Leurs vengeances étaient d’autant plus faciles à obtenir, que des juges dévoués, entraînés par l’esprit de parti, dont les opinions sont connues d’avance, séduits d’ailleurs par les faveurs, ou contenus par les menaces, condamnaient souvent à regret la tendance et les mauvaises intentions qu’ils prêtaient aux prévenus. […] Les ministres des anciens cultes religieux, savaient bien aussi que plus les hommes sont instruits de leurs devoirs et de leurs droits légitimes, plus ils sont civilisés, plus ils sont éclairés, et moins ils sont susceptibles d’être dupés et rançonnés, moins il est facile de soumettre leur esprit aux croyances absurdes de la superstition, si contraires au bon sens et à la raison. Les prêtres des anciennes religions firent en conséquence tous leurs efforts pour égarer et fatiguer l’esprit humain, par les idées théologiques les plus incohérentes, les plus inconcevables ; par des fables ridicules, par des mystères absurdes et inexplicables. […] Il en attise lui-même le feu en ne cessant d’aigrir les esprits qu’il a déjà irrités. […] Pour réussir dans leurs projets ambitieux, les prêtres sentirent que non seulement ils devaient s’entourer de respect et de crédit, mais encore obtenir une grande influence sur les esprits : c’est par cette raison que dans l’origine, n’ayant aucune autorité par eux-mêmes, ils s’appliquèrent à exercer une puissance morale sur les souverains, sur les gouvernements et sur les peuples.
Là, le vin & la joie éveillant les esprits, Du plus habile Chantre un bouc étoit le prix. […] Le but, dit-on, du Poëme épique est de convaincre l’esprit d’une vérité importante. […] Alors les esprits échauffés produisirent tout d’un coup par une espece d’enthousiasme les Vers appellés fescennins. […] Les Perses, qui conquirent l’Egypte, en rapporterent l’esprit de fiction, & ils en firent usage dans leur histoire de Zoroastre. […] de Fontenelle, il étoit dans l’ordre de la nature corrompue, qu’avec l’esprit poétique il se répandit en France un esprit de galanterie.
Pour moi je dis que les vertus de Théâtre sont des crimes selon l’esprit de l’Evangile ; et quand on y entendrait quelque chose de bon, il est bien souillé par l’impureté des lèvres et des imaginations à travers lesquelles il passe. […] Cela me fait souvenir d’un mot de Cicéron, qui dit, qu’il n’est pas honnête d’exercer par un jeu d’esprit sa Philosophie et sa Rhétorique contre les Dieux, en combattant ou leur existence ou leur providence, sans être Athée. […] Ils jettent dans l’esprit des idées, et dans le cœur des mouvements de vanité qui ruinent les saintes dispositions que nous voulons établir dans une âme dévote.
Les forces de l’esprit sont bornées comme celles du corps, et, pour reprendre le travail avec vivacité, il faut nécessairement se délasser par quelque chose qui amuse et qui divertisse. […] La magnificence du spectacle, la parure des femmes qui s’y trouvent, la parure des comédiennes, la peinture vive des passions qu’on y représente, nommément celle de l’amour, qui règne dans toutes les pièces, sont autant d’objets dangereux qui laissent dans l’esprit et dans le cœur des spectateurs des sentiments de volupté et des impressions qui les disposent peu à peu d’abord au relâchement, ensuite au libertinage. […] Quelques railleries qu’aient faites de ce poète ses ennemis et ses jaloux, on ne peut nier qu’il n’eût de l’esprit ; en lui tout coule de source.
Une aventure singulière, arrivée dans le canton, mettant en humeur tous les esprits, sera venue ensuite égayer malignement les Spectacles bacchiques. […] La progression de la joie à la tristesse, nous est plus naturelle que du chagrin à la gaîté ; si cela n’est pas tout-à-fait vrai au Phisique, il l’est du moins en fait d’ouvrage d’esprit. […] Leur imagination frapée se peignait sans cesse le Calvaire, & toute la Terre-Sainte en proie aux Sarasins : il était donc naturel qu’on se plut à voir en action ce qui occupait tous les esprits. […] Les ouvrages d’esprit, en un mot, parviennent tout-à-coup dans chaque pays à leur perfection. […] Un second ajoute à l’idée d’un prémier, un troisième y travaille encore à son tour, ainsi du reste ; au lieu que les ouvrages d’esprit, chacun dans leur genre n’ont eu besoin que d’un seul homme de génie.
Non, & il faut faire entendre à ce penitent que son esperance est une vaine confiance, & une presomption orgueilleuse ; & que c’est tenter Dieu que de penser eviter le peché, lorsqu’on demeure volontairement dans l’occasion, le Saint Esprit ayant dit que celuy qui aime le peril y perira, & Dieu ne donnant sa grace qu’aux humbles, & à ceux qui se deffient d’eux-mesmes. […] Ce n’est pas leur faire charité que de les traitter autrement, ny suivre la prudence de l’esprit de Dieu. […] Il seroit aussy à propos que le Confesseur le vist, & luy parlast de temps en temps pendant le cours de sa penitence, pour l’encourager à la faire de bon cœur, pour le consoler, & luy donner conseil dans les tentations, abbattemens, ou troubles d’esprit qui pourroient luy arriver. […] Cette ignorance, ou cette bonne foy pretenduë dans laquelle se trouve le penitent, ne l’excusant point devant Dieu, & ne l’exemptant pas de peché, le Confesseur trahiroit sa conscience s’il l’y laissoit sans l’en avertir ; & c’est en ces occasions qu’il doit prattiquer cette liberté d’esprit dont il a esté parlé cy-dessus. […] L’esprit de penitence dont ils estoient remplis leur donnoit moyen de profiter de cette sainte prattique.
Je me sens très-incapable d’une jalousie qui m’engageroit à rabaisser injustement les Ouvrages de nos Voisins, & je fuis très-éloigné d’un esprit de vengeance qui me porteroit à mal parler de leurs Poëtes, parce que quelques-uns de leurs Ecrivains ont très-mal parlé des nôtres. […] Dans une Comédie de Congreve, on détourne un jeune homme de se faire Poëte en lui disant : Fai-toi plutôt Chapelain d’un Esprit fort, ou Complaisant d’une vielle veuve, que Poëte, à moins que tu n’aies assez de talens pour faire revivre parmi nous le Théâtre d’Athenes & rétablir la Poësie. […] Nous ne connoissons aucun Ouvrage généralement estimé, fait par un esprit supérieur aux Regles, & l’Auteur de D. […] Nous lisons dans la Rhétorique d’Aristote, qu’ils ne disoient que des niaiseries dans un langage très-éloigné du langage ordinaire ; qu’ils sentirent enfin qu’il falloit rabaisser leur ton, pour dire des choses plus sensées, & parler à l’esprit, plutôt que de ne parler qu’aux oreilles. […] Ils mettent, dit-il, tout leur esprit dans leur Cérémonial, & manquent de ce génie qui anime notre Théâtre ; ils sont très-corrects, & nous endorment, de même que ceux qui dans la Société ne savent faire que des civilités, sont fort insipides.
Enfin, en nous peignant les foiblesses & les ridicules de la vie humaine ; ils corrigent les mœurs & ramènent les esprits à la raison. […] La Motte Houdart s’en explique ainsi dans son Discours sur la Tragédie : « Nous ne nous proposons pas d’éclairer l’esprit sur le vice & la vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs. […] On sort du spectacle, le cœur si rempli des douceurs de l’amour ; & l’esprit si persuadé de son innocence ; qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plûtôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs, & les mêmes sacrifices que l’on a vûs si bien représentés sur le Théatre. […] A peine le génie a brillé quelque tems, que l’esprit fonde un nouvel empire sur les débris du sien.
Car qu’y a-t-il de plus propre et de plus particulier à la Comédie, qui ne consiste qu’en des paroles et en des actions risibles et ingénieuses, qui font plaisir et qui délassent l’esprit ? […] Or les suppositions Métaphysiques en matière de Morale, n’ont point de conséquence ; parce que les choses qu’elles supposent en esprit, sont en effet moralement impossibles. […] Et dans sa Constitution 38. il ne veut pas même qu’en aucun endroit de la Maison on souffre de ces poupées de dévotion qui vont à représenter Notre Seigneur, la Vierge, les Anges, ni aucune autre chose de cette espèce, parce que tout cela ne tend qu’à dissiper l’esprit chrétien, et à reveiller l’esprit du monde. […] Ce Prophète inspiré de l’Esprit saint, prédit que les Juifs au retour de leur captivité, danseront et joueront du tambour, pour marque de leur joie et de leur reconnaissance. […] Pourquoi donc y en aura-t-il dans une profession toute pleine d’esprit ?
Ce qui rend l'image des passions que les Comédies nous proposent plus dangereuse, c'est que les Poètes pour les rendre agréables sont obligés, non seulement de les représenter d'une manière fort vive, mais aussi de les dépouiller de ce qu'elles ont de plus horrible, et de les farder tellement par l'adresse de leur esprit, qu'au lieu d'attirer la haine et l'aversion des spectateurs, elles attirent au contraire leur affection; de sorte qu'une passion qui ne pourrait causer que de l'horreur, si elle était représentée telle qu'elle est, devient aimable par la manière ingénieuse dont elle est exprimée. […] Cependant cette même disposition d'esprit si criminelle en soi n'a rien d'horrible lorsqu'elle est revêtue de ces ornements; et les spectateurs sont plus portés à aimer cette furieuse qu'à la haïr.
Ce qui rend encore plus dangereuse l'image des passions que les Comédies nous proposent, c'est que les Poètes pour les rendre agréables sont obligés, non seulement de les représenter d'une manière fort vive, mais aussi de les dépouiller de ce qu'elles ont de plus horrible, et de les farder tellement par l'adresse de leur esprit, qu'au lieu d'attirer la haine et l'aversion des spectateurs, elles attirent au contraire leur affection. […] Cependant cette même disposition d'esprit, si criminelle en soi, n'a rien d'horrible lorsqu'elle est revêtue de ces ornements: et les spectateurs sont plus portés à aimer cette furieuse qu'à la haïr.
Car c’est détourner les paroles et exemples, qui nous sont proposés pour nous exhorter à la vertu Evangélique, à soutenir et défendre les vices : pour ce que ces choses-là ne sont pas écrites, afin de les aller voir ès spectacles, ains pour exciter de plus en plus nos esprits et entendements, d’être plus diligents ès choses profitables, puisque les Ethniquesl le sont tant ès choses qui ne leur apportent aucune utilité. C’est donc un argument et motif de nous exciter à vertu, et non une permission ou liberté d’aller regarder l’erreur des Gentils : afin que l’esprit fût plus induit à embrasser la vertu Evangélique, à cause des divins loyersm qui nous sont proposés, vu que par la calamité de tous travaux et douleurs, nous est permis d’accourcir et abréger ce chemin terrestre. […] Nore esprit est assez facile de soi-même à pécher, sans qu’on lui en donne occasion.Car vu que l’esprit de l’homme s’adonne de soi-même à vices et péchés, que fera-t-il s’il a des exemples d’une nature corporelle glissante, et facile à tomber ? […] Nore esprit est assez facile de soi-même à pécher, sans qu’on lui en donne occasion.
L’esprit se familiarise avec elle : on apprend à la souffrir et à en parler ; et l’âme s’y laisse doucement aller en suivant la pente de la natures. […] Ce grossier ferait horreur, si on le montrait ; mais l’adresse avec laquelle on le cache ne fait qu’y attirer les volontés d’une manière plus délicate, et qui n’en est que plus périlleuse, lorsqu’elle paraît plus épurée ; parce que l’esprit la regarde avec moins de précautions, la reçoit avec moins d’horreur, et le cœur s’y laisse aller avec moins de répugnance. […] On sort du spectacle le cœur si rempli de toutes les douceurs de l’amour, et l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premières impressions, ou plutôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs et les mêmes sacrifices que l’on a vus si bien représentés sur le théâtre. » C’est là qu’un chrétien vient apprendre à commettre des crimes qu’il a sous les yeux et qu’il est forcé de considérer avec complaisance. […] « Les effets du théâtre ne sont pas si sensibles dans ceux que rien n’émeut, que rien n’affecte, dont l’esprit lent et paresseux ne saisit les objets qu’à demi, dont la raison l’emporte sur l’imagination et l’amortit : mais ceux-là s’ennuient aux spectacles ; car il n’amorce que ceux qu’il intéresse. Ses effets sont encore moins sensibles pour ceux dont les passions sont déjà accoutumées aux émotions les plus vives, qui sont blasés sur les plaisirs ; qui ne sentent plus rien, pour avoir trop épuisé toute espèce de sentiments et de voluptés ; qui ne s’aperçoivent plus des écarts de leur esprit et de leur cœur par l’habitude qu’ils ont contractée de les laisser s’égarer impunément, et qui se croient toujours innocents, parce qu’ils ne savent plus distinguer ce qui les rend coupables ; pour ceux en un mot qui consentent à tout, qui s’amusent de tout sans scrupule, et qui, entraînés par tout ce qui leur paraît agréable, se livrent à toutes les impressions qu’ils en reçoivent, sans s’inquiéter de ce qu’elles peuvent avoir de criminel.
Les places dans nos Spectacles étant occupées par des personnes qui les payent, nos Poëtes travaillent pour plaire à l’esprit d’un petit nombre de Spectateurs qui doivent avoir de l’éducation, au lieu que les Poëtes Grecs travailloient pour amuser une foule innombrable de Peuple. […] Sa victoire passagere, dépendoit des applaudissemens du Peuple, & il ne pouvoit les attirer qu’en jettant ce Peuple dans une grande émotion, par la vivacité de l’Action ; il songeoit donc plutôt à peindre les Passions dans toute leur fureur, qu’à chercher ces finesses de l’Art, que l’Art sait cacher pour donner à l’esprit le plaisir de les chercher, par cette adresse à développer les ressorts du cœur humain, par cette délicatesse de sentimens, & toutes ces beautés, qu’on ne découvre pas dans une premiére lecture, loin qu’on en puisse être frappé dans la premiere Représentation. […] Notre Tragédie sans doute est plus propre que celle des Grecs à faire les délices de l’Esprit, elle est plus faire pour être lue que pour être représentée : cependant la Poësie Dramatique n’a pas été dans son origine, destinée à être lue, mais à être représentée : elle n’eut pas pour objet le plaisir de l’Esprit, mais celui du Cœur, qui consiste à être dans l’émotion. La Tragédie de Britannicus est parfaite en son genre, & il seroit à souhaiter que nous en eussions plusieurs dans le même genre : son succès fut cependant long-tems douteux, au lieu que celui d’Iphigénie fut tout d’un coup certain, parce qu’elle occupe le cœur plus que l’esprit.
Le plaisir fait entrer insensiblement toutes les choses du monde dans notre esprit, et il n’y a rien de si mauvais qui ne soit fort bien reçu quand il est accompagné de ce poison agréable. […] » Or la Comédie est le plus charmant de tous les Divertissements, Elle ne cherche qu’à plaire à ceux qui l’écoutent, Elle se sert de la douceur des Vers, de la beauté des expressions, de la richesse des figures, de la pompe du Théâtre, des habits, des gestes et de la voix des Acteurs ; Elle enchante tout à la fois les yeux et les oreilles : et pour enlever l’homme tout entier, Elle essaye de séduire son esprit après qu’elle a charmé tous ses sens. […] Disons encore que si les filles sont assez sincères pour nous découvrir leurs sentiments, elles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur leur esprit que sa piété, qu’elles sont bien plus touchées de la perte qu’elle a faite de son Amant, que de celle qu’elle a faite de son Père, et qu’elles sont bien plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner.
Shakespeare était au prix d’eux un homme grave et concerté, et Ben Jonson un esprit scrupuleux. […] Mais, si les vérités de l’Evangile n’étonnent point certains esprits, comme j’ai bien lieu de le croire, ne craignent-ils pas du moins la loi qui proscrit en termes formels les jurements sur le Théâtre ? […] Il paraît bien que suivant la Logique de certains esprits, une raison prise de l’Athéisme en vaut plus de dix établies sur l’Evangile. […] » Ici le Poète se met à la place d’Abraham, et assiedab son Mécène sur le trône de Dieu : et où est l’esprit en tout cela ? […] Cependant, exposons-les au public dans le même esprit qu’on expose au grand jour les criminels, non pour la pompe, mais pour l’exécution.
Ceux qui se plaisent à ces livres, entrent insensiblement dans les sentiments des personnes dont ils lisent les aventures, et comme ils n’ont pas assez de force pour imiter leur vertu, tout le cœur se porte vers leur amour, le moindre mal qui en puisse arriver, est de se remplir l’esprit de toutes ces vaines idées de tendresse, qui nourrissent un esprit dans l’oisiveté, et qui ne tardent guère à gâter les mœurs. […] Voulez-vous savoir pourquoi les Tragédies Grecques épouvantaient si fort les esprits ? […] Je ne laisse pas que de dire, que les Grecs valent infiniment mieux que nous ; car c’est ainsi que parlent les gens d’esprit, et je suis trop de vos amis pour parler autrement. Cependant je ne suis pas tout à fait de votre sentiment, quand vous dites que tout ce qui frappe les esprits dans les Tragédies Grecques est produit par d’autres passions que l’amour. […] , avait des rôles amoureux ; ce furent particulièrement les Personnages de Persée et d’Andromède qui touchèrent les esprits.
» Or entre les joies du monde qui éteignent l'amour de la parole de Dieu, on peut dire que la Comédie et les Romans tiennent le premier rang;, parce qu'il n'y a rien de plus opposé à la vérité, et que l'esprit de Dieu, comme dit S. Bernard, étant un esprit de vérité, ne peut avoir de part avec la vanité du monde. « Sed nec erit ei unquam pars cum mundi vanitate, cum veritatis sit spiritus.
» Or entre les joies du monde qui éteignent l'amour de la parole de Dieu, on peut dire que la Comédie et les Romans tiennent le premier rang, parce qu'il n'y a rien de plus opposé à la vérité, et que l'esprit de Dieu, comme dit S. Bernard, étant un esprit de vérité, ne peut avoir de part avec la vanité du monde. « Sed nec erit ei unquam pars cum mundi vanitate, cum veritatis sit spiritus.
C’est par le mérite et la réputation d’hommes d’esprit, qu’ils parviennent ordinairement au poste élevé et si important de ministres, qui fait l’objet des désirs de tant d’ambitieux. […] Tous sont hommes d’esprit, grands orateurs et remplis de talents. […] A la tribune, le premier ministre ne s’y montra jamais embarrassé, toujours il y conserva cette présence d’esprit et cette éloquence qui le rendirent constamment imperturbable dans les discussions les plus chaudes et les plus épineuses. […] En finance, je veux bien m’exposer à passer pour un esprit paradoxal, en assurant qu’aucun écrivain, que je sache, pour ou contre les opérations financières du premier ministre, n’a encore compris le véritable but de son système, qui n’est qu’apparent.
Là, c’est un Dieu qui commande au néant ; une seule de ses paroles suffit pour créer tout le monde : ici, c’est l’homme rebelle chassé du Paradis terrestre, déchu de sa gloire primitive : les ténèbres ont inondé son esprit, la corruption s’est glissée dans son cœur ; la plus excellente créature qui vive sur la terre est dominée par les êtres inférieurs qui sont chargés de la punir. […] Ces hommes, remplis de l’esprit de Dieu, et dévorés par le zèle, ne cessent d’exhorter le peuple indocile, de le menacer de la part du Très-Haut, qui fait venir enfin contre lui toutes les forces de l’Assyrie et de la Chaldée. […] Ce ne sont pas des fables qu’ils contiennent, la vérité s’y rencontre de toute part ; ce ne sont pas des trophées brillants, où l’on ne recherche qu’à plaire à l’esprit, c’est votre cœur que l’on prétend charmer. […] « Le dernier événement du Fils de Dieu est un nouveau spectacle que Tertullien n’a point oublié : il nous remet devant les yeux la joie des esprits célestes, la gloire des saints, la rage des démons, la confusion des réprouvés.
Quoique les décorations soient embellies & les pieces régulieres, c’est toujours le même esprit, & tout revient à son principe. […] C’étoit un esprit caustique qui ne menageoit personne, & ses. […] Les Médecins supprimerent leur ouvrage, on n’en a plus parlé : mais Moliere s’en vengea par deux farces, le Médecin malgré lui, & le Malade imaginaire, où il se déchaîne grossierement contre la Faculté, & une fort bonne comédie, le Misantrope, où il peint un hypocondriaque, homme d’esprit d’ailleurs, & honnête homme, qu’il donne pour son vrai caractere, dont il ne rougit pas. […] Cet amour platonique, que son enthousiasme pour le plus grand plaisir physique lui fait croire impossible, est la plus complette extravagance que la folie humaine puisse imaginer , quoique le divin Platon & l’admirable Fenelon l’ayent imaginé, sans être complettement extravagans ; cet amour est pourtant celui des anges qui n’ont point de corps, celui des saints pour Dieu qui n’est qu’un pur esprit, celui que Dieu demande de tout l’esprit, de tout le cœur, de toute l’ame, de toutes les forces ; c’est l’amour des ennemis, si fort recommandé dans l’Evangile, où n’entre pour rien le plus grand plaisir physique. […] Le sieur Beaumarchais, homme d’esprit & de Théatre, a éprouvé bien des vissicitudes comiques ; d’abord dans son procès avec Mr.
« Sachez, Docteur, que les inconséquences du cœur mettent tôt ou tard en déffaut les conséquences de l’esprit. » Ne faut-il pas un Commentaire pour les éxpliquer ? […] Je demande, qu’elle image l’esprit se forme de tout cela, & ce qu’il conçoit d’un assemblage bisare de mots décousus, qui n’ont aucun rapport avec ce qu’on veut leur faire signifier ? […] Notre fier Satirique a eu le bonheur de distinguer de ses yeux mortels des esprits, ou des âmes ; qu’on en juge par ses termes ; C’est-là, ce qui fait peur aux esprits de ce tems, Qui tout blancs au déhors sont tout noirs au dédans54. Des esprits blancs & noirs ! […] Il est de la nature des Drames burlesques de ne contenir rien d’essentiel ; au lieu que les ouvrages que j’ai cité doivent parler au cœur comme à l’esprit.
Comparez les temps et jugez ; vous verrez que plusieurs genres de tartufes ont disparu, à la vérité ; mais parce que les vertus qu’il affectaient ont disparu elles-mêmes, ou perdu leur considération après avoir été prostituées dans des portraits scéniques, où tous les excès monstrueux de l’hypocrisie ont frappé si fortement les esprits, ont fait tant de honte, excité tant d’horreur que pour éviter le reproche et même le soupçon d’hypocrisie, on s’en est éloigné jusqu’aux excès contraires, c’est-à-dire jusqu’à préférer l’évidence des désordres, la nudité des vices, ainsi que je l’ai déduit dans la première partie de cet ouvrage. Aujourd’hui, dit un écrivain célèbre, en parlant du relàchement des mœurs et de l’esprit de société qu’a produit le théâtre, il y a peu de maris jaloux, mais il y a peu de maris ; les pères tyranniques sont rares, mais les pères indifférents ne le sont point. […] On voit assez où la peinture de ce caractère nous mènerait aussi ; on voit de quelle autre fermentation des esprits et des passions le ridicule qu’on en tirerait serait la cause, et quelles en seraient les fâcheuses conséquences, surtout en temps de guerre ! […] Vu cet irrésistible progrès des choses, et cette disposition générale des esprits, disposition telle qu’on ne voit presque plus que des envieux ou du métier infâme, ou des talents et de la vue des infâmes qui l’exerçent, le fait de les laisser sous l’anathême, qui contribue déjà au relâchement de cette partie de la société, est très-préjudiciable dans tous les cas à la foi et au respect dûs aux décrets de l’Eglise, et nuit par là généralement aux mœurs. […] Je suppose que Molière, avec son terrible comique, au lieu d’attaquer confusément tous les tartuses, en eût appréhendé ouvertement un seul dont la fourberie lui était le mieux prouvée ; il aurait jeté l’alarme parmi les imposteurs exclusivement, parce que la faute se présentant personnelle, comme l’attaque à l’esprit des spectateurs, la flétrissure se serait arrêtée à la personne, et la terreur aux hypocrites.
Racine mécontent de Port-Royal, qui l’avoit condamné, écrivit deux lettres pleines d’esprit & de sarcasmes, plutôt pour se vanger que pour justifier son théâtre. […] Cet ouvrage bien reçu du Public, & digne de l’être, fit impression sur les esprits, & confirma les gens habiles & vertueux dans leurs sentimens. […] L’Avocat, son auteur, homme d’esprit & de mérite, quoiqu’obligé par l’intérêt de sa cause de la justifier dans le for extérieur, où en effet il est toléré, se livre aussi-bien que nous à l’anathême dans le for de la conscience. […] Il est deux sortes de pureté & deux sortes de modestie, celle du corps & celle de l’esprit. […] La modestie de l’esprit doit se tenir de même, & se montrer dans la décence.
Est-ce à son esprit qu’il rend la vie ? […] Son esprit étoit aussi décrépit que son corps. […] Il en est de plaisans, plusieurs faux, mais débités sans choix : il y a de l’esprit, peu de naturel. […] Ils avoient en effet une belle ame & beaucoup d’esprit. […] C’est une danse de l’esprit de l’Abbé, qui, par les cabrioles & les entrechats, lui assure le titre de roi du bal autour du chêne antique.
Bellamy s’égaye l’esprit sur les puissances des ténèbres. […] ils s’en retournent avec éloge ; ce sont toujours des hommes polis, des gens d’esprit. […] Ce témoignage de Ben Jonson est si clair et si sensé qu’il n’a besoin ni de nos Commentaires ni de nos raisonnements pour produire son effet dans les esprits un peu raisonnables. […] Un homme qui a perdu l’esprit ne rit de tout son cœur que parce qu’il est fou : la frénésie même et la fièvre chaude peuvent tellement remuer le diaphragme qu’elles excitent le ris à un malade. […] Il pourrait encore arriver que quelquefois nos Poètes se trouvassent peu accommodés des avantages de l’esprit et n’eussent pas toujours le fonds nécessaire pour un genre d’écrire auquel ils ne sont pas appelés.
Ie veux seulement en profiter, & faire entendre à nos Cavaliers, que la richesse des habits, la fierté des Chevaux, & le nombre des Soûtenans n’eust pas eû tout son éclat, si le sujet & le dessein n’eussent esté accompagnez d’un esprit secret & d’une fine intelligence, tant au choix & à la distribution de ses diverses parties, qu’à l’expression & qu’à la justesse de la representation. […] Par de-là la representation il y doit avoir un Jeu particulier, à quoy tout cet appareil appartienne naturellement, & si precisement que la fin, la suite & la liaison des choses soient apparceües, d’abord & sans effort d’esprit.
La douceur recommandée par le Sauveur à ses Disciples, & l’esprit de domination qu’il leur a défendu, ne concluent rien touchant la contestation présente : il faudroit improuver la conduite de Saint Pierre envers Ananie & son épouse qui tomberent morts à ses pieds ; de même que la Sentence d’Excommunication qu’il porta, selon la remarque de Saint Epiphane1, contre Simon le Magicien, qui vouloit acquérir le don de Dieu pour une somme d’argent2. […] Cependant de combien de remords n’ont pas été agités ceux qui conservoient encore en leur esprit un reste d’attachement à la Religion ? […] Cette considération est la plus forte de toutes sur l’esprit d’une troupe mercénaire.
De quoi n’est pas capable l’esprit du théatre, qu’on donne pour si utile au public ? […] L’Abbé Boileau, homme d’esprit, habile docteur, mais très-singulier, & satyrique comme son frere, a mérité a des titres opposés l’attention du théatre. […] Le mot de courtisanne est faux ; elle étoit mariée, elle avoit beaucoup d’esprit, & fut très-belle. […] C’étoit un esprit fécond, enjoué, facile, accommodant, qui eût bien voulu concilier la dévotion & le monde. […] Cependant l’esprit de mitigation, qui n’a pas osé s’y refuser, s’y fait sentir.
Il n’entrera jamais dans l’esprit d’une honnête fille de se faire comédienne, & la premiere résolution que prendra tout suppôt du théatre qui voudra sincèrement se convertir, sera de quitter la troupe. […] Les femmes y deviennent plus dangereuses par l’état où elles s’y montrent, par l’esprit de liberté, de hardiesse, qu’elles y prennent, le goût de parure, de mollesse, de vanité. […] L’Évangile répond à ces beaux discours : Le nombre des Élus est petit, la foule marche dans la voie large : vous n’êtes pas de ce monde, vous ne seriez pas de mes Disciples, si vous aviez l’esprit, si vous suiviez les exemples du monde. […] Réponse pleine d’esprit & d’adresse qui sauve l’Évêque & le courtisan, quoique le courtisan l’emporte sur l’Évêque. […] L’homme éclairé tombe, mais il se relève ; le cœur est blessé, mais l’esprit est sain.
L’un & l’autre, & leur assemblage, étoient bien dans l’esprit de la Reine. […] Cet esprit fort, qui n’avoit point de religion, donna dans les foiblesses de la superstition & dans les délires de l’astrologie & de la magie. […] Quelle idée nous donne-t-elle de la corruption de son cœur, de la foiblesse de son esprit, & de l’indécence de sa conduire. […] On ne compose que dans cet esprit, on ne traite plus que des sujets prophanes ; les passions seules fournissent la matière dramatique. […] C’étoit le ton du jour, & l’esprit de l’Etat.
Comme le repos est nécessaire aux fatigues du corps, de même l’esprit, épuisé par le travail, demande à être délassé : mais ce n’est point par un plaisir physique, tel que le sommeil ; c’est par l’esprit seul que l’esprit peut être ranimé. […] Combien n’avons-nous pas de professions dans lesquelles l’esprit est nécessaire ? Combien n’avons-nous pas de gens d’esprit qui les exercent ? […] L’étude fatigue l’esprit, mais en si peu de temps que des vingt-quatre heures du jour, n’en ayant pu donner que six ou huit au travail, il en reste toujours seize ou dix-huit à employer ; les emploiera-t-on à dormir ? […] Qu’on en donne trois à un amusement qui remettra l’esprit dans son assiette, qui l’enrichira souvent de nouvelles idées, et qui d’un homme d’esprit et de goût pourra faire insensiblement un sage ; ces trois heures, ce me semble, ne seront pas les plus mal employées des dix-huit de loisir qui lui restent.
Ainsi donc, après avoir mis à part, avec l’admiration et tous les égards qui leur sont dûs, l’esprit, le génie et l’art qui brillent dans la satire du Tartufe, et qui ont aveuglé le public sur ses défauts, comme la pompe et les richesses l’aveuglent ordinairement sur ceux des riches, on peut dire que son instruction s’est bornée à donner aux honnêtes gens l’avis qu’on pouvait les tromper sous un masque noir comme sous un masque blanc, ou sous l’habit ecclésiastique comme sous l’habit de laïc ; ce qui ressemble au soin de leur apprendre que les brigands et les voleurs, qui se mettent en embuscade aux coins des édifices profanes, pour surprendre et dépouiller les passants, se cachent aussi derrière les temples, quand ils croient y être plus avantageusement placés ; or, l’on n’attendait pas après une telle révélation ; tout le monde en conviendra ; donc la plus savante, la plus ingénieuse attaque dramatique a été dirigée contre un moulin à vent. […] L’élite des hommes éclairés de la Grèce, les juges d’Athènes blâmaient tellement le dernier que d’après un réglement appelé Mos civitatis, ils refusaient même d’entendre à leur tribunal, comme exaltant aussi l’imagination, égarant la raison, les discours trop fleuris, ornés de figures, ou soutenus de toute autre magie oratoire ; ils voulaient qu’on leur présentât la vérité en style simple et sévère, afin de pouvoir toujours prononcer avec l’esprit et le cœur libres. […] Il résulte donc confirmativement que ce fut sans aucune nécessité qu’un grand homme employa toute la force de son génie et toutes les illusions du théâtre pour présenter un de ces faux frères aux honnêtes gens, de manière à les faire frémir d’indignation et rougir d’être hommes, de manière à leur ôter toute liberté d’esprit et de jugement, à leur rendre odieux et insupportables, non seulement le personnage, mais même son masque ou le costume dont il s’est servi, l’attitude, les manières qu’il a prises, les gestes qu’il a faits, toutes ses expressions qui le retraçent à leurs yeux sans cesse et malgré eux, où qu’ils se trouvent, lors même que ces traits leur attestent réellement la présence de la vertu qui, hélas, n’en ayant pas d’autres sensibles, je le répète, se trouve ainsi condamnée à être continuellement prise pour l’imposture et traitée comme telle ! […] On a dit dès lors à peu près comme on dit aujourd’hui en leur faveur, que les ouvrages dramatiques sont la plus précieuse, la plus salutaire, la plus substantielle nourriture qu’on puisse donner à notre âme et à notre esprit ; qu’on trouve dans leur recueil un cours complet de morale, les tableaux touchants des plus sublimes vertus, la peinture fidèle des mœurs, les observations les plus profondes sur les faiblesses humaines, les travers et les vices combattus avec l’arme du ridicule par des satires sanglantes ; les grands hommes ressuscités avec leur caractère, et leurs formes imposantes. […] Mais ce plaisir ne m’a jamais empêché de voir le côté dangereux de la leçon ; c’est pourquoi je n’en demeure pas moins convaincu que sous le rapport que je le considère, l’art dramatique, bien que le plus ingénieux et le plus piquant que l’esprit humain ait inventé, divertit mieux qu’il n’instruit, mieux qu’il ne réforme, si l’on veut ; que l’amusement qu’il procure a coûté infiniment aux mœurs ; qu’il est un obstacle à leur restauration, et que, par conséquent, il est nécessaire au retour de l’ordre si ardemment désiré, non pas de le proscrire, comme il y en a qui le prétendent, je crois cela aussi difficile à présent que de faire reculer la civilisation, mais d’en modifier le système, d’en borner et régler plus sévèrement la jurisdiction, pour arrêter ici la tradition de ses mauvais résultats.
Il écrivoit bien, avoit de l’esprit & des connoissances, mais ni mœurs, ni religion, ni pudeur. […] & celle du livre de l’Esprit par Helvetius. […] Il vient de paroître un livre plein de calomnies & d’impiétés, intitulé l’Esprit de Clément XIV, où l’on s’efforce de justifier le Machiavélisme par l’autorité de St. […] La doctrine horrible de ce passage, qui va plus loin que le Machiavélisme, est tout-à-fait opposée à l’esprit de ce saint qui étoit plein de douceur & de charité, & même à ses ouvrage, puisque, dans son Traité du Gouvernement, il est bien plus favorable à la liberté qu’à la tyrannie & au Machiavélisme. […] Voici ce passage : Il faut faire mourir les plus puissans & les plus riches, parce qu’ils peuvent se soulever contre le tyran ; il est aussi nécessaire de se défaire des grands esprits & des hommes savans, parce qu’ils peuvent par leur science trouver les moyens de ruiner la tyrannie.
Une infinité de pièces, je ne dis pas de la Foire, mais des Comédiens Français, portent des titres dans ce goût ; que peut-on attendre de sensé de la Famille extravagante, les Fêtes nocturnes, les Folies de Cardenio, la Métempsycose des Amours, la Guinguette, le Carnaval, le Roi de Cocagne, Cartouche, l'Esprit follet, les Fous divertissants, Ragotin, le Mirliton, le Baron de la Crasse, les Bottes de sept lieues, etc. […] Mais, dit-on, il y a quelquefois de l'esprit et du sel, des traits de sagesse, et de bonnes maximes. Sans doute il faut de l'esprit pour faire un édifice, un corps de folie ; et quel est le fou qui n'ait des intervalles lucides, qui ne dise quelque chose de raisonnable ? […] C'est une folie de se fatiguer, se tourmenter, crier, pleurer, gémir, contrefaire sa voix, chercher des attitudes, faire des mouvements, pour représenter des contes, peindre des folies, des vices, une courtisane, un fripon, un misérable, un ivrogne, se casser la tête, mettre son esprit à la torture, pour trouver ce qu'a pu dire une Reine des Scythes, un Empereur dans la lune, un Grec amoureux à sa Laïs, un Pourceaugnac à son Apothicaire : « Turpe est difficiles habere nugas stultus labor est ineptiarum. […] On pourrait donc, sans manquer au profond respect qui est dû à tout ce qui touche à la religion, abandonner à la faiblesse humaine deux actions qui n'ont rien de grand, dont le Saint Esprit n'a jamais fait l'éloge, et dont on aurait tort de se servir, comme on a fait quelquefois, pour autoriser les folies du théatre.
On s’épuise depuis si long-tems à parler de Corneille & de Racine, on débite sur cette matière tant de paradoxes outrés, on s’écarte si fort de la vérité par enthousiasme ou par esprit de contradiction, que c’est rendre un vrai service au Public, que de lui remettre sous les yeux ce qui a paru de plus sagement pensé & de mieux écrit sur les productions & sur le génie de chacun de ces deux Poëtes. […] Par-tout il annonce l’esprit observateur, le Littérateur instruit, l’Ecrivain éloquent, l’ame honnête.
C’est une erreur de croire que l’on n’est présent qu’en esprit à ce qui se passe au Théâtre. […] Il n’y a qu’une seule Scène dans la Tragédie d’Ajax où l’on ne suppose plus de Spectateurs ; mais le Poète est quelquefois forcé de ne les rendre témoins qu’en esprit de son action dramatique.
Vous connoissez Madame *** elle a de l’esprit, & elle s’en pique, quand, disoit-elle, quelque chose de la nature porte au peché, on ne peut pas en user librement sans peché ; cela parle de soi sans autre preuve à un esprit, qui a seulement un petit raion d’intelligence : est-ce que la Comedie, qu’on represente ici, donne de soi-même quelque penchant au peché ?
) Et si l’expérience qui est la maîtresse des fous, a quelque pouvoir sur l’esprit des sages, demandez, s’il vous plaît, à toutes les bonnes âmes qui se sont bien données à Dieu, demandez à tous les religieux qui ont été autrefois du monde, si en leur confession générale ils ne se sont pas repentis et accusés d’avoir été au bal. […] Dominique, et vous verrez que l’esprit malin montrant à ce saint patriarche le lieu où ses religieux parlaient ensemble après le repas, lui dit en se vantant qu’il gagnait beaucoup en ce lieu-là.
Si vous êtes morts au péché, comme vous devez l’être, fuyez donc ces assemblées des pécheurs, où l’on en trouve tant d’occasions funestes : si vous ne vivez plus que pour Dieu, comme il est de votre intérêt autant que de votre devoir, éloignez-vous donc pour toujours de ces lieux de dissolution, où l’on apprend à se corrompte, & où ne se trouve jamais l’Esprit de Dieu. […] Et saint Thomas conclud qu’il n’y a aucun inconvénient pour la conscience, de représenter de pareils éxercices sur le théâtre ; parceque tout se termine à occuper agréablement l’esprit, sans faire aucune dangereuse impression sur le cœur. Cependant, quoiqu’on puisse s’y adonner sans péché avec la discrétion convenable, il exhorte les ames pénitentes à s’en abstenir, pour ne pas trop distraire un esprit qui doit être toujours recueilli en Dieu. […] Les comédies de leur tems n’étoient que des représentations déshonnêtes de mille obscénités, qui en gâtant l’esprit des assistans, corrompoient aussi leur cœur : elles étoient même impies ; & si l’on y représentoit nos Saint Mystéres, ce n’étoit que pour les tourner en ridicule. […] Il a plû aux Peres assemblés au nom du saint Esprit, de séparer de leur communion tout les gens de théatre, pendant tout le tems qu’ils continuent de jouer.
LES talens, l’esprit, le génie, Chez Clairon sont très-assidus : Un chacun aime sa patrie Chez elle ils se sont tous rendus. […] On n’a qu’à voir les choses de près, sans les lunettes de l’ivresse & de la passion ; Voltaire & les Voltairistes ne sont que des hommes très-mediocres, couverts du vernis, de l’élégance petillante de quelque étincelle d’esprit, pétris d’un orgueil & d’une presomption inépuisables, pleins d’une aveugle estime d’eux-mêmes, & d’un souverain mépris pour le genre humain. […] L’esprit, le génie de la Clairon sont des Etres inconnus jusqu’ici sur le Parnasse ; cette actrice a quelques talents pour la déclamation tragique mais son esprit & son génie n’ont pas encore vu le jour. On auroit pu y joindre la vertu, elle est de la même date ; où a-t-on vu des talens, un esprit, un génie assidu ? […] Tous les admirateurs de Voltaire doivent-ils tous leurs talents, leur génie, leur esprit à la Clairon ?
Peut-on donc trop sévèrement proscrire un spectacle public qui en sape les fondements, en éteint l’esprit, en combat les maximes, en fait mépriser les mystères ? […] Le théâtre a plus répandu l’esprit d’irréligion que le Dictionnaire de Bayle et l’Encyclopédie ; le théâtre, qu’on dit épuré, a formé les Déistes et les esprits forts. […] dans celle du maître, homme d’esprit, homme de condition, qui ne traite qu’avec mépris toutes les réflexions pieuses qu’on lui fait faire ? […] sont-ce des gens d’esprit, des gens sensés, des gens pieux ? […] Un spectacle si monstrueux remplit l’esprit et le cœur d’idées et de sentiments qui ébranlent toute religion.
Rome n'était ni moins humaine, ni moins polie que Paris, elle avait moins de frivolité dans l'esprit, et plus d'élévation dans les sentiments. […] Madame de Graffigny fait dans ses Lettres, sous le nom d'une Péruvienne, une description de notre théâtre, digne de son esprit et de sa vertu. […] » Quel cœur bien placé, quel esprit bien fait, que l'Auteur de cette réflexion si naturelle et si juste ! […] La piété y perd, et l'esprit du monde y gagne, et par conséquent l'enfer. […] » L'esprit de vengeance y domine : peut-on sans bassesse ne pas laver un affront dans le sang de son ennemi ?
Qu’on ne croye pas que l’illusion théâtrale suffise pour donner à la fiction tout l’air de vérité qu’il lui faut pour convaincre l’esprit & l’attacher : il reste toujours une certaine persuasion intime qui nous avertit de la tromperie qu’on nous fait. […] L’esprit a besoin de se délâsser quelquefois ; il ne peut pas s’occuper sans cesse de choses importantes & èxtrêmement relevées ; aussi voit-on le Philosophe & le Savant rire au Théâtre des mêmes traits qui éxcitent la bonne humeur du Peuple. […] Tâchons d’èxpliquer ce phénomène ; voyons si l’esprit humain est en contradiction avec lui-même.
Voilà quelle doit estre l’application des Chrêtiens ; voilà quelle est leur Religion ; voilà quelle est la doctrine du saint Esprit ; & voilà ce qu’on ne pratique point à l’Opera. […] Parce que le troisiéme Concile de Tours en la même annéeb, veut que les Ecclesiastiques s’abstennent de tout ce qui peut charmer les oreilles & les yeux, & amollir l’esprit, à cause que les oreilles & les yeux sont les portes par lesquelles les pechez trouvent aisément entrée dans l’esprit : Ab omnibus quæcumque ad aurium & ad oculorum pertinent illecebras, unde vigor animi emolliri posse credatur, Dei Sacerdotes abstinere debent, quia per aurium, oculorumque illecebras vitiorum surba ad animum ingredi solet. […] C’est par là que cet ouvrier d’iniquité s’insinuë & s’introduit, afin qu’aïant gagné insensiblement les esprits des hommes sous les apparences des divertissemens, il établisse sa domination sur eux &c. […] Mais il est à craindre que ces sortes de divertissemens ne donnent lieu à quantité de crimes énormes, en Espagne, en Italie & dans les autres païs, où les gens sont plus adroits & plus rusez, à cause de la subtilité des esprits. […] Tout leur esprit est à leurs pieds, où il leur est plus necessaire qu’à la tête quand elles dansent.
Sur ce que vous dites qu’une chose qui peut produire quelquefois de mauvais effets dans des esprits vicieux, quoique non vicieuse d’elle-même, ne doit point être défendue, quand surtout elle peut servir à l’instruction et au délassement des hommes ; je réponds avec Saint Augustin, (voilà un Antagoniste digne de vous ;) je réponds, dis-je, avec Saint Augustin, que le fond de l’homme étant naturellement vicieux et corrompu, et les meilleures choses par conséquent sujettes à être tournées en poison presque chez tous les hommes, tout ce qui se présente à eux sous une image de volupté, même la plus innocente, peut causer de terribles impressions sur les âmes, et les cause même nécessairement. […] L’acharnement des hommes au Théâtre, dit encore Saint Augustin, est une maladie de leur esprit. […] Non, Monsieur, cette fureur a son beau dans l’esprit des Spectateurs, qui la regardent comme l’émétique d’une âme sensible, et véritablement outrée de douleur. […] Il est le premier à convenir qu’Homère est excellent dans ses inventions fabuleuses, et qu’il charme l’esprit par ses agréables rêveries : mais il se déchaîne aussi contre le torrent de la coutume, qui porte à lire des choses si chatouilleuses pour les bonnes mœurs ; jusques là qu’il fait honneur au Christianisme qu’un Auteur nourri dans ces sciences profanes, et dans la Religion du Paganisme, que Cicéron, en un mot, eût reproché à Homère qu’il faisait des Dieux des hommes, et qu’il érigeait les hommes en Dieux : au lieu, dit-il, qu’il aurait dû rendre les hommes semblables aux Dieux, plutôt que d’abaisser la divinité à la condition des hommes.
Ce n'est point à nous à passer le temps dans les ris, dans les divertissements, et dans les délices ; cela n'est bon que pour des Comédiens, et pour des Comédiennes, et particulièrement pour ces flatteurs qui cherchent les bonnes tables: Ce n'est point-là l'esprit de ceux qui sont appelés à une vie céleste, dont les noms sont déjà écrits dans cette éternelle Cité, et qui font profession d'une milice toute spirituelle ; mais c'est l'esprit de ceux qui combattent sous les enseignes du Démon. […] Tous ces fantômes honteux demeurent dans votre esprit et dans votre cœur ; et c'est de à qu'il arrive que vous avez aversion de ce que vous devriez aimer, et que vous aimez ce que vous devriez avoir en horreur. […] C'est ainsi que nous jouirons dans l'esprit, d'une joie céleste e ineffable, qui ne sera point troublée par les remords de notre conscience, qu'ayant mené ici-bas une vie chaste, nous serons couronnés dans le Ciel par la grâce et par la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l'Empire maintenant et toujours, et dans tous les siècles. […] Lorsqu'il vous instruisait au baptême, que lui avez-vous dit touchant les pompes du Diable, comment avez-vous renoncé à ce malin esprit, et à ses Anges ?
Racine soutint qu’un bon Poëte peut faire excuser les plus grands crimes, & inspirer de la compassion pour les criminels, qu’il ne falloit que de la fécondité & de la délicatesse d’esprit (& de l’impudence) pour diminuer tellement les crimes de Medée & de Phedre, qu’on les rendroit aimables aux spectateurs, au point d’inspirer de la pitié . […] C’est l’esprit du siecle.
Certes ce n'est pas tant une folie, qu'une infidélité d'aimer des choses si basses, ou plutôt des choses de néant, et d'estimer si peu cette gloire que nul œil n'a vue, que nulle oreille n'a ouïe, que nul esprit humain n'a imaginée, ces biens et ces trésors que Dieu a préparés pour ceux qui l'aiment. […] L'ennuy se glisse aisément dans un esprit vide qui ne se peut supporter lui-même, s'il n'a quelque volupté pour se divertir: C'est pour cela que l'on a introduit les Spectacles, et tous ces appareils de la vanité, ou s'occupent ceux qui ne peuvent vivre sans quelque amusement ; Mais c'est un dérèglement pernicieux ; car l'oisiveté leur serait encore plus avantageuse qu'une si honteuse occupation.
C’étoit même l’esprit de son Ordre & de son siecle ; on voit un fonds de gaieté dans les Ecrivains de ce saint Ordre : témoins les Secrets & les bons Mots d’Albert le Grand, les Déjeûners du Cardinal Cajetan, le Miroir de Vincent de Beauvais, la Morale de Javellus, le Catéchisme de Grenade. […] Au reste, il ne fait que suivre l’esprit & la doctrine des Canons & des Loix, qui, comme nous l’avons souvent dit, mettent toujours ces deux choses sur la même ligne, ou plutôt n’en font qu’une sous deux points de vue. […] appelle buffones, gaillardi, dans l’esprit & la simplicité du siecle. […] Mais les amusemens indifférens par eux-mêmes, exercices du corps, chasse ou péche, tours d’adresse, jeux d’esprit, promenades, conversations gaies, tout cela devient bon ou mauvais, selon l’intention qu’on y porte, l’usage qu’on en fait, les circonstances qui les accompagnent. […] Thomas prétend que ceux qui sont obligés de faire pénitence pour leurs péchés, doivent s’en abstenir par esprit de mortification, de recueillement, d’union avec Dieu.
Comme toute action suppose des hommes qui agissent, & arrive souvent parce que ces hommes ont telles mœurs, telles inclinations, tels caracteres, ces Mœurs sont la seconde Partie : les hommes agissent parce qu’ils sont dans une telle disposition d’esprit, dans un tel sentiment. […] Nous n’avouons pas toujours cette disposition d’esprit, principe de nos actions ; mais elle se manifeste par nos discours. […] Telle est la disposition de son esprit : faire ce qu’il doit, laisser à Dieu le soin du reste. […] Sans être dans une grande douleur, sitôt qu’on n’a pas l’esprit tranquille, on n’aime ni le chant ni la danse, ce que je prouve encore par l’Opera même. […] Il ne falloit pas frapper un grand coup pour l’abattre, la nôtre a su résister au même coup, nous avons su conserver notre raison pour goûter la Tragédie, & nous sommes comme convenus que quand nous irions à l’Opera abandonner nos sens aux charmes de l’harmonie, nous laisserions notre Raison à la porte ; par conséquent ce Spectacle quand il est long ennuie, parce que, suivant Saint Evremond, où l’esprit a si peu à faire, c’est une nécessité que les sens viennent à languir : c’est en vain que l’oreille est flattée, & que les yeux sont charmés, si l’esprit n’est pas satisfait.
Les mœurs, les usages, l’esprit de ces trois peuples sont absolument différents. […] Ce n’est pas là sans doute qu’il faut aller chercher le théatre, ils n’ont ni le temps d’y aller, ni assez d’esprit pour l’entendre, ni assez de corruption & de méchanceté pour le goûter. […] Celles de Solon, de Licurgue, de Numa, les valent bien, & ont formé plus de gens honnêtes ; mais il avoit peu l’esprit de la philosophie, qui consiste à favoriser la population. […] J’avoue que les Comédiens font du mal, même sans y prendre part ; si tout le monde avoit l’esprit bien tourné, & n’alloit à la comédie que pour s’instruire, elle produiroit quelque bien. […] Il avoit l’esprit d’un grand homme, mais son ame dont les ressorts amolis étoient incapables d’une application constante, ne pouvoit s’élever à ce grand.
Un cœur facile, un esprit léger, un sang bouillant, semblable à du bois sec & combustible, s’allume dans l’instant, une étincelle y suffit. […] Il n’est pas moins dangereux de dissiper l’esprit & d’amolir le cœur, que d’effrayer l’imagination. […] Ces conséquences font aussi peu d’honneur à l’esprit des Apologistes, que leurs passions en font à leur cœur ; leur logique & leur morale sons aussi peu raisonnables. […] Il faut être épris de l’amour jusqu’à l’ivresse, pour ne pas sentir l’obscenité d’une intrigue contraire à la vérité, à la vrai-semblance, au costhume, à l’esprit même de la piece. […] C’est pourtant l’esprit, le langage, les mœurs du théatre.
Il prit l’esprit de son Maître & le conserva jusqu’à la mort. […] Mon talent n’est pas de leur faire sentir que j’ai de l’esprit, mais de leur apprendre qu’ils en ont. […] Les génies de ses nations entraînent les Abbés qui ne sont pas assez en garde comme l’esprit du monde ; l’Eglise gémit des profanations du Sanctuaire par les mains de ses Ministres. […] Le Journal de Trévoux de 1776 caractérise fort plaisamment le mérite de cette farce, il y a plus d’esprit qu’il n’en faudroit pour saupoudrer dix Opéras comiques, & avec tout cet esprit, sans la musique de Mad. […] Voici un trait de cet esprit : La Fée Dentue voulant marier la fille de Frétillon avec le Prince Tarare, se trouve avec fleur d’Epine, & sous la figure d’une vieille sans dents, leur demande la charité.
Il sait que l’esprit va naturellement d’une idée qu’on lui présente à une autre qui a quelque ressemblance avec elle ; qu’il est aisé de faire l’application d’une Religion à l’autre, et que les spectateurs ne sont que trop disposés à la faire. […] « J’avoue que d’épouser deux maris pour sa satisfaction, c’est commettre un énorme péché d’incontinence ; mais de le faire pour la paix de l’esprit, ce n’est pas plus que de s’enivrer par forme de remède. […] Là, les sciences et les arts qui perfectionnent l’esprit et qui en font la gloire,2. […] Là, Platon et la plupart des fameux Philosophes se rendaient pour s’enrichir l’esprit de connaissances nouvelles et satisfaire leur avidité de savoir. […] Le nom de Prêtre, malgré l’ignorance orgueilleuse de quelques petits esprits, est un nom honorable, eu égard à la Religion et au monde même qui lui donne avec justice de la considération.
Il faut mettre devant les yeux les problêmes de la Géométrie & de l’Astronomie, les expériences de Phisyque, les machines, les plantes, les médailles, les inscriptions, ainsi que les figures sans nombre, du vaste recueil de de l’Accadémie des sciences, & de celle des Inscriptions font un des plus utiles ornemens de cet immortel & immense chef d’œuvre de l’esprit humain. […] Bien loin de rendre le lecteur plus habile, il dégoûte de toute étude sérieuse, rend l’homme frivole, remplit son esprit de futilité ? […] A cet égard l’esprit du siécle est Iconoclaste : elles sont bannies de par-tout, on n’en souffre ni dans les maisons ni dans les livres, même dans les livres de priere & de piété, où elles étoient autrefois communes, tandis que les Dieux de la fable, les héros des Romans, le grotesque de toute espece, se sont emparés de tout. […] Nous ne prétendons pas traiter cette grande matiere ; mais voici l’usage que nous faisons de cette fameuse querelle, qui mit aux mains l’Orient & l’Occident ; elle suppose de l’aveu des deux parties, que les images produisent sur l’esprit & sur le cœur, de bons & de mauvais effets, Qu’il faut donc proscrire les images indécentes, dont l’effet ne peut être bon, & nécessairement mauvais, & conserver les images de piété, qui ne font aucun mal, & peuvent faire beaucoup du bien. […] L’imagination est une espece d’appartement, où l’esprit de l’homme habite, & se repaît des images qu’elle lui trace ; les images en sont comme les meubles & les ornemens, il y a beaucoup d’analogue & de ressemblance entre son imagination & son appartement, lorsqu’il se fait son logement & ses meubles & son goût.
D'où vient cela, sinon d'une étrange maladie d'esprit ? […] Celui qui se sentira touché de ce que j'ai dit, qui voudra se corriger de ses vices, qui sera occupé de la crainte des jugements de Dieu, que la Foi lui représente, et qui commencera de vouloir marcher dans la voie étroite, craindra peut-être de n'avoir pas la force de persévérer, et nous dira ; ma volonté ne durera pas, et je ne continuerai pas dans la voie que vous m'avez proposée, si vous ne donnez des Spectacles à mes yeux, et des objets à mon esprit, qui me tiennent lieu de ceux auxquels je renonce. […] Fuyez les Spectacles, mes bien aimés, fuyez ces Théâtres infâmes du Diable, afin de ne vous point engager dans les liens de cet esprit malin: Mais s'il faut relâcher votre esprit, si vous vous plaisez aux Spectacles, l'Eglise notre sainte et vénérable Mère vous en fournit de plus excellents et de plus agréables ; ce sont des Spectacles salutaires qui remplissent l'esprit de joie. […] Dieu, dis-je, de qui nous ne lisons point qu'on l'ait vu rire, il a pleuré pour nous, parce que les pleurs sont des témoignages d'un esprit touché, et n'a point voulu rire, d'autant que c'est ainsi que les meilleures disciplines se corrompent ; Aussi a-t-il dit par la bouche de l'Evangéliste, Malheur sur vous qui riez, pource que vous pleurerez: Et au contraire vous êtes bienheureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez quelque jour.
Un Pasteur des âmes, l’esprit plein des futilités qu’il vient d’entendre, serait-il bien en état d’administrer les derniers sacrements, d’exhorter un moribond et le préparer à son dernier passage ? […] L’esprit du christianisme est un esprit de docilité, de vénération, de confiance, de crainte filiale pour les Pasteurs et pour les sacrificateurs du corps adorable d’un Dieu : quel respect, quelle confiance, quelle déférence, quelle crainte religieuse peut-on avoir pour des Prêtres qu’on vient de voir au spectacle, écoutant, regardant les Comédiens, riant de leurs dissolutions, applaudissant à leurs folies ? […] On se scandalise de le voir au théâtre, et on l’y sollicite, et on le traite de scrupuleux, s’il s’en abstient ; il lui inspire son esprit, et le blâme de le prendre ; il condamne sa modestie, et ne peut souffrir le saint usage de ses biens. […] Quelle profanation de leur esprit ! […] Cette décision pèche par deux endroits : elle suppose qu’en général la comédie peut être permise à certaines conditions qui ne s’y trouvent jamais, et qu’en particulier elle est alors permise même aux Religieux, si leur règle ne le défend pas expressément, comme si les canons de l’Eglise ne suffisaient pas, et comme s’il fallait attendre des défenses particulières pour une chose mauvaise d’elle-même, à laquelle les règles n’ont pas dû penser qu’il fût nécessaire de pourvoir, comme étant absolument contraire à l’esprit de l’état.
ces impertinentes récréations dissipent l’esprit de dévotion… Refroidissent la charité, & reveillent en l’ame mille sortes de mauvaises affections. […] Ensuite, il les declare Contraires à l’esprit du Christianisme, pernicieux aux bonnes mœurs, féconds en mauvais exemples. […] Celles de Grenoble en 1690, declarent, que rien n’est plus contraire à l’esprit du Christianisme, que les Comédies . […] Ils gâtoient l’esprit & le cœur . […] prendra nécessairement dans tout bon esprit.
Le voici : l’esprit de notre Réligion est directement opposé à celui du Théatre. […] « Sa valeur & son esprit le mirent au prémier rang des Seigneurs de la Cour… Sa maison étoit le rendez-vous de tout ce que Paris & Versailles avoient d’ingénieux. […] Mr. de Fontenelle, né à Paris en 1657, & mort en 1757, ce mortel, qu’on peut regarder comme l’esprit universel, que le siécle de Louis XIV ait produit, selon Mr. de Voltaire. […] Il est vrai, que dans quelques nouvelles piéces, on se sert d’expressions moins grossieres ; mais en revanche, l’esprit de corruption n’y est-il pas répandu d’une maniere plus piquante ? […] Assurément, Mr, me dit-il en riant, ce fait est incroyable, & je ne comprens pas, comment une personne d’esprit comme vous, ose en faire mention.
Si je faisais une longue Dissertation, j’aurais ramassé toutes les maximes de l’Ancien et du Nouveau Testament, par lesquelles le Saint Esprit nous a donné des armes pour combattre la Comédie. […] Un Chrétien peut-il être attentif à la suite d’une intrigue d’amour, qu’on insinue par des expressions d’autant plus dangereuses, qu’elles sont plus spirituelles et plus agréables, sans que ce mal s’imprime dans son esprit et dans son cœur ? […] L’esprit de l’homme ayant une pente au mal, que ne fera-t-il pas, s’il est encore porté par les exemples des vices de la chair, auxquels la nature se laisse aller si aisément ? […] in Hexameron, condamne de même les Chansons de l’Opéra : « Ils vont , dit-il, avec ardeur, écouter certaines chansons qui ne respirent que la mollesse, et qui ne tendent qu’à corrompre les mœurs, et qui font naître dans l’esprit des auditeurs déjà assez déréglés d’eux-mêmes, toute sorte d’impuretés, d’une manière qu’ils ne peuvent jamais se rassasier de ces chansons.
Ils tâchent ainsi d’allier la Comédie avec la Religion ; l’impureté avec les bonnes mœurs ; le dérèglement des passions avec le repos de la conscience ; l’esprit du monde avec l’esprit de dévotion : ou plutôt ils détruisent la Vertu, pour mettre les vains divertissements en sa place. […] Mais rien ne faisait tant d’impression sur leur esprit que l’exemple de ce Prince, qui n’exigeait rien d’eux qu’il ne pratiquât le premier. […] , « souvent l’esprit de l’homme séduit l’homme, et se déguise à lui-même ». […] , que les maladies étant endurées en esprit de pénitence, nous tiennent lieu des peines du Purgatoire. […] Son esprit était rempli de cette pensée de S.
Sa conversation étoit pleine d’esprit. […] Elle étoit belle en effet, avoit beaucoup d’esprit & d’enjouement ; hardie, rusée, intrigante, elle avoit su plaire à tout le monde. […] Mais c’est l’esprit dominant du théatre, qui d’après l’Amphitrion, George-Dandin, & tant d’autres, fait un jeu du crime. […] Ces monstrueux excès ne sont ils donc que licence d’opinion, luxe d’esprit, abus de la raison ? […] C’est porter bien loin l’esprit de tolérance, de parler avec tant d’indulgence de ce qui mérite tous les anathêmes.
Et en effet : comment ces prêtres fanatiques ont-ils pu s’emparer de l’esprit et de la confiance de cet empereur, bourreau des siens, assassin de sa femme, parricide envers son filsa ? […] Le repos du septième jour n’est point le repos absolu du corps, l’immobilité de la machine, mais bien le repos de l’esprit, la distraction si nécessaire après plusieurs jours d’un travail assidu. […] inventions du malin esprit ! […] Racine l’a rappelé à son rang, à sa dignité, par ces vers prêtés à Burrhus que Narcisse rapporte à Néron, et qui, dans l’esprit du poète, avaient une haute et hardie destination. […] Etouffez, ô mon Dieu, dans le cœur de vos ministres, cet esprit de domination, de fanatisme et d’intolérance qui les anime, les agite !
L’esprit est frappé, séduit avant le cœur. […] Mais pourquoi le lirait-on s’il ne contient rien qui puisse amuser l’esprit, & s’il faut le voir en action pour en sentir tout le mérite ?
Mettant eux-mêmes en musique leurs Pièces chantantes, ils en rendraient davantage l’esprit ; ils peindraient avec plus d’énergie les sentimens qu’ils veulent donner à leurs Personnages. […] Parmi les Compositeurs de nos jours, il s’en trouve plusieurs dont l’esprit est très-cultivé ; mais il en est malheureusement un petit nombre qui ne connaissent que leur Art.
De combien de remords n’ont pas été agités ceux qui conservaient encore dans leur esprit un reste d’attachement à la religion ? […] Cependant, « après avoir apprécié dans sa raison ce phosphore qu’on nomme esprit, ce rien qu’on nomme la renommée, et avoir écouté la voix solitaire du devoir, il annonça, par une lettre imprimée en 1759, sa retraite du service de Melpomène et de Thalie, et son repentir d’y avoir acquis de la célébritébr. » Plût au ciel que tous les auteurs dramatiques le comprissent également, si pourtant il suffit, en pareille matière, de comprendre sa faute pour s’en repentir !
L’on commença à s’ennuyer de ces représentations sérieuses, les Joueurs y mêlerent quelques farces tirées de sujets profanes et burlesques : cela fit beaucoup de plaisir au Peuple qui aime ces sortes de divertissements, où il entre plus d’imagination que d’esprit ; ils les nommèrent par un quolibet vulgaire, les jeux des pois pilés : ce fut selon toutes les apparences, quelque scène ridicule qui eut rapport à ce nom, qui leur en fournit la matière. […] La maison de la Trinité fut de nouveau destinée à un Hôpital, suivant l’esprit de sa fondation ; le Parlement par un Arrêt du 30. Juillet 1547. ordonna que les pauvres enfants qui auraient père et mère, y seraient charitablement reçus, nourris et instruits dans la Religion et dans les Arts ; de même que les orphelins l’étaient en l’Hôpital du saint Esprit : ainsi les Confrères de la Passion furent obligés d’abattre leur théâtre, et d’abandonner leur salle.
Les Grecs, les Latins, et avec eux les Auteurs dramatiques de tout pays ont pensé que la vraie définition de la Comédie, c’est d’être une représentation qui nous fait voir nos faiblesses, comme dans un miroir ; qui nous découvre les illusions de l’esprit humain ; qui nous met sous les yeux nos vices et nos passions ; afin que nous nous voyons nous-mêmes tels que nous sommes, et que la risée du Public nous fasse connaître combien nous sommes ridicules. […] Quel ouvrage d’esprit, et quel autre genre de Poésie pourrait-on imaginer qui fût plus utile à la société, et plus propre à y soutenir les bonnes mœurs que la Comédie, lorsqu’elle aura pour unique objet d’instruire et de corriger généralement toutes sortes de personnes ? […] Du temps de Ranuce Farnèse, Duc de Parmei, Prince d’un grand esprit, un vieux Seigneur de sa Cour s’était livré aveuglément à l’amour d’une femme, dont la réputation était équivoque.
Tous les Spectacles inventés par les hommes, offrent aux yeux du corps & de l’esprit, des choses réelles ou feintes : voici comme on envisage ce genre de plaisir. […] Mais plus ce sens est actif, plus il a besoin de changer d’objet ; aussitôt qu’il a transmis à l’esprit l’image de ceux qui l’ont frappé, son activité le porté à en chercher de nouveaux, & s’il en trouve, il ne manque point de les saisir avidement. […] Les Nations qui ont cultivé le corps plus que l’esprit, ont donné la préférence aux Spectacles où la force du corps & la souplesse des membres se montraient. Celles qui ont cultivé l’esprit plus que le corps, ont préféré les Spectacles où on voit les ressources du génie & les ressorts des passions. […] D’habiles Physiciens ont pensé, qu’il se fesait continuellement par les yeux des personnes passionnées, des amoureux, ou des femmes lascives, une émanation d’esprits infiniment projectiles, qui communique insensiblement à ceux qui les écoutent & les regardent, les mêmes agitations dont ils sont affectés.
C’est elle qui par la lecture et considération des choses louables égale la prudence d’une jeunesse bouillante à celle d’une vieillesse expérimentée, réveille les esprits impuissants pour les faire aspirer à la grandeur, excite les plus puissants à mériter un los immortel, salaire de leurs bonnes vies, anime les soldats par l’immortalité de ceux qui n’ont redouté les dangers pour la conservation de leurs parties, retire les méchants de leur impiétés par la crainte d’infamie, exhorte à la vertu, déteste le vice, guerdonne les bons, abhorre les méchants, et se rend tellement utile aux humains, qu’elle semble servir d’une sage maîtresse pour les former à l’honneur par son instruction. […] Si la lecture muette guerdonne les travaux d’un Hercule, d’un Bacchus, d’un Thésée, et les rend satisfaits d’avoir un étudiant témoin de leur valeur ; la récompense que nous leurs donnons n’est-elle pas beaucoup plus excellente, publiant leurs mérites en la présence des plus rares esprits de ce siècle, qui contemplent et l’histoire et le geste, représentant au vrai les effets de l’ancienne générosité ?
En effet, s’abandonner alors à la joie, et se plonger sans reserve dans les plaisirs des mondains, c’est faire voir avec la derniere évidence qu’on regarde les maux de l’Eglise avec un œil fort indifferent, ce qui marque une disposition d’esprit tout à fait profane, et trés-opposée à tout ce qu’il y a de plus essentiel à la veritable regeneration. […] Enfin, je ne vois pas quel temps il peut rester pour rechercher ces amusemens criminels, à ceux dont l’esprit doit être éternellement occupé de deux objets, qui y ont trés-peu de rapport, je parle de la mort de Jesus-Christ et de nos pechés.
Quel grand mal de passer quelque heure à jouer aux cartes pour relâcher son esprit ? […] Je les louerais de leur sévérité en ces matières, si elle procédait d’autre esprit que du leur, qui est de libertinage, à ne vouloir jeûner, se confesser, etc., à concubinages sous voile de Mariage de Moines Apostats, etc.
» On voit par ces paroles, que Marcel Megal un des Religieux Théatins les plus éclairés, décide que c’est un péché mortel, de dire dans les Comédies ou ailleurs, des paroles qui portent à l’impureté et à la fornication, quoiqu’on les dise pour rire et pour relâcher l’esprit ; et que ceux qui les écoutent pèchent mortellement, quoiqu’ils les entendent sans sentir un plaisir sensuel et seulement par récréation. […] N’est-ce pas y contribuer autant qu’il est en soi, que d’assister aux Comédies : Car donner son argent aux Comédiens, c’est pratiquer ce que le Saint Esprit condamne par ces paroles du Ps. 49. « Vous mettiez votre bien avec les adultères. […] » Le Comédien ne doit jamais exprimer la tendresse d’un amant, ni par paroles ni par gestes, non pas même pour faire voir le sort infortuné de l’impureté ; le moindre haleine se communique, les esprits dissipés n’entendent pas en sûreté l’histoire des passions d’autrui : qu’aucune femme ne monte sur le Théâtre, que son habit même n’y paraisse pas. […] L’Auteur des Essais de Morale se plaint d’abord de la corruption de son siècle, qui est venue jusqu’à l’excès de vouloir allier la piété Chrétienne avec l’esprit du monde, par l’entreprise de vouloir justifier la Comédie. […] Pour combattre une entreprise si téméraire, il examine la vie des Comédiens, la matière et le but des Comédies, les effets qu’elles produisent d’ordinaire dans l’esprit de ceux qui les représentent, ou qui les voient représenter ; et il compare ensuite tout cela avec la vie, les sentiments et les devoirs d’un véritable Chrétien.
Mais continuons à confondre ceux qui nous accusent de petitesse d’esprit, parce que nous n’aimons pas les spectacles. […] » C’est le sentiment de M. le duc de la Rochefoucault, homme que sa valeur et son esprit mirent au premier rang des seigneurs de la cour. L’esprit de notre Religion, dit M. de Saint-Evremont, écrivain célèbre, est directement opposé au théâtre. […] que de tristes réflexions ne se présentent pas à notre esprit, réflexions que nous sommes obligés de supprimer pour ne pas scandaliser nos lecteurs ! […] Nous avons constaté dans ce petit écrit des faits, qui sont bien propres à éclairer tout, esprit droit, et à toucher tout cœur sincère.
On a vu dans telle ville plus de cent citoyens, pauvres à la vérité mais honnêtes, et pouvant par des voies chrétiennes assurer la subsistance à leur famille ; on les a vus, dis-je, offrir leurs enfans à ce nouveau genre de prostitution ; et ceux qui ont été acceptés à raison de leur figure ou de la vivacité de leur esprit, ont été transportés dans le repaire des mimes avec plus d’empressement et de satisfaction de la part de ces parens dénaturés, que l’appas d’un gain immense n’en eût produit dans l’ame d’un marchand de nègres. […] Quels guerriers, quels héros peut-il se flatter de produire quand les esprits et les cœurs sont flétris par un même genre d’avilissement, de lâcheté et d’abjection ? […] L’esprit pût-il se soutenir contre l’infection des mœurs, le corps y succombe. […] Rétablissez ces jeux virils, ces récréations actives et laborieuses, qui ont conservé si long-temps la valeur et la liberté dans Sparte et dans Athènes, qui ont formé les vainqueurs de Pyrrhus et d’Annibal ; auxquels Rome attribuoit toute sa gloire, et auxquels elle la devoit en effet20 : la course, la lutte, et tant d’autres exercices qui, en fortifiant le corps, donnent à l’esprit même un nouvel essor21. […] C’est une chose affligeante que l’esprit de dévastation qui s’est emparé de toutes les têtes, contre les lieux propres à provoquer la réflexion, à calmer l’agitation des sens, à accueillir les plaisirs innocens.
Ce grand homme n’étoit pas fait pour être un tabarin ; l’élévation de son esprit, sa sublime géométrie, sa profonde métaphysique, son système du monde, son caractère sérieux ; sa vie triste & errante, que ses persécuteurs lui firent mener, l’objet qui l’avoit fait venir en Suêde, pour expliquer sa philosophie à la Reine, elle voulut se donner la comédie en y faisant travailler le plus grand Philosophe. […] C’est un esprit rebours , disoit-on, qui repousse brutalement les cajoleries. […] Christine avoit raison de dédaigner ce frivole encens, c’étoit pour elle une ironie, elle n’avoit ni dans le corps ni dans l’esprit ces grâces qui attirent les hommes, elle avoit pris sagement le parti de ne pas accepter des hommages qu’elle sentoit ne pas meriter. […] Il trouvoit beaucoup d’esprit dans un jeu de mots, dans ces trois dégrés de comparaison Christina, Christiana, Christianissima. […] Huet qui a daigné combattre dans sa démonstration évangélique, ce qu’il auroit dû mépriser les incrédules modernes en ont pris plusieurs choses comme le Président de Montesquieu a mis à contribution avec beaucoup d’élégance dans son Esprit des Loix, l’érudition immense que Bodin a entassé sans goût & sans ordre dans sa république, sans faire mention de la mine d’où il avoit tiré ses matériaux ; ces livres de la république avoient fait autant de bruit dans leur temps, qu’en a fait dans le notre l’Esprit des Loix qui les a effacés.
C’est le même esprit dans le second ordre, les maîtresses de la plupart des grands sont des Actrices ? […] C’est un phénomène, esprit fin, génie élevé, des grâces, des vertus pratiquées dans la Cour la plus voluptueuse ; elle ramena à son Dieu le Prince le plus libertin. […] Le même esprit qui a donné cette farce à toute une armée, est celui qui a introduit le théatre à St. […] Cette fête déplut au Roi & mit obstacle à l’avancement du Prince ; un esprit livré a ces folies est-il capable de grandes affaires ? […] Cette idée dictée par l’enthousiasme d’un amateur, cette comparaison de deux hommes grands, chacun dans son genre, sont absolument fausses, soit en comparant esprit à esprit, objet à objet, travail à travail ; il s’en faut bien qu’il faille autant de pénétration, d’étendue, de précision, de justesse, de force pour faire parler les Héros de Corneille, que pour embrasser le système du monde.
Elles sont, par éxemple, plus susceptibles d’esprit & d’ornemens. […] Nos Drames champêtres sont la plus-part froids, insipides, & mal dialogués ; les Personnages en sont aussi quelquefois trop spirituels ; ils mettent trop d’esprit dans leurs naïvetés. […] L’image de la simple Nature ne sçaurait arrêter des esprits aussi vifs, aussi frivoles que les nôtres ; on est contraint de chercher à embellir cette image qui doit être si naïve, afin de la faire paraître plus agréable : mais alors nous nous écrions, que ce n’est point là le tableau des mœurs rustiques des Villageois. […] Ses Personnages pétillent d’esprit ; lorsqu’il leur arrive de dire une naïveté, elle s’accorde mal avec les pointes, les jolies choses, les madrigaux, qu’ils ont ordinairement à la bouche.
Comparez les deux répertoires, vous serez convaincu que le clergé d’autrefois exploitait le théâtre pour mieux exploiter la crédulité du peuple en flattant ses passions, et que de nos jours il le défend, parce que le théâtre, par la direction des esprits et les progrès de la civilisation, est un des puissants moyens d’éclairer la multitude. […] « Au XVIIe siècle, un homme s’est rencontré qui, par l’admirable sagacité d’un esprit toujours plaisant, toujours naturel, toujours varié, toujours utile, a banni du sein de la nation française et l’esprit faux, et le jargon, et l’équivoque, et les pointes, et les jalousies folles, et l’amour honteux des vieillards, et la haine de l’humanité, et la coquetterie, et la médisance, et la pruderie, et la fatuité, et la basse avarice, et l’esprit de chicane, et la frivolité des magistrats, et la petitesse qui fait aspirer à paraître plus grand qu’on n’est, et l’empirisme ignorant des médecins, et la risible imposture des faux dévots ; » eh bien ?
Pour revenir aux Ariettes qui composent les trois quarts des nouveaux Drames, elles donnent matière à l’homme d’esprit de faire bien des réfléxions. […] Il faut qu’il ne s’occupe en partie que du Musicien ; & celui-ci ne sait que faire d’une pensée fine ; il ne lui faut guères que des mots propres à être modulés : que lui importe le peu de liaison qu’ils ont ensemble, & le peu d’idées qu’ils offrent à l’esprit ! […] Il faut dans une Ariette mettre du sentiment plutôt que de l’esprit. Ira-t-on s’imaginer que mon dessein soit de soutenir qu’il faut mettre de l’esprit dans une Ariette ? […] « On ne saurait croire combien l’esprit & la subtilité nuisent à la musique, s’écrie un illustre Amateur de cet art, dont on connaît le goût & les lumieres(69). « La musique, dit M. de Voltaire, èxprime les passions, les sentimens, les images ; mais où sont les accords qui peuvent rendre une Epigramme ?
C’est un des blasphèmes ordinaires aux Protestants d’avilir nos cérémonies et nos offices en les traitant de comédies : tant cette image laisse dans l’esprit un sentiment de dérision et de profanation, qu’elle ag passé en proverbe pour tout dégrader. […] Mais l’inconvénient le plus grand, parce qu’il nuit à la piété et aux mœurs, c’est le danger que ces exercices ne fassent naître dans l’esprit des maîtres et des écoliers, comme cela est naturel, le désir de s’instruire par leurs yeux de la manière dont on déclame au théâtre, de le fréquenter, et de prendre pour la comédie un goût qui peut avoir des suites bien funestes, surtout à cet âge. […] Desfontaines, Freron, Rainal, la Porte, qui en ont rempli avec éloge leurs feuilles périodiques, se sont éloignés de l’esprit de leurs anciens maîtres. […] La dissipation, l’esprit du monde, l’irréligion, le peu de respect pour les choses saintes, les lectures, les conversations frivoles, qui sont la suite de ce goût, et en éteignent les remords, ont armé leurs ennemis et refroidi leurs amis, et les ont refroidis eux-mêmes et dans les études sérieuses et dans l’amour de la retraite et du recueillement. […] Sans prétendre que ce moyen soit bien propre à opérer cet effet, on ne peut disconvenir qu’il n’était pas moins attentif à inspirer l’esprit de piété que l’amour des belles lettres. » Ce double aveu de l’inutilité des pièces de collège, et du mérite d’un Jésuite, est un triomphe de la force de la vérité.
Après avoir démontré des vérités aussi frappantes, voyons quelle idée peut faire naître, dans l’esprit du Philosophe, le terme Musique. […] Les Grecs se vantent d’en être les inventeurs, selon leur coutume de se glorifier de tout ce qui peut faire honneur à l’esprit humain. […] Thomas affirme avec ce Docteur de l’Eglise, qu’elle peut élever nos esprits à la contemplation des choses célestes. […] Elle remplit de cet esprit divin qui fait prophétiser ; du moins les Prophètes demandaient son secours afin de mieux entrer en enthousiasme. […] Il est plus de gens capables de goûter les talens d’unvirtuose en musique, que ceux d’un éxcellent Poète : pour entendre l’un, il ne faut que des oreilles ; au lieu que le genre de l’autre veut parler à l’esprit.
Le principe et la conséquence sont aussi absurdes que le tarif que vous faites de la valeur des caractères ; à la preuve : « Quel est le plus blâmable d’un Bourgeois sans esprit et vain qui fait sottement le Gentilhomme, ou du Gentilhomme fripon qui le dupe ? […] Tel est le Public à l’égard d’Angélique cr, quoique la malice et la présence d’esprit de celle-ci le fassent rire aux dépens de George Dandin, qui d’ailleurs mérite tous les chagrins qu’il éprouve. […] Êtes-vous jamais sorti de la représentation de George Dandin bien épris de l’esprit et des talents d’Angélique ? […] Alceste ne pouvait-il pas dire à Oronte, avec douceur et politesse : « Monsieur, j’ai le malheur de n’être pas du goût le plus général : peut-être ai-je tort ; mais dès que je veux prononcer sur un ouvrage d’esprit, je consulte avant la nature, et c’est en la consultant que j’ai peine à trouver votre Sonnet admirable, et tel qu’un homme d’esprit tel que vous pourrait en faire, s’il ne laissait aller sa plume que sous la dictée de la nature et de la raison. […] Ce sont des jeux d’esprit d’autant moins dangereux qu’ils ne sont reçus que pour ce qu’ils sont.
Si ces chefs-d’œuvres paraissaient aujourd’hui, ils seraient froidement accueillis ; le nom du grand Corneille, que la surprise, la nouveauté, l’esprit de rébellion, lui fit si libéralement donner, et que l’habitude lui continue, serait encore à naître. […] Dans une note il avance une chose qu’il n’est pas facile d’entendre, quoique l’Académie, pour lui faire honneur, en ait fait usage : « L’applaudissement et le blâme du Cid n’est qu’entre les doctes et les ignorants, au lieu que les contestations sur la Jérusalem délivrée et le Pastor fido ont été entre les gens d’esprit. » On comprend que des traités de théologie et d’algèbre n’intéressent que les savants et touchent peu ceux qui n’ont que de l’esprit ; mais le Cid et le Pastor fido sont également du ressort des gens d’esprit, et affectent fort peu les savants. […] Tel est l’esprit des courtisans, des mondains, surtout des amateurs du théâtre : religion, mœurs, affaires, plaisirs, tout est un jeu pour eux. […] Il fallait, pour se maintenir, tourner les esprits sur quelque autre objet ; rien n’y était plus propre que d’endormir dans les plaisirs, dissiper par les spectacles, amuser par les fêtes, gagner par des magnificences, des Courtisans inquiets, qui laissés à eux-mêmes ne cessaient de cabaler contre lui. […] Richelieu crut que le moyen de calmer les esprits, de se rendre maître, et de prévenir de pareils mouvements, c’était de faire une révolution dans les mœurs de la nation, en l’amollissant par le plaisir, et la dissipant par la frivolité.
que d’esprit ! […] L’homme d’esprit en fait sa nourriture la plus chère. […] N’est-il pas les délices des Grands de notre siècle, & des personnes d’esprit ? […] On me fera la grace de croire que ce n’est pas par esprit de préjugé que je parle ainsi. […] Elle a été le Séminaire des plus excellens esprits & de plusieurs savans hommes, tant avant qu’après J.C.
Il est sûr que les expressions des Amants, toujours outrées sur la scène, confirment le Libertin dans son dérangement, réveillent les esprits les plus assoupis, et ne peuvent que donner entrée à une passion vicieuse dans le cœur de la jeunesse la plus innocente. […] Or la passion d’amour la plus pure peut perdre sur le Théâtre toute son innocence, en faisant naître des idées corrompues, même dans l’esprit du Spectateur le plus indifférent. […] Ne doit-il pas paraître extraordinaire qu’un si grand nombre de gens d’esprit perdent leur temps à traiter une matière, qui, par le fréquent usage qu’on en a fait jusqu’ici, est presque épuisée, et dans laquelle on est réduit, pour trouver le moyen de plaire, à emprunter le secours illicite des paroles et des actions licentieuses, comme en font foi plus d’une Comédie que le Lecteur connaîtra, sans que je les nomme.
Le Burlesque & la Parodie sont deux genres bien différens : la Parodie est une plaisanterie fine, capable d’amuser & d’instruire les esprits les plus sensés & les plus polis ; le Burlesque, est une bouffonnerie misérable, qui ne peut plaire qu’aux méchans. La manière de parodier qu’on peut laisser sur le Théâtre de la Réforme, sera, ou une imitation fidelle & bien calquée ; ou une critique, dont la plaisanterie sera bonne, vive & courte, & dans laquelle on évitera l’esprit d’aigreur, la bassesse d’expression & d’obscénité.
Car le Paganisme règne tellement dans votre Ballet, qu’on n’y trouve rien qui applique l’esprit à quelque chose de particulier à la Religion Chrétienne. […] L’Evangile à l’esprit n’offre de tous côtés, Que pénitence à faire, et tourments mérités, Et de vos fictions le mélange coupable, Même à ses vérités donne l’air de la fable. » C’est donc, selon M.
C’est sans doute par la lumière de cet Esprit Saint, que Sara fille de Rachel avait été conduite, qui répandant son cœur en la présence de Dieu dans l’amertume de son âme, disait qu’elle ne « s’était point mêlée parmi les personnes qui jouaient et qui dansaient »,« Numquam cum ludentibus miscui me, neque cum iis qui cum levitate ambulant. »Job. 3. […] Néanmoins comme on ne peut point nier qu’on ne puisse prendre innocemment quelque sorte de récréation, pour délasser l’esprit par le Chant, ou par le son des Instruments, et par le mouvement même mesuré du corps, nous ne prétendons pas conclure par ce que nous avons dit, que la Danse soit d’elle-même criminelle.
S'il faut pousser ces maximes à toute rigueur et dans tous les cas, ou s’il est permis quelquefois d’en adoucir la sévérité, nul homme ne doit entreprendre de le décider par son propre esprit. […] , et il ne faut pas s’imaginer qu’il ne parle que pour les moines ; puisqu’au contraire, et ses paroles et ses preuves et tout l’esprit de ses discours démontrent qu’il veut proposer les obligations communes du christianisme, comme étant d’autant plus celles des moines, qu’un moine n’est autre chose qu’un chrétien qui s’est retiré du monde pour accomplir tous les devoirs de la religion chrétienne.
Il faut de l’attention, il faut de l’esprit & des connoissances pour suivre le plan, le fil, le style, les beautés d’une piece qu’on voit jouer ; il ne faut que des yeux & un cœur gâté pour avoir, pour goûter le crime buriné, & pour être atteint de son poison. […] Il y ajoute un éloge d’Helvetius, dont le Traité de l’Esprit ne fera jamais canoniser son Auteur, ni ses partisans. […] Jusqu’à quel excès un travers dérange l’esprit, une passion renverse une tête ! […] Mais il a entendu parler de ses entreprises contre l’Empereur, & sans examen il lui a supposé, selon l’esprit du temps, tous les crimes du monde. […] Le Sieur Durosoi a de l’esprit, du talent, des connoissances.
Sur le portrait de Mad. de Montespan, l’auteur ajoute cette réflexion galante : Il n’est pas besoin de l’embellir ; la peindre, c’étoit peindre la noblesse, l’esprit, la beauté même. […] Ces miseres ont encore fait gémir la presse dans les Œuvres de Scarron & dans la Vie de Mignard : tant l’esprit du Théatre met d’importance à tout ce qui tient du comique, Mignard n’avoit pas besoin de ces illustrations, & l’auteur de sa Vie en les méprisant auroit dû les aprécier ce qu’elles valent. […] L’engouement du Théatre fait ainsi tourner la tête dans tous les états, même à des gens qui ont d’ailleurs de l’esprit & du talent dans leur profession. […] Il eut sans doute plaint ce peuple ingénieux d’employer si mal son esprit & ses talens. […] Cet homme à part, cette subite métamorphose sont un vrai galimatias ; ce talent suprême, cette rareté, cet esprit, ce caractere distinctifs sont des excès de ridicule ; sa naïveté sans doute est une grace, quand elle est placée à propos : mais elle a ses défauts aussi, & n’a jamais joui, non-plus que les autres talens, du privilége d’être exempte de discussion.
S’il n’y avoit rien à craindre dans les bals & dans les danses, comme le Monde le prétend, le Saint Esprit prendroit-il tant de soin pour nous en détourner ? […] Paul, ni aucun autre Apôtre ; c’est du Démon, cet Esprit impur qui a inspiré aux hommes la fornication & l’idolâtrie, qu’est venue cette détestable coûtume : Qui docuit idola colere, docuit etiam ludere. […] Il raconte qu’une femme chrétienne étant allée à la comédie, elle en revint possédée du Démon : & comme dans l’exorcisme, on reprochoit à cet Esprit impur, comment il avoit osé attaquer une personne fidéle, il repondit ; In meo inveni ; J’ai eu raison, puisque je l’ai trouvée chez moi, c’est-à-dire dans un lieu qui m’appartient. […] Ne les imitez pas ; éloignez vous pour toujours de ces lieux de dissolutions, où l’on apprend à se corrompre & où ne se trouve jamais l’esprit de Dieu.
Comme il m’est extremement sensible de me voir hors des occasions de vous escrire (car de tous les maux que ie souffre depuis que ie suis en exil, celuy qui m’afflige le plus c’est de ne vous pouvoir entretenir) aussi m’est-il impossible d’exprimer la ioye que ie ressens, quand ie vous puis tesmoigner mes soins, & vous faire auoüer que pour estre separés de corps nous ne le sommes pas d’esprit ; & certes ie m’imagine estre parmy vous autres toutes les fois que ie vous visite de mes lettres. […] Et partant bien que ie sçache asseurerement, que si vous fleurissez beaucoup dans la foy & dans la pieté, vous n’estes pas moins austeres & Reguliers en vos mœurs ; & que vos actions ne desmentent en rien vostre creance ; ie sçay aussi que le siecle est remply d’esprits libertins, qui estans engagés dans le vice luy donnent beaucoup d’autorité pour le faire aymer, & ne voulants pas estre seuls dans l’erreur, taschẽt non seulemẽt d’y attirer les autres par leurs persuasions ingenieuses, mais empruntẽt encor la faueur de l’Escriture Saincte pour l’accõmoder à leurs sentimẽts ; nous voulãt faire croire qu’elle appreuue les crimes & les diuertissemẽs impies des spectacles puis que (disent-ils) n’ont rien qu’vn innocent plaisir, & qu’ils seruent à delasser nos esprits abbatus des continuelles occupations ; car l’impudence du siecle a si fort alteré la vigueur de la discipline Ecclesiastique, & l’a renduë si languissante & eneruée par les desbordements, que les vicieux ne se mettent plus en peine de treu-a des excuses aux vices les voyants appuyées du consentement public. […] Est-ce estre Chrestien que de cherir des euenemens si impies & si contraires à son estat ; & peut-on douter qu’il ne fut assez impudent pour porter s’il pouuoit le Saint Esprit dans ces lieux de débauches & d’infamie, puisqu’à l’issuë de la Messe étant congedié auec les autres Chrestiens, selon la coustume de l’Eglise, & bruslant d’enuie d’estre vistement au theatre, il y porté le S. […] Nous auons des esprits trop releués pour les abbaisser à des choses si viles & méprisables.
Si ces deux poëtes immortels, d’une analogie si frappante pour le caractère de leur esprit & la délicatesse de leur conscience, eussent déposé leurs scrupules dans le sein d’un casuiste, tel que le P. […] d’indignes bateleurs avec d’honnêtes gens, dont la fonction exige, pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de l’ame, de l’esprit, de la connoissance des mœurs & des caractères ; en un mot, un grand nombre de qualités que la nature réunit si rarement dans une même personne, qu’on compte plus d’excellens auteurs, que d’excellens comédiens. […] Caffaro que les spectacles n’ont rien que d’honnête, & qu’il faut de la variété dans les amusemens, comme il y en a parmi les esprits & les caractères. […] M. de Voltaire dit qu’un jour nos neveux, en voyant l’impertinent ouvrage de cet oratorien contre l’art des Sophocles & les œuvres de nos grands hommes imprimés en même-temps, s’écrieront : « Est-il possible que les François aient pu ainsi se contredire, & que la plus absurde barbarie ait levé si orgueilleusement la tête contre les plus belles productions de l’esprit humain ? […] C’est qu’on ne la souffre dans un état policé, que par le même esprit qu’on y tolère les lieux de débauche.
L’histoire profane elle-même, dans la vicissitude de ses révolutions, la variété de ses évenemens, les sciences dans leurs découvertes, leurs démonstrations, &c. tout offre à l’esprit & au cœur de l’homme des théatres bien plus dignes de lui que ceux que la vertu lui interdit. […] Si vous aimez les ouvrages d’esprit, lisez les livres des Écritures, vous y verrez une science, une éloquence, une poësie, bien supérieures à tous les Poëtes tragiques & comiques. […] Quelle doit être cette gloire que l’œil n’a jamais vûe, que l’oreille n’a point entendue, que l’esprit de l’homme ne sauroit comprendre ! […] Quel poëme, quel roman, aussi capable de plaire, de toucher, de frapper, d’instruire, d’élever l’ame, d’attendrir le cœur, d’éclaiter l’esprit, d’inspirer des sentimens nobles, de donner des idées sublimes ! […] Vous croyez une poësie divine quand vous avez enchassé dans vos vers quelqu’un de ces noms burlesques qui ne présentent à l’esprit que des folies & des crimes.
La Bruyere, dont les sentimens ont été reconnus si orthodoxes par son fameux Chapitre contre les Esprits forts, ne peut dissimuler que les Personnes pieuses ne connoissent qu’un seul péché au monde, qui est l’amour. […] Quoique les Prêtres de Jocaste soient assurément reconnus pour des imposteurs, ces Vers, dans l’esprit des jeunes gens, occasionnent trop une mauvaise application. […] Il est donc incontestable qu’un Comédien peut avoir l’esprit porté aux choses sérieuses, tout autant que les Sculpteurs, les Peintres, & tous les Professeurs des Arts agréables. […] Tout ce qu’un esprit sage & orné peut produire de plus équitable, ne se trouve-t-il pas dans le discours récité par le P. […] D’ailleurs, le trop grand usage des plaisirs permis est répréhensible, & peut toujours être l’objet de l’attention des Théologiens ; mais, pour le général des hommes, un honnête délassement d’esprit a toujours été reconnu absolument nécessaire.
L’esprit d’irréligion, la corruption des mœurs, les idées philosophiques de population, l’envie de s’emparer de ses biens, la haine des censeurs du vice & les appuis de la vertu, ont mis dans les esprits une aversion infinie contre ce saint état, & allumé le flambeau de la guerre. […] Tel est l’Opéra des Monnes ; ce n’est qu’un recueil de traits bachiques qu’on trouve dans mille chansons, & qui fait aussi peu d’honneur à l’esprit qu’à la profession de l’Auteur. […] On voit dans la seconde un sujet, un esprit épuisé qui s’efforce, à la faveur de quelques circonstances, d’enfanter de nouvelles choses, mais dans le fonds ne fait que se répéter. […] Ces fureurs, ces emportemens, ce désespoir, ce langage passionné, ces motifs vicieux, qu’on veut donner pour une conversion héroïque, une victoire complette, un chef-d’œuvre de la grace, & qui dans l’esprit de l’Evangile sont de nouveaux crimes, font un jeu scandaleux de la religion & de la vertu, enseignent à se contenter d’une fausse conversion, & rendent suspectes les véritables. […] Quoique le ridicule tombe sur l’hypocrite qui emploie les termes de la religion pour son intérêt, & que (dans l’Œdipe) les Prêtres de Jocaste soient reconnus pour des imposteurs, ces peintures, quoique naïves, sont trop sujettes à être mal interprêtées, & dans l’esprit des jeunes gens ces vices occasionnent une trop mauvaise application.
Ce qui fait percer partout d'une manière singulière l'esprit de théâtre qui dirigeait cette plume ingénieuse, c'est que rien n'y est plus fréquemment répété que ces mots, théâtre, scène, rôle, personnage, acte, nœud, dénouement, tragique, tragédie, spectacle, Acteur. […] On ne tend pas au Collège des pièges à l'innocence, on n'y agit pas par un esprit mercenaire pour gagner de l'argent, comme à la comédie : émulation, obéissance dans les élèves ; vues louables, quoique fausses, du bien public et de l'éducation dans les Régents. […] Le profit qui revient de la taxe imposée aux Ecoliers pour les frais de la pièce, peut bien avoir occupé l'esprit mercenaire de quelque Régent, mais ne saurait faire agir ce grand Corps. […] L'esprit du monde se serait-il assez glissé dans une Compagnie où régnèrent toujours les bonnes mœurs, pour vouloir goûter des plaisirs auxquels on a renoncé, et faire venir chez soi ce qu'on ne peut décemment aller chercher au parterre ? […] Serait-ce un esprit complaisant et flexible, qui se faisant tout à tous pour les gagner tous à Dieu, comme S.
On en voit dont une idée burlesque, une musique légère & brillante, font le principal mérite ; on en voit dans lesquels l’esprit & la plus fine galanterie nous séduisent tour-à-tour. […] En effet, si quelqu’un veut prouver par l’éxemple d’un de ses Drames qu’il est trop bas & trop trivial, aussi-tôt on lui en oppose un autre plein d’esprit & de finesse.
N’attristez point l’esprit saint de Dieu, dont vous avez été marqué comme d’un sceau, pour le jour de la rédemption. […] Il n’est pas bien séant, et il ne faut pas que les yeux des Prêtres du Seigneur soient souillés par de semblables spectacles, et que leurs esprits s’évaporent et se laissent aller aux bouffonneries quelles qu’elles soient, ou aux paroles déshonnêtes qui s’y disent.
2. vous êtes un plus grand homme que vous ne croyez, votre élection pour les communes auroit fait un schisme en France, vos amis sont fâchés que vous n’ayez pas réussi, ils savent que votre esprit & votre cœur n’ont rien de votre profession, & sont infiniment au-dessus de votre fortune, quoique vous ayez deux millions de bien. […] Procope, qui dans son Histoire, rapporte ces belles qualités d’Esprit & de corps, qui rendirent Théodora si puissante ; & dans sa satire, l’abus qu’elle en fit, par la corruption de son cœur. […] Vous voyez que je connoissois toutes les prérogatives de ma place, & que j’aurais bien-tôt acquis le peu qui me manquoit pour la remplir dignement ; j’ai peu d’esprit, mais en faut-il beaucoup quand on a le reste, & d’ailleurs le théatre n’en donne-t-il pas. […] Tel il parut à Paris, à Londres, à Leide, à Vienne, où il passa plusieurs années, & où sa naissance, sa fortune, sa réputation, son esprit, ses connoissances lui procurerent l’accueil le plus favorable. […] L’Empereur fut frappé de cette réponse : on le vit rougir & pâlir, il prit enfin son parti en homme d’esprit : vous avez raison, s’écria-t-il, son élévation n’est aussi qu’une comédie.
On ne nous montre pas la Vertu dans les Collèges ; mais le Grec et le Latin ; c’est moins à nous rendre honnêtes gens que l’on pense qu’à nous donner un peu d’esprit et quelque vernis de savoir : cependant cette raison ne justifie pas les hommes, nous avons l’orgueil de penser que nous avons l’Ame naturellement plus élevée que les femmes, et nous nous croyons fort au-dessus de leurs faiblesses : nous prétendons avoir le cœur mieux fait et l’esprit plus solide ; c’est ce qui nous reste à prouver. […] Médire, c’est dire du mal : or dans ce sens le Spartiate est un imbécile, de se fâcher contre quelqu’un qui loue au lieu de médire : si c’est un reproche fin au panégyriste de ce que, par des louanges hyperboliques, il s’empêchait d’être cru, ce n’est plus blâmer la louange, c’est blâmer seulement une exagération préjudiciable à l’éloge : en ce sens, le Spartiate est un homme d’esprit, sans que cela prouve qu’il n’était pas permis à Lacédémone de dire du bien d’une honnête femme. […] Vous accordez au Sexe, l’esprit, l’aptitude aux sciences mêmes, mais vous lui refusez le génie, ce n’est qu’à la seule Sapho et à une autre que vous ne nommez pas que vous accordez ce feu qui embrase l’âme, ce feu qui consume et dévore, pour en refuser la moindre étincelle à toutes les autres femmes. […] La mémoire de ces grands hommes se présente trop naturellement à l’esprit pour qu’il m’ait été possible d’imaginer d’abord que vous ayez avancé votre paradoxe autrement que pour plaisanter ; mais votre grande Note m’a désabusé : j’y vois que vous parlez sérieusement. […] L’édition de 1782 précise cependant : « Qui croirait que cette plaisanterie, dont on voit assez l’application, ait été prise en France au pied de la lettre par des gens d’esprit !
N’est-ce pas là comme le trône de l’esprit immonde, et le siège de l’impiété ? […] On trouve là autant d’esprits immondes qu’il y a d’acteurs ou de spectateurs. […] comme certains esprits ne se rendraient qu’avec peine à ces vérités, tâchons de les convaincre par d’autres raisons. […] Or comment accorder tout cela avec les spectacles, qui troublent, qui agitent si furieusement l’esprit ? […] Comme l’on exorcisait l’esprit immonde, et qu’on lui commandait de répondre, pourquoi il avait osé s’emparer de cette femme ?
Il est à la vérité une espéce de beau, au-de-là de laquelle l’esprit humain s’égare & se perd. […] Plus il appelle l’esprit à son secours, plus il penche du côté de l’erreur, plus il s’éloigne de son but, qui est de combiner de profondes impressions, dont le germe est dans l’ame. […] C’est aussi pourquoi tant d’hommes d’esprit sont dédaigneux, & glissent sur des traits ravissants.
Au milieu du monde, leur présence contient ces esprits superbes qui ont toujours des traits à lancer contre des dogmes vénérables, ces esprits corrompus qui attaquent les principes des mœurs, ces esprits inquiets qui censurent l’État & calomnient l’autorité souveraine.
Les personnages de femme qu’on exclut absolument de la comédie pour plusieurs raisons, et entre autres pour éviter les déguisements que nous avons vu condamnés, même par les philosophes, la réduisent à si peu de sujets, qui encore se trouveraient infiniment éloignés de l’esprit des comédies d’aujourd’hui, qu’elles tomberaient d’elles-mêmes si on les renfermait dans de telles règles. […] Quelquefois à l’exemple des anciens canons, dont il a pris tout l’esprit, il se contente de les appeler « des spectacles inutiles : ludicra et inania spectacula » Ibid. p. 6. etc. […] , des mensonges et des inventions de leur esprit : ou comme lisent les Septanteas, « Ils me racontent, ils me proposent des plaisirs ; mais il n’y a rien là qui ressemble à votre loi » : elle seule remplit les cœurs d’une joie, qui fondée sur la vérité, dure toujours.
Avez-vous du goût pour de grands & d’illustres évenemens, dont la pompe & l’éclat frappent vivement vos esprits ? […] Mais je sens aussi qu’il peut rester dans les esprits un doute fort délicat : sçavoir si le même avantage convient à une autre espece de theatre, au theatre lyrique. […] ignoriez-vous que le glaive de vos paroles & de vos sentimens faisoit dans les esprits des blessures profondes & mortelles ? […] La cure est digne de vous : si pourtant vous avez commencé par la guérison des maux plus essentiels de l’esprit. […] Esclaves de la coûtume qui est leur suprême loi, ils vivent sur l’exemple d’autrui, ils pensent par l’esprit d’autrui.
Mais, en supposant que les gouvernements ne puissent pas sans danger supprimer les théâtres, ni en diminuer le nombre, chose qui ne paraît pas croyable, ne courent-ils pas des dangers infiniment plus grands en s’exposant aux atteintes mortelles que leur portent chaque jour des pièces vraiment immorales, qui, à la faveur du plaisir qu’elles procurent, font couler dans l’âme des spectateurs le poison des plus désolantes doctrines, et qui, par des allusions perfides et adroitement ménagées auxquelles l’art des acteurs ajoute encore un merveilleux relief, ne sont propres qu’à nourrir et à fortifier cet esprit d’insubordination qui de nos jours a fait tant de ravages, et qui est encore bien éloigné d’être entièrement anéanti ? […] Des chrétiens zélés pourraient-ils voir sans douleur, d’un côté les temples du Seigneur abandonnés et déserts, et de l’autre les théâtres, ces temples élevés au démon, regorger continuellement d’adorateurs qui vont en foule offrir à cet esprit de ténèbres leur encens et leurs hommages, qui témoignent un mépris dédaigneux pour les solennités religieuses, qui ne connaissent les jours spécialement consacrés au Seigneur que pour les profaner en se livrant à des divertissements souvent criminels et toujours dangereux ?
Parmi ces filles étaient dispersés quelques plaisants qui s’efforçaient de les distraire par des postures grotesques ; ils étaient déguisés en démons, et quelques-uns d’eux poussaient le jeu fort loin, afin de rappeler le courage héroïque des vierges qui jadis ont résisté aux tentations de l’esprit malin. […] Et voici l’engagement de l’épouse. « Je, Madeline Gasselin... prends mon aimable J... pour mon époux, et lui promets... que je n’en aurai jamais d’autre, et lui donne pour gage de fidélité mon cœur et tout ce que je ferai jamais... » Cette dépravation d’esprit a pu profiter à bien des gens ; mais il faut que tout change.
C’est, mes Frères, le reproche que faisoit le Prophète Elie à ces foibles Israélites, qui tantôt sembloient vouloir retenir la religion des Saints Patriarches de qui ils tiroient leur origine ; & tantôt prostituoient leur culte & leurs hommages aux vaines idoles que Jeroboam avoit établies, ou adoroient sous le nom de Baal l’esprit d’erreur & de mensonge qui les avoit séduits. […] Si la comédie est innocente, si l’on peut y assister sans craindre de s’y corrompre & l’esprit & le cœur, pourquoi des condamnations si rigoureuses contre des hommes qui donnent au public un divertissement si agréable ? […] Le ridicule a souvent plus de force sur l’esprit des hommes que les exhortations les plus pathétiques & les déclamations les plus véhémentes. […] Mon esprit y trouve un délassement aussi honnête que nécessaire ; & mon cœur n’y voit point le poison qu’une morale trop sévère croit y appercevoir. […] Appliquez-vous à vous-mêmes, mes Frères, cette réflexion : le Spectacle ne fait point sur vous d’impression dangereuse ; mais il en feroit sur un cœur pur & encore novice dans la connoissance du mal ; mais il en fait sur cette jeune personne que vous y conduisez ; il lui fait éprouver un sentiment jusqu’alors inconnu ; il remplit son esprit d’une curiosité inquiète, son cœur de désirs confus, son imagination de fantômes importuns.
Dieu leur fasse la grâce d’apporter ici un esprit de docilité et de discrétion, pour se servir utilement d’une instruction, qui ne tend qu’à leur édification et salut. […] D’où vient aussi que l’esprit de Dieu11 en tire des similitudes pour nous encourager à la course spirituelle ; et aspirer au prix éternel. […] Item « Il faut retirer de telles assemblées du peuple, un esprit jeune et tendre, et qui n’est pas encore bien assuré en la vertu. […] C’est pourquoi ils n’ont eu jamais en l’esprit de corriger ceux qui font mal, et ne le peuvent quand ils le voudraient. […] Comprendre : il ne peut faire que cet esprit de sainteté ne soit attristé, quand les passions sont excitées pour des choses de néant.
Ce prince avoit de l’esprit, des talens, de bonnes qualités ; il gagna des victoires & se fit une réputation. […] Julien avoit été bien élevé, ses ouvrages supposent des connoissances, il aimoit les sciences & les savans ; son style étoit rapide & facile, son esprit vif, aisé, fécond, énergique. […] C’étoit unir le vice à la vertu, la difformité aux graces, la modestie à la licence, le bon esprit & la bouffonnerie, le bon sens & la frivolité, une religion édifiante & la profanation du plus saint état, les dégoûts de la vieillesse la plus rebutante & tous les charmes de la plus brillante jeunesse, dans la personne d’un libertin scandaleux, que ses folies avoient rendu perclus de tous ses membres, incapable de remplir les devoirs du mariage, & réduit à vivre de quelques pensions viageres mal payées, & de quelques mauvais livres qu’il appelloit le marquisat de Quinet, du nom de Quinet son libraire. […] Je reconnois à ma femme , porte le contrat de mariage, deux grands yeux fort malins, un très-beau corsage, une paire de belles mains, beaucoup d’esprit.
Voici l’aveu public qu’a fait sur le même sujet M. de la Motte dans son discours sur la tragédie : Nous ne nous proposons pas d’éclairer l’esprit sur le vice & la vertu en les peignant de leurs vraies couleurs. […] On prend le cothurne, on se pare avec des habits magnifiques, pour retracer dans l’esprit des hommes la mémoire des crimes passés. […] Lorsque les spectacles sont une occasion prochaine de péché mortel, quoiqu’on ne s’y trouve qu’à regret & par nécessité : c’est, dis-je, un péché mortel dans ce premier cas, 1°. parce qu’on autorise les acteurs par sa présence ; 2°. parce que l’on contribue à leur entretien, & que l’on coopere par conséquent au péché qu’ils commettent en représentant : s’il n’y avoit point de spectateur, il n’y auroit point d’acteur ; 3°. à cause du scandale ; 4°. à cause de la perte du tems ; 5°. par rapport au mauvais emploi de l’argent, qui est dû aux pauvres, s’il est superflu, ou aux autres besoins, s’il est nécessaire ; 6°. parce qu’on s’y expose presque toujours à l’occasion prochaine, & au danger presqu’inévitable d’offenser Dieu ; 7°. parce qu’en s’exposant ainsi à l’occasion prochaine de pecher, on tente Dieu ; 8°. parce qu’on fait une action que l’on ne peut rapporter à Dieu, & qui est directement contraire à l’esprit du christianisme, qui est un esprit de vigilance, de priere, de recueillement, de pénitence ; 9°. parce qu’on viole les loix de l’Eglise, qui condamnent les spectacles & ceux qui les représentent.
Et qu’ils sont capables de faire impression sur nos esprits ! […] Le Prélat s’éleve contre les chants passionnés de Lulli, contre les dangers de représenter, même l’amour légitime à cause des circonstances qui l’accompagnent, contre les scandales mêlés aux représentations du Théâtre ; il ramene à son opinion les Peres, les Philosophes anciens, Platon, & même le Philosophe Grec ; enfin il combat la Comédie par la vie sérieuse que commande l’esprit de la Religion. […] Il ajoute qu’on croit faussement n’être pas amolli par les Spectacles ; que les Auteurs tendent des piéges à la candeur ; enfin que l’esprit sérieux & mortifié de la Religion n’est pas compatible avec les jeux du Théâtre ; telle est la substance de son Traité**.
Il est des esprits prévenus, qui ne peuvent souffrir le moindre établissement moderne, & qui traitent d’innovations dangereuses les choses utiles qu’on ose entreprendre. […] On leur doit les progrès de l’esprit, & peut-être ceux de la vertu. […] Il est étonnant que dans un siècle où tout le monde se pique d’esprit & de philosophie, on ait à combattre des préjugés aussi bisares.
Je ne prétends pas condamner absolument toutes les Comédies, non plus que ceux qui y assistent, étant vrai qu’il s’en peut faire, et s’en est fait plusieurs, desquelles on est sorti sans être aucunement souillé ni blessé par les paroles qu’on y a entendues, ni par les actions qu’on y a vues, parce que tout y était fort honnête, et fort retenu ; ni celles qui ne sont que pour donner quelque récréation à l’esprit, et qui sont hors de tout péril. […] Il ne faut donc qu’un peu de vrai Christianisme ; il ne faut qu’un peu de zèle pour son salut et pour celui des autres, afin de bannir ces ennemis de la vertu et de l’honnêteté : que Messieurs les Magistrats se donnent la peine d’entendre le Saint Esprit, qui leur parle et qui leur crie, « apprenez Juges, ouvrez, les oreilles, vous qui tenez sous votre autorité, les multitudes, et qui vous plaisez dans les pouvoirs que vous avez sur les Troupes, apprenez deux choses, la premières que toute votre puissance vient de Dieu, la seconde que ce même Dieu vous demandera compte de toutes vos œuvres, et fondera jusqu’à la moindre de vos pensées, par la raison que vous ayant établi les Ministres de son Royaume, vous n’avez point observé la Loi de la Justice ni marché selon sa volonté : ce qui fait qu’en peu de temps il vous apparaîtra d’une manière terrible, et vous fera demeurer d’accord que le jugement contre ceux qui président aux autres, sera effroyable » : Que répondra donc à Dieu le Juge qui aura contribué à la perte des âmes, par la permission injuste qu’il aura donnée à ces persécuteurs de la vertu ? […] N’est ce pas aussi pour cela, Messieurs les Magistrats, que le Saint Esprit vous dit par la bouche du Prophète, « jusqu’à quand jugerez-vous injustement, et aurez-vous égard à la personne des pécheurs ?
Ces productions d’esprit, comme la plupart des autres, n’ont pour but que les applaudissements. […] Voilà l’esprit général de Molière et de ses imitateurs. […] Dans quelle disposition d’esprit le Spectateur voit-il commencer cette Pièce ? […] Quel est donc, au fond, l’esprit que le Comédien reçoit de son état ? […] Si ce soin de contrarier la Nature est nuisible au corps, il l’est encore plus à l’esprit.
Vous avez laissé avec raison aux déclamateurs de la chaire, cet argument si rebattu contre les spectacles, qu’ils sont contraires à l’esprit du Christianisme, qui nous oblige de nous mortifier sans cesse. […] L’esprit philosophique qui l’a dictée serait de même date parmi nous, et peut-être eût épargné à la nation Française, d’ailleurs si paisible et si douce, les horreurs et les atrocités religieuses auxquelles elle s’est livrée. […] Molière a voulu nous apprendre, que l’esprit et la vertu ne suffisent pas pour la société, si nous ne savons compatir aux faiblesses de nos semblables, et supporter leurs vices même ; que les hommes sont encore plus bornés que méchants, et qu’il faut les mépriser sans le leur dire. […] On rit de sa mauvaise humeur, comme de celle d’un enfant bien né et de beaucoup d’esprit. […] Est-ce à eux qu’il faut en faire honneur, ou à vous, ou peut-être aux progrès inattendus de la Philosophie dans les esprits même qui en paraissaient les moins susceptibles ?
Il se fatiguoit promptement dans les disputes de la conversation, & il quittoit sagement la partie ; il n’avoit meme ni assez de connoissance, ni assez d’esprit pour rien soutenir : il n’étoit rien hors de la Scène ; & il disoit, pour couvrir ses foiblesses, en style du Pont-neuf : Que feroit la Raison avec un filet de voix contre une gueule qui défend la Sotise ? […] On n’a pas moins lieu de rire, en voyant le successeur du sieur Querlon dans les Affiches, quoique Ecclésiastique & homme d’esprit, s’écrier d’un ton lamentable : Quand on songe que c’est l’Auteur du Misantrope, le Traducteur de Lucrece, le Disciple de Cassendi, l’appréciateur de Lafontaine, qui s’expose aux huées du peuple, monté sur un âne, on ne peut s’empêcher tout à la fois de le plaindre & de l’admirer.
Si, dans les ouvrages de belles Lettres, les Savants ont soin de laisser au Lecteur intelligent le moyen d’occuper son esprit, soit en devinant, ou même en ajoutant quelque fois aux idées qui lui sont présentées, et que l’Auteur, dans cette intention, n’aura pas tout à fait développées, j’ai cru que je ne pouvais rien faire de mieux que d’imiter une conduite également sage et utile ; parce qu’elle ne dérobe rien au Lecteur ignorant (pour qui il y en a toujours assez) en même temps qu’elle procure un vrai plaisir au Lecteur de génie et de goût, qui est bien aise de pouvoir mettre quelque chose du sien à sa lecture. […] La matière est vaste et demanderait un ouvrage complet : le jugement que les gens d’esprit et connaisseurs porteront du peu que je viens de dire sera mon guide, et me confirmera dans mes idées, si on les approuve ; ou me les fera rejetter, si on juge que je me sois trompé.
Le pauvre esprit de femme et le sec entretien ! […] Oui, mais il veut avoir trop d’esprit, dont j’enrage. […] A la commune voix veut-on qu’il se réduise, Et qu’il ne fasse pas éclater en tous lieux L’esprit contrariant qu’il a reçu des Cieux ? […] Elle y paraît sans honte et sans infamie ; on y fait gloire d’en être touché ; ainsi l’esprit s’y apprivoise peu à peu ; on apprend à la souffrir et à en parler ; et l’âme s’y laisse ensuite doucement aller, en suivant la pente de la nature. […] On a cherché à détruire des principes qu’on a décorés du nom de la vérité, et à détromper les esprits sur des raisons, qui toutes faibles qu’elles sont par elles-mêmes, pourraient séduire des gens déjà intéressés à les trouver bonnes.
Elle répondit mieux que d’autres, parce qu’elle avoit de l’esprit & de la pénétration. […] Elle fut heureuse d’avoir son théatre en Angleterre, où les esprits plus sérieux s’occupent peu des foiblesses des femmes. […] La question étoit délicate ; il s’en tira en homme d’esprit. […] Toutes les deux viennent d’une belle main, & ont le même esprit. […] Esprit supérieur, cœur le plus tendre, graces inexprimables, comment ne pas s’aimer !
Rien de plus juste ; tous ces discours malins, téméraires, irréligieux, ne sont qu’un air d’esprit fort, qu’on veut se donner. […] Il n’est, dit-il, que trop d’esprits lâches & corrompus, qui vivent sans principes, & parlent sans courage. […] On la peint aussi méprisable par le cœur que par l’esprit, aussi foible dans la vertu que fausse dans ses jugemens. […] Les réduits ignorés, où des esprits crédules desabusés trop tard, & voués au malheur. […] Esprit de tyrannie, le plaisir d’opprimer des captifs abattus, &c.
en a-t-on plus d’esprit, de talens, de force, de santé, de vertu ? […] Ce n’est que depuis qu’on a imaginé qu’il falloit soutenir par la pompe des habits une autorité que l’irréligion affoiblit tous les jours dans l’esprit des peuples, que la majesté des queues est devenue d’étiquette. […] Celle-ci est encore plus embarrassante dans les fonctions, plus indécente à l’Eglise, plus fastueuse & par conséquent plus opposée à l’esprit & aux mœurs du Clergé. […] Tout cela est vrai, & nous devons adorer tous les paroles du Saint Esprit, qui tire des instructions pour nous de toutes les créatures. […] C’est également combattre l’esprit de la loi.
Mais ce qui étoit bien dans l’esprit du théatre, & où il avoit encore plus de génie, c’est un caractere caustique. […] Mais le trait le plus singulier, qui a fait le plus de bruit dans toute l’Europe, & qui caractérise le mieux son esprit hardi & cynique, c’est un libelle affreux contre Philippe Duc d’Orléans, alors Regent du Royaume. […] Le théatre n’a point l’esprit créateur ; Moliere même si vanté n’est qu’un copiste. […] Tout est émaillé de pareilles pieces de rapport qui décellent un esprit épuisé qui ne sait comment finir un vers. […] Il n’y a aucune invention, & dans l’exécution aussi peu d’esprit.
Pour trouver cet assaisonnement qui fait avaler le crime avec plaisir, on n’a pas besoin de voyager à l’isle de Cythère, le cœur & l’esprit sont de grands maîtres, & la faim n’est pas moins irritée. […] Qu’on les compare avec les canons des Conciles, dont la précision & la sagesse sont au-dessus de tout soupçon de déclamation, par-tout même esprit, même doctrine, mêmes expressions, par conséquent même matiere de péché, très-différente du culte idolâtrique des premiers temps. […] Il faut sans doute qu’il en ait lû dans les astres l’horoscope, & prédit les mœurs, l’esprit, & la réforme. […] Quelle source de réflexions pour l’esprit philosophique ! […] Grégoire de Nazianze, &c. gens qui non seulement par leur vertu, leur dignité, leur science, ce qui ne souffre pas même de comparaison, mais par leur esprit, leur talent, leurs ouvrages, valent tous les Sophocles, les Euripides, & tous les Mercures anciens & modernes ensemble.
Par un Passage de Platon, dans le second Livre des Loix, par les Vases Etrusques sur lesquels on voit des cothurnes & des masques, & par Varron qui nomme un Poëte qui avoit fait des Tragédies Toscanes ; on juge que les Spectacles Dramatiques furent très-anciens dans l’Italie : mais les Romains peu curieux des amusemens de l’Esprit, les ignorerent pendant plusieurs Siécles. […] Il n’inventoit pas les Sujets de ses Piéces : le Peuple qui admiroit l’esprit des Grecs, ne vouloit voir sur le Théâtre que des Sujets tirés des Piéces Grecques : il falloit que le lieu de la Scene fût à Athenes, & parce que celui des Menechmes étoit en Sicile, Plaute prévient dans son Prologue, que malgré cela cette Piéce est Grecque, Hoc argumentum Græcissat, tamen Non Atticissat, verum Sicilicissat. […] Ce Peuple, qui par une fierté mal fondée, avoit pendant plusieurs siécles, regardé comme de vils amusemens des Grecs, tous les Arts qui font honneur à l’Esprit, admira un Baladin, dont la science consistoit à tout imiter par ses gestes : un Acteur toujours muet à qui sa main servoit de langue. […] Ce n’étoient point des Piéces faites pour plaire à l’esprit, qui excitoient cette Passion ; on en exécutoit quelquefois : Saint Augustin dans ses Confessions nous fait entendre qu’il avoit assisté à des Piéces qui l’attendrissoient. […] L’amour des Ouvrages d’Esprit avoit rendu les Grecs humains.
Mais une pièce dramatique régulière, partagée en scènes et en actes, formant un dessein, un nœud, un dénouement, accompagnée de chant, de danses, de machines, où l’on ne parle qu’en chantant, où l’on ne marche qu’en dansant, un spectacle où tout est réuni pour flatter le cœur, l’esprit, les yeux, les oreilles, que l’histoire de l’Opéra appelle « le spectacle universel, le triomphe de l’esprit humain, le grand œuvre par excellence », et qui en effet bien mieux que celui des Chimistes, fait couler des fleuves d’or dans la main des Acteurs, et une pluie d’or dans le sein des Danaé qui habitent ce pays des Fées ; on ne le connaissait qu’en Italie, il avait été ébauché en faveur de la maison de Médicis, à qui on doit en Europe la naissance des arts et du luxe. […] mars 1764.) s’est avisée, à propos de rien, d’en faire l’apologie, et d’une manière fort maladroite : « On ne conçoit pas, dit-elle, comment il se trouve des esprits assez chagrins pour désirer l’anéantissement de l’opéra, où tous les arts imitateurs se réunissent et se combinent pour s’emparer de l’âme par tous les sens. » Le Journal de Trévoux, qui annonce cette Gazette (avril 1764), en rapportant cet endroit, ajoute avec vérité : « On pourrait répondre sans chagrin, que la raison donnée en faveur de l’opéra est peut-être la meilleure qu’on puisse fournir pour son anéantissement. » Qu’y a-t-il en effet de plus dangereux et de plus mauvais que ce qui s’empare de l’âme par tous les sens ? […] Il en donna de magnifiques pour le temps ; les Poètes l’appelaient esprit divin, géomètre inventif, unique en sa science. […] Elles nuisent plutôt, en aigrissant les esprits des Princes joués, qui ne manquent guère d’en être instruits, et qui souvent assez faibles pour y être sensibles, cherchent à s’en venger.
L’Auteur y parle en Philosophe moral, qui s’applique particulièrement à examiner les effets dangereux que la Comédie peut causer dans l’esprit et dans le cœur. […] On rapporte l’exemple de la mère de sainte Macrine sœur de saint Grégoire de Nysse, qui avait un si grand soin de sa fille, qu’elle ne lui permettait pas de lire des Fables ni des Comédies, regardant comme une chose honteuse de gâter un esprit encore tendre, par toutes ces Histoires tragiques de femmes, dont les fables des Poètes sont remplies, ou par les idées mauvaises des Comédies. […] Il se sert de la comparaison des Peintures immodestes dont l’usage est condamné, parce qu’elle ramènent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment ; et il dit que les expressions du Théâtre touchent plus, parce que tout y paraît effectif : les vraies larmes dans les Acteurs en attirent d’aussi véritables dans ceux qui les regardent. […] On y joint des Conciles, et l’on est fort diffus sur les raisons tirées de l’opposition de la Comédie à l’esprit du Christianisme. […] Dans le Cid on parle d’un parricide commis, en ces termes : « Enfin n’attendez pas de mon affection, Un lâche repentir d’une belle action, Je la ferais encore, si j’avais à la faire. » Et la Fille du Père assassiné, loue l’assassin, « Tu n’a fait le devoir que d’un homme de bien. » On y trouve des Leçons de vengeance d’un Père à son Fils : « Va contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs, ou tue. » Dans Polyeucte cette Pièce prétendue sainte, on voit une Fille qui parle d’un Amant que ses parents ne voulaient pas qu’elle épousât : « Il possédait mon cœur, mes désirs, ma pensée, Je ne lui cachais point combien j’étais blessée, Nous soupirions ensemble et pleurions nos malheurs, Mais au lieu d’espérance il n’avait que des pleurs. » On dit qu’on a combattu le faux dévot dans le Tartuffe ; cependant après qu’on a détrompé Orgon, on le fait ainsi parler contre tous les gens de bien : « C’en est fait, je renonce à tous ces gens de bien, J’en aurai désormais un horreur effroyable, Et m’en vais devenir pour eux pire qu’un diable. » Dans le Festin de Pierre, on expose les maximes les plus impies ; et le tonnerre qui écrase l’Impie, fait moins d’impression sur les méchants qui assistent à cette malheureuse Représentation, que les maximes détestables qu’on lui entend débiter, n’en font sur leurs esprits.
Je conviens par la malignité qui caractérise l’esprit humain, que c’est un très-grand plaisir de voir son semblable tourné en ridicule, & de pouvoir se mettre au-dessus de lui : je conviens qu’on jouit avec satisfaction de l’embarras d’un jeune provincial qui se présente d’un air gauche dans un cercle brillant, qui salue d’un air timide, & qui perd contenance : je conviens qu’on est charmé de voir un homme qui se laisse duper comme un sot : pourquoi cela ? […] Cette maxime leur enseigne à semer quelques fleurs sur le chemin de la sagesse & de la vertu, dans lequel ils veulent les faire marcher : cette maxime condamne ces maîtres durs & impérieux, qui dégoûtent de faire le bien par la maniere dont ils le dépeignent, & qui semblent avoir moins à cœur d’inculquer dans l’esprit de leurs Disciples les divines leçons de la sagesse, que de leur prouver qu’ils sont eux-mêmes des sages par excellence. […] On me demande maintenant quelle figure je crois que fera la Comédie, si on la travaille d’après mes principes ; je réponds qu’elle tiendra dans l’esprit des gens raisonnables le rang qu’elle mérite ; je n’empêche pas qu’on ne donne des Comédies bouffonnes pour ceux qui aiment que la Comédie les fasse rire, mais je prétends que ces Comédies sont contraires au but que doit se proposer la bonne Comédie ; au lieu que celle-ci a au-moins la gloire de travailler à la correction des Mœurs.
Oui, cet esprit doux, patient, humble, chaste, charitable, miséricordieux, qui fait le caractère et l’excellence des mœurs du Christianisme, a plus de convenance avec le génie et le cœur des femmes, à qui la douceur et la patience, la soumission et la pudeur, la compassion et la charité, sont des vertus presque naturelles : Au lieu que nous autres, si nous les voulons acquérir, nous sommes obligés de travailler beaucoup sur notre cœur ; qui est naturellement violent et impatient, fier et sensuel, dur et impitoyable. […] Je vous avoue, Agathon, que j’ai de la peine à décider : Car outre que j’ai un penchant naturel à ne pas juger mal de mon prochain, les raisons qui se présentent à mon esprit sur cette affaire, me partagent ; et si vous le voulez, nous les examinerons sans aucun préjugé. […] L’on dit qu’on a grand tort d’avoir condamné et réduit les femmes à l’ignorance ; car on leur trouve aujourd’hui tant d’esprit pour les Sciences, et principalement pour le droit, que bien des gens, et même leurs maris, jugent qu’un procès réussit mieux entre leurs mains.
Telle dans ces jardins d’où l’œil au loin découvre, On voit dans le Printemps la Vénus de nos jours, Sous un berceau de myrthe assembler les Amours, Pour surprendre Zéphire au lever de l’aurore, Sur le sein d’une fleur, qu’il vient de faire éclore ; Les Grâces et les Ris accompagnent ses pas ; La fraîcheur du matin ajoute à ses appâts ; La Nature sourit en la voyant si belle, Et Zéphire la prend pour une fleur nouvelle ; Mais où court mon esprit ? […] Tout annonce l’horreur, je ne vois plus l’amour ; C’est Armideaa qui vient d’esprits environnée, Un poignard à la main, de serpents couronnée. […] « En vain tu hais Renaud, lui dit-il…,pour toujours De lui seul dépendra le bonheur de ses jours ; D’un Dieu charmant telle est la volonté suprême, J’ai prononcé l’Oracle, il l’a dicté lui-même. » Aux ordres du Destin, esprits, obéissez.
» L’Eglise doit donc dans le cas présent, tourner toute son application à faire connaître l’ivraie aux Fidèles, et leur en donner de l’horreur de peur qu’ils ne prennent pour bonne nourriture, ce qui certainement gâterait leur esprit et leur cœur. […] Ce fut alors que je crus véritablement avoir exterminé une barbare coutume, consacrée par une longue antiquité, et laquelle comme un ennemi terrible, obsédait ou plutôt captivé leur esprit. […] » Que les Prédicateurs et les Théologiens, frappés de ces exemples, ne cessent point de crier contre les Spectacles, tandis que l’Eglise lance ses foudres contre les Comédiens ; qu’ils représentent le Théâtre, comme l’école de l’impureté, la nourriture des passions, l’assemblage des ruses du démon pour les réveiller, où les yeux sont environnés d’objets séducteurs, les oreilles ouvertes à des discours souvent obscènes et toujours profanes, qui infectent le cœur et l’esprit.
en connaît-on beaucoup, qui affectionnés au sermon et à l’office de la paroisse, après les avoir ouïs ; aillent perdre à la comédie dans une si grande effusion d’une joie mondaine l’esprit de recueillement et de componction, que la parole de Dieu et ses louanges auront excité ? Disons donc, que les comédies ne sont pas faites pour ceux qui savent sanctifier les fêtes dans le vrai esprit du christianisme, et assister sérieusement à l’office de l’église.
Addressee à tous les beaux Esprits.
Tout cela marque beaucoup d'esprit, de goût et de religion dans un enfant de huit à neuf ans. […] Serait-ce bien connaître la jeunesse et sa fragilité, ces cœurs tous neufs et leur sensibilité, ces esprits naissants et leur vivacité, ces caractères peu solides et leur légèreté, cet amour du plaisir et sa violence, que d'abandonner des barques si faibles à une mer si orageuse ? […] Evremont, dont l'esprit brillant, le style étudié, les mœurs épicuriennes, la religion commode, n'ont rien de suspect pour Melpomène, en faveur de laquelle il a beaucoup écrit ! […] Il y montre combien la lecture des pièces de théâtre et l'assiduité au spectacle dérangent le cœur et l'esprit des jeunes gens, les remplissent de chimères et de passions, et les rendent incapables d'éducation et inutiles à tout dans la société. […] Cyr beaucoup d'esprit et de vanité, la dévotion et l'amour du monde, composait de petites pièces et les faisait représenter, enseignait ses élèves à déclamer, à sentir et à inspirer la passion.
L’Esprit de Moliere, 71.
Livres des spectres ou visions et apparitions d’esprits anges et démons, se montrans sensiblement aux hommes.
[FRONTISPICE] NOUVEAUXESSAISDE MORALE sur le luxe et les modesl'usage de l'esprit etde la sciencela chastete du style et du langagel'antipathie et la bizarrerieles duelsla crainte du tonnerre Et sur ces paroles Proverbiales il ne faut pas disputer des gouts.
LEs autorités très-respectacles & les raisonnemens très-solides qui forment cet Ouvrage en rendent l’impression très-utile ; on desire ardemment qu’il soit lu avec pause, & l’esprit dépouillé de toute prévention.
il les connaîtra aisément ; du moins je me fie assez à la pénétration de son esprit, pour ne les lui pas indiquer ici. […] Voilà dans quel esprit on doit lire une grande partie de ce qui concerne la Comédie-mêlée-d’Ariettes ou l’Opéra-Bouffon.
Mais la cinquième Loi est plus forte : « C’est une chose entièrement nécessaire, et toute dans l’ordre de Dieu, que tous les Chrétiens, et tous les fidèles, s’occupent de tout le cœur, et de tout l’esprit au culte divin, et aux actions de la piété, et de la religion qu’ils professent, avec un renoncement absolu de tous les plaisirs du Cirque, et du Théâtre, dans toutes les villes du monde, le jour du Dimanche, qui commence la semaine, et qui attire les bénédictions de Dieu sur toutes les œuvres qu’on y fait ; et pendant le temps de l’Avent, des Fêtes de Noël, et de l’Epiphanie ; aux Fêtes de Pâques, et pendant tout le temps Pascal, c’est-à-dire jusques à la Pentecôte, dans lequel ceux qui ont été baptisés portent publiquement les signes de la lumière Divine dont ils ont été éclairés, et remplis au saint Baptême, par la blancheur de leurs habits » ; Item l. 5. eod. tit. […] Et plus bas : « Mais quoique nous défendions toutes ces œuvres serviles par la considération de ces jours, qui sont si saints, et si pleins de religion, et qui doivent être célébrés dans le repos de l’esprit ; nous ne souffrirons pas néanmoins qu’aucun s’adonne à la recherche des plaisirs terrestres, et des voluptés sensuelles.
L’expression, qui, comme plusieurs autres de ce caractère, que ce bouffon met à tout moment dans la bouche de ses acteurs, ne signifie rien dans la phrase ; ces vilains termes, ce langage aussi plat qu’irréligieux ne sont que déceler un cœur dépravé, in abundantia cordis os loquitur ; & la mauvaise habitude qui, à tout propos, le séme dans la conversation sans esprit & sans goût. […] Cette exception est inexcusable dans un philosophe si éclairé, & d’un esprit si conséquent & si juste. […] On colore ce goût de libertinage, du prétexte de montrer l’habileté de l’artiste dans les carnations & les formes du corps humain, comme dans la licence des paroles, ce n’est, dit-on, que l’esprit, les talens, la gaieté du Poëte qu’on admire. L’amateur, le spectateur, l’artiste n’ont que des yeux savans, un cœur peintre, un esprit poëte : élevés au-dessus des sens, la nature ne leur à point donné des passions ; leur chair ne se révolte jamais ; ce ne sont point des hommes, c’est un pur amour Platonique, qui ne voit, ne goûte dans les femmes que l’ouvrage du Créateur. […] Le même esprit qui préside au choix du sujet, dirige la plume du poëte, l’action de l’acteur, le pinceau de l’artiste, la toilette de la figurante, les pas de la danseuse, l’archet du musicien.
Votre esprit et votre façon de dire auraient entraînés et convaincus les Juges les plus sévères. […] Une dispute très vive s’éleva entre cet excellent Poète et la société qui avait formé son esprit et ses talents. […] Racine, celui dont on crut l’accabler, et que l’on peignit des couleurs les plus affreuses, fut d’avoir employé son esprit au soutien du Théâtre.
Et il arrive aussi quelquefois que des personnes sans être touchées de passion, et voulant simplement faire paraître leur esprit, s'y trouvent ensuite insensiblement engagées.
Or on ne représente guère que des méchants, et on ne parle que devant des personnes du monde, qui ont le cœur et l'esprit corrompus par des passions déréglées et de mauvaises maximes.
Or on ne représente guère que des méchants, et on ne parle que devant des personnes du monde qui ont le cœur et l'esprit corrompus par de mauvaises passions et de mauvaises maximes.
Il y a bien des gens qui étouffent de mauvais desseins, parce qu'ils manquent d'adresse pour s'en expliquer: et il arrive aussi quelquefois que des personnes sans être touchées de passion, et voulant simplement faire paraître leur esprit, se trouvent ensuite insensiblement engagées dans les passions qu'elles ne faisaient au commencement que contrefaire.
Ainsi le besoin que l'on a de se délasser quelquefois, ne peut pas excuser ceux qui prennent la Comédie pour divertissement; puisqu'elle imprime, comme nous avons dit, des qualités venimeuses dans l'esprit, qu'elle excite les passions, et dérègle toute l'âme.
Ainsi le besoin que l'on a de se délasser quelquefois, ne peut pas excuser ceux qui prennent la Comédie pour un divertissement, puisqu'elle imprime, comme nous avons déjà dit, de mauvaises qualités dans l'esprit, qu'elle excite les passions, et dérègle toute l'âme.