2. vous êtes un plus grand homme que vous ne croyez, votre élection pour les communes auroit fait un schisme en France, vos amis sont fâchés que vous n’ayez pas réussi, ils savent que votre esprit & votre cœur n’ont rien de votre profession, & sont infiniment au-dessus de votre fortune, quoique vous ayez deux millions de bien. […] Nous savons en Angleterre distinguer les divers points de vue d’un objet, en France on est trop peu réfléchi pour une opération si compliquée. […] Il n’en est que plus flatté d’avoir su vaincre par son mérite un préjugé qui lui étoit défavorable, & d’honorer par la supériorité de ses talens, un état qui n’honore personne. […] Dans une des salles d’un tribunal de Flandres, on voit au milieu du plafond la figure en relief du Capricorne ; par je ne fai quelle fantaisie du sculpteur, ce signe du zodiaque a des grandes cornes de bouc, & tout le monde sait qu’en style de théatre, les cornes sont l’enseigne des maris malheureux. […] 7, Vie de Nicolas Aubertin, Cardinal de Prato, rapporte que ce Cardinal étant Legat du Pape à Florence, pour tâcher d’apaiser les troubles : on y fit des réjouissances extraordinaires & ridicules, on fit crier que tous ceux qui voudroient savoir des nouvelles de l’autre monde, en apprendroient le premier jour de Mai, sur le pont de la Ville.
Mettez ensemble deux hommes également malheureux, dont l’un sache s’éxprimer avec élégance ; on s’intéressera plutôt à celui qui touche, qui ébranle l’ame par la force de ses discours, qu’à celui qui s’éxprime grossièrement ou sans délicatesse. […] Je plains l’Auteur, & je méprise le Théâtre, qui ne sauraient rassembler ces deux parties importantes, dont l’union seule compose un tout parfait.
Mais comme il n’est que trop de gens qui affectent d’ignorer ce qu’ils ne veulent pas savoir, & qui pourraient tirer avantage de mon silence ; il est bon de m’éxpliquer clairement. […] Ne pourrait-on pas dire qu’ils ne la célèbrent avec tant de soin que parce qu’ils sentent qu’elle ne saurait se passer de leurs suffrages, & qu’ils empêchent par ce moyen le Public d’ouvrir les yeux ?
Peu de Poètes modernes savent la Musique. […] On ne saurait donc trop recommander au Poète d’être parfaitement d’accord avec le Musicien, de prendre souvent ses conseils, de le consulter sur la coupe, la marche d’une Ariette ; & de ne point refuser de suivre en tout ses avis.
qu’un mari dameret est un être… S’ils savaient s’occuper ! […] Tu sais que monsieur Des Arcis, l’ami & le parent de mon mari, lui fit promettre, en mourant de veiller, de concert avec monsieur de Longepierre, sur un fils & une fille qu’il laissait, & de les pourvoir à son gré.
Chacun sait la pénitence que fit Pierre Corneille dans les dernières années de sa vie. […] Malgré son mariage, dont tout le monde sait les circonstances, on n’a pas laissé de regarder Molière comme un très honnête homme : soit, mais il y a bien de la distance de cette qualité à celle d’un bon chrétien.
Cependant après plus de vingt années de silence, un Particulier a entrepris de justifier la Comédie par une Lettre qu’on a voulu faire passer pour une Réponse faite au sieur Boursault, Auteur d’un Volume de Pièces de Théâtre, qui feint d’avoir consulté un Théologien illustre par sa qualité et par son mérite, pour savoir si la Comédie peut être permise, ou si elle doit être absolument défendue. […] Il y a eu deux autres Traités faits en ce siècle contre la Comédie, savoir celui de François Marie del Monacho Sicilien, et un du Père Ottonelli Jésuite Italien.
Il veut ensuite qu’on enseigne à cet Acteur, la Musique, l’Histoire, & je ne sais combien d’autres choses, capables de faire le nom d’hommes de Lettres à celui qui les aurait apprises. […] Comme ils n’avaient que des gestes à faire, on conçoit aisément, que toutes leurs actions étaient vives & animées : aussi Cassiodore les appelle des hommes, dont les mains discrètes avaient pour ainsi dire une langue au bout de chaque doigt ; des hommes qui parlaient, en gardant le silence, & qui savaient faire un récit entier sans ouvrir la bouche ; enfin des hommes que Polymnie avait formés, afin de montrer qu’il n’était pas besoin d’articuler des mots, pour faire entendre sa pensée. […] Nous savons aussi que les Chinois ont des espèces de Pantomimes, qui jouent chez eux sans parler : les Danses des Persans ne sont-elles pas des Pantomimes ?
Il est écrit, comme on sait, que, si on les aime, on y trouvera tôt ou tard sa perte et sa ruine. […] Mais on sait assez qu’on ne va ordinairement au spectacle que par ces sortes de motifs, c’est-à-dire par curiosité, amusement et récréation. […] On voit, d’après cela, que le passage de saint Thomas prouve assez mal ce que l’on prétend établir, savoir que l’on ne doit pas regarder comme absolument mauvaise la profession des acteurs et des actrices. […] Voyez aussi les jeunes filles pâles, maigres, ternes, étiolées, tristes, vaporeuses, hystériques, mélancoliques, rachitiques, chlorotiques, sourdement minées par on ne sait quoi…. […] Si par hasard ces jeunes personnes ne meurent pas, un triste et peut-être un fatal hymen les unira à des vieillards de vingt-cinq ans, déjà tout courbés sous le poids des plaisirs et de la mollesse ; car c’est ainsi, comme ou sait, que se forment les alliances dans les sommités sociales.
Il n’est point ici question de son origine, qui sûrement vient des Païens : il s’agit uniquement de savoir ce qu’il en faut penser. […] Parce qu’on ne peut emprunter des habits de théâtre, sans que bien des gens le sachent, et en soient scandalisés. * Ajoutez que pour apprendre une Pièce, pour s’exercer à bien faire son rôle, etc. il faut bien du temps, dont on peut assurément faire un meilleur usage.
Sans chercher une époque plus éloignée, tout le monde sait que, depuis l’Empire des Perses jusqu’aux derniers temps de l’Empire Romain, et dans les premiers siècles du Christianisme, la profession de Danseuse et de Chanteuse n’était exercée que par des filles de mauvaises mœurs : aussi voit-on que les Chanteuses et les Danseuses étaient au même rang que les Courtisanes. […] Quoiqu’il en soit, nous savons, à n’en pouvoir douter, que, parmi les Modernes, les femmes ne commencèrent à monter sur le Théâtre que vers l’an 1560, comme nous l’avons dit autre part ;5 ainsi ce sont les Modernes qui ont corrompu le Théâtre dans toutes ses parties ; parce qu’il est incontestable que ce sont eux qui y ont introduit la passion de l’amour, et que les femmes n’y ont représenté, dansé et chanté que depuis 1560.
Ces vaines repliques ne sauraient ébranler les partisans du nouveau Spectacle. […] Les Auteurs de l’Opéra-Bouffon savent représenter les actions d’un manant : qu’un Homme de Lettres s’occupe à faire revivre Alexandre, Brutus & nos Rois les plus augustes ; eux se font gloire de nous montrer un rustaut, un simple pécheur, un Boulanger. […] Il faut un grand art pour savoir contenter les différens goûts. […] Aurions-nous vu des Auteurs distingués dans la République des Lettres, ne pouvoir atraper sur ce Théâtre ce je ne sais quoi qui fait tant applaudir les Sédaine & les Anseaume ? […] Serait-il moins facile à saisir que le sublime du Tragique, ou le vrai génie ne saurait-il s’abaisser jusqu’à lui ?
Secundo, les prédications sont plus décentes pour l’instruction du peuple, attendu qu’elles se font par théologiens gens doctes et de savoir, que ne sont les actes ou représentations qu’on appelle jeux, que font gens ignorants et indoctes, et qu’ils n’entendent ce qu’ils font ni ce qu’ils disent, représentant des actes des apôtres du vieil testament et autres semblables histoires qu’ils s’efforcent représenter. […] Et tant les entrepreneurs que les joueurs sont gens ignares non lettrés qui ne savent ni a ni b qui n’ont intelligence non seulement de la sainte écriture immo z ni d’écritures profanes. Sont les joueurs artisans mécaniquesaa, comme cordonniers, savetiers, crocheteurs de grève, de tous états et arts mécaniques, qui ne savent lire ni écrire et qui onques ne furent instruits ni exercés en théâtres et lieux publics à faire tels actes, et davantage n’ont langue diserte, ni langage propre, ni les accents de prononciation décente, ni aucune intelligence de ce qu’ils disent, tellement que le plus souvent advient que d’un mot ils en font trois, font point ou pause au meilleur d’une proposition, sens ou oraison imparfaiteab, font d’un interrogant un admirantac ou autre geste, prolation ou accents contraires à ce qu’ils disentad, dont souvent advient dérision et clameur publique dedans le théâtre même, tellement que, au lieu de tourner à édification, leur jeu tourne à scandale et dérision. […] Et quant aux aumônes, elles se refroidissent tous les jours pour autres causes, que chacun ne sait pas. […] Et quant à la seconde requête dudit procureur général, tendant à ce que défenses fussent faites aux nouveaux maîtres entrepreneurs du Mystère du Nouveau Testament, ladite cour a fait et fait inhibitions et défenses auxdits nouveaux maîtres de procéder à l’exécution de leur entreprise, jusques à ce qu’elle ait su le bon plaisir et vouloir du Roi pour, icelui ouïcd, leur faire telle permission qu’il plaira audit Seigneur ordonner.
Son ministère étant libre, il peut & doit rendre la cause dont il s’est chargé sans le savoir, & ne pas s’exposer à l’odieux dénouement de ruiner la personne qu’il aime, ou se rendre suspect à sa partie, si elle vient à connoître l’intrigue. […] C’est une vicissitude de fortune, on est admis ou réfusé, selon qu’on sait mieux faire sa cour. […] Il n’est pas étonant de voir une fille d’opéra, receveuse d’un grenier à sel, entreposeuse du tabac, associée au deux sols pour livre ; on sait qui a fait l’avance des fonds, & comment s’en acquite une actrice financiere : pourquoi non ? […] 12. fait sans pudeur, l’histoire des ses amours, avec une femme mariée ; il dit qu’ayant su qu’elle devoit aller à la comédie, il s’y rendit, s’approcha d’elle, comme par hazard, s’assit à son côté, il se lia si bien avec elle, qu’il en vint au dernier crime. […] Richer a su apprécier les faits de cette cause singuliere, & en a sagement écarté les sornetteries & le sortilége qu’on y avoit répandu.
Ce n’est pas sans raison qu’en Italie, en France et presque partout les Histrionsa ou Comédiens sont tenus pour infâmes, les lois mêmes les déclarent tels pour plusieurs raisons que chacun sait. […] Car vous devez savoir que cette fille à tant de vertu et particulièrement tant de piété qu’enfin sa dévotion éclata hier en la façon que je vous dirai. […] Madame ayez pitié de moi et ne me confondez pas en mon attente je sais que je suis indigne de cette libéralité mais Madame je tâcherai de m’en rendre digne par l’ardent désir que j’ai d’être bonne Religieuse. […] Retirez-moi madame de la mer où je me noie du Labyrinthe où je me pers et faites de mon salut une perle à la couronne qui vous attend au ciel. » Les sanglots qui avaient souvent, mais de bonne grâce, entrecoupé son discours le tranchèrent ici tout à fait et sa voix étouffée dans ses soupirs et suffoquée dans ses larmes donna place à celle de la Reine qui la relevant doucement avec cette suavité naturelle et Française qu'elle sait si judicieusement mêler avec cette artificieuse gravité Espagnole, lui dit, « Ma fille, vous me demandez une chose si petite par de si grandes que je ne puis vous refuser sans être blâmée de tout le monde et comme je crois sans offenser Dieu, assurez-vous donc que je vous prends en ma particulière protection et que je ferai pour vous et de vous tout ainsi que vous voudrez.
« Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques. […] Il y a des délassements nécessaires au corps et à l’esprit, quand l’un et l’autre ont été affaiblis par le travail, et il ne faut que savoir quelle est notre condition depuis le péché, pour sentir le besoin que nous avons de ce secours. […] « Pour savoir si un chrétien peut allier la fréquentation des spectacles avec la sainteté de son état, examinons l’impression que ces divertissements font sur son cœur. […] N’admire-t-on pas un auteur, qui, employant toute la force de son génie à représenter quelque grande passion, sait vous amener insensiblement et par degrés jusqu’à exciter en vous cette passion qu’il a voulu dépeindre ?
Demander si les spectacles sont bons ou mauvais, il suffit, dit Jean-Jacques Rousseauaa, pour décider la question, de savoir que leur objet principal a toujours été d’amuser le peuple. […] Je réponds que, quand cela serait, la plupart des actions tragiques n’étant que de pures fables, des événements qu’on sait être de l’invention du poète, ne font pas une grande impression sur les spectateurs. […] Le savoir, l’esprit, le courage ont seuls notre admiration ; et toi, douce et modeste vertu, tu restes toujours sans honneurs ! […] A la faveur de je ne sais quelles commodes suppositions, on les rend permis ou pardonnables. […] Nous instruisons un moment : mais nous avons longtemps séduit, et, quelque forte que soit la leçon de morale que puisse présenter la catastrophe qui termine la pièce, le remède est trop faible et vient trop tard. » On sait que les auteurs dramatiques attribuent à leur art la gloire d’avoir triomphé de la barbarie, et d’avoir adouci les mœurs publiques : Garnier, dans son ouvrage intitulé De l’Education civile, est bien éloigné d’en convenirae.
Quelle folie et quel péché (de peccato et vanitate) de négliger des études utiles, pour m’occuper des aventures de je ne sais quel Enée, tandis que j’oubliais mes propres égarements, et de pleurer la mort que se donna Didon pour son amant, tandis que je vois d’un œil sec la mort de mon âme ? […] Le gouffre des mœurs des Carthaginois, démesurément épris des spectacles, avait absorbé mon ami Alype dans la folie du cirque : « Gurges morum Carthaginentium quibus servent spectacula absorbuerat, etc. » Je regrettais un jeune homme de si grande espérance, qui se perdait par là ; mais je ne savais comment le corriger. […] « Quanto studio ab urbe ludos ipsos scenicos abstulisset, si, etc. » Sachez donc, vous qui l’ignorez ou le dissimulez, et qui murmurez contre votre libérateur que ces jeux scéniques, ces spectacles d’impureté, cette licence de vanité, sont l’ouvrage de vos faux Dieux. […] Augustin ajoute un paradoxe, qu’un Comédien ne peut jamais être un bon Musicien : « Sicut Histriones sine scientia satisfacere posse voluptati aurium popularium, ita nullo modo Histriones esse posse musicæ studiosos peritosque. » Cette proposition est fausse, dans l’idée que nous avons de la musique : un Comédien peut l’aimer et la savoir parfaitement, quoique cela soit rare, car la plupart sont très ignorants. […] Un homme qui est dans l’erreur, qui ne sait pas apprécier les choses, n’est pas savant.
L’Eminence, à demi endormie, se réveille, rit de cette saillie et lui en sait bon gré, lui envoya le lendemain deux mille livres, et lui donna plusieurs pensions sur des bénéfices, revenu qui certainement ne fut jamais destiné à payer des vers galants. […] Quelque philosophe qu’on soit, il est impossible d’aller à l’opéra sans ressentir des mouvements que la plus héroïque vertu ne saurait étouffer. » Dès 1581 un Italien, nommé Balthazarini, qui prit le nom de Beaujoyeux, accompagné d’une bande de violons dont il était le chef, fut employé par Catherine de Médicis pour donner des ballets à la Cour. […] Mazarin ne portait pas si loin ses désirs et ses vues ; il n’était rusé que pour le moment, comme un joueur qui écarte ou jette à propos une carte ; il savait parer un coup, tendre un piège, trouver un abri dans un orage, et le laisser passer. […] Marc à Venise, et ces faits peints sur les vitraux de quelque Eglise et je ne sais quel tableau dans l’arsenal de cette ville. […] Je sais bien que Melpomène n’avait point alors tous les atours dont à su la parer Racine, ni le Clergé petit-maître toutes les grâces que répand sur leur tête la main d’un habile baigneur ; mais je ne sais par quelle fatalité le théâtre et l’Eglise, la comédie et la sagesse, les airs d’un actrice et les affaires de l’Etat, ne furent jamais d’intelligence, quoiqu’une mauvaise politique ou des passions criminelles aient souvent essayé de les réunir.
Il avoue ensuite qu’il avait fait une Dissertation Latine sur la Comédie, depuis dix ou douze ans, et qu’il y avait pris le parti de la justifier sans avoir mûrement examiné la matière, et par une légèreté de jeunesse ; il déclare qu’on a ajoute à son Ecrit ce qu’il n’y avait pas énoncé, savoir l’Approbation tacite de Monseigneur de Paris, et l’air méprisant avec lequel on a traité les Rituels dans la Lettre du Théologien ; il reçoit avec soumission la discipline des Rituels, et la doctrine qui en fait le fondement. […] A regarder les plaisirs du monde sous une idée métaphysique, qui les sépare des plus grands désordres, il semble les permettre : cependant il exige des dispositions dans leur usage, qu’on ne saurait tenter de garder avec fidélité sans renoncer à tous ces plaisirs. […] Enfin la quatrième demande, est de savoir si quelqu’un peut aller à la Comédie ; on y répond que la Comédie étant mauvaise, dans la pratique on n’y doit pas aller, même par complaisance pour ses parents. […] « Qu’à l’Amour comme au seul Dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même : Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçu du Ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique, Que Lully réchauffa du son de sa Musique. » Voilà les effets des Opéra et des Comédies de nos jours. […] Il consulta la Sorbonne, dont voici la décision : « Les Docteurs de la sacrée Faculté de Théologie de Paris, soussignés, qui ont été consultés pour savoir si les Comédies que représentent les Comédiens Italiens à Paris, peuvent être permises, ayant vu une partie des Affiches qui leur ont été communiquées, savoir celles du 12. 15. 16. et 21. d’Août, celles du 18.
L’argent des autres est ignoble, ce sont des ignorans & des aveugles, qui ne savent pas aprétier le mérite de la Henriade ; encore faut-il, pour que leur argent soit de poids, que par des ouvrages avoués du public, ils fassent preuve de noblesse littéraire . […] Elle a posé une couronne de laurier sur la tête d’une statue ; elle a déclamé une ode faite par je ne sai qui, & qui, elle-même n’est pas grand chose. […] En vérité Voltaire & ses adorateurs ne savent ce qu’ils disent. […] Je ne sai si le nom d’Arouet percera les épaisses ténébres de tant de siécles, & de lumiere & de barbarie ? […] La nature, la société, la coutume, la vanité-même, & les passions, en arborent partout les trophées, aussi bien que la Réligion, qui ne cesse de crier, tenez-vous prets, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.
Il faut pardonner ces taches à un Poëte qui ne fait que son catéchisme : plusieurs Poëtes ne le savent pas. […] Je ne sai quelles sont les modes de son pays : il faut que ces libertés y soient bien fréquentes, pour en avoir si fort pris l’habitude, & les multiplier dans tous ses chants. […] Travail inutile & pénible, soit petit service rendu au public, qui n’a aucun intérêt à savoir tant de noms obscurs, & à ces millions d’hommes qu’il ressuscite & montre un instant comme un éclair, & qui retombent pour jamais dans les plus profondes ténebres de l’oubli. […] il y a soixante ans que je le savois comme lui. […] Clément, je ne savois de quoi il étoit question.
6.), qui rapporte ce fait d’après divers Auteurs qu’il cite, fait une dissertation très-peu importante pour savoir si les Anglois en sont les premiers auteurs, ou si ce fut le fameux Reuchlin ou Fumée à qui cet honneur soit dû, comme les Allemands le prétendent. […] Je ne sais s’ils ont réussi. […] Je ne sais si les Comédiens Espagnols font autant d’éloges de leur charité que les François de l’imposition qu’on a mise sur eux en faveur de l’Hôtel-Dieu, à peu près comme si des joueurs vantoient leur zèle pour l’École militaire, parce qu’ils payent le droit des cartes, & les libertins de Naples leur amour pour les pauvres, parce qu’on prend quelque chose sur les profits des Courtisannes. […] Nous laisserions cette réponse dans quelque scène de Pourceaugnac, si elle n’avoit d’autre partisan que ce grave docteur ; mais bien des gens de tout un autre poids la répettent, sans savoir peut-être qu’ils sont l’écho de Moliere, & sans penser, non plus que lui, que quatre pages après, dans les mêmes pieces qu’il a cru justifier, il détruit lui-même son apologie par ses farces licencieuses. […] L’eût-il-été, on sait qu’un gentilhomme ne déroge pas en travaillant sa propre terre, ira-t-il se louer laboureur ?
Je ne sais où les Jésuites ont pris cette anecdote. […] Je ne sais pourtant quel Prédicateur voudrait prêcher ainsi. […] Mais les Comédiens savent-ils respecter quelque chose, agir et parler qu’en Comédiens ? […] C’est aussi tout ce qu’ils en rapportent, l’incrédulité : c’est tout ce que savent de la religion la plupart des acteurs et des spectateurs, des doutes, des objections, des railleries. […] Qui a donc enfanté ce jargon, lequel fait à peu près tout ce que savent dire et redire les Poètes ?
Je ne sais pourquoi ils méprisent les marionnettes : que sont les marionnettes, que des Comédiens qui agissent par ressort ? […] Cet homme illustre, que tout le monde sait avoir été philosophe et homme d’état, aussi bien que grand Magistrat et grand Orateur, faisait beaucoup de cas de ce fameux Comédien, que le célèbre Baron, avait, dit-on, fait revivre. […] Lully ayant su plaire à Louis XIV, et gagner un million à l’Opéra, s’avisa d’acheter des lettres de noblesse, et un an après une charge de Secrétaire du Roi. […] Ces réflexions, très justes en supposant, comme l’insinue Piganiol de la Force, un arrêt définitif en faveur de Floridor, se trouvent inutiles, parce qu’il n’y a jamais eu qu’un arrêt interlocutoire du Conseil le 10 septembre 1668, qui, comme on sait, ne décide rien pour le fonds. […] On sait que Marc-Aurèle chassa les Comédiens de Rome, et les relégua dans quelque île de l’Hellespont ; mais peu de gens ont vu la lettre 12 que Guevara, à cette occasion, fait écrire par l’Empereur à Lambertus, Gouverneur de cette île.
Pour moi, qui ne crois pas qu’un certain nombre de mots et une rime au bout, soient des Vers, je ne crois pas aussi que tous ceux qui parlent à la Comédie soient Comédiens : Pour bien faire des Vers il faut les savoir tourner comme fait Racine ; et pour être ce qu’on appelle des Comédiens, l’être comme Baron et Raisin. […] Je sais que ce n’est pas vous faire ma Cour de donner la préférence à Corneille sur Racine, et qu’étant son Amie comme vous l’êtes, il vous est aisé de croire ce que vous souhaiteriez qui fût : mais quelque déférence que j’aie pour vos sentiments, j’ai le malheur de ne pouvoir déguiser les miens ; et supposé entre eux une égalité de mérite, Corneille étant venu le premier, et ayant purgé le Théâtre de la Barbarie qui s’y était introduite, je crois que le premier Rang lui est légitimement dû. […] L’Histoire, où tant de fois pour remplir mes projets J’ai trouvé de grands Noms, et pris d’heureux Sujets, Comme Andromaque, Oédipe, Iphigenie, Horace, Où chaque Passion parle avec tant de grâce : L’Histoire, où des Héros les Exploits éclatants Savent se garantir des Insultes du Temps, Si souvent dépouillée en faveur de la Scène N’offre plus à mes yeux d’Action qui surprenne.
Le Poète qui voudra connaître particuliérement le Théâtre auquel son génie le porte, verra que les règles sont générales, du moins parmi une Nation, & qu’on ne saurait par conséquent les suivre avec trop de soin. […] Il est, je crois, inutile de découvrir plus particulièrement quel est le dessein qui me fait prendre la plume : ceux qui daigneront lire cet ouvrage, comprendront assez quelles sont mes vues, & ceux qui voudront s’en épargner la peine, n’ont pas besoin d’en savoir davantage.
Mais à en juger par l’idée que nous en donne le Ballet allégorique, on ne saurait douter que ce ne soit une ambition démesurée qui lui ait fait mépriser sa première Epouse pauvre, mais chaste pour jouir des embrassements d’une autre plus riche, mais illégitime, selon l’expression de S. […] Je ne sais pas ce que sa Sainteté chargée du soin de faire observer les Canons fera en cette rencontre.
il n'excepte personne.Un Chrétien ne saurait conserver une véritable piété sans le secours d'une crainte salutaire, qu'il conçoit à la vue des dangers qui l'environnent. […] Que doit-on répondre à ceux qui disent qu'ils y vont sans aucune mauvaise intention, et qu'ils savent séparer ce qu'il y a de mauvais, et de vicieux d'avec ce qu'il y a d'honnête, et de conforme aux bonnes mœurs ?
On ne sauroit déterminer le nombre des volumes. […] S’ils ne savent pas lire, ils se feront expliquer ces tableaux. […] Savent-ils écrire ? […] Ils ne savent que faire du bruit. […] Dans la verité les Chinois savent par cœur un grand nombre de pieces.
La mort vient comme un voleur ; tenez vous toujours prêts, & à tout âge, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. […] Allât on toujours à la comédie, on n’en sauroit pas pour cela danser, ni chanter, ni déclamer. […] Tout cela même s’enseigne mal ; le théatre ne peut enseigner que ce qu’il sait & ce qu’il pratique. […] Elle s’exprime dans une très-belle musique (ce qu’assurément les paysans ne savent pas). […] Il est absent, & ne sait ce qui se passe.
Je sais que ce goût, plus ancien que le théatre, fut toujours dans la nature. […] Chacun a donné ses Mémoires ; je ne sais en faveur de qui la Cour a prononcé. […] Elles ne savent que trop résister à leurs maris, & ne faire que ce qu’il leur plaît. […] Je ne sais que trop quel en est ici le funeste empire, & je ne sais pas moins quel en est le ridicule & le désordre. […] sait-elle prier ?
Cependant les ouvrages qui nous restent dans ces Langues, nous enlevent, & nous ravissent, parce que nous n’avons pas besoin, absolument parlant, de savoir toute la force, toute la finesse des signes, pour en saisir les beautés en gros. […] Nos Poësies sont goûtées des Etrangers, qui ne savent que balbutier notre Langue ; il en résulte que le plaisir que nous ressentons à lire les ouvrages anciens & étrangers, ne peut venir que des idées sublimes. […] On ne sauroit lire Clovis n’y la Pucelle ; mais personne ne doute que ces Poëmes ne se fissent goûter, s’ils n’avoient contre-eux que les défauts de style. […] Si l’on sait qu’on fait une figure, elle n’est qu’un vain ornement.
Ayez soin que l’on sache pourquoi tel personnage se retire ; où il va, ce qu’il prétend faire. […] La remarque que je vais mettre ici paraîtra superficielle ; mais on ne saurait être trop minutieux quand il s’agit d’une plus grande perfection. […] L’à-parté est l’image de la pensée ; on ne peut la représenter autrement, qu’en fesant dire quelques mots à celui qui en conçoit une, qu’il est important que l’on sache. […] Le personnage qui forme au Théâtre un Monologue, ne parle pas quelquefois réellement ; ce n’est qu’un moyen dont on se sert pour faire savoir ce qui se passe dans le fond de son âme.
Mais pour savoir si cette rigoureuse défense a dû passer jusqu'à notre temps, il faut voir quelles ont été leurs raisons. […] Le triomphe ayant été ordonné en faveur de Marcus Fulvius Proconsul, il en vint remercier le Sénat, et déclara que le jour qu'il prit AmbrasieLiv. l. 39 Ville capitale des Etoliens, il avait pour sa victoire voué les grands Jeux à Jupiter, et reçu de la Province pour cet effet jusqu'à cent livres d'or, qu'il demandait être tirées des grandes sommes qu'il apportait dans le Trésor public ; sur quoi le Sénat manda les Pontifes, pour savoir s'ils pouvaient en conscience faire une dépense si extraordinaire, tant ils craignaient d'offenser la sainteté des Jeux. […] fit célébrer à Rome les Jeux du Cirque en l'honneur des grands Dieux, à savoir Jupiter, Junon et Minerve, en la société desquels les autres furent admis avec le temps, ce fut en reconnaissance de la victoire que ce Dictateur remporta sur les Latins, comme il en avait fait le vœu au milieu de la bataille ; et en la procession on portait les Images des douze Dieux qu'ils nommaient les Grands, auxquels tous les autres furent peu après ajoutés, depuis le TempleOnuph. l. 2. c. 2. […] Attinius d'en avertir le Senat, afin de refaire les Jeux ; ce qu'ayant négligé, son fils mourut, et il demeura lui-même perclus de tous ses membres, dont néanmoins il fut guéri si tôt qu'il eût fait savoir cette révélation au Sénat, qui ne manqua pas d'obéir aux visions de ce bon Citoyen, dont S.
Il tiendra Registre, Journal apparemment, de la façon dont chacun aura dansé ; et, par un acte déposé scrupuleusement au Greffe, on saura que tel jour, Mademoiselle une telle a dansé un peu trop légèrement, que tel autre jour, Monsieur un tel a laissé échapper un pas de Menuet un peu trop libidineux ; on saura que dans tel Bal Mademoiselle N. a choqué la modestie par un port de bras trop tendre, et que Monsieur N. a payé l’amende pour avoir fait connaître par un coup d’œil trop décidé qu’il avait pour sa figurante, en ce moment, un sentiment plus que patriotique. […] Je ne sais Monsieur, si ce Bal modeste s’établira à Genève, suivant votre avis : mais je sais bien qu’il ne sera jamais à couvert de l’ennui, ni du ridicule. […] Quant aux Tyrans, on n’en a besoin nulle part : il suffit de les montrer ; et vous n’ignorez pas les motifs qui portent nos Auteurs à les produire sur la scène : c’est pour en faire l’objet de l’exécration publique, et quelque bien établie que soit à Genève la haine de la Tyrannie, il n’en est pas moins sage de justifier, de nourrir et de fortifier cette haine par les tableaux des horreurs que les Tyrans ont su commettre.
Je ne m’arrête pas au mérite de l’Auteur, pour avoir bien traité un sujet si épineux ; je ne regarde que le sujet en lui-même ; car, il est bien moins question au Théâtre de la Réformation de savoir si les Auteurs ont de l’esprit, que d’être assuré que leurs Pièces sont extrêmement correctes pour les mœurs, et ne peuvent causer aucune mauvaise impression dans le cœur des Spectateurs. […] … … … … … … … … … … … … Je sais que c’est beaucoup de vouloir que son âme Brûle à jamais d’une inutile flamme, Qu’aimer sans espérance est un cruel ennui ; Mais la part que j’y prends doit l’adoucir pour lui ; Et lorsque par mon rang je suis tyrannisée, Qu’il le sait, qu’il le voit, la souffrance est aisée ; Qu’il me plaigne, se plaigne et content de m’aimer…. […] On ne saurait excuser la Duchesse d’avoir donné son consentement à ce mariage clandestin ; ainsi je ne vois pas de quelle façon on pourrait s’y prendre pour corriger les deux inconvénients qui se trouvent dans cette Tragédie, et qui sont d’un si mauvais exemple.
Elles se vantent, au contraire, d’épurer la raison, & de rendre ceux qui savent les cultiver, supérieurs au reste des mortels dans toutes les fonctions qui honorent l’humanité. […] La carrière littéraire est presqu’abandonnée à une foule d’Ecrivains superficiels, qui, à l’exemple des Poëtes, ne savent plus qu’enfiler des paroles, ou à des Compilateurs mercenaires, pour qui toutes les matieres sont également bonnes, & qui semblent n’avoir d’autre but en écrivant que de noircir des rames de papier. […] Je sais qu’il est encore des Ecrivains courageux, qui luttent avec succès contre le goût dominant ; & qui, contens des suffrages du petit nombre de leurs pareils, se mettent peu en peine des applaudissemens du vulgaire : mais le nombre n’en est-il pas déja considérablement diminué, & n’est-il pas à craindre qu’il ne diminue encore de jour en jour, & que l’esprit des Lettres ne s’abâtardisse entiérement si l’on n’y apporte promptement un remede efficace. […] Un homme ferme & courageux sait se mettre au-dessus de ces petites considérations personnelles ; & content du témoignage de sa conscience, il tend au bien, sans regarder autour de lui. […] Si, dans cette derniere recolte, ils viennent à rencontrer des graines dangereuses, ils sauront s’en préserver à l’aide des principes dont on aura pris soin de les prémunir.
Les craintes inspirées, les exemples de punitions donnés confusément aux vicieux par le théâtre ne sauraient être aussi efficaces que les exemples de celles, bien autrement sensibles, donnés continuellement par la justice aux fripons et aux voleurs, qui cependant fourmillent toujours partout ; ce qui doit achever de persuader combien sont illusoires aujourd’hui les moralités théâtrales dont on fait le plus solide argument en faveur de l’exposition honteuse des crimes ; des iniquités, des égarements inouïs, de toutes les faiblesses humaines existantes et possibles. […] N’ont-ils pas su de tout temps par des voies ordinaires qu’il y a dans l’état ecclésiastique, comme dans toutes les autres professions, des hommes pervers qui se cachent sous le manteau de la religion et des autres vertus ; ou en style évangélique, qui se couvrent d’une peau d’agneau, et qui sont au dedans des loups ravissants ? […] En effet, lorsque nous savons par tradition et par nos propres observations que des hommes de tous les rangs, que des princes même, que des prêtres, que des prélats, des pontifes, ont donné des exemples de toutes les perfidies et de tous les scandales, qu’ils ont même commis des atrocités, pourquoi tant d’art et d’apprêts, et de si ingénieux tours de force pour nous dire une chose que nous ne devons pas avoir de peine à croire, pour nous montrer qu’un petit particulier, clerc ou laïc, déguisé en dévot veut séduire une femme et encore avoir sa fortune par-dessus le marché ? […] nous savions de reste que cela est possible, puisque nous étions instruits qu’il pouvait arriver des choses bien plus fortes de la même part5. […] Vous voyez dans leur histoire que, comme nous aussi, par ou malgré leurs Ménandres et leurs Aristophanes, ils furent légers, frivoles ; que comme nous ils allaient se dégradant tous les jours ; qu’ils firent de même des progrès rapides dans l’irréligion et la corruption, et qu’ils sont devenus enfin ce que tout le monde sait, et ce que nous deviendrons sans doute aussi prématurément, si nous ne prenons une autre marche qu’eux.
Quelle doit être cette gloire que l’œil n’a jamais vûe, que l’oreille n’a point entendue, que l’esprit de l’homme ne sauroit comprendre ! […] La peinture, la sculpture, la poësie, ne travaillent que sur la nature, & leurs plus beaux morceaux ne sont que les portraits les plus ressemblans qu’elles en savent tracer. […] Qu’est-ce qu’une boule qui roule sur un plancher pour imiter le tonnerre, quelque poignée de résine enflammée pour contrefaire la foudre & les éclairs, une trappe qui s’ouvre, un homme qui s’enfonce & qui est reçû sur des matelas pour ne pas s’écraser en tombant dans l’enfer, des cordes & des poulies qui enlèvent une Actrice en l’air sur un char attelé avec des chevaux de carton, un monstre de toile qui va dévorer Andromède, un homme qui fort de derriere la toile couvert d’un linceul, qui fait le revenant, que sais-je ? […] Je sais être supérieur & à l’assaut de la douleur, & à la séduction du plaisir : Utrisque conflicter, prosperis si non corrumpor, adversis si non frangor. […] Voilà les beaux spectacles de vertu dont on ne sauroit trop s’occuper.
Je sus que vous aviez donné dans votre Mercure un Extrait critique de cet Ouvrage. […] Ce n’est pas un Curé qui fait son Prône et son métier, suivant un propos assez commun, qui enseigne toute cette bonne Doctrine ; c’est un homme du monde qui sait apprécier la valeur de chaque chose, et qui se décide d’après des expériences journalières. […] Un d’eux qui n’était rien moins que brave, nous avoua que dans l’enivrement où l’avait mis ce chef-d’œuvre de Corneille, il eût été tenté de percer de son épée, qu’assurément il ne savait pas manier, le premier qui en sortant l’eût coudoyé, même innocemment, ou lui eût marché sur le pied. […] Mais pourquoi, selon vous, un homme patient, et brave en effet dans le premier sens, qui sait également repousser la brutalité d’un ennemi qui le surprend, et dédaigner les affronts d’un Spadassin, serait-il indigne d’occuper la scène, si l’on veut tout de bon tracer les justes limites qui séparent la vraie valeur d’une intraitable férocité ? […] Fagan, pag. 161, parle de plusieurs Ouvrages imprimés en Italie contre les Spectacles : Savoir à Padoue en 1630, par François Marie del Monaco Sicilien ; à Florence en 1645, par le P.
… Il sait qu’il me doit tout. […] on en a fait vingt éditions, on l’étudie, on le sait par cœur, & on l’auroit réformé ! […] 8.), savoir, la satyre, la tragédie, la comédie. […] Mais les plaisanteries sont aujourd’hui les seules armes que l’irréligion sait manier, elle ne s’en sert qu’avec trop de succès ; on aime à en être blessé, on aide à enfoncer le glaive. Peu de lecteurs sont capables de suivre un systême, de saisir une preuve, une objection, une réponse ; tout sait railler, tout aime à rire, on se moque des Saints & de leurs vertus, des Ministres & de leurs fonctions, des cérémonies & de leur signification, des mystères & de leur profondeur, du Pape & des Évêques, & de leurs décisions, de leurs règlemens, de leur pouvoir, de leurs censures.
La Société est universelle, elle doit tout savoir, tout enseigner, tout faire, de omni scibili, de omni agibili. […] Aucun ordre Religieux n'approche de cet abondance, ou plutôt aucun que je sache n'a tenté de les imiter, et n'a rien laissé paraître sur la scène. […] Je sais qu'ils ne sont pas les inventeurs de l'art dramatique, non plus que des opinions ultramontaines ou relâchées qu'on leur impute. […] Le profit qui revient de la taxe imposée aux Ecoliers pour les frais de la pièce, peut bien avoir occupé l'esprit mercenaire de quelque Régent, mais ne saurait faire agir ce grand Corps. […] Malheureusement pour lui le Savant a emporté l'Acteur, qui enivré de la fumée de ce pernicieux encens, n'a pas su prévoir que ces applaudissements et ce goût même allumaient sourdement la foudre qui devait les écraser tous les deux.
A Près avoir prouvé que le but de notre Spectacle doit être le même que ceux des autres Théâtres, c’est-à-dire d’instruire en amusant, il faut faire voir qu’il ne saurait trop se soumetre à des loix encore plus difficiles. […] La plus-part de ses personnages savent par cœur la carte du tendre ; elle n’oserait se faire voir sans être accompagnée d’un habile décorateur, & d’une foule de gardes.
Je sais que, depuis quelques siècles et presque depuis l’établissement du Théâtre moderne, tout ce qui a été écrit, soit pour blâmer les Spectacles en général, ou pour les corriger, n’a pas été favorablement reçu du Public : et que c’est une entreprise qui a toujours essuyé les plus vives contradictions : je ne serais donc pas surpris de voir le Lecteur indisposé contre moi sur le seul titre de mon Livre. […] Comme je n’ai en vue que le bien de la République, je m’expose volontiers à la critique de ceux qui ne se piquent pas de beaucoup de délicatesse sur les règles des bonnes mœurs ; étant persuadé au surplus que les gens de bien me sauront quelque gré de mon travail : leur approbation, si je parviens à l’obtenir, suffira pour me satisfaire.
Je sais que les Poètes Comiques n’ont besoin que du ridicule des hommes pour faire rire les Spectateurs ; mais si de plus ils ont la louable intention de corriger et d’instruire, alors ils auront tort de se borner à mettre le ridicule des hommes sur la Scène, ils ne feront qu’effleurer l’écorce, et n’iront pas jusqu’à la racine du mal. […] on dirait sûrement que l’Auteur fait le contraire de ce qu’il doit faire : qu’il ne sait pas son métier, puisqu’il va contre les règles de la raison et du bon sens : qu’il blesse les bonnes mœurs, loin de les faire respecter : qu’il mérite d’être regardé comme un séducteur qui approuve le vice, en confirmant le vicieux dans le mal par le succès, enfin qu’il faut le bannir comme un ennemi de la République.
Plus de voyage en France, nulle troupe Françoise, plus de révolution ; le Prince d’Angleterre se trouve là je ne sai comment, & fait tout ; c’est le héros de la piéce. […] Les Juifs et les Maures (qui jamais n’y penserent) armés pour Pierre ; le Roi enfermé dans un fors, tandis qu’il fut tué dans le combat, offre le reprendre Blanche qui le réfuse ; Henri vainqueur des Maures, je ne sai quand, offre à son frere le Royaume de Grenade, &c. […] L’un a composé beaucoup de drames, l’autre en a beaucoup représenté ; sur le théatre de Sceaux, à la Cour de la Duchesse du Maine, c’étoit Racine & la Chammêlé, & je ne sai quel de deux vaut mieux dans son genre. […] Depuis qu’il a abandonné le théatre, il a fait vingt drames, personne n’est plus jaloux que lui de ces triomphes vains, dont son cœur n’est plus touché ; je ne sai ce que c’est que les feux de la clarté : la clarté ne frappe que la rue. […] Sait-il ce qu’il dit ?
Je ne sais de quels mémoires Cahusac a tiré cette anecdote. […] Je sais que la danse est un exercice naturel à l’homme, que sans que le démon s’en mêle, on a pu en faire un art, & la perfectionner, comme le chant, la peinture, les armes, &c. […] Personne n’a su les employer d’une maniere plus efficace, ni dans des circonstances plus délicates. […] Il la sut le dernier ; on lui conseilloit de la répudier, il souffrit & dissimula, & répondit : Il faudroit donc lui rendre sa dot, elle m’a apporté l’Empire. […] C’est de là qu’elles donnent des loix, qu’elles reçoivent des présens & des hommages, & savent le mieux s’humaniser.
Les vices des Comédiens sont si grands que la comédie elle-même ne saurait les peindre : « Tanta sunt Histrionum vitia, quanta non possit vel ipsa comœdia exprimere. […] Je portais partout ces pensées et ces réflexions, et j'avalais, sans le savoir, le funeste poison de la débauche. […] Elle ne savait le plus souvent comment s'y prendre pour remplir un si grand vide, et remplacer tant de fêtes et de plaisirs bruyants qui l'avaient si longtemps amusé. […] Cet assemblage singulier de sacré et de profane réussit ; le Roi en fut charmé, il en fit les honneurs ; tout s'empressa d'applaudir à l'ingénieuse piété qui savait tourner en bien le mal même. […] Je ne sais pourtant s'ils iraient à la comédie à ce prix.
trouvez-vous mauvais qu’ils s’habillent, & qu’ils soient propres, qu’ils soient honnêtes, & qu’ils sachent vivre ? […] En verité avons-nous la même foi, osons-nous bien attendre le même Paradis que ces hommes dont Tertullien fait l’éloge dans son Apologetique, lesquels se glorifient de ne savoir ce que c’est l’Amphitéatre, de ne prendre nulle part à ces profanes divertissemens, de n’oser en faire le sujet de leur entretien, de ne pas même endurer qu’on leur en parle. […] Quoi si cette fille n’est vaine & ne voit ce monde, elle ne sauroit rencontrer ce, que Dieu lui a destiné avant tous les siecles, & les decrets éternels de sa Providence ne seront jamais accomplis en elle, si elle ne paroit à tout les bals & à toutes les fétes d’une Ville : Prenez garde au contraire que le dessein, qu’il avoit de vous sauver avec elle, ne soit traversé par une conduite si peu Chrétienne.
L’art qu’il éxige ne saurait trop se cacher. […] Aucune Nation n’a su comme eux le mettre en usage, & lui donner la vivacité qu’il demande, afin que la marche du Drame soit rapide. […] ……………………………………………… ……………………………………………… Je me dispense de rapporter le reste de cette Scène un peu longue, & j’espère que le Lecteur m’en saura gré.
Le livre de l’Evangile est l’asile le plus assuré des peuples et des rois ; en le méditant, chacun y rencontrera le doigt d’un Homme Dieu, qui a su établir des droits et prescrire des devoirs ; comme homme il a senti combien l’indulgence et la miséricorde étaient nécessaires aux autres hommes ; comme Dieu il a offert, par les principes qu’il a tracés, les moyens de trouver le bonheur ici-bas, et de s’ouvrir la voie à une vie plus longue et plus glorieuse. […] L’évêque lui-même ou les prêtres n’iront pas, sans avoir en leur compagnie d’autres ecclésiastiques ou du moins quelques fidèles d’un certain poids. 3e conc. de Carthage, an 397, can. 25 ; « 8° Défense d’entendre la messe d’un prêtre que l’on sait certainement avoir une concubine. […] Les évêques, administrateurs de diocèses, et surtout les curés ou autres ecclésiastiques desservant les paroisses des villes et des campagnes, ne sauraient faire trop d’efforts sur eux-mêmes, pour rentrer autant que possible dans la ligne qui leur est tracée par les saints conciles, afin d’y rappeler les autres fidèles, qui n’auront plus à leur opposer l’inobservance de leurs propres lois.
Ces Ecclésiastique, quels qu’ils soient, savent, ou doivent savoir, que les spectacles leur sont défendus. […] Savez vous pourquoi, Madame ? […] Je ne sais par quel motif, il lui ordonna d’aller aux spectacles. […] Celui-ci offensé, lui dit, Mr. savez-vous que je suis votre pere ? […] Je sais par expérience, ce que dit S.
Je dirai donc avant toutes choses, que je ne sais aucun des anciens, qui bien éloigné de ranger les plaisanteries sous quelque acte de vertu, ne les ait regardées comme vicieuses, quoique non toujours criminelles, ni capables de damner les hommes. […] , qui a bien su décider, que le terme d'eutrapelos signifie un homme qui se tourne aisément de tous côtésHom. 17. ad Eph.
L’Obscénité du Théâtre Anglais dans le langage, page 1 Suite de cette licence de nos Poètes modernes, 3 L’obscénité ; contre le savoir vivre aussi bien que contre la Religion, 7 Le Théâtre Anglais scandaleux au souverain degré sur ce point, 11 La modestie, caractère propre des femmes, 13, et suiv. […] Par l’exemple des Tragiques d’Athènes, 150 Sénèque plus criminel sur cet article que les Poètes Grecs ; mais moins aussi que nos Auteurs, 163 Exemple des Païens ; vain prétexte pour des Chrétiens, principalement en cette matière, 164 Nulle de ces impiétés ne saurait être permise sous quelque prétexte que ce soit, 167 CHAPITRE troisième.
Une autre espece de rivale qu’elle sut ménager aussi, c’étoit la Duchesse d’Estampes, maîtresse de François I, son beau-pere. […] Il tourna les caresses de la Reine d’un autre côté ; il soupçonna que dans la vue de le faire assassiner, elle le tâtoit pour savoir s’il étoit cottemaillé. […] On y trouva une espece de medaille de je ne sai quelle espece de metail, chargée de figures bizarres de part & d’autre, car on ne peut dire ce qui est la face ou le revers. […] Elle a traversé & fait manquer ses propres projets ; elle abandonne ses amis, se livre à ses ennemis, suscite des obstacles, change à tout moment, ne sait ce qu’elle veut. […] Mon petit discours n’est pas pas tant pour chanter ses louanges (de Cathérine), je le sais bien mais aussi la qualité de mon savoir (qui est fort médiocre), n’y sauroit suffire.
On ne sauroit croire combien elle excite l’émulation des bonnes mœurs : tous les habitans de ce village composé de cent quarante-huit feux, sont doux, honnêtes, sobres, laborieux, contents de leur sort. […] Nous le savons, ce prix est peu de chose ; Mais qu’à nos yeux l’objet en est flatteur ! […] Les poëtes comiques, peu d’accord avec eux-mêmes, ne savent le plus souvent ce qu’ils disent : ils ne sont d’accord que pour la licence. […] Un registre du Bailli, sur lequel se sont inscrite tous les garçons qui veulent épouser la Rosiere, est une chimere : on ne sait point sur qui le choix tombera, on ne sait pas si la fille n’est pas promise ailleurs. […] Ce trait de satyre porte à faux : ces trois sortes de libertins ne vont point s’établir dans un pauvre village fort éloigné de Paris, où ils savent que la vertu regne.
Leur salaire augmenta avec leurs années ; ils ne savaient pas lire ! […] Pénétré de ce grand principe, et tout en brodant sur ce sujet, j’arrive à ce boulevard qu’on a nommé, je ne sais pourquoi, Montparnasse. […] Le lorgnon braqué sur la même ligne, deux transparents m’offrirent l’acrobate Saqui54, occupant le bâtiment du privilégié Sallé55 qui, je ne sais pourquoi, n’inspire pas à ses héritiers l’idée de réclamer un droit incontestable, et les Funambules56, genre de spectacle, partagé entre la danse de corde et la pantomime. […] — « Ça vous étonne, papa », me répond un jeune homme, porteur d’une médaille, que j’ai su depuis être un privilège pour ouvrir les voitures et appeler les cochers à la sortie. — « La reprise des Petites Danaïdes et la rentrée du père Sournois, rien que ça ! […] Pour arriver à la butte des Moulins, que j’habite depuis mon retour à Paris, je trouvai encore sur ma route les Variétés et le théâtre Favard, qu’on a réuni à celui de la rue Feydeau, je ne sais pourquoi ?
Nous savons, qu’Eneas tomba en la rivière de Numicie, et qu’il n’apparut plus, parce qu’ayant été noyé en l’eau, il avait été emmené dedans la mer par le canal de ladite rivière, ce que la plupart se persuada : et neanmoins le bruit courut par son camp, qu’il s’en était volé au ciel et que d’homme mortel il était fait dieu. […] Nous savons aussi que Romulus fondateur de Rome étant fort âgé,La mort de Romulus. […] Si est-ce néanmoins qu’ils en ont dit quelque chose, et ne sais point si ce qu’ils en ont dit, est moindre que ce qu’aucuns Philosophes en ont écrit. […] ils apprennent ce qu’ils ne sauraient autrement pour penser, et les mettent fort aisément en leur mémoire : et par le sens et interprétation d’icelles, ils sont plus commodément et plus facilement dressés. […] Quant à l’Elégie, elle est semblablement de bonne grace, et aide le style familier, le rendant plus joyeux : en laquelle Callimaque a mérité le premier lieu entre les Grecs : de manière que son pays, à savoir Cyrène, fondé par les Lacédémoniens, en fut rendu plus illustre et plus célèbre :Crinitus li. 3 des Poetes La tins.
Ce qui fait voir qu'il perfectionna seulement ce que les autres avaient commencé, et que ces bouffonneries mêlées de Poésie, de Musique et de Danse, qui firent partie des Jeux Scéniques, étaient demeurés dans une grande rusticité, jusqu'au siècle d'Andronicus, plus excellent que les Versificateurs qui l'avaient précédé, et qui fit ses Mimes sur l'exemple des Poètes Grecs qu'il savait, comme Plaute et Nevius composèrent incontinent après les Poèmes Dramatiques sur le même exemple. […] Unde sit Embolaria mulier, id est Scenica. » nues avec des postures indécentes, et que le moindre sentiment de pudeur ne pouvait souffrir ; il ne faut que lire le grand Pline, qui lui donne cette qualité en termes exprès ; et Galéria était un Embolaire ou Bouffonne, c'est-à-dire du nombre de ces femmes Scéniques, qui venaient sur le Théâtre dans les intervalles des Actes, sauter et danser en bouffonnant, ce qu'on nommait Embola ou Intermèdes ; et si cet Apologiste eût pris la peine de lire les termes de Pline, ou qu'il en eût cherché la signification dans son Calepin, ou qu'il eût seulement jeté les yeux sur le commentaire, il n'aurait pas fait cette faute ; et bien loin de croire ces femmes fort honnêtes, comme il se l'est imaginé, il doit savoir qu'elles étaient l'opprobre du Théâtre, prostituées et louées à prix d'argent pour ce honteux exercice. […] En quoi il témoigne n'avoir pas su que les Jeux Scéniques étaient ceux qui se célébraient en l'honneur de Flore avec tant de turpitude, et dont les Mimes faisaient partie, et que les Comédiens furent toujours distingués des Mimes, avec lesquels ils n'avaient rien de commun.
Ne serait-il attendri que superficiellement, ou ne saurait-il plaindre davantage celui qui souffre ? […] Concluons, qu’on a tort de mettre du sérieux dans un Drame où il y a du plaisant : ces peintures opposées ne sauraient faire aucune impression, parce que l’une détruit nécessairement l’autre.
Ceux qui dansent, et qui vont au bal, et à la comédie au temps dans lequel, suivant l’ordre de l’Eglise, les Chrétiens doivent spécialement vaquer à la pratique de la pénitence, ou s’occuper aux exercices spirituels, et à la dévotion, ne sauraient être excusés de péché mortel. […] Ce même Auteur suivant la disposition dans laquelle il était d’élargir la voie du salut, contre la parole expresse de l’Evangile, excepte encore le cas de la coutume ; permettant la danse aux jours de quelques fêtes particulières, lorsque l’usage en est déjà établi : Mais ceux qui seront véritablement entrés dans les sentiments de l’Eglise, et qui seront animés de l’Esprit qui l’a conduite dans l’institution de ces solennités, souffriront encore moins cette exception, que les autres ; Car ils seront persuadés que les témoignages de la joie Chrétienne, qui est une joie toute spirituelle, et toute en Dieu, ne sauraient s’accorder avec ces danses mondaines.
Le premier principe sur lequel agissent les Poètes tragiques et comiques, c’est qu’il faut intéresser le spectateur, et si l’auteur ou l’acteur d’une tragédie ne le sait pas émouvoir et le transporter de la passion qu’il veut exprimer, où tombe-t-il, si ce n’est dans le froid, dans l’ennuyeux, dans le ridicule, selon les règles des maîtres de l’art ? […] Quelle erreur de ne savoir pas distinguer entre l’art de représenter les mauvaises actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre les passions agréables d’une manière qui en fasse goûter le plaisir ?
C’est un vrai caractère que de savoir & vouloir peindre tous les caractères pour les ridiculiser. […] Toi qui sais étendre l’espace Et limiter l’immensité ; Toi dont le vaste sein embrasse Le moment & l’éternité Le tems & l’espace sont deux choses très-differentes, qui n’ont aucun droit l’une sur l’autre. […] On aime ce qui nourrit la corruption du cœur, pardonne t-on ce qui la combat, quoiqu’on sache dans le fonds à quoi s’en tenir ? […] Les femmes, dit-on, ne sont ni élevées à la magistrature, ni instruites dans le droit : on se trompe, qui sait mieux le droit, qui est plus véritablement magistrat, que l’actrice qui forme les magistrats, dicte leurs Arrêts : On se louoit autrefois de la chasteté de la langue française, grace à la Comédie, & aux Femmes qui vont y apprendre à parler ; leur nouveau Dictionnaire feroit rougir les hommes les moins devots, s’ils ne devenoient femmes avec elles. […] Les maris accoutumés à mépriser leurs maîtresses, ne savent comment s’y prendre, pour estimer leurs épouses ; & l’estime est le premier frein, pour un être qui a quelque idée de la vertu.
Savez-vous ce que vous faites, dit ce saint Docteur, quand vous donnez tant d’applaudissemens à ces jeux profanes, où le vice est dépeint avec tant de vives & d’agréables couleurs ? […] Je sai quel est l’endroit où vous prétendez que ce saint Docteur est si favorable aux jeux & aux gens de théatre. […] Ainsi ni la succession des années, ni la considération des personnes, ni l’autorité des puissances, ni les priviléges des plus florissantes nations, ne sauroient prescrire contre la condamnation de l’Eglise qui parle au nom & par l’autorité de Dieu, pour rendre légitime ce qu’elle a expressément condamné & défendu : c’est ainsi que parle Tertullien, touchant le voile des Vierges. […] Je ne sai pas, M. […] Je ne sai pas à mon tour ce que les comédiens vous ont fait, M.
Les Dames ignorent-elles que sans la queue les fleurs ne sauroient tenir dans leurs cheveux, & former leurs bouquets & leur couronnes ? […] Quel plaisir ravissant quand un petit Negre, chargé de cet emploi, avec son turban & son collier, sait la faire voltiger à propos ! […] Ce sont les queues des cheveux, ou faux ou naturels, qui occupent un sublime baigneur, les boucles, les tresses, les marteaux, les nœuds, les boudins roulant simétriquement, flottant négligeamment, serpentant agréablement, voltigeant indifféremment sur la tête, sur le front, sur les joues, sur les épaules ; que sais-je ? […] Une soutane est un censeur imposant qu’on ne sauroit supporter. […] On ne sauroit donner ce nom à la pointe du Capuchon, aux Dominos, qui descendent à la verité fort bas, mais ne trainent point à terre.
., non plus que contre le refus des sacrements, qui vient d’un autre principe, savoir, la notoriété du péché, qui n’étend pas ses effets plus loin, parce qu’elle ne doit empêcher que la profanation des sacrements, « nolite dare sanctum canibus » ; au lieu que l’excommunication retranchant de l’Eglise, traitant comme un païen et un publicain, livrant à Satan, etc., prive de tous les biens communs à tous les fidèles. […] Je sais que par un raisonnement de comparaison des censures au refus des sacrements, et pour mieux assurer, dit-on, la tranquillité publique, on a voulu transférer à l’un les règles de l’autre. […] Il ne peut être question que de celles-ci : je ne sache pas qu’on ait jamais poursuivi et excommunié personnellement un Comédien à raison de son métier. […] Cyprien, (plus scrupuleux que nos Régents), mais persister dans l’ignominie ; c’est perdre plutôt qu’instruire la jeunesse, de lui enseigner ce qu’elle ne doit jamais apprendre, et qu’on n’aurait jamais dû savoir ; c’est offenser la Majesté divine, blesser la morale évangélique, et déshonorer l’Eglise par un si honteux et infâme commerce. […] Ce n’est plus qu’une affaire de décence et d’édification, savoir si l’Eglise fera mieux de le refuser ; ce que S.
Jugeons par ce trait des largesses et du goût du Cardinal : Colletet, un des cinq favoris, n’avait en naissance, en fortune, en talents, en ouvrage, en bonnes mœurs, d’autre mérite que d’avoir su s’insinuer dans le bureau politique. […] Les applaudissements qu’on donnait à la pièce, ou plutôt à celui qu’on savait y prendre intérêt, le transportaient hors de lui-même, il ne se possédait pas, il se levait et s’élançait à moitié du corps hors de sa loge pour se montrer à l’assemblée », et lui dire, c’est moi qui ai fait ces merveilles, et ne rien perdre de la fumée de l’encens. […] Corneille m’attaque en Soldat ou en Capitaine, il verra que je sais me défendre de bonne grâce. » Corneille, qui n’était brave qu’en vers, répond moins en Héros qu’en Poète, et au lieu de tenir les discours qu’il met dans la bouche de Rodrigue et des autres braves de sa pièce, il lui dit modestement : « Je ne doute ni de votre noblesse ni de votre vaillance, mais il n’est pas question de savoir de combien vous êtes plus noble et plus vaillant que moi, pour juger si le Cid vaut mieux que vos pièces ; je ne suis point homme d’éclaircissement, vous êtes en sûreté de ce côté-là, etc. » Le Cardinal triomphait de cette guerre littéraire, dont il était le secret mobile ; il animait les combattants, et se déclarait pour Scudery contre Corneille. […] que ce serait un retardement au travail du Dictionnaire, etc. » Ces raisons parurent frivoles, le Cardinal s’offensa de ces retardements, et ordonna à un de ses domestiques « de faire savoir à ces Messieurs que je les aimerai comme ils m’aimeront ». […] Et pour terminer par un grand exemple un tableau des contradictions humaines, qu’on ne saurait épuiser, tel le sage Salomon bâtit un Temple au vrai Dieu et un autre à la Déesse Astarte, et au milieu de trois cents femmes et sept cents concubines, prêche la continence dans ses proverbes, la vanité du monde dans son ecclésiaste.
Et vous savez que de telles choses est fréquente la renommée avec louange, pource que, comme il est écrit, le Pécheur est loué ès désirs de son âme, et celui qui commet des iniquités est béni. […] Et pour cela Sempronius Sophus répudia la sienne, témoin Valère, pource que sans son su, elle avait osé regarder ces jeux56. […] Je ne dirai rien d’Aristophane, qui est la bouche connue de l’ancienne Comédie, on sait sa liberté, ou plutôt licence, turpitude et impudence de ses paroles. […] Ou certes, si nous savons que ces turpitudes plaisent à Dieu, je n’empêche pas que nous les fassions sans cesse. […] Nous savons le symbole, et nous le renversons : nous confessons et abjurons tout ensemble le don de salut.
Sans savoir la quadrature du cercle, & la proportion précise du diamêtre à la circonférence, il est évident que cette voute est immense. […] Heureux les Evêques, qui savent la demêler, du moins qui savent reparer leurs fautes, & rendre enfin justice à la vérité. […] Il peut y avoir sans doute quelque femme forte, qui comme Elizabeth, s’il faut en croire les Anglois, sauroit gouverner un Etat. […] Trop heureuses quand elles savent se moderer, & ne pas aller au théatre en entretenir le goût, & chercher les modeles ! […] Aucune actrice ne sauroit jouer ces rôles.
Non, sachez, mon fils, que l’argent d’où qu’il vienne ne sent jamais mauvais. […] En France, au contraire, vieilles, jeunes, prudes, coquettes, habiles & sottes, toutes veulent se mêler de tout, tout voir, tout entendre, tout savoir, & qui pis est, tout faire & tout brouiller, elles nous mettent tous les jours plus de confusion qu’il n’y en eut à Babylone. […] Ces loix sont aisées à concilier, n’y ayant point d’ordre de vendre & d’appliquer le prix en bonnes œuvres, il ne reste donc plus qu’à disposer de ces loyers, & savoir à qui ils appartiendront ; s’ils n’ont pas été payés, il est défendu de les exiger. […] Louis XV au sortir d’une pièce où l’Héroïne disoit qu’elle vouloit mourir, langage trivial au théatre, dit-il en riant, à son premier Médecin : J’ai été sur le point de vous appeler pour servir une Princesse qui mouroit je ne sais comment. C’est une critique ingénieuse de bien des pièces où l’amant vient en effet je ne sais comment.
qui ne sait qu’il fit la plus authentique rétractation de sa décision téméraire ? […] Aussi n’adresse-t-il son ouvrage qu’au petit nombre de personnes qui savent unir le délassement avec la religion, & savent que beaucoup de préjugés donc on croyoit ne pouvoir revenir, ont été détruits dans la suite. […] Je ne sais en quel heureux climat est située cette ville si pure, si dévote, & cependant si enthousiasmée de la comédie, qu’on l’y joue par dévotion la semaine sainte, pour se disposer à faire ses Pâques, tandis que les villes les plus licencieuses respectent ces saints jours. […] Je ne sais de quelle Académie.
Mais je ne saurais pardonner à certains Collèges de représenter des pièces de théâtre dans l’Eglise, après en avoir tiré le très saint Sacrement. […] Sait-on dans le monde, et y croira-t-on, que dans le procès de la canonisation de S. […] Je ne sache pas que les Séminaires des autres Congrégations, Lazaristes, Oratoriens, Eudistes, etc., en aient adopté l’usage, du moins hors de Paris ; car dans cette ville plusieurs Communautés ecclésiastiques ont suivi les traces des disciples de M. […] Ce sont des troupes de la plus vile populace, qui pour quelques taëls vont où on les appelle, et se louent à qui en veut : ils ont une liste des pièces qu’ils savent, qu’ils présentent au maître de la maison ; celui-ci choisit, et sans autre préparation, ils jouent sur le champ dans la salle du festin pour amuser la compagnie. […] Je ne sais qui peut y tenir, soit à jouer, soit à regarder.
Qui connaît le mérite, qui sait apprécier les avantages de la comédie ? […] « Coutume abominable, dit-il, défendue par la loi de Dieu, que l’Université avait quelque temps souffert, je ne sais pourquoi, et qu’on a sagement interdite. » Sur quoi il cite un fort habile et pieux Professeur, qui témoigna en mourant un regret extrême d’avoir suivi cette coutume, qu’il savait avoir été pour plusieurs écoliers une occasion dé dérangement. […] François de Sales dit : « C’est un malade qui ne mange plus du melon, mais qui du moins veut le voir et le flairer » Pascal dirait ici : « Ces Pères sont accommodants, savent adoucir la rigueur des règles : et pour gagner tout le monde à Dieu, se prêtent à tous les goûts. » Nous n’examinons pas ici le sentiment de leurs Casuistes, nous en parlerons ailleurs ; mais du moins est-il certain que leurs livres de piété sont décidés contre les spectacles, Buzée, Suffren, Haineuve, Croizet, Griffet, etc., que leurs Prédicateurs, Bourdaloue, Cheminais, Houdri, Segaud, etc., en parlent très fortement ; que leurs Journalistes de Trevoux depuis soixante ans ont constamment marqué de l’éloignement pour la fréquentation du théâtre, combattu les écrits qui le favorisaient, accueilli ceux qui le condamnaient, témoins ceux de MM. […] Mais y unir la magnificence des habits, la délicatesse des parfums, le dieu de la bonne chère, la danse, etc., c’est en vérité une morale bien singulière ; faire danser sur un théâtre, et faire des remerciements au plaisir, la foi, la mortification, l’humilité, la religion ; je ne sais si l’indécence d’un tel spectacle l’emporte sur le ridicule.
Tout le monde sait que les Pasteurs les dénoncent publiquement pour tels tous les Dimanches au Prône des Messes de Paroisse conformément aux Décrets des anciens Conciles. […] » Il est nécessaire qu’on sache que ce Saint Docteur n’entend pas parler des Comédies, telles que les dépeignent les Conciles et les Pères, et telles qu’on les représente encore aujourd’hui, ou comme nous l’avons déjà dit, on ne voit qu’intrigues de mariages, ou d’amourettes et que des paroles équivoques, qui ne tendent qu’à exciter, ou à entretenir les passions les plus déréglées et les plus honteuses. […] Cyprien écrit à Eucratius, qui l’avait consulté, pour savoir comment il se devait comporter à l’égard d’un certain Comédien qui avait à la vérité quitté le théâtre, mais qui continuait à enseigner sa Profession à d’autres : sur quoi ce Saint Martyr répond que cet homme-là doit être regardé et traité comme un excommunié. […] Qu’on ne nous dise pas, que ces sortes de divertissements se font d’une manière si secrète, qu’il n’est pas possible que les gens du dehors en puissent avoir connaissance ; car nous savons le contraire : puisqu’un Prêtre qui avait été Religieux dans un Ordre qui a de la réputation, nous a assure que cela s’y pratiquait dans le temps qu’il y était ; et il n’y a pas un mois qu’un Docteur de Sorbonne nous assura, que celui qui est le Maître de ces habits de théâtre, lui dit au mois de Janvier de cette année 1717. qu’il en avait fourni à une autre Communauté Religieuse, d’un Ordre même réformé, pour représenter dans le Convent une pièce de cette nature. La quatrième est, qu’il ne paraît guère possible que ces Religieux puissent emprunter, ou louer ces sortes d’habits, des personnes qui les ont sous leur garde, sans leur donner quelque occasion de curiosité, et de juger de l’usage qu’ils en veulent faire : ce qui ne peut leur donner qu’une fort mauvaise édification de leur conduite, et les porter à les décrier et à s’en entretenir avec d’autres séculiers, qu’on sait n’être déjà d’ailleurs que trop portés au mépris des Prêtres et des Religieux par le seul endroit que la vie à laquelle leur état les engage, condamne les maximes et la conduite des gens du siècle.
Elle n’a point rappelé ses droits sur la féodalité, revendiqué ses seigneuries, ses terres, ses privilèges, ni exhumé le code renfermant les lois qui lui étaient propres et qui avaient trait à son ancienne existence : elle ne l’a pas fait, parce qu’elle a senti qu’étant réhabilitée par la Charte, elle ne devait pas aller au-delà de la loi commune ; elle s’est soumise à l’esprit de cette loi ; elle s’y renferme parce qu’elle sait que le législateur a fait tout ce qu’il était en lui en la consacrant, et qu’aller au-delà, serait sortir du cercle tracé par sa volonté suprême, serait méconnaître la puissance séculière, et se constituer en opposition criminelle contre elle. […] Le Clergé doit savoir d’ailleurs que l’institution d’un ministère des affaires ecclésiastiques est une voie que le Gouvernement a sans doute voulu ouvrir pour faire concorder les lois ou usages de l’Eglise avec les lois ou usages de la nation, et il me paraît tout naturel qu’il eût été du devoir de M. l’archevêque de Rouen, avant de lancer son acte fulminatoire, de prendre conseil du ministre qui est chargé de ce département, et je ne fais aucun doute que, dans le secret du cabinet, son excellence ne l’eût invité ou à modifier, ou à supprimer un pareil acte. […] Combien seraient grands les prélats qui de nos jours sauraient ainsi s’exécuter ?
Il n'y a plus lieu d'y craindre l'apostasie des Fidèles ; on ne saurait plus les accuser d'entrer dans la société des Idoles, que l'on ne voit plus au Théâtre qu'avec des sentiments dignes des Chrétiens, je veux dire qu'avec horreur ou avec mépris ; et ce qui fut autrefois un sacrilège, n'est plus maintenant qu'un divertissement public, agréable et sans crime à cet égard. […] exemples de plus loin, on sait que dans les derniers temps les Spectacles étaient en si bonne estime, et si fréquentés qu'il y avait deux places d'honneur dans le Théâtre, l'une à la main droite pour le Pape, et l'autre à la main gauche pour l'Empereur, et que les Vénitiens ayant fait l'accommodement d'Alexandre III et de Frédéric II reçurent du Pape plusieurs privilèges, en reconnaissance de la retraite qu'ils lui avaient donnée, et de la pacification des affaires d'Italie, et entre autres le droit d'avoir la troisième place pour leur Duc du Théâtre du Pape.
M. le Prince de Conti qui avait fréquenté les Théâtres avant sa conversion, et qui savait les maux qu’ils causent, se crut obligé d’écrire contre la Comédie ; et il le fit d’une manière savante, élevée, et très pressante. […] Dans cette Lettre on feint d’avoir consulté un Théologien illustre par sa qualité et son mérite, pour savoir si la Comédie peut être permise, ou si elle doit être absolument défendue.
Sur l’échafaud l’on y dresse des autels chargés de Croix et ornements Ecclésiastiques, l’on y représente des Prêtres revêtus de surplis, même aux farces impudiques, pour faire mariages de risées : L’on y lit le texte de l’Evangile en chant Ecclésiastique, pour, (par occasion,) y rencontrer un mot à plaisir qui sert au jeu : Et au surplus il n’y a farce qui ne soit orde sale et vilaine, au scandale de la jeunesse qui y assiste, laquelle avale à longs traits ce venin et poison, qui se couve en sa poitrine, et en peu de temps opère les effets, que chacun sait et voit trop fréquemment. […] Ceux qui défendent telles choses disent une seule raison d’apparence, à savoir que tels jeux et spectacles, sont bons pour le menu peuple, afin de le détourner des berlanse et autres débauches qu’il fait lesdits jours de fêteRaisons de ceux qui défendent et soutiennent les jeux aux jours de fêtes.
Mais les gratifications immenses qu’ils savent arracher des malheureux que les Actrices séduisent, ou que les Acteurs entretiennent dans la débauche, ce qu’ils gagnent au jeu, ce qu’ils font consumer en parties de plaisir, dépenser à enseigner des chansons et des danses, filouter aux parents, aux maris, aux maîtres etc. c’est une grêle qui ravage, un gouffre qui absorbe le bien des familles. […] « La feinte et l’artifice sont leurs talents, elles savent sous un maintien déguisé et un air modeste, couvrir un cœur dévoré de l’amour des richesses, et dépouillé des sentiments de vertu, qui n’est pour elles qu’une gêne importune. Protée ne sait pas se déguiser de tant de manières. » Il entre dans le détail de leurs artifices, pour engager ou retenir les vieillards, les jeunes gens, les riches, etc. et pour en arracher les plus riches présents. « Lorsqu’un mortel a été assez malheureux pour tomber dans les pièges de ces enchanteresses, il est perdu dans un labyrinthe d’où il ne sort plus ; l’adresse, la fourberie, les faux serments, le désespoir simulé, sont des détours dans lesquels il ne saurait se retrouver.
La sixième Classe, contient les sentiments des savants Païens, savoir, de Platon, d’Aristote, de Sénèque, de Valère-Maxime, de Suétone, de Corneille Tacite, qui ont tous déclamé contre les Spectacles, et ont fait voir qu’il étaient contraires à l’honnêteté des mœurs. […] Il faut remarquer que les Italiens ont deux sortes de Comédiens, savoir des mercenaires dont je viens de parler ; et des domestiques, dont les Acteurs sont des personnes de famille qui ne gagnent pas d’argent à jouer. […] Dans le troisième Chapitre, il nomme les Supérieurs auxquels il faut s’adresser, savoir les Papes, les Prélats et les Princes ; il conclut qu’il serait et plus sûr, et plus utile de défendre absolument les Spectacles, que d’entreprendre de les modérer : car pour modérer et purifier les Spectacles, il faut bannir les expressions tendres, et les sujets qui regardent l’amour des femmes. […] Corneille de parler en ces termes : « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l’humilité de Théâtre souffre aussi qu’elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, Et si Rome et le temps m’en ont ôté le rang, Il m’en demeure encore le courage et le sang, Dans mon sort ravalé je sais vivre en Princesse Je fuis l’ambition, mais je hais la faiblesse. » Il fait voir ensuite que les passions qui ne pourraient causer que de l’horreur, si elles étaient représentées telles qu’elles sont, deviennent aimables par la manière dont elles sont exprimées.
Celui de l’Empereur étoit de cent cinquante Dames, qu’on fit tirer au sort, pour savoir de quel habit & de quelle parure elles seroient ornées. […] Elle étoit belle en effet, avoit beaucoup d’esprit & d’enjouement ; hardie, rusée, intrigante, elle avoit su plaire à tout le monde. […] Il est aujourd’hui oublié, on n’en sait que la nomination de ce Prince. […] Les Graces se faisissent des flêches de l’Amour, & les entourent de guirlandes, qu’elles trouvent, je ne sais comment, dans les forges, où il croît peu de fleurs. […] Heureusement Vulcain avoit disparu, n’étoit plus dans ses forges, s’en étoit allé, je ne sais où, ni pourquoi.
Je vais en rapporter un Passage très-beau, & traduit par celui de nos Poëtes Tragiques, qui a si bien su émouvoir les Passions. […] Et compatissant & nous affectionnant à ces Héros ainsi affligés, nous louons & nous regardons comme un excellent Poëte celui qui sait nous mettre dans cette disposition ? […] Est-ce que vous ne savez pas que notre ame est immortelle & qu’elle ne périt jamais ? […] Oenone ne donnera que des conseils détestables à sa Maîtresse, quand elle saura sa Passion. […] C’est ce qu’Aristophane lui fait dire, & l’on sait qu’Aristophane raille toujours.
La malice et la paresse ont toujours des ressources : un rôle déplaît, on ne le sait pas, ou l’on ne veut pas l’apprendre, on est malade à propos, on s’excuse sur sa mémoire. Je fixe, par mon projet, le temps qu’un Comédien doit donner à chaque rôle pour le bien savoir, sous peine d’amende considérable. […] Je ne voudrais pas qu’on s’imaginât sur ce que je viens de dire que je méprise la Bourgeoisie en général : je sais combien cette classe renferme de bons citoyens, de gens vertueux et respectables. Je sais que le Cabinet de beaucoup de Négociants est l’asile de la bonne foi, et que beaucoup d’entre eux partagent le zèle patriotique avec nos plus braves Guerriers. […] Un Historien de Néron devient-il un Monstre pour savoir développer avec art tous les mouvements secrets de l’âme de cet Empereur détestable ?
[FRONTISPICE] PIECESDE THEATREDE Mr BOURSAULT […]Avec une Lettre d'un Théologien illustre par sa qualité et son mérite, consulté par l'Au-teur, pour savoir si la Comedie peut estre permise, ou doit estre absolument deffenduë.
« Scio quia Messias venit qui dicitur Christus, cum ergo venerit ille, nobis annuntiabit omnia. » « Je sais que le Messie, qui est le Christ doit venir, lorsqu’il sera venu il nous enseignera toutes choses. » Dans saint Jean chap. 4.
Mais il doit savoir l’éffet des décorations dans un Drame, & les moyens de les amener à propos. […] C’est ainsi qu’il sait parer le coup qu’on lui porterait peut être.
Les Compositeurs de Déclamation savaient tirer des masques mêmes le pathétique. […] Cependant plusieurs Acteurs de la Comédie-Italienne sont encore masqués : singularité bizarre, & bien digne du mauvais goût qu’une Nation si spirituelle n’a pas encore su corriger !
Après donc avoir proposé toutes les raisons qu’il a sues pour bannir la comédie du carême : « Je réponds à cela, dit-il, avec les propres paroles de Saint Thomas », et il cite un article de ce saint docteur sur les sentencesIn 4. dist. 16. q. 4. art.2 in corp. […] On sait, sur ce sujet la sévérité de l’ancienne discipline dont il est bon en tout temps de se souvenir.
Gueret ne l’a pas cru ; il lui fait dire dans son Parnasse réformé : Qui voudra savoir de quelle maladie je suis mort, qu’il l’apprenne ; ce n’est ni de l’hydropisie ni de la goute, mais que je suis mort d’Andromaque. […] Ce Poëte, je ne sais pourquoi, est représenté tout nud. […] On ne défend plus de parler de Dieu, mais on n’y pense pas davantage ; ces Comédiens font hardiment d’eux-mêmes les plus grands éloges : tout le monde sait les apprécier, & le nom de Franc-Maçon est devenu une expression proverbiale, pour marquer un libertin de profession. […] Le peuple sait à peine son nom. […] Je ne sais s’ils connoissent bien les intérêts du théatre.
L’abbé d’Aubignac, qui voulut se mêler de tous les deux, ne réussit ni dans l’un, ni dans l’autre ; on sait le bon mot du Prince de Condé après avoir vu jouer une piece de cet Abbé, où toutes les règles étoient observées : Je sais bon gré à d’Aubignac, dit-il, d’avoir suivi les règles d’Aristote ; mais je ne puis pardonner aux règles d’Aristote d’avoir fait faire une si mauvaise piece à l’Abbé d’Aubignac. […] La comédie ne sait que voltiger, ne se nourrit que de frivolité, & ne pense qu’à faire rire ; on lui pardonne tout : ses écarts sont sans conséquence, ils passent pour des beautés, s’ils amusent. […] Il a le talent de peindre en détail, mais jamais en grand ; il prend le ton, les allures, la maniere de ses personnages, mais il ne sait point créer les combinaisons, en faire des nœuds & les délier. […] Voilà son unique mérite ; il sait copier & contre-faire. […] Je sais qu’on ne pese pas les Auteurs à la livre, qu’on ne mesure pas le génie à la toise, comme ce riche ridicule qui, pour se donner un air de savant, traitoit avec un Libraire pour lui fournir des livres comme des tapissieries.
Soyez certain qu’il vous suffit de savoir ce qu’on a écrit de mieux sur les règles Dramatiques. […] Vos Lectures, comme vous voyez, & ce qu’il est nécessaire que vous sachiez, se bornent à très-peu de choses. […] Tout le monde conviendra que les Poètes, énnemis de Bacchus, ne sauraient rien produire de passable : il est donc nécessaire de mêler l’Hipocrène avec le doux jus de la Treille ; je crois pourtant qu’on ferait encore mieux de boire pure la précieuse Liqueur de la vigne, sans l’altérer par aucun mêlange.
» Je ne sache qu’un seul peuple qui n’ait pas eu là-dessus les maximes de tous les autres ; ce sont les Grecs. […] Il ne s’agit donc pas de crier d’abord contre ces préjugés, mais de savoir premièrement si ce ne sont que des préjugés, si la profession de comédien n’est point en effet déshonorante en elle-même : car, si par malheur elle l’est, nous aurons beau statuer qu’elle ne l’est pas ; au lieu de la réhabiliter, nous ne ferons que nous avilir nous-mêmes. […] Dans tout autre temps on n’aurait pas besoin de le demander ; mais dans ce siècle, où règnent si fièrement les préjugés et l’erreur sous le nom de philosophie, les hommes, abrutis par leur vain savoir, ont fermé leur esprit à la voix de la raison, et leur cœur à celle de la nature.
Car la fin qu'ils se proposent est de plaire aux spectateurs, et ils ne leur sauraient plaire qu'en mettant dans la bouche de leurs Acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu'ils font parler, ou à qui ils parlent.
Je sais qu’ils ont fait les plus sinceres tentatives pour le détruire, & que leurs bonnes intentions furent alors toujours traversées. […] Rousseau, quoiqu’amateur & compositeur, a pris la défense de sa patrie contre les Encyclopédistes ; & quoiqu’il fût de leur nombre, il a sait contre les spectacles un ouvrage digne de la plume la plus éloquente. […] C’est sur ces impertinens amphigouris que nos Musiciens épuisent leur goût & leur savoir, & nos Acteurs leurs gestes & leurs poulmons. […] Je sais qu’il n’y a point de cause si mauvaise qu’on ne puisse défendre. […] On sait que Quinault & Lamothe ont baigné de leurs larmes les lauriers qu’ils devoient plus au génie qu’au travail.
Je ne sai par quelle fatalité, il faut que le théatre se mêle de tout, & gâte les meilleurs choses. […] On ne sauroit faire prêcher de meilleur Apôtre que le théatre François ; il est bien différent de tous les autres. […] Mars y est assis sur un faisseau d’armes, & ayant sous les pieds, ce qu’il n’avoit jamais vu, des canons, des bombes, des boulets, qu’il avoit fait porter sur le toit de son Temple, qui ne l’enfonçoient pas, & y tenoient je ne sai comment. […] Après le soupé, un beau feu d’artifice, suivi d’un bal paré, où se réunirent les graces & le plaisirs : qui sait mieux les réunir que les élégants Magistrats du dix-huitieme siécle. […] Chapitre 70, rapporte que ce Cardinal étant Légat du Pape à Florence, on y fit des réjouissances ridicules, on fit crier que tous ceux qui voudroient savoir de nouvelles de l’autre monde, en apprendroient le premier Mai sur le Pont de la Ville ; au jour marqué parurent sur la riviere Darne, un grand nombre de barques, remplies de personnages qui représentoient l’enfer, des feux, des fouets, des roues, & divers instrumens de supplices, des Dragons, des Serpens, des démons, des hommes nuds qu’on frappoient, qui crioient & hurloient comme des Damnés dans les tourmens ; mais rien ne pouvoit être plus tragique, que ce qui termina cette scene, dans le tems qu’on étoit le plus attentif, le Pont qui étoit de bois, trop chargé par la foule immense du peuple, tomba tout à coup.
Allez, je ne sais pas, si vous n’étiez ma mère … C’est donc la leçon qu’on donne aux enfans dans une piece faite pour enseigner la vraie piété & démasquer la fausse. […] Je ne sais quelle de ces deux hypocrisies est la plus criminelle. […] Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte ; Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte, Et je vous verrois nud du haut jusques en bas, Que toute votre chair ne me tenteroit pas. […] Que le cœur d’une femme est mal connu de vous, Et que vous savez peu ce qu’il veut faire entendre, Lorsque si foiblement on le voit se défendre ! […] Sachez que d’une fille on risque la vertu, Lorsque dans son hymen son goût est combattu ; Que le dessein d’y vivre en honnête personne Dépend des qualités du mari qu’on lui donne, Et que ceux dont partout on montre au doigt le front, Font leurs femmes souvent ce qu’on voit qu’elles sont.
On fut longtems à faire les changemens dont la Tragédie avoit besoin : on sait, dit Aristote, les noms de ceux qui les ont faits. […] Son malheur nous apprend quelle est l’inconstance de la Fortune poëtique, & combien les Poëtes, surtout ceux du Théâtre sont sages, quand ils savent se retirer à propos. […] Ainsi elle n’avoit rien que de grave, & elle étoit si nécessaire que dans l’Ajax de Sophocle, dont le Chœur est composé de Soldats qui sont censés ne savoir pas danser, le Poëte suppose que dans un transport de joie, ils invoquent le Dieu Pan, celui qui regle les danses des Dieux, pour qu’il leur inspire une danse, Parce que, disent-ils, dans un pareil sujet de joie, il faut nécessairement que nous dansions. […] Qu’aucun Poëte ne s’attende plus à cette gloire, ni aucun soldat qui saura des Vers par cœur, à la même récompense. […] Callimaque qui dans cette Cour composa des Tragédies & des Comedies, n’a été loué des Anciens, que pour avoir su tourner le Vers Elegiaque.
il doit savoir écouter ; et je sens que je l’estime assez pour trouver dans mes sentiments le don de l’engager à m’entendre. […] Si vous vous étiez plus communiqué, nos épigrammes sur le babil, notre haine pour le faux savoir, notre courroux contre la fausse importance, vous eussent édifié ; vous eussiez appris à nous estimer. […] Vous accusez les femmes de ne rien savoir et de ne rien sentir. […] Mais ce feu céleste qui échauffe et embrase l’âme ; ce génie qui consume et dévore ; cette brûlante éloquence, ces transports sublimes qui portent leurs ravissements jusqu’au fonds des cœurs, manqueront toujours aux écrits des femmes : ils sont tous froids et jolis comme elles ; ils auront tant d’esprit que vous voudrez, jamais d’âme ; ils seraient cent fois plutôt sensés que passionnés : elles ne savent, ni sentir, ni décrire l’amour même. […] Ils m’ont tout permis : abandonnée à mon génie, je n’ai consulté que lui ; j’ai su que vous veniez vous promener ici, j’ai volé sur vos traces… Mépriserez-vous mes vœux et ma sincérité ?
N’est-on pas en droit de demander si les dénominations et les qualifications, si dignes de respect : Pères de la foi…, Missionnaires…, en deviennent plus recommandables lorsqu’on sait qu’elles servent à désigner les membres qui composent ces jacobinières jésuitiques de Montrouge, de Saint-Acheul, etc., etc., qui inondent la France et qui ont des clubs correspondants en Suisse et dans tous les gouvernements qui sont assez imprévoyants et assez faibles pour se laisser mener et subjuguer par ces espèces de coteries religieuses qui sont autant de foyers d’intrigue et d’ambition ? […] Il paraît bien que ce grand homme d’Etat sait manier habilement ce levier politique, et comme un autre Archimède, il en connaît toute la puissance, et il a trouvé le point d’appui que demandait ce célèbre mathématicien : « Da mihi punctum, et terram movebo. » Jamais le premier ministre d’Angleterre ne trahira cette confiance populaire qui fait toute sa force ; jamais il ne sera le défenseur de l’absolutisme ; jamais il ne protégera la superstition, ni le fanatisme ; jamais il ne favorisera le système inquisitorial. […] C’est une espèce de commérage sous la direction de confesseurs curieux qui ont ordre de questionner adroitement les maris et les épouses, les enfants et les valets ; ils savent tout ce qui se passe dans l’intérieur des maisons et connaissent les actions et surtout la manière de penser de chaque particulier. […] Il ne sut qu’un instant garder sa couronne. […] De pareilles expressions, qui au moment où on les entend prononcer pour la première fois, produisent une forte sensation lorsqu’on y réfléchit profondément, m’en rappellent encore une autre qui n’a jamais été consignée, que je sache, dans aucun écrit ; cette expression ou ce jeu de mots si on veut, offre également d’un seul coup de pinceau le tableau effrayant des malheurs de la campagne de Napoléon à Moscou.
Le but même de la Comédie engage les Poètes à ne représenter que des passions vicieuses : car la fin qu' ils se proposent est de plaire aux spectateurs, et ils ne le sauraient faire qu'en mettant dans la bouche de leurs acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu'ils font parler, et à ceux des personnes devant qui ils parlent.
Cela ne saurait être indifférent : si toute sérieuse qu’elle est, je quitte souvent le ton sérieux, c’est que malgré qu’on en ait, l’Auteur donne lieu à la plaisanterie.
Je ne sais si cet Empereur bannit les Danseurs des Théâtres d’Orient ; on voit seulement qu’il fit bâtir des Théâtres à Antioche. […] Cependant on ne saurait rien trouver qui prouve que le Théâtre eût été souillé par les indécences qu’on se représente. […] Je ne sais s’ils gardèrent la condition. […] On ne sait que trop que ces lieux de spectacles sont les écoles du Démon, où il n’a pas moins de Sectateurs que de Spectateurs. […] Or vous savez ce que M. le Prince de Conti et M.
Dans ce combat de plusieurs qui prétendent une même chose, les spectateurs prennent le parti qui revient plus à leur jugement, avec des transports qui leur font sentir toutes les douceurs, sans les amertumes des passions, parce qu’ils savent en effet, que ces objets ne sont que des feintes. […] Après que les lois Romaines ont mis au nombre des infâmes, ceux qui représentent des comédies pour donner du plaisir au Peuple ; après que les lois Ecclésiastiques les ont chassés des divins mystères, comme des profanes, comme des maîtres d’impudicité et des ministres d’enfer, je ne sais quel jugement on doit faire de leurs auditeurs, et je me figure que comme en la magie, la peine de ceux qui les écoutent, et qui les enseignent serait égale, si la corruption de notre siècle, n’avait rendu ce mal trop commun Lib.
Je sais, mes Frères, que la plupart des pièces de théâtre sont exemptes de ces grossières équivoques, de ces paroles licentieuses qu’on y entendoit autrefois ; les mœurs de notre siècle devenues plus décentes, sans être, en effet, plus pures, ont exigé qu’on donnât un frein à l’impudence, & qu’on retranchât ce qui choquoit trop ouvertement l’honnêteté. […] Les personnes qui ont eu le malheur de fréquenter les Spectacles, savent mieux que moi que ces maximes sont la corruption même, réduite en art & en systême ; & celles dont les oreilles n’ont pas encore été souillées de ces discours anti-Chrétiens, n’ont rien de plus à désirer que de les ignorer toujours. […] Qui ne sait, en effet, mes Frères, que c’est dans de telles assemblées que se trouvent réunies les trois concupiscences, dans lesquelles consistent, selon Saint Jean, la corruption du monde & le titre de sa réprobation ; la concupiscence des yeux, la concupiscence de la chair, & l’orgueil de la vie ; que c’est-là qu’on étale le luxe le plus condamnable & les parures les plus insensées ; que le motif qui y conduit un si grand nombre de mondaines, est autant le désir d’y être vues que celui de voir ; qu’elles y deviennent elles-mêmes la partie la plus dangereuse du Spectacle ; qu’une infinité d’hommes, rassasiés du plaisir de la comédie ou incapables de le goûter, n’en connoissent point d’autre que celui de promener sur elles leurs regards indiscrets & voluptueux ? […] Vous le savez, mes Frères, & il n’est pas nécessaire que je vous indique ici cet opprobre de nos mœurs. […] Croyez-vous que votre ame, ébranlée par des mouvemens si violens, n’en devient pas plus foible dans des tentations analogues à ces mouvemens même ; qu’elle n’en est pas plus disposée à concevoir pour un objet réel cette vive tendresse qu’une fiction a su vous inspirer ?
Il étoit aisé à leurs adversaires de se couvrir de ce manteau, pour se cacher, & faire tomber le soupçon sut la société : plus d’une fois ces travestissemens affectés ont mis l’innocent à la place du coupable. […] Quoique l’honneteté soit à present sur le théatre françois, chacun sait qu’une feinte bien representée fait des impressions réelles, & produit des sentimens véritables dans le cœur des assistans. […] Les actrices, qu’on sait être fort dévotes, en profitent avec serveur. […] Comme il ne sait pas la musique, & qu’il n’a pas plus de voix pour chanter que l’évêque pour prêcher, il fait tenir à son côté pendant toute la Messe, un bon chentre qui chante les oraisons, la préface & tout ce qui doit être chanté, & le prélat lit tout bas les paroles. […] Cette prétendue réforme ne sait, comme celle des protestans, qu’adoucir les austérités, mitiger les regles, les prieres, les exercices, & débarrasser de tout ce qui gêne : cet air de liberté, ce ton de mondanité, détruit l’esprit de l’état, & forme une décoration comique ou plutôt tragique, puisque la religion en souffre, & que le contraste de la rigueur édifiante des regles primitives avec les nouvelles constitutions scandalise les foibles.
Depuis ce temps-là on a attaché presque autant de honte au savoir des femmes qu’au vice qui leur sont le plus défendus. […] Mais comment vous pardonner de leur tendre des pieges où vous savez qu’ils seront pris ? […] Ne tentez pesonne, si vous ne voulez être tentée ; sachez que ce qui les tente est ce qui les engage à vous tenter. […] On ne se voit pas impunément : l’occasion, le piege, la facilité, le crime, un coup d’œil vous sait trouver tout dans votre immodestie. […] Je sais qu’on n’est pas le maître d’empêcher les regards & les pensées ; mais on doit avec le plus grand soin éviter d’en forurnir l’occasion.
Mais qui ne sait que les premiers Poëtes ayant chanté leurs Vers, dans la suite, pour dire reciter des Vers, le mot chanter resta, & a même passé dans notre Langue Poëtique ? […] Et que veut dire l’Abbé du Bos quand il traduit ainsi ce Passage : Les Compositeurs de Déclamation, lorsqu’ils mettent une Piéce au Théâtre, savent tirer des masques mêmes, le pathétique. […] Saint Augustin nous a prévenus qu’on ne pouvoit entendre ses Livres sur la Musique, si l’on n’avoit quelqu’un qui sût prononcer, nisi auditorem pronuntiator informet. […] S’il est le premier Poëte Lyrique Latin, c’est pour avoir le premier su donner a des Vers Saphiques & Alcaïques, les Modes de la Langue Latine, Æolium carmen ad Italos Deduxisse modos. […] Puisque ce Roscius dont on voioit briller les yeux au travers de son Masque, savoit jetter le trouble des Passions dans les Spectateurs, & les faire pleurer, il falloit qu’il eût su pousser à une extrême perfection, une Déclamation dont l’exécution étoit si difficile.
Le Pastor fido, malgré la fatigue que cause sa longueur & son esprit, sut éblouir toute l’Europe. […] Tandis que le Cardinal de Richelieu, par des Représentations où l’on admiroit les Décorations, les Perspectives, & les Machines, protégeoit en Ministre des Piéces qu’il affectionnoit en Pere, le jeune Corneille, par des Tragédies représentées avec moins d’appareil, sut anéantir non seulement les huit cent Piéces de Hardi, & tant d’autres ; mais cette Mirame dont la Représentation avoit couté, dit-on, cent mille écus, & ce Morus qui avoit couté la vie à quelques Portiers de la Comédie, & bien des larmes à son Eminence. […] L’Académie contrainte d’obéir, sut habilement contenter le Ministre, & ménager le Poëte. […] Ne les auroit-il pas aimés comme les autres, si les Poëtes avoient su exciter une Pitié charmante ?
Cependant les six premiers Génies reviendront, savoir qui est celui d’entre eux qu’Apollon aura choisi.
Je sais qu’au-delà des monts, on a de beaux Opéras, dont on se soucie peu, & qui ne servent que de carcasse pour monter une belle Musique : c’est le chant seul qui attire le Spectateur ; le sens n’est rien ; on n’entend dans les chef-d’œuvres de Métastase que des syllabes sonores. […] A peine savons-nous depuis deux ans que la Comédie-Ariette peut être également décente, pathétique, intéressante. […] Votre Comédie-Ariette, quoique peu naturelle, pourrait devenir utile, en bannissant de ce genre les indécences ; en donnant aux Paysans & aux Artisans les mœurs du plus grand nombre d’entr’eux ; en ne les sacrifiant pas au ris moqueur des Inutiles : en suivant la route tracée dans Lucile, où l’Auteur a su rassembler des personnages de conditions assez éloignées, sans que les contrastes blessent ; chacun d’eux y étant a sa place, y fesant ce qu’il doit, & comme il le doit.
Mais, grâces au Seigneur, la licence des lâches Chrétiens ne saurait déroger à l’invariable sainteté de la loi chrétienne, qui a condamné de tout temps, comme elle condamne encore aujourd’hui, ces profanes et scandaleux divertissements. […] Un bon esprit voit aisément le ridicule de ces fades plaisanteries, et il sait les mépriser. […] Combien qui se sauront mauvais gré de s’être mis dans la nécessité de les faire.
Ils savaient qu’on lit bien en l’Écriture, que Jésus a souvent pleuré, et non pas qu’il ait ri une seule fois, ni même qu’il ait jamais souri, ni qu’il ait jamais dit une seule parole facétieuse, pas même par récréation, comme S.
La religion & les mœurs ne peuvent espérer de rétablir leur empire qu’autant que l’autorité souveraine le supprimeroit, ou que la satiété & l’inconstance le feroient abandonner : heureuse révolution, dont on ne sauroit se flatter ; le Théatre & le vice sont trop liés, ils ont trop besoin l’un de l’autre.
Les Personnages qu’on y voit agir sont factices, il est vrai ; mais leurs ridicules & leurs passions se trouvent dans la plus-part des hommes ; l’on ne saurait donc manquer d’être frappé d’un tableau qui peint au naturel nos erreurs & nos travers. […] Il s’en suit que la Comédie ne saurait peindre trop fortement les caractères qu’elle va chercher dans le monde ; plus leurs traits seront marqués, plus ils seront chargés de ridicules, & plus ils réjouiront les Spectateurs.
Ce que j’ai dit ailleurs(73) au sujet du commencement des Pièces qui ne saurait être trop animé, me porte à désirer qu’on mît quelquefois à l’ouverture des Pièces du nouveau Théâtre un duo, un trio, ou bien une ariette. Je ne sais quel plaisir nous fait éprouver une Pièce qui débute de la sorte.
Mais on ne comprend pas comment il est possible qu’elle soit l’allégorie d’une élection qui fasse honneur à votre Prélat, et quelques habiles que vous soyez, mes Pères, dans la fiction, certainement vous faites naufrage dès le Prélude, et votre Héros ne doit point vous savoir gré de l’avoir joué d’une manière qui donne une idée très désavantageuse de son entrée à l’Archevêché de votre Eglise ? […] » On ne saurait trop représenter aujourd’hui ces belles paroles de deux Empereurs Léon et Anathème :11 « Un Ecclésiastique, disent-ils, doit être tellement éloigné de briguer et de poursuivre cette dignité (ils parlent de l’Episcopat) qu’il faut le chercher pour l’y contraindre, et qu’étant prié et convié de l’accepter, il doit se retirer, et s’enfuir en sorte qu’il ne se rende qu’à une nécessité absolue qui l’excuse devant Dieu.
Je sais ce que l’on répond. […] J’avoue que cette lecture n’emporte pas autant de temps, et ne fait pas une impression aussi vive et aussi profonde que la representation ; Mais on ne peut nier qu’elle ne fasse quelque chose d’assés approchant, et l’on sait d’ailleurs que le mal est toûjours mal, et merite toûjours d’être évité, en quelque quantité qu’il paroisse.
D’ailleurs, je ne sais si c’est une boule que je sens ; toutes choses n’étant que de rapport, leur essence nous est parfaitement inconnue3 : elles ne viennent point à nous dans leur propre forme, mais dans la forme que nous les présentent les divers milieux ou tamis par où elles passent, et font tels ou tels effets sur nous, selon la disposition de l’organe qu’elles frappent. […] Rousseau saura par cette petite Dissertation sur le Théâtre, qu’on a vu tout ce qu’il voit, mais qu’on l’a vu différemment : il pourra y remarquer aussi comment les gens vertueux se communiquent leurs idées, et que la douceur et la politesse sont les fidèles compagnes de l’honnêteté des mœurs.
Quoique malheureusement elle ne soit pas parvenue jusqu’à nous, nous savons, par le témoignage de Cicéron et de Pline second, que les Comédies de Roscius et de Virginius étaient des modèles irréprochables pour la correction des mœurs. […] Suivant ce principe on a cru, en France, pouvoir conserver en partie et ajouter à notre Théâtre les mœurs des Latins ; les Valets de la Comédie moderne ont un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, comme les Esclaves et les Vieilles des Latins l’avaient dans la Comédie de ce temps-là : ils ne savent que conseiller le mal, et s’employer pour l’éxécuter.
Douce obscurité qui fit trente ans mon bonheur, il faudrait avoir toujours su t’aimer ; il faudrait qu’on ignorât que j’ai eu quelques liaisons avec les Editeurs de l’Encyclopédie, que j’ai fourni quelques articles à l’Ouvrage, que mon nom se trouve avec ceux des auteurs ; il faudrait que mon zèle pour mon pays fût moins connu, qu’on supposât l’article Genève m’eût échappé, ou qu’on ne pût inférer de mon silence que j’adhère à ce qu’il contient. […] Le goût, le choix, la correction ne sauraient se trouver dans cet ouvrage.
On sait que la fameuse ligue formée contre Louis XIV fut formée à Venise, que le carnaval, les fêtes, les spectacles, furent le prétexte que prirent les Princes ennemis pour cacher leur marche. […] Et Dieu sait si entre les verres et les pots, les écots se passent sans blasphèmes, jeux, ivrogneries ; ils ont la vanité de se qualifier honnêtes gens, et la plupart seraient obligés de mendier leur vie du ministère de leurs mains, et ne peuvent avoir ni honneur ni civilité, etc. » (Hist. du Théâtre, tom. […] « Il y a mille choses où je ne sais quel parti prendre : j’appréhende de mollir ou de rebuter. […] les Français ne sont-ils donc que des Comédiens, et ne savent-ils parler que par la bouche d’un Comédien ? […] Si on ne peut les morigéner en effet, qu’on sauve au moins les apparences, qu’il y ait une ombre de bon ordre : « Teneat scenicos, si non veras saltem umbratilis ordo. » Que l’honnêteté en impose à des gens sans honneur : « Honestas imperet inhonestis. » Qu’il y ait quelque loi pour ceux qui n’ont aucune connaissance de la bonne vie ; il faut un gouvernement à ceux qui ne savent pas se conduire eux-mêmes, il faut un tuteur à ces troupeaux d’hommes, « gregibus hominum », pour arrêter leurs passions effrénées, comme on en donne aux enfants dans la faiblesse de l’âge.
Pour rendre cette Tragédie parfaite, je voudrais retrancher jusqu’à la moindre idée d’amour dans le cœur d’Æmilie ; j’ai toujours pensé, en voyant représenter Cinna, qu’Æmilie n’aime point, et qu’elle ne respire que la vengeance ; et je suis persuadé qu’un Spectateur, qui entre dans cette pensée, regardera les plus vives expressions de l’amour d’Æmilie, comme autant de feintes auxquelles elle a recours pour engager Cinna à poignarder Auguste ; car on sait que ce sont là les armes ordinaires des femmes, lorsqu’elles veulent parvenir à leurs desseins. […] C’est dans ce moment qu’Æmilie pourrait ressentir pour Cinna quelque mouvement d’inquiétude, sans pourtant savoir encore qu’elle l’aime. […] Les Poètes qui ont retranché Créon de cette Tragedie n’ont pas senti de quelle importance était ce personnage, sans lequel ils ne peuvent suivre la maxime généralement embrassée et établie par les premiers Maîtres de l’art : ils prétendent, ces Maîtres (mais en ce point je ne sais si leur avis est bien sûr) ils prétendent, dis-je ; que lorsque le Héros de la Pièce doit succomber à une infortune qu’il n’a pas méritée, il faut adroitement mettre des bornes à la compassion des Spectateurs, en la diminuant par quelque trait qui donnent atteinte ou à la vertu, ou au caractère de ce personnage. […] Ce n’est pas sans fondement, ou par caprice, que je conseille de faire usage de la Scène des deux petites filles dans Œdipe : j’ai représenté, il y a trente ans, une pure traduction de l’Œdipe de Sophocle ; et je sais, par expérience, le grand effet que cette Scène fit sur le Théâtre, et combien elle arracha de larmes. […] Si le Poète avait marché naturellement à son action, sans donner la moindre passion à Télémaque, et en ne mettant dans le cœur d’Eurimaque d’autre sentiment que celui de l’amour pour Pénélope, et de la politique pour s’emparer d’Itaque ; on aurait eû deux caractères décidés et vrais en même temps ; et les Spectateurs ne seraient pas indécis, pour savoir s’ils doivent louer ou blâmer Télémaque, et si la mort d’Eurimaque doit leur faire du plaisir ou de la douleur.
Je supplie très humblement votre Altesse, de préférer l’intérêt de la charité à celui de la modestie, et d’agréer que sous un nom glorieux comme le vôtre, j’Imprime un Ouvrage qui est de lui-même si excellent, qu’il ne saurait être honoré d’une dédicace moindre que celle que je fais ; il n’en peut pas avoir une plus glorieuse, si votre Altesse m’en accorde l’honneur, avec celui de lui dire que je suis, avec tout le respect que je dois.
Le vice, toujours plus fort que la loi, a su se maintenir contr’elle, &, sans pouvoir jamais la fléchir, a rendu ses coups inutiles. […] Je sais qu’un honnête homme peut, une ou deux fois, y être attiré par curiosité, engagé par complaisance, entraîné par une malheureuse circonstance. […] Le Chevalier ne sut que répondre ; mais, en homme qui ne se déconcertoit pas, il fit une pirouette de petit-maître, & quitta le Comte en ricanant.
L’Ambassadeur avoit ordre d’emprunter un million au Grand-Seigneur ; le Grand-Visir répond : Mon Maître sait donner quand il veut ; mais il est au-dessous de sa dignité de prêter : on fournira abondamment au Roi de Suede tout ce qui est nécessaire pour son voyage, on lui fera des présens. […] Il vit alors à Leipsick de fameux Philosophe Leibnitz, homme d’un génie & d’un savoir étonnant, mais malheureusement sans religion, qui pensoit & parloit fort librement, & avoit inspiré ses sentimens à plusieurs Princes d’Allemagne Ce qui n’est que trop vrai pour la Cour & l’Académie de Berlin, dont il fut le Président & le Fondateur, & où ils regnent encore. […] Car si par malheur le Marivaudagerime (je ne sai ce que c’est) faisoit des progrès, & si une piece vantée à Paris n’étoit pas entendue hors de sa banlieue, le Théatre François perdroit beaucoup de la réputation qu’il s’est acquise chez les étrangers, où le manege & la mode des beaux Arts ne peuvent atteindre.
Qui oseroit dire que le Théatre n’est point un obstacle à l’accomplissement de ces grands vœux, ne sauroit guéres ce que c’est que la Comédie.
C'est à ces hommes infidèles impies, méchants (j'ai honte de le dire, je le dirai pourtant, parce que vous savez combien ce que je vais dire est véritable) c'est à ces sortes de personnes qu'un Comédien plaît davantage que Dieu, c'est pourquoi le Prophète après avoir dit justes réjouissez-vous en Dieu, (parce que nous ne saurions nous réjouir en lui, qu'en le louant, et que nous ne pouvons le louer, si nous ne lui plaisons, d'autant plus qu'il nous plaît davantage.) […] Vous savez aussi bien que moi ce que l'Ecriture dit de ces sortes de personnes auxquelles le monde donne d'ordinaire des applaudissements et des louanges: On loue le pécheur de ses passions, et on bénit le méchant à cause de ses méchancetés. […] Sachez, mes bien aimés, que le Démon notre ennemi séduit et prend plus de gens par la volupté, que par la crainte ; Car pourquoi tend-il tous les jours les pièges des Spectacles ? […] C'est pourquoi ils n'ont jamais pensé a corriger les dérèglements des hommes ; et quand ils le voudraient entreprendre, ils ne le sauraient faire, parce que la Comédie d'elle-même, et par sa nature, ne peut être que pernicieuse et nuisible.
Il est vrai que ce n’est pas d’aujourd’hui, que ce Moine réformé a donné l’essor à sa méditation frénétique, pour choquer cette profession ; Mais la connaissance que tout le monde a de son mérite augmente d’autant plus sa réputation que son ignorance essaie d’en diminuer le prix : Ce qui m’a le plus étonné ça a été qu’après avoir lu son libelle, intitulé (le Théâtre du Monde) par lequel il prétend assujettir la liberté de notre Vie ; J’ai trouvé qu’il était de la nature deb ces écrevisses, où il y avait plus à éplucher qu’à prendre, que ses arguments étaient des galimatias, et qu’il savait mieux débiter une invective, qu’enseigner une doctrine, faire le Rabelais, que le Théologien, que les passages qu’il a tirés de l’Ecriture sainte, étaient des allégories ou métaphores, pour amuser ceux des petites maisons de Paris, que les allégations des Docteurs qu’il produit contre la Comédie, ont si peu de rapport à son sujet, que j’ai honte que le public soit témoin de la faiblesse de son jugement. […] A Nîmes, où il y a école de Théologie, pour ceux qui étudient au Ministère, il se représenta devant le Sieur d’Aubais et le Baron de la Casaigne Consuls, une excellente Tragédie des conquêtes de Pyrrus o, où les quatre principaux Ministres, à savoir le Faucher grand Controversiste, le Sieur Petit excellent en la langue Grecque, Pérol autrefois Jésuite, grand Philosophe, et le Sieur Roussel qui fut Ministre de Monseigneur de Rohan, assistaient avec quantité de leurs amis : A Montpellier pendant mes études il se fit quelques récréations entre lesquelles il se joua deux pièces, l’une tirée de Joseph, et l’autre de l’histoire de Perse, où plusieurs Ministres des lieux circonvoisins furent, et les deux Ministres de la ville, qui étaient le Faucheur à présent Pasteur en l’Eglise de Charenton et le jeune Gigort. […] Je suis honteux que ce Révérend Père reproche aux Comédiens, qu’ils emploient toutes sortes de ruses et d’inventions, pour suspendre nos esprits, et que par de subtiles amorces ils chatouillent nos sens en telle façon, que les facultés de notre âme en demeurentr offensées ; Je ne sais d’où il a tiré cette doctrine, et de qui elle est autorisée si c’est de son caprice, ou de quelque esprit aussi blessé de l’imaginative que lui ; car je suis étonné qu’une telle faiblesse soit sortie de la pensée d’un Religieux ; Je crois que le plus grand charme par lequel ils tendent à captiver et arrêter les Curieux, c’est par le seul mérite de leurs poèmes, et non par aucune autre considération. Pour les actions dissolues dont il les accuse, chacun aussi bien que moi les peut justifier, et dire avec vérité, que leurs gestes et déportements, se font avec autant de retenue et de discrétion que le sujet le saurait désirer.
Le théâtre ne corrige pas les Grands ; il n’oserait l’entreprendre, et ne saurait y réussir. […] Communément fort peu endurants, ils savent se faire respecter ; l’Auteur et l’Acteur ne tarderaient pas à se repentir de leurs mauvaises plaisanteries. […] Cette sévérité superficielle, quoique gênante pour les Comédiens, n’est pourtant qu’un sacrifice médiocre ; ils savent s’en dédommager en particulier, et obtiennent toujours leur principal objet, qui est de gagner de l’argent, de séduire les cœurs, d’entretenir l’oisiveté et les passions. […] Je ne sais si nos plus grands amateurs voudraient de pareilles obsèques ; leurs familles le souffriraient-elles ?
Il la prend pour un présent du ciel, & consulte les Prêtres de Memphis pour savoir à quelle divinité bienfaisante il en est redevable. […] Ce devoit-être une jolie chose qu’un habit héraldique du quatorzieme siecle, chamarré des pieces armoriales de l’écu ; les Tailleurs, les Brodeurs, les Cordonniers devoient savoir le blason. […] Je ne sache pas que de nos jours on attache de pareils bas-reliefs sous la semele. […] Je ne sais d’où il a tiré cette anecdote que je ne garantis pas, mais en voici de certaines. […] Tout le monde sait l’honneur que lui a fait Edouard III, Roi d’Angleterre, en établissant l’ordre de la jarretiere, dont les plus grands Seigneurs se font gloire d’être décorés.
Tandis qu’on ne sait où trouver de quoi payer les dettes & les charges de l’Etat, on en trouve pour les histrions, & la direction de ces jeux est une des grandes Charges de la Couronne. […] Le spectacle , dit-on hautement, ne peut être fréquenté que par des gens qui se mettent au-dessus de toutes les bienséances ; & qui, après avoir perdu l’honneur & la liberté, ne conservent que les richesses qu’ils y ont acquisent, & ne sauroient en faire usage que pour se plonger dans le tumulte des plaisirs bruyans, se cacher à eux-même, par cette diversion, tout l’odieux de leur conduite, & empêcher la nation de faire attention à ses malheurs. […] Il est vrai que l’Europe ou plutôt l’Univers a vu vingt-cinq mille religieux privés en même-temps de leur état, de leurs fonctions, de leurs biens, proscrits, errans, fugitifs, sans savoir où reposer leur tête, & où trouver un morceau de pain, & sans savoir quels crimes ils ont commis. […] Ils se brouillerent, je ne sai pourquoi.
Je sais avec S. […] C’est peut-être dans cette pensée qu’un Italien l’appelle une folie qui passe de la tête jusqu’aux pieds : néanmoins on peut dire, à la honte de plusieurs Mères Chrétiennes, que leurs Filles savent plutôt un pas de danse, que les principes de leur Religion, tant elles ont soin de les rendre agréables au monde, sans se soucier de plaire au Seigneur. […] Tout le monde sait que la concupiscence est une source fatale d’impureté, que les deux sexes portent au milieu d’eux en naissant. […] V. 23. 24. 25, il déplore sa condition, voyant que son esprit, qui ne saurait plaire à Dieu, s’il n’est pur, est engagé dans son corps, comme au milieu d’un bourbier : quel moyen qu’il ne se salisse pas ? […] J’ai de la confusion de les imaginer, et vous en devez avoir d’y penser seulement sans les voir : le Royaume de Dieu, comme vous savez, est au-dedans de nous.
Pour celui qui ne sait que dire des messes, donner des retraites, etc. il est à charge à l'Etat, l'appauvrit et le dépeuple, en envahit l'autorité, renverse les trônes, et assassine les Rois. […] Celui qui sait le mieux les exprimer et les faire passer dans les cœurs, réunit tous les suffrages. […] Je sais qu'il est des livres de piété très bons et très autorisés (le Combat spirituel), qui donnent pour pratique aux âmes ferventes, d'exciter de nouveau les mouvements des passions que l'on vient de vaincre, la haine, la colère, l'impatience. […] Je sais encore qu'il est des mouvements doux et innocents, dont on suit l'impression sans crime, le plaisir de secourir les malheureux, l'admiration des ouvrages de Dieu, la joie de sa présence, l'espérance des biens célestes. […] Je me confie à vous, à peine sais-je lire, j'ai pris cet attirail par prudence et par goût, enfin comme un passe-partout : c'est moins un état qu'un maintien.
trois moyens aisés de savoir ce qui se passe dans la comédie, et je vous avoue que je me suis servi de tous les trois.
Dans mon sort ravalé je sais vivre en Princesse, Je fuis l'ambition, mais je hais la faiblesse. »
[NDE] Cette lettre paraît sans mention d’auteur, de date ni de lieu mais on sait qu’elle a été publiée à Paris en 1666.
Je ne savois pas , dit-il, que je dusse disputer de faste avec les Consuls, les Gouverneurs des provinces, les Généraux d’armée, j’ignorois qu’on dût employer le bien des pauvres à se nourrir délicatement, à se faire traîner dans un char pompeux, à se couvrir d’or & d’argent, & entretenir une foule de domestiques , &c. […] Les grands pour la plupart sont masque de théatre, l’âne n’en sait juger que par ce qu’il en voit, le renard au contraire à fonds les examine, & leur applique un mot qu’un buste de Héros lui fit dire fort à propos ; c’étoit un buste creux & plus grand que nature. […] Si vous savez que la graine ou la fiente d’un crocodille est propre à blanchir le cuir, il faudroit aller jusqu’au Nil pour en avoir. […] Je sais que les Muguettées n’ont que trop de cajolerie ; mais que répondront-elles au jugement de Dieu, si les Anges viennent à tordre leurs habits, & en faire distiller le sang des pauvres ? […] Un Perruquier sait tout ; savoir farder, tenir le tein frais, rendre les mains blanches, c’est la science la plus sublime. 3.° Cette essence empêche le rouge de gâter la peau, le rouge gâte donc la peau ?
Je ne sai qui est le plus étonnant, un Prince si peu fidele à ses engagemens, ou des Princes assez crédules pour traiter avec un homme qui leur a tant de fois manqué de parole, & causé tant de préjudice. […] Le Roi de Prusse, que notre Voltaire appelle, je ne sai pourquoi, le Salomon du Nord, qui écrit d’une maniere si humaine & fait des actions si cruelles, a forcé les Archives de Dressés, malgré la Reine qui en défendoit l’entrée elle-même ; il a entraîné cette Princesse à la Chapelle où il faisoit chanter le Te Deum (belle dévotion) en action de grace de ce bel exploit. […] Quand je sus Roi, je sus soldat, philosophe, écrivain, je ne m’enivrai plus, je ne voyois les femmes qu’en secret, je couchai sur la paille, mangeai le pain de munition, je parus tout, autre que je n’étois ; je marchai nuit & jour sans gardes & sans suite, dans une voiture simple, mais commode, où je dors comme dans mon lit ; je mange peu, mais ce qu’il y a de meilleur ; je suis mal habillé, mais commodément. […] Vous ne savez pas que ce philosophe est écouté à Paris comme un oracle, qui ne parle que de mes talens & de mes vertus, & soutient que je suis un héros. […] Je ne puis souffrir dans mes états aucun ordre qui me gêne, & c’est pour être mieux à mon aise que j’ai fais un nouveau code ; je craignois les yeux, & je sai de quel poids la justice est sur le peuple.
Leurs successeurs, sans avoir leurs talens, n’ont que trop imité leurs foiblesses, & de toutes les loix dramatiques ils ne savent observer que celle qu’ils se sont prescrite de mettre l’amour par-tout, contre l’ordonnance & l’unité de l’action, la vérité & la vrai-semblance. […] Infortunée Melpomene, devenue esclave d’un fol amour, corrompue & corruptrice, rougissez de votre dégradation, gémissez de vos malheurs, si vous savez les sentir ! […] Tout tente au théatre, & à force de goûter ce qui plaît, on aime le piege, on se sait bon gré d’y être pris, on s’y apprivoise aisément ; malgré le danger, la douceur du poison en fait oublier les funestes suites. […] Mais on ne s’est point apperçu de ces mauvais effets, on en revient aussi innocent, on se sait même bon gré de la diversion qu’il a faite à d’autres crimes. […] Le public doit savoir que le gouvernement n’approuve point les Comédiens, qu’il ne les tolère qu’à regret pour le divertissement du peuple & par ses prieres importunes.
Le savoir à la fin dissipant l’ignorance, Fit voir de ce projet la dévote imprudence. […] Ces siècles d’ignorance n’en savaient pas davantage. […] Il faut que l’opposition du théâtre à l’esprit de Dieu soit bien entière, puisqu’on n’y saurait souffrir que les faits y paraissent avec leurs vraies couleurs ; les sentiments, les idées, les règles de la sainteté n’y sont goûtées qu’avec l’assaisonnement du vice : les vertus ne peuvent monter sur la scène que masquées. […] Je sais qu’un Comédien, comme un caméléon, prend toutes les couleurs, entre dans tous les sentiments, exprime toutes les pensées. Il n’y a point de gens plus hypocrites et, selon leurs termes, plus tartuffes, c’est-à-dire qui sachent mieux se contrefaire.
On ne sait que dire, on lâche, diable, peste, &c. […] On sait, dit-il, que parmi les Grecs il régnoit un amour que la nature désavoue & qui nuit à la population, ajoutons que Dieu punit par le feu du Ciel. […] Properce, qu’on sait n’être pas un casuiste sévére, ne leur fait pas plus de grace. […] On peut bien assurer une débutante qui entre dans la troupe, comme Apellés le disoit de son éleve, elle saura bientôt son métier en perfection. […] Quelle nécessité y a-t-il de savoir peindre ce que la conscience défend de peindre jamais ?
Votre Grandeur, qui est un abîme d’Erudition, sait mieux que personne que depuis que les Royaumes ont commencé d’être florissants, et que l’on a bâti de grandes Villes, il y a fallu des Spectacles pour en amuser les habitants, et que si les Pères de la primitive Eglise blâmaient les Chrétiens d’y assister, c’était parce que les Spectacles des Anciens faisaient une partie essentielle de la Religion Païenne. […] Dans quelle Comédie a-t-on mieux fait son Rôle Que Pacôme qui la contrôle Pendant toute sa vie a su faire le sien ?
Il doit savoir que c'est le Diable et non pas Dieu qui a inventé toutes ces choses: aura-t-il l'impudence d'exorciser dans l'Eglise les Démons, dont il loue les voluptés dans les Spectacles ? […] Je ne sais s'il y a moins de dérèglement dans les Théâtres que dans les autres Spectacles; car on représente dans les Comédies l'incontinence des Filles, et les amours des femmes de mauvaise vie.
par la grâce de Dieu Roi de France, savoir faisons, à tous présents et avenir : Nous avons reçu l’humble supplication de nos bien-aimés, les Maîtres, Gouverneurs et Confrères de la Confrérie de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur, fondée en l’Eglise de la Trinité à Paris : contenant que comme pour le fait d’aucuns Mystères de Saints, de Saintes, et mêmement du Mystère de la Passion, qu’ils ont commencé dernièrement, et sont prêts de faire encore devant Nous, comme autrefois avaient fait, et lesquels ils n’ont pû bonnement continuer, parce que Nous n’y avons pas pû être lors présents, ou quel fait et Mystère ladite Confrérie a moult frayé et dépensé du sien, et aussi ont fait les Confrères chacun d’eux proportionnablement ; disant en outre que s’ils jouaient publiquement et en commun, que ce serait le profit de ladite Confrérie ; ce que faire ils ne pouvaient bonnement sans notre congé et licence ; requérant sur ce notre gracieuse Provision : Nous qui voulons et désirons le bien, profit et utilité de ladite Confrérie, et les droits et revenus d’icelle être par Nous accrus et augmentés de grâce et privilèges, afin qu’un chacun par dévotion se puisse adjoindre et mettre en leur Compagnie ; à iceux Maîtres, Gouverneurs et Confrères d’icelle Confrérie de la Passion de Notredit Seigneur, avons donné et octroyé de grâce spéciale, pleine puissance et autorité Royale, cette fois pour toutes, et à toujours perpétuellement, par la teneur de ces présentes Lettres, autorité, congé et licence, de faire jouer quelque Mystère que ce soit, soit de la Passion et Résurrection, ou autre quelconque, tant de Saints comme de Saintes qu’ils voudront élire, et mettre sus toutes et quantes fois qu’il leur plaira, soit devant Nous, notre Commun ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, et d’eux convoquer, communiquer, et assembler en quelconque lieu et place licite à ce faire, qu’ils pourront trouver en notre Ville de Paris, comme en la Prévôté et Vicomté ou Banlieue d’icelle, présents à ce trois, deux ou un de nos Officiers qu’ils voudront élire, sans pour ce commettre offense aucune envers Nous et Justice ; et lesquels Maîtres, Gouverneurs, et Confrères dessus dits, et un chacun d’eux, durant les jours desquels ledit Mystère qu’ils joueront se fera, soit devant Nous, ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, ainsi et par la manière que dit est, puissent aller et venir, passer et repasser paisiblement, vêtus, habillés et ordonnés un chacun d’eux, en tel état ainsi que le cas le désirera, et comme il appartiendra, selon l’ordonnance dudit Mystère, sans détourner ou empêcher : et en pleine confirmation et sûreté, Nous iceux Confrères, Gouverneurs et Maîtres, de notre plus abondante grâce, avons mis en notre protection et sauvegarde, durant le recors d’iceux jeux, et tant comme ils joueront seulement, sans pour ce leur méfaire, ou à aucuns d’eux à cette occasion, ne autrement.
Je sais que je ne pourrais en proposer la suppression, sans me rendre ennemi de la République, et sans m’opposer aux sages Règlements d’une bonne Police. […] Je sais, par le témoignage de tant d’excellents Ecrivains de l’antiquité, que la Comédie est un délassement agréable qui dédommage des fatigues du travail : que Cicéron appella les Poètes comiques, des Poètes amis de l’innocence : que l’on peut rapporter une infinité d’exemples des amusements honnêtes, que les plus grands Hommes ont fait succéder à leurs occupations sérieuses et importantes : que les personnes les plus sages se livrent quelquefois à des moments de loisir et de récréation, qui ne prennent rien sur leurs devoirs.
Elise n’est par contente de ces raisons, parce qu’elle conçoit clairement que rien au monde pourra mettre son honneur à couvert, lorsque la démarche de Valère sera rendue publique ; on l’accusera toujours avec fondement d’y avoir donné son consentement, et par conséquent on la croira coupable, etc… d’ailleurs Elise a raison d’être offensée de ce que Valère ne lui a point obéi, et n’est point sorti de la maison selon ses ordres dès le premier moment qu’elle a su qu’il y demeurait. […] D’un autre côté l’on entend bien des clameurs contre l’usage et la nécessité d’avoir des Procès : et généralement tout le monde voudrait les éviter en s’accommodant à l’amiable pour ne pas se ruiner et pour ne pas se charger des peines et des inquiétudes d’esprit qu’ils apportent : cependant il n’est que trop vrai qu’il y a des personnes qui ne sauraient vivre sans Procès, qui les cherchent, et qui sur des prétextes très frivoles, attaquent leurs parents, souvent même leurs amis, seulement pour avoir le plaisir de plaider.
Je ne sais si cette piece a été représentée en Holande, mais jamais il n’en fut de plus bizarrement chargée d’Acteurs. […] On rapporte tout au long un prétendu pacte du Maréchal avec le Démon, ce qui est absurde, & qu’il est impossible qu’on sache, puisqu’on dit qu’il fut brulé sur le champ par le P. […] Cependant comme le coup est imposant, que le bruit frappe & fait peur, que peu de gens savent l’origine de la poudre, & n’apperçoivent pas de tels anacronismes en artillerie, on s’y est accoutumé, & content d’être ému, on fait grace. […] Je ne sais de quelle religion est l’Auteur, mais sûrement il n’est pas Catholique. 2°. […] Voilà tout ce qu’il en sait, & le voilà à l’unisson des Poëtes du temps, qui mettent la religion partout, & parlent de tout, disent tout d’un ton de maître, & ne savent ce qu’ils disent.
On a donné beaucoup de regles jusqu’ici sur la construction méchanique, ou sur la maniere d’élever l’édifice d’un Poëme dramatique, & l’on n’a presque rien dit sur ce qui le rend principalement utile à la société, savoir, sur le but qu’il doit se proposer de corriger les mœurs.
mais qui ne saurait jamais faire.
Les attentions de monsieur de Longepierre, me gênent quelquefois ; pour ce que je médite, il me faut de la liberté : je ne sais comment faire pour me la procurer.