/ 523
186. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

Mais ce qui leur paraît de plus rebutant et de plus épineux, c’est que pour donner à ces ouvrages les ornements qu’ils demandent, il faut se remplir des grandes vérités de la Religion, et tirer de l’Ecriture sainte ces riches expressions que nous fournit la divine Poésie du Psalmiste et des Prophètes, et qui sont fort au-dessus de tout ce que l’ingénieuse et savante Antiquité a de plus grand et de plus magnifique. […] Nous avons un illustre exemple dans Polyeucte, et puisque Judith dont l’Histoire est si délicate et si difficile à traiter, n’a pas déplu dans la forme que je lui ai donnée, que ne peut-on pas attendre de ceux qui avec une Muse plus forte que la mienne, voudront entreprendre de semblables ouvrages, et leur donner tous les ornements de la Scène.

187. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Y a-t-il une Ecole d'athéisme plus ouverte que le Festin de Pierre, où après avoir fait dire toutes les impiétés les plus horribles à un athée, qui a beaucoup d'esprit, l'Auteur confie la cause de Dieu à un valet, à qui il fait dire, pour la soutenir, toutes les impertinences du monde ; Et il prétend justifier à la fin sa Comédie si pleine de blasphèmes, à la faveur d'une fusée, qu'il fait le ministre ridicule de la vengeance divine; même pour mieux accompagner la forte impression d'horreur qu'un foudroiement si fidèlement représenté doit faire dans les esprits des spectateurs, il fait dire en même temps au valet toutes les sottises imaginables sur cette aventure. […] dit qu'en y représentant des parricides, on y enseigne ce qu'on peut faire par l'exemple de ce qu'on a fait ; que les comédiens émeuvent les sens, qu'ils flattent les passions, et qu'ils abattent la plus forte vertu ; que quelque innocente que fût la ComédieChap. 12 des Spectaculis.

188. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Il leur bâtit de magnifiques salles de spectacle, il leur fait les plus fortes pensions. […] On peut voir tout ce que nous avons dit fort au long sur la danse. […] C’est que cette grosse Allemande, qui a le poignet fort, sans s’embarrasser des beautés sublimes de Zaïre, de Mahomet, lui fit lâcher prise à grands coups de poingts, sans garder la mesure des vers. […] Le Bibliotéquaire de Sa Sainteté approuve fort cette doctrine Orthodoxe. […] Mais que devient au fond cette raison si vaine, Qui sur les animaux fait si fort la hautaine ?

189. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Mais il faut bien se garder de la peindre avec des couleurs trop fortes, cette passion si vive, si dangereuse. […] C’est fort bienfait. […] La Scène entre Blaise & Madame Pince est encore plus forte. […] Formera-t-on de nouveau la question, sçavoir s’il convient de mettre sur la Scène de fortes indécences voilées avec assez d’art ? […] Cette Romance est fort jolie, à l’indécence près.

190. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Et ne conviendrez-vous pas, Monsieur, que c’est un effet du pouvoir de la Vertu que la pitié que l’on conçoit pour Phèdre, qu’on haïssait si fort avant que de la mieux connaître ? […] Voilà ce que d’habiles gens, des connaisseurs délicats, remarquent au premier coup d’œil ; « au lieu que nous autres petits Auteurs, en voulant censurer les écrits de nos maîtres, nous y relevons, par étourderie, mille fautes, qui sont des beautés pour les hommes de jugement. »by C’est donc votre fautebz de n’avoir pas senti pourquoi M. de Crébillon a conservé au caractère d’Atrée toute la noirceur qu’il a trouvée dans l’original Grec, à très peu de chose près ; c’est votre faute de n’avoir pas senti pourquoi ce Sophocle Français a mis, dans la bouche de ce monstre ce vers terrible qui vous révolte si fort ; c’est votre faute enfin de ne pas savoir que plus un Scélérat est heureux, plus il est en horreur à tous ceux qui le connaissent. Un des motifs qui fait que les Comédiens jouent rarement cette pièce c’est qu’ils savent que la plupart des Spectateurs sont révoltés si fort de l’horrible cruauté d’Atrée, qu’ils ne peuvent que rarement soutenir une seconde représentation de cette pièce. […] » cf Vous voyez bien Monsieur que le scrupule de mettre de grands Criminels sur la Scène serait pusillanime puisque les produisant il en résulte qu’on en conçoit une horreur plus forte pour le crime, et que l’effet que vous craignez que leur exemple ne produise n’est qu’une chimère, puisqu’il ne s’est jamais manifesté depuis tant de milliers d’ans que l’histoire, l’épopée, la Tragédie et la Scène mettent sous les yeux des Scélérats ; mais Mahomet n’est point puni, non Monsieur. […] « Les anciens, dites-vous, avaient des héros et mettaient des hommes sur leurs Théâtres ; nous, au contraire, nous n’y mettons que des héros, et à peine avons-nous des hommes »cj  : mais les anciens faisaient fort mal, et nous faisons fort bien.

191. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

On s’accoutume à regarder les plus saints, les plus grands hommes, comme des personnes ordinaires, des personnages de théâtre, fort au-dessous du haut degré de vénération où l’Esprit Saint les présente. […] Un Athée dit ne pas croire en Dieu, un Déiste le suppose indifférent à sa propre gloire ; en se familiarisant si fort avec le Dieu des armées, montre-t-on plus de religion ? […] Cette pièce est belle et intéressante, mais l’Ecriture y est fort altérée. […] Ce qui fit dire fort plaisamment à Madame la Dauphine, comme rapporte Madame de Sévigné (tom. 5. […] La comédie, qui ne cherche qu’à s’amuser de dévotion, comme de tout le reste, est demeurée en possession de ce chef-d’œuvre, non par piété, ce qui lui est fort indifférent, mais parce que le public, qui l’admire avec raison, y apporte de l’argent.

192. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Le théâtre a plus répandu l’esprit d’irréligion que le Dictionnaire de Bayle et l’Encyclopédie ; le théâtre, qu’on dit épuré, a formé les Déistes et les esprits forts. […] N’est-ce pas une objection des impies, que toutes les religions ne sont que des liens de politique, dont chacun dans son cœur se moque, et dont le Dieu qu’on adore s’embarrasse fort peu ? […] ) en fait un fort long traité. […] Un Docteur, nommé Prinn, scrupuleux à outrance, qui se serait cru damné, s’il avait porté une soutane au lieu d’un manteau court, selon l’usage des Presbytériens, s’avisa d’écrire un fort mauvais livre contre d’assez bonnes comédies qu’on représentait très innocemment devant le Roi. […] Ce Docteur était un très savant homme, qui a fait de fort bons ouvrages.

193. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

.° A plus forte raison un homme est-il irrégulier et incapable d’ordre et de bénéfice, s’il a été Comédien lui-même : « Clericum non ordinandum qui in scena lusisse cognoscitur. » (Distinct. […] Les Ecoliers qui jouent des pièces dans les collèges, ne sont pas à la rigueur dans le cas de l’irrégularité ; c’est un genre de spectacle fort différent, quoique dangereux, et qui devrait être supprimé. […] 3.° A combien plus forte raison, si quelque Ecclésiastique déshonore la dignité de son état, jusqu’à se faire Comédien, il devient infâme et perd tout privilège clérical : « Cleri qui clericalis ordinis dignitati non modicum detrahentes, se joculatores seu gaillardos faciunt, aut buffones, ipso jure careant omni privilegio clericali. » (C. […] Les Curés de Paris observent religieusement cette conduite, qui est fort approuvée par le Cardinal de Noailles, parce que les Comédiens contribuent aux péchés de tous ceux qui vont au spectacle, que l’Eglise a toujours condamné. » N’y eût-il que la manière indécente dont on y traite le mariage, ils devraient en être exclus. […] Qu’on lui érige, si l’on veut, une statue sur le Parnasse de M. du Tillet, à côté de Sophocle et d’Euripide, quoique après tout deux ou trois pièces de quelque mérite sont un fort petit titre ; à la bonne heure, peu importe à la religion ; mais qu’on place aux pieds des autels le mausolée d’un Histrion, qui ne devrait pas y avoir la sépulture, pour canoniser en quelque sorte le théâtre, que la religion et les mœurs ne cessent de condamner, peut-on imaginer de plus indécente apothéose ?

194. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Je ne m’amuserai point à les concilier : il nous importe fort peu de savoir lequel de ces deux Opéras eut le pas sur l’autre. […] Les uns tiennent pour Lully, les autres prétendent qu’il n’était qu’un écolier en comparaison de Rameau ; ces derniers, je ne sais pourquoi, paraissent être les plus forts : nous éxaminerons plus bas quelque chose de cette importante question, qui agita autrefois toute la France. […] On ne saurait se prêter à une illusion aussi forte. […] Toutes les raisons qu’il allégue se détruisent d’elles-mêmes, lorsque l’on considère que la danse est l’image de la joye qu’on éprouve ; & qu’il est fort naturel qu’une grande multitude de gens forment des danses, lorsqu’ils ont quelques sujets d’allégresse. […] Rousseau, on lit au mot Opéra des choses fort curieuses & fort sensées sur l’union de la musique à la Poèsie, qui prouvent que cette union n’est point si bisarre au Théâtre de l’Opéra, où tout doit être merveilleux ; mais qu’elle est au contraire fort naturelle.

195. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Les théâtres ont toujours été fort contraires aux bonnes mœurs. […] Quelques personnes croient que les Tragédies qui ont été introduites depuis, ne sont nullement nécessaires pour cela, leurs raisons sont fortes. […] Les Tragédies et les Comédies doivent être fort rares. […] Notre Défenseur des comédiens paraît dans cette Objection, être un fort méchant Théologien ? […] Peut-être que le diable qui tient déja l’âme captive par d’autres plus fortes passions, néglige de se servir contr’elle de cette tentation qui est trop grossière.

196. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328

Ainsi le Récitatif sera écrit d’un stile fort & nerveux ; les Vers en seront plutôt aléxandrins que d’une autre mesure ; il ne contiendra que des passions tragiques, & qui ont quelque chose de lent, telles que la douleur, l’incertitude, &c. […] On l’appella long-tems Vaudevire, comme qui dirait Chanson faite à Vire ; ensuite par corruption, on lui donna le nom de Vaudeville : peut-être aussi pour èxprimer que cette espèce de Chanson est fort en usage dans les Villes. […] Des raisons encore plus fortes prouvent qu’il faut bannir la Ritournelle des Ariettes du nouveau genre. […] Des raisons bien plus fortes l’engagent encore à suivre avec soin la Prosodie, ou la manière de prononcer les mots. […] Ce que dit d’Aubignac me paraît fort sensé : « le Théâtre peut bien, sans doute, souffrir la musique, mais il faut que ce soit pour réveiller l’appétit & non pour le saouler ; il n’y a point de plaisir qui puisse rassasier sans dégoût ».

197. (1631) Panegyrici et orationes « ACTIO IN HISTRIONES PANURGUS ORAT PRO HISTRIONIBUS UT IN URBEM ADMISSI ABULAS DOCERE PERMITTANTUR. ORATIO IX. » pp. 297-324

Si qui forte tragœdiis ad obscœnitatem abutuntur, non ideo penitus tollenda sunt. […] Equidem quæ sint animi tui sensa non perspicio : nisi forte cum ea quæ dixi hactenus negare summæ sit impudentiæ ; quæ pulchra, quæ honesta, quæ sancta nostris in theatris exercentur malitiose prætermittis, ut ad sordes nescio quas tanquam importuna vespa adhærescas. […] in artem præstantissimam refundas si quid forte nonnullorum culpa peccatur ? […] Jaciant igitur, et immittant in nos telum illud quantumlibet adversarii, non pervenient ad famam et existimationem nostram nisi forte ut suo illos ferro vulneremus. […] Si qui forte tragœdiis ad obscœnitatem abutuntur, non ideo penitus tollenda sunt.

198. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

L’âme est jetée dans le corps pour y faire un séjour de peu de durée ; elle sait que ce n’est qu’un passage à un voyage éternel, et qu’elle n’a que le peu de temps que dure la vie pour s’y préparer : les nécessités de la nature lui en ravissent une très grande partie ; il ne lui en reste que très peu dont elle puisse disposer ; mais ce peu qui lui reste l’incommode si fort et l’embarrasse si étrangement, qu’elle ne songe qu’à le perdre. […] Ils ont une forte tendance à corrompre et à vicier l’esprit par des plaisanteries immorales, ou en donnant des idées fausses sur l’amour, l’honneur et tout ce qui a rapport à la conduite de la vie. […] Il ne faudrait pas en permettre l’usage à un peuple civilisé, à plus forte raison à une nation chrétienne. […] C’est une peinture si naturelle et si délicate des passions, qu’elle les anime et les fait naître dans notre cœur, et surtout celle de l’amour, principalement lorsqu’on se représente qu’il est chaste et fort honnête ; car, plus il paraît innocent aux âmes innocentes, plus elles sont capables d’en être touchées. […] C’est aux puissances inférieures de notre nature qu’ils ont coutume de s’adresser, c’est à nos sens, à notre imagination, à nos passions ; ils accoutument notre âme aux émotions fortes et factices, de manière à nous blaser en peu de temps, et à nous donner bientôt un profond éloignement pour des lectures et des compositions d’un goût plus pur et plus sévère, surtout pour les saintes Ecritures et pour tous les livres religieux, dont la lecture forme l’un des plus importants devoirs de la vie, et contribue à notre bonheur en ce monde et en l’autre.

199. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Regardez notre dispute comme le voyage des deux pots de l’Apologue, où le faible doit naturellement succomber au plus fort. Je n’ai garde de me jouer à mon Maître, je connais vos sentiments pour des sentiments puisés dans le sanctuaire de la droite raison ; ils deviennent d’autant plus forts, que vous les dépouillez de cette raison sèche et épineuse, qui fait qu’on se morfond souvent dans les peintures de la vérité : au lieu que lorsqu’elle est maniée par une plume vive et animée comme la vôtre, elle fait un progrès sur les cœurs, dont il n’est pas permis de se défendre. […] Vous m’allez demander peut-être qui l’a donc si fort ruiné : je ne crois pas que le Docteur Molière y ait perdu ses soins ; il a par ses belles leçons mis les maris sur un certain pied de commodité, qu’ils sont les premiers à faire les honneurs de leurs femmes, quand elles-mêmes n’ont pas la charité de leur en épargner le soin : voilà peut-être un des endroits où Molière a le mieux réussi, et sur lequel sa morale a fait le plus de progrès ; car je crois que c’est sur Molière que vous voulez faire tomber toutes ces belles œuvres que la Comédie a faites.

200. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

Au onzième siècle5 les Tournois devinrent fort célèbres par les soins du Seigneur Geoffroy de Preuilly. […] On remarque plusieurs anciens usages très condamnables, dont on n’a pourtant pu faire revenir le monde qu’après les avoir condamné durant fort longtemps. […] On revenait durant plusieurs jours à la charge, cela se faisait fort solennellement, et il en restait plusieurs sur la place. « Je parlai, dit ce Père12 , avec toute la force possible, pour arracher des cœurs de mes Auditeurs un penchant si cruel.

201. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

M. de Bagnols avertit la Mère Angélique de son erreur, et l’assura que ce Père était un fort bon Religieux, et même dans le cœur assez ami de la vérité. […] Les Capucins furent conduits avec honneur de l’Église dans le Réfectoire, où ils trouvèrent un bon déjeuner qui les attendait, et qu’ils mangèrent de fort bon cœur, bénissant Dieu qui ne leur avait pas fait manger leur pain blanc le premier. […] Vous croyez dire par exemple quelque chose de fort agréable, quand vous dites sur une exclamation que fait M.

202. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Absalon était fort extraordinaire dans sa personne et dans ses procédés à ce qu’il paraît : M. […] Au reste, les voleurs de dîme sont fort obligés à M. […] Aussi les Dames s’offensèrent-elles de ces excès et de ceux de Sancho : ce qui mortifia fort M. […] Lorsqu’ils approuvent ou condamnent une chose ; n’est-ce pas une forte raison pour nous de l’approuver ou de la condamner ? […] [NDE] Le graveur Jacques Callot (1592-1635) est considéré un des grands maîtres de l'eau forte.

203. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

Consultons l’expérience, elle nous apprend que ceux qui aiment ces divertissements ont fort peu de foi, s’ils en ont, et qu’elle est fort infirme. […] Quand il n’y aurait que les enfants les plus faibles de cette divine Mère, qui s’en mal édifieraient, les autres qui sont plus forts, suivant la règle de la Charité, ne seraient-ils pas très étroitement obligés et sous peine de péché, de s’en abstenir, leur devant cette condescendance avec plus de justice, que celui dont parle S. […] S’il y a de la différence dans ces sujets de condescendance, celle qui oblige les forts de ne prendre pas le divertissement de la Comédie, pour ôter le scandale qu’en prennent les autres fidèles, est plus pressante et moins excusable, que celle que le Corinthien était obligé de pratiquer, s’abstenant de manger de la chair immolée aux Idoles, pour ne blesser pas la conscience de son Frère infirme en la Foi, la nécessite de manger étant plus capable d’excuser celui qui lui obéit, que la volonté de se divertir, et qu’il était moins périlleux d’user de ces viandes, que de voir la Comédie.

204. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

toutesfois pource qu’ilb n’y a pas faute de gens délicats, favorisant et soutenant les vices, et leur donnant autorité, voire qui pis est, abusantc de l’autorité des saintes et divines écritures, pour soutenir les vices, comme si ce ne fût point mal fait se trouver aux Spectacles publics pour se récréer (car la vigueur de la discipline ecclésiastique est tellement abâtardie et écouléed, et déchoit si fort de mal en pis, qu’il n’est plus jàe question d’excuser les péchés, ainsf de les approuver et avouer.) […] Autre sorte de spectacle, auquel les hommes bataillaient contre les bêtes cruelles, comme lions, taureaux, ours, et autres, lis une fort belle histoire d’un lion et d’un serviteur nommé Androdus Gellius lib. 5. ca. 4. noct. att. […] Et combien que telles choses ne fussent point consacrées aux Simulacres et Idoles, si est-ce que les fidèles Chrétiens ne s’y doivent pas trouver : pource que combien qu’elles n’eussent en soi aucun crime, elles ont toutefois en soi une bien grande vanité et fort mal séante à un Chrétien. […] Autre sorte de spectacle, auquel les hommes bataillaient contre les bêtes cruelles, comme lions, taureaux, ours, et autres, lis une fort belle histoire d’un lion et d’un serviteur nommé Androdus Gellius lib. 5. ca. 4. noct. att.

205. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Ce despote, jeune alors, aidé d’un esprit droit & d’une forte volonté, donna, pour un moment, au Théâtre d’un Peuple asservi, un peu de cette liberté qui caractérise le Théâtre des Nations gouvernées par elles-mêmes. […] Nul autre ne pouvoit offrir, peut-être, une aussi forte peinture de la tyrannie jointe au fanatisme. […] Cette raison devroit seule déterminer des Citoyens ; mais cette raison, déjà si forte, n’est ici que secondaire, puisqu’il est question d’une chose rigoureusement juste. […] J’écarte, en ce moment, des idées qui se jettent en foule sous ma plume, & qui m’entraîneroient fort loin de mon sujet. […] Mais le temps de la justice vient tôt ou tard, & sur la question que j’ai traitée dans cet ouvrage, le temps de la justice n’est pas, je crois, fort éloigné.

206. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Je ne garantis pas que ses auteurs & ses restaurateurs se soient fort embarrassés de l’enseigner ; mais je garantis du moins qu’elle est très-vraie. […] D’abord il exorte fort pathétiquement les Dames d’avoir grand soin de leur beauté, par l’exemple touchant d’un arbre qu’on greffe, qui en porte de meilleur fruit ; d’un champ qu’on laboure, & qui en devient plus fertile, d’un plancher qu’on pave de marbre, & qui est plus beau, plus poli. […] L’Abbé de Marolles ; dans sa traduction d’Ovide, dont il auroit pu ne pas traduire quelques ouvrages, entend par ces paroles, non les bonnes mœurs, mais la bonne humeur ; il est vrai que la bonne humeur rend les femmes agréables, & la mauvaise humeur fort incommodes ; mais quelques divertissantes qu’elles soient, sans les bonnes mœurs, elles seront méprisées, la vertu les fera estimer & cherir en tout tems, malgré le dégoût, les infirmités & les rides de la vieillesse, qui alterent toujours l’humeur. […] Les gens de bien sont fort loués, ils n’en sont pas plus riches. […] Les Péruviennes avoient une composition, une espece de pâte fort blanche, dont elles se faisoient un masque, qu’elles laissoient plusieurs jours sur le visage ; cette pâte se détachoit elle même, & rendoit le tein plus délicat & plus fleuri.

207. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Il désireroit fort d’avoir été au premier bal qui fut tenu dans le paradis terrestre. La compagnie n’y étoit pas nombreuse, à la vérité, & il n’y avoit point de masque, Adam & Eve n’avoient pas même d’habits ; mais la beauté du lieu devoit rendre la salle fort agréable. […] L’Auteur a manqué deux forts bons traits, l’un de Calot, qui dans la tentation de S. […] Mais par-tout Vénus, l’amour, des danses galantes, des danseuses peu modestes, quoique le goût d’un Prince fort retenu, les rendît moins licencieuses, vinrent infecter le spectacle, & porter le flambeau du vice dans le cœur. […] Je ne sais qu’est devenu ce grand procès, qui nous intéresse fort peu dans nos provinces, où peut-être on établira des Wauxhals, mais qui n’y sont pas encore établis.

208. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Car, il n’est rien qui chocque si fort les yeux qu’un Danceur sans memoire ou sans adresse, qui pour se rendre à sa figure heurte son Compagnon. […] Plutarque en raporte une faite par un certain Ammonius, & conceuë en termes plus forts qu’intelligibleτὴν φορὰν, τὸ σχῆμα, τὴν δεῖξιν. […] Le moindre esprit seul est plus fort que toute la matiere ensemble & la pésée preste, vigoureuse, & s’il faut ainsi dire roide, n’a que faire de tant de Vers ny de tant de paroles. […] Mais la seconde bien que plus obscure, est bien plus forte & plus spirituelle, & consiste dans l’invention des ressors & des mouvemens. […] Il en a rendu raison divers Physiciens ; & a sauvé par cette invention, & la dépense d’avoir des poutres assez grandes ou assez fortes pour de tels bastimens, & le peril de les voir affesser, & mesme rompre aprés fort peu de durée.

209. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Augustin rapporte & admire un pareil trait d’un pauvre de Milan ; mais d’un style fort différent, il le rapporte à la gloire de Dieu, & dans son éloge n’en châsse pas le diable, avec qui il n’étoit pas si familier que Moliere. […] Le Duc son héritier répondoit que les dépenses avoient si fort fait négliger le soin des Eglises de ses bénéfices, que la succession fut obligée de payer quinze cents mille livres de réparations. […] Il avoit fait draper & mutiler quelques statues fort immodestes, que le Cardinal qui n’étoit pas si dévot, soit par goût, soit par air, avoit acheté à grand frais. […] Le Concile l’a si fort à cœur, qu’il charge nommément les Evêques de donner ces instructions ; ces avis, ces ordres sont un peu différents des rubriques modernes qui proscrivent les images : Diligenter doceant Episcopi per historias picturis expressas. […] Le prophete Ezéchiel & l’auteur du livre de la Sagesse, gens fort sérieux & très peu amateurs du théatre, pensent bien différemment.

210. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

J’observerai que les sons ne sont autre chose qu’un bruit20 tantôt moindre, tantôt fort, qu’on tire de quelque instrument de bois ou de métal, qui varie la manière de l’entendre selon sa forme, ou selon qu’il est épais ou mince. […] Il prétendit que le mouvement des sept planettes était mélodieux ; c’est-à-dire, qu’étant chacune d’une grosseur différente, le bruit qu’elles font en roulant dans leur tourbillon, rend un son proportionné à la masse du corps dont il part, & qui doit se faire entendre plus ou moins fort, selon qu’il est près ou éloigné. […] Néron mangeait fort souvent sans pain des salades de porreaux à l’huile, il s’appliquait à nud sur l’estomac une plaque de plomb, afin de se le fortifier, selon les préceptes de Terpus38. […] François I, nous dit-on, envoya à Solimand second plusieurs habiles Musiciens, croyant lui faire un présent fort agréable. […] Voyez les Remarques du cinquième Livre de l’Ane-d’Or d’Apulée ; l’Auteur est entré dans de fort grands détails sur la musique des Anciens, de laquelle je ne parle qu’en abrégé.

211. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Voilà, Madame, les livres que j’ai lus autrefois sur la matière que vous me proposez : Mais ces idées sont maintenant fort effacées de mon esprit, parce que je me suis toujours appliqué depuis à des choses qui n’y ont nul rapport ; cependant si la solitude, et le repos de la campagne où je suis depuis quelques mois, peut me rappeler quelqu’une de ces anciennes idées, je vous écrirai au hasard, comme dans mes autres Lettres, et sans suivre un ordre méthodique, tout ce qui se présentera à mon esprit. […] La cruauté qu’Ulysse exerça contre Astyanax ; les massacres que Pyrrhus fit des enfants de Priam, les parricides d’Atrée et de Tantale ; toutes ces actions pleines d’horreur, qui étaient si fort au goût des Anciens, ne seraient pas maintenant souffertes sur notre Théâtre, et il faut les dérober aux yeux du spectateur. […] Le choix du sujet, sur lequel le Poète entreprend de travailler, est fort important. […] La Danse, compagne ordinaire des spectacles, vient à peu prés de la même source : d’abord elle était toute naturelle, et telle qu’elle s’est conservée parmi le petit peuple ; mais comme l’on raffine toujours, on en fit un art, et on y mêla une infinité de pas très subtils, et d’agréments, qui ne purent être pratiqués que par un fort petit nombre de gens ; et qui ne contribuent pas peu à amollir et à corrompre le cœur par les postures qui font la principale beauté de la Danse. […] Quoique l’amour que l’on dépeint sur le Théâtre, ait souvent une bonne fin, cela n’empêche pas qu’il ne fasse de fort mauvais effets ; car il est toujours excessif et outré ; et que les témoignages passionnés d’un amour même légitime, blessent l’imagination des personnes un peu susceptibles.

212. (1726) Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat « Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat » pp. 176-194

Il faut que le spectacle plaise fort aux spectateurs, autrement ils n’iraient point en grand nombre au spectacle ; mais il faut que le Poète rende encore le spectacle utile et que les mœurs en deviennent plus aimables, plus désirables, et surtout plus innocentes et exemptes de vices. […] Il y a longtemps que j’ai observé que nos anciennes pièces de théâtre qui ont le plus réussi il y a 80 ans mériteraient d’être perfectionnées quelque temps après la mort des Auteurs, du moins par rapport aux mœurs, d’un côté la langue change et de l’autre la raison croît et le goût se raffine ; il nous paraît aujourd’hui dans ces pièces des défauts, qui ne paraissaient point à nos pères, gens d’esprit, il y a cinquante ans : or ces pièces ainsi perfectionnées vaudraient ordinairement beaucoup mieux, soit pour le plaisir, soit pour l’utilité de l’auditeur, que les pièces nouvelles, c’est qu’il est bien plus facile au même Auteur de perfectionner un ouvrage qui a déjà plusieurs beautés et d’en faire un excellent que d’en faire un tout neuf qui soit exempt de défauts, et rempli de plus grandes beautés et en plus grand nombre que l’ancien qui était déjà fort bon. […] C’était un grand Peintre ; mais comme il ne visait qu’à faire sa réputation et sa fortune à force de plaire aux spectateurs, et comme il ne se souciait point du tout du but de la politique qui est d’inspirer aux citoyens par des traits de ridicule le mépris et l’indignation que méritent les vices et les défauts, il négligeait fort l’utilité publique pour ne songer qu’à son utilité particulière, aussi nous ne voyons pas que nos mœurs soient devenues beaucoup meilleures dans le fond depuis la représentation de ses comédies, je ne sais même si à tout peser on ne trouverait pas le contraire.

213. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

Notre Prose est élégante, forte, gracieuse. […] Les Compositeurs d’Italie ne s’attachent jamais à faire valoir les paroles modulées ; ils se soucient fort peu qu’on les entende ou non, pourvu que la musique soit brillante, & qu’elle frappe agréablement les oreilles. […] Malgré la difficulté de démêler actuellement les deux genres, il est fort agréable de pouvoir se dire dans un concert, ou bien au nouveau Spectacle, telle Ariette est dans le goût Italien ; celle-ci est dans le genre Français. […] Toutes les passions y ont des èxpressions aiguës & fortes : tout au contraire de l’accent traînant & pénible du chant Français, le sien, toujours doux & facile, mais vif & touchant, dit beaucoup avec peu d’éfforts : enfin, je sens que cette musique agite l’âme & repose la poitrine ; c’est précisément celle qu’il faut à mon cœur & à mes poulmons ». […] Voici un passage de cet Auteur, qui étant tout nouveau, puisqu’il est pris dans le Dictionnaire de Musique, semble mériter plus d’attention ; mais on découvre toujours la forte prévention qui anime M.

214. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Tout, parmi les êtres animés, tend au plaisir : mais cette pente est plus forte, plus éclairée dans l’homme ; elle le porte à rechercher avidement ce qui peut lui procurer, ou des sensations flateuses par rapport au corps, ou des perceptions agréables par rapport à l’esprit, ou de doux sentimens capables de fondre la glace de son cœur. […] C’est en confondant exprés trois choses, fort distinctes, quoique liées entr’elles, que monsieur Rousseau a paru attaquer victorieusement les Théâtres dramatiques ; ces trois choses sont le Spectacle, le Drame & l’Histrionisme. […] Je sais que ces deux petites Comédies ne peignent qu’une innocente tendresse dans l’amant ; mais l’amante fort des bornes, & des Représentations de ce genre, doivent être interdites aux jeunes filles dont on veut que le cœur ne reçoive des loix que d’une raison sage & soumise. […] Mais ce n’est pas-là ce qu’on peut dire de plus fort sur cet acharnement contre la jalousie. […] Mais, diront les Misomimes, prétendez-vous que des Baladins… Je ne veux rien qui soit contraire à la plus exacte décence : j’ai prévu vos objections ; elles m’ont paru si fortes, que je n’ai pas cru qu’on pût les lever autrement, qu’en traçant une route toute nouvelle.

215. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

néanmoins si ces Chrétiens sont saisis au Théâtre même de quelque soudaine frayeur, ils font d'abord le signe de la Croix : et ils demeurent là avec ce signe sur le front ; mais ils en sortiraient bientôt, s'ils le portaient dans le cœur. » « Qui si forte in ipso circo aliqua ex causa expavescant, continuo se signant, et stant illic portantes in fronte, unde abscederent, si hoc in corde portarent in Psal. 50. n. 1. […] « Qui si forte in ipso circo aliqua ex causa expavescant, continuo se signant, et stant illic portantes in fronte, unde abscederent, si hoc in corde portarent in Psal. 50. n. 1.

216. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

Charles dont je me faisais fort ; je ne savais pas bien même ce que c’était que la Comédie Française de la manière qu’elle se joue à Paris, n’ayant jamais lu de Comédies de Molière, et n’en ayant lu que fort peu d’autres et sans application, n’ayant d’ailleurs qu’entendu parler des Rituels sur les Comédiens, sans avoir même lu celui de Paris.

217. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Il ne faut donc pas s’étonner, si les Peres de l’Eglise ont rempli leurs écrits d’invectives les plus sanglantes, & d’expressions les plus fortes & les plus capables d’en donner de l’horreur aux Chrétiens, qui couroient alors aux Theâtres avec une passion, qu’ils avoient bien de la peine à reprimer. […] ou bien, n’est-ce pas mettre en question, si les pensées volontaires, & les desirs que ces objets sont naître, & que l’on entretient ensuite ; sont défendus par la Loy Chrétienne, qui pour nous obliger à la pureté, se sert des termes les plus forts, & qui tiennent davantage de l’exaggeration, sçavoir, de nous arracher les yeux, s’ils nous sont une occasion de scandale, & où l’Autheur de cette Loy met au rang des crimes les plus énormes, les regards que l’on jette sur une femme à mauvais dessein : Matth. […] Peut-on se figurer que leur cœur en soit fort dégagé, lorsqu’il marque y avoir tant de passion ? […] Cela n’est point outré, Messieurs, & je vous tiendray ma parole de ne rien avancer de trop fort. […] Que sçavez-vous si ces objets, qui ne font point maintenant d’impression sur vôtre esprit, n’y laisseront point des traces, qui s’y renouvelleront un jour, & qui exciteront ces fortes passions que vous apprehendez si peu ?

218. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

J’ose ajoûter que dans un ouvrage dicté par les bonnes mœurs, où l’on veut rétablir l’honneur du lien conjugal, il est surprenant qu’on n’ait point parlé de sacrement & de religion, le plus fort & le plus respectable de tous les liens, établi & béni de Dieu dès le commencement, & élevé dans la loi nouvelle jusqu’à représenter l’union de Jesus-Christ avec son Église, ce qui est bien supérieur & à tout le sérieux & à toutes les plaisanteries de la scène. […] Bon, c’est un des travers qu’il faut moins épargner ; Il n’est pas fort commun, mais il pourroit gagner. […] La nuit trouve que cet emploi n’est pas fort honnête. […] Quel spectacle que celui de la femme forte dont le Saint Esprit a tracé le portrait ! […] La femme forte se lève de grand matin, parcourt toute la maison, s’instruit de ce qui s’y passe, met ordre à tout, règle ses domestiques, instruit ses enfans, distribue à chacun ses besoins & son travail, ne perd pas un moment ; pleine de force & de courage, de vigilance & d’adresse, le travail ne l’effraie pas, elle est capable des plus grandes choses, prend la quenouille & le fuseau, file le lin & la laine, fait à propos ses provisions.

219. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Tertullien rapporte un fait arrivé de son temps, qui est fort semblable : Une femme possedée du Démon ayant été exorcisée, on demanda au Démon où & de quel droit s’étoit-il emparé de cette femme : Je l’ai saisie chez moi, dit-il ; elle m’appartient, je l’ai trouvée à la comédie. […] Il fit bâtir pour une danseuse une galerie superbe, tapissée de diamans (ils sont fort communs aux Indes), où sur la muraille serpentoit une vigne dont le seps étoit composé d’agathes, les feuilles d’éméraudes, les raisins de rubis artistement arrangés. […] Quelque temps après ce Prélat alla visiter les classes, selon sa coutume, pour examiner & récompenser les enfans ; il fut fort étonné de voir toutes les filles habillées de noir, il en demanda la raison : Monseigneur, lui dit-on, Zaïre est morte, nous en portons le deuil. On pense en Europe comme aux Indes : les mœurs des François ressemblent fort à celles des Mogols ; on voit chaque année dans toutes le villes, le jour des Cendres, un convoi grotesque qui va enterrer Carnaval. […] Ce jargon est d’abord appris, tout le monde le sait, il ne faut que savoir répéter, la passion est si féconde, le cœur fait si volontiers tous les frais, il est si fort d’intelligence pour applaudir, il a si peu besoin de l’esprit, & s’il le faut, il en donne.

220. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Il ne faut donc pas s’étonner, si les Peres de l’Eglise ont rempli leurs écrits d’invectives les plus sanglantes, & d’expressions les plus fortes & les plus capables d’en donner de l’horreur aux Chrétiens, qui couroient alors aux Theâtres avec une passion, qu’ils avoient bien de la peine à reprimer. […] ou bien, n’est-ce pas mettre en question, si les pensées volontaires, & les desirs que ces objets font naître, & que l’on entretient ensuite, sont défendus par la Loy Chrétienne, qui pour nous obliger à la pureté, se sert des termes les plus forts, & qui tiennent davantage de l’exaggeration, savoir, de nous arracher les yeux, s’il nous sont une occasion de scandale, & où l’Autheur de cette Loy met au rang des crimes le plus énormes, les regards que l’on jette sur une femme à mauvais dessein : Qui viderit mulierem ad concupiscendum eam, jam mœchatus est eam in corde suo. […] Peut-on se figurer que leur cœur en soit fort dégagé, lorsqu’il marque y avoir tant de passion ? […] Cela n’est point outré, Messieurs, & je vous tiendray ma parole de ne rien avancer de trop fort. […] Que sçavez-vous si ces objets, qui ne font point maintenant d’impression sur vôtre esprit, n’y laisseront point des traces, qui s’y renouvelleront un jour, & qui exciteront ces fortes passions que vous apprehendez si peu ?

221. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Mais la fille avait une mise fort au-dessus de son état ; le garçon figurait aux promenades, à s'y méprendre avec un laquais en bonne fortune. […] Les fortes émotions vinrent remplacer les effets d’une gaîté souvent licencieuse, et le mélodrame acheva de tourner la tête à ces pauvres enfants. […] … Nos sensations ressemblent à ces corps épuisés, qui ont besoin de forts stimulants pour agir. […] Je compris, au bout d’un quart d’heure de la plus forte application, que l’on répétait un vaudeville. […] Les personnages qu’on y rencontre sont loin de ressembler aux Muses, et la monture des doctes Sœurs se cache bien, où l’espèce en est fort dégénérée… et s’est multipliée à l’infini.

222. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

La charité ne veut pas tant d’éclaircissemens, à plus forte raison le respect dû aux princes, qu’on n’est que trop porté à blâmer, ne permet pas de percer les utiles ténebres que tout a intérêts d’épaissir. […] L’historien y jouoit un rôle fort triste. […] Chaque état, chaque homme a son Machiavélisme, plus ou moins fort, plus ou moins éclatant, selon les circonstances. […] Tertulien l’appelle sacrarium Veneris, arx omniun turpitudinum consistorium impudicitiæ , le sanctuaire, le fort, l’asyle, le temple, le sénat de toutes le turpitudes On avoit d’abord pensé que c’étoit l’autel de Diane : mais le théatre n’est point la place d’une déesse qui passoit pour la déesse de la chasteté, ne souffroit auprès d’elle que des personnes chastes.

223. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Mais ce qui me surprit le plus, ce fut la façon dont vous vous expliquiez aussi, à l’occasion du Cid, sur le duel, ce monstre que les Lois et le bon sens auraient depuis longtemps étouffé, si les passions des hommes n’étaient souvent plus fortes que le bon sens et les Lois. […] Là, une Symphonie enchanteresse, une Musique molle et insinuante, une Poésie forte et harmonieuse, des Danses séduisantes, des Voix mélodieuses, encore embellies par tout ce que l’Art y a pu ajouter d’agréments, se réuniraient pour souffler de toute part un feu contagieux, et exagérer tous les prétendus avantages d’une liberté sans bornes et sans mesure. […] Le célébré Louis-Antoine Muratori, Bibliothécaire du Duc de Modène9, s’emporte fort contre les Comédies et les Opéra d’aujourd’hui. […] C’est d’après des maximes si intéressantes pour le maintien du bon ordre et de la Société, qu’agissaient les Comte de Sales, frère du Saint Evêque de ce nom, les Renti14, les Lanoue15, et bien d’autres braves Gentilshommes qui ont vécu avec la résolution de ne jamais accepter de défi, mais en même temps également décidés à rester inébranlables au plus fort du danger où leur devoir les appellerait.

224. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XV. » p. 68

La retraite si brusque de ces Génies marque qu’ils sont fort mécontents, et peut-être ont-ils raison.

225. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — II.  »

Comme la passion de l'amour est la plus forte impression que le péché ait faite dans nos âmes, ainsi qu'il paraît assez par les désordres horribles qu'elle produit dans le monde; il n'y a rien de plus dangereux que de l'exciter, de la nourrir, et de détruire ce qui la retient.

226. (1675) Traité de la comédie « III.  » p. 277

Comme la passion de l'amour est la plus forte impression que le péché ait faite sur nos âmes, ce qui paraît assez par les désordres horribles qu'elle produit dans le monde, il n'y a rien de plus dangereux que de l'exciter, de la nourrir, et de détruire ce qui la tient en bride et qui en arrête le cours.

227. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Que signifie sa vie pénitente et crucifiée qui est une censure encore plus forte, plus fulminante que celle des paroles ? […] Quant aux indécences et aux libertés de l’ancien théâtre contre lesquelles on ne trouve pas étrange que les Saints Pères se soient récriés, je dirai encore à notre confusion que les tragédies des anciens Païens surpassent les nôtres en gravité et en sagesse, ils n’introduisaient pas de femmes sur la Scène, croyant qu’un sexe consacré à la pudeur ne devait pas ainsi se livrer au public, et que c’était là une espèce de prostitution, j’avoue qu’il y avait souvent de l’idolâtrie mêlée et que leurs pièces comiques poussaient la licence jusqu’aux derniers excès, mais les nôtres sont-elles fort modestes, ce que vous appelez les farces n’a-t-il rien qui alarme les oreilles pudiques ? […] Voilà ce que la passion de la comédie objecte de plus fort pour sa justification, ce que j’y ai répliqué doit vous en faire sentir la faiblesse, et conclure avec moi que le théâtre est une source de désordres dont ceux qui ont soin de leur salut doivent s’éloigner, et s’ils sont chargés de celui des autres tels que les Pères de famille, le leur interdire absolument, que ceux qui n'ayant pas connu ces dangers y ont été quelquefois par le passé, prient le Seigneur de ne se point souvenir de leur ignorance, et que tous jurent aujourd’hui un divorce éternel avec toutes ces assemblées mondaines et profanes, dites, avec le Sage, « j’ai estimé le ris une erreur, et j’ai dit à la joie pourquoi me trompes-tu »Eccli. 2.

228. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Ceux de ce caractère qui liront ces Réflexions en seront-ils fort touchés ? […] J’ai toujours cru les bals dangereux, disait un des plus beaux esprits de son temps, et le Courtisan le plus poli de son siècle :* j’ai toujours cru les bals dangereux ; ce n’a pas été seulement ma raison qui me l’a fait croire, ç’a encore été mon expérience ; et quoique le témoignage des Pères de l’Eglise soit bien fort, je tiens que sur ce chapitre celui d’un Courtisan doit être d’un plus grand poids. Je sais bien qu’il y a des gens qui, à ce qu’ils disent, courent moins de hasard en ces lieux-là que d’autres ; cependant les gens qui composent ces sortes d’assemblées, ont assez de peine à résister aux tentations dans la solitude ; à plus forte raison dans ces lieux-là où les beaux objets, les flambeaux, les violons, et l’agitation de la danse échaufferaient des Anachorètes.

229. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Quelle si délicate pudeur, quelle innocence si austère, exposée sans préservatif à l’air du monde le plus contagieux, au milieu d’une foule d’objets tous fort tentants ; en butte et à découvert à une grêle de traits empoisonnés, peut sans miracle n’être point blessée ? […] On se récrie fort dans le monde contre cette morale : et l’on attribue à de faux préjugés le zèle chagrin de ces docteurs qui croient qu’on ne peut assister à ces spectacles profanes sans péché. […] Y est-on fort en garde contre les amorces de la passion ?

230. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Il est vrai qu’elles sont écrites avec plus de religion & de décence que n’en permet l’esprit du siécle ; le libertinage des mœurs & des créances n’avoit pas si fort gagné en 1713. […] Cette histoire à la vérité, seroit longue & fort sérieuse, peut-être même ennuyeuse & monotone, & vraisemblablement n’attireroit pas la foule au Parterre ; mais très instructive, pleine d’esprit, de jurisprudence, de politique, d’anecdotes curieuses. […] Leurs pieces nouvelles sont fort radoucies : au contraire, à mesure que les Anglois égayent leurs scénes, la nôtre se rembrunit. […] Il étoit fort lie avec Scipion, le second Affricain, & avec Lelius, deux des plus grands hommes de la République Romaine. […] Au reste, c’est l’excuse de tous les pécheurs : La passion est plus forte que moi.

231. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

La critique & le mauvais succès de quelques pieces, auxquelles il fut toujours fort sensible, les maniéres desobligeantes des acteurs, l’ont souvent mis de mauvaise humeur, & lui ont fait lancer des sarcasmes qu’il a cru de bons mots ; mais un historien est plus croyable qu’un poëte. […] Il étoit, ainsi que sa famille, si fort livré à la scene & par consequent à tous les plaisirs, que Bibiana ne lui fit jamais mieux sa cour qu’en composant, & faisant jouer sa comédie. […] Une preuve plus forte que les Cours étrangeres se servent de ceux qui sont en credit, c’est que Rizzio étoit pensionnaire du Pape : cette calomnie tient du délire : les Papes n’ont point de pensionnaires dans les Cours étrangeres. […] Louis Hutin, Louis le Gros, Louis d’Outremer, Philippe le Hardi, Charles le Boiteux, Constantin Copronime, Charles le Bel, Philippe Auguste, le Sage, le Juste, le Magnifique, le Prudent, le Fort, & je ne fais combien de Grands dans tous les Royaumes, dont personne ne se souvient. […] Les Jansenistes n’ont commencé à parler de théatre, que dans le tems de Nicole & de Racine, après la mort de Mazarin, qui d’ailleurs les laissoit fort tranquilles ; il est vrai que les Sinodes & les Ministres protestants, Port Royal, & les Ecrivains Jansenistes, ont condamné la comédie, & ils ont raison.

232. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Elles occasionnoient encore de vives & fréquentes querelles entre le Roi & son frere, d’un caractere fort différent. […] iv. fait un détail fort singulier de la toilette des femmes de son temps. […] Elle eût été fort heureuse d’avoir en dot le centieme de ce qu’elle prodigue en parure. […] On finit par une réflexion fort juste. […] Leur est-il même utile d’attiser si fort la concupiscence de leurs maris par le spectacle perpétuel de ce qui l’enflamme ?

233. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

« Leurs finesses ne sont pas bien cousues, ni fort cachées ; ce sont des coutures grossières et qui crèvent les yeux. […] Dryden dans sa défense du Duc de Guise se disculpe fort de ce cambizésae ; mais pourquoi le passait-il donc à son ami ? […] paraît dans un conseil de guerre la couronne sur la tête et le sceptre en main : il offre une grosse rançon pour sa fille, et insiste fort sur l’honneur qu’il a d’être consacré à Apollon. […] Il est appelé Penthée Otryade, ce qui est une preuve que son Père était fort connu. […] C’est ce que j’ai prouvé fort au long dans un de mes Traités de Morale ; et j’y renvoie le Lecteur.

234. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Madamoiselle de Beaulieu » p. 

A Madamoiselle de Beaulieu Isabella Andreini Quel che Gordio formò di funi attorte Nodo tenace : Sol dell’Oriente Il vincitor, il domator possente Sciolse col ferro, in un prudente, e forte : E questo come è vario a varia sorte E dato : egli di gemme, e d’or lucente M’adorna il dito, e’l core soavemente Lega, cui non sciorràmTempo, né Morte.

235. (1675) Traité de la comédie « VIII.  » p. 283

On se trompe fort en croyant que la Comédie ne fait aucune mauvaise impression sur soi parce que nous ne sentons point qu'elle excite en nous aucun mauvais désir.

236. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

La Tragédie ne doit exciter que la terreur & la pitié ; l’une & l’autre résultent principalement du choc des plus fortes passions, des combats des héros contre les tyrans, des Dieux contre les Destins. […] Si on met cette espéce de caractère sur le Théatre, l’une de ces passions a toujours le pas, & on peut remarquer parmi nous que ce n’est presque jamais celle qui feroit les plus fortes impressions ; ainsi on dégrade les personnages tragiques, & on rend la scène languissante.

237. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

Mézeray qui loue fort ce grand Prince d’avoir chassé les Comédiens, nous en fait cette peinture. […] Ce sont, dit-il, des gens qui ne servent qu’à flatter et à nourrir les voluptés et la fainéantise ; et à remplir les esprits oiseux de vaines chimères, qui les gâtent, et qui causent dans les cœurs des mouvements déreglés que la sagesse et la religion commandent si fort d’étouffer.

238. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

D’abord emportée par un zèle amer, j’aurais voulu anéantir Comédies, Opéras, Danses, Bals… Mais, ce premier mouvement calmé, j’ai vu qu’il était insensé de chercher à diminuer les plaisirs de la vie, parce qu’ils ont des abus ; j’ai trouvé qu’il y avait un moyen fort simple de conserver des amusemens aussi piquans, aussi louables, aussi utiles, que ceux que le Théâtre nous procure, sans nous exposer aux inconvéniens. […] » La seconde conséquence est que les Spectacles du corps doivent faire une impression plus vive, plus forte : les secousses qu’ils donnent à l’âme doivent la rendre ferme, dure, quelquefois cruelle. […] Ovide ne pouvait rendre le Palais du Soleil trop brillant, ni Milton le jardin d’Eden trop délicieux : mais si cette magnificence est au-dessus des forces des Rois, il faut avouer d’un autre côté que nos décorations sont fort mesquines, & que nos lieux de Spectacles, dont les entrées ressemblent à celles des prisons, offrent une perspective des plus ignobles. » De tous les genres de Spectacles en usage chez les Anciens, il ne nous reste, à proprement parler, que le Théâtre Dramatique. […] Une partie de la Nation est fort indifférente sur leurs mœurs, tandis que l’autre ne cesse d’objecter, que la conduite de nos Comédiens contraste trop avec la plupart des Pièces qu’ils jouent*. […] Tel Acteur, dont l’audace a fait commotion*, est demeuré fort en arrière de nos Petits maîtres à bonnes-fortunes.

239. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

L’Art de représenter les objets est fort différent de celui de les faire connoître. […] L’Artiste qui leve un plan & prend des dimensions exactes, ne fait rien de fort agréable à la vue ; aussi son ouvrage n’est-il recherché que par les gens de l’art. […] Quelles ames fortes oseront se croire à l’épreuve du soin que prend le Poëte de les corrompre ou de les décourager ? […] Ne sont-ce pas de fort utiles Spectacles que ceux qui nous font admirer des exemples que nous rougirions d’imiter, & où l’on nous intéresse à des foiblesses dont nous avons tant de peine à nous garantir de nos propres calamités ? […] Mais il est fort différent de s’enrichir & s’illustrer par le métier de Poëte, ou de s’enrichir & s’illustrer par les talens que le Poëte prétend enseigner.

240. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Il peut corriger de quelque ridicule, quoique rarement et en petit nombre, et qu’il en donne ordinairement de plus grands que ceux dont il corrige, ce qui importe fort peu à l’Etat. […] Si on dit que les Grecs et les Romains le permettaient, je réponds que c’était par superstition pour leurs Dieux ; mais les plus sages les ont toujours blâmés, car quoique les tragédies corrompent moins, Solon ayant vu jouer une tragédie de Thespis, le trouva fort mauvais. […] La politesse Française, en épurant les manières et le langage, a rendu aussi la scène plus polie et plus délicate ; on n’y voit plus la férocité Anglaise, la grossièreté Gauloise, les bouffonneries des Trivelins, les platitudes des halles ; tout cela est banni de la société des honnêtes gens, quoique l’opéra comique, les théâtres de la foire, les spectacles des boulevards, les farces, les théâtres de province, soient encore fort éloignés d’accéder à la réforme. […] Il y a grand péril à divertir le peuple par des plaisirs qui peuvent produire un jour des douleurs publiques, il nous faut bien garder d’accoutumer ses yeux et ses oreilles à des actions qu’il doit ignorer. » L’Académie avait alors fort peu d’Auteurs dramatiques ; aujourd’hui qu’elle en foisonne, je doute qu’elle tînt le même langage. […] On voit généralement dans l’histoire que les Princes véritablement grands ont fait fort peu de cas des jeux du théâtre.

241. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Il me paraît que l’amour de Cinna et d’Æmilie affaiblissent considérablement la majesté et la force de l’action dans cette Tragédie : ils ont l’un et l’autre un motif assez fort pour conspirer contre Auguste, sans intéresser l’amour dans leur projet. […] Il semble donc que Corneille, en parlant ainsi, ait voulu faire la critique du goût de son siècle ; et qu’il s’excuse auprès de ses Lecteurs de ce que le dessein de sa Pièce ne lui a pas permis d’y placer la tendresse et les emportements si fort à la mode sur la Scène, c’est-à-dire de flatter la corruption générale ; puisqu’il est certain que, du temps de Corneille, aussi bien que de nos jours, on voulait dans la passion d’amour cette lâche faiblesse qui déshonnore notre Théâtre, en lui faisant perdre cette grandeur et cette austère majesté, dont les Anciens se servaient si avantageusement pour corriger le vice, et que les premiers de nos Modernes ont eu si grand soin d’imiter. […] Je conviens aussi que Médée a de fortes raisons pour s’emporter contre son mari infidèle et ingrat : mais la vengeance qu’elle en prend, en massacrant ses propres enfants, est tout à fait barbare et dénaturée ; et je trouve cette action tragique bien atroce, pour être présentée aux Spectateurs de notre temps. […] Je conviens que dans le dernier cas l’humanité l’emporte, et que l’on souhaiterait de voir finir les supplices de ces malheureux ; mais dans l’autre, la compassion n’est pas si forte, l’esprit et le cœur n’ont pas les mêmes ressorts : il est fort ordinaire de plaindre les hommes qui subissent la peine de mort ordonnée par la Justice ; mais j’ai toujours vu que l’on souhaitait aux grands scélérats des malheurs encore plus grands que ceux qu’on leur fait souffrir dans un Livre ou dans une action tragique.

242. (1678) Maxime LXXXI « LXXXI » pp. 39-41

C’est une peinture si naturelle & si délicate des passions, qu’elle les anime, & les fait naître dans nôtre cœur, & sur tout celle de l’Amour, principalement lors qu’on se represente qu’il est chaste & fort honneste : car plus il paroît innocent aux ames innocentes, & plus elles sont capables d’en estre touchées.

243. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 12

) Depuis le péché originel, les garçons et les filles, les hommes et les femmes, sont si dangereux l’un à l’autre, qu’il ne faut qu’une œillade lancée inconsidérément, à la volée, en passant et en un moment, dans la rue ou même en l’église, pour allumer un fort grand feu ; témoin Samson, témoin David, témoin celui qui disait : Ut vidi ut perii, ut me malus abstulit error (Virg.

244. (1647) Traité des théâtres pp. -

Combien que nous ayons déjà répondu à cette objection, néanmoins vu que c’est là le fort de ces gens, nous récapitulerons nos réponses là-dessus. 1. […] Et de fait, cette prétendue réformation n’est qu’en masque, vu que le sujet ordinaire qui s’y traite, ce sont des passions d’amour, qui ne peuvent sinon fort préjudicier à une jeunesse laquelle y court. 2. […] Qui ne voit que tout cela sont des parallèles fort inégaux, et des conséquences très mal tirées ? […] En premier lieu, il est fort à craindre, que parlant si avantageusement d’eux-mêmes, il n’y ait de la présomption mêlée, et un préjugé trompeur de leur amour propre qui les aveugle. […] De là vient donc, qu’en ce fait particulier des Théâtres, les Pasteurs font des censures publiques, et fortes, à ceux qui y courent si opiniâtrement, tandis qu’ils ne censureront pas ainsi en public des particuliers qui auront commis ces autres péchés.

245. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

… Mais c’est apparemment-là, ma sœur, la voix de la nature, toujours plus forte que le raisonnement. […] Les discours fleuris, le langage précieux & recherché, les descriptions brillantes où l’art se montre doivent être bannies des Drames tragiques ; à plus forte raison de la Comédie. […] La Musique fait de deux fortes de peintures, de physiques, lorsqu’elle imite le chant des oiseaux, le siflement des vents, les tempêtes &c. […] Notre Récitatif sur-tout est toujours figuré, & par conséquent fort ridicule. […] C’est ce qui fait qu’il est fort indifférent pour le plaisir, qu’on chante au Concert-spirituel, en Latin, en Français, ou en Italien : mais il est essenciel que la Musique soit expressive.

246. (1664) Traité contre les danses et les comédies « A MADAME. MADAME LA PRINCESSE DE CONTI. » pp. -

MADAME, Comme les instructions que les Saints nous ont données, ont besoin d’un exemple vivant pour être plus fortes ; j'ai cru que le vôtre était nécessaire pour autoriser les maximes de saint Charles qu’il donne au public.

247. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « AVERTISSEMENT »

Le Public l’attribuait à celui qui l’a désavouée, et j’étais aussi de ce sentiment sur des préjugés qui semblaient assez forts ; mais je ressentis une véritable joie de ce désaveu Iorsqu’il parut, et je doutais même si je ne supprimerais pas entièrement ma Réfutation, et si le tort qu’avait pu causer cette Lettre, n’était pas suffisamment réparé.

248. (1733) Traité contre les spectacles « AVERTISSEMENT. » pp. 143-144

Par le renoncement qu’ils ont fait dans le Baptême aux vanités et aux plaisirs de la terre ; mais surtout à l’idolâtrie, de laquelle il montre fort au long, que les spectacles tirent leur origine.

249. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Si quelques-uns où elle n’est pas, en sont goûtés ; si quelques-autres où elle est, en sont désaprouvés, dans les uns & dans les autres, la Poësie ne sera pas toujours le mérite principal : il faudra réduire la thése générale à quelques cas particuliers ; & ce sera déjà beaucoup d’obtenu Non-seulement il y a des Piéces de Théâtre que l’on voit avec plaisir, quoique la Poësie en soit très-deffectueuse ; mais il y a même des Théâtres entiers d’Auteurs, qui l’ont fort négligée, & que les connoisseurs mettent au même rang que d’autres Théâtres qui excellent par là. […] On ne mérite le titre de grand écrivain, que par une imagination vive & forte. […] « Le Père Mallebranche, dit-il, a écrit contre la contagion des imaginations fortes, dont le charme, pour nous séduire, consiste dans leur fécondité en images, & dans le talent de peindre vivement les objets.

250. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Approbation qui peut servir de Preface. » pp. -

L’Auteur y suit le précepte de saint Charles Borromée, & il allegue à la premiere lettre les Péres de l’Eglise, que Dieu nous a donnés après l’Evangile pour être la juste regle de nos actions : il en rapporte les dicisions contre la Comedie de leur tems, dont la censure convient fort au Theatre de nos jours.

251. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — VII.  » p. 461

On se trompe fort en croyant que la Comédie ne fait aucune mauvaise impression sur soi, parce qu'on ne sent point qu'elle excite aucun mauvais désir formé.

252. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Il ne fait pas plus de grace aux précieuses de la parure & du fard, il en trace une peinture burlesque, sous le nom d’un Gorgibus, nom bas & de pur tabarinage ; c’est un bon homme, pere d’une des précieuses, oncle de l’autre, qui choqué de leurs manieres, fait aussi le portrait de leur toilette, qu’elles trouvent fort mauvais : elles font de la pommade pour les levres , dit la servante, c’est trop pomader , répond Gorgibus, ces pendardes-là avec leur pommade, ont envie de me ruiner, je ne vois par-tout que blanc d’œuf, lait virginal, & mille autres brimborions que je ne connois point ; elles ont usé le lard d’une douzaine de cochons, pour le moins, & quatre valets vivroient tous les jours des pieds de moutons qu’elles employent. […] L’autorité de l’Eglise & des Saints Peres, contre le fard, est d’un fort petit poids au théatre ; mais que dire contre le Docteur Moliere ? […] Le Puits de la vérité est un petit roman ingénieux & amusant, plein d’une très-bonne morale, sous l’écorce d’une fiction de deux sœurs, d’un caractère fort différent, dont l’une doit être élue Reine par les suffrages du peuple. […] Celle des perruques en fournit une fort ample, dont M. […] Elle n’est guere moins certaine, pourquoi vouloir si fort plaire aux hommes.

253. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Larocheflavin (dans son excellent Traité des Parlements), après avoir parlé fort au long des qualités, des mœurs, de la religion, de la gravité, de la modestie des Magistrats, s’élève fortement (L. […] Un plus grand détail serait inutile ; on peut le voir fort au long dans le recueil des statuts de la basoche, dans l’histoire de Paris et dans celle du théâtre, tom. […] On fut fort heureux que les troupes des Basochiens et des Sots eussent abandonné la scène pendant les guerres du Calvinisme et de la Ligue ; ils auraient également joué les Catholiques et les Protestants, Charles IX et les Coligny, Henri III et les Guises, Henri IV et le Duc de Mayenne. […] En 1761 il parut en faveur du théâtre un fort mauvais ouvrage, qui fit du bruit. […] « La nation et la religion doivent à l’envi former l’éloge de cette femme forte qui seule prend en main la défense du citoyen fidèle.

254. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VII. Paroles de l’auteur et l’avantage qu’il tire des confessions.  » pp. 28-29

« Mille gens, dit-il, d’une éminente vertu et d’une conscience fort délicate, pour ne pas dire scrupuleuse, ont été obligés de m’avouer qu’à heure qu’il est, la comédie est si épurée sur le théâtre français, qu’il n’y a rien que l’oreille la plus chaste ne pût entendre. » p. 38 [« Lettre d’un théologien », page 38].

255. (1704) Des Bals et Comedies « Des Bals et Comedies. » pp. 31-33

Paul, ceux qui y consentent, et à plus forte raison ceux qui y contribuent ne méritent pas moins d'être punis, que les auteurs.

256. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

Tertullien l’avait déjà bien remarqué de son temps, qu’on y mêle de fort bonnes choses, pour y faire passer les mauvaises, comme on ne mêle le poison que dans les mets les plus agréables. […] Non certes, Messieurs, la nouvelle pièce qu’on veut nous faire passer pour bien sainte, est une preuve qui n’est que trop forte de ce que je viens d’avancer. […] » Or saint Basile a prouvé bien au long, que l’Ecriture Sainte ne devait être lue que par ceux qui de la Lettre savent s’élever à l’esprit, à plus forte raison l’interprétation doit-elle supposer ces dispositions et ces lumières. […] Ajoutons par des femmes, qui par la hardiesse de monter sur le Théâtre, jointe à l’application continuelle de plaire aux jeunes gens qui vont à la Comédie, sont trop semblables aux danseuses dont Saint Ambroise a fait en plusieurs endroits une peinture affreuse, quoique fort naturelle. […] [NDA] « Noverit propter hæc forte ab antiquis fuisse decretum, nequi adolescentiores legerent Genesoes librum, ac partem Ezechielis Prophetæ, vel canticum canticorum, et cætera alia in quibus generationes et actus et nomina quædam scripta sunt mulierum.

257. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Je veux que nos Comédies tant imitées de celles des Anciens en soient fort différentes : Mais je voudrais savoir ce que c’est selon lui, que « blasphémer et dire des ordures ». […] Je défie qu’on trouve rien de plus fort dans le Paganisme. […]  » C’est apparemment une horreur qui ne les rend pas fort délicats : c’est même une horreur merveilleuse ; car elle fait ce qu’on n’aurait jamais pensé, elle rend compatible la crainte du péché avec une volonté constante et positive de contenter ses sens. […] Le Théologien a pourtant vu « mille gens d’une éminente vertu, et d’une conscience fort délicate, pour ne pas dire scrupuleuse, qui lui ont avoué qu’à l’heure qu’il est la Comédie est si épurée sur le Théâtre Français qu’il n’y a rien que l’oreille la plus chaste ne pût entendre ». […] Page 52 » Le Panégyriste se tourmente fort inutilement.

258. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Les romans et le théâtre sont fort semblables, le roman est une comédie en récit, un drame est un roman en action. […] J’y trouve d’assez fortes armes pour être assuré de la victoire. […] L’intrigue de cette pièce fameuse est fort peu de chose. […] En conséquence, il trouve fort bon qu’on fasse l’éloge du duel. […] Plus confondus encore par le vice, la jalousie, le mépris mutuel, l’étiquette du respect est entre eux fort bornée.

259. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

Mais parce que l’acteur a pour dessein principal d’exciter les passions ; de tous les sujets il choisit ceux où elles se portent le plus, il passe ainsi pour fort adroit à mouvoir les cœurs en leur représentant ce qu’ils aiment, comme à notre façon de parler, c’est faire du feu, qu’y mettre du bois, et c’est donner cours à l’eau, de lui préparer une pente. […] Ce n’est pas un amour purement brutal et sensible, qui fait les grands désordres dans le monde ; c’est cet autre amour qui tient de l’esprit, qui se repaît de ses idées ; qui ne veut pour prix que des complaisances, qui se figure quelque choses de divin en son objet, et qui lui croit aussi rendre des respects fort innocents ; c’est cet amour qui met les soupirs au cœur, les larmes aux yeux, la pâleur sur le visage, qui occupe jour et nuit toutes les pensées, qui porte l’extravagance et à la fureur, et voilà l’amour que les plus chastes théâtres mettent dans les cœurs.

260. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Une action théâtrale est l’image plus ou moins forte de ce que nous voyons tous les jours. […] Le crime est toujours puni : elle se sert des couleurs les plus fortes pour le flétrir. […] C’est toujours le crime représenté avec les couleurs les plus fortes & les plus capables de redoubler l’horreur naturelle qu’il inspire. […] Il paye de sa personne : c’est la derniere & la plus forte objection dont vous vous armiez. […] J’ai connu un fort honnête homme, qui rêvoit quelquefois.

261. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Le jeune homme s’apporte à lui-même de fortes raisons contre une inclination illégitime : son entretien avec Philton renferme une instruction morale : après cela, il donne à Lesbonicus de sages conseils, et déclame avec chaleur contre le libertinage. […] Mais la rareté même de ces sortes d’exemples dans ce Poète est une preuve efficace pour l’affaire présente ; et son témoignage est d’autant plus fort qu’il est plus précis. […] Ces légèretés burlesques ont fort mauvaise grâce dans la bouche d’Eschyle : son caractère est tout différent, et dans le fond et dans les œuvres qu’il a laissées à la postérité. […] que les Héros, les grands hommes, et à plus forte raison les Dieux ne fassent rien paraître qui ne réponde à leur supériorité sur les Etres vulgaires ; il est absurde et ridicule de donner aux premiers le langage ou les manières des autres : Aristophane lui-même n’ignorait point une règle si essentielle, quoiqu’il pratiquât le contraire. […] Est-il rien de plus fort contre nous ?

262. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Pour mieux gagner le cœur des Flamands chez qui l’hérésie étoit fort répandue, ce Prince affecta d’avoir, & peut-être en effet avoit-il du penchant pour le Calvinisme, ce qui lui eut formé un parti considérable. […] Un jeune Prince qui ne l’eut épousée que pour sa couronne, se seroit fort peu soucié de lui plaire. […] Les Actrices & les Acteurs se plient si fort à leur rôle qu’ils s’y identifient avec tout ce qu’ils représentent. […] Let. 141, s’en moque fort plaisamment. […] Elle étoit alors habillée de blanc, en habit de théatre, fort découverte à son ordinaire.

263. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Quoy, l’on verra l’histoire de leurs vies mêlée d’intrigues d’amour & d’incidens de galanteries, & representée par des vers qui expriment & émeuvent les passions d’une maniere si forte & si douce, qu’en faisant les portraits de ces saints & de ces saintes, ils font paroître avec éclat leurs petites foiblesses, & obscurcissent leurs plus grandes vertus. […] Il faut donc ô Chrétien, que vous detestiez necessairement tous ces ouvrages, puisque vous en detestez les autheurs, & ne faut pas m’alleguer icy pour excuse, que ce sont des poëtes Chrétiens, & de fort honnêtes gens, qui sont les autheurs de ces pieces, & qui en ont composez les vers ; je ne veux point répondre à cette objection, mais je veux que S.  […] Bon, voilà toucher la veritable difficulté, mais il faut expliquer & la resoudre : Il me semble donc, si j’ay bien penetré vôtre pensée, que vous ne pouvez m’apporter rien de plus fort pour excuser la comedie des Chrétiens, que ce que les Gnostiques ont allegués autrefois pour justifier les spectacles des Gentils. […] L’experience nous apprend que comme les especes du vice frappent les gens d’une maniere plus douce & plus agreable, & qu’elles sont de plus fortes impressions dans l’ame que toutes les images de la vertu, ce n’est pas merveille si le cœur en est plûtôt corrompu, & si toutes les passions en sont plus promtement déreglées. […] Allez aprés cela Chrétiens temeraires qui faites les esprits forts, dire que les spectacles publiques ne font point de mauvaises impressions dans vos cœurs ; pour moy j’estime que la comedie est un spectacle plus dangereux que celuy des Gladiateurs, le sang qui se répandoit dans celuy-cy n’étoit propre qu’à donner de l’horreur ; mais le poison qu’on avale en celle-là, n’est propre qu’à donner la mort avec le plaisir : Car helas !

264. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

J’ajoute écoles d’indépendance : nos Ecrivains nous en donnent-ils des leçons plus fortes que nos déclamateurs ? […] Nos esprits forts (p. 28. […] Quelle forte Egide fabriqua l’an passé ta Minerve, docte Enfant de Genève, pour parer les coups que l’on vouloit porter sur ta Mere ! […] Placés sur le haut de la montagne sainte, de quel œil voyez-vous les assauts téméraires que le théâtre, ce fort armé, livre journellement à la Religion ? […] Sans donc autre dénonciation que celle de la voix publique, (en peut-il être une plus forte ?)

265. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Christophe ; c’est une figure colossale faite avec des morceaux de bois et des cercles fort légers, enveloppés d’une aube en toile blanche ; ses deux bras sont étendus en croix. […] Le premier jour de mai le chapitre d’Evreux avait coutume d’aller dans le bois L’évêque, qui est fort près de la ville, couper des rameaux et de petites branches, pour en parer les images des saints qui sont dans les chapelles de la cathédrale. […] On dit même qu’il se trouve certains diablotins entreprenants, qui poussent le jeu fort loin, et prennent des libertés capables d’alarmer la pudeur des jeunes vierges. […] » Des contrées de l’Orient il est arrivé un âne, beau et fort, et propre à porter des fardeaux. […] Jean-Baptiste, faisait contracter à ses dévotes avec notre Sauveur Jésus-Christ, une alliance spirituelle fort singulière.

266. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

On ne trouve pas qu’il se soit déterminé d’une manière fort avantageuse. […] Mais plus jaloux d’être utile que de me faire un nom, cette crainte n’est pas assez forte pour m’arrêter. […] Il prend soin d’y servir des mets fort délicats. […] C’est un fort méchant plat que sa sotte personne, Et qui gâte à mon goût tous les repas qu’il donne. […] On doute fort que celui dont elle partait eût été aussi loin, s’il avait connu par lui-même les Pièces qui en étaient l’objet.

267. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Mais on verra dans la suite qu’il n’est pas plus fort en raison qu’en autorité. […] Se peut-il rien de plus fort pour la Comédie ?» […] Le Docteur poursuit de broder le premier moyen de sa persuasion, par une réflexion tout à fait indiscrète, et qu’il croit néanmoins fort judicieuse. […] Il serait à souhaiter que notre Docteur n’en eût point pris d’autre, au lieu de s’étendre si fort et si mal à propos sur son premier motif de persuasion. […] Avec cela je douterais fort qu’il y eût des Religieux ou des Evêques en Italie qui voulussent se servir de la dispense de notre Docteur, ni approuver sa douce Morale.

268. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE. De Racine à Despréaux, » pp. 83-84

Si j’étois capable de lui vouloir quelque mal, & de me réjouir de la forte réprimande que le Père Bouhours dit qu’on lui a faite, ce seroit sans doute pour m’avoir soupçonné d’être l’Auteur d’un pareil Ouvrage.

269. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « [Introduction] » pp. 4-5

Que diront-ils maintenant qu’ils ne peuvent plus attribuer vos folies à la prétendue grossièreté d’un Climat étranger, puisque c’est en France et par des Jésuites Français qu’elles se sont commises, dans un Pays dont les habitants ne passent pas pour de bons Flamands, mais pour des esprits fort déliés, dans une Ville de Parlement, et aux frais de ses principales familles dont les enfants ont été vos Acteurs, et si on vous en croit, avec l’applaudissement de tout le monde ?

270. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Le Prince de Conti n’est pas plus épargné ; il sit en 1669 un livre contre la comédie, que l’Abbé de Voisin a défendu & fort augmenté. […] Pour établir son corps de doctrine erronnée, Fagan avance des principes également faux ; 1.° le théatre est un danger ordinaire qu’on trouve partout, qui ne nuit qu’à ceux qui succomberoient également ailleurs ; 2.° le danger des ames foibles est bien récompensé par l’avantage qu’en tirent les forts ; 3.° il faut sacrifier le salut des ames à l’avantage temporel du public. […] Il faut sacrifier le salut des foibles pour l’avantage des forts. […] L’appareil du théatre, les maximes, les objets, les représentations, fournissent au tentateur les armes les plus fortes & les plus dangereuses.

271. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Lorsqu’il présenta sa premiere Piéce aux Ediles pour être jouée, ils voulurent, avant que de l’acheter, qu’elle fût examinée par Cecilius, qui étoit alors fort vieux. […] Le succès d’une Piéce de Théâtre étoit fort incertain, parce que ces Spectacles où assistoit une Populace innombrable, étoient rarement tranquilles. […] Quoiqu’il fût devenu fort vieux, & que la perte d’un vieux Comédien ne soit pas fort à regretter, Ciceron regarde sa mort comme un malheur public, & parle de lui comme d’un homme qui ne devoit jamais mourir.

272. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

L’abbé de Rieupeiroux, chanoine de Forcalquier, dont nous parlons ailleurs, ayant quitté l’état ecclésiastique pour se livrer au théatre, il composa plusieurs drames qui ne réussirent pas, & quantité de pieces fugitives, dont la plupart roulent sur la galanterie, & dont on ne se souvient plus, n’a laissé qu’un souvenir fort médiocre de ses talens & de sa personne. […] Je reconnois à ma femme , porte le contrat de mariage, deux grands yeux fort malins, un très-beau corsage, une paire de belles mains, beaucoup d’esprit. […]         Un fort ennuyeux compliment.

273. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Il y a ainsi beaucoup de choses difformes dans l’opinion, qui sont tout autres en effet et fort éloignées des vicieuses qualités qu’on leur donne. […] Aussi ceux qui ont publié la loi contre les Comédiens, voyant que cette loi n’était pas une barrière assez forte pour divertir les jeunes hommes de cet exercice, pour maintenir leur premier jugement, ils ont voulu rendre incapables des charges et des dignités ceux qui mépriseraient leurs Ordonnances. […] La raison est une chose fort excellente, mais elle devient mauvaise quand les hommes en abusent aussi bien que de la volupté.

274. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXI. Réflexion sur le Cantique des cantiques et sur le chant de l’Eglise. » pp. 76-78

Je ne veux donc point condamner cette pratique nouvelle par la simplicité de l’ancien chant, ni même par la gravité de celui qui fait encore le fond du service divin : je me plains qu’on ait si fort oublié ces saintes délicatesses des Pères, et que l’on pousse si loin les délices de la musique, que loin de les craindre dans les cantiques de Sion, on cherche à se délecter de celles dont Babylone anime les siens.

275. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

C’est un des coups les plus directs & les plus forts qu’on ait jamais portés aux Spectacles profanes. […] L’Impression ayant donné quelque existence à de foibles productions auxquelles j’attache fort peu de valeur, je me crois obligé d’en publier une Edition très corrigée, où je ne conserverai rien qui ne puisse être soumis à la lumière de la Religion & à la sévérité de ses regards.

276. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « [Lettre] » pp. 1-4

Je ne pense pas, il est vrai, que peu d’Auteurs m’ayent donné l’exemple de ce désintéressement, & que fort peu voudront l’imiter : (pardonnez-moi si je me sers de vos propres expressions.)

277. (1677) L’Octavius « Paragraphe XII du texte latin » pp. 42-46

Partant s’il vous reste quelque peu de sagesse et de pudeur, cessez de contempler les Cieux et de rechercher les Destins du monde;  songez à vous et regardez à vos pieds ; c’est assez principalement pour des gens sans lettres, rudes et mal polis, s’il ne vous est pas donné de connaître les choses de la terre, à plus forte raison de discourir de celles du Ciel.

278. (1667) Traité de la comédie « Préface » pp. 452-454

Car comme il n'y a guère de divertissement plus agréable aux gens du monde que celui-là, il leur était fort important de s'en assurer une jouissance douce, tranquille et consciencieuse, qui est ce qu'ils désirent le plus.

279. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Plusieurs furent fort heureux de se sauver par une prompte suite. […] La salle du bal est fort vaste, très ornée & très-bien éclairée. […] Nous avons ailleurs parlé fort au long de la danse, singulierement de l’idée burlesque de Cahusac, qui fait danser les anges, ce qui est encore plus absurde, puisque les Anges n’ont point de corps, & que les Saints en auront après la résurrection. […] On péche de même en engageant, en recompensant les ouvriers & les domestiques, à plus forte raison en les forçant à de pareils services. […] Il peut y avoir sans doute quelque femme forte, qui comme Elizabeth, s’il faut en croire les Anglois, sauroit gouverner un Etat.

280. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Vous donc qui estes Peres de famille, avertissez vos domestiques de ne point suivre ces coûtumes sacrileges des miserables Païens. » Saint Pierre Chrysologue s’en explique encore d’une maniere plus forte que Saint Augustin. […] Celui qui a ce sentiment se trompe fort. […] Il se trouvera des gens qui se plaisent si fort à cela, qu’ils ne croïent pas qu’il y ait au monde un plus grand divertissement que de courir ainsi masquez par les maisons. […] A la verité les desordres qui en sont déjà arrivez ne sont pas en grand nombre, parce que la chose n’est pas encore bien vieille, ni fort en usage. […] Si elles estoient persuadées qu’il n’y eût point de folie en cela, elles le feroient fort volontiers.

281. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Ovide lui-même, que l’on ne prendra pas pour un casuite fort sévère, nous montre ce qu’il pensait de la Comédie. […] Il se moque, avec raison, de ces personnes qui disent fort sérieusement que Molière a plus corrigé de défauts lui seul, que tous les Prédicateurs ensemble. » Jean-Jacques Rousseau, dans un de ces moments lucides où il parlait le langage de la Vérité, a porté contre le Théâtre un jugement fondé sur sa propre expérience. […] Vous autres Philosophes, qui vous prétendez si fort au-dessus des préjugés, ne mourriez-vous pas tous de honte, si, lâchement travestis en rois, il vous fallait aller faire aux yeux du public un rôle différent du vôtre, et exposer vos majestés aux huées de la populace ? […] Ce cri part d’un homme, fort connaisseur dans le genre dramatique, grand admirateur de Racine, de Molière, et des autres coryphées de la Scène, d’un homme qui jamais ne passa, parmi les partisants du monde, ou de la prétendue philosophie, pour l’émissaire des Prêtres, ou de ceux que nos incrédules appellent, avec aussi peu d’esprit que de justesse, Enthousiastes, Fanatiques, Etres superstitieux, Ésprits faibles. etc. etc. etc. […] Cette réponse nous donne lieu d’observer qu’un Chrétien, s’il veut être conséquent, doit à plus forte raison dire aussi : Puisque la raison et la religion ne défendent les spectacles, je n’irai sûrement point.

282. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « X. Différence des périls qu’on cherche et de ceux qu’on ne peut éviter. » pp. 44-45

On ne peut, continue-t-il, faire un pas, lire un livre, entrer dans une Eglise, enfin vivre dans le monde, sans rencontrer mille choses capables d’exciter les passions. » Sans doute, la conséquence est fort bonne : tout est plein d’inévitables dangers ; donc il en faut augmenter le nombre.

283. (1675) Traité de la comédie « I. » pp. 272-274

Car comme il n'y a guère de divertissement plus agréable aux gens du monde que celui-là, il leur était fort important de s'en assurer une jouissance douce, et tranquille, afin que rien ne manquât à leur satisfaction.

284. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Ce n’est qu’un esprit fort, un Philosophe stoïcien, un Théiste. […] Les anciens pour se rendre plus forts s’abstenoient de tous les plaisirs ; les nouveaux s’y livrent pour avoir plus de force ; c’est en les goûtant, qu’ils s’aguerrissent ; en les faisant goûter, qu’ils triomphent. […] Mais non, dit-elle courageusement, je me sens assez forte pour résister à tout. […] Qui aime le péril y périra, à plus forte raison qui le cherche, qui le fait naître. Est-on plus fort que ceux qu’on expose, & n’est-ce pas déjà une chûte que de les exposer, de s’exposer soi-même ?

285. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Je doute fort que son livre leur donne plus de zèle ; certainement depuis qu’il a paru il ne l’a pas fort échauffé. […] Mais que signifie cette demande des Censeurs, dont aucun Historien ne fait mention, fort inutile, puisque la surintendance sur tout ce qui appartenoit aux mœurs, étoit l’appanage de leur charge. […] Un Grand, épris du théatre, est pour la vertu fort au-dessous du roturier. […] Ceux-ci, qui étoient fort serrés, & qui par méchanceté contre César, qu’ils n’aimoient pas, affectèrent de l’être encore plus, le refuserent sous ce prétexte.

286. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-3

Ce témoignage de fait est de tous le plus décisif, la plus forte preuve de la contagion dans une ville, c’est la mort ou la maladie de presque tous ses habitans.

287. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VI. Des Courses de Bague, & des Testes. » pp. 188-190

Il est des Chevaux qui ont plus de part que ceux qui les montent au succez d’une Course : qui courent si uniment qu’ils dirigent le Cavalier : qui sont si fort en echole, qu’ils en sçavent autant que leurs Maîtres : & qui enfin, connoissent leur carriere, & pour ainsi dire le droit du Jeu.

288. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

On se trompe si on veut parler de la tragédie : car ce qui nous reste des anciens païens en ce genre-là, (j’en rougis pour les chrétiens) est si fort au-dessus de nous en gravité et en sagesse, que notre théâtre n’en a pu souffrir la simplicité.

289. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Elle la quitte pour suivre un jeune François qui la conduit à Paris, & la donne au théatre Italien où elle est fort applaudie. […] La vie d’une Comédienne peut être fort amusante par une multitude de traits de toute espèce, qui en caractérisant les femmes de cet état, en donne une juste horreur, & les couvre de mépris & de ridicule. […] Mais le fonds en est fort bon pour la religion & les mœurs. […] Elle a joint, dit-il, une modeste gravité à une douceur majestueuse, qui donne à même temps du respect & du désir, dont l’un attire & l’autre retire, d’un côté fait souhaiter, de l’autre désespérer (Ce style galant, très-fréquent dans les livres innombrables de cet Evêque, fort pieux, mais singulier, a paru prouver qu’il étoit un des délibérans du projet de Bourgfontaine, & un des exécuteurs : preuve légère d’un fait aussi grave & aussi contraire à la vie, aux sentimens, aux écrits de M. le Camus).

290. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

On voyoit tout cela fort indifféremment, & sans croire qu’il y eût aucun mal, pourvu qu’on n’y mêlât point de choses déshonnêtes. […] Il est vrai que comme tout dégénère, ces troupes sont ordinairement fort licencieuses, sur-tout dans ces pays idolâtres, & alors sans doute la conscience ne permet pas de s’en amuser. […] L’un, sauvage & farouche, ne voudroit jamais prendre de récréation ; l’autre s’y livre si fort, qu’il en devient un bouffon, un Comédien : Scurra mimus, mimium nugis indulgens. […] Ce grand Théologien & habile Prédicateur fit deux fort bons traités, l’un Latin, l’autre Italien, contre le théatre, & une dissertation contre les Ecclésiastiques qui se masquent : abus assez rare en France, où l’on ne voit capables de ces folies que quelque Abbé petit-maître, dont la conduite mondaine déshonore la sainteté de son état.

291. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

Ainsi les uns se preparoient à lutter, les autres à courre, les plus dispos à sauter, les plus adroits à joüer, & les plus forts à ruer des pierres ou à lancer des dars & des javelots. […] Dans une infamie égale parmy eux tous, le bon-heur fut fort different, car les esclaues faits en guerre n’auoient ny esperance ny resource, ou si le hazard leur en procuroit, c’estoit tres-rarement, & presque iamais. Les coupables estoient encor plus maltraitez, malgré leur force ou leur dexterité, ils estoient exposez aux bestes, & mesme quelquefois liez à des poteaux pour regaler plus tranquilement les Lions, & pour asseurer leur supplice contre tous les hazards d’une trop forte ou resoluë defense. […] Lipse accuse fort les Doctes d’une méprise considerable sur ces deux mots de Mission & de Rudis, dont ils confondent la signification.

292. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

& violenti rapiunt illud , c’est à dire, qu’il faut se faire violence, contrarier sans cesse ses inclinations, mortifier les sens, son amour propre, dompter ses passions, porter chaque jour sa croix ; de forte, que la vie chrétienne, & qui méne au salut, doit être une vie mortifiée, contrarier aux inclinations & aux sens : cependant cette Demoiselle trop commode ne veut rien moins que se faire violence. […] Si un Pere ne remplit pas les dévoirs d’un Pere Chrêtien, lorsqu’il n’éloigne pas d’auprès de ses enfans les livres dangereux ; à combien plus forte raison lui est-il defendu de donner des préceptes à sa Fille, qu’elle s’expose à faire les prémiers naufrages de son innocence ? […] Je frémis, Madame, quand j’y pense : d’autant plus, qu’il n’y a pas de doute, que la Comedie ne soit une occasion prochaine à ces fortes de pechés. […] Tout cela ne sont-ce pas toutes de fortes attaques à des ames qui ne peuvent s’y soûténir, puisqu’elles y sont sans crainte, sans défiance, sans préservatifs ?

293. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Mais ces cas étaient fort rares, et les Jésuites les ont rendus très fréquents, et il est certain que ces Pères ont été dans toute la France les plus grands promoteurs du théatre. […] Car ici la perfection fait le danger, la meilleure pièce est la plus mauvaise, la plus parfaite exécution est le plus subtil poison ; et malgré tout le soin des Régents, le jeu d'un Ecolier pût-il n'être pas grossier et maussade, à plus forte raison écarterait-on le danger, si comme l'ordonnait S. […] Pour les autres drames prétendus pieux, parce qu'on y a enchâssé le nom de quelque saint personnage, la Théodore de Corneille, la Jephté de Pellegrin, la galante Judith de Boyer, etc. ces Saints seraient fort étonnés, s'ils revenaient au monde, de se voir travestis en Comédiens, et ne feraient pas l'apologie de leur métamorphose. […] Ils doivent dans le service porter des habits magnifiques, mais être chez eux vêtus fort simplement.

294. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

et que selon la doctrine de saint Paul, ce n’est pas celui qui est faible qui doit se surmonter pour imiter celui qui est plus fort ; mais celui qui est plus fort, qui doit relâcher de ses droits pour s’accommoder au plus faible. […] On ne s’élève point si fort contre les jeux de hazard, qui ont été aussi défendus. […] Je ne fais point fort sur cet endroit de Tertullien, où il dit, qu’une femme Chrétienne étant entrée dans le lieu des Spectacles, devint possedée du démon, et que le malin esprit étant obligé par la force des Exorcismes de l’Église, de rendre raison de cette usurpation qui paraissait si injuste, il répondit, qu’il avait trouvé cette femme dans un lieu qui était à lui, et qu’il avait eu droit de s’en saisir. […] Le Parlement de Paris nous peut encore servir d’une forte preuve, pour apprendre au Théologien quel jugement il doit porter des Comédiens : car une troupe de ces sortes de gens étant venus à Paris, en l’année 1584. et ayant dressé un Théâtre dans l’Hôtel de Cluny, la Chambre des Vacations en étant avertie, leur fit défense de jouer dans Paris, sous peine de mille écus d’amende. […] « Que quoique ces plaisirs soient indifferents de leur nature, néanmoins selon l’ordinaire façon avec laquelle cet exercice se fait, il est fort penchant et incliné du côté du mal, et par conséquent plein de danger et de péril. » Mais n’est-ce pas en dire assez pour en éloigner tout le monde ?

295. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

Cherchons-en les raisons dans ce cœur lui-même, dans une resistance trop foible au milieu d’une corruption genérale, pour mettre un frein à ses égaremens, mais toujours assez forte pour faire comprendre la honte qui les suit. […] » Il valloit bien mieux par des tableaux vrais & forts, de leurs déréglements, travailler à les en faire rougir.

296. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

C’est un avare, qu’un héritier surprend enfin sur son coffre fort, & oblige à main armée de partager avec lui ses trésors. […] Une imagination forte médite les anciens, pour y découvrir le sceau de la nature.

297. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

Ce roman en est tout rempli ; la malignité y regne d’un bout à l’autre, en fait tout le sel, comme dans les comédies, ou lui donne, comme aux pieces de théatre, un bon motif, de corriger du goût de la lecture des romans de chevalerie : vice fort rare & fort peu contagieux.

298. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

Dans Electre, Tragédie d’Euripide, l’Héroïne est peinte avec de fortes couleurs, & de plus grandes touches que le reste des personnages, quoiqu’ils soient pourtant considérables par eux-mêmes, tels que Clitemnestre, Egiste, Oreste. […] Les personnages amoureux du nouveau Spectacle ressemblent un peu à ceux du grand Opéra : ils sont fades à force d’être tendres, répètent presque toujours les mêmes paroles, & donnent lieu à des Sçènes fort ennuyeuses.

299. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres.  » pp. 341-360

., devait nécessairement être donné par les ministres propres de son Eglise ; et à bien plus forte raison, l’observation des canons des saints conciles est un objet sacramentel pour les ecclésiastiques. […] Car, en matière de religion, l’exemple est le moteur le plus fort et le plus victorieux ; le sang des premiers martyrs a amené des flots de sang, parce que chacun voulait payer de sa vie son entrée dans la foi, et obtenir la couronne céleste, en mourant pour le fils de Dieu qui en était le suprême dispensateur ; Et puisque les ecclésiastiques veulent soumettre les autres chrétiens à l’observation des décrets des conciles, et qu’au moment de leurs décès ils leur font la fausse application de sentences exterminatoires, il est de toute justice, de toute pudeur publique qu’ils rentrent eux-mêmes dans la volonté de leurs propres lois, et qu’ils s’en montrent les fidèles et les zélés observateurs.

300. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

Mais il ne sera pas inutile de choisir entre tous les passages des Saints Pères quelques endroits qui expliquent clairement et en termes forts les périls où s’exposent ceux qui fréquentent les Théâtres. […] y a-t-il rien qu’une vue si dangereuse ne puisse émouvoir ; les sens, les passions, la vertu même des plus forts s’y trouvent ébranlées, et souvent renversées ?

301. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Est-elle même si fort séculiere ? […] Corneille & Racine, fort supérieurs pour la religion & les mœurs, l’état, la naissance, qui jamais ne s’abaisserent jusqu’à être des Comédiens, le valoient bien, chacun dans son genre. […] Ces Prélats, que leur dignité met si fort au-dessus des partisans de Moliere, ne leur sont pas moins supérieurs par leurs talens, leurs lumieres & leur vertu. […] Mais, quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré & par les traits les plus vifs, pour en mieux marquer l’excès & la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature & d’abandonner la vrai-semblance. […] Ce dévot Orateur, ce grand peintre de la dévotion, termine son nouvel Evangile par une priere aussi sublime que lui, que l’Académie a sans doute récitée fort dévotement, & que réciteroient aussi dévotement qu’elle les dévots de la nouvelle philosophie.

302. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre V. Il n’est point de Drame sans Mœurs. » pp. 139-141

« Les caractères des Drames comiques, s’écrie-t-il, sont fort communs, & toujours les mêmes. » Les siens sont variés avec goût, par une suite de cette éxactitude qu’on a de donner à chaque Artisan le genre qui lui convient.

303. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Première Lettre. De madame d’Alzan, À madame Des Tianges, sa sœur. » pp. 18-20

Depuis votre départ, il ne s’absente que le soir, pour aller au Spectacle ; presque tous les jours, il se rend au même Théâtre de fort bonne heure ; le desir de le voir m’y conduit quelque-fois sur ses pas ; monsieur de Longepierre, qui me croit passionnée pour la Comédie, quitte tout pour m’accompagner : je cherche des yeux monsieur d’Alzan dans la foule de l’Orquestre ; je l’ai bientôt démêlé : je le vois ; & le calme renaît dans mon cœur ; je me trouve presque contente.

304. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Seconde Lettre. De madame Des Tianges, À sa Sœur. » pp. 21-24

Nous avons ici une société fort aimable : mais… Ursule y manque.

305. (1751) Avertissement (Les Leçons de Thalie) pp. -

C’est précisément par ce côté que nous nous sommes proposés de la faire envisager, ce sont là les matériaux que l’on a tâché de mettre en œuvre pour en former un Tout de morale amusante, dépouillée de ce sérieux et de cette sécheresse qui ennuie fort souvent et qui corrige rarement.

306. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIX.  » pp. 475-477

Ce qui rend l'image des passions que les Comédies nous proposent plus dangereuse, c'est que les Poètes pour les rendre agréables sont obligés, non seulement de les représenter d'une manière fort vive, mais aussi de les dépouiller de ce qu'elles ont de plus horrible, et de les farder tellement par l'adresse de leur esprit, qu'au lieu d'attirer la haine et l'aversion des spectateurs, elles attirent au contraire leur affection; de sorte qu'une passion qui ne pourrait causer que de l'horreur, si elle était représentée telle qu'elle est, devient aimable par la manière ingénieuse dont elle est exprimée.

307. (1675) Traité de la comédie « XIX.  » pp. 302-305

Ce qui rend encore plus dangereuse l'image des passions que les Comédies nous proposent, c'est que les Poètes pour les rendre agréables sont obligés, non seulement de les représenter d'une manière fort vive, mais aussi de les dépouiller de ce qu'elles ont de plus horrible, et de les farder tellement par l'adresse de leur esprit, qu'au lieu d'attirer la haine et l'aversion des spectateurs, elles attirent au contraire leur affection.

308. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

« Grégoire VII, dit-il avec enthousiasme, n’a rien fait de mieux qu’un Opéra8. » Il est clair que cet Auteur immortel avait sur-tout une forte estime pour le genre bouffon, puisqu’il s’exprime ainsi ; « Je voudrais que Newton eut fait des Vaudevilles, je l’en estimerais d’avantage9. » Convenons que tout autorise le prodigieux succès du nouveau Spectacle. […] Mais je ne puis dissimuler qu’on fait contre lui des objections beaucoup plus fortes que celles que j’ai déjà rapportées. […] Voilà quels sont les grands coups que l’on veut porter au nouveau Spectacle, Ses énnemis prétendent l’accabler par de fortes raisons, tandis que ses partisans croient que tout doit se réunir en sa faveur : au milieu de tant d’avis différens il n’est pas difficile de reconnaître ceux qui suivent le parti de la vérité.

309. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

C’était donc d’une action fort honnête faire un exemple de corruption. […] On est séduit sans avoir la force de revenir contre de si douces et de si fortes impressions : tout fait illusion et tout concourt à la maintenir. […] Vous qui voyez une courtisane, revêtue d’habillements magnifiques, se montrer la tête découverte avec effronterie, avec un air et des gestes languissants et voluptueux, faisant entendre des chants lascifs, débitant des vers lubriques, prononçant des paroles obscènes, se permettant des indécences que vous regardez d’un œil attentif, et qui font sur vous une trop forte impression, vous osez dire que vous n’éprouvez aucune faiblesse ?

310. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

.), a quelque chose de fort singulier. […] Le triste événement qui irrita si fort la colère de Dieu, et coûta la vie à vingt-quatre mille personnes, est d’autant mieux approprié au théâtre, que c’était la célébration de la fête de Belphégor, aux mystères duquel ses criminels Acteurs se firent initier : « Et initiati sunt Belphegor », dit le Prophète (Psal. […] C’est toujours Belphégor qui règne ; il ne forme pas à la vérité des armées bien fortes, ses traits, pris dans le carquois de l’amour, ne blessent que les cœurs, ne triomphent que de la vertu ; mais la campagne serait-elle tolérable, si on n’allait les recevoir et les lancer aux pieds d’une Actrice, où l’on trouve depuis long-temps l’innocence et la pudeur terrassées ?

311. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Il commence par saint Thomas, dont il cite trois passages qu’il soutient être autant de condamnations des Théâtres ; je les rapporterai dans le Chapitre 4 Sect. 7. parce qu’ils y seront fort éclaircis. […] » La troisième partie de l’Ouvrage de del Monaco, propose les raisons apparentes des mondains pour défendre la Comédie, et dont il faut voir le fort et le faible. […] Chapitre il expose les raisons justificatives de la Comédie, rapportées par Beltrame, et il les combat par les Saints Pères, par les Théologiens, par les Casuistes, et par de forts raisonnements.

312. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Il faut à ces âmes rudes, concentrées et grossières, des secousses fortes pour les ébranler. […] » u comme le sage s’écriait autrefois, « où trouvera-t-on une femme forte ?  […] Si la plupart des nations ont agi comme nous à leur égard, c’est que partout les hommes ont été les plus forts, et que partout le plus fort est l’oppresseur et le tyran du plus faible. […] La plus forte de toutes vos objections contre l’établissement d’un Théâtre à Genève, c’est l’impossibilité de supporter cette dépense dans une petite Ville. […] Je parle ici d’après la peinture que vous avez faite vous-même de la vie journalière de vos citoyens ; et je n’ignore pas qu’ils se récrient fort contre cette peinture ; le peu de séjour, disent-ils, que vous avez fait parmi eux, ne vous a pas laissé le temps de les connaître, ni d’en fréquenter assez les différents états ; et vous avez représenté comme l’esprit général de cette sage République, ce qui n’est tout au plus que le vice obscur et méprisé de quelques sociétés particulières.

313. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Le Docteur qui soutenoit qu’elles n’avoient point péché, discit que puisqu’il est permis de massacrer l’ennemi & d’employer toute sorte de moyens pour l’affoiblir, à plus forte raison est-il permis de le rendre malad. […] On agita fort dans un Concile si les femmes étoient des créatures humaines. […] Ce trait, qu’il ne croit pas lui-même, fût-il vrai, il eût dû le taire pour l’honneur du Roi Robert, qui avoit de très-belles qualités, & gouvernoit fort sagement son royaume. […] Il n’y a pas même d’exemple que la déposition, à plus forte raison la simple improbation du Pape, ait fait assassiner aucun Roi. […] Dans les villes & les campagnes l’Artisan, le Berger, le Laboureur, le Domestique, s’amusent aussi à chanter dans leur travail fort innocemment, pourvu qu’ils ne chantent point des chansons obscènes, & qu’ils n’aient point intention de porter au crime par leurs chansons.

314. (1608) Traitté contre les masques pp. 3-36

laquelle ils representent se metamorphosans de ceste forte, & choppent contre le mystere de l’incarnation & la foy constante de l’Eglise catholique : Iidem qui supra Gennad. […] Masquer est doncques par vne illation necessaire coutre les bonnes moeurs & contre l’hõnesteté publique, mesmes entre les Payens, à plus forts termes entre les Chrestiens & fideles qui les doiuent surpasser en modestie & honnesteté de moeurs : Genes. c. […] à plus forte raison en celle-cy qu’est le iour natal du S. des saincts que les Payens & idolatres se masquoient en vn autre tẽps, d’autre façon & à autre fin, & quant à eux qu’ils n’ont intentiõ que de passer le temps ioyeusement de donner quelque relasche au corps & à l’esprit harassez du trauail durant le cours de l’annee. […] Ceste mesme effrenee liberté les emporte à prophaner l’habit des moines & hermites contre les loix qui les deffendent aux bastelleurs & Comediens, à plus forte raison aux masques sur peine de punition corporelle & de bannissement contre les infracteurs & contreuenans, ces loix Romaines nous obligent à les garder & entretenir en ce qu’elles sont ordonnees par Theodose, Arcade, Honore & Iustinian Empereurs Chrestiens, & sont conformes à la raison & à la bien-seance, L. […] Eglise l’vne des premieres de France & des plus excellentes en pieté & en deuotion, où l’office diuin est aussi bien faict qu’en nulle autre, tesmoin mesmes Pedro Corneio Espaïgnol qui trouue estrange & merueilleux que ceste ville soit demeuree stable en sa fidelité enuers son Prince & que les troubles derniers n’ayent point troublé sa constance ny esbranlé sa fermeté : veu dit-il qu’elle est forte Catholique & ornee d’vne Eglise où Dieu est seruy auec beaucoup de modestie, de ceremonie, de musique & faux-bourdon, & autant reueré qu’en Eglise qu’il aye veut Où est auiourd’huy le respect, la crainte, & la reuerence qu’elle imprimoit à noz ancestres & à tous autres qui en aprochoient, comme remarque S.

315. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « Stances à Madame Isabelle, sur l’admiration où elle a tiré la France » pp. -

Où pour remirer sa puissance, Il lui donna la connaissance Des secrets de sa déité, Et des quatre mondes ensemble, Et du fort lien qui assemble Nos vœux en la fatalité.

316. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Horace reproche à son siecle, comme un des plus grands désordres, qu’on obligeât les femmes de danser dans les fêtes, festis matrona moveri jussa diebus, à plus forte raison qu’on les y exerçât de bonne heure, & qu’on appelât belle éducation, comme aujourd’hui on en fait une partie essentielle, d’enseigner aux enfans ces molles attitudes, ces mouvemens lascifs, qu’ils ne goûtent déjà que trop. […] C’est un fort petit éloge de la danse. […] Quoique le témoignage des Saints Pères soit bien fort, je crois que sur ce chapitre celui d’un courtisan doit être d’un plus grand poids. […] Ce ne sont d’ordinaire que de jeunes gens qui composent ces assemblées, lesquels ont assez de peine à résister aux tentations dans la solitude, à plus forte raison dans ces lieux là où les objets, les flambeaux, les violons, & l’agitation de la danse échaufferoient des Anachorètes.

317. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Je desire fort que sa sixieme Edition soit suivie encore de plusieurs autres. […] Mais, que cette opinion, soit vraie ou fausse, je doute que la Comédie soit fort utile dans un pays, où, selon M. […] Ne seroit-ce point, Monsieur, dans l’ordre moral un phénomene fort singulier ? […] C’étoit donc d’une action fort honnête faire un exemple de corruption. […] « Il est fort, n’étant ému ni de promesses, ni de menaces.

318. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Ils n’ont pas conçu, comment vous pouviez trouver si mauvais qu’on attribuât à quelqu’un des opinions qu’on peut vous reprocher à vous-même, à ce qu’ils m’ont assuré, et que je m’embarrasse fort peu que vous ayez ou non, pourvu que je détruise celles que vous avez ou que vous faites semblant d’avoir contre les Comédiens. […] Voyez ce que dit Tertullien : « N'allons point au Théâtre qui est une assemblée particulière d’impudicité où l’on n’approuve rien que l’on n’improuve ailleurs, de sorte que ce que l’on y trouve beau, est pour l’ordinaire ce qui est de plus vilain et de plus infâme ; de ce qu’un Comédien par exemple y joue avec les gestes les plus honteux et les plus naturels ; de ce que des femmes oubliant la pudeur du sexe, osent faire sur un Théâtre et à la vue de tout le monde, ce qu’elles auraient honte de commettre dans leurs maisons ; de ce qu’on y voit un jeune homme s’y bien former et souffrir en son corps toutes sortes d’abominations dans l’espérance qu’à son tour, il deviendra maître en cet art détestable etc . »d Croyez-vous Monsieur que si les spectacles du temps de ces Saints hommes eussent ressemblé à ceux d’aujourd’hui ils se seraient élevés si fort contre eux et qu’ils n’auraient pas été de l’avis de S. 

319. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

et s’étend fort sur les avantages de la vertu et de la régularité. […] Sérieusement, si l’on ne cherche qu’à rire sans se soucier pourquoi l’on rit, je ne vois pas que ce soit là un fort grand plaisir. […] Il n’y a pas d’apparence qu’on veuille aisément réitérer le crime dont l’aspect seul vient de nous effrayer ; quoiqu’on l’eût commis dans toutes les circonstances les plus capables de l’excuser : puisqu’à la première vue d’un crime d’ignorance et d’erreur on se trouble si fort ; ne serait-il pas bien étrange qu’on se resalît aussitôt l’imagination par le souvenir, et la conscience par le désir d’une chose qu’on n’ignore plus être un crime ? […]  » Enfin nos Poètes en usent fort cavalièrement à l’égard des Seigneurs d’Angleterre : ils habillent les Milords en Quolibets et leur attribuent des caractères qui les rendent tout à fait méprisables. […] Cependant ces libertés paraîtraient fort étranges dans le commerce ordinaire de la vie ; lorsque surtout les personnes qu’elles offensent n’y donnent point occasion.

320. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

On ne nous montre pas la Vertu dans les Collèges ; mais le Grec et le Latin ; c’est moins à nous rendre honnêtes gens que l’on pense qu’à nous donner un peu d’esprit et quelque vernis de savoir : cependant cette raison ne justifie pas les hommes, nous avons l’orgueil de penser que nous avons l’Ame naturellement plus élevée que les femmes, et nous nous croyons fort au-dessus de leurs faiblesses : nous prétendons avoir le cœur mieux fait et l’esprit plus solide ; c’est ce qui nous reste à prouver. […] Il m’est impossible de rendre toute l’énergie de son style, et je vous avoue que le mérite de sa Poésie m’oppose tant de difficultés, que j’ai cru devoir choisir non pas une des plus fortes scènes de sa Pièce, mais celle qui m’a paru la plus facile à traduire. […] Dites-moi Monsieur, Madame votre Mère était-elle du nombre de ces femmes faibles, qui savent métamorphoser les hommes forts en femmelettes ? […] « Cet inconvénient de métamorphoser les hommes en femmes est fort grand partout, mais c’est surtout dans les Etats, comme [Genève], qu’il importe de le prévenir. […] Vous y faites une espèce d’éloge des femmes pour encourager les Rois à les faire égorger ; votre haine pour les pauvres Dames se manifeste si fort, qu’on peut vous appliquer la fable du Renard qui pour se défaire du Loup son ennemi assure au Lion que le meilleur remède pour le rhumatisme est la peau de cet Animal.

321. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVIII. Autorité des loix. » pp. 45-47

Nous avons maintenant à leur opposer quelque chose de plus fort, puisqu’il y a tant de Décrets publics contre la Comédie, que d’autres que moi ont rapportés.

322. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XX. Exemples de pratique. » pp. 48-50

Montrons-leur la République Romaine abattant de ses propres mains, sur les représentations fortes & pressantes de Scipion Nasica, le Théâtre qu’elle avoit fait construire.

323. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre IV. Que les Danses sont défendues dans les lieux saints. » pp. 22-25

On peut ajouter fort convenablement à cette prohibition les paroles d’Innocent III.

324. (1731) Discours sur la comédie « Lettre à Monsieur *** » pp. -

Je ne puis vous exprimer le plaisir que cette Lettre m’a donné : car outre que tout le monde doit être édifié des sentiments humbles et chrétiens dont elle est pleine, je vois avec joie que quelques mots un peu trop forts qui m’avaient échappé dans les Discours ne tombent que sur un Fantôme, et sur un Auteur inconnu, qui pour défendre la Comédie, s’est servi mal à propos du nom ou du moins des qualités d’un Prêtre et d’un Religieux tel que le R.

325. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

Ce qui fut de tel estime, que les Architectes attirés par gros loyers, que les Rois et Princes leur donnaient, ont écrit fort doctement des livres touchant la dimension et ordonnance des1.

326. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Indépendamment de ce retour sur nous-mêmes, tout ce qui est grand & sublime, tout ce qui s’éleve au-dessus des sentiments & des actions du commun des hommes, fait sur nous une impression aussi forte qu’agréable. […] Peindre les vices pour nous en montrer le péril, & nous en faire craindre les suites malheureuses, émouvoir notre ame pour l’affermir, & comme pour l’endurcir par cette émotion même, en lui donnant une trempe plus forte & plus vigoureuse, c’est le moyen de rendre la Poësie utile. […] L’un me plaît par la grace, la naïveté que j’y observe : l’autre fait sur moi une impression plus sérieuse, plus forte, plus profonde par la grandeur, la noblesse, le sentiment que le Peintre a sçu jetter dans les caracteres qu’il a voulu exprimer. […] J’ajoute encore que le plus grand mérite & le plus haut degré de l’imitation quand elle est parfaite, est de se cacher elle-même, & de rendre l’illusion si forte & si dominante, que l’esprit tout occupé de l’objet imité n’ait pas le loisir de penser à l’art de l’imitation. […] Après avoir épuisé ce premier point, la seconde face sous laquelle on peut envisager la Tragédie, en ne la considérant que comme une Imitation, lui fournira un sujet presque aussi riche, s’il s’attache à bien expliquer pourquoi toute Imitation nous plaît en tant qu’Imitation, & pourquoi celle qui est l’ame de la Tragédie, fait de plus fortes impressions que toutes les autres.

327. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Vn fameux Orateur du siecle passé s’escria vn jour sur le sujet des Eclogues de Virgile, Plevsta Diev qv’il evst ietté Tityre ov il vovloit qv’on iettast Ænée  ; Et le plus celebre de nos derniers Poëtes m’a auoüé, qu’il auoit cherché trois jours entiers dans les Poëmes de Terence ce qui m’y plaisoit si fort, sans auoir pû le trouuer. […] On se mesconteroit pourtant bien fort, si on pensoit mespriser generalement tout ce qui se nomme populaire, & si on croyoit qu’il ne peustrien naistre de bon ny d’honneste hors de l’ordre des Patriciens & des Cheualiers. […] Il s’ensuit, Monsievr, que toutes fortes d’ornemens ne font pas bien en toutes sortes de lieux, & que la Pompe & la Majesté peuuent estre quelquefois hors de leur place.

328. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

Outre les voies criminelles, inconnues, que ces écrivains possédés par la passion de faire preuve d’imagination, de donner du neuf, du fort, des scènes à effet révélèrent continuellement aux méchants et aux fourbes, ils les obligèrent à en chercher aussi eux-mêmes ; c’est-à-dire à changer leurs stratagemes, à rafiner leurs moyens, à user de plus d’industrie dans leurs fourberies, laquelle industrie, toujours secondée et excitée de la même manière, se lègue, ou se perpétue en augmentant, reste avec ses découvertes dans la société qu’elle infecte et désole de plus en plus. […] nous savions de reste que cela est possible, puisque nous étions instruits qu’il pouvait arriver des choses bien plus fortes de la même part5. […] Certes, voilà deux opinions fort opposées !

329. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

Une raison encore plus forte qu’il me reste à détailler, achevera de faire sentir l’importance de l’Unité de lieu. […] Si elle représentait une rue ou la campagne, on n’y serait pas pour cela règner une nuit obscure ; une lueur assez forte éclairerait les objets, répandrait autour d’eux l’éclat nécessaire ; & ce serait à la Lune qu’on s’imaginerait la devoir, ou à d’autres causes étrangères. […] Tom-Jones n’est pas aussi repréhensible ; il n’a seulement que deux personnages sur lesquels roule particuliérement le fort de l’intrigue ; le prémier est le Héros de la Pièce, comme de juste ; le second, la belle Sophie.

330. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

On s’épuise depuis si long-tems à parler de Corneille & de Racine, on débite sur cette matière tant de paradoxes outrés, on s’écarte si fort de la vérité par enthousiasme ou par esprit de contradiction, que c’est rendre un vrai service au Public, que de lui remettre sous les yeux ce qui a paru de plus sagement pensé & de mieux écrit sur les productions & sur le génie de chacun de ces deux Poëtes.

331. (1707) Lettres sur la comédie « LETTRE, de Monsieur Despreaux. sur la Comédie. » pp. 272-275

Croyez-moi, Monsieur, attaquez nos Tragédies et nos Comédies, puisqu’elles sont ordinairement fort vicieuses : mais n’attaquez point la Tragédie et la Comédie en général, puisqu’elles sont d’elles-mêmes indifférentes, comme le Sonnet et les Odes, et qu’elles ont quelquefois rectifié l’homme plus que les meilleures Prédications : et pour vous en donner un exemple admirable, je vous dirai qu’un très grand Prince,Louis XIV.

332. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Saint Clément d’Aléxandrie condamne les comédies en des termes aussi forts, quand il dit que ce sont des assemblées honteuses & pleines d’iniquité. […] On ne peut guéres user de termes plus forts, & c’est un des plus saints Docteurs de l’Eglise qui en a ainsi parlé. […] Ainsi il ne faut pas s’étonner que ces Saints personnages ayent si fort invectivé contre : on s’étonneroit plutôt qu’ils ne l’eussent pas fait. […] Si après tout ce que nous avons dit pour en détourner les fidéles, il y a encore ici des personnes qui soient d’humeur à y retourner, ils remercieront le Pere de parler si fort à l’avantage de ce qu’ils aiment.

333. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Arouet & ses amis pourroient y jouer les plus jolis rôles ; on y enchasseroit fort naturellement une analise, & un éloge de toutes les productions de ce grand littérateur. […] La Clairon doit en être elle-même fort étonnée : Ma gloire fut dans tous les tems votre ouvrage. […] On dit même, qu’il a mal profité des leçons de son maitre, dans le point le plus essentiel ; il est moins sage que lui, quoique fort supérieur, plus véhément, plus tragique, & ayant pénétré plus loin. […] M. de Belloy vient de recevoir des honneurs fort approchans, un prix dramatique au théatre, de la part du Roi, la qualité de Bourgeois de Calais, une boîte d’or de la part des Echevins, un grand tableau, qui vaut bien une statue, placé dans l’hôtel de ville, lieu plus décent & plus honorable que les foyers de la comédie.

334. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Quand on vante si fort la modestie actuelle de la scène, on a sans doute oublié les dernieres pieces données à l’Hôtel, où l’on fait paroître un Sérail sur le théatre. […] doit-il être fort agréable de les entendre, quand on a des mœurs ? […] On y voit, dit-il, les divers collèges des Prêtres & des Magistrats, les Souverains Pontifes, les Quindécemvirs couronnés de laurier, les Flamines, les Augures interprètes des volontés des Dieux, les Vestales chargées d’entretenir le feu sacré, le Peuple, le Sénat, les Consuls, les très-augustes Empereurs, qui approchent si fort de la Divinité ; & ce qui est incroyable, la mère de cette nation guerriere maîtresse du monde (Vénus), s’applaudit de s’y voir représentée par les livrées infames d’une prostituée : Et quod nefarium est audire, gentis Martiæ genitrix, regnatoris populi procreatrix, lætatur Venus, seperaffectus meretricia vilitatis, impudicâ imitatione laudari. […] C’est une bonne drogue que la science ; mais cette drogue n’est assez forte pour se préserver sans altération & corruption, selon le vice du vase qui l’estuie.

335. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Jusques-là nous n’avons encore trouvé rien de trop favorable à ceux qui nous vantent si fort la Morale de Mr. […] A dire le vrai, ces Piéces sont fort inférieures au Misanthrope, à l’Ecole des Femmes, au Tartuffe, & à ces grands coups de Maîtres : mais elles ne sont pourtant pas d’un Ecolier, & l’on y trouve toujours une certaine finesse répanduë que le seul Moliere avoit pour en assaisonner les moindres Ouvrages.

336. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

C’est pourquoi ce qui fera preuve par rapport à Moliere, le fera à plus forte raison, par rapport aux autres Auteurs comiques qui l’ont tous pris pour leur modele. […] C’est précisément la haute idée que j’ai de cet excellent homme qui me l’a fait préférer à ses rivaux, & je crois que la preuve qui résultera de l’examen de ses ouvrages, en sera d’autant plus forte.

337. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

Mais je prétends aujourd’hui en faire sentir la nécessité indispensable, le terme n’est point trop fort ; je suis sûr d’être approuvé de tout le monde, des partisans même de nos Comédiens. […] J’estime fort les Comédiens, je n’ai point à me plaindre d’eux, leur talent mérite toutes sortes d’égards ; mais je ne conçois point leur politique.

/ 523