pain des Anges qui me fasse goûter des plaisirs lesquels étouffent le sentiment des plaisirs du monde, et le goût de ses divertissements ; que tes sabbats fassent mes délices ; que ta parole me soit plus douce que le miel, et que les rayons de miel ; et que la méditation des joies que tu me prépares dans ton ciel me ravisse de telle manière, que je ne sois plus ni au monde ni à moi, mais que je sois tout entier à toi.

237. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Il est vrai qu’Orosmane dit : En tout tems, en tous lieux, sans manquer de respect, Chacun peut désormais jouir de mon aspect. […] L’inquiétude même où ce tendre pere étoit de savoir si sa fille abandonnoit une fausse Religion pour la vraie, y auroit encore contribué ; mais on vient de voir un Prince rassuré sur la foi de sa fille, exciter ses amis à partager sa fermété, remettre son sort & celui de ses enfans entre les mains de son Dieu ; & tout-à-coup ce Héros oublie son intrépidité, succombe à sa joie, & expire. […] Le Peuple qui, dans le récit de ses malheurs, n’oublie jamais les auteurs vrais ou faux, qu’il en soupconne, avoit-il gardé le silence exprès ?

238. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Il vit alors à Leipsick de fameux Philosophe Leibnitz, homme d’un génie & d’un savoir étonnant, mais malheureusement sans religion, qui pensoit & parloit fort librement, & avoit inspiré ses sentimens à plusieurs Princes d’Allemagne Ce qui n’est que trop vrai pour la Cour & l’Académie de Berlin, dont il fut le Président & le Fondateur, & où ils regnent encore. […] Cela peut être vrai des Luthériens modernes, mais Luther & ses premiers sectateurs détruisent le libre-arbitre. […] Il est vrai qu’elles n’ont paru que cinquante ans après, mais aussi elles ont bien enchéri sur leur modele.

239. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VI. Des Sçènes. » pp. 257-276

Il est vrai que les Poètes de nos Drames favoris, paraissent être éxcusables de se permettre quelques négligences dans la liaison de leurs Scènes. […] Au reste, je ne propose mes doutes qu’avec modestie ; ce n’est qu’aux vrais Sçavans à décider avec hardiesse : je reprends le fil de mon discours. […] M. de Voltaire a eû soin de marquer dans une note de la nouvelle Edition des Œuvres de ce grand Homme, combien de pareilles fautes blessaient la vraisemblance ; il aurait bien dû s’élever aussi contre les Scènes où paraît l’Infante, qui ne sont ni liées au sujet, ni amenées par le discours des Acteurs ; il est vrai qu’on les retranche à présent ; mais Corneille ne les a pas moins faites.

240. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [D] »

XII, p. 823, où monsieur Grimm est d’un avis contraire à celui de la Mimographe, sur l’exclusion donnée au vrai dans notre Opéra.

241. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Delà s’ensuivait une sorte de Comédie, qui se ressentait, il est vrai, de la simplicité des tems ; mais qui n’en était pas moins un Spectacle. […] La progression de la joie à la tristesse, nous est plus naturelle que du chagrin à la gaîté ; si cela n’est pas tout-à-fait vrai au Phisique, il l’est du moins en fait d’ouvrage d’esprit. […] Les Siciliens soutiennent, il est vrai, que la Comédie naquit à Siracuse, & qu’un certain Epicharmus en fut le père, & sçut la polir. […] Il est vrai que la Comédie ne se perfectionna pas aussi vîte que sa rivale.

242. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

MONSIEUR, Il y a quelque temps qu’il vous plut me commander de faire quelque chose en faveur de la Comédie, et répondre au libelle du Père Augustin, ce que j’ai fait avec autant d’affection, que j’ai d’intérêt à la défense de sa cause ; Il est vrai que j’eusse différé de rien mettre au jour pour diverses raisons que le silence et le respect m’oblige de taire, Mais le pouvoir que vous avez eu sur mon esprit, m’a fait rompre toutes sortes de considérations pour vous rendre cette satisfaction, et donner cette lettre apologétique au public, sous l’aveu de votre protection, espérant que vous l’agréerez d’aussi bon cœur, que je désire me conserver la qualité de MONSIEUR Votre très humble et affectionné ServiteurA.D.L.B. […] Il est vrai que ce n’est pas d’aujourd’hui, que ce Moine réformé a donné l’essor à sa méditation frénétique, pour choquer cette profession ; Mais la connaissance que tout le monde a de son mérite augmente d’autant plus sa réputation que son ignorance essaie d’en diminuer le prix : Ce qui m’a le plus étonné ça a été qu’après avoir lu son libelle, intitulé (le Théâtre du Monde) par lequel il prétend assujettir la liberté de notre Vie ; J’ai trouvé qu’il était de la nature deb ces écrevisses, où il y avait plus à éplucher qu’à prendre, que ses arguments étaient des galimatias, et qu’il savait mieux débiter une invective, qu’enseigner une doctrine, faire le Rabelais, que le Théologien, que les passages qu’il a tirés de l’Ecriture sainte, étaient des allégories ou métaphores, pour amuser ceux des petites maisons de Paris, que les allégations des Docteurs qu’il produit contre la Comédie, ont si peu de rapport à son sujet, que j’ai honte que le public soit témoin de la faiblesse de son jugement. […] Mais si nous considérons en quel point est aujourd’hui la Comédie, nous trouverons qu’elle n’a aucune marque de l’antiquité, et ceux qui la professent, témoignent par la probité de leur vie, et par la représentation de leurs actions, qu’elle est entièrement dépouillée de toutes les qualités, qui pouvaient la noter d’infamie, et son mérite, l’ayant montée au plus haut degré de sa perfection, s’est mise dans une telle considération, auprès des Rois et des Princes, qu’elle leur tient lieu d’une sérieuse occupation ; Aussi se fait-elle avec tant de modestie, par l’innocence de ses poèmes, qu’elle dépite l’envie d’en offenser la réputation ; Je dirai de plus qu’elle est tellement Civile en ses diversités, qu’elle contraint les plus Religieux de lui donner des louanges, et chacun confesse que la force de ses charmes est si grande, qu’il faut être privé de sens commun pour en choquer la bonne odeurk ; Si l’on regarde le nombre de ses qualités, on verra, que c’est le tableau des plus agréables passions, la parfaite image de la vie humaine, la vraie histoire parlante, la pure philosophie visible, l’entretien des bons esprits, le trône de la vertu, l’exemple de l’inconstance des choses, l’ennemie de l’ignorance, le modèle de l’Orateur, le raccourci de l’éloquence, le Cabinet des plus riches pensées, le trésor de la moralité, le miroir de la justice, le magasin de la fable ; bref j’en dis peu pour n’en pouvoir dire assez, et j’ai de trop faibles Eloges, pour la moindre de ses parties : Et quoique ce Pédant l’attaque par les plus rudes invectives de sa haine, elle est un puissant rocher, contre l’orage de ses malédictions, une tour, pour résister aux écueils de sa médisance, une muraille de bronze contre ses calomnies, un boulevard pour s’opposer à ses accusations, un bouclier contre ses impostures, un rempart capable de dissiper la foudre de passion, elle est enfin à l’épreuve de ses machines, et conservera sa renommée malgré l’effort de ses intentions. […] Cyprien qu’à médire de ceux qui la voient, il aurait appris que le devoir d’un vrai Religieux, doit plutôt s’élever à la méditation de sa vie, qu’à chercher de quoi épiloguer sur celle d’autrui.

243. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Il tend des pièges, et se moque de celui qui s’y laisse prendre, et ne prévoit pas qu’il souffrira un jour des mêmes passions qu’il a allumées pour en abuser. » Les Grecs, il est vrai, dans le premier âge de la comédie, n’épargnaient pas même les plus grands de la République. […] Quelquefois, il est vrai, un homme sage, un ministre vertueux, un Burrus, par exemple, dans Britannicus, parle un moment le langage de la probité, de la justice, de l’humanité. […] Un Comédien de la Cour est un Seigneur, une Comédienne est une Dame de haut parage, qui souvent efface par sa magnificence les vraies Dames. Comme ils voient de près l’élévation, la somptuosité des vrais Seigneurs, qu’ils fréquentent et qu’ils divertissent, ils tâchent d’y atteindre, et s’imaginent que c’est le moyen de leur plaire.

244. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Puisque j’ose parler de la sorte contre le nouveau Théâtre estimé de toute la France, qu’on soit certain que je n’avance rien que de vrai, & qui ne me soit très-facile à prouver. […] Il est vrai que nous vivons dans un siècle corrompu, que les tableaux licencieux enchantent, séduisent ; mais il est encore des gens respectables qui prennent le parti de la modestie outragée, qui détestent tout ce qui est contraire aux bonnes mœurs. […] Il est vrai que Sénéque avait coutume de dire ; « Le Sage est suffisamment muni contre les passions, elles ne sçauraient le vaincre, elles n’ont aucun empire sur celui que la vertu pénètre ; il n’est point d’obstacle qui puisse l’empêcher de la chérir sans cesse ». […] Voici les propres termes de l’Auteur immortel de tant de Tragédies célèbres : « Ce n’est pas même connaître le cœur humain de penser qu’on doit plaire davantage en présentant des images licencieuses ; au contraire, c’est fermer l’entrée de l’ame aux vrais plaisirs. […] Dans une autre Scène, la tendre, la naïve Isabelle, tient ce discours à Dorlis, qu’elle prend, il est vrai, pour un esprit Aérien. « Votre image me suivra par-tout ; vous m’apparaîtrez dans mes songes ».

245. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Il n’est sûrement pas vrai que le plaisir du comique soit fondé « sur un vice du cœur humain »ck (sa malignité). […] Il se trompe selon moi ; le vrai motif de ce dégoût est l’ambition ou la vanité. […] N’est-il pas vrai que si Harpagon ne refusait pas à son fils jusqu’au nécessaire ; s’il ne portait pas la lésine jusqu’à l’envoyer boire une verre d’eau fraîche à la cuisine, quand il se trouve mal en sa présence, et cela d’un ton à faire croire que ce Vilain a même regret à cette dépense ; n’est-il pas certain en un mot que s’il n’était pas un monstre dans la société son fils ne commettrait pas les fautes qu’il commet et que ce père indigne de l’être en est le premier auteur ? […] Otez-leur le nom de Misanthropes si vous voulez : traitez-les de brutaux, le nom n’y fera rien : toujours sera-t-il vrai qu’il y a dans le monde des Alcestes et des gens capables de s’attirer une affaire fâcheuse pour dire trop durement leur avis et capables de se faire haïr par l’âpreté de leur morale et la brutalité de leur sagesse prétendue. […] Le Public ne gagnerait pas au change ; il ne lui serait pas plus avantageux de voir transformer Philinte en hypocrite, en indifférent, en bavard, comme vous prétendez qu’il est : croyez-moi Monsieur, dispensez-vous d’enseigner à Molière comme on traite bien un caractère et comme on fait une bonne Comédie, et souvenez-vous de ce que vous avez dit vous-même et que j’ai déjà cité, « que de petits Auteurs comme nous trouvent des fautes »dg où les gens d’un vrai goût ne voient que des beautés.

246. (1675) Traité de la comédie « XIV.  » pp. 294-295

Il est si vrai que la Comédie est presque toujours une représentation de passions vicieuses, que la plupart des vertus chrétiennes sont incapables de paraître sur le Théâtre.

247. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Caffaro, Sicilien, Théatin comme lui, & son professeur, homme distingué dans son ordre, qui, depuis quelques années étoit venu à Paris enseigner la Théologie & exercer le Saint Ministere, & que Boursaut Pere, appelle son Confesseur, chose rare & vrai Phénomene au théatre. […] Il a du moins convaincu tous les vrais Chrétiens, & confondu ceux qui n’en ont que le nom, & le démentant par leurs œuvres. […] Tous les anciens casuistes qu’on pourroit regarder comme relâchés sur l’article du spectacle, n’ont fait & ne pouvoient faire autre chose ; leur indulgence prétendue n’a aucune application au vrai théâtre dont on n’avoit aucune idée, ni aucun modele. […] Il est vrai qu’il chanta la Palinodie, & se réconcilia, & depuis vécut toujours bien avec ses anciens maîtres, par la médiation de Boileau, dans les œuvres duquel on a imprimé ses fameuses lettres, aussi malignes qu’ingénieuses. […] Il en construisit pour les Idoles, & nommément pour Auguste, sa vraie divinité, où il établir un college de Prêtres, pour lui offrir des sacrifices.

248. (1607) Recit touchant la comédie pp. 2-8

Leur idole ou nouveau dieu quitte vitement son échafaud, suivi de sa cambradet, étonné, comme fut tout le reste des joueurs et des spectateurs, non seulement de la pluie du tout extraordinaire, mais aussi des vrais tonnerres d’en haut et de la foudre qui tomba sur une maison proche de celle des jésuites, où elle fit du ravage, dont plusieurs des joueurs fort effrayés depuis sont morts : et tient-on compte de neuf ou dix des principaux, au moinsu. […] Le vrai, tout-puissant, juste et miséricordieux Seigneur du ciel et de la terre veuille ouvrir les yeux aux disciples des jésuites, pour leur faire connaître de quel esprit leurs docteurs sont poussés: fortifie et confirme en la profession de sa sainte parole tous ceux qui l’aiment de conscience non feinte.

249. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

Les Grecs, les Latins, et avec eux les Auteurs dramatiques de tout pays ont pensé que la vraie définition de la Comédie, c’est d’être une représentation qui nous fait voir nos faiblesses, comme dans un miroir ; qui nous découvre les illusions de l’esprit humain ; qui nous met sous les yeux nos vices et nos passions ; afin que nous nous voyons nous-mêmes tels que nous sommes, et que la risée du Public nous fasse connaître combien nous sommes ridicules. […] [NDA] On pourrait répondre que ces avantages se trouvent, pour la plus grande partie, dans les Pièces comiques du Théâtre Français, surtout dans les Pièces de caractère ; mais, en supposant même que ces caractères soient traités d’une manière propre à la correction des mœurs, il sera toujours vrai de dire, par les raisons que nous avons déjà expliquées dans le premier Chapitre de cet ouvrage, que ces mêmes Pièces sont ternies et en quelque sorte dégradées par mille traits de licence et de corruption ; en sorte que, si elles contiennent quelque instruction, elles renferment infiniment plus de mauvais principes et de dangereux exemples.

250. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR. » pp. 3-6

Ses idées furent diversement reçues du public ; on rendit justice à la sagesse de l’Auteur, mais on n’approuva pas généralement ses moyens de réformation, qui, à dire vrai, équivalent presque à une suppression entiere des spectacles.

251. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIV.  » p. 469

Il est si vrai que la Comédie est presque toujours une représentation de passions vicieuses que la plupart des vertus chrétiennes sont incapables de paraître sur le Théâtre.

252. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XV. Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui. » pp. 94-96

Il est vrai que les mouvements les plus extravagants, et les plus visiblement opposés à la vertu Chrétienne, se trouvent dans cette sorte de danses, qu’on appelle ordinairement des ballets, et qui se font par les rues et dans les places ; mais cela n’empêche pas que l’immodestie, et le désordre que l’on remarque dans les bals et dans les danses ordinaires touchant la seule composition du corps, ne soit un fondement raisonnable de juger que l’on ne peut y assister, et y prendre part sans péché mortel.

253. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « A Monsieur le Comte de P***. » pp. -

Qu’ils lisent vos Ouvrages, ils y verront la manière dont on suit les règles si recommandées par les Partisans de la Nature & du vrai Beau.

254. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

« Le théâtre (dites-vous), au lieu de faire la loi au Public, la reçoit de lui. » Cette proposition strictement énoncée me paraît bien captieuse : elle est vraie, à quelques égards ; mais dans le point, dont il s’agit ici, elle me semble contredite par l’expérience à laquelle seule, en matière de fait, on doit s’en rapporter. […] D’ailleurs, les hommes se montrent quelquefois, au théâtre, dans leur grandeur naturelle ; Sertorius et Pompée n’ont rien de gigantesque, et le siècle précédent vit naître deux Héros que Corneille peut-être avait pris pour ses modèles, « sans se proposer pour objet ce qui n’est point, ni laisser, entre le défaut et l’excès, ce qui est. » S’il est vrai qu’à force de vouloir instruire les spectateurs, on ne les instruit plus ; il faut convenir que toutes les productions de l’esprit auront du moins le même sort, et qu’on doit cesser d’écrire ; et ce n’est certainement pas l’avis de vos lecteurs. […] Et demanderez-vous aux spectateurs, de quoi leur aura profité la pièce, où des sentiments si vrais et si respectables sont mis en exemple ? […] Mais quand il serait vrai que la raison seule pût tenir lieu de vertu, la tragédie dont je parle n’enseigne-t-elle pas aux Rois, que leur intérêt personnel, celui de leur gloire et de leurs plaisirs ne peut jamais se séparer de l’intérêt général des peuples soumis à leur empire ?

255. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « LA PREMIÈRE ATTEINTE CONTRE CEUX QUI ACCUSENT LES COMÉDIES » pp. 1-24

Pour opiner de l’un avec le vulgaire et juger de l’autre avec les sages, en dois-je chercher l’exemple en l’antiquité, puisqu’il y en a ici qui se montrent aussi ennemis du vice, que vrais admirateurs de la vertu. Non, je ne dois point rechercher loin de nous les ombres et les sépulcres, puisque nous en avons aujourd’hui dans notre France, en l’œil des cités, en la plus auguste ville de l’Europe, le corps, la lumière, et la vie de tous les plus rares et dignes Comiques du monde, en ceste troupe de Parnasse, nourrissons des Muses, Aigles de Jupiter, vrais enfants d’Apollon, race divine, interprètes des Dieux, qui ont gratifié Paris de leur présence : quelles louanges vous peut-on donner ? […] Pardonnez à l’insuffisance de mon esprit, belle âme, qui en la comparaison de chose incomparable, n’avez semblable que vous : La similitude des pierres précieuses vous offense, elles ont leur être en la terre, et votre origine est au ciel, si ce n’est de celles d’Egypte qui naissent au plus haut de l’Ether : Vous en avez le feu et l’éclair étincelant, et moi pour vous honorer j’en tiens la constance, qui m’a fait entreprendre cette matière qui est une pierre de prix : Voyez que dans ma main elle sera brute en la terre, sans être en œuvre ; donnez-lui sa vraie feuille, la chaleur et le teint selon l’aspect de votre Soleil : affinez son lustre pour la faire étinceler sans nuage, cendre, noirceur, paille, filandre, poudre qui puisse permettre à la lime de mordre ou d’altérer qu’elle ne perde sa couleur qu’en votre flamme, pour se changer, comme le mauvais Saphir en un bon diamant : Et au lieu que j’en fais une Charite sans grâce, relevez-le de celles que vous tenez qui vous font esclaver, dominer et triompher des âmes plus parfaites, pour ne parer vos trophées de dépouilles éteintes en ce combat qui est plus glorieux que ceux de Jupiter, d’Apollon, de Palémon, et d’Archémore : aussi en avez-vous un prix plus excellent que l’olivier, le pommier, l’ache, et le pin : car vous en rapportez les couronnes immortelles qui n’étaient dues qu’aux immortels : et décochant par paroles les sagettes des Muses, comme un second Anthée vous reprenez nouvelles forces, non pas en touchant la terre, mais en vous élevant au ciel, où vos propos nous ravissent, non sur les ailes d’or d’Euripide, mais sur les célestes de Platon, qui portent nos désirs jusques au lieu où la vertu fait sa demeure, nous rassasie du délicieux miel de Python, du nectar de Calliope, purifie nos oreilles, éclaire les yeux de notre esprit humecte nos âmes d’une rosée dont la douceur éteint toute amertume, et ne nous laisse que le regret de voir beaucoup d’hommes mal nésk, qui pour entendre la mélodie Phrygienne ne sont pas atteints d’une divine fureur : mais comme le Temple des Euménides en Athènes rendait frénétique celui qui n’y apportait le respect qui était dû, le vôtre a eu la même propriété : et ainsi que Lycaon fut changé en loup, vous les avez fait transformer en bêtes hurlantes.

256. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Quand il serait vrai qu’on ne peint au Théâtre que des passions légitimes, s’ensuit-il de là que les impressions en sont plus faibles, que les effets en sont moins dangereux ? […] « L’argument tiré de l’exemple des bêtes, ne conclut point et n’est pas vrai. […] Un vrai Philosophe employerait-il de pareils raisonnements ?

257. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Il est vrai qu’elle a attiré à M. […] Il est vrai que M. […] Et quand il seroit vrai que S. […] Il n’est pas même vrai que le meurtre & le parricide y soient toujours odieux. […] Guibert les réflexions les plus solides qui émanent d’une vraie philosophie.

258. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Ils n’épargnent ni peine, ni soins, ni frais pour attirer le public. « C’est assez l’ordinaire, dit l’Auteur du Comédien, que des enfans adoptifs, aient plus d’attention que nos vrais enfans, à se rendre dignes de notre tendresse. » Les connoisseurs poussent si loin la délicatesse sur ce point, que les habits même des Acteurs les réfroidissent, s’ils savent qu’on leur en ait fait présent, ou que l’Acteur, mal dans ses affaires, n’ait pas du en avoir de si magnifiques. […] Nous n’exigeons point d’elles, sur le Théâtre, un étalage intéressé de leurs charmes ; mais un jeu vrai, & un air qui convienne de tout point aux rôles qu’elles représentent. » Dès qu’on ne voit que L’Actrice, on oublie le personnage, & la Pièce manque son but.

259. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

L’orgueil est pareillement canonisé sur le Théâtre, c’est la source du vrai courage, la passion qui fait les Héros ; ceux-ci lui doivent l’élevation de leurs sentimens, en elle seule ils puisent la vraie grandeur.

260. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

« Ce sont, dit le Père Poréeah, premièrement des curieux, des esprits légers, de vrais papillons voltigeant çà et là, sans savoir où, faits, ce semble, pour être spectateurs de toutes choses, excepté d’eux-mêmes. […] Des leçons pour apprendre les subtilités du vice, ou des exemples pour s’affermir dans le crime, ou des aliments des passions pour en repaître leur cœur, ou des peintures fabuleuses pour retracer à leur imagination de trop coupables vérités. » Le théâtre ne leur plaît qu’autant qu’on a soin de ne pas contrarier, jusqu’à un certain point, leurs penchants, qu’on y ménage, qu’on y flatte même leurs passions favorites, qu’on y donne aux vices qui leur sont les plus naturels un vernis d’héroïsme et de grandeur qui adoucisse à leurs propres yeux ce qu’auraient d’odieux des couleurs trop vraies et des images trop ressemblantes : comme ils sont plus susceptibles d’impressions nuisibles et dangereuses que d’impressions bonnes et utiles, une morale exacte, une raison sévère les ennuient et les rebutent.

261. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Je ne sçaurois croire que ce soit là le vrai sentiment de l’Auteur ; & Aristote même me fournit dans sa Poëtique dequoi combattre son opinion, par l’idée qu’il y donne de la Tragédie, & des différentes parties qui n’en forment qu’un seul tout. […] L’homme se plaît, il est vrai, à être occupé d’un objet qui ne lui fait acheter par aucune contention pénible l’agrément d’en jouir ; mais il aime infiniment plus ce qui excite dans son ame des passions séduisantes, dont l’impression le charme par un trouble passager qui se fait sentir sans se faire craindre. […] Il est vrai qu’on n’accuse plus les Dieux du déréglement de son cœur, & qu’on ne cherche plus à l’authoriser par leur exemple, comme ceux dont S. […] Il est vrai que tout l’art & toute la perfection de la Tragédie consiste en un sens dans une imitation sçavante & fidele, ensorte que le Poëte qui imite le mieux, est aussi celui qui nous plaît davantage. […] Elle excite en nous des sentiments plus vrais, des passions plus originales, au lieu que celles qui naissent de l’imitation, tiennent toujours quelque chose de la copie ; & que pour se servir ici d’un terme de Ciceron, elles sont non expressa quidem sed adumbrata signa affectuum .

262. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Troisième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 25-27

Oui, mon amie, sauvez-moi de moi-même : il n’est que trop vrai que j’ai des devoirs à remplir !

263. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « [Lettre] » pp. 1-4

Je ne pense pas, il est vrai, que peu d’Auteurs m’ayent donné l’exemple de ce désintéressement, & que fort peu voudront l’imiter : (pardonnez-moi si je me sers de vos propres expressions.)

264. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXV.  » p. 484

Il est vrai que cette continuité de la prière ne peut consister dans une attention perpétuelle de l'esprit à Dieu, et qu'il suffit qu'il demeure quelquefois dans un simple désir que Dieu y connaît ; mais il est certain que ce désir s'éteint facilement, si l'on n'a soin de le nourrir par les prières actuelles et par la méditation des choses divines.

265. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

La vraie beauté de chaque chose n’est que la simple nature sans affectation & sans caprice, l’assortiment, l’harmonie des parties qui la composent, réduites à l’unité. […] Toutes ces graces, vraies ou factices, cette beauté empruntée qu’on doit au marchand & au baigneur, n’est bonne qu’à suppléer à l’indigence & à la supposer, à couvrir & à montrer des défauts réels. […] Il est vrai qu’en revanche pendant leur printemps la vogue est brillante & les profits honnêtes, & qu’elles n’ont pas besoin de l’embarrassant appareil des habits & des décorations ; un héros leur suffit pour jouer la piece entiere. […] Ces femmes dont l’extrême délicatesse, vraie ou affectée, ne peut souffrir la plus légère incommodité, en contractent des infirmités de toute espece. […] Est il bien vrai que le mari veuille qu’on prodigue son bien à tous les yeux, & qu’on le lui offre à tout moment à lui-même ?

266. (1675) Traité de la comédie « XXV.  » pp. 314-316

Il est vrai que cette continuité de la prière ne peut consister dans une attention perpétuelle de l'esprit à Dieu, et qu'il suffit qu'elle demeure quelquefois dans un simple désir que Dieu y connaît: mais il est certain que ce désir s'éteint facilement, si l'on n'a soin de le nourrir par des prières actuelles, et par la méditation des choses divines.

267. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Il est vrai qu’aucune n’a passé pour un chef-d’œuvre, & que la seule idée de pieces de collége les feroit tomber. […] Il est vrai que le P. la Rue avoit un geste & une action qui n’est pas ordinaire. […] Il faut pourtant excepter les actrices, qui réalisent parfaitement les amours qu’elles jouent : ce sont des vraies Armides, des vraies Angéliques, dont le Medor & le Renaud sont très-réels. […] Il est vrai qu’ils ajoutoient des peines séveres contre le particulier qui auroit fait cette faute griève, & contre le supérieur qui l’auroit soufferte, sous peine de suspense de son emploi pendant six mois.

268. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Ce portrait trop vrai des effets du théatre sur les femmes, tracé par la main la plus ingénieuse & la plus respectable, l’Abbé de B… est l’abrégé de tout ce que nous allons dire. […] Il est vrai que dans les siecles gothiques on les voyoit assister aux tournois, y regarder rompre les lances, blesser & tuer les Chevaliers les animer des yeux, de la voix & du geste, & distribuer le prix au vainqueur. […] Il est vrai que les Actrices ultramontaines ne sont pas plus sévères, quoique plus réservées ; elles sont également par-tout sur le compte de quelqu’un, & dans les intervales à qui les paye. […] Je suis persuadé que le corps des Fiacres aura bien-tôt les mêmes prérogatives ; il est vrai que comme à Paris le sexe a plus de liberté, on y a moins besoin de leurs services. […] tout en est plein ; tous, il est vrai, ne sont ni constans ni sincères, mais les Dieux n’étoient pas mieux servis ; on se repaît toujours de la chair des victimes, & dans la foule il est toujours quelque cœur qu’on s’attache ; n’est-on pas faite pour les enchaîner tous ?

269. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Ce cas, il est vrai, n’arrive guère, et c’est ce qui lui a peut-être fait croire l’abolition de la loi. […] Il en donne une raison plaisante, mais vraie. […] Il est vrai aussi que sa femme avait autant de raison d’être mécontente de lui, et qu’une juste compensation le déclarait irrecevable. […] ) Il est vrai que pour faciliter la conversion d’un sexe fragile, souvent entraîné par faiblesse, Justinien permet aux Comédiennes et à leurs filles de purger leur infamie par des lettres de réhabilitation, comme il le permet aux bâtards et aux affranchis, « sicut servos libertate donatas », pourvu qu’elles renoncent sans retour à l’infâme habitude du théâtre. […] C’était en effet pour des gens d’honneur une vraie menace, si l’enfant eût été légitime.

270. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Ils obéissent à la loi divine, professent la vraie religion. La vérité les dirige, la grâce les garde, la paix les protège, la sagesse les enseigne, la parole divine les conduit, Dieu seul les gouverne, Jésus-Christ, la vraie vie, règne en eux. […] Nous vous abandonnons toutes ces folies ; embrassez la vraie religion, et à notre exemple quittez des choses si frivoles : « Concedimus vobis hæc inutilia ; credite religioni, et similiter nobis à nugis discedite. » Minucius Felix. […] La vraie volupté est celle que fait goûter la vertu ; elle n’est ni périssable ni passagère. […] Le vrai Précepteur, dit-il, c’est Jésus-Christ, ce Verbe-Dieu qui nous a instruit dans tous les temps par Moïse, par les Prophètes, par les Apôtres, et par lui-même quand il s’est fait homme.

271. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

Mais sans entrer dans toutes ces discussions sur la Comédie ancienne & moderne, discussions qui n’aboutiroient vraisemblablement qu’à faire pencher la balance du côté de l’une ou de l’autre sans faire adopter la meilleure, je me bornerai ; 1°. à examiner la Comédie dans sa nature, c’est-à-dire dans le but qu’elle doit se proposer ; 2°. ensuite j’examinerai si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie ; 3°. enfin je rechercherai s’il n’y a pas quelques obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie.

272. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-3

On y forme les intrigues, on y étale les graces, on y parle le langage de la passion ; les loges sont leur vrai théatre.

273. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Mlle de Guise » pp. -1

Unique bien que tout respire L’esprit captif sous ton Empire, Chérit l’honneur de son tourment, Retenu en tes douces gênesc, Mourir enlacé de tes chaines C’est vivre au vrai contentement.

274. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — A SA MAJESTÉ IMPERIALE ELISABETH PREMIERE, IMPERATRICE DE TOUTES LES RUSSIES. » pp. -

Parmi tous les beaux Arts que Pierre le Granda introduisit dans son Empire, cet Auguste Prince ne songea pas à y établir un Spectacle : les soins qu’il prit, soins si dignes d’un vrai Monarque, n’eurent pour objet que le bonheur du peuple innombrable qu’il gouvernait ; et sans doute le Théâtre, tel qu’il le voyait, lui parut moins propre à polir ses Sujets, qu’à corrompre l’innocence de leurs cœurs.

275. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Tout cela n’est vrai que pour certains caractères extrêmement fougueux, & dans les momens d’une tentation violente. […] Le libertinage peut, il est vrai, durer toute la vie, parce que sans cesse on l’entretient. […] On y voit une multitude de vers enjambés, vrai défaut dans la poësie noble, des rimes semblables très-voisines, de mauvaises constructions, des inversions forcées, des termes impropres, du précieux, du galimathias, des contresens, des idées fausses. […] Or les Héros & les Héroïnes de Comminges & d’Euphémie sont de vrais hypocrites, des tartuffes très-dangereux, d’autant plus scandaleux, que c’est sous l’habit religieux & le caractère sacerdotal qu’ils sont des scélérats.

276. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Il verrait le sentiment dans mes discours ; en les écoutant, il se connaîtrait ; et en se connaissant, il verrait que, s’il peut être vrai que l’homme qui médite soit un animal dépravé 1 a, il est encore plus possible que celui qui voit la source de cette vérité dans le cœur de l’homme, devienne insensiblement le plus injuste et le plus malheureux des hommes. […] Vous méprisez les femmes, vous les haïssez, leur vrai portrait vous irrite ! […] Il prend envie de croire que le vrai bonheur, le véritable amour, consiste à avoir les yeux fermés auprès de ce qu’on aime, à n’oser regarder ses charmes, à se priver d’un plaisir, pour un plaisir plus grand, quand on a lu des maximes si nobles, si pures et si séduisantes. […] Cependant l’inconnue avait des yeux charmants, un son de voix digne de passer au cœur, un teint plus vrai, plus éblouissant que l’éclat des roses, une gorge telle qu’on en imagine à l’aurore naissante ; et la vérité, cette vérité, plus touchante que les graces, plus persuasive que l’esprit, se peignait dans ses regards, dans ses mouvements, dans son silence.

277. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

La Motte Houdart s’en explique ainsi dans son Discours sur la Tragédie : « Nous ne nous proposons pas d’éclairer l’esprit sur le vice & la vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs. […] » Il valloit bien mieux par des tableaux vrais & forts, de leurs déréglements, travailler à les en faire rougir.

278. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

… Si je demande à une personne du monde, qui n’a pas encore étouffé tous les sentimens de pieté, & de crainte des jugemens de Dieu, mais qui a peine a souffrir qu’on lui dise qu’il y a peché d’aller au bal, ou de se trouver dans ces assemblées de danses ; n’est-il pas vrai, que vous sentez un reproche interieur quand vous rentrez dans vous même, qui vous dit, que vous ne faites pas bien, que vous vous exposez au peché, & qu’il-y a à craindre, que cela ne soit la cause de vôtre perte ? Et pour vous en convaincre encore davantage, n’est-il pas vrai que vous ne voudriez pas mourir au sortir du Bal, quand vous seriez assuré de n’avoir point d’autre peché, que celui d’y avoir assisté ?

279. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres.  » pp. 341-360

Canons du IVe concile de Carthage, an 398 ; « 2° L’évêque aura sa chambre ; et pour les services les plus secrets, des prêtres de bonne réputation, qui le voient continuellement veiller, prier, étudier l’Ecriture sainte, pour être les témoins et les imitateurs de sa conduite ; ses repas seront modérés, et on y verra des pauvres ; il n’aimera ni les oiseaux, ni les chiens, ni les chevaux, ni les habits précieux, et s’éloignera de tout ce qui tient au faste ; il sera simple et vrai dans tous ses discours, et méditera continuellement l’Ecriture sainte, pour instruire exactement son clergé et prêcher aux peuples selon leur portée. […] Cela est si vrai, qu’il n’est plus question parmi eux d’exécuter les canons qui les touchent, et qu’ils semblent laisser dans un oubli, dans une désuétude absolue, tels que ceux-ci : « 1° On renouvelle, dans le concile de Carthage tenu en 349, la défense déjà faite aux ecclésiastiques, en plusieurs conciles, d’habiter avec des femmes ; « 2° Aucune femme ne doit demeurer avec aucun des prêtres, mais seulement la mère, l’aïeule, les tantes, les sœurs, les nièces, celles de leur famille qui demeuraient avant leur ordination. 3e Conc. de Carthage, an 397, can. 17 ; « 3° Les prêtres doivent s’abstenir des grands repas, de la bonne chère, de l’ivrognerie et autres vices.

280. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

Il est vrai que l’Athée y est puni à la fin, mais le but de l’Auteur est de réjouir les spectateurs, comme il le déclare dans sa Préface ; et non de leur inspirer une véritable horreur de l’impiété et du crime. […]  » Le même Saint Cyprien ajoute dans son livre des spectacles : « Que peut faire un vrai fidèle dans ces tristes occasions, lui à qui il n’est pas même permis de souffrir les mauvaises pensées ?

281. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Si ce que j’ai avancé des Pieces qu’on représente, & du méchant effet qu’elles produisent, est exactement conforme à la vérité ; par une suite naturelle, les principes que j’ai établis sont vrais. […] L’art du Poëte consiste à peindre les passions de couleurs si vraies, que tout homme s’y reconnoisse, de quelque Religion, de quelque pays qu’il soit, Chrétien, Musulman, Asiatique, Américain. […] Il est vrai que de cette petite ruse il naît des situations, de l’interêt, de la terreur, & que nous lui devons ce moment théatral, si heureusement dépeint dans ces quatre mots : Seigneur, vous changez de visage ! […] C’est le triomphe du vrai tragique, & de l’art des vers. […] Tant il est vrai que l’envie, la cabale, singuliérement le mauvais goût combattent quelquefois, étouffent même le succès des meilleurs ouvrages, & la réputation des Ecrivains du premier ordre.

282. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — I. Fin principale de l’Incarnation du Verbe. » pp. 5-6

Un vrai Chrétien est donc un homme qui n’est occupé qu’à bénir la main toute-puissante qui l’a arraché à l’Enfer ; qui a abbatu le mur de séparation, que ses infidélités avoient élevé entre le Seigneur & lui, & qui a fait sa paix avec Dieu.

283. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Première Lettre. De madame d’Alzan, À madame Des Tianges, sa sœur. » pp. 18-20

Il n’est que trop vrai, nous n’étions pas faites pour être séparées : le temps, l’espace ne devaient jamais se trouver entre nous.

284. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Douzième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 250-253

Je me plais dans cette idée ; elle me console & m’encourage… Ma sœur, est-elle bien vraie ?

285. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IX. » pp. 44-46

Elles ne se trouvent pas même en lui dans aucun degré, s’il est vrai, comme vous le dites, que vous ayez eu dessein en faisant le caractère du Héros de représenter toutes ses vertus par ces symboles clairs, et expressifs tirés de la fable.

286. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XI. » pp. 55-57

Bernard, ainsi que l’enflure du cœur est la mère de la présomption, de même la véritable douceur ne procède que de la vraie humilité. » Ce sont deux vertus que Jésus Christ a rendu lui-même comme inséparables : « Apprenez de moi, dit-il, que je suis doux et humble de cœur.

287. (1751) Avertissement (Les Leçons de Thalie) pp. -

« Ridiculum acri, Fortius ac melius magnas plerumque secat res. » C’est ainsi que pensait Molière, le Père de la Comédie en France, le Maître et le vrai modèle de tous ceux qui se sont adonnés à ce genre d’écrire.

288. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VI. Ce que c’est que les mariages du théâtre.  » pp. 25-27

Mais aussi que les mariages des théâtres sont sensuels, et qu’ils paraissent scandaleux aux vrais chrétiens !

289. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIX.  » pp. 475-477

On s'est servi à dessein de ces exemples, parce qu'ils sont moins dangereux à rapporter: mais il est vrai que les Poètes pratiquent cet artifice de farder les vices en des sujets beaucoup plus pernicieux que celui-là; et si l'on considère presque toutes les Comédies et tous les Romans, on n'y trouvera guère autre chose que des passions vicieuses embellies et colorées d'un certain fard, qui les rend agréables aux gens du monde.

290. (1675) Traité de la comédie « XIX.  » pp. 302-305

Mais il est vrai que les Poètes pratiquent cet artifice de farder les vices en des sujets beaucoup plus pernicieux que celui-là.

291. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

Quoique les désordres que cause dans le monde le vice d’impureté soient presque infinis, ainsi que je crois l’avoir démontré dans le Sermon d’avant-hier, ils ne font néanmoins qu’une partie de ceux que produit la comédie, c’est une source aussi féconde que funeste de dérèglements, et une vraie sentine de corruption, pour procéder avec ordre, je dis qu’elle gâte l’esprit, amollit et corrompt le cœur, infecte l’imagination et la mémoire. […] Un vrai Chrétien qui a reçu de Dieu ces yeux de la foi dont parle saint Paul, considère tout dans le véritable point de vue ; et dans cette heureuse situation tout ce qui est dans le monde lui paraît un bagage d’hôtellerie, une vaine décoration de théâtre où ceux qui ont joué les plus grands rôles vont être dépouillés de leurs ornements comiques. […] Ainsi il fait un exercice continuel d’ambition, de vanité, de fausse tendresse, de vengeance, tout est en combustion chez lui, sans qu’il en sente seulement la fumée parce qu’il en est dehors, l’appareil de son supplice y est tout dressé par le déchaînement des passions sans qu’il l’aperçoive, tout occupé qu’il est de ces aventures imaginaires qui font des plaies très réelles et très profondes dans son âme, il ne voit pas les précipices que ses ennemis lui creusent, et les chaînes qu’ils lui forgent, je pleurais, dit saint Augustin dans les Confessions, une Reine Didon qui s’était tuée par un violent transport de son amour, et je ne pleurais pas mon âme, ô mon Dieu, à qui je donnais la mort, en m’éloignant de vous sa vraie vie, par l’attachement déréglé à ces fictions dangereuses.

292. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Maurice était un grand capitaine, d’accord ; mais était-il un grand saint, était-il un homme d’Etat, un guerrier sage, un grand homme, un vrai héros ? […] Il est vrai qu’au moyen de l’imposition, ils ont la comédie gratis, les arrière-coulisses et l’Actrice à bon marché : il est vrai aussi que les conquêtes et les victoires, les hauts faits d’armes n’ont pas encore signalé les élèves de cette nouvelle école.

293. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Ce sont des défauts de cette espèce qui font que les personnes sans prévention, en convenant que Molière est le père du vrai Comique de situation, de la véritable économie théâtrale, ne regardent pas ses Ouvrages comme de parfaits modèles, & qu’elles condannent les mœurs du plus grand nombre de ses Pièces. […] Je pense qu’il n’est point d’Auteur dramatique qui n’ait senti, que pour atteindre au naturel, au vrai, par la Représentation, il y aurait encore beaucoup de choses à desirer dans nos meilleures Pièces. […] Cette supposition est non seulement contre le vrai, mais elle est dangereuse, en ce qu’elle peut induire quelques maîtres faibles, à se conduire ainsi, ce qui les exposerait à donner dans tous les travers que l’esprit servile peut suggérer, par intérêt, par malignité, ou par défaut d’apercevance, &c. […] Les modelemens auront presque les mêmes qualités que les imitemens : ils doivent être honnêtes, vrais, sages & critiques : honnêtes, en n’admettant aucune action, aucun geste, qui puissent allarmer la pudeur la plus scrupuleuse : vrais, en peignant ce qui est, & comme il est ; en n’employant pas sur le Théâtre des gestes insolites, qu’on ne voit que là : sages, en ne donnant à l’action que le degré de vérité convenable, pour plaire ; en s’éloignant de tout jeu forcé, fût-il vrai, soit par l’enflure dans la Tragédie, soit par la charge, dans le Comique : critiques, en assaisonnant du sel du ridicule les actions qui doivent en être chargées ; en le rendant sensible, dans celles où il est caché sous des expressions simples, aux-quelles le geste & le ton peuvent seuls mettre une valeur. […] Comment saisiraient ils ensuite la vraie déclamation ?

294. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « Stances à Madame Isabelle, sur l’admiration où elle a tiré la France » pp. -

A l’instant pour orner la terre, Des vives beautés qu’il enserre, Il lui voulut donner un Corps, Vraie Image de sa figure, [mot illisible] ce que l’œuvre de nature Se perd en discordants accords.

295. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XII. La représentation des pièces de théâtre est plus dangereuse que la lecture. » pp. 108-110

Cela est si vrai que le sénat de Melpomène et de Thalie ne se chargerait pas d’une pièce sur la simple lecture.

296. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Si les peintures immodestes raménent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, & que pour cette raison on en condamne l’usage, combien plus sera-t-on touché des expressions du théâtre où tout paroît effectif, où ce ne sont point des traits morts & des couleurs seiches qui agissent, mais des personnages vivans, de vrais yeux, ou ardens, ou tendres, ou plongés dans la passion ; que vraies larmes dans les acteurs qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent ; enfin, de vrais mouvemens qui mettent en feu tout le parterre ? […] Quelle idée peut-elle avoir du vrai bonheur, quand amusée ainsi par des objets frivoles, elle y place toute sa félicité ; & qu’au lieu d’appaiser sa faim par une nourriture solide, elle s’empoisonne par le mensonge & l’erreur ? […] Je l’examinerai dans la premiere partie ; & quand même il seroit indifférent en soi, est-il vrai que l’innocence n’y coure aucun risque ? […] il n’est peut-être que trop vrai de la plûpart. […] & quand il seroit vrai ce que vous dites à présent, que vous êtes toujours sorti innocens du spectacle, encore faudroit-il conclure avec un grand Docteur : premierement, qu’à raison du scandale, autorisant par votre exemple des personnes qui peut-être y périront, & dont Dieu vous redemandera les ames : secondement, à raison du danger auquel vous vous exposez, danger moindre si vous voulez pour vous que pour d’autres, mais toujours vrai danger pour vous ; c’est donc toujours un crime pour vous, qui que vous soyez, d’y assister.

297. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

Et tous dans le goût des ballets, entremêlé de danses, de pas de trois, de dix, de vingt, de trente ; leur Chorégraphie embrasse un très-grand nombre d’actrices, leur orchestre n’est pas si régulier que celui de l’opera ; ils n’ont pas de Francœur pour battre la mesure ; mais ils ont de tambours, de siflets, de flutes, de grêlots, une boëte en machée où l’art a renfermé des bales de plomb, de petites pierres qui en les agitant plus ou moins vite rendent des sons moins harmonieux ; il est vrai que la Chacone de Phaëton, mais qui marque pourtant une mesure à laquelle leurs oreilles sont accoutumées, leurs pas, leurs bras, leurs contorsions, s’accommodent fort exactement. […] Les sauvages ont aussi mille cérémonies imitatives, qui font pour eux de vrais spectacles : le détail en seroit infini, chaque Nation a les siennes qu’on peut voir dans les voyageurs. […] Ce fait est exactement vrai ; & dans le génie du peuple Anglois, l’auteur de la relation d’Angleterre, intitulée Londres, qui le rapporte, & y ajoute une circonstance qu’on dit fausse, & qui a tout l’air de l’être : il dit que le jour de l’entrée, Garrik s’étant présenté pour faire quelque excuse, il fut traité comme un homme qui auroit attenté à la Majesté du peuple Anglois, & qu’on exigea de lui sous peine de démolition totale de son théâtre, qu’il demandât pardon à genoux, qu’il le fit, mais qu’il n’a plus depuis reréparu sur la scene. […] Dans toutes les Réligions vraies ou fausses, le cérémonial du culte public, est une sorte de spectacle mystérieux & figuratif, pour mettre les dogmes, les loix, les vertus sous les yeux du peuple, l’instruire, l’effrayer, le toucher.

298. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Il appelle drôlerie ce qui fut représenté d’horrible selon la nécessité du sujet, touchant les diables et les damnés, et pour cela il cite son rêveur Camerarius, ne faisant qu’une pure drôlerie de tout son récit, drôlant par tout, et gaussant en vrai Lucianr. […] Je me suis émerveillé commebd après avoir si effrontément franchi les barrières de la pudeur il n’ait encore couché par écrit cet autre vilain mensonge, qui a couru jusques à Paris, qu’un démon vrai démon, se soit trouvé parmi ceux qui les représentaient en cette action sur le théâtre. […] Il est vrai qu’ils tiennent à assez de récompensecu d’avoir eu en ceci le désir et bonne volonté de vous servir, et vous servant, de glorifier celui, pour lequel ils endureront volontiers en ce monde, appuyés sur la ferme espérance qu’ils ont, qu’après le travail suivra le repos, qui est promis aux gens de bien au séjour de l’Eternité. […] L’approbation des autorités religieuses et judiciaires de la ville est manifestée par l’attestation du Prévôt et des Echevins qui clôt le texte de Gaule : « Nous Prévôt des Marchands et Echevins de la ville de Lyon, qui avons vu un petit discours, en forme d’épître à nous adressé intitulé Conviction véritable […], attestons et certifions en vérité, que le contenu en ladite conviction est aussi vrai (au fait) que ledit récit contraire est diffamatoire et fabuleux ; ne s’étant rien passé en l’action dudit jour 7 août dernier, que de grave, modéré, dévot, édificatif, et convenable au sujet entrepris.

299. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Cette distraction momentanée est-elle même un vrai remède ? […] Il est vrai qu’elle n’a jamais reçu Molière, Regnard, Dancourt, etc. qui en qualité de beaux esprits, si c’est là le seul titre qui en ouvre les portes, le méritaient mieux que bien d’autres. […] Il est vrai que pour lui personnellement, cela ne lui fait aucune impression, et qu’il n’est occupé que des sons et des accords. […] Reuchlin, dans ses leçons, auteur de tout le mal, avait mêlé le vrai et le faux.

300. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

Il est vrai que ce célebre Docteur dit que la Comédie est licite en elle-même  ; mais on sait que le Théâtre de son temps* ne ressembloit en aucune maniere au nôtre**. […] Fénelon ne paroît pas exclure l’autre amour ; il semble ne pas le désapprouver dans Térence ; il parle ensuite de la Phédre de Racine ; ce Tragique, dit-il, a fait un double spectacle en joignant à Phédre furieuse, Hippolite soupirant contre son vrai caractere.

301. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

N’épargnons donc rien pour lui conserver la grandeur, le sublime que lui donna Corneille, l’élégance de Racine, le vrai comique de Molière, & la pureté des mœurs qui l’accompagne depuis long-tems. […] Il n’est que trop vrai qu’il leur fait un tort considérable ; mais ils n’ont qu’à redoubler de soins & de travail, qu’à bien traiter les Auteurs sur-tout, s’ils veulent balancer les succès d’un genre rempli d’agrémens.

302. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VIII. Erreurs des Modernes sur ce sujet. » pp. 165-186

écrits des anciens Auteurs, mais il n'en avait pas épuré les lumières ; car il dit bien que les Pantomimes étaient de beaucoup inférieurs aux Comédiens et aux Tragédiens, en la société desquels ils n'étaient point, mais il ajoute qu'ils n'étaient pas Histrions Scéniques, ce nom ne convenant point aux Bateleurs, et n'étant propres qu'aux Joueurs de Poèmes Dramatiques, car il est bien vrai que les Comédiens et Tragédiens étaient distingués des Mimes et Pantomimes, mais il n'est pas vrai que le nom d'Histrion qu'il prend pour un Acteur de Drames, ne comprenait point cette espèce de Bouffon ; car au contraire il leur était propre, et leur fut donné dès l'origine des Jeux Scéniques, comme nous l'apprenons clairement de Tite-Live.

303. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

Les vrais Chrétiens ont toujours été plus simples, et la dissimulation n’a jamais été leur caractère.

304. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

Mais de notre temps il n’est point de besoin, de dresser des Théâtres, d’autant que toutes les farceries, Tragédies et Comédies ne sont plus en usage comme du passé, ains ont été rejetées et bannies des villes, tant pour garder les mœurs honnêtes et vertueuses, que pour la sainteté et révérence de la vraie Religion Chrétienne, laquelle ne permet telles corruptions et déguisements.

305. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Il est vrai qu’il est rapporté dans les Mémoires de M. […] Ce Savant estimable a la modestie qui accompagne ordinairement la vraie science. […] Feuille Hebd. des Prov. de l’année 1774], cette opinion est un vrai paradoxe. […] Il est vrai qu’on peut avoir une très-belle voix, & aimer la vertu. […] Cette réflexion est vraie ; mais M.

306. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [H] » pp. 416-417

Il n’est pas moins ridicule, que dans les tableaux les plus vrais & les plus touchans des malheurs des hommes, on voye un captif ou un coupable avec des liens d’un fer blanc, léger & poli.

307. (1707) Lettres sur la comédie « LETTRE, de Monsieur Despreaux. sur la Comédie. » pp. 272-275

Car puisqu’il faut vous dire le vrai, autant que je peux me ressouvenir de votre dernière pièce, vous prenez le change, et vous y confondez la Comédienne avec la Comédie, que dans mes raisonnements avec le Père Massillon j’ai, comme vous savez, exactement séparées.

308. (1823) Instruction sur les spectacles « Préface. » pp. -

Si, malgré ce petit ouvrage, que l’on peut regarder, ainsi que tous ceux qui l’ont précédé, comme une nouvelle promulgation de la loi qui les condamne, comme un nouvel anathème et une nouvelle malédiction lancée contre eux, les loges et le parterre continuent à regorger de spectateurs, toujours est-il vrai que les principes qui y sont développés engageront quelques personnes à abandonner la résolution qu’elles avaient formée d’y aller, feront prendre à quelques autres la résolution de ne jamais y aller, en en éloigneront d’autres encore qui avaient contracté l’habitude d’y aller.

309. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 19-20

Leurs joies sont vaines et frivoles, et les vôtres seront solides et véritables ; l’objet de leur joie n’est que quelque chétive créature, et l’objet des vôtres sera le Créateur, vrai océan et abîme de tout bien ; leurs joies sont détrempées de mille amertumes, d’envie, de jalousie, de crainte, de défiance ou d’autre passion, les vôtres seront pures et sans aucun mélange d’aigreur ; leurs joies ne sont que pour quelques heures, quelques jours ou quelques années, les vôtres seront sans fin, sans pause et sans aucune diminution en toute l’étendue des siècles.

310. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Depuis ces voyages du Levant entrepris, il est vrai par religion & louables par l’intention & la fin qui en fut le mobile ; mais malheureusement époque funeste des vices que produit le luxe. […] Pasquier prétend que c’est encore l’origine de la poésie galante, des aventures romanesques aussi dangereuses qu’agréables, qui louent autant le vice que la vertu, ou plutôt qui inspirent le vice & dégoûtent de la vertu qu’on a imité des Grecs & des Arabes ; il est vrai que les Troubadours ces Poëtes coureurs, ces avanturiers d’amour, ces charlatans du Parnasse n’ont paru qu’alors, & porté de toutes parts leurs licencieux fabliaux, leurs romans, leur poésie amoureuse & très-maussade. […] C’étoit une vraie Actrice qui remplit l’Europe & l’Asie de scènes tragiques, ou comiques. […] Chacune, il est vrai, a son odeur favorite ; mais toutes en sont parfumées.

311. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Ce fut dans les jardins du Prince Poninski, Maréchal de la Couronne, & en cette qualité chargé de la défense de la patrie, & dans le vrai l’annéantissant. […] Le premier, pour faire oublier ses manœuvres & les malheurs publics en amusant le peuple, vouloit introduire de nouveaux spectacles ; le second, qui pense que les bonnes mœurs sont le vrai soutien, la force, l’appui des Etats, s’opposoit à ce qui n’est fait qui pour les corrompre. […] Il est vrai que l’Europe ou plutôt l’Univers a vu vingt-cinq mille religieux privés en même-temps de leur état, de leurs fonctions, de leurs biens, proscrits, errans, fugitifs, sans savoir où reposer leur tête, & où trouver un morceau de pain, & sans savoir quels crimes ils ont commis. […] Pendant plusieurs jours cette ivresse fut un vrai carnaval.

312. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Nous n’adorons pas ces dieux, nous ne sommes pas soumis à ces princes, il est vrai ; l’effet de ces exemples sera moins rapide, mais on le sentira tôt ou tard. […] Il est vrai qu’il y seme de l’érudition & bien des choses agréables, quoique souvent fausses. […] On croit qu’il à formé le mot Egoïsme pour tourner ce défaut en ridicule ; & il est vrai que ce mot aujourd’hui reçu ne se trouve point dans les Auteurs qui ont écrit avant lui. […] Ce trait, s’il est vrai, paroît imité de la fondation de Carthage, où l’on accorda à Didon autant de terrain qu’elle pourroit en occuper avec le cuir d’un bœuf. […] Paris, Marseille, Toulouse, Bordeaux ne couronnent que de panégyriques ; il est vrai que la plupart de ceux devant qui on brûle l’encens ont de la célébrité ; mais un très-grand nombre n’ont que de la célébrité malheureuse qui n’est que l’infâmie de l’irreligion & du désordre ; ce que St.

313. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

En effet si l’exemple de ces pieux Cénobites de la Thébaïde, proposés pour modèles aux Chrétiens, frappait assez pour que tout le monde se proposât de le suivre, n’est-il pas vrai que la privation des secours mutuels, l’éloignement pour le mariage proposé par St.  […] Du bien au mieux, il n’est pas besoin de faire observer que l’espace est immense, mais n’est-il pas absurde qu’on exige le mieux avant que d’avoir passé par le degré du bien, puis qu’il n’est que trop vrai que l’espace est encore plus grand du mal au bien que du bien au mieux. […] Mais s’il est vrai comme il est aisé de s’en convaincre, que le Théâtre peut faire d’honnêtes gens, peut-il en conscience, s’il ne se sent pas en état de remplir une carrière plus sublime, peut-il dis-je abandonner celle dans laquelle il était entré avec tant de succès ? […] Je vois au contraire et je suis intimement persuadé que plus un homme sera honnête homme, plus il sera persuadé des vérités de la Morale, plus il sera facile d’en faire un bon chrétien ; comme il est impossible qu’un vrai Chrétien ne soit pas honnête homme. […] Le Théâtre est suspect de luxure, mais outre qu’il serait difficile de prouver que dans aucun état, on soit à couvert de ce vice, il sera toujours vrai que c’est dans cet état seul que la probité n’est point exposée à des secousses très dangereuses et à des tentations auxquelles il est téméraire de s’exposer.

314. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

Le second précepte d’Horace, qui dit que la raillerie produit souvent plus d’effet qu’une réprimande dure & sévere, peut être vrai ; mais non-seulement cette maxime n’a aucun rapport à la Comédie, mais même il est très-dangereux d’en faire usage dans quelque cas que ce soit. […] Marmontel de prouver que Tartuffe est ridicule, ou il peut se flatter d’avoir une grande disposition à saisir le ridicule, s’il en trouve dans ce personnage : pour moi je ne crois pas être seul de mon avis, quand je dis que Tartuffe est odieux d’un bout de la piece à l’autre ; la Comédie de l’Imposteur est cependant, à ce que je crois encore, une vraie Comédie ; donc les vices odieux sont du ressort de la Comédie.

315. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

Cette affaire ne me regarde pas, il est vrai, mais je vois les intérêts de l’Art, & il est permis, je pense, à tout galant homme, surtout à un Amateur de Spectacles, de les soutenir, & même de les défendre envers & contre tous, & l’on ne peut que lui en savoir bon gré. […] Ces délais inexpliquables, & sur lesquels il est bon de fixer l’attention du Comité, dégoûtent ceux qui écrivent pour le Théâtre, fatiguent l’émulation, tournent le travail vers un autre objet. » Rien de mieux dit, rien de plus vrai !

316. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Le vrai sage blame la musique dans le deuil ; pense-t-on qu’il y approuve l’opéra Italien : Musica in luctu importuna narratio , Eccl. 22, 6. […] Corneille est admirable, parce qu’il n’étoit environné que de très-mauvais modeles, & ces mauvais modeles étoient estimés & récompensés ; il eût à combattre sur-tout ses rivaux, l’Academie & le Cardinal de Richelieu ; la quantité de piéces indignes de lui, qu’il fit quelques années après, n’empêcha pas de le regarder comme un grand homme, c’est le privilege du genie de faire impunément de grandes fautes, il s’étoit formé tout seul  : Voilà son vrai merite, car les trois quart de ses poëmes son médiocres, & la moitié au-dessous du médiocre ; mais il a des traits sublimes, & ne les doit qu’à lui-même.

317. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

Mettez le sujet en pantomime, vous verrez si je dis vrai. […] Ne dégoûtez plus le peuple des utiles impressions du vrai ou du vraisemblable.

318. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Monseigneur de Nemours » pp. -

Pour moi qui ai l’âme craintive Je ne veux sonder cette rive, La nature du vrai j’ai pris, A dépeindre et tracer l’histoire, Dont la vérité sert de gloire, Et l’art de honte à mes écrits.

319. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Dieu n’y appelle pas, il y a un vrai danger ; Dieu n’y a pas promis la grace ; qui aime le péril, y périra. […] Si on se bornoit à dire, il n’est pas permis de punir un innocent, cette proposition modifiée seroit vraie ; mais cette proposition absolue, nul être, quel qu’il soit, est une absurdité qui renverse la Religion & l’Etat, & l’air philosophique, le ton d’oracle dont on l’accompagne, décelle la mauvaise doctrine plutôt que la mauvaise dialectique. […] Le frère n’est ni vrai, ni noble, ni sensible : ce qui fait le carractère le plus bas (très-inutile à la piece). […] Elle dit vrai, & cependant elle continue : Dans ce monde bruyant comment peut-on souffrir Que les distractions, les soins & les plaisirs De l’ame à tout moment éloignent ce qu’on aime ? […] Mais voilà un vœu, une vraie profession qu’elle fait à son amant.

320. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VI. Les spectacles produisent et favorisent l’incrédulité. » pp. 86-89

Ce comédien, disciple de Lucrèce, fait paraître dans le Tartuffe le plus perfide et le plus scélérat de tous les hommes avec tous les dehors de la piété ; les ridicules forcés qu’il jette sur la fausse dévotion retombent sur la vraie dévotion par les applications que la malignité en fait à ceux qui professent celle-ci de bonne foi.

321. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « AU LECTEUR. » pp. -

Le fonds de mes raisonnements est vrai, juste et solide ; en voilà assez pour mériter son approbation.

322. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Elles n’en ont pas moins reçu les atteintes ; comme les vrais dévots, qu’il ne voulait pas jouer non plus, ont ressenti huit ans plus tard les pointes mortelles du Tartufe : cela suffit à ma thèse. […] Les écrivains bien intentionnés de notre temps, en réfléchissant sur le passé, s’abstiendraient sûrement dans bien des cas de ce mode dangereux d’instruction, s’il n’était consacré par l’usage, par l’exemple imposant des anciens, par des préjugés bien enracinés, surtout, s’il n’était soutenu aujourd’hui par les passions mêmes qu’il a fait naître, ou étendues et fortifiées, les quelles repoussent toute réflexion, et même tout soupçon qu’il soit mauvais, qui entraînent tout le monde depuis si long-temps comme elles ont entraîné l’auteur de la satire de Dervière, tartufe de bienfaisance, dans la comédie des Deux Gendres, satire qui place les hommes véritablement bienfaisants dans la situation malheureuse où le tartufe de religion a placé les vrais dévots. Et si je croyais que ce rejeton dût être aussi fécond que sa tige, je n’en excepterais même pas ceux qui ont le moyen de prouver leur bon cœur par de grands sacrifices ; car l’égoïsme, ou la malignité, saurait trouver aussi quelque principe vicieux à leurs bonnes actions ; et les aumônes faites aux pauvres ne prouveraient pas mieux la pure bienfaisance que les offrandes faites à l’église ne prouvent la vraie religion depuis le jeu qu’on a fait du culte extérieur. […] Je ne me suis jamais senti plus attristé qu’à cette dérision de la bienfaisance, dont l’acteur qui la singeait semblait se moquer lui-même pour la plus grande satisfaction des avares et des égoïstes impitoyables qui maudissent également les vrais et les faux bienfaisants, ces solliciteurs importuns de pitié et de secours, et qui applaudissaient unanimement, il n’y a pas de doute. […] Laissez-les donc en toute sûreté donner de bons exemples, faire du bien, ou engager les apathiques, les indifférents à en faire ; laissez-les courir, s’agiter, faire du bruit, attendrir les autres en feignant de s’attendrir eux mêmes ; cette fermentation est nécessaire à l’éveil, au maintien de la vraie bienfaisance ; ces hommes hypocrites et corrompus sont pour les âmes bienfaisantes ce que les plantes parasites et pourries sont pour les plantes utiles dont elles font l’engrais, sur lesquelles elles agissent, qu’elles échauffent et font croître.

323. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

On joue jusqu’au goût des Magistrats pour le spectacle, ce qui en effet est en eux un vrai ridicule. […] Il est vrai que d’abord tous les Ordres, Sénateurs, Chevaliers, peuple, étaient confondus sans distinction. […] Il est vrai que ni la distinction ni la confusion ne sauraient empêcher les mauvais effets que produit dans les cœurs la corruption des spectacles ; mais du moins on sauve par ces ténèbres l’éclat et le scandale.

324. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

Celui que saint Chrysostome fait de ces Comédiennes, n’est ni moins vrai, ni moins chargé de couleurs odieuses, Serm.

325. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. Si la Musique Française est plus agréable que la Musique Italienne. » pp. 287-291

Il est vrai que la plus-part des Musiciens font particulièrement l’éloge de la musique d’Italie ; je crois trouver dans leur conduite une nouvelle raison de soutenir mon sentiment.

326. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. Que le Musicien doit seconder le Poète, & que le Poète doit s’entendre avec le Musicien. » pp. 292-296

Il est vrai qu’il leur eût été difficile d’ignorer cet Art agréable, puisque la musique était une partie de l’Education.

327. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Que le Compositeur doit chercher à peindre. » pp. 340-344

Il est si vrai que le Compositeur doit chercher à peindre dans ses accompagnemens, aussi-bien que dans les paroles du chant, qu’on veut que le morceau de musique par lequel il est d’usage de précéder les Pièces chantantes en tout genre, & qu’on appelle Ouverture, soit un tableau de ce qui doit se passer dans le cours du Drame.

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