/ 641
202. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

Je le répette encore une fois, & je ne me lasserai point de le dire, parce qu’il paraît que les Poètes de ce Spectacle n’y songent guères ; que vos plaisanteries soient proportionnées à ceux qui les disent, & qu’elles ayent un certain tour qui les rendent dignes du Théâtre. […] La règle que je conseille ici paraîtra peut-être une étrange nouveauté à notre Spectacle ; il me semble au moins qu’elle lui est assez inconnue. […] Les personnages amoureux du nouveau Spectacle ressemblent un peu à ceux du grand Opéra : ils sont fades à force d’être tendres, répètent presque toujours les mêmes paroles, & donnent lieu à des Sçènes fort ennuyeuses. […] En agissant de la sorte, les personnages amoureux du nouveau Spectacle ne seront plus si froids, si glacés ; les Acteurs qui les représenteront pourront rendre leur jeu plus vif, & la Pièce sera plus animée. […] Je puis, je crois, me dispenser d’avertir de nouveau que les personnages de notre Spectacle doivent être vrais, & si ressemblans à leur modèle qu’il soit facile de s’y tromper.

203. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Ils ont osé y afficher le jour & l’heure de leurs criminels Spectacles. […] Nous n’entrerons pas dans le détail de tous les motifs, qui doivent vous inspirer une sainte horreur des spectacles & en particulier de la Comédie. […] Ils vous découvriront les piéges que l’on tend par les Spectacles aux chrétiens imprudens. […] L’assistance aux spectacles n’est-elle pas un désaveu de vos engagemens ? […] F. en défertant leurs spectacles impies, d’abandonner une profession, qui les met dans un état perpétuel de péché ; afin que frustrés des gains injustes, qu’ils se promettoient, ils travaillent pour subvenir à leurs besoins par des voies légitimes.

204. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

N’est-ce pas le même spectacle, le même dander qu’on redoutoit ? […] La bulle du jubilé de l’année sainte ayant été publiée à Paris, il y eut ordre de fermer les spectacles pendant tout le temps du jubilé. […] Ce choix étoit juste au spectacle, pardonnable dans les lieux où il vit le jour. […] O spectacles divins ! […] Il porte l’aveuglement jusqu’à ne pas sentir qu’il se condamne lui-même, dans l’idée qu’il donne des spectacles.

205. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XX. Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. » pp. 72-75

Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. […] Ceux qui voudraient tirer avantage de ce silence, n’auraient encore qu’à autoriser les gladiateurs et toutes les autres horreurs des anciens spectacles, dont l’Ecriture ne parle non plus que des comédies. Les saints Pères qui ont essuyé de pareilles difficultés de la bouche des défenseurs des spectacles, nous ont ouvert le chemin pour leur répondre : que les délectables représentations qui intéressent les hommes dans des inclinations vicieuses, sont proscrites avec elles dans l’Ecriture. […] Les Juifs n’avaient de spectacles pour se réjouir que leurs fêtes, leurs sacrifices, leurs saintes cérémonies : gens simples et naturels par leur institution primitive ; ils n’avaient jamais connu ces inventions de la Grèce : et après ces louanges de Balaam, « il n’y a point d’idole dans Jacob, il n’y a point d’augure, il n’y a point de divination »Num.

206. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [D] »

[D] Opéra : Spectacle Dramatique & lyrique, où l’on s’efforce de réunir tous les charmes des beaux Arts, dans la Représentation d’une Action passionnée, pour exciter, à l’aide des sensations agréables, l’intérêt & l’illusion. […] pour l’hist. de ce Théâtre, les Noms de ses Auteurs, de ses principaux Acteurs, le Catalogue des Pièces qu’on y joue, ses Priviléges & ses Règlemens, le Calendrier des Spectacles, en particulier l’année 1754 ; & l’Etat actuel de la Musique du Roi. […] Ce Spectacle est utile, vraiment !

207. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

« On apprend au spectacle, dit M. […] L'homme est à lui-même un grand spectacle, dont la scène est dans son cœur, comique par ses défauts, tragique par ses crimes et sa réprobation. […] C'est le spectacle d'un spectacle, la comédie d'une comédie, ce que S. […] Rien en effet de plus opposé que la profession, l'esprit, les lois, les modèles du christianisme, et le spectacle. […] Si l'on eût vu des Chrétiens au spectacle, les Molière du temps en auraient fait les plus plaisantes scènes.

208. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Ils n’ont pas même cette teinture de religion qui faisait le fond et avait été l’origine de l’ancien spectacle. […] Les Empereurs Chrétiens les auraient favorisés, le zèle de Constantin, de Valentinien, de Théodose, contre les spectacles idolâtres, se serait aisément tourné en faveur des spectacles Chrétiens, qui auraient pu contribuer à la chute des autres. […] Non : c’est l’esprit, c’est le goût, c’est l’intention de tout ce qui compose le spectacle. […] Monté sur le ton du vice, il ne sera pas si tôt l’Apôtre de la vertu ; le spectacle n’en est pas même susceptible. […] Jugeons si un spectacle où tout ne parle, ne chante, ne représente que les passions, peut jamais lui plaire.

209. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

Les Magistrats municipaux d’alors, ne penserent pas que le spectacle, le soin d’en préparer & d’en orner la Scène, étoient une de leurs principales fonctions chez les Anciens. […] Car on conçoit bien un spectacle sans Comédiens de profession, puisque le Poëte pourroit jouer ses piéces lui-même, comme il y en a des exemples. […] N’est-il pas honteux à la capitale du Royaume, de devoir aux Comédiens la principalle sale des Spectacles, tandis que toutes les villes, un peu considérables de Province, en ont de construites à leurs dépens ? […] La propriété acquise aux Comédiens de la sale du Spectacle, est la premiere cause du dépotisme qu’ils y exercent, dans l’administration intérieure.

210. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. Si la Musique Française est plus agréable que la Musique Italienne. » pp. 287-291

Cependant la légèreté du chant usité au nouveau Spectacle, l’enjouement, la variété qui l’accompagnent sans cesse, lui procureront long-tems les plus grands succès, autant que sa ressemblance avec la mélodie Italienne. […] Que c’est avec raison que la mélodie du Spectacle moderne n’est pas continue. […] Les Auteurs du Spectacle moderne craindraient d’ennuier à force de charmer les oreilles par des sons harmonieux ; ils leurs ménagent des repos ; l’âme enchantée par une mélodie agréable a le tems de respirer. […] Enfin tant que la musique du Spectacle que nous chérissons, sera simple, enjouée & chantante, elle l’emportera sur sa rivale : peut-être a-t-elle aussi besoin que les Français continuent d’être long-tems légers & frivoles.

211. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Que vous renonciez au diable, à ses œuvres, à ses pompes, et à ses spectacles ? Les pompes et les spectacles sont donc les armes du diable, suivant la profession que vous faites en votre Baptême. […] Ils sont sans doute bien moins coupables que nous, lorsqu’ils vont aux spectacles. […] La passion que le peuple avait pour les spectacles devint ensuite furieuse. […] répudia même sa femme pour cette seule raison, quelle avait été aux spectacles à son insu.

212. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Quel effet a dû produire le Spectacle du Menteur ? […] Mais ne cherche-t-on pas dans les Spectacles à flatter les passions humaines, sans toutefois choquer les bienséances ? […] A présent tout s’y trouve conforme au génie délicat du siécle ; les portraits sont tirés d’après nature, il régne dans toute la piece une illusion séduisante ; le cœur qu’elle a le don d’intéresser, se suppose volontiers en la place des interlocuteurs, & puise des vices réels dans le spectacle des passions imaginaires. Saint Cyprien disoit autrefois1 que l’idolâtrie est la mere de tous les Spectacles, elle y attire les Chrétiens pour les initier à ses mystéres, sous couleur de divertissemens ; elle glisse son venin dans l’ame par les yeux & par les oreilles qu’elle a soin de chatouiller par le plaisir des représentations théâtrales : est-il en effet, ajoutoit ce saint Pere, un spectacle sans idoles, qui ne soit accompagné de quelque sacrifice, où la Scéne ne soit ensanglantée par la mort d’un Atlhéte. Le démon s’appercevant, dit-il encore, que l’idolâtrie à la suite causeroit du dégoût aux personnes raisonnables, a accompagné son culte superstitieux & ridicule, de l’enchantement des Spectacles, afin que frappant les sens d’une maniere agréable & touchante, le plaisir la fit aimer.

213. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

A ne regarder les spectacles que comme un amusement, cette raison seule vous paraît suffire pour les condamner. […] Vous avez laissé avec raison aux déclamateurs de la chaire, cet argument si rebattu contre les spectacles, qu’ils sont contraires à l’esprit du Christianisme, qui nous oblige de nous mortifier sans cesse. […] On va, selon vous, s’isoler au spectacle, on y va oublier ses proches, ses concitoyens et ses amis. […] Quel affreux spectacle à montrer aux hommes, que des scélérats triomphants » g ? […] En voilà donc assez, et peut-être trop, sur la partie de votre Lettre qui concerne les Spectacles en eux-mêmes, et les dangers de toute espèce dont vous les rendez responsables.

214. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

Il ne faut doc point trouver étrange que l'on ait interdit aux premiers Chrétiens avec tant de rigueur les Jeux du Théâtre, et tous les autres Spectacles du Paganisme, puis qu'ils avaient partout les marques de l'hommage honteux et détestable que l'on y rendait aux Démons. […] Pourquoi voudrait-on les traiter avec plus de rigueur que les autres Spectacles de l'antiquité que les Empereurs Chrétiens ont entretenus longtemps après leur avoir ôté tout ce qu'ils avaient du Paganisme ; ils en firent les divertissements de leur Cour et de leurs Peuples, quand les Fidèles y purent assister sans entrer dans la société des Idolâtres. […] Aussi quand Arcadius, Honorius et Theodosius voulurent régler les Jeux et les Spectacles publics, qu'ils nomment les Delicos, et la Joie du Peuple, ils n'en défendirent pas absolument la célébration, mais ils en retranchèrent tous les Sacrifices et toutes les Superstitions du Paganisme, et voici comme ils en écrivirent au Proconsul d'Afrique Apollodorus « Ut profanos ritus iam salubri lege submovimus, ita festos conventus civium et communem omnium lætitiam non patimur submoveri ; unde absque ullo sacrificio, atque ulla superstitione damnabili exhiberi populorum voluptates secundum veterem consuetudinem ; ministrati etiam festa convivia. » l. profan. […] , et depuis an mariage de son frère Henri, avec Agnès de Montferrat, on renouvela dans Constantinople tous les Spectacles des anciens ; ceux du Cirque, de l'Hippodrome et du Théâtre. […] exemples de plus loin, on sait que dans les derniers temps les Spectacles étaient en si bonne estime, et si fréquentés qu'il y avait deux places d'honneur dans le Théâtre, l'une à la main droite pour le Pape, et l'autre à la main gauche pour l'Empereur, et que les Vénitiens ayant fait l'accommodement d'Alexandre III et de Frédéric II reçurent du Pape plusieurs privilèges, en reconnaissance de la retraite qu'ils lui avaient donnée, et de la pacification des affaires d'Italie, et entre autres le droit d'avoir la troisième place pour leur Duc du Théâtre du Pape.

215. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

Si donc l’on pèche dans ces sortes d’occasions, ce n’est que la mauvaise intention des particuliers qui en est la cause, et nullement le spectacle qui est de soi indifférent, et que l’on peut rendre bon ou mauvais selon la disposition dans laquelle on est. […] Ne nous trouvons point aux spectacles du monde, de crainte qu’en fuyant la verité et en cherchant les ombres, nous ne tombions dans les tenebres. […] Evitez les spectacles de vanité, si vous ne voulez pas tomber dans les pieges du demon. […] Tout ce que l’on voit dans les spectacles profanes, n’est autre chose que les pompes de Satan, auxquelles le Chrétien a renoncé dans son Baptême. […] Il n’y a point de crimes ni de pechés qui ne soient renfermez dans les spectacles mondains.

216. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

un quartier séparé dans la salle du spectacle pour les femmes de médiocre vertu ! […] L’opéra est de tous les spectacles le plus analogue au cœur des femmes, par conséquent le plus dangereux. C’est un spectacle (Mémoires Turcs de S. […] C’est bien resserrer la permission d’aller au spectacle. […] Ce Prince, autrefois venu à Paris, pouvoit avoir pris du goût pour les spectacles, & s’être amusé, comme mille autres, avec la Frétillon.

217. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

Puisque donc le bal et la danse est une espèce de spectacle, ce serait combattre la raison, et l’esprit de ces Ecrivains Apostoliques, que de ne pas vouloir qu’elle soit comprise dans cette générale condamnation. […] Et si quelques-uns d’entre eux n’ont pas exprimé cette sorte d’exercice, et ce spectacle particulier, ce n’est pas qu’ils l’estimassent innocent ; mais parce que le peuple du pays dans lequel ils vivaient n’y était pas adonné, comme il est dans le nôtre. […] a fait un Livre tout entier contre les spectacles, où il les rejette tous avec horreur, comme des extravagances, des allumettes d’impureté, et des inventions diaboliques ; mais il n’invective pas moins fortement contre ces actions profanes dans son Apologétique. […] « Le Diable , dit ce grand Prélat, est dans les pompes et dans les spectacles ; et ainsi lorsque après le Baptême nous retournons aux spectacles, nous abandonnons la foi de Jésus-Christ que nous avions embrassée. […] Hoc itaque modo omnia symboli Sacramenta solvantur, et totum quod in symbolo sequitur, labefactatur, et nutat : nihil enim sequens stat, si principale non steterit. » Ce sont les expressions de cet Auteur célèbre, qui dit beaucoup d’autres choses importantes et puissantes, et contre les spectacles, et contre toute sorte de jeux et de divertissements mondains.

218. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre V. Des Ioustes. » pp. 186-187

L es Ioûtes on Combats sur l’eau pourroient faire un des plus agreables Spectacles, pour peu qu’on prist soin de les élever & de les affranchir de la bassesse où celle de leurs ordinaires Acteurs, les ont plongez : car comme ils ne sont executez que par des Bateliers, non seulement les embellissemens, ny la dépense n’y brillent pas : mais il y a encore la satieté de voir toûjours la mesme chose : un Oison, un Chat, ou une Anguille, tirée à force de mains, quelques poussades mal adressées & brusques, mal données & mal receuës. Mais il n’y a aucun Spectacle, qui soit plus capable de recevoir les graces de la nouveauté, de l’Invention, de la varieté & de la magnificence. […] Ie ne puis rien adjoûter, à ce que j’ay remarqué des Naumachies anciennes : & je voudrois seulement qu’on s’apliquast à cette sorte de Spectacles, & en voir quelque effet, ou inventé ou imité.

219. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

« Voilà d’où naît la diversité des spectacles selon le goût des diverses nations. […] Il faut, pour leur plaire, des spectacles, non qui modèrent leurs penchants, mais qui les favorisent et les fortifient. […] Je le soutiens, et j’en atteste l’effroi des lecteurs, les massacres des gladiateurs n’étaient pas si barbares que ces affreux spectacles. […] d’Alembert sur les Spectacles et De l’imitation théâtrale, essai tiré des dialogues de Platon, passim. […] Ce texte était déjà cité par l’abbé Théodore Augustin Mann dans Le Pour et le Contre les Spectacles, Mons, Beugnies, 1782.

220. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

On peut encore regarder les Drames du nouveau Spectacle comme des plans ou des canevas de Comédies, dans lesquels on ne jette quelques paroles qu’afin d’exquisser le caractère des Personnages. […] Avant que notre Spectacle ait fait passer en revue tous les Arts & Métiers, il se sera fait de grands changemens dans le goût, dans la façon de penser des Français. […] Ses amateurs meurent insensiblement, il ne restera plus que ceux du Spectacle moderne, & sa ruine totale s’ensuivra. […] J’ai dit plus haut que la simplicité fesait l’ornement des Drames de notre Spectacle, & que sans elle ils ne sauraient subsister. […] Les Anglais, les Allemands, les Hollandais & les Dannois, aiment les intrigues compliquées, & des Spectacles prodigieux.

221. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Il n’y a de spectacle à Rome que dans le carnaval, depuis le lendemain des Rois jusqu’au jour des Cendres. […] Aussi le spectacle y est-il publiquement fréquenté par le Clergé, dont on a calmé les allarmes. […] Rien de plus commode pour les écoliers & les régents, ils vont de plein-pied, de la classe aux spectacle, se délasser des fatigues de l’étude. […] Il prit pour prétexte que le palfrenier des spectacles n’étoit pas proprement acteur, Scenicus ; ce qui est vrai à la rigueur, mais ces mariages ne sont pas moins deshonorans pour un Sénateur. […] Les Entrepreneurs du Vauxallh ne voyant plus le même empressement pour leur spectacle, imaginerent d’abord d’accorder aux hommes qui prendroient des billets d’entrée, la liberté d’y mener une Dame, gratts.

222. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Tous les recueils des lois civiles, aussi bien que des lois canoniques, le digeste, le code, les nouvelles, le code Théodosien, le décret, les décrétales, le sexte, les anciens canons, tout s’élève contre les spectacles. […] Gregorius Tholosanus, Jurisconsulte célèbre, a fait un traité contre les spectacles. […]  3.), où il parle fort au long et en bon Magistrat de tous les spectacles ; on y verra divers ordres du Roi, nombre de règlements du Lieutenant de police, et quantité de précautions prises pour y maintenir l’ordre. […] Ce public, qu’on suppose si régulier, y viendrait-il, si le spectacle était tout à fait châtié ? […] Les spectacles sont établis à Rome.

223. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Si dans les derniers momens qui ont précédé le Spectacle, il s’est occupé d’autres choses que de son rôle ; il lui faudra de grands efforts pour se mettre dans la situation qu’il exige. […] Il est honteux sans doute, aux Comédiens François, que leur Théâtre, où se jouent les chefs-d’œuvres de l’esprit humain, le céde à cet égard, même aux spectacles forains. […] Voilà assurément une des raisons pour laquelle on a plus de plaisir, quand on va au Spectacle pour la premiere fois. […] Si je ne craignois d’avancer une hérésie Théâtrale, je dirois que c’est aussi une des causes du dégoût, qu’on sent à un certain âge, ou quand on a beaucoup fréquenté les Spectacles, des représentations qui s’y donnent. […] Nos Acteurs, dans le même Spectacle, quittent le cothurne, pour le soc & le masque comique.

224. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

Il sera défendu d’ouvrir le Théâtre, ni de donner aucun Spectacle, de quelque genre que ce puisse être, les jours de Fêtes et de Dimanche, et tout le temps de Carême. […] Quant à l’Opéra, je ne crois pas qu’il soit aisé de lui faire subir les Règlements de la Réformation : comme, en pareille matière, on ne doit pas faire les choses à demi, je n’en parlerai point ; ce sera au Magistrat préposé pour la Police des Spectacles à examiner les désordres qu’il faudrait réprimer, et dont je ne veux pas faire l’énumération. […] Peu à peu le Spectacle se repeuplera ; et le vide, causé par la désertion des libertins, sera bientôt rempli par des hommes sages et raisonnables, dont l’approbation sera plus flatteuse et d’un plus grand poids pour les Auteurs et les Acteurs du nouveau Théâtre. […] La jeunesse qui sort des Colléges fournit, tous les trois ou quatre ans, une recrue considérable aux Spectacles ; et, presque tous les dix ans, on les voit entièrement renouvellés de Spectateurs. Ces jeunes gens trouveraient le Théâtre réformé, et s’en accommoderaient sans peine ; les principes d’honneur et de vertu, dans lesquels ils sont élevés, ne leur permettraient pas de souhaiter des Spectacles d’une autre espèce ; et quand, dans un âge plus avancé, ils liraient les Pièces de l’ancien Théâtre, loin de se plaindre de ce qu’on ne les jouerait plus, ils auraient plutôt peine à comprendre que leurs pères eussent pû goûter la licence de leur temps.

225. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Parallèle du Poème épique avec les Pièces du nouveau genre. » pp. 107-112

Le Public s’appercevrait alors de quelques changemens dans le nouveau Théâtre ; il avouerait qu’il est encore possible d’augmenter son estime pour le Spectacle moderne. […] Quelques Pièces du Spectacle moderne sont semblables au Poème épique. […] Le Poème épique contient beaucoup de Personnages subalternes ; les Pièces du Spectacle moderne en sont remplies. […] que l’on voit dans l’Iliade & dans l’Odissée, sont assez dans le genre de notre Spectacle adoptif.

226. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Je la donne pour éxemple à tous ceux qui consacrent leurs talens au nouveau Spectacle. […] Avant d’entrer dans les règles que je vais établir, voyons d’abord de quelle nature est l’intrigue des Drames qu’on joue actuellement au Spectacle moderne. […] Il est aisé de sentir que le nœud du Spectacle moderne ne ressemble en rien à celui des Drames ordinaires. […] Le terme d’action a changé maintenant de signification ; & notre nouveau Spectacle en est la cause. […] Que dirons-nous donc de notre Spectacle, qui tombe presqu’à chaque instant dans une faute si impardonnable ?

227. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

On joue jusqu’au goût des Magistrats pour le spectacle, ce qui en effet est en eux un vrai ridicule. […] Sur quoi Martial dit plaisamment : Que veniez-vous faire à un spectacle, si peu fait pour un Sénateur ? […] La même raison qui leur a fait donner des sièges distingués dans les Eglises, les leur a fait refuser au spectacle. […] Ce fut le fruit de la lecture d’un ouvrage contre les spectacles, dont le Journal de Trevoux donne un fort bon extrait (Avril 1753. […] Nous parlons de quelques autres Ministres de Thémis bien différents, de qui l’assiduité au spectacle ne relève pas la dignité.

228. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XV. Devoir des parens & des maîtres. » pp. 34-35

Que les Peres & les Meres sont donc coupables, s’ils permettent à leurs enfans d’aller aux Spectacles ! […] Le Spectacle saisit les yeux & les oreilles ; tout y paroît réel. […] Qu’il est à craindre que de tels hommes ne soient insensibles aux plaies que leur fait le Spectacle, que parce qu’ils sont tout cangrenés ?

229. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

« Comment pouvez-vous aller aux spectacles après vôtre Baptême, vous qui confessez qu’ils sont l’ouvrage du démon ? […] Voilà, ajoûte-t-il, quels doivent être les spectacles des chrétiens, des spectacles saints, qui durent toujours, et qui ne coûtent rien. […] Laisserons-nous un homme passionné pour les spectacles profanes, si nous les lui ôtons, sans lui en substituer d’autres en leur place ? […] Donnons lui en donc d’autres : Mais quels spectacles donnerons-nous à des chrétiens, que nous voulons détourner de ceux que nous blâmons ici ? […] Ce sont là les spectacles qui vous seront utiles, salutaires, et édifiants, et qui ne sont pas passagers.

230. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Toute l’autorité publique eût bien de la peine à interrompre les spectacles dans un si grand malheur. […] Si Madame de Maintenon qui avoit contribué à l’en éloigner, avoit voulu l’y ramener, elle eût combattu ses propres principes, & détruit ses exhortations : elle imagina d’avoir un théatre chez elle, où le choix des piéces, ma décence des représentations, la pieté des acteurs & des actrices, écartant les dangers des spectacles publics, pussent calmer les allarmes que donne la vertu. […] Bien des Prélats & des Jésuites s’empressoient d’obtenir la permission de voir le singulier spectacle. […] Madame de Maintenon ne vouloit, disoit-elle, que travailler à l’éducation de ses éleves, mais son spectacle, qui lui paroissoit un acte de religion, qu’on auroit pû pratiquer à la Trape , eùt bien d’autres suites, que peut-être elle ne prévoyoit pas, ou ne vouloit pas prevoir. […] Esther & Athalie qui faisoient du spectacle un catechisme pour les demoiselles du ruban verd ; les demoiselles avoient passé au ruban jaune, & n’en avoient plus besoin.

231. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Or pour attacher le Peuple à un Spectacle sérieux, il faut nécessairement des objets capables de causer une grande émotion. […] Quand nos Spectacles étoient donnés dans les places publiques, on représentoit des Sujets lamentables, la Passion de Notre Seigneur, des supplices de Martyrs. Des Innocens dans les tourmens faisoient pleurer, & la vue de leurs bourreaux faisoit frémir : la Religion contribuoit à faire accourir le Peuple à ces Spectacles, & la Religion y contribuoit aussi à Athenes. […] On lit avec attention Britannicus : pour en découvrir toutes les beautés, il faut refléchir, & l’on ne va point au Spectacle pour refléchir, ni même pour admirer. L’admiration nous laisse dans la tranquillité, & nous allons au Spectacle pour être arrachés à notre tranquillité, par une vive image de nos Passions.

232. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — A SA MAJESTÉ IMPERIALE ELISABETH PREMIERE, IMPERATRICE DE TOUTES LES RUSSIES. » pp. -

Parmi tous les beaux Arts que Pierre le Granda introduisit dans son Empire, cet Auguste Prince ne songea pas à y établir un Spectacle : les soins qu’il prit, soins si dignes d’un vrai Monarque, n’eurent pour objet que le bonheur du peuple innombrable qu’il gouvernait ; et sans doute le Théâtre, tel qu’il le voyait, lui parut moins propre à polir ses Sujets, qu’à corrompre l’innocence de leurs cœurs. […] Cette réforme, si difficile à faire chez les Peuples que l’usage et le temps ont accoutumé à ne pas sentir les défauts de leurs Spectacles, peut facilement être embrassée par une Nation, qui n’a connu les Spectacles qu’en passant, et dont le goût n’est encore fixé sur aucun genre.

233. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M.  […] Qui vous assurera, Monsieur, que son abdication de l’autorité suprême ne fut pas une suite des impressions qu’il avait reçues au spectacle ? […] Le mot de charge dans le sens qu’il est entendu au spectacle demande encore une autre explication. […] Si c’est là le genre de charge que vous attaquez, vous ne réussirez sans doute pas mieux à prouver le danger du spectacle. […] quel est Monsieur le cœur assez barbare pour prendre plaisir à ce dernier spectacle ?

234. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE I. Condamnation de la Comédie par la sainte Ecriture, par les Conciles et par plusieurs raisons. » pp. 7-11

Toute la concupiscence du siècle étant proscrite par ces paroles, il s’ensuit que les Spectacles qui y sont renfermés sont aussi condamnés, « de Spectaculis pronuntiatur, cum concupiscentia sæculi damnatur ». […] celui de Tours tenu en 1583. défend sous peine d’excommunication de représenter en ces jours aucunes comédies farces et autres semblables spectacles, opposés à la sainteté de la Religion « Comedias, ludos scenicos, et Theatrales et alia hujus generis irreligiosa Spectacula sub anathematis pæna prohibet sancta Synodus. » Ce Concile rendant ensuite raison de son Ordonnance, dit : Qu’il est absurde que des chrétiens attirés par les plaisirs vains et trompeurs que le diable leur présente, soient empêchés d’assister au Service Divin ; et soient détournés de la prière, et de la prédication aux jours qui sont particulièrement destinés à se rendre Dieu propice. […] Il n’est pas bien séant, et il ne faut pas que les yeux des Prêtres du Seigneur soient souillés par de semblables spectacles, et que leurs esprits s’évaporent et se laissent aller aux bouffonneries quelles qu’elles soient, ou aux paroles déshonnêtes qui s’y disent. […] celui de Tours s’adressant aux Bénéficiers dit : Qu’ils doivent particulièrement s’éloigner des divertissements profanes des gens du monde, et éviter les pompes et les spectacles publics.

235. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force des Spectacles publics, où les pères et les mères s’empressent de conduire leurs enfants de l’un et de l’autre sexe. […] Si donc ce qu’ils ont entendu tend à la corruption des mœurs, ils remporteront de ce Spectacle les impressions les plus pernicieuses. […] On commence, de bonne heure, par dire aux petits enfants, qu’ils doivent suivre l’exemple de leur père et de leur mère ; parce que tout ce qu’ils font est bien fait : ainsi quand ce sont les pères et les mères qui les conduisent aux Spectacles, ces enfants sont persuadés que non seulement il n’y a pas de mal, mais que c’est même un bien que d’y aller. S’il nous est ordonné de ne pas donner de mauvais exemples à la jeunesse, c’est parce que les enfants, n’ayant pas assez de lumière pour juger des choses par eux-mêmes, ni assez de force pour combattre leurs désirs, se laissent entrainer par les impressions de l’exemple, et ne peuvent, pour ainsi dire, éviter de se corrompre, si les exemples, qu’ils ont devant les yeux, sont mauvais : ajoutons que les Grands, les personnes élevées en dignité, les vieillards, etc. ont un grand ascendant sur l’esprit des enfants par le respect qu’on leur inspire pour eux, et que leur faiblesse leur fait naturellement concevoir : ainsi, lorsqu’ils voient assister au Théâtre toutes ces personnes respectables, ils ne peuvent s’empêcher de prendre, pour les Spectacles, un goût et un attachement proportionnés à l’idée avantageuse qu’ils se sont formés des Spectateurs.

236. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328

Le Théâtre devant réprésenter des actions humaines, soit les actions éclatantes des grands Hommes telles qu’on en voit dans la Tragédie, soit les actions communes des hommes ordinaires comme dans la Comédie, il est évident que l’art principal de ce Spectacle doit consister à imiter la nature, en sorte que le Spectateur croit voir ceux qu’on lui représente, et soit affecté de la même manière qu’il le serait si l’action représentée se passait réellement devant ses yeux. Or, il arrive quelquefois que les Auteurs au lieu de copier la nature la défigurent : et de l’autre côté que les Acteurs la font tellement grimacer que le Spectateur qui la cherche ne peut la reconnaître ; Mais lorsqu’un Auteur est parvenu à bien peindre la nature et que les Acteurs récitent la Pièce dans son véritable ton, en sorte que l’esprit séduit agréablement, prenne la fiction pour la vérité même : alors on est obligé de convenir qu’une représentation Théâtrale est un amusement supérieur à tout autre Spectacle public tel qu’il puisse être, parce qu’en satisfaisant les yeux, il intéresse le cœur et l’esprit. Tout Spectacle public excite quelqu’impression dans l’âme. […] Le Spectacle du Théâtre est le seul qui embrasse et qui excite toutes les affections et toutes les passions du cœur humain ; il y a telle représentation qui inspire la joie, la tristesse, la colère, l’amour, les larmes et les rires ; et tous ces mouvements s’emparent bien souvent dans un seul jour du cœur des Spectateurs, jusqu’à leur faire sentir toutes ces différentes impressions à la fois.

237. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Le spectacle est un commerce en France. […] Il vit à Madrid, à l’entrée de Philippe V, un spectacle unique, qui amusa la Cour & la ville. […] Cet homme étoit aussi singulier que son spectacle, bouffon, facétieux, toujours le mot pour rire, portant un habit d’Arlequin. […] Ils renferment comme ceux du Comte de Chavagnac, des traits plaisans sur les spectacles. […] Le spectacle lui est servi comme le repas : peut-on vivre sans lui ?

238. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

Mais si vous avez un son de voix plus agréable, un langage plus poli, des sentimens plus délicats, cette maniere de flatter les passions est nécessaire, relativement aux gens qui vous écoutent ; la populace n’entendroit rien aux maximes que vous débitez & les sottises des Histrions choqueroient les personnes qui fréquentent vos Spectacles ; il faut un aliment préparé selon le goût respectif des Convives que l’on veut regaler. […] Les Spectacles de notre siécle n’ont rien de commun avec ceux des Payens où le danger de l’idolâtrie étoit évident ; alors on sacrifioit aux Idoles, avant la représentation, on voyoit sur le Théâtre des combats de Gladiateurs. […] Nos Spectacles sont aujourd’hui purgés de toutes ces horreurs, les simulacres ont disparu de dessus nos Théâtres, nous n’immolons aucune victime : si l’on voit encore sur la Scéne un Jupiter, une Venus, un Mercure, on n’est nullement tenté de les adorer, leurs avantures sont des Fables que l’on prend pour ce qu’elles sont. […] Tel est, Mademoiselle, le malheureux effet de la Mythologie, dont le Théâtre embellit les avantures romanesques ; les Auditeurs se laissent attendrir, tandis qu’ils sont froids en écoutant la parole de Dieu ; ont court aux Spectacles, & l’Eglise est réduite à une solitude. […] Outre l’impression générale du Spectacle sur la Religion des assistans, les Acteurs ont souvent sur les lévres le langage de l’impiété : il faut des traits hardis pour réveiller l’attention, & pour flatter le goût peu chrétien du siécle ; c’est un moyen sûr d’être applaudi, & d’en imposer aux sifflets du Parterre.

239. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. […] Que doit-on dire d'une mère qui mène sa fille aux spectacles ? […] Que doit faire une fille que sa mère veut mener aux spectacles ? […] Il dit que dans sa jeunesse, il avait une passion emportée pour les spectacles du Théâtre, dont les représentations étaient des expressions contagieuses de l'état de son âme. […] Les périls où l'on est exposé aux spectacles, sont-ils plus grands que ceux qu'on trouve à tout moment, et à chaque pas dans le monde ?

240. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Comme ces vrais disciples de Jésus-Christ, vous devez éviter les spectacles de nos jours, qui sont, sans contredit, plus funestes à la vertu que ceux du paganisme. […] Si vos parents veulent vous conduire au spectacle, et vous engagent à y aller, rappelez-vous qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. […] N’a-t-on pas vu un fils abandonner le chevet de son père mourant pour voler au spectacle ? […] Ils ajoutent que, si vous n’y renoncez pas pour toujours au lit de la mort, vous vous donnerez, à vous-même et aux autres, un spectacle bien triste et bien tragique. […] [NDE] Ces vers sont la traduction par Louis-Nicolas Gueroult d’un vers d’Ovide : « Iste locus casti damna Pudoris habet » (Art d’aimer, I, 100) mis en exergue à un petit poème allégorique en vers latins sur les spectacles.

241. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. Les spectacles n’occupent pas autant de gens, et ne font pas perdre autant de temps, que le jeu, mais, quoi qu’il en soit, ils n’en consument que trop, et ils font d’ailleurs de fâcheux effets, qu’il est bon de marquer ici un peu distinctement. […] Qui peut cependant douter que les spectacles, que les Opera, par exemple, ne fassent ce fâcheux effet ? […] Enfin, je ne croi pas qu’on puisse nier que tous les spectacles ne fassent partie de ce monde, que l’Ecriture nous défend si expressement, et si fortement d’aimer. […] Sans doute que les spectacles font une partie de ce monde.

242. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

« On ne souffre point de Comédie à Genève : ce n’est pas qu’on y désapprouve les spectacles en eux-mêmes ; mais on craint, dit-on, le goût de parure, de dissipation et de libertinage que les troupes de Comédiens répandent parmi la jeunesse. […] Par ce moyen Genève aurait des spectacles et des mœurs, et jouirait de l’avantage des uns et des autres ; les représentations théâtrales formeraient le goût des citoyens, et leur donneraient une finesse de tact, une délicatesse de sentiment qu’il est très difficile d’acquérir sans ce secours ; la littérature en profiterait sans que le libertinage fît des progrès, et Genève réunirait la sagesse de Lacédémone à la politesse d’Athènes. Une autre considération, digne d’une République si sage et si éclairée, devrait peut-être l’engager à permettre les spectacles. […] Le séjour de cette ville, que bien des Français regardent comme triste par la privation des spectacles, deviendrait alors le séjour des plaisirs honnêtes, comme il est celui de la philosophie et de la liberté ; et les Etrangers ne seraient plus surpris de voir que dans une ville où les spectacles décents et réguliers sont défendus, on permette des farces grossières et sans esprit, aussi contraires au bon goût qu’aux bonnes mœurs.

243. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Chez les Grecs & les Romains, ces deux sexes étoient separés au spectacle. […] Tout spectacle n’est pas une piece de théatre. […] spectacle du ciel, de la terre, des enfers, de Dieu-même. […] Spectacle de tous les siécles, spectacle de l’éternité. […] Le grand spectacle d’une femme parée fixe tous les regards.

244. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Voilà donc un exemple frappant qui confirme l’opinion d’un grand homme sur l’utilité du spectacle ; mais un exemple n’est pas assez. […] Rousseau, quand le public ne viendra plus au spectacle que pour le spectacle même, qu’on aura banni l’indécence de nos foyers et purgé nos coulisses de leur impureté ; alors le spectacle n’ayant plus d’accessoires reprochables, la vertu y étant pratiquée avec autant de zèle que bien décorée par le talent des Acteurs et des Actrices ; les prétentions de nos luxurieux Petits-maîtres cesseront : les femmes du Monde qui ne viennent dans les loges que pour s’y donner en spectacle, rougiront d’y paraître moins sages et moins décentes que des Comédiennes. […] Rousseau ce féroce ennemi des spectacles ne dit-il pas lui même que le Théâtre est capable d’empêcher les mauvaises mœurs de dégénérer en brigandage. […] L’Epoux n’aurait point à rougir d’une mésalliance et quand il aurait servi l’Etat en qualité de Militaire ou de Magistrat, il viendrait recueillir la récompense de ses services au spectacle. […] On ne voulut pas laisser continuer le spectacle que le Marechal ne l’eut acceptée.

245. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Cependant, puisque le plaisir est l’objet naturel & primitif des Spectacles, sitost qu’on s’aperçoit que l’on ne plaist plus, il faut que le Poëte face iudicieusement sa retraite, qu’il se resolve de bonne foy à quitter une Place qu’il ne peut tenir, & qu’à l’exemple d’un Ancien, il cesse par raison, sans attendre de s’y voir forcé par sa foiblesseMaluit desinere quam deficere. […] Mon but n’est que d’exposer icy ce qui concerne le Spectacle, & les matieres d’un agréement sensible & vulgaire. […] Nous ne redirons point icy les admirables effets des Machines, & il vaut mieux toucher un autre poinct du Spectacle qui n’est pas de moindre consequence. […] Le second feroit que venant en moindre nombre, le bruit qu’ils font sans cesse en seroit moins importun à ceux qui s’apliquent au Spectacle, & qui veulent écouter. […] Mais la chose qui regarde immediatement le succez ou l’embaras du Spectacle, c’est de tenir de Theatre vuide, & de n’y souffrir que les Acteurs.

246. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Premierement, c’est une chose très-constante, que tous les Peres de l’Eglise ont declamé contre la comedie, qui se faisoit de leur tems, comme contre un spectacle, qui alloit de lui-même à la grande corruption des mœurs : Il ne faut qu’en lire les invectives, pour voir de quel zele ils estoient portez contre un divertissement, qui en deshonorant le Christianisme, en corrompoit aussi les maximes, & la pureté. […] N’est-on pas donc obligé de regarder au moins la comedie, comme un divertissement dangereux, puis qu’ils ont parlé de cette sorte de spectacle, comme d’une chose, capable de corrompre les mœurs les plus innocentes ? […] Tout cela, ne sont-ce pas autant de fortes attaques, données par les yeux, & par les oreilles, au cœur des personnes, qui écoutent ce qui se declame, & qui voyent le spectacle d’une comedie, pour y porter des impressions d’amour, en leur amolissant la volonté ; en leur gravant dans l’imagination des images, & des representations moins honnétes ; & en leur laissant dans la memoire des idées, qui ont toûjours quelque chose de sensuel ? […] Je ne diray pas, que c’est pecher mortellement, d’aller à la comedie : mais je diray qu’à plusieurs c’est peché mortel, d’y aller : La verité de cette proposition ne se prend pas simplement du spectacle, mais encore des dispositions particulieres de la personne. […] Mais aujourd’huy, soûs ce pretexte trompeur, que le Theatre n’a plus rien, qui blesse ouvertement l’honnêteté, bien des ames innocentes y sont attirées, comme les autres, ne pensant qu’à se donner simplement le divertissement d’un spectacle, que l’on dit être maintenant innocent.

247. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

On verra combien le reproche que lui fait M.F. est peu fondé, de n’avoir blâmé les spectacles qu’à cause de l’immodestie des Actrices. […] Il examine en particulier tous les genres de spectacles, et principalement la Tragédie et la Comédie. […] Cela ne dit point, ni ne veut point dire que les spectacles le soient. […] [NDE] Le De theatro ou Discours sur les spectacles. […] [NDE] Traité de la Comédie et des spectacles, 1666.

248. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328

J’avance sans crainte qu’il n’y a que dans les Poèmes du nouveau Spectacle que le Vaudeville soit un peu supportable. […] C’est en voulant imiter ce qui se pratique à ce Spectacle, que quelques Musiciens ne sauraient composer une Ariette sans l’annoncer par une Simphonie. […] En voilà assez pour prouver au Compositeur intelligent, que la Ritournelle fait un très-mauvais éffet dans les Ariettes du nouveau Spectacle. […] J’ai donc raison de conseiller aux Poètes du Spectacle moderne d’écrire de leur mieux les morceaux mêmes qu’ils destinent pour être mis en chant. […] Il faut aussi avoir la même réserve pour les Ariettes qui ne pourraient recevoir qu’un Chant triste : ce n’est pas dans les Poèmes enjoués du Spectacle moderne que de pareils morceaux sont dignes d’être applaudis.

249. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Mazarin se piquait encore de goût et de magnificence, et quoique bien inférieur en génie et en noblesse de sentiments à Richelieu, son prédécesseur, il crut devoir l’imiter dans son amour pour les spectacles. Il fit plus, il établit en France une nouvelle espèce de spectacle jusqu’alors inconnu, l’Opéra. […] Les guerres civiles, qui donnaient à la France des spectacles bien différents, firent tomber toutes ces folies ; il ne fut plus question de Balthazarini. […] Le Roi, tout occupé de danses, de musique, de jeu, de spectacles, le laissa maître absolu jusqu’à sa mort ; il en profita pour amasser jusqu’à deux cent millions qu’on trouva dans ses coffres. […] Peu s’en faut que Boursault n’emploie l’infaillibilité du Pape pour faire un article de foi de la sainteté des spectacles.

250. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Lettres sur les Spectacles. […] Mais s’attend-on dans un royaume catholique de voir la religion en spectacle sur un théâtre ? […] Quel spectacle ! […] Un spectacle si monstrueux remplit l’esprit et le cœur d’idées et de sentiments qui ébranlent toute religion. […]  3.), se déclarent hautement contre les spectacles par ces deux raisons sensibles.

251. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

L'amour des spectacles n'est autre chose que le goût qu'a le peuple d'aller à la Grève voir pendre ou rouer un voleur. […] L'homme ne se plaît aux spectacles tragiques que parce qu'il est cruel, et ces spectacles achèvent de l'en rendre. […] Les amateurs du spectacle sont bien assez furieux pour en souhaiter le rétablissement réel, et voir avec plaisir de vrais combats à fer émoulu. […] Jamais la vanité des femmes n'a été plus flattée qu'au spectacle : est-il étonnant qu'elles y courent avec transport ? […] Sont-elles moins dangereuses au spectacle, où elles sont plus agréablement assaisonnées ?

252. (1574) Second livre. Seconde épître. Cécile Cyprien à Donat [extrait] « letter » pp. 40-41

rachète cela en ces spectacles tant impies et cruels : et néanmoins telles mères ne s’estiment être parricides, et cause de la mort de leurs enfants, en les contemplant ainsi mourir. Détourne ta vue maintenant, pour considérer les divers spectacles, non moins détestables, que ce que nous venons de dire : tu verras ès Théâtres, ce qui te causera grande douleur, et te fera rougir de honte. […] On apprend à paillarder, en le voyant, et est-on pour le jourd’huy tant accoutumé à ses plaisirs et désirs, que par aventure telle dame était allée aux jeux publics et spectacles chaste, et pudique, laquelle en retourne impudique. […] Demande maintenant, si celui qui regarde tous ces beaux spectacles, peut être entierg, ou pudique.

253. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Premierement, c’est une chose tres-constante, que tous les Peres de l’Eglise ont déclamé contre la comédie, qui se faisoit de leur temps, comme contre un spectacle, qui alloit de luy-même à la grande corruption des mœurs : Il ne faut qu’en lire les invectives, pour voir de quel zéle ils estoient portez contre un divertissement, qui en des-honorant le Christianisme, en corrompoit aussi les maximes, & la pureté. […] N’est-on pas donc obligé de regarder au moins la comédie, comme un divertissement dangereux, puis qu’ils ont parlé de cette sorte de spectacle, comme d’une chose, capable de corrompre les mœurs les plus innocentes ? […] Tout cela, ne sont-ce pas autant de fortes attaques, données par les yeux, & par les oreilles, au cœur des personnes, qui écoutent ce qui se déclame, & qui voyent le spectacle d’une comédie, pour y porter des impressions d’amour, en leur amolissant la volonté ; en leur gravant dans l’i-imagination des images, & des representations moins honnêtes ; & en leur laissant dans la memoire des idées, qui ont toûjours quelque chose de sensuel ? […] Le prémier est, que toutes les personnes, qui fréquentent ces sortes de spectacles, ne peuvent avoir d’ordinaire aucun sentiment de pieté ; car ces bons sentiments, dont une ame peut estre touchée ne viennent, que des saintes pensées, dont auparavant elle a esté remplie ; & encore le cœur a-t’il bien de la peine à goûter les choses divines, quelque plénitude de connoissance, qui aîr pü précéder ; c’est sa dureté naturelle, c’est son fond de corruption, c’est son oposition à la pieté, qui fait tout cela. […] Mais aujourd’huy, sous ce prétexte trompeur, que le Théatre n’a plus rien, qui blesse ouvertement l’honnesteté, bien des ames innocentes y sont attirées, comme les autres, ne pensant, qu’a se donner simplement le divertissement d’un spectacle, que l’on dit estre maintenant innocent.

254. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Un Spectacle où l’on est médiocrement ému, mais où les sens sont agréablement affectés ; où l’esprit débarrassé du soin & privé du plaisir de suivre une intrigue, peut donner toute son attention à de jolis airs, quoiqu’adaptés à des paroles vides, dut & devra toujours plaire à la plus légère des Nations : telles sont les Comédies-Ariettes. […] Le Spectacle des Ariettes ne peut donc être toléré, sans heurter de front la Religion & les Loix. […] Enfin on donna les Moissonneurs : tout Paris courut s’attendrir à son Spectacle favori, & pour la première fois, la pudeur timide put lever les yeux sur le Théâtre Italien. […] Ajoûtons que le Vaudeville étant né en France, un Spectacle animé par lui seul doit nous plaire, dès que les Drames seront faits avec intelligence. […] [On trouve dans l’ Etat actuel de la Musique du Roi et des trois Spectacles de Paris (chez Vente, Libraire 1770) & dans le Calendrier Des Spectacles, les Eclaircissemens nécessaires sur notre Théâtre Italien ; le nom de ses Acteurs, depuis son établissement ; le catalogue de ses Pièces, & la liste de ses Auteurs.

255. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Auguste connoissoit les hommes & l’art de les gouverner, & le goût des Romains pour les spectacles. […] Tel est ce goût si général, si vif, si dominant pour les spectacles, que tout favorise, que tout augmente. […] Tous les autres sont pleins de pareils spectacles. […] A quel degré de perfection la danse n’est-elle pas portée au spectacle ? […] Les Comédiens François se sont plaints que ce nouveau spectacle faisoit déserter leur théatre, & leur faisoit grand tort.

256. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

On donne en général le nom de Comédien aux Acteurs & Actrices qui montent sur le Théâtre, & jouent des Rôles, tant dans le Comique que dans le Tragique, dans les Spectacles où l’on déclame ; car à l’Opéra, on ne leur donne que le nom d’Acteurs, ou d’Actrices, Danseurs, Filles des Chœurs, &c. […] Si l’on considère le but de nos Spectacles, & les talens nécessaires dans celui qui sait y faire un Rôle avec succès ; l’état de Comédien prendra nécessairement dans tout bon esprit ; le degré de considération qui lui est dû. […] Différens Conciles défendent aux Ecclésiastiques d’assister à aucun Spectacle, à peine de suspension, & d’être mis en pénitence.

257. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

Ceux qui n’étaient pas initiés aux mystères de ces Spectacles, avaient besoin d’un Maître qui leur en donnât l’explication ; l’usage apprenait aux autres a deviner insensiblement ce langage muet. […] Zozime, Suidas, & plusieurs autres rapportent l’origine des Pantomimes au temps d’Auguste : peut-être par la raison que les deux plus fameux Pantomimes, Pylade & Bathylle, parurent sous le règne de ce Prince, qui aimait passionnément ce genre de Spectacle. […] Les Romains épris de tous les Spectacles du Théâtre, préféraient ceux-ci aux Représentations des autres Comédiens. […] L’extrême passion que le Peuple & les personnes du plus haut rang avaient pour ce Spectacle, donna lieu de tramer des cabales pour faire applaudir les uns plutôt que les autres, & ces cabales devinrent des factions. […] Il falait avoir recours à un expédient triste pour le Gouvernement, qui ne cherchait que les moyens d’amuser le Peuple, en lui fournissant du pain, & en lui donnant des Spectacles ; mais cet expédient devenu nécessaire, était de faire sortir de Rome tous les Pantomimes.

258. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

Avant que d'entrer en matière, je suis obligé de remarquer deux choses pour faciliter l'intelligence de tout mon discours : l'une que le Théâtre ne signifie pas proprement comme nous l'entendons aujourd'hui, l'échafaud où paraissent les Acteurs des Comédies et Tragédies, mais un grand lieu composé de plusieurs bâtiments, galeries, promenoirs, et sièges pour les Spectateurs, au milieu duquel était un espace vide, où l'on donnait divers spectacles, comme de Gladiateurs, d'Athlètes et autres, selon le différent usage des Villes et des Provinces, où l'on dressait l'échafaud composé de plusieurs parties, que nous appellons maintenant comme d'un nom propre, le Théâtre ; et là se faisaient plusieurs Jeux, de musique, de danse, de Poésie, et plusieurs autres combats que l'on a souvent compris tous ensemble sous le nom de Jeux Scéniques ou de Théâtre. Mais rejetant ici tous les Combats et Spectacles qui ne regardent point les Poèmes Dramatiques, je ne veux entendre sous ce nom de Jeux de Théâtre que les représentations qui se faisaient sur cet échafaud, Théâtre ou Scène, soit qu'elles fussent sérieuses ou bouffonnes, honnêtes ou licencieuses. […] défait les Espagnols, célébra toute sorte de spectacles, et même ceux du Théâtre, par des Acteurs en toutes langues. […] , après la défaite des Daces, fit toute sorte de spectacles ; Et l'Empereur Sévère après la défaite d'AlbinusHerod. […] « Sors que vous êtes, je représente un furieux. » Mais sans rechercher d'autres preuves de l'usage religieux des Tragédies et des Comédies, il leur faut attribuer toute la superstition des autres Spectacles ; Car quand les Auteurs écrivent que les Jeux de Théâtre étaient donnés au peuple par les Magistrats, et qu'ils n'en désignent point quelque espèce particulière, il y faut presque toujours comprendre les représentations des Poèmes Dramatiques, qui n'en furent guère séparées dans les derniers temps, et les témoignages des bons Auteurs que nous rapporterons dans la suite de cette Dissertation, autoriseront encore ces vérités.

259. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Traité de la Comédie et des Spectacles. […] Hédelin qu’on en croit l’Auteur, s’applique à faire voir que les Spectacles des anciens ont fait une partie de la Religion Païenne, et que la représentation des Comédies et des Tragédies était un Acte de Religion. […] Cette Réfutation est un Ouvrage in 4° de 500. pages : il y a beaucoup d’érudition sur les Jeux et les Spectacles des Païens, on y trouve une longue Tradition des Conciles et des saints Pères contre la Comédie. Cette Tradition est poussée jusqu’au dix-septième siècle, par la citation de plusieurs saints et savants Hommes de chaque siècle, qui ont condamné la Comédie et les Spectacles. […] Le sonnet est cité dans Charles Desprez de Boissy, Lettres sur les spectacles.

260. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

On comprend sous ces noms, les Spectacles des Boulevards ou des Foires, & les Salles de simple amusement. […] Ce Spectacle est tout matériel, & n’entre pas dans mon objet : j’en laisse à d’autres la description. […] Nous sommes loin de regretter les Spectacles sanglans des Romains, mais observons ici, que tout ce qui existait en grand parmi eux, n’est revenu parmi nous qu’en petit. […] Tous les Spectacles destinés à amuser la Populace, seront occupés par les Acteurs-enfans-trouvés. […] Ces Troupes, tant celles des Villes où le Spectacle sera permanent, que celles des Bas-Spectacles, suivront la même règle que ceux des grands Théâtres de la Capitale.

261. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

) Nos spectacles ne se donnent que le soir, plusieurs même pendant la nuit, heure tout à fait indue, qui favorise toute sorte de dissolution. […] Les plus zélés défenseurs du spectacle ne disconviennent pas qu’il n’y ait quelquefois des pièces mauvaises, des objets séduisants et des personnes faibles, pour qui il est dangereux. […] Fréquenter le spectacle, c’est autoriser et l’Acteur qui joue, et le spectateur qui le regarde. […] Tel un Religieux, un Ecclésiastique, qui déshonore son état et son ministère par son amour pour le spectacle. […] Que devient donc cette rigoureuse discipline du Palais sur les spectacles, que nous faisons sonner si haut ?

262. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

On n'est content du spectacle qu'autant qu'on y est remué : la pièce est insipide, si elle laisse tranquille. […] Le spectacle s'en occupe, s'en divertit, les enseigne, les justifie, les embellit, les inspire. […]  » C'est donc le siècle des contradictions : la philosophie et les spectacles sont au plus haut point de leur gloire. […] Jean-Jacques Rousseau est plus conséquent ; il combat très philosophiquement les spectacles par de bonnes raisons, et qu'à son ordinaire il dit très bien. […]  » Le spectacle cultive ce penchant à l'ombre de ses ailes, et par tous les agréments que l'art et la nature peuvent répandre, il en assure l'empire.

263. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VI. Des Sçènes. » pp. 257-276

Il est ridicule qu’un Acteur se dise à lui-même ce qui s’est fait, ce qu’il a vu ou ce qui doit arriver ; le Spectateur voit qu’on cherche à l’instruire, & que c’est à lui seul qu’on parle : une pareille mal-adresse le révolte & lui rappelle qu’il est au Spectacle. […] Les Poètes du nouveau Spectacle achéveraient de se rendre dignes de nos suffrages, s’ils perfectionnaient de la sorte leurs Monologues : voyons du moins avec quel art ils assemblent les Scènes de leurs Drames. Les Scènes du Spectacle moderne n’ont point l’ensemble qu’elles devraient avoir. […] Je prie ses Poètes de faire attention à ce que je dis ici ; en continuant de se permettre les libertés qu’ils prennent chaque jour, ils composeront enfin un Drame informe & monstrueux, & feront triompher tout à-fait les énnemis de notre Spectacle favori ; encore une fois, enchaînez vos Scènes avec art, faites venir & disparaître vos Acteurs à propos & avec vraisemblance : puisque vous soutenez que la Comédie mêlée d’Ariettes est une Pièce aussi parfaite que la Comédie, vous devez lui donner les différentes parties qui constituent le Drame. […] Le nombre des Poèmes du Spectacle moderne, dont les Scènes sont défectueuses, est si considérable, qu’on s’imagine que le genre adopté par le nouveau Théâtre, ne demande pas un meilleur arrangement, & que ce serait le dénaturer que de chercher à lui prêter plus d’art ; on se trompe furieusement : laisserait-on toujours éxister parmi nous un Spectacle qui renverserait toutes les règles ?

264. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

On ne le tolère qu’à une jeunesse honnête, dans un collège, sous les yeux des Régents, comme un exercice littéraire ; ce qui est bien différent des spectacles publics. […] En effet peut-on acquérir à cette école profane ces grâces extérieures, qui font des sermons un spectacle, que le monde Chrétien réprouve parce qu’il respecte la divine parole, et que le monde profane désire parce qu’il se fait un amusement de la religion, comme de tout le reste ? […] Vains scrupules, qu’une morale outrée voudrait inspirer contre les spectacles ; laissons aux Jansénistes des déclamations qu’ils n’adoptent que pour chercher querelle à la Société. […] Ainsi écarte-t-on le danger des spectacles ordinaires : mélange des sexes, parures, nudités, attitudes efféminées, discours libres, tendres, galants, passions vives, vivement rendues, qui toujours se récitant en français, font peu d’impression dans une langue étrangère. […] Voilà l’erreur : d’un exercice académique, qui doit être renfermé dans l’enceinte d’un collège, on veut faire un spectacle, et d’un Ecolier un Comédien.

265. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

Felix, le plus ancien de nos Auteurs, « qui faisons profession d'une vie honnête, nous nous abstenons de vos Pompes, de vos Spectacles, et de tous les mauvais plaisirs que l'on prend, dont nous savons bien que l'origine est un effet de votre superstition, et que leurs agréments sont condamnables ; Car dans le Cirque qui peut souffrir la folie de tout un peuple qui se querelle ; dans les Gladiateurs le cruel art de tuer les hommes, dans les Jeux Scéniques une prodigieuse turpitude ? […] Il fait même trois sortes de censures contre le Théâtre ; et le nomme une chaire de pestilence, et l'école de la débauche ; mais ses paroles montrent assez clairement qu'il n'applique cette condamnation qu'aux Histrions, Farceurs, Mimes, Scurres et autres gens qui ne travaillaient qu'à faire rire ; car il ne se plaint que de l'impudence de l'Orchestre, où nous avons montré que les Comédiens ne jouaient point, et où était un lit sur lequel les Mimes représentaient les adultères de leurs Dieux, et de ce que l'on y donnait au public des Spectacles de fornication, des corps efféminés, des paroles sales, des mauvaises chansons, des femmes débauchées, qui dansaient et nageaient toutes nues dans l'Orchestre pour divertir le peuple, dont rien ne convenait au Poème Dramatique. […] s'explique de la même sorte, en condamnant les Spectacles de toutes sortes de Bateleurs, les chansons de personnes efféminées, les impudences de l'Orchestre destinée aux Sauteurs et aux Farceurs, comme nous l'avons expliqué. […] ayant touché cette communication de l'Idolâtrie des Spectacles, ajoute, pour en exprimer la turpitude, qu'ils ne doivent pas faire notre divertissement ; « Le stade et le Théâtre, dit-il, peuvent bien se nommer une chaire de pestilence, et l'assemblée que s'y fait est remplie d'iniquité, et chargée de malédictions ; les actions les plus honteuses y sont toutes représentées ; et quelles paroles les Bouffons et les Bateleurs ne prononcent-ils point pour faire rire le peuple ? 

266. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

Tertullien le plus austère de tous nos Ecrivains, dit que les Comédies et les Tragédies étaient les meilleurs Spectacles des anciens, et n'y blâme autre chose que les adultères, et les autres crimes de leurs Dieux, que l'on y représentait avec beaucoup de mépris ; il en condamne le sujet par le peu de respect qu'ils portaient à leur Religion ; mais il ne charge ni d'infamie ni d'anathème ceux qui les représentaient. […] « Ce qu'il y a de plus tolérable, écrit Saint Augustin, ce sont les Comédies et les Tragédies, où les Fables des Poètes sont représentées parmi les Spectacles publics, avec quelques choses indécentes, mais sans aucunes paroles impudentes et dissolues, comme en beaucoup d'autres Jeux du Théâtre. […] Et se reprochant à lui-même la complaisance qu'il avait eue pour les Spectacles.

267. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 12. SIECLE. » pp. 187-190

Quant à la vue des Spectacles vains, que sert-elle au corps, ou quel bien apporte-t-elle à l'âme et Certes vous ne trouverez point que l'homme tire quelque profit de la curiosité. […] L'ennuy se glisse aisément dans un esprit vide qui ne se peut supporter lui-même, s'il n'a quelque volupté pour se divertir: C'est pour cela que l'on a introduit les Spectacles, et tous ces appareils de la vanité, ou s'occupent ceux qui ne peuvent vivre sans quelque amusement ; Mais c'est un dérèglement pernicieux ; car l'oisiveté leur serait encore plus avantageuse qu'une si honteuse occupation. […] Un homme d'honneur ne doit point regarder les Spectacles, et particulièrement ceux qui sont déshonnêtes, de peur que l'incontinence de sa vue ne soit un témoignage de l'impureté de son âme ; C'est avec raison que Périclès étant Préteur reprit Sophocle son collègue, en ces termes: Il faut qu'un Magistrat n'ait pas seulement les mains pures, mais les yeux même ; C'est pourquoi un homme à qui la puissance Royale donnait une grande licence, faisait cette prière à Dieu: Détournez mes yeux afin qu'ils ne regardent point la vanité; car il savait bien qu'il est certain que la vue cause une infinité de maux ; ce que le Prophète Jérémie déplore dans ses Lamentations ; Mes yeux, dit-il, ont ravi mon âme comme une proie.

268. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

[Introduction] Le goût des Spectacles est devenu dominant en France : l’Italie et l’Angleterre l’adoptent, l’Espagne ne s’en éloigne pas, il gagne les royaumes du nord. […] Je dis encore que toute la France est enthousiasmée des spectacles : « Totam hodie Romam circus capit, et fragor aurem percutit. » Les théâtres publics, quoique innombrables, ne suffisent pas, on en construit dans les bourgades, dans les armées, dans les couvents, dans les maisons particulières ; on y court, on y monte, on y joue, on y passe la vie ; il se forme des troupes brillantes de citoyens distingués, dont les biens, les travaux, les talents, la mémoire, sont utilement employés à apprendre et à représenter des pièces de théâtre. […] Les petites villes trouvent des fonds pour bâtir des salles de spectacles, et s’abonnent avec des troupes de Comédiens, malgré la misère publique, qui rend et nécessaire et presque inutile, exerce et décourage le zèle des personnes charitables. […] J’envisage cet objet du côté du bon ordre et du bien de l’Etat, et j’ose dire que quoique le gouvernement tolère les spectacles, la bonne politique, toujours d’accord avec la religion et les mœurs, ne leur est pas plus favorable. […] Nous y mêlerons bien des traits sur l’histoire ancienne et moderne des spectacles, et nous ne négligerons pas la partie littéraire.

269. (1541) Affaire du Parlement de Paris « Procès-verbal de l’action intentée devant le Parlement de Paris par le procureur général du Roi aux “maîtres entrepreneurs” du Mystère des Actes des Apôtres et du Mystère du Vieil Testament (8-12 décembre 1541) » pp. 80-82

Voisin, Défense du traité de Mgr le Prince de Conti touchant la comédie et les spectacles ou la réfutation d'un livre intitulé Dissertation sur la condamnation des théâtres, Paris, Coignard, 1671, p. 308-316. […] [NDE] Que soit excommunié celui qui va aux spectacles, les jours de fêtes, en omettant l’assemblée de l’église [= des fidèles]. […] Les spectacles sont sources de disputes qui dégénèrent en procès. […] [NDE] Codex Justiniani, livre XI, 41, « Des spectacles de théâtre et de ceux donnés par les marchands d’hétaïres ». […] Il avait approuvé le spectacle et marqué son intérêt pour le mystère joué en 1541, les Actes des Apôtres.

270. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

De l’influence de la scène sur les mœurs en France Si nous honorons le mensonge dans nos spectacles, nous le retrouverons bientôt dans les engagements les plus sacrés. […] Le public se compose de deux classes, les hommes faits qui vont chercher des distractions au spectacle, et sur lesquels la scène n’a plus d’action ; la jeunesse qui va y puiser de bonnes ou de mauvaises leçons. […] Ainsi donc, l’objet du drame aujourd’hui n’est pas de peindre les mœurs, ni de les épurer, mais d’en exagérer la perversité au point que le plus grand scélérat sortant du spectacle serait content de lui. […] Examinons si dans les spectacles d’un autre genre nous trouvons plus de déférence pour les mœurs. […] [NDE] Le titre exact est Lettre à d’Alembert sur les spectacles.

271. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Les Dames de qualité, qui ne sont plus en état de faire les dépenses des habits convenables, craignent de se déshonorer en se montrant à ces spectacles. […] Mais il trouva quelque chose de galant dans un spectacle nocturne ; il voulut que cette entrée se fît au flambeau. […] Un homme qui avoit donné tant de spectacles de galanterie devoit beaucoup aimer le théatre & toute sorte de spectacles. […] L’arrivée de la Reine Christine de Suede fut encore un spectacle où le Duc de Guise joua un rôle brillant. […] Entr’autres il reconnoît le danger des spectacles ; il avoue que le théatre a été la source de son libertinage & de ses malheurs.

272. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Mais le Spectacle du Marais a des Comédies de déclamation, qui pourront passer au nouveau Théâtre. […] I, qui regarde les Acteurs de l’Opéra, aura lieu pour les Danseurs attachés à ce Spectacle. […] En sortant du Spectacle, on ne sent plus rien. […] Président des Spectacles, de quelque genre qu’ils fussent. […] Ce Spectacle aurait eu un effet surprenant aux Théâtres majestueux de la Grèce.

273. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre prémier. Qu’on ne doit pas se figurer que la composition des nouveaux Drames soit aisée. » pp. 116-120

En comparaison des applaudissemens dont nous comblons notre Spectacle, ses cris ne forment qu’un vain murmure. […] Voilà un précepte que l’on ne sçaurait trop suivre ; quoiqu’il regarde particulièrement les Poètes du Spectacle moderne, il se rapporte à tous les Auteurs en général. […] O vous donc, jeunes Auteurs, qui destinés vos talens à un Spectacle qui charme l’enfance & la vieillesse, les riches & les pauvres, les sous & les sages, craignez d’entreprendre au dessus de vos forces.

274. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIII. Que les lois civiles défendent de danser, et d’aller à la Comédie les jours des Fêtes. » pp. 67-75

Je commencerai par la seconde loi du Code Théodosien touchant les spectacles, qui est attribuée aux Empereurs Gratien, Valentinien, et Théodose : « Nous vous avertissons avant toutes choses, que personne ne transgresse la loi que nous avons donnée il y a longtemps, en détournant le peuple de la piété par quelque spectacle » ; l. 2. […] J'ajoute une autre loi des Empereurs Valentinien, Théodose, et Arcade dans laquelle après avoir fait mention de plusieurs Fêtes particulières ; ils marquent toute la quinzaine de Pâques, le jour de Noël, et de l’Epiphanie, et les Fêtes des Apôtres : « dans lesquels jours (disent-ils) à cause de leur sainteté, nous défendons toutes sortes de spectacles ; et nous mettons encore au même rang des Fêtes dont nous avons parlé, les jours qui étaient nommés les jours du Soleil, et que les Chrétiens appellent communément, plus justement, les jours du Seigneur, ou les Dimanches ; que l’on doit célébrer, et solenniser avec une pareille dévotion et révérence ». […] Et nous désirons avec tant d’ardeur que cette Ordonnance soit observée, que nous voulons que celui qui la transgressera, ou en assistant aux spectacles un jour de fête, ou en faisant quelque acte de justice, sous prétexte des affaires publiques ou particulières, en soit puni par la dégradation, et par la confiscation de tous ses biens. » Et infra.

275. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Ce sont des treteaux élevés, d’où un saltinbanque, couvert de clinquan se donne en spectacle. […] On croit bien justifier les spectacles, en disant que le grand nombre les fréquentent. […] Dezprez de Boissi a fait paroître en divers temps plusieurs lettres contre les spectacles, qui ont été très bien reçues, & le méritent. […] Le Price regardoit comme au-dessous de lui d’aller aux spectacles publics, comme d’aller manger chez des particuliers. […] Les audiences & les repas de l’Empereur étoient un vrai spectacle comique à nos yeux, pour eux très-imposant.

276. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Une Action ne cesse pas réguliérement quatre fois, pour recommencer quatre fois ; mais les Intermedes ont été établis pour la variété du Spectacle, le délassement des Spectateurs, & le repos des Acteurs. […] Dans un Spectacle fait pour enchanter les hommes, l’harmonie du discours doit enchanter leurs oreilles, ainsi celle de la Prose ne peut suffire. […] L’objet de la Comédie est d’inspirer la joye : l’objet de la Tragédie est d’inspirer la tristesse, & l’on ne remporte pas la tristesse d’un Spectacle qui finit par des danses & des chants. […] Le succès de ce Spectacle inventé dans l’Italie, & répandu ensuite par tout, prouve l’empire de la Musique sur les hommes, empire qu’elle excerce aux dépens de la Poësie, de la raison, & des mœurs. […] Le grand objet d’un Spectacle où la Volupté attaque tous les sens, est de troubler cette œconomie.

277. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIV. La comédie considérée dans ses Spectateurs. » pp. 30-33

Tels sont les péchés qui sont la suite inséparable de l’assistance au Spectacle. […] C’est un principe constant & puisé dans la nature du cœur, qu’on ne goûte de plaisir au Spectacle, qu’autant qu’il émeur, qu’il touche, & qu’il cause une espéce d’yvresse. […] Il y a donc dans le cœur des Spectateurs un Théâtre secret, où chacun est Acteur & joue sa propre passion ; & c’est ce qui donne le vif & le piquant au Spectacle ; c’est ce qui y porte avec tant d’ardeur.

278. (1574) Livre premier. Epître dixième. Cyprien à Eucratius son frère « Epître dixième. » pp. 30-31

Tertullien a fait un livre des spectacles, et S.Cyprien une épître au peuple qui est ferme en l’Evangile. […] ) Le temps passé on a eu en grande abomination tels spectacles, comme même Tertullien le montre en son livre des Spectacles.

279. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « TABLE. DES CHAPITRES. »

Spectacles des Communautés Religieuses, 27 Chap. […] Des Spectacles les jours de fête, 158 Chap.

280. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « [Épigraphe] » pp. -6

Ainsi rappelait ses Citoyens par des Fêtes modestes, & des Jeux sans éclat, cette Sparte, que je n’aurai jamais assez citée pour l’exemple que nous devrions en tirer… C’est à Sparte que dans une laborieuse oisiveté, tout était plaisir & Spectacle… C’est-là que les Citoyens, continuellement assemblés consacraient leur vie entière à des amusemens qui fesaient la gloire de l’État. Lettre de Jean-Jacques Rousseau, à M. d’Alembert, sur les Spectacles.

281. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Sommaire. »

Ensuite on parle des différens genres que le Spectacle moderne a embrasse jusqu’à présent ; ses Poèmes sont trop remplis de licences. […] Combien d’Actes doivent avoir les Poèmes du nouveau Spectacle ; & Dissertation sur les Actes en général.

282. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

C’est pour vous inspirer une juste horreur du théatre & de ses spectacles, que je me sers des paroles du grand Apôtre : Considerez-vous, M.  […] Le démon préside toujours aux spectacles qu’il a inventés pour séduire les hommes & pour détruire leur religion, Aller à la comédie, c’est donc, à proprement parler, abandonner Jesus-Christ, & retourner au démon. […] De pareils spectacles ne sont-ils pas à ce prix encore aujourd’hui, comme au siécle de saint Jean Chrysostome, des écoles d’impureté & de libertinage ? […] Tels sont les fruits de malédiction que portent partout ces indignes spectacles, & les péchés que l’on commet seulement pour en aimer le peril. […] Qu’il aime les spectacles de vanité, qui l’amusent sans le satisfaire, & qui le corrompent en le divertissant ; nous les fuirons comme des lieux de contagion & de scandale.

283. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Allez, Monsieur, à la Comédie la première fois qu’on jouera cette pièce : ne vous occupez nullement du spectacle, donnez toute votre attention aux Spectateurs, et vous jugerez par les épithètes dont ils honorent Atrée presqu’à chaque vers qu’il prononce, de l’effet que produit en eux son caractère. Je vous réponds que vous sortirez du spectacle bien convaincu que personne ne croit devoir ressembler à Atrée parce que ce monstre « jouit du prix de [s]es forfaits ». […] Vous voyez bien, Monsieur, que votre héroïsme est absurde, et surtout dans le cas présent ; ne pouviez-vous pas satisfaire à l’engagement que vous vous étiez imposé vous-même d’éclairer le Public sur les dangers du spectacle, sans trahir les devoirs de la reconnaissance et de la société ? […] Deux ou trois ans s’écoulèrent depuis ce bel exploit : j’avais pendant ce temps fréquenté assidûment les spectacles, j’avais lu d’excellents critiques, enfin j’avais appris à rougir de l’impertinence de ma censure, et à chérir les ouvrages de M. de Voltaire autant qu’ils le méritent. […] Je ne me vanterais point de m’être acquis ces applaudissements si l’exiguïté de ma taille m’eût permis de me consacrer au tragique ; mais comme le Public veut que ses yeux soient contents au spectacle autant que ses oreilles, j’ai cru devoir métamorphoser le Héros en Arlequin et devoir quitter le Diadème pour la calotte de Crispin.

284. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

… La danse, dit Petrarque, est une action indigne d’un honnête homme, & de laquelle on ne peut remporter que de la honte, c’est en effet un spectacle aussi honteux qu’inutile ; c’est une assemblée d’intemperance ; ces branlements des mains, & des pieds, cette évagation, & cette impudence des yeux ; tous ces gestes aussi indecens que risibles, montrent qu’il y a quelque chose dans l’interieur, qui répond au dereglement exterieur. […] Nôtre conscience est donc nôtre juge en cette matiere, & nous ne pouvons recuser ce juge incorruptible, & ce fidele témoin, lorsqu’il y va de nôtre salut : … ceux qui aiment le jeux, le bal, la comedie, les spectacles, & qui suivent le luxe, & la vanité du siecle, ne veulent point eutendre chrétiennement ces matieres, afin de pecher plus librement, & sans inquietude. On a beau leur dire, qu’il y a des jeux defendus, des spectacles, & des assemblées ; ils s’en moquent, ferment les jeux, & se bouchent les oreilles pour ne point voir, ni entendre toutes ces choses, qui leur déplaisent. […] Mais nous entendons parler ici des divertissemens defendus, comme sont les bals, les comedies, & autres spectacles de cette nature, qui sont dangereux, & corrompent les bonnes mœurs. […] Ils voyent un spectacle, qui flate les sens, qui remplit leur esprit de vanité, qui amollit leur cœur par le son des instrumens.

285. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Après tout j’avouerai sans peine, qu’après s’être longtemps élevé contre les spectacles, et en particulier contre le théâtre, il vint un temps dans l’église qu’on espéra de le pouvoir réduire à quelque chose d’honnête ou de supportable, et par là d’apporter quelque remède à la manie du peuple envers ces dangereux amusements. […] C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que l’église ait improuvé en général tout ce genre de plaisirs : car encore qu’elle restreigne ordinairement les punitions canoniques qu’elle emploie pour les réprimer, à certaines personnes, comme aux clercs ; à certains lieux, comme aux églises ; à certains jours, comme aux fêtes ; à cause que communément, ainsi que nous l’avons remarqué, par sa bonté et par sa prudence, elle épargne la multitude dans les censures publiques : néanmoins parmi ces défenses, elle jette toujours des traits piquants contre ces sortes de spectacles, pour en détourner tous les fidèles. […] Pontius, 1599, “Instructiones praedicationis Verbi Dei”, p. 485]  : non qu’il y eût à la lettre dans les spectacles de son temps des restes du paganisme ; mais parce que les passions qui ont formé les dieux des gentils y règnent encore, et se font encore adorer par les chrétiens. Quelquefois à l’exemple des anciens canons, dont il a pris tout l’esprit, il se contente de les appeler « des spectacles inutiles : ludicra et inania spectacula  » Ibid. p. 6. etc. […] C’est de là que naît dans les âmes pieuses, par la consolation du Saint-Esprit, l’effusion d’une joie divine ; un plaisir sublime que le monde ne peut entendre, par le mépris de celui qui flatte les sens ; un inaltérable repos dans la paix de la conscience, et dans la douce espérance de posséder Dieu : nul récit, nulle musique, nul chant ne tient devant ce plaisir ; s’il faut pour nous émouvoir, des spectacles, du sang répandu, de l’amour, que peut-on voir de plus beau ni de plus touchant que la mort sanglante de Jésus-Christ et de ses martyrs ; que ses conquêtes par toute la terre et le règne de sa vérité dans les cœurs ; que les flèches dont il les perce ; et que les chastes soupirs de son Eglise, et des âmes qu’il a gagnées, et qui courent après ses parfums ?

286. (1764) Comédie pp. 252-254

Pères ont condamné les spectacles, et ceux mêmes qui avaient été réformés, et que S. […] Parce que l’Eglise qui après tout doit être la grande règle d’un Chrétien, condamne les spectacles, et regarde comme excommuniés ceux qui montent sur le théâtre. […] Parce que l’exemple d’un homme réglé, qu’on verrait au spectacle, autoriserait une infinité de personnes d’une vertu plus que médiocre, à y assister.

287. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

La ville de Milan offensoit grandement Dieu dans ces jours, elle étoit livrée habituellement à la débauche, & on eût dit que ce qui étoit péché mortel les autres jours, ne fut pas péché véniel ces jours là, & les Milanois élargissoient tellement la main aux deshonnêtetés, mascarades, comédies, spectacles vains & lascifs : qu’il y avoit à pleurer à chaudes larmes. […] On peut voir dans Saint Chrisostôme le danger des spectacles, & le péché qu’on commet en y assistant. […] On ne doit pas calomnier même les coupables, la représentation dans l’Eglise est une fausseté ; il y avoit des salles exprès pour les spectacles. […] Si ce n’est pas une invention du Gazettier ; il faut que le Directeur des spectacles, qui donnent chaque année quelque sujet de l’Ecriture, soit tombé par hazard sur celui là, sans aucune affectation, & n’ait pas fait attention aux circonstances qui auroient dû la faire suprimer. […] Spectacle dangereux, objet d’une passion excessive récusation à Cahors, l’oracle de Saint François de Sales.

288. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Est-ce un spectacle bien amusant de voir un empereur pendu par les pieds, déchiré, insulté, percé d’une lance ? Sans doute, pour les amateurs du théatre, c’est le comble de l’infamie d’y être insulté, le comble du plaisir d’en voir le spectacle. […] Paris est en spectacle à tout le royaume. […] Gardel, donnerent à leur art des regles pour l’intérêt, la marche & la pompe du spectacle. […] C’est-à-dire, que ces vingt-deux entrées ou spectacles étoient distribués dans les allées, que la Famille Royale s’y rendoit successivement.

289. (1731) Discours sur la comédie « Préface de l'Editeur. » pp. -

Qu’on ne dise point que tous ces passages sont superflus, outre qu’ils forment la chaîne de la Tradition, ils servent encore à faire connaître le genre de Spectacles, usités dans chaque sièclea. Pour bien juger du mérite de cet ouvrage, il faut saisir le but principal de l’Auteur, qui est de justifier la pratique de l’Eglise, en excommuniant les Comédiens et en tolérant ceux qui vont aux Spectacles. Pour cela il rassemble plusieurs faits d’où dépend la connaissance des Spectacles de différents siècles, et rapporte les Jugements des Docteurs de l’Eglise et des Théologiens.

290. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

Le Roi se plaît à jouir des mêmes spectacles que son Peuple. […] Après chaque Spectacle, les Romains exposoient aux yeux du peuple une Actrice toute nue ; cet usage s’étoit-il introduit par les Comédiens où par les Romains ? […] Dans une Ville toujours agitée de troubles & de factions, les Magistrats sentirent la nécessité de donner des spectacles. […] C’est pourquoi ils firent de leurs divertissemens un spectacle qui, en révoltant l’humanité & la raison, en diminuoit le désir & l’yvresse. […] C’est ainsi qu’ils avoient limité chez eux l’effet des Spectacles, & marqué la place que les Comédiens devoient occuper dans l’opinion publique.

291. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Le théatre s’est souvent approprié ce spectacle dans plusieurs comédies & tragédies, où l’on fait plaider & prononcer des jugemens les plus fameux sont le Cid & Horace où Corneille, fait comparoître le vainqueur devenu coupable, devant le Prince qui doit le juger, & où il plaide sa cause, au risque de voir flétrir ses lauriers par une mort infame, & quelques fois dans les Opéras, faisant venir Minos, Æacus, Radamante pour juger les ombres. […] Trois spectacles, ou quatre au plus, nous suffisoient depuis plus de deux siécles ; l’union de l’opéra comique à la comédie Italienne nous privant d’un théatre, nous enrichissoit d’un nouveau spectacle, qui représentoit deux genres, & pourroit nous suffire. Les petits spectacles forains remplissoient le vuide du théatre aboli ; le goût de la danse, passion épidémique, se réveille tout-à-coup avec fureur ; des bals champêtres s’ouvrent dans tous les villages aux environs de la capitale ; des artificiers Italiens donnent des spectacles Pyriques, (des feux d’artifices,) & pour les animer d’avantage, y réunissent des danses ; enfin, d’après le Vauxhall Anglois, on imagine de construire à grands frais des lieux d’assemblées, décorés comme des théatres, pour y attirer le public ; c’est-à-dire, les curieux, les gens de plaisir, les citoyens désœuvrés, des femmes, sur-tout les jeunes gens, &c. par toutes sortes d’amusemens, souvent par le seul concours des personnes qu’on y peut voir, ou de qui l’on peut être vu, & même encore par la facilité de se cacher dans la foule ; ces divers établissemens ont le succès de la nouveauté, toujours attrayans pour des François. […] Cette foule fait plutôt une confusion qu’un spectacle agréable, au reste rien n’est oublié pour attirer le public.

292. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

ce sont celles que pour l’ordinaire vous faites, gens du monde, ce sont les jeux, les plaisirs, les spectacles, les divertissemens, les Cercles, les Assemblées où il préside, les mensonges dont il est le pere, l’orgueil dont il est le modelle, les jalousies, les envies, les inimitiés dont il est l’artisan. […] & ici, pour vous le dire en passant, voilà bien des questions decidées, vous nous demandés si les spectacles, les comedies, les opera, les bals, les theatres vous sont défendus ou permis : je ne veux sur cela qu’un principe qui vous servira à décider toutes sortes de cas en cette matiere. […] Ce principe le plus indubitable de nôtre Religion une fois supposé, tous ces spectacles dont je viens de parler, sont-ils permis ou défendus ? […] Oseriés-vous lui dire : oüi, mon Sauveur, c’est pour vôtre gloire que je cours à ces spectacles, à ces assemblées mondaines, que je me presente devant ces objets scandaleux. […] loin de s’en faire des crimes, on s’en fait honneur : on est presque embarrassé dequoi l’on s’accusera au Tribunal sacré de la Pénitence, quoi qu’on soit chargé de mille crimes de la sorte ; & après une vie toute mondaine, toute voluptueuse, toute sensuelle, passée dans les jeux, dans les spectacles, on ne trouve presque rien à dire au Prêtre !

293. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

Il dispose si absolument de ces esclaves, qu’il y a peu d’hommes et de femmes dans leur troupe qui ne fissent les mêmes impiétés si elles attiraient plus de monde à leurs infâmes spectacles, et s’ils en tiraient plus de profit. […] Secondement, il suffit que ces divertissements soient périlleux, pour engager les Chrétiens de s’en détourner, et s’ils ne le sont pas pour tous, au moins ceux qui ont la conduite des autres, et dont on suit les exemples, ne sauraient se trouver à ces Spectacles, sans être cause de la ruine de plusieurs, et sans perdre pour eux-mêmes la charité chrétienne, suivant cette parole du S. […] Tertullien ne s’est pas contenté dans son Apologétique, de repousser le reproche que l’on faisait aux Chrétiens de fuir les Spectacles, comme un crime qui méritait d’être sévèrement puni, en soutenant qu’il n’y en avait point, et qu’il n’y avait aucun sujet de les en reprendre, puisqu’en cela ils usaient de leur liberté, sans offenser ni le public, ni le particulier : Ce Docteur en a fait un Livre tout entier. […] Je me contenterais de vous faire remarquer qu’il ne proscrit pas ces Spectacles du Christianisme, seulement comme ayant leur source dans idolâtrie, qui faisait de ces actions profanes des sacrifices à leurs fausses divinités : où comme s’il ne s’y passait rien qui ne fût contraire à l’humanité naturelle, à l’homme qui abhorre le sang : Mais comme des pompes du Diable, auxquelles nous avons renoncé entrant dans l’Église par le Baptême, et devenant membres de Jésus-Christ, qui a fait profession au nom de tous ses enfants de n’être point du monde : et comme des nourrices des mauvais désirs qui sont les sources fécondes de tous les péchés. […]  : Que celui-là renonce aux jeux et aux spectacles du siècle, qui désire obtenir de Dieu une rémission parfaite de ses crimes.

294. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

Ces spectacles, dit saint Augustin, ne sont que des images de la vérité, ou plutôt d’une chose imaginée à plaisir, comme la représentation d’une idole est la figure d’une divinité feinte, « eorum imagines lambunt cogitatione famelica »Lib. 1. […] C’est pourtant là que conduit la représentation des vains spectacles. […] Les Païens mêmes ont reconnu que rien n’était plus dangereux pour les bonnes mœurs que ces sortes de spectacles, ils avouent qu’ils faisaient de grands changements en leur cœur, qu’ils en retournaient non seulement plus avares, plus ambitieux, plus enclins aux plaisirs et au luxe, mais encore plus cruels, et moins hommes. […] L’Eglise n’admettait anciennement personne à ce Sacrement qu’en exigeant de lui qu’il renoncerait aux spectacles du théâtre. […] Où l’on respire un air contagieux, où tous ceux qui y assistent sont ravis de se donner eux-mêmes en spectacle, où tous les sens sont assiégés et ouverts à ce qui les flatte, où les vertus Chrétiennes telles que l’humilité, la modestie, le recueillement passeraient pour ridicules.

295. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

De la Dépense des Spectacles. […] Il fallait les richesses des maîtres du monde pour suffire aux spectacles que donnaient les Magistrats quand ils entraient en charge. […] Les spectacles dans Paris vont à trois millions. […] Tout ce qu’il y a de brillant dans une ville se rassemble au spectacle, et y étale sa magnificence. […] Pour le soutenir, rien ne coûte ; on n’a pas un sol pour soulager les pauvres, un sol pour payer ses dettes, et le spectacle étale les plus riches parures.

296. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Spectacles des Romains en general. » pp. 7-8

Des Spectacles des Romains en general. […] Les Ieux ou les Spectacles des derniers Romains ont esté plus digerez, plus specieux, plus magnifiques & plus dignes de l’observation des curieux.

297. (1731) Discours sur la comédie « TABLE DES DISCOURS. » pp. -1

Jugement qu’ont porté sur les spectacles les Auteurs tant profanes que sacrés, depuis Auguste jusqu’à Justinien. […] S’il y a lieu d’approuver que les Pièces de Théâtre soient tirées de l’Ecriture Sainte. 303 Mandement de Monseigneur l’Evêque de Nîmes, contre les Spectacles. 352

298. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXXV.  » p. 495

 » Si nous sommes donc obligés en qualité de Chrétiens, de demander à Dieu, qu'il nous ôte les yeux pour toutes les folies du monde, dont la Comédie est comme l'abrégé; et qu'il nous en imprime la haine et l'aversion dans le cœur: comment pourrons-nous croire que nous puissions repaître nos yeux de ces vains spectacles, et mettre notre contentement en ce qui doit être l'objet de notre aversion et de notre horreur. On n'a pas voulu rapporter en cet Écrit les passages des Pères, et des Conciles, qui condamnent la Comédie et les spectacles, ni faire voir qu'ils comprennent aussi bien les Comédies de ce temps que celles du temps des Pères : parce que l'on peut voir cela en d'autres écrits qui ont été faits sur le même sujet.

299. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Un jeune libertin, ou charmé du spectacle, ou séduit par quelque Actrice, se joint à une Troupe, court avec elle, monte sur le théâtre. […] Les Ecoliers qui jouent des pièces dans les collèges, ne sont pas à la rigueur dans le cas de l’irrégularité ; c’est un genre de spectacle fort différent, quoique dangereux, et qui devrait être supprimé. […] On ne s’embarrasse pas plus des salles de spectacle que des cloaques ou des amas de boue qui se trouvent quelquefois dans les rues, qu’on se contente de faire cacher par des tapisseries. […] On se contenta dans la suite d’un renoncement général au démon, à la chair et au monde, et à ses pompes, qu’on y fait faire encore aujourd’hui, parce qu’on regarde avec raison ce renoncement comme une abjuration bien précise du spectacle. […] Voilà le demi-dieu que sur les ruines de la religion la fureur des spectacles place dans le sanctuaire (Ann. littér. novemb.

300. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

 88.) tenu en 398, on excommunie ceux qui, les jours de fête, vont au spectacle, au lieu d’assister à l’office divin. […] L’horreur de l’Eglise pour les spectacles va si loin, qu’elle ne veut pas qu’on chante des motets et des cantiques sur le théâtre. […] Et quel est le monument ecclésiastique qui n’enseigne la même doctrine, jusqu’aux Protestants, en cela d’accord avec les Catholiques, tant la corruption des spectacles est évidente ! […] Germain de continuer leurs spectacles. […] Ainsi bâtir des théâtres, faire des décorations, pensionner des Acteurs, contribuer aux frais des spectacles, payer à l’entrée, etc., être payé pour y travailler, en partager le profit, c’est se rendre complice et par conséquent coupable d’un péché grief : Vitium est immane, dit.

301. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IV. Du Clergé considéré comme protecteur et fondateur des Comédiens du troisième âge en France, et comme en ayant lui-même exercé la profession. » pp. 113-119

Ils ne font pas attention que tous ces anciens conciles n’avaient en vue que d’excommunier les histrions, les jongleurs et autres gens obscènes qui se donnaient alors en spectacle au public. […] En effet, des prêtres, au mépris de la discipline ecclésiastique, non seulement assistaient aux spectacles mondains donnés par les confrères de la passion, qui, après leurs comédies saintes, mettaient toujours quelques farces profanes, mais encore ils avaient eux-mêmes rempli des rôles et ouvert leurs églises pour ces sortes de représentations. […] Les conciles de Mayence, de Tours, de Reims et de Chalon-sur-Saône, que nous avons déjà cités, défendaient également, sous peine de suspension et d’être mis en pénitence, aux évêques, aux prêtres et aux autres ecclésiastiques, d’assister à ces spectacles, où ils pourraient voir et entendre les insolences et les jeux sales et honteux des bateleurs, des farceurs, des histrions et autres gens obscènes.

302. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Ces Ecrivains n’ont pas apparemment daigné parler d’une opinion si singuliere qui se trouve dans Isidore de Seville ; ce qui ne lui donne aucune autorité, parce qu’Isidore a bien pu, comme né & écrivant en Espagne, dans le septiéme siécle, ne pas connoître les Spectacles des anciens Romains, & comme Saint ne rien entendre aux matieres de Théâtre. […] J’ai fait voir d’abord que la Nature s’opposoit à ce partage : en supposant qu’elle ne s’y oppose pas, il sera toujours certain que ce partage seroit du moins ridicule : & pourquoi voulons-nous que les Romains ayent eû quelquefois un Spectacle ridicule ? […] Après un Spectacle tout en Musique, quelque Tragique qu’en ait été le Sujet, après un Opéra, a-t-on besoin d’un pareil reméde ? […] C’est ce qui arriva dans une petite Ville d’Espagne, où un Comédien de Rome s’avisa de vouloir donner le Spectacle d’une Tragédie à un Peuple qui n’en avoit jamais vu un pareil. […] Quand les Personnes accoutumées à aller aux Spectacles entendoient l’ouverture, elles disoient, C’est Antiope, c’est Andromaque qu’on va jouer : & Ciceron avoue qu’il n’avoit pas cette connoissance, parce qu’il n’alloit pas assez souvent aux Spectacles.

303. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Une salle de spectacle réunit dans le plus beau jour tous les arts. […] La salle de Spectacle de Versailles, à moins de l’avoir vue, on ne sauroit se faire une juste idée de sa beauté. […] Que n’auroit pas dit ce judicieux écrivain, s’il eut vu le fanatisme des Italiens pour les spectacles ? […] On ne fréquente les spectacles que comme des passe-temps, ou comme le rendez-vous de la société. Dire que les spectacles influent sur les mœurs & les corrigent, c’est un paradoxe ridicule : je n’ai jamais vu les jeunes gens en revenir que plus amateurs d’eux-mêmes & plus dissipés.

304. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Naumachies. » pp. 100-111

C es Combats sur l’eau ont esté à mon avis les plus superbes Spectacles de l’antiquité. […] Ce genre de Spectacle parut ou si nouveau ou si pompeux, qu’il y courut des Spectateurs de tous les endroits de la terre : & d’afluence des curieux fut si grande, qu’une bonne partie fut contrainte de s’arrester sur le chemin & de loger comme ils pûrent, les Hostelleries & les autres lieux publics estant remplis & ne pouvant leur donner de retraite. […] L’Empereur fut contraint d’en venir aux prieres, & ensuite aux menaces, & n’obtint qu’à force des unes ou des autres, la consommation du Spectacle & de l’entreprise. […] Mais il finit son Spectacle par une bizarerie si cruelle, qu’õ ne peut y faire de reflexion sans en avoir horreur.

305. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Rousseau, a fait composer par celui-ci un des meilleurs ouvrages contre les spectacles. […] Le public aura plus souvent le spectacle auquel le théatre de la cour faisoit diversion, & la présence du Roi le rendra plus décent. […] Une fête termine le spectacle à l’ordinaire. […] Un enthousiaste du spectacle, un comédien, un romancier, un poëte comique est-il bien propre à rendre la justice ? […] Quiconque est toujours en spectacle, & voit les yeux du public fixés sur lui, se croit quelque chose de grand.

306. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Platon pensa des Spectacles comme Solon, & poussa la sévérité jusqu’à condamner toute Poësie imitative. […] Plus un Spectacle jette d’émotion dans l’ame, plus il attache. […] Pourquoi donc les premiers Auteurs de nos Spectacles prirent-ils pour leur Sujet ordinaire, la Passion de Notre Seigneur ? […] Si l’objet de la Tragédie est de nous endurcir, qu’on rétablisse donc les Spectacles sanglans des Romains. […] Il ne seroit peut être pas difficile de prouver que cette Morale doit elle-même condamner les Spectacles.

307. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

y eut de leur temps un Sempronius Philosophe, qui répudia sa femme pour avoir été à ces jeux et spectacles publics, dont la Comédie a toujours tenu le premier rang, et les Empereurs ont aussi permis le divorce pour pareille cause. […] C’est aussi ce qui est défendu par toutes les lois divines et humaines, et qui fait ce qu’on a appelé Spectacle. L’Ecriture Sainte est-elle contraire à tels Spectacles et recréations ? […] qui assurent que l’ancienne croyance de l’Eglise, est qu’aux renonciations du Baptême contre le Démon, ses pompes, et ses œuvres, les Spectacles et les Comédies y sont comprises, et ajoutent, qu’on manquerait beaucoup de conduite d’exorciser d’une part le Démon, si d’ailleurs on laissait aux Chrétiens pleine liberté d’assister à telles occupations, et de renoncer par là à Jésus-Christ, ainsi qu’ils auraient avant fait au Diable. […] avec les Jeux, Spectacles, et les Danses qui s’y font, ainsi qu’ont fait plusieurs autres Conciles.

308. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Des Spectacles qui se donnent aux Colleges. […] Certains Spectacles plus dangereux que la Comedie. […] De Spectacles qui se donnée aux Colleges. […] Spectacles plus dangereux que la Comedie. […] Nombre des Spectacles que Paris fournit dans vne année.

309. (1823) Instruction sur les spectacles « Introduction. » pp. -

Autrefois ceux qui faisaient profession de piété témoignaient, par leurs discours et leur conduite, l’horreur qu’ils avaient pour les spectacles ; et ceux qui se les permettaient reconnaissaient du moins qu’ils ne suivaient pas en cela les règles de la religion. […] Il sera alors facile de reconnaître que l’innocence ne court nulle part de plus grands dangers que dans les spectacles ; que c’est là que le père du mensonge règne en souverain, qu’il débite ses maximes, qu’il distille son poison, qu’il allume ses flammes, et qu’il égorge les victimes dont il doit se rassasier au jour des vengeances.

310. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « TABLE DES CHAPITRES ET DES SECTIONS. »

Traité de Monsieur le Prince de Conti, de la Comédie et des Spectacles. page 41. […] Dissertation sur la condamnation des Spectacles. page 60 Section iii.

311. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

Ils voyoient que ce nouveau genre de Spectacle, faisoit abandonner l’ancien. […] « Dans les bons Auteurs, tout parle tout agit ; mais c’est, dit le pere Brumoy, plus l’action & le sentiment que le discours, au lieu que nos jeunes Poétes donnent souvent dans le discours & les paroles, pour suppléer au Spectacle & à la passion. » Ce n’est que de sens froid qu’on applaudit à la beauté des vers dans un Spectacle.

312. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Je suis persuadé que notre Philosophe Grec composerait quelque écrit célèbre sur le Spectacle qui nous fait tant de plaisir. […] Notre Siècle ne s’est pas seulement orné d’un Spectacle digne enfant de la joie ; la Littérature fait d’un autre côté des progrès qui achévent de combler sa gloire. […] Il était réservé au Siècle où nous sommes de faire naître, ou de perfectionner, l’Opéra-Bouffon, & d’inventer de singulières Énigmes On ne se douterait peut-être jamais de ce qui me fait vivement regretter que nous n’ayons pas quelqu’ouvrage d’Aristote sur notre Spectacle favori.

313. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Est-il possible, disais-je en moi-même, que des personnes si spirituelles, si sages, qui ont mené un extérieur si Chrétien, ne fassent jamais de réflexion sur ce que toute l’application de leur esprit ne tend qu’à fournir de la matière à des spectacles, auxquels ceux qui sont nos guides dans la Religion nous assurent qu’il n’est pas permis à des Chrétiens de se trouver ? […] Un mari ne se divertirait pas à voir jouer les amours de sa femme, ni un père à voir jouer les débauches de sa fille, etc. au contraire on fait ce que l’on peut pour s’ôter de la mémoire les spectacles qui nous affligent. […] Ces spectacles nous corrompent l’âme, sans que nous le sentions.

314. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

tenu en 305. priva pendant trois ans de la Communion, ceux qui prêtaient leurs habits, pour servir aux spectacles : « Matronæ, vel earum mariti, ut vestimenta Conc. […] ne déclame pas moins fortement contre les spectacles, et dit que ces sortes d’assemblées sont honteuses, et pleines d’iniquité. « Magna confusione et iniquitate hi cætus pleni sunt. […]  » La raison qu’il en donne, est que le démon se trouve dans les spectacles qu’il a inventés. […] De sorte qu’on peut dire avec les Saints Pères, que les spectacles, sont, principalement pour les jeunes gens, une école d’impureté et de libertinage : « Privatum consistorium impudicitiæ ». […] Ils doivent, suivant le conseil de Salvien, considérer que les spectacles sont plutôt une mort à l’âme qu’un véritable plaisir. « Respiciant cuncta quæ diximus, et videant in spectaculis non voluptatem esse, sed mortem.

315. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — Avis de l’Éditeur, Sur les Notes suivantes. »

Q uel que soit le nombre des Ouvrages que l’on a publiés sur nos Spectacles, cette vaste matière paraît encore inépuisée ; les Partisans du Théâtre & les Misomimes, ne l’ayant chacun envisagée que dans le point-de-vue favorable à leurs préjugés, l’Auteur de la Mimographe, qui en a recherché les avantages & les inconvéniens, aurait voulu tout embrasser ; mais la tâche était au-dessus de ses forces ; elle s’est vue elle-même dans la nécessité de ne faire que l’effleurer. […] Dans [R] enfin, des Spectacles de nos Baladins.

316. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

Les Magistrats étaient séparés du Peuple, & le lieu qu’ils occupaient, s’appelait Bouleutikés : les Jeunes-gens y étaient aussi placés dans un endroit particulier, qu’on nommait Ephêbikós ; & les femmes y voyaient le Spectacle, du troisième Portique, où seules elles étaient admises. […] Cette façade avait à ses extrémités, deux petites aîles en retour, qui terminaient cette partie ; de l’une à l’autre de ces aîles s’étendait une grande toile, à-peu-près semblable à celle de nos Théâtres, & destinée au même usage, mais dont le mouvement était différent ; car au lieu que la nôtre se lève au commencement de la Pièce, & s’abaisse à la fin de la Représentation, parce qu’elle se plie sur le ceintre, celle des Anciens s’abaissait pour ouvrir la Scène, & se levait dans les Entr’actes, pour préparer le Spectacle suivant, parce qu’elle se pliait sur le Théâtre ; de manière que lever & baisser la toile, signifiaient précisément le contraire de ce que nous entendons aujourd’hui par ces termes. […] Comme le Spectacle chez les Anciens, se donnait dans des occasions de Fêtes & de triomphes, il demandait un Théâtre immense, & des Cirques ouverts ; mais comme parmi les Modernes, la foule des Spectateurs est médiocre, leur Théâtre a peu d’étendue, & n’offre qu’un édifice mesquin, dont les portes ressemblent parmi nous, aux portes d’une prison, devant laquelle on a mis des Gardes. […] Les premières places de l’Amphithéâtre Romain, c’est-à-dire celles des Sénateurs, de l’Editeur des Spectacles & des Vestales, n’étaient pas sans danger, quoique le Podion ou la Balustrade fût élevé de douze à quinze pieds, & que le devant en fût garni de rets, de treillis, de gros troncs de bois ronds & mobiles, qui tournaient verticalement sous l’effort des bêtes, telles que les Eléphans, les Lions, les Léopards, les Panthères, &c. qui voulaient y monter ; quelques-unes franchirent ces obstacles ; & ce fut pour prévenir cet accident à l’avenir, qu’on pratiqua des euripes, ou fossés, tout autour de l’arène, pour écarter les bêtes féroces du Podion. […] L’Amphithéâtre, parmi nous, est la partie du fond d’une petite Salle de Spectacle, ronde ou quarrée, opposée au Théâtre.

317. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

A quelle sorte de spectacle nous faut-il aller pour le trouver ? […] D’ailleurs, quels sont donc ces plus grands maux qu’empêchent nos Spectacles ? […] Qu’avons-nous donc besoin de Spectacles ? […] Quel nouveau spectacle s’offre à ma vue ? […] Des Spectacles & des mœurs.

318. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

T Ertulien fait une reflexion bien vraye dans le Traité qu’il a composé des Spectacles. […] Ainsi, par exemple, ces representations profanes, ces spectacles ou assistent tant des mondains oisifs & voluptueux, ces assemblées publiques & de pur plaisir, ou sont reçûs tous ceux qui amene, soit l’envie de paroître, soit l’envie de voir, en deux mots, pour me faire toûjours mieux entendre, Comedies & Bals, sont-ce des Divertissemens permis ou défendus ? […] Ils m’aprendroient que d’abandonner ces Spectacles & ces Assemblées dans les premiers siécles de l’Eglise, c’estoit une marque de religion, mais une marque authentique ; & qu’en particulier ils ne blamoient pas seulement le Theatre parce que de leur temps il servoit à l’idolatrie & à la superstition, mais parce que c’estoit une école d’impureté. […] Car c’est vous jouër de Dieu même, mon Frere, écrivoit saint Cyprien, d’avoir dit anathême au demon, comme vous l’avez fait en reçevant sur les Sacrez fonts la grace de Jesus-Christ, & de rechercher maintenant les fausses joïes qu’il vous presente dans une Assemblée ou dans un spectacle de vanité.

319. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Les Danses sacrées, donnèrent dans la suite, l’idée de celles que l’allégresse publique, les Fêtes des particuliers, les Mariages des Rois, les Victoires, &c. firent inventer en différens temps ; & lorsque le génie, en s’échauffant par degrés, parvint enfin jusqu’à la combinaison des Spectacles réguliers, la Danse fit une des parties principales qui entrèrent dans cette grande composition. […] Il ne fut plus question à Rome, que des Spectacles de Pylade* & de Bathylle. […] Tout ce que la Poésie, la Musique, la Danse, les Machines peuvent fournir de plus brillant, fut épuisé dans ce Spectacle superbe : la description qui en parut, étonna l’Europe, & piqua l’émulation de quelques hommes à talens, qui profitèrent de ces nouvelles lumières, pour donner de nouveaux plaisirs à leur Nation. […] Bien des gens ont de la peine à comprendre, quel plaisir peut donner un Spectacle qui agite l’âme, qui l’importune avec inquiétude, qui l’effraie, & qui n’offre que des craintes & des alarmes.

320. (1733) Traité contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE TRAITÉ. CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 247-261

Je n’ai pas entièrement suivi ce que dit Pamélius dans l’argument de ce livre ; parce qu’il n’est pas vraisemblable que les gentils proposassent jamais à un chrétien la comédie, ou les autres spectacles ; comme un moyen propre pour s’instruire à braver la mort. […] Fleuri dans son Histoire Ecclésiastique faisant l’analyse du traité des spectacles de Tertullien, suppose que cet auteur parle de ce qu’il n’avait peut-être jamais vu. « Tertullien, dit-il, montre l’origine de chaque espèce de jeux ; et parlant de ceux du cirque en particulier, il fait entendre qu’il n’était pas à Rome, et peut-être qu’il n’y avait jamais été. […] Augustin foudroie ces jeux dans son Epître 202. et ce que Sénèque dans son Epître 47. rapporte de la modestie de Caton ; lequel s’apercevant que sa présence empêchait le peuple de demander le spectacle de ces infâmes nudités, se retira pour ne point troubler la fête. […] Pamélius fait tomber ce reproche de Tertullien, non sur les laïques, mais sur certains prêtres qui n’avaient pas honte d’assister aux spectacles.

321. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Nous avons des spectacles, nous avons porté cet art à un dégré, qui nous rend à cet égard supérieurs à toutes les Nations. […] Il s’agit de sçavoir, Si les spectacles sont bons en eux-mêmes. […] Il n’appartient qu’à vous d’écrire contre les femmes, que vous idolâtrés, en faveur de la danse, que vous détestez, & contre les spectacles, que vous aimez à la passion. […] On peut juger par ces effets que les spectacles ne sont pas capables d’énerver le courage. […] Le plaisir du spectacle n’a point cet inconvénient.

322. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VII. Le mariage dans les Comédies n’est que le voile de ce vice. » pp. 13-14

Tel est le dernier retranchement des deffenseurs de la passion de l’amour dans les Spectacles, mais il ne sera pas difficile de les y forcer. […] On cherche donc autre chose au Spectacle que le nœud conjugal ?

323. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Avertissement. » pp. -

J’ôse me flatter que ces principaux Auteurs du Spectacle moderne, daigneront me pardonner les critiques que j’ai hazardée de quelques-uns de leurs Ouvrages. […] La critique que je fais du nouveau Spectacle, révoltera peut-être bien des personnes dont tout me porte à désirer l’estime, leur donnera lieu de m’accuser de malignité, & de vouloir décrier absolument le Théâtre applaudi d’une grande partie de la Nation.

324. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Les autres ennemis déclarés des Spectacles les attaquoient avec les armes les plus reverées. […] D’honorer ces petits Spectacles de leurs regards ? […] Son idée assez moderne & tout à fait singuliere, forme par un mélange bisarre de spectacles réünis, un spectacle universel & unique en son espece. […] Les cœurs sont-ils moins cruellement percés dans nos Spectacles ? […] Estes-vous moins qu’eux, les juges des Spectacles publics ?

325. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

Les fruits qui sont la suite d’une satire sage & modérée, ont fait adopter ce spectacle chez presque toutes les nations tant anciennes que modernes. […] L’utilité de la Comédie étant reconnue, ce seroit ici la place d’examiner quelle est la forme qui lui convient le mieux pour parvenir au but qu’elle se propose de corriger les mœurs ; si la Comédie grecque étoit plus proche de la perfection morale que la nôtre, en nommant les personnes vicieuses qu’elle exposoit à la satire publique ; enfin si l’exclusion des Actrices sur les Théâtres Grecs & Romains, n’étoit pas plus propre à laisser dans l’ame des Spectateurs des impressions de vertu dégagées de tout mêlange de volupté qu’on remporte presque nécessairement de nos Spectacles.

326. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XI. Son opposition à l’Evangile. » pp. 23-24

non vult bonus christianus ire spectare  ; que l’amour des spectacles dépouille des richesses précieuses de la justice, Tom. […] istorum pectus justitiæ divitiis expoliatur  ; qu’il est un encens agréable aux démons, & que c’est le brûler en quelque sorte sur leurs autels, que de se plaire aux spectacles.

327. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XII. De l’autorité des Pères.  » pp. 49-51

Je dirai seulement, que c’est les lire trop négligemment, que d’assurer comme fait l’auteur, qu’ils ne blâment dans les spectacles de leur temps, que l’idolâtrie et les scandaleuses et manifestes impudicités. […] Que si on veut pénétrer les principes de leur morale, quelle sévère condamnation n’y lira-t-on pas de l’esprit qui mène aux spectacles, où pour ne pas raconter ici tous les autres maux qui les accompagnent, l’on ne cherche qu’à s’étourdir et à s’oublier soi-même, pour calmer la persécution de cet inexorable ennui qui fait le fond de la vie humaine, depuis que l’homme a perdu le goût de Dieu ?

328. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Ainsi auraient répondu avec confiance ces premiers Chrétiens, à qui on n’avait rien à reprocher, si ce n’est qu’ils ne paraissaient jamais dans le cirque, qu’ils fuyaient le théâtre, et les spectacles publics ; qu’on ne les voyait, ni couronnés de fleurs, ni vêtus de pourpre ; qu’une modestie inaltérable régnait dans tous les états ; qu’ils ne connaissaient point dans les âges, de saisons de plaisirs ; que leurs divertissements toujours honnêtes et toujours purs, étaient autant de leçons de vertus et de bienséance, et qu’en tout temps ils étaient Chrétiens. […] Que penserait un Païen qui ayant été témoin pendant le carnaval de ces spectacles publics, de ces assemblées mondaines, de ces infinies séances au jeu, de ces repas dissolus, de ces nocturnes divertissements, de tout ce que le luxe le plus étudié et le plus poli inspire de mondanité ou de faste, entrerait dans nos Eglises deux jours après, et verrait aux pieds des Autels courber la tête sous la cendre, plusieurs de ceux qu’il aurait vu quelques heures devanta à la comédie ou au bal ? […] On regarde avec pitié tous ces Directeurs incommodes qui condamnent les spectacles et les bals ; on n’oublie rien pour les faire passer pour des esprits vains et fâcheux, qui ne cherchent qu’à se distinguer par d’austères singularités, et qui aiment à se faire un nom aux dépens des âmes simples et trop crédules. […] Pour peu qu’on ait de Religion, on ne peut s’empêcher de condamner les réjouissances et les mascarades du carnaval, on ne peut ignorer que l’Evangile ne condamne le bal, les spectacles, et les assemblées profanes ; mais on s’étourdit à plaisir sur ce point de morale comme sur bien d’autres. […] Et certes si les spectacles profanes sont défendus ; si les assemblées mondaines sont peu chrétiennes ; si l’on ne peut s’exposer au péril sans péché ; si la sûreté n’est pas entière dans la solitude ; si l’Evangile est la règle des mœurs, si la pureté se flétrit par un seul regard ; s’il ne faut qu’un désir pour corrompre le cœur ; si les héros chrétiens ont de la peine même dans le désert de conserver leur innocence, quel homme de bon sens oserait dire qu’il est licite d’aller au bal ?

329. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Les actionnaires furent les chercher, & les conduisirent en pompe, à la salle de spectacle, mais non pas sans rire, & on leur donna la comédie. […] Ce spectacle suffisoit aux Corses ; mais il faut des théatres aux François. […] On l’a depuis bâti en grand, & décoré convenablement : c’est un spectacle en regle, pour l’instruction du peuple ; mais leur a-t-on donné des missions, des sermons ? […] Il se livra à son zéle, & tonna contre les spectacles en général, & contre le scandale de celui ci en particulier. […] n’avoit garde de fronder le goût décidé de son maître, pour les spectacles.

330. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

L’événement justifia l’opposition que les Romains vertueux avoient eu pour les Spectacles. […] Le goût des Spectacles en fut un qui pénétra dans toutes les Provinces Romaines. […] Il est dit que les cris de ceux qu’on massacroit, se confondoient avec les applaudissemens de ceux qui étoient au Spectacle. […]  166 de nos Lettres sur les Spectacles. […] Nous en avons rapporté les motifs, page 114 de nos Lettres sur les Spectacles.

331. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

Nous sommes persuadés néanmoins que l’on pourrait prendre pour y parvenir des voies non seulement plus utiles aux Enfants à qui on fait perdre un temps infini, et aux Maîtres qui n’en perdent pas moins, occupés pendant plusieurs mois de la composition, du récit et du succès de leur ouvrage ; mais aussi plus conformes à la Religion, qui a toujours marqué beaucoup d’horreur pour les spectacles sans y mettre de distinction. […] En effet n’est-ce pas un désordre manifeste et un scandale, que la même personne qui aura paru pendant les Offices Divins occupée à y chanter sous un habit Ecclésiastique les louanges de Dieu et à servir à l’Autel au plus redoutable de nos mystères, paraisse ensuite et quelquefois le même jour sur un Théâtre, ou fasse partie du spectacle ? […] Il n’est point de temps ni de spectacles qui puissent autoriser un langage séculier, voluptueux et mondain.

332. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE III. » pp. 29-67

Concile de Carthage tenu l’an 398, condamne pareillement les Spectacles, & ménace d’Excommunication2 quiconque désertant l’assemblée des fidéles un jour de Fête, va contenter sa curiosité dans l’Amphithéâtre, quoique ce Canon ne sévisse pas directement contre les Comédiens, il n’a pas laissé d’y supposer un vice, en tenant leurs Spectacles pour un amusement incompatible avec le Service divin. […] Canon ces paroles remarquables1 : le saint Concile défend les Farceurs & leurs Spectacles, les Danses qui se font sur le Théatre : Si quelqu’un enfreint la présente Constitution, nous voulons, s’il est Clerc, qu’il soit déposé, s’il est Laïque, qu’il soit excommunié. […] Il convient mieux à des Chrétiens, dit un Concile1 de Paris, en 829, de gémir sur leurs égaremens passés, que de courir après les bouffonneries, les discours insensés, les plaisanteries obscènes des Histrions ; le moindre effet que leur représentation produise, est d’amolir le courage pour la vertu, & d’écarter les Spectateurs de l’exactitude qu’ils devroient avoir, de remplir leur esprit de vanités frivoles, & de les livrer à des ris immoderés, si contraires aux loix de la modestie ; il n’est pas permis de se souiller par des Spectacles de cette nature, neque enim fas est hujusmodi Spectaculis fœdari. […] Un Concile de Tours, en 1583, défend, sous peine d’Excommunication, les Comédies, Jeux de Théatre, & toutes sortes de Spectacles irréligieux : Comœdios, ludos Scenicos vel Theatrales & alia ejus generis irreligiosa spectacula, sub Anathematis pœna prohibet1 sancta Synodus. […] Prélat, de représenter devant le peuple la vénérable Passion de Jesus-Christ, les glorieux combats des Martyrs, les actions édifiantes des saints Personnages ; mais la malice des hommes ayant infecté ces Exercices, de maniere qu’ils sont devenus un sujet de risée & de mépris pour les uns, une pierre de scandale pour les autres ; c’est pourquoi nous avons statué que désormais aucuns des Mystéres de la religion, ni rien de tout ce qui concerne la gloire des Saints, ne soient représentés, soit que le Spectacle se produise en un Temple ou dans une maison profane : on se contentera de narrer les pieux événemens, & de porter les fidéles à imiter, à vénérer, à invoquer ceux dont ils apprendront les vertus & les miracles.

333. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre II. Que les nouveaux Drames sont susceptibles de règles, ainsi que les autres Poèmes. » pp. 121-122

Voudroit-on que notre Spectacle, qui tient à la Chanson par des liens qu’on ne saurait rompre, ne marchat qu’au hazard & qu’au gré de ses caprices, tandis que la principale partie de lui même est soumise à de sévères loix ? Non seulement notre Spectacle devrait profiter des leçons des grands Hommes, & se laisser guider à leurs avis, mais il devrait être aussi délicat, aussi gêné que les Théâtres qu’il peut surpasser.

334. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre V. Il n’est point de Drame sans Mœurs. » pp. 139-141

Les mœurs qu’on voit au nouveau Théâtre sont différentes de celles des autres Spectacles. […] Le Poète qui veut travailler pour le Spectacle moderne doit être en état de sentir ces nuances, & de les faire délicatement distinguer.

335. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Seconde Lettre. De madame Des Tianges, À sa Sœur. » pp. 21-24

Je n’aime pas cette prédilection pour un de nos Spectacles : Qu’y va-t-il chercher tous les jours ? […] … Peut-être cherche-t-il à ranimer des sentimens qui languissent… Peut-être, toujours aussi tendre, ne trouve-t-il de plaisir qu’à s’occuper de sentimens analogues à ce qu’il ressent pour toi… Peut-être, si c’est l’Ariette qui l’attire (ce que je ne crois pas) sa légèreté le décide-t-elle seule pour un Spectacle frivole… Peut-être aussi ne te quitte-t-il, durant quelques heures, que pour te revoir avec plus de plaisir.

336. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

Les spectacles favorisent les suicides. […] Le mal que causent les spectacles s’étend beaucoup plus loin qu’on ne pense ; ils n’attaquent pas seulement la pudeur et la foi, ils favorisent encore l’orgueil, l’ambition, la jalousie, la vengeance, le désespoir.

337. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Quel tragique Spectacle que celui d’Hercule mourant sur le mont Oëta ! […] Nous ne devons donc pas trouver étonnant que ces Spectacles ayent déplu aux Anciens Philosophes, qui pensoient que les hommes y pouvoient perdre leur courage. […] On peut, dans le Promethée d’Eschyle, considérer la Tragédie naissante & informe, un Spectacle fait pour amuser le Peuple par des Décorations & des Machines, des Personnages apportés dans les airs, & une fille que le Chœur appelle Fille cornue ; c’est Io, moitié Vache, qui se croit piquée par une mouche, qui la poursuit, & qui crie, α, α, ε, ε, εα, εα, ιω, ιω, &c.

338. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. […] Mais cela paraît particulièrement dans le luxe de leurs Habits, dans la magnificence de leurs Festins, et dans la pompe de leurs Spectacles : Car quand ils se montrent à leurs Sujets dans quelques occasions extraordinaires, ils doivent prendre ces ornements qui semblent être consacrés aux cérémonies publiques ; Ils sont obligés d’emprunter l’éclat des Perles et des Diamants pour éblouir les yeux des Spectateurs, et de ne rien oublier de tout ce qui peut entretenir la Majesté de leur Personne, et l’admiration de leurs Sujets. […] Les Spectacles qui sont autorisés par le temps et par la coutume, seront un peu plus difficiles à régler : Car il semble que c’est en ces occasions que le Prince fait paraître sa Magnificence, qu’il divertit ses Sujets, qu’il exerce sa Noblesse, qu’il ravit même ses Alliés, et qu’il donne des marques de sa grandeur et de son adresse.

339. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Et peut-être n’aurions-nous pas une seule pièce des Anciens, s’il n’y avait eu que des Spectacles et des descriptions de la sorte. […] Qu’un Bourgeois ou qu’un Valet débauché parle d’amour dans une Comédie, on s’en défie aussitôt, et l’on évite un spectacle si indigne de la probité d’un honnête homme, à cause du peu d’idée que l’on a de la vertu du Valet ou du Bourgeois. […] Ce que j’ai dit de Solon, n’est que pour vous faire voir combien les Anciens étaient scrupuleux sur les Spectacles ; et je ne suis pas fâché de vous avoir donné cette petite occasion de railler. […] Je crois ne point faire tort à ces Messieurs de dire qu’on veut à la Cour des Spectacles plus agréables que les leurs. […] [NDE] Prince de Conti, Traité de la Comédie et des Spectacles, Paris, L.

340. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XII. La représentation des pièces de théâtre est plus dangereuse que la lecture. » pp. 108-110

Jamais Iphigénie, en Aulide immolée, Ne coûta tant de pleurs à la Grèce assemblée, Que dans l’heureux spectacle à nos yeux étalé N’en a fait sous son nom verser la Chammeslé. » Boileau à Racine. […] Qu’on y joigne encore les enchantements et l’ensemble du spectacle, on ne pourra s’empêcher de convenir qu’il n’y a point de comparaison à établir entre la représentation animée et la lecture tranquille d’une pièce dramatiqueas.

341. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Dans toutes les Indes, la Chine & le Japon on a des théatres, mais ce sont des théatres ambulant ; on ne va pas au spectacle, on fait venir le spectacle chez soi, des troupes d’acteurs courent les rues, & jouent par-tout, & a toute heure, pour de l’argent. […] Un spectacle régulier & fixe est une bataille rangée, & soutient une guerre suivie, qui dévaste tout. […] Qui pourra se persuader que la fureur pour les spectacles fut telle, qu’on y donnoit tous les jours la comédie, & qu’elle étoit aussi frequentée qu’en tems de paix ? Une bombe qui tomba près la sale de la comédie dans le tems du spectacle, ne l’interrompit point. […] Le spectacles sous Henri II, François II, Charles IX, Henri III, ne furent qu’une folie momentanée, qui n’attira pas leur attention.

342. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Dans l’Almanach des Spectacles de 1773 les Comédiens sont un grand éloge de Madame Favard. […] Il fut fait Directeur du spectacle de Bruxelles, y emmena avec lui sa chere moitié. […] Je m’arrête au Spectacle, qui est devenu dans toutes les Cours la partie essentielle du cérémonial. Ce Prince a fait quelque sejour en France, & a pris à Paris le goût du Spectacle. […] Ces profusions insensées, cette multitude de spectacles divers qui durerent dix ou douze jours, ont peu de goût & de sagesse.

343. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Je me restreins donc à l’examen d’une seule des questions discutées par vous, à savoir « si les Spectacles sont bons ou mauvais en eux-mêmes ». […] Mais, comme ces connaissances, que des Rois doivent acquérir à la représentation de Britannicus, semblent plus appartenir à la méditation qu’au sentiment, considérons dans les mêmes spectateurs l’effet immédiat du spectacle…. […] Si de pareils spectacles corrompent les mœurs d’un peuple, j’ai tort ; et il faut fermer tous les théâtres. […] Pensez-vous, Monsieur, qu’un pareil spectacle ne fasse couler que des larmes stériles ? […] [NDA] C’est à ceux de mes lecteurs qui vont aux spectacles, à juger si l’Abbé Dubos a eu raison ou tort de dire que le Poète ne les afflige qu’autant qu’ils le veulent, et que leurs émotions ne vont point jusqu’à la douleur.

344. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Des Spectacles des Grecs. » pp. 3-6

Des Spectacles des Grecs. O n peut reduire ce grand & presque infiny nombre de jeux ou de spectacles des Grecs, à deux especes principales.

345. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VII. Des Carozels. » pp. 191-195

Il signifie toutefois par tout également un Jeu, & un Spectacle representé sur Chariots. […] Rien n’a paru de plus galant, ny de plus magnifique en Europe, & le tout peut servir d’exemple à tous les Rois & à tous ceux qui voudront entreprendre un pareil Spectacle.

346. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

pour autant qu’ils ne pouvaient donner au peuple chose, qui lui fût plus agréable, que de leur représenter et exhiber des comédies, tragédies, spectacles, et jeux publics. […] Or chaque Scène avait sa dimension selon l’harmonie du chant, et selon la quantité des Joueurs : ce néanmoins tous ces Spectacles et leurs parties avaient ceci de commun, que les parois n’étaient point ceintes à l’entour de carneaux, mais de corniches et larmiers avancés.

347. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Les spectacles sont incompatibles avec la piété, ils remplissent l’ame de passions, l’esprit d’idées, le cœur de sentimens qui la détruisent . […] Les plaisirs de la vue & de l’ouïe qui font l’agrément du théatre, quoique moins grossiers que les autres ont cependant une liaison étroite avec la corruption du cœur ; telles les peintures lascives, les discours libres, les spectacles des femmus chargées d’ornemens empruntés si propres à embraser la cupidité. […] Sentiment de Jurieu sur les spectacles. […] Pour rire des choses du monde, il faut en quelque façon en être dehors, & la comédie vous en tire, elle vous donne tout en spectacle comme si vous n’y aviez point de part ; la nature nous a donné une merveilleuse facilité à nous moquer des autres & de nous-mêmes dans le temps qu’une partie de nous fait quelque chose avec ardeur & emportement, une autre partie s’en moque, & souvent une troisième se moque de toutes les deux. […] Qu’on en conclue du moins l’horreur du péché dont les effets sont si tristes, & l’éloignement d’un spectacle pernicieux où il s’en commet un nombre infini.

348. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

Heureusement tout ne fréquente pas les spectacles, car on pourroit dire alors, comme Juvenal : Credo pudicitiam, Saturna, rege moratam in terris. […] Pour un jeune homme qui prend le froc, il y en a mille qui prennent une maîtresse au spectacle ; pour une fille religieuse, le spectacle forme mille coquettes, & en les jetant dans l’incontinence, les dégoûte d’un établissement légitime, & leur en fait trouver les peines insupportables. […] La religion & la vertu ne doivent-elles pas anathématiser un spectacle pernicieux qui apprend à violer l’un des plus sacrés & des plus importans commandemens de Dieu ? […] Quel spectacle que celui de la femme forte dont le Saint Esprit a tracé le portrait ! […] Elles sont moins retirées : le jeu, le bal, les spectacles, les repas, le grand monde, les parties de plaisir, remplissent agréablement tout leur temps.

349. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

Elle aime partout le spectacle, il lui faut du bruit et du mouvement : courses, danses, combats, représentations, décorations, etc. […] C'est une folie que des hommes et des femmes montent tous les jours sur des planches pour se donner en spectacle, c'est une folie que des êtres raisonnables passent leur vie à apprendre par cœur, à représenter des fables. […]  » Nous avons comparé ailleurs une salle de spectacle à la grève, et les spectateurs au peuple qui va voir rouer un voleur. […] Ce serait un spectacle curieux, et digne du grand Corneille et de l'incomparable Molière, qu'une pièce formée de ces divers morceaux, et une troupe composée de ces Acteurs ; on verrait que les petites maisons et l'Hôtel ont une étroite liaison. […]  » Tel, dit le Sage (car son oracle peut avoir ces trois sens différents), tel celui qui se repaît de mensonges, de fables, de personnages, de spectacles ; il nourrit des vents, il se nourrit de vents, il mène paître les vents : « Qui nititur mendaciis, hic pascit ventes.

350. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Outre son goût pour le Spectacle, elle y trouve une diversion consolante. […] La Reine, qui aimoit passionnément les Spectacles, crut ne pouvoir mieux la régaler qu’en lui donnant l’opéra d’Orphée. […] Autant qu’elle étoit satisfaite, quand on la régaloit de quelque spectacle, autant étoit-elle sensible si elle n’y étoit pas invitée. […] Cet appartement servoit à jouer des comédies réelles : les violons, les acteurs, les danseurs donnoient le spectacle aux Duchesses. […] Quel spectacle pour cinquante épouses du Seigneur, de voir s’embrasser ces deux personnes si peu faites l’une pour l’autre !

351. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Je crois cependant que l’Auteur n’a pas eu cette intention ; mais la pudeur ne lui pardonne pas la suite de ce spectacle. […] Dans les premiers temps des Républiques Grecques & Romaines les femmes n’étoient point admises aux spectacles. […] Voyez cette salle de spectacle, soit que le hasard les rassemble (& en quelle compagnie ne risque-t-on pas de tomber ?) […]  4.) de celle qui se trouvoit aux spectacles de son temps. […] Il s’en faut bien que nos spectacles soient si bien composés, si bien arrangés.

352. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force au spectacle, où l’on s’empresse de les mener. […] Alors elle sera remise au Conseil, qui seul peut la recevoir. 7.° Toute la recette entrera dans la caisse, & à la fin de l’année ce qui restera, tous les frais payés, sera employé en œuvres de piété. 8.° On ne donnera aucune sorte de spectacle les jours de fête & dimanche, ni en carême. […] Ne le quittons point sans avoir rapporté deux de ses idées justes & importantes sur la comparaison des anciens & des nouveaux théatres, & sur l’impression des passions que font nécessairement tous les spectacles. […] Sans doute le spectacle ne fait pas partie de notre religion, nous n’adorons pas les Décesses du Paganisme ; mais on représente leurs aventures, on en fait les mêmes éloges, on leur adresse les mêmes prieres, mêmes Prêtres, mêmes cérémonies. […] Tout spectacle excite quelque passion ; le théatre les embrasse toutes, envie, haine, crainte, tristesse, vengeance, ambition, sur-tout l’amour qu’on excite & qu’on met par-tout.

353. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Ce célèbre Prélat n’a pas été scrupuleux sur la fréquentation des spectacles. […] Ainsi sous les auspices et par les soins du Clergé s’introduisit parmi nous un nouveau genre de spectacle qui n’est pas le moins dangereux, et où les Actrices, danseuses, etc. ne sont pas les plus intraitables. […] Le sage Cardinal de Fleury, quoique entraîné par le torrent, et accompagnant au spectacle son auguste élève, n’a jamais chargé le trésor royal de pareilles dépenses. […] Bien des gens qui ne peuvent se persuader que la faiblesse d’un homme si célèbre pût aller si loin, ont cru qu’il n’agissait que par politique, et il est vrai que le goût des spectacles pouvait servir à ses vues, et qu’il était trop habile pour ne pas tirer parti même de ses plaisirs. […] Il fallait, pour se maintenir, tourner les esprits sur quelque autre objet ; rien n’y était plus propre que d’endormir dans les plaisirs, dissiper par les spectacles, amuser par les fêtes, gagner par des magnificences, des Courtisans inquiets, qui laissés à eux-mêmes ne cessaient de cabaler contre lui.

354. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre V. De la Musique ancienne & moderne, & des chœurs. De la Musique récitative & à plusieurs parties. » pp. 80-93

Le Spectacle prenoit une autre face avec eux. […] Le Théâtre est le spectacle de tous les sens. […] Selon ce savant critique « le Théâtre perd à la suppression des chœurs, la continuité d’action, & un spectacle magnifique, qui sert à la soutenir, & qui est, pour ainsi dire, le fond ou l’acompagnement du tableau ».

/ 641