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213. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Le sieur Palissot avoit lu, dit-il, dans la plus respectable société, & devant les personnes les plus considérables de l’Etat (elles ont donc bien du loisir ?) […] Il est vrai qu’on ne les nomme pas, & qu’il est bien des femmes dans le monde qui leur ressemblent : mais ce sont leurs traits, leur langage, leurs allures ; personne ne peut s’y méprendre. […] Mercier, ni personne n’en a dit davantage. […] Au surplus, il n’a jamais fait de libelle, il n’en fera jamais : personne n’a plus en horreur que lui les ouvrages de cette espece ; il aimeroit mille fois mieux en être l’objet que l’auteur. […] Personne n’ignore que le jugement des écrits, sous ce point de vue, appartient exclusivement aux tribunaux.

214. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Imaginez-vous donc de voir d’abord paraître une Vieille, qu’à son air et à ses habits on n’aurait garde de prendre pour la mère du maître de la maison, si le respect et l’empressement avec lequel elle est suivie de personnes très propres et de fort bonne mine ne la faisaient connaître. […] Il pousse quelque temps fort à propos cette excellente morale, et conclut enfin en disant au Cagot par forme de conseil : « Ne serait-il pas mieux qu’en personne discrète vous fissiez de céans une bonne retraite ?  […] Objection admirable dans la nature des bigots, qui n’ont qu’emportement en tout, et qui ne peuvent s’imaginer que personne ait plus de modération qu’eux. […] Elle lui dit donc qu’« il voie à la porte s’il n’y a personne qui vienne ou qui écoute, et si par hasard son mari ne passerait point ». […] Je rends apparemment un très mauvais service à Molière par cette réflexion, quoique ce ne soit pas mon dessein ; parce que je lui fais des ennemis d’autant de galants qu’il y en a dans Paris, qui ne sont pas peut-être les personnes les moins éclairées ni les moins puissantes : mais qu’il ne s’en prenne qu’à lui-même.

215. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Sans ressusciter les morts, on auroit trouvé dans une Cour si corrompue, vingt personnes du même caractère, pour les joindre à Néron. […] Le très-grand nombre des Evêques vit bien, personne dans ce corps n’est responsable du petit nombre qui s’oublie. […] C’est un tailleur qui fait un habit, il prend ses mesures sur les personnes qu’il veut habiller. […] Tout ce qu’il avance de juste, c’est le mépris de l’Opera comique, de Nicolet, des comédiens de bois, qu’il met au dessous de tout : preference que personne ne disputera : que peut-il y avoir au dessous de ces bas tabutinages ? […] La tragédie est en général une action qui se passe entre des personnes illustres, & qui est terminée par un denouement malheureux.

216. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Auxquels jours nous n’oublions rien de tous jeux et ébats séculiers jadis inventés par les Gentils : de bouffons mathassinse, mômeries, mascarades, toutes sortes de danses, comédies, fables ou farces, comme nous disons, par lesquelles on représente comme ès Florales, sinon de fait au moins de paroles, de signes, gestes, et de substance choses vilaines, et déshonnêtes qui ne peuvent qu’aviser, induire, et inciter les personnes à ce faire, à la première occasion qui s’y offre. […] Cela se fait aussi aucunefois sous quelques arbres à la mode gentilef, sur les fontaines et ruisseaux, ès prairies bien vertes, et ès bocages, ou quelques autres lieux propres à mettre les personnes gaiement plutôt qu’à dévotion. […] Ce n’est pas pour excuser ceux qui jouent aux jeux de hasard, lesquels étant défendus sont encore beaucoup plus indécents de ses personnes religieuses, qu’autres, je ne sais si je dois référer les jeux du tablierac, èsquels il y a du hasard et de l’esprit ou industrie, mais Apollonius ancien écrivain ecclésiastique et docteSaint Jérôme en fait mention lorsqu’il parle dudit Apollonius au Catalogue des écrits ecc[lésiastiques]. […] Je dirai encore et pour fin, qu’ès jeux la qualité d’iceux et des personnes, ne les rend pas seulement mauvais mais aussi le tropaf, ou importunité de ceux qui autrement ne seraient pas mauvais : car il faut qu’il y ait une grande modéranceag et qu’ils soient faits par nécessité comme nous avons dit du dormir et non pas si souvent, parce qu’il n’est pas tant nécessaire.

217. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Qu’on sçache donc distinguer les temps & les personnes ? d’indignes bateleurs avec d’honnêtes gens, dont la fonction exige, pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de l’ame, de l’esprit, de la connoissance des mœurs & des caractères ; en un mot, un grand nombre de qualités que la nature réunit si rarement dans une même personne, qu’on compte plus d’excellens auteurs, que d’excellens comédiens. […] Notre religieux philosophe veut seulement qu’on ait égard à trois choses, qui sont encore plus de bienséance que d’obligation, aux temps, aux lieux, aux personnes. […] Aux personnes, pour que celles qui sont constituées en dignité, ou d’une profession comptable au public de leurs momens, n’aillent pas tous les jours à la comédie. […] C’est que, plus elle est licencieuse, plus aussi on la goûte ; témoin la préférence que tant de personnes donnent aux comédiens Italiens, ou même aux acteurs de l’opéra comique, sur les comédiens François.

218. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Ils ne les effacent jamais de leur mémoire ; … ils y voient des Grands, des personnes élevées en dignité, des vieillards, &c. y applaudir ; ils s’imaginent que tout ce qu’on leur expose est à retenir ; … ils agissent en conséquence, lorsqu’ils jouissent de leur liberté, & les voilà corrompus dans le cœur & dans l’esprit pour le reste de leur vie ; … ils perdent leur innocence sans en connoître le prix ; & néanmoins les parens qui ignorent eux-mêmes combien cette perte est affreuse & irréparable, sont ensuite au désespoir, quand leurs enfans donnent dans des désordres si préjudiciables à leur fortune, & dont ils sont cause, & qui leur fera bien verser de trop justes larmes ! […] Je l’avoue donc avec sincérité ; je sens dans toute son étendue le grand bien que produiroit la suppression entiere du théatre, & je conviens sans peine de tout ce que tant de personnes graves & d’un génie supérieur ont écrit sur cet objet ». […] Quelle idée peut-on se former des spectacles, si l’on en juge par les personnes qui les fréquentent ? […] Or sied-il bien à des personnes honnêtes, d’aller se confondre avec des êtres qu’on amuse, de peur qu’ils ne deviennent aussi malfaicteurs dans leurs actions, qu’ils le sont dans leurs plaisirs ? […] Madame Anne-Henriette de France disoit un jour à une personne qu’elle honoroit de sa confiance, qu’elle ne concevoit pas comment ou pouvoit goûter quelque plaisir aux représentations du Théatre, que pour elle c’étoit un vrai supplice : la personne à qui elle parloit ainsi, marqua de l’étonnement, & prit la liberté de lui en demander la raison ; je vous avoue (lui répondit cette excellente Princesse) que quelque gaie que je sois en allant à la Comédie, si-tôt que je vois les premiers acteurs paroître sur la scene, je tombe dans la plus profonde tristesse : voilà, me dis-je à moi-même, des hommes qui se damnent de propos délibéré pour me divertir ; cette réflexion m’occupe & m’absorbe toute entiere pendant le spectacle, quel plaisir pourrai-je goûter ?

219. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Ces applications n’étoient pas faites au hasard ; personne ne pouvoit s’y méprendre. […] On a beau masquer les gens sous des noms de Sganarelle, de Crispin, de Lucille, comme on cache les passions honteuses sous des termes équivoques d’amour & de galanterie, ce qu’on appelle fierement réforme ; personne n’est la duppe de ce masque de verre. […] On crut en arrêter la licence en défendant de nommer personne ; mais à la place du nom, les Acteurs portoient les habits de ceux qu’ils jouoient, comme Moliere prit ceux de M. […] Mais ces traits ne tombent sur personne. […] Parfait, la suite jusqu’à nos jours en fourniroit aisément quinze autres, si la honte de voir au grand jour de l’impression les folies de tant de personnes vivantes, n’avoit fait prier les Auteurs de discontinuer leur ouvrage.

220. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Les derniers, accoutumés à rire des premiers ; à les humilier, à les avilir même dans ces assemblées plus que républicaines, où des personnes de tous les rangs, où les plus grands personnages comparaissent à leur tribunal, et sont soumis à leur jugement et à leur discipline, se sont enorgueillis ou tropaguerris nécessairement en particulier, vis-à-vis des supérieurs devenus, aussi nécessairement, moins imposants. […] Le ridicule dont la teinte est si vaguement communicative, et qui a de plus l’inconvénient grave de ne pouvoir s’effacer ni par le repentir ni par la réforme, ni même par la perfection des personnes ou des classes qu’il a une fois frappées, on sait bien qu’en effet celles que Molière a ridiculisées ont été flétries, les unes pendant toute leur vie, les autres pendant plusieurs générations ; à peine ces dernières sont-elles relevées aujourd’hui de l’anathème, et on assure que plusieurs personnes, seulement coupables de quelques travers, en sont mortes ! […] On particularise ces généralités par des insinuations, par des formes ou petites combinaisons adroites ; il suffit de quelque rapport ou consonnance de noms, de quelques traits de ressemblance dans les accessoires du tableau entre le personnage du théâtre et la personne qu’on a en vue de signaler. […] Je suppose que Molière, avec son terrible comique, au lieu d’attaquer confusément tous les tartuses, en eût appréhendé ouvertement un seul dont la fourberie lui était le mieux prouvée ; il aurait jeté l’alarme parmi les imposteurs exclusivement, parce que la faute se présentant personnelle, comme l’attaque à l’esprit des spectateurs, la flétrissure se serait arrêtée à la personne, et la terreur aux hypocrites. […] L’injustice de déshonorer et avilir une profession par des critiques ou satires vagues est d’autant plus grande que le vice ou la corruption n’est pas attachée particulièrement à tel ou tel état, qu’elle appartient aux personnes, ou aux mœurs, au siècle, en un mot, et que tous les états recèlent dans la même proportion, à peu-près, des hypocrites et des fripons.

221. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Il n’en est que plus flatté d’avoir su vaincre par son mérite un préjugé qui lui étoit défavorable, & d’honorer par la supériorité de ses talens, un état qui n’honore personne. […] Un malheur déconcerta sa pruderie & sa dignité, le feu prit à sa maison pendant la nuit, & troubla fort mal-à-propos les douces occupations de la famille, composée de huit personnes. […] On a construit en l’honneur de ce Poëte un grand édifice & une salle de bal, qui pouvoit contenir 2000 personnes, & fort ornée. […] On couroit en foule admirer comme un prodige, cet acteur nouveau, que personne ne connoissoit. […] Le nouvel Evêque plus indulgent a supprimé toutes ces peines ; il n’y a plus ni reserve, ni suspense ; la défense n’en subsiste pas moins devant Dieu ; personne n’est le maître de la lever, & de rendre licite ce qui est mauvais & défendu.

222. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Il faut convenir que les pièces dont le sujet est pris des livres saints ont eu le suffrage de plusieurs personnes respectables. […] Permettrait-on à la populace d’approcher la personne du Prince ? […] Ce mélange de religion et de comédie, de controverse et de ridicule, de sérieux et de frivole, ne doit plaire à personne. […] Si le premier profane la sainteté de la personne par de mauvais discours, l’autre profane la sainteté de la parole par la corruption de la personne. […] Ces vérités, quoiqu’évidentes, ces mauvais effets, quoique très réels, frappent peu de personnes.

223. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Germain, que le public appelle rue de la Comédie, où personne ne s'opposa à une pareille garnison. […] Il n'est point de comédie où quelque jeune personne du sexe ne soit l'objet des poursuites criminelles, et quelque jeune homme le poursuivant. […] La Princesse, vertueuse en y entrant, en sortit toute changée, et ne fut plus la même personne, etc. […] Ce qui est mauvais et indécent n'est permis à personne, dit Gonzalès, qui rapporte ce trait (C. […] Les applaudissements que les spectateurs donnent à la beauté et aux talents de ces jeunes personnes, leur inspirent de l'orgueil.

224. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Examinons maintenant si son aimable sœur a plus de pouvoir qu’elle sur une personne susceptible. […] Si, cependant, vous me demandiez si la comédie est propre à faire mourir en nous l’esprit du péché, & à nous faire rentrer dans la voie du salut, je vous avouerai franchement que je la crois peu capable d’opérer ces miracles ; je la regarde comme un objet indifférent en soi qui peut servir de délassement aux personnes occupées, & d’occupation aux personnes qui n’ont rien à faire ; mais vous auriez tort, je le répete encore, de vous imaginer que je regarde le théâtre comme une école de religion ; Non, pour changer leurs mœurs & régler leur raison, Les chrétiens ont l’Eglise & non pas le théâtre.

225. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

Cela n’est point vrai en entier, plus de la moitié de ces traits de satyre tombent sur d’autres personnes. […] Toute une petite ville est mise en train pour jouer la farce du gouvernement chimérique donné à l’écuyer, à qui l’on fait toutes sortes d’insultes : cent & cent autres personnes, dans le cours de cette histoire insensée, entretiennent les rêveries de ce malheureux, pour le baffouer, & renouvellent les combats des gladiateurs, où les romains se divertissoient aux dépens des hommes, comme ils venoient de faire au théatre Le cirque est un théatre, le théatre est un cirque, où l’homme est le jouet de l’homme ; dans l’un aux dépens de la vie, dans l’autre aux dépens de l’honneur : la brutalité a enfanté l’un & l’autre, y conduit & s’y plaît. […] Dans le cours de cette longue comédie, qui mérite mieux ce nom que le poëme du Dante, on trouve répandus tous les principes qui, dans tous les temps, ont fait proscrire les spectacles par toutes les personnes sages qui ont eu quelque zele pour les bonnes mœurs.

226. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

MADAME, BEnit soit le Seigneur, qui vous a donné assés de generosité pour surmonter la peine, que l’amour propre, & l’estime de soi-même font souvent sentir aux personnes de vôtre rang, lorsqu’il s’agit de calmer la conscience. […] Ce n’est pas moi, qui vous en suis témoin, Madame : car vous sçavez, que je suis d’un état qui par lui-même m’interdit de pareils spectacles : mais ce sont des personnes de vôtre rang qui ont eu le malheur de s’y trouver : ce sont des personnes de vertu & de probité, à qui une curiosité indigne de leur âge & de leur emploi avoit persuadé d’assister aux Comedies qu’on represente chez vous, qui avouent tous d’un consentement unanime, que le nouveau Theatre est un ecueil contre lequel échoue la chasteté chrétienne, que ces Comedies sont, principalement pour les jeunes gens, une école de libertinage, & que la contagion d’impureté est d’autant plus à craindre, qu’elle y est plus deguisée & plus rafinée.

227. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

n’est-ce pas là que s’allume une passion que la vue et les regards enflamment de plus en plus ; car chacun y voit de quoi il est capable, chacun approuve et désire de faire ce qu’il voit devant ses yeux, il n’y a personne qui ne sorte de là tout en feu ; je n’en excepte ni les enfants à qui on ne devrait pas donner ces leçons prématurées, ni les vieillards, que la seule bienséance devrait détourner de semblables désordres. […] Ils commandent aux Prédicateurs d’enseigner aux peuples que ces divertissements sont de l’invention du diable, et qu’on les doit entièrement exterminer et proscrire du Christianisme ; ils s’appuient sur l’autorité des Pères qui les ont combattus, il n’y a personne qui ne voie clairement la conformité des derniers temps avec les premiers. Il est donc indubitable que ces sortes de Comédies étant mauvaises, ne sauraient être représentées sans péché, et qu’il n’y ait point d’autorité qui puisse justifier devant Dieu ce que toute la tradition condamne, parce qu’il n’y a point en lui acception de personnes, et qu’il pèsera et jugera toutes choses au poids du Sanctuaire.

228. (1677) L’Octavius « Paragraphes XXXVI-XXXVIII du texte latin » pp. 159-171

Car personne ne reçoit la récompense qu’il n’ait combattu. […] Cependant vous savez bien qu’il n’y a personne qui veuille souffrir des peines sans sujet, ni qui les puisse endurer constamment sans l’assistance divine.

229. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Les histoires sont pleines de ces traits qui font peu d’honneur aux deux parties, & à la personne qu’on met en œuvre. […] Personne, le discours même merveilleux de sa vie, qu’on appelloit la legende de Sainte Cathérine, ne l’ont tant décriée qu’elle s’est décriée elle-même. […] Tous ses succès ne sont qu’un effet du hasard qui la servit à propos contre ses projets & ses mesures, ou du conseil de quelques personnes sages qui l’ont redressée. […] Dans les jeux de Cathérine il y avoit aussi des Chevaliers ; elle-même jouoit mieux que personne. […] Ce portrait de sa personne, de sa parure, de sa prodigalité, que l’Auteur fait pour la louer, serviront précisément à la condamner.

230. (1771) Sermons sur l’Avent pp. 103-172

Enfin passer les derniers jours de sa vie dans la disgrace avec un courage intrepide & une humilité profonde, & sans que personne ose parler pour luy, devenir dans une assemblée mondaine la victime d’une impudique irritée, & la récompense d’une danseuse, qui a perdu toute pudeur. […] & afin que marchant sur ses traces nous montassions après luy sur le Calvaire, rien n’estant plus monstrueux qu’un Chrétien délicat, dont tout le soin est de ne rien souffrir, après avoir vû la sainteté même dans la souffrance en la personne d’un Dieu en croix. […] Les spectacles sont une occasion prochaine de péché, & un péché pour une infinité de personnes. […] Ce Magistrat, cet homme âgé, ce pere, cette mere, toutes les personnes graves, péchent, en donnant mauvais exemple aux jeunes gens, ausquels ils n’en doivent que de bons. […] & cependant nous apprenons avec douleur que l’on en voit tous les jours un grand nombre devant les Théatres, où ils se trouvent mêlez confusément avec les personnes du siecle de l’un & de l’autre sexe.

231. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Dans la loge voisine, quelle est cette jeune personne qui a tant de diamans, demande une femme ? […] Personne n’ignore combien sa vie a été débordée ; mais ce sont des foiblesses si pardonnables, c’est un mérite aux yeux de notre chaste Ecrivain : elle étoit plus digne de sentir l’amour que Catherine de Médicis. […] Il eut l’adresse de persuader à l’imbécille Pepin le Bref, le premier Roi qui ait été sacré, qu’en se faisant oindre d’une huile sanctifiée, il rendroit sa personne plus auguste & plus respectable. […] Personne n’a été plus ferme à maintenir la foi, les bonnes mœurs, l’ordre & la discipline ecclésiastique, & à rendre justice par lui même à tout le monde plusieurs fois la semaine. […] Mais le pussent-ils, personne ne s’est encore avisé, ni vrai-semblablement ne s’avisera de donner un tel catéchisme aux enfans : il faut être peu sage pour le penser & l’écrire.

232. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

Le fard formoit, jusqu’à nos jours, un objet très-borné d’industrie, qui n’occupoit que peu de personnes ; il est devenu un objet fort étendu de commerce, il forme un metier complet, que l’Académie des Sciences ne manquera pas de donner au public, avec tous les autres arts & metiers. […] Il n’est pas douteux qu’une personne, qui de la tête aux pieds, en seroit toute couverte, ne tombât dangereusement malade, faute de transpiration. […] Telle est l’imprudence des femmes qui s’enluminent, elles semblent des furies, & des personnes noyées dans le plaisir, par la vivacité de leur rouge. […] C’est que les couleurs des objets en se dispersant, se modifiant différemment, font corps avec le teint de la personne, & deviennent une espece de fard à des yeux savants, chaque situation donne une couleur différente. […] Son fauteuil est son théatre, les minauderies sont ses rôles, le cercles son parterre ; pour les habits les modes, les couleurs, la licence, personne ne peut s’y méprendre : qu’apprend-elle autre chose au théatre ?

233. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Aristote tâche d’y remédier par je ne sais quelle purgation que personne n’enteend ; mais il est ridicule d’établir une science qui donne sûrement la maladie, pour en former une autre qui travaille incertainement à la guérison. […] L’Eglise & le Prince l’approuvent, l’autorisent ; est-il permis d’en être l’ennemi, & d’en éloigner personne ? […] Ce convoi attiroit dans les places & les rues de Rome un peuple innombrable, comme les enterremens solemnels des personnes les plus distinguées. […] Le Pontife levoit les yeux & les mains au ciel, & faisoit une priere pour demander pardon aux Dieux de ce forfait, & les exécuteurs descendoient la coupable dans le caveau, où étoit une lampe allumée ; on la couchoit sur un lit qui y étoit dressé, & on lui laissoit des provisions de bouche pout deux ou trois jours, afin que mourant de faim ou de douleur, il ne fût pas dit que personne eût mis la main sur une Prêtresse. […] encore depuis bien peu de temps, car son fils vient de mourir, ce fils pour lequel il a forcé sa fille à être Vestale, & de chagrin il vient se faire Capucin, sans être connu de personne, & le voilà tout-à-coup grand Pontife malgré lui : Velut ægri somnia vanæ fingentur species ut nec pes nec caput uni reddatur formæ.

234. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

Elle m’a mise d’une humeur… En vérité, je ne saurais m’accoutumer à voir, à rencontrer par-tout de ces femmes qui ne sont à personne, & qui peuvent être à tout le monde ; de ces Beautés bannales, qui jouissent du droit exclusif de séduire… publiquement… sous la protection des Loix. […] » Personne n’ignore la dépense excessive des Grecs & des Romains en fait de Spectacles, & sur-tout de ceux qui tendoient à exciter l’attrait de l’émotion. […] Non que je veuille insulter de gaîté de cœur à nos Acteurs & nos Actrices actuels ; je fais profession d’estimer leur talent : & leurs personnes, loin de m’être odieuses, trouveraient en moi, si j’avais quelque pouvoir, une protectrice zèlée. […] Tâchons de faire entendre ma pensée, sans offenser personne. […] D’habiles Physiciens ont pensé, qu’il se fesait continuellement par les yeux des personnes passionnées, des amoureux, ou des femmes lascives, une émanation d’esprits infiniment projectiles, qui communique insensiblement à ceux qui les écoutent & les regardent, les mêmes agitations dont ils sont affectés.

235. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Je sçai que le mélange de la Réligion avec l’indécence, est une profanation qui forme un second crime ; que cette profanation est contraire aux régles de l’art & au Costume, c’est-à-dire, à l’usage & aux mœurs de la personne représentée ; mais outre cette multiplication de crime, la seule immodestie forme le même danger, & le même péché. […] Dans la parure mondaine & dans les nudités, personne n’ira révérer une sainte, admirer un Apôtre ; & dans la pudeur, la simplicité, qui devineroit la Déesse de Cythère : autant que l’une cherche à plaire ou plutôt à séduire, autant l’autre craint pour elle-même & pour les autres, les moindres occasions de péché. […] Quel chrétien a jamais douté que le culte suprême n’est dû qu’à Dieu ; que les honneurs religieux ne peuvent avoir pour objet, que la personne des Saints, dont la dignité, la vertu les mérite ? […] Un guerrier fait peindre des siéges & des batailles ; un libertin prodiguera des amours & des nudités, le théatre ne connoît guerre d’autre décoration, parce que c’est le sanctuaire de Vénus, sa nature est d’être une image, tout n’y est que représentation, imitation, peinture ; non-seulement les toiles de la décoration, mais toutes les parties qui les composent ; la piéce est le tableau d’une action, & les acteurs sont des portraits vivans des personnes qu’ils représentent, leurs gestes, leurs visages, leur ton de voix, des expressions à la passion, les danses, la musique les crayonnent. […] C’étoient les armoiries du tems, comme les fleurs de lys en France, & l’apposition des armoiries en France fut toujours un signe de supériorité, de jurisdiction, de domaine ; ce qui ne peut appartenir à personne.

236. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VIII. Dans quelle Nation la Poësie Dramatique Moderne fit-elle les plus heureux progrès ? » pp. 203-230

Feijoo pour la sienne, qui lui fait dire que Rome n’a produit qu’un Ciceron, au lieu que l’Espagne a produit deux Seneques, & que si tant de personnes mettent Virgile au dessus de Lucain, ce n’est qu’à cause que Lucain étoit Espagnol, & que toutes les autres Nations sont envieuses de la gloire de l’Espagne. […] Les sentimens de quelques Auteurs entêtés sur leur Nation, ne sont pas toujours ceux des Personnes éclairées dans cette Nation. […] Personne n’ignore de combien de bouffonneries, les Tragédies de Shakespear sont remplies. […] J’avois voulu, dit le Curé, faire un Poëme suivant les regles ; mais je fis reflexion que je me casserois la tête pour plaire aux personnes éclairées, qui sont en petit nombre, au lieu qu’en ne les suivant pas j’aurois beaucoup moins de peine, & je plairois aux ignorans qui sont en très grand nombre. […] Parce que quelques uns des caracteres étoient appliqués à des Personnes qui étoient en crédit à Londres. 3°. 

237. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

Pourquoi donc tant d’animosité contre les personnes ? […] Mais, je le répète, c’est une petitesse de s’en prendre aux personnes plutôt qu’aux choses, quand il est bien prouvé qu’on ne peut rien gagner au changement. […] En politique, personne, ce me semble, n’a encore deviné le premier ministre comme étant destiné, par la force de son génie, à replacer la France au premier rang qui lui est dû, et dont elle est véritablement déchue.

238. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Sa mere, bonne par caractere, respectable par ses vertus, n’avoit fait mourir personne, avoit fait du bien à tout le monde, même à ses ennemis. […] L’amertume n’est donc pas comme l’aigreur dans la personne ? […] Quel spectacle pour cinquante épouses du Seigneur, de voir s’embrasser ces deux personnes si peu faites l’une pour l’autre ! […] Elle délivra dans une seule année neuf cens prisonniers & nourrissoit quatre mille personnes. […] Ainsi tout se termine au tombeau dans les plus grands princes, dans les plus grands génies, dans les personnes dont la plus grande célébrité a répandu par tout la gloire.

239. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

En effet, si les danses d’aujourd’hui pouvaient convenir aveca la joie sainte de l’esprit Chrétien, pourquoi les condamnerait-on en certaines personnes, et en certains lieux, et lorsque l’usage en est trop fréquent ? Et pourquoi ne serait-il pas permis aux personnes mêmes consacrées à Dieu, de danser, et à celles qui ne le sont pas de prendre ce divertissement dans un lieu saint, et de le faire autant de temps qu’il leur plaira ?

240. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Ainsi tout le dessein d’un poète, toute la fin de son travail, c’est qu’on soit comme son Héros épris des belles personnes, qu’on les serve comme des divinités ; en un mot qu’on leur sacrifie tout, si ce n’est peut-être la gloire, dont l’amour est plus dangereux que celui de la beauté même. […] Dites, que tout cet appareil n’entretient pas directement et par soi le feu de la convoitise ; ou que la convoitise n’est pas mauvaise, et qu’il n’y a rien qui répugne à l’honnêteté et aux bonnes mœurs dans le soin de l’entretenir ; ou que le feu n’échauffe qu’indirectement ; et que, pendant qu’on choisit les plus tendres expressions pour représenter la passion dont brûle un amant insensé, ce n’est que « par accident » c, que l’ardeur des mauvais désirs sort du milieu de ces flammes : dites que la pudeur d’une jeune fille n’est offensée que « par accident », par tous les discours où une personne de son sexe parle de ses combats, où elle avoue sa défaite, et l’avoue à son vainqueur même, comme elle l’appelle.

241. (1731) Discours sur la comédie « MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L’EVEQUE DE NIMES, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 352-360

Vous faisiez part de ces récréations empoisonnées aux personnes que vous aimiez ; et ce qui est plus déplorable, vous donniez à vos enfants encore innocents la vue de ces vanités, pour récompense de leur sagesse. […] Vous assigniez à Jésus-Christ en la personne de ses pauvres, une portion des profits de votre commerce, en reconnaissance de la bénédiction qu’il y répandit.

242. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

Je ne veux point condamner ces Arts que tant de personnes ont si justement loués. […]  » y a je ne sais quoi de trop vil et de trop bas dans cet Art, pour le permettre à un Roi, et après qu’on a reproché à Néron qu’il savait peindre, je ne pense pas qu’il y eût personne qui le voulût conseiller à un Monarque.

243. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Je dis en personne, circonstance singuliere & bisarre. […] C’est un présent que font ordinairement les princes : mais il n’est pas ordinaire de leur faire une reception publique, comme on feroit à la personne. […] Tous les jours les nobles, les gens de justice sont joués, sans que personne s’en plaigne. […] Il ne faut pas les confondre avec les personnes de mérite qui sont honneur à la robe & à l’épée, par leurs talens & leurs vertus. […] La fausseté est visible, le style & le langage en sont très-modernes, personne n’y peut méconnoître la plume de M.

244. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

C’est bien au Théatre & au Parnasse a reprocher les mauvaises mœurs, comme si personne étoit plus dépravé que les Comédiens & les Poëtes. […] Sa fortune fut toujours mediocre, mais supérieure à celle d’Allainval qui alla mourir à l’Hôtel-Dieu, où des personnes charitables le firent porter dans sa derniere maladie. […] Corneille fait des vers cent fois plus beaux que les miens, & personne ne les regarde. […] Deux Evêques ont été ses panégyristes ; ainsi trois Ecclésiastiques, ce qui n’étoit encore arrivé à personne, ont occupé le Sanctuaire des beaux esprits. […] Enfin après des sermons où lui-même l’a condamnée, & dans un discours académique où personne ne lui demandoit ces excursions aussi inutiles que peu convenables.

245. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

C’est ce qu’il a fait voir en la personne de ce Prince. […] Dans ce qui regarde l’Eglise, il avait pour maxime, que les Princes étant plus exposés que personne, à la tentation, et au péché, ont aussi besoin plus que personne, d’implorer le secours, et la miséricorde de Dieu. […] Au lieu que dans un état, où il n’y aurait que des personnes de probité, et d’honnêtes gens, on n’eût pas dû même les mettre au rang des choses humaines. […] , il y en avait une qui permettait de parler librement de tout sur le Théâtre, d’y nommer et d’y reprendre toutes sortes de personnes. […] , peuvent recevoir les Princes des personnes infâmes ?

246. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

A quoi sert un Gouverneur qui ne peut obliger personne de lui obéir ni de le croire ? […] L’Abbesse Gouvernante tient toute son autorité du Pape, & n’a rien par elle-même ; un Chef de l’Eglise n’a rien reçu de personne, & n’agit qu’au nom de Dieu de qui seul il tient tout. […] Cette puérile mascarade dans un événement si tragique n’en imposa à personne, elle révolta tout le monde, on s’en moqua par-tout ouvertement. […] Les Comédiennes ordinaires peuvent bien être aussi hypocrites, mais ne sont pas si cruelles, elles ne font mourir personne, elles se bornent à affecter de la douleur pour des morts dont elles se réjouissent ; mais ne les ont point ordonnées. […] Elle renvoya les Evêques qui venoient l’entretenir, elle couchoit toute habillée, se levoit cent fois la nuit, ne vouloit voir personne, toujours les yeux fichés en terre, le doigt sur la bouche comme le Dieu du silence ; elle voulut être enterrée dans cette attitude.

247. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Si après tout ce que nous avons dit pour en détourner les fidéles, il y a encore ici des personnes qui soient d’humeur à y retourner, ils remercieront le Pere de parler si fort à l’avantage de ce qu’ils aiment. […] On n’a jamais vû personne se convertir au sortir d’une comédie par la force de ces critiques que l’on compare aux morales les plus intéressantes, comme on en voit changer de conduite & réformer leurs mœurs après une éloquente & patétique prédication : & c’est une erreur de croire que la comédie soit un plaisir innocent & même avantageux, parcequ’on y censure tous les vices. […] Si un simple regard jetté par hazard sur une personne qui se présente & qu’on ne cherche pas, peut produire des effets si dangereux, dans les lieux mêmes les plus saints ; que ne feront pas des regards passionnés dans ces lieux d’une licence effrénée, où l’effronterie est comme de saison, & où l’on ne va que dans le dessein prémédité d’y trouver les objets les plus séduisant ? […] Et que personne ne s’excuse, en disant : J’ai cessé les jeux du théatre. […] Dans les choses qui concernent notre salut, personne ne nous a encore empéchés d’y travailler, quand nous l’avons voulu : & si ce sont des ennemis que vous appellez invisibles, il ne faut pas s’étonner que nous ne puissions pas nous en défendre.

248. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

A Bordeaux il y joua les personnes les plus distinguées dans sa premiere comédie. […] Philippe avoit les plus belles qualités ; personne n’en doute, ni ne l’ignore. […] Moliere & Regnard, Racine & Corneille n’y font mettre personne. […] Les siennes corrigeront peu, & n’ont encore reformé personne, quoiqu’à la vérité elles soient plus sages que bien d’autres. […] Ce sont de legeres exceptions qui ne changent point la nature de l’action, & le caractere de la personne, les dangers du spectacle.

249. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Cet éclat emprunté n’est dû qu’aux décorations, dont on peut couvrir les animaux & les murailles Il n’embellit personne. Des souliers brillants qui à chaque pas éblouissent ne laissent ni le temps ni la liberté de voir les graces de la personne. […] Mais certainement les visages hideux & fort incommodes défiguroient la personne : vrai semblablement la mode n’en reviendra jamais. […] Les biens, les honneurs dont en l’a comblé, le faste des personnes distinguées dont on l’illustre, ne sont qu’un masque pour en couvrir la difformité ; la vanité humaine n’est occupée qu’à reparer des défauts. […] Ils se sont mis dans cette possession par voie de fait, & personne ne s’y est opposé.

250. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Comme les intrigues ne peuvent réussir que par l’entremise de quelque personne subalterne, tous les théatres en ont employé. […] Cette passion, vue de loin dans des personnes qui s’aiment, dont même on n’entend pas les discours, peut faire la plus vive impression. […] La seule exposition de la personne d’une femme sur un théatre, fût-elle la plus vertueuse & la plus modeste, blesse la pudeur ; que sera-ce d’y exposer des femmes de mauvaise vie, avec toutes les amorces de la volupté ? […] Cette comparaison est prise du Discours 32 de Dion Chrysostome aux Athéniens, où cet éloquent Orateur les exhorte non-seulement à bien recevoir les avis qu’on leur donne pour la réformation des mœurs, & des personnes qui ont assez de zèle & de courage pour les leur donner, mais à bien distinguer les charitables moniteurs qui agissent par de bonnes vues, de ceux qui sont conduits par l’intérêt, la vanité, & qui détruisent par leurs exemples le bien qu’ils pourroient faire par leurs remontrances, comme sont les Comédiens. […] Personne ne montera sur le théatre que les Acteurs, ni n’entrera dans l’orchestre que les Symphonistes.

251. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

On s’accoutume à regarder les plus saints, les plus grands hommes, comme des personnes ordinaires, des personnages de théâtre, fort au-dessous du haut degré de vénération où l’Esprit Saint les présente. […] Tout cela ne fût-il dangereux que pour un petit nombre de personnes faibles, devrait-on souffrir ce scandale public donné sans discernement à tout le monde ? […] Elle avait gardé un profond silence sur son projet, et l’avait recommandé à tous les Magistrats, personne n’a eu l’indiscrétion de lui en parler : son Mizaël lui fait cent questions, elle lui laisse tout entrevoir. […] Le Polyeucte, le Théodore de Corneille, le Joseph, le Saül, le Jephté, l’Abraham, l’Absalon, le David, les Machabées, la Suzanne, l’Enfant prodigue, etc., partout on trouvera une infinité d’altérations, plusieurs même indécentes, contraires à l’esprit de Dieu, à la sainteté des personnes, à l’édification du public. […] « Il fallait, dit-elle, des personnes innocentes pour chanter les malheurs de Sion : la Chammêlé nous eût fait mal au cœur. » Madame de Maintenon, après la mort du Roi, apprit avec surprise que le théâtre s’était emparé de la pièce d’Athalie, et que le Cardinal de Noailles, Archevêque de Paris, qui lui devait la mitre et la pourpre, et qui faisait profession d’une morale sévère, ne s’opposait pas à une représentation qu’elle traitait de profanation, quoiqu’elle lui eût autrefois paru une œuvre de piété dans ses filles.

252. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Il est inutile d’insister sur une chose que personne n’ignore. […] C’est dommage que la gloire que le théâtre prétend tirer des personnes illustres, soit couverte de tant de nuages. […] Quoi qu’il en soit, ce procès n’ayant porté que sur une exception particulière, personne n’ignore au Palais qu’un pareil préjugé, aussi bien que la noblesse de Lully, ne fait que confirmer la règle. […] Il toléra cependant le théâtre, qu’il n’approuvait ni n’aimait ; mais il fixa les gages annuels des Acteurs à cinq pièces d’or, car à Rome personne ne payait à l’entrée, comme en France, où l’on agit moins noblement. […] Il défendit aux Sénateurs d’entrer dans la maison de ces personnes infâmes (Tacit.

253. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

.° Les lois défendent aux Magistrats et aux personnes en place d’épouser des Comédiennes, ni même leurs filles, non plus que des personnes publiques (dans les lois ces deux choses vont de pair). […] C’en est une des plus importantes de ne pas admettre une personne infâme à alléguer sa propre turpitude, et à se faire elle-même le procès, pour revenir contre son propre fait, et détruire son propre acte, par des moyens que sa mauvaise foi a préparés, afin de profiter de la cassation, pour favoriser sa débauche. Son inconstance, ou plutôt sa perfidie, son parjure, son libertinage, son infamie, forment un préjugé légitime contre elle, une présomption légale de la vérité qu’elle ose combattre, qui la rendent également indigne d’être crue et d’être écoutée : sans distinguer les moyens d’abus relatifs à certaines personnes, et les moyens absolus qui portent sur la nullité radicale de l’acte, on lui refuse toute audience. […] Les autres, qui ne voulaient avoir égard qu’à la notoriété de droit, ont cherché des différences entre les Comédiens et les autres personnes indignes de la communion ; mais ils ont toujours convenu, comme d’un principe incontestable, de leur indignité et de l’anathème qui les bannit du sanctuaire. […] Personne n’ignore qu’on la refusa au célèbre Molière, ce Héros du théâtre, ce qui occasionna ce mot insensé de sa femme, qui peint à la fois l’orgueil et l’impiété de cette engeance perverse : « Se peut-il qu’on refuse la sépulture à un homme à qui on doit des autels ? 

254. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Jamais ils n’ont converti personne ; combien en ont-ils perverti ? […] Personne en effet ne pouvoit mieux l’exécuter. […] Une personne très-imparfaite est nommée un Soleil, ou tout au moins une Aurore. […] Ils y voient des Grands, des personnes élevées en dignité, des vieillards, &c. y applaudir. […] Personne n’ignore cette description : mais peut-on se refuser de la rappeller ici ?

255. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

VingtPoëtes, avoient travaillé à cette couronne, elle n’en valoit pas mieux, quoique la singularité & la qualité des personnes intéressées lui eussent donné quelque célébrité, & qu’il n’y eut alors rien de mieux sur le parnasse. […] La troupe des Comédiennes est l’élite des courtisanes, & la troupe de leurs amans est l’élite des personnes distinguées ; celles qui ne sont pas encore enrôlées dans les troupes de Thalie, n’en sont pas moins initiées dans les mistères & habiles à jouer leur rôle, & dans le fonds toute coquette n’est-elle pas une vraie Actrice ? […] Le théatre n’est qu’une gaze qui couvre la débauche ; mais personne ne prend le change & elles seroient bien fâchées que la bonne opinion qu’on pourroit former de leur vertu, éloignât les Marchands, & fit languir le commerce, & mit au rabais le prix de leurs grâces & de leurs talens. […] Les mêmes loix du Digeste décident, que si quelqu’un a son logement dans une maison, il ne peut y tenir des personnes de mauvaise vie ; qu’on peut renvoyer, même avant terme, une femme locataire qui vit dans la débauche ; qu’on peut même la faire chasser de son voisinage ; qu’on ne peut vendre une esclave pour en faire cet usage, &c. […] Le paradoxe de M. d’Alunbert fait peu d’honneur à Nevton, il en seroit trop à Corneille, si personne pouvoit l’adopter hors des coulisses & des loges.

256. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Quoique l’Auteur de l’Ecole de la Raison soit assurément pénétré autant que personne des vérités de la Religion Chrétienne, il est trop trop honnête homme pour démentir Mr. de Crébillon et pour vouloir faire croire qu’il avait puisé les pensées de son Ouvrage dans les Livres Sacrés, ou dans les sermons des Prédicateurs qu’il avait entendus. […] quel goût ne prendrait-on pas pour la vertu, en voyant ces Personnes vénérables l’applaudir dans la bouche de nos Acteurs et sacrifier un Cagotisme mal entendu à l’avantage de faire remarquer au peuple des vérités auxquelles il ne fait pas peut-être assez d’attention. […] Si toutes les professions exposent la bonne foi en faveur de l’intérêt, on me permettra donc de croire que j’ai bien choisi en m’attachant à celle qui ne m’oblige jamais à tromper personne, on me permettra de croire que je dois en conscience faire usage d’un talent qui peut contribuer à faire d’honnêtes gens, comme l’expérience le prouve, et qui par conséquent facilite aux Pasteurs le moyen de sanctifier leurs Ouailles. […] La peinture des avantages qui résultent d’un pareil choix, l’exposition des motifs qui doivent déterminer à le faire, n’a sans doute rien de criminel ; et si l’on rend amoureux à l’excès deux personnes qui reconnaissent réciproquement ces avantages en elles ; que le mérite et la vertu soient toujours les motifs qui déterminent les deux partis à s’unir, que l’on prouve maintenant ce qu’il y a en cela de contraire à l’Ecriture. […] On tourne en ridicule un vieillard amoureux d’une jeune personne, parce que ce vieillard est criminel à tous égards, éclairé sur les devoirs de l’état dans lequel il veut s’engager pour la seconde fois, c’est un fourbe qui sait bien qu’il ne les remplira pas, qui n’est ordinairement porté à convoler que par avarice, ou par des velléités luxurieuses : semblables à ces feux de paille qui s’éteignent avant d’avoir pu communiquer la flamme aux corps solides qui les approchent.

257. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IX. Défauts que les Etrangers ont coutume de reprocher à notre Tragédie. » pp. 231-259

Mettre une barriere est une expression fort simple, & nous ne nous en servons pas pour dire qu’on empêche deux personnes de se parler. […] Je n’ai jamais pu comprendre ce qui avoit engagé M. de Cambrai à soutenir que dans nos Tragédies, toute belle personne est nommée un Soleil, ou tout au moins une Aurore ; que tous les termes y sont outrés, & que rien n’y montre une vraie Passion. […] C’est bien là que les personnes sages qui condamnent les ouvrages dangereux, peuvent dire le tant mieux de M. de Cambrai. […] Il n’est pas étonnant qu’on l’accuse en Italie d’avoir mis à la mode dans notre Tragédie, le langage amoureux, puisque dans le pays où il doit être mieux connu, tant de Personnes s’imaginent que ce langage étoit toujours le sien, qu’il ne faisoit ses Tragédies que pour faire valoir une Actrice, dont il étoit l’esclave, Actrice cependant qui n’eut jamais (comme j’en suis certain) aucun empire sur lui, & qu’on se représente parlant d’Amour parmi les femmes, un homme qui uniquement occupé de l’étude de son Art, passa avec les Poëtes Grecs le tems de la vie où les passions sont les plus vives. […] Parce que dans celles-ci l’Amour parle son langage véritable, ce qui, malgré les intentions de l’Auteur, doit les rendre très-dangereuses, quand elles sont représentées par des personnes habiles à imiter la Nature.

258. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Il faut convenir que personne n’a reçu de la Nature plus de talens que Mr. […] Il ajoute que les beautés des Portraits qu’il fait, sont si naturelles qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossiéres : & que le talent qu’il avoit à plaisanter s’étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire. […] Les Comédiens & les Bouffons publics sont des personnes décriées de tout tems, & que l’Eglise même par voie de droit considére comme retranchées de son corps, parce qu’elle ne les croit jamais dans l’innocence.

259. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Du mandemant de Monseigneur l’Archeveque de Rouen. » pp. 379-401

Cette loi constitutionnelle a aussi rétabli l’ancienne noblesse, qui avait souffert pendant la révolution française dans sa propre personne et dans ses biens autant que le Clergé ; la noblesse, toujours fidèle aux volontés de son roi, n’en a point dépassé les intentions et n’a point transgressé la loi commune. […] S’il en était autrement, les prêtres seraient privilégiés, au-dessus même de la monarchie et du monarque ; car la Charte, en reconnaissant les principes monarchiques et l’existence immuable de la légitimité dans la personne du souverain, a spécifié et modifié les droits du prince, qui se trouve, en beaucoup de circonstances, soumis aux lois communes du royaume. […] Qu’on se rappelle tous les troubles que le fanatisme a excités, toutes les révoltes qu’il a fomentées, toutes les conjurations où il a présidé, et tous les assassinats qu’il a fait exécuter sur la personne des rois et sur un si grand nombre de particuliers.

260. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

On aurait à citer, de nos jours, Roméo-Ducisb, Chénier-Fénélonc, Abel-Legouvéd, Arnaud-Marius e, Mercier-Agamemnonf : mais puisque Voltaire est placé si loin de Racine et de Corneille par nos impitoyables Aristarques, il devient impossible de citer personne après ce grand génie. […] Si je coupe court, c’est que, lorsque j’écris pour un Journal, je me figure vingt personnes autour de moi, semblables à autant de convives empressés d’occuper chacun sa place à une table trop étroite. […] Je ne pense pas que personne me sache mauvais gré d’une observation aussi judicieuse et aussi importante, puisqu’elle embrasse tout ensemble et l’intérêt de l’art et celui de ses soutiens gémissants.

261. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « HISTOIRE DES OUVRAGES. Qui ont paru pour et contre la Comédie, depuis le 17e Siècle. » pp. 161-175

On n’avait point vu de réponses à tous ces savants et solides écrits contre la Comédie ; et on ne croyait pas que personne osât mettre la main à la plume pour la défendre. […] Caffaro, qui la défendait, est une Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de qualité sur le sujet de la Comédie, chez Mazuel.

262. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

Et le jeune homme qu’elle aime, tout chrétien qu’il est, et prêt de souffrir la mort pour la défense de la foi et de la pureté même de cette Sainte, ne laisse pas de lui persuader d’épouser ce jeune Prince païen qui l’aime, et de la faire assurer de sa part que, « C’est tout ce que veut d’elle Le souvenir mourant d’une flamme si belle. » De sorte que si l’on voit dans cette pièce en la personne d’une Sainte, la foi triomphante des supplices les plus honteux ; on y voit en même temps l’amour profane triompher de plusieurs misérables qu’il s’est assujettis, et poursuivre jusqu’à la mort une Sainte Vierge, et un généreux martyr. […] « Si c’est zèle d’amant ou fureur de Chrétien. » Et quoique le Saint déclare lui-même ensuite qu’il n’a agi dans cette occasion que par un motif de générosité chrétienne, cela paraît mêlé de tant de paroles tendres et passionnées, et de tant de circonstances qui tendent à détourner l’esprit de cet égard, et à le porter vers l’amour profane, que tout ce qui reste dans l’esprit des spectateurs est une haute idée pour la forte passion que cet Amant a eue pour la personne qu’il aimait. […] De sorte que l’on peut dire que chacun en sa manière y joue son personnage, et que bien souvent les Acteurs ne font que représenter ce qui se passe secrètement entre les personnes qui les regardent. […]  » Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de théâtre il y en ait une qui ne blesse point ouvertement la pureté, et l’innocence : supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, dans la nudité, et dans les gestes des Comédiennes, qui blesse la modestie, et qui ne réponde à la pureté et à la piété des vierges qu’elles représentent : supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer aux jeunes gens l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur manière de s’habiller, dans tous leurs gestes, et dans toutes leurs actions : supposé que tout ce qui se passe dans ces représentations malheureuses ne porte point au mal ; que les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des comédies, enfin que tout n’y soit point plein de poison, et n’y respire point l’impureté : Vous ne devez pourtant pas laisser d’empêcher vos enfants, de s’y trouver ; Hom.

263. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Il fit fouéter sur les trois théatres, & bannir de Rome, un acteur qui se fusoit servir par une femme habillée en homme ; déguisement assez inutile ; la débauche des acteurs est si commune, que personne ne s’en avise Apparament celui-ci faisoit l’homme de bien, on punit son hypocrisie. […] C’étoit une dérifion des affaires de Parme, où les personnes les plus respectables, & les choses les plus sacrées étoient insultées. […] Il démontra l’insolence des comédiens, chez le peuple le plus grave, & le plus décent, jusques sous les yeux du Roi, & contre les personnes les plus respectables. […] Traduction que personne ne lit, inutile aux savans qui entendent le texte, plus inutile aux autres qui ne s’en amusent point & n’y comprennent rien. […] Depuis qu’il a abandonné le théatre, il a fait vingt drames, personne n’est plus jaloux que lui de ces triomphes vains, dont son cœur n’est plus touché ; je ne sai ce que c’est que les feux de la clarté : la clarté ne frappe que la rue.

264. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Tous ces divertissemens finirent par une Wivtschats, fête Allemande, où lon assemble nombre de personnes des deux sexes. […] Le Roi voulut faire en personne le siége de Mons, & l’année d’après celui de Namur, les deux plus fortes places des Pays-bas. […] Personne ne prit la précaution de faire son testament avant de s’y rendre, Les Dames se firent gloire d’y porter le mousquet : elles savaient bien qu’il n’y avoit pas des coups à donner. […] On n’a plus entendu parler de cet ouvrage, très-bien écrit, qui auroit fait du bruit, & auroit extremement déplu à la personne intéressée, s’il avoit paru. […] Une machine qui porte cinq personnes doit être lourde ; il faut des cables bien forts.

265. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Ce n’était point le talent des Acteurs, qu’ils pouvaient appliquer à d’autres objets, qu’on méprisait ; c’était leurs personnes. […] Il n’est personne qui ne tremblât dans une dispute d’être reconnu pour agresseur ; et pour échapper à cette qualification, on attendrait toujours d’être insulté. […] Non sans doute ; c’est à la personne seule, c’est pour la punir de l’audace qu’elle a de vouloir tromper le Public, et lui faire payer des talents qu’elle n’a pas. […] Ce désintéressement prétendu n’a trompé personne. […] , p. 145 : « Ces hommes si bien parés, si bien exercés au ton de la galanterie et aux accents de la passion, n’abuseront-ils jamais de cet art pour séduire de jeunes personnes ?

266. (1666) La famille sainte « [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] lafamillesainte ou il est traitté des Devoirs de toutes les personnes qui composent une Famille.

267. (1825) Encore des comédiens et du clergé « AVIS AU LECTEUR. » p. 10

Les personnes qui n’auraient pas le temps de s’exposer à l’ennui de lire en son entier, le présent ouvrage, sont prévenues qu’elles trouveront à la fin des Chapitres, une Table des Matières, qui les dirigera dans le choix des articles qu’elles jugeraient à propos de parcourir.

268. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Les personnes graves qui à Athenes & à Rome murmurerent contre ces Plaisirs, passerent sans doute pour des hommes de mauvaise humeur, pour des Rigoristes, & nous avons avons vû que la fureur des Athéniens pour ces plaisirs causa à la fin leur ruine entiere, & que la même fureur causa aussi celle des Romains. […] Cette Piéce est non seulement faite pour les Personnes éclairées, mais si elle étoit représentée devant le Peuple, je suis persuadé, comme je l’ai dit, qu’on verroit le Peuple même, attentif à l’Action, s’attendrir, pleurer, & être dans la crainte jusqu’à la Catastrophe.

269. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Quand on renouvela ce divertissement dans l'Europe, il commença par des Satires aigres et mordantes qui tirèrent bientôt après elles le libertinage, et cela fut corrigé par les Histoires Saintes que l'on y fit représenter ; et les personnes de piété en prenaient tant de soin, que l'on forma cette Confrérie de la Passion, qui possède encore l'Hôtel de Bourgogne, où l'on représentait des Histoires Saintes ; et où maintenant on en représente encore de toutes sortes. […] Mais Monsieur le Cardinal de Richelieu, qui faisait toutes ses actions avec un grand discernement du bien et du mal, remit en crédit les Comédies et les Tragédies, en n'y laissant rien de ce qui les avait exposées justement à l'indignation des personnes d'honneur, et à la peine des Lois.

270. (1777) Des divertissements du Carnaval « [frontispice] »

[frontispice] Réflexions chrétiennes sur divers sujets de morale, utiles à toutes sortes de personnes, et particulièrement à celles qui font la Retraite spirituelle un jour chaque mois.

271. (1777) Des Spectacles « [frontispice] »

[frontispice] Réflexions chrétiennes sur divers sujets de morale, utiles à toutes sortes de personnes, et particulièrement à celles qui font la Retraite spirituelle un jour chaque mois.

272. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

et si des personnes de bon sens approuvaient du temps de Sophocle et d’Euripide, des Pièces de Théâtre sans amour, pourquoi ne veut-on pas qu’on les approuve aussi de notre Temps ? […] Vous voyez bien que c’est le goût ou plutôt la fureur d’un peuple insensé, qui a introduit cet usage parmi eux, et qu’une coutume établie sur ces principes n’oblige nullement les personnes sages. […] Cette vertu a des effets bien différents, vous savez ce que des personnes fort sages ont dit il y a longtemps de la lecture des Romansh, dans lesquels aussi bien que dans les Tragédies, on dépeint des Héros fort alangumoureux et fort vertueux. […] Et depuis personne n’a osé tenter la même chose, on a renvoyé ces sortes de sujets dans les Collèges, où tout est bon pour exercer les enfants, et où l’on peut impunément représenter tout ce qui est capable d’inspirer ou la dévotion ou la crainte des jugements de Dieu. […] Car enfin cette constance a éclaté non seulement dans des personnes d’une condition médiocre, mais encore dans des Rois, dans des Généraux d’armée, dans des Princesses, dans des Sages, et dans d’aussi grands hommes que l’étaient les Anciens Romains.

273. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

C’était chez une personne, qui en ce temps-là était fort de vos amies, elle avait eu beaucoup d’envie d’entendre lire le Tartuffe, et l’on ne s’opposa point à sa curiositéh, on vous avait dit que les Jésuites étaient joués dans cette Comédie, les Jésuites au contraire se flattaient qu’on en voulait aux Jansénistes, mais il n’importe, la Compagnie était assemblée, Molière allait commencer lorsqu’on vit arriver un homme fort échauffé, qui dit tout bas à cette personne : Quoi, Madame, vous entendrez une Comédie, le jour que le Mystère de l’iniquité s’accomplit ? […] [NDE] D’après Thirouin, on hésite à identifier en cette personne Mme de Longueville, ou, après Sainte-Beuve, Mme de Sablé (Port-Royal, Livre III, c. 15 ; voir l’édition de Raymond Picard dans la Bibliothèque de la Pléiade, t.

274. (1726) Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat « Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat » pp. 176-194

Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat Je suis de l’avis de ceux qui pensent que les bons citoyens dans leur belles pièces sérieuses peuvent inspirer, entretenir et fortifier l’amour pour la patrie et des sentiments de courage, de justice, et de bienfaisance ; je crois de même que dans leurs pièces comiques ils peuvent inspirer du dégoût et de l’aversion pour la mollesse, pour la poltronnerie, pour le métier de joueur, pour le luxe de la table, pour les dépenses de pure vanité, pour le caractère impatient, chicaneur, avaricieux, flatteur, indiscret, hypocrite, menteur, misanthrope, médisant, en un mot pour tous les excès qui font souffrir les autres et qui rendent les vicieux fâcheux et désagréables pour plusieurs des personnes avec qui ils ont à vivre. […] Je crois même qu’ils eussent aperçu et qu’ils eussent condamné dans les ouvrages de Molière un grand nombre d’endroits où quelques sentiments de justice et de bienfaisance sont dans la bouche de gens d’ailleurs odieux et méprisables ; je crois qu’ils auraient remarqué et blâmé des sentiments d’injustice dans la bouche de personnes d’ailleurs aimables et estimables et d’autres endroits où l’injustice jointe à l’adresse et à la finesse est louée, et où la vertu et la justice jointe à des défauts personnels est blâmée ou tournée en ridicule ; et voilà pourquoi il faut une compagnie de Censeurs moralistes et politiques qui ait soin de diriger suffisamment le Poète vers le but de l’utilité publique, tandis que son intérêt le dirige suffisamment vers l’agréable, c’est-à-dire, vers son utilité particulière. […] Je fais tant de cas des avantages, que produit l’émulation pour le public que je voudrais, si la chose est praticable, qu’il y eût dans Paris deux troupes de Comédiens Français, dont une fût à un prix la moitié moindre pour les personnes moins riches ; cette troupe servirait de pépinière pour la grande troupe.

275. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « [FRONTISPICE] »

Utiles aux Curez et autres Ecclesiastiques, pour s’aquiter de leur devoir: Aux Chefs de Familles pour l’instruction de leurs Enfans et Domesti-ques, et à toutes sortes de Personnes qui veu-lent vivre selon Dieu.

276. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

On leur apporte le poison, on les oblige à le boire ; on a commencé par des bals, ils ont été très-fréquents, dit la Gazette, & très-nombreux pendant tout le carnaval, quoique fort long ; on y a toujours vu une multitude étonnante de personnes de toutes qualités, (c’est la nouveauté.) […] Personne n’ira sur des lieux les contredire. […] Jamais les vertus n’ont porté l’écusson de personne ; c’est au contraire la personne que l’écusson annonce, qui se fait honneur des attributs d’une vertu. […] Le lendemain, M. le premier Président donna un second repas, aux personnes de distinction des deux sexes ; il y avoit trois tables contenant cent couverts, pour les Dames, qui y furent servies par trois cens Cavaliers.

277. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Tartuffe dans la suite est un ingrat qui veut dépouiller son bienfaiteur ; mais c’est un homme poussé à bout par la perfidie la plus noire & de la personne qu’il aime, qui l’appelle & fait semblant de l’aimer pour le tenter & le perdre, & de celui qu’il a le mieux servi, qui l’estimoit le plus, & qui par le plus bas artifice se rend complice de la trahison. […] Ce soin que nous prenons de notre renommée Répond de toute chose à la personne aimée. […] Il fait beau voir cette honnête personne écouter nonchalamment dans quatre-vingt vers les plus honteuses déclarations, entremêlées de plusieurs libertés criminelles, & se contenter de dire d’un air indifférent : D’autres prendroient cela d’autre façon peut-être ; Mais ma discrétion veut se faire paroître. […] Sachez que d’une fille on risque la vertu, Lorsque dans son hymen son goût est combattu ; Que le dessein d’y vivre en honnête personne Dépend des qualités du mari qu’on lui donne, Et que ceux dont partout on montre au doigt le front, Font leurs femmes souvent ce qu’on voit qu’elles sont. […] Expression fausse dans la bouche de Cléante, personne ne passe les limites de son caractère, qu’autant qu’il affecte de les passer ; mais vraie par rapport au Poëte ou au Peintre qui outre les choses.

278. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Fautes. »

Pag. 13. l. 14 personne lisez posture.

279. (1675) Traité de la comédie « XI.  » p. 290

Il y a bien des gens qui étouffent de mauvais desseins, parce qu'ils manquent d'adresse pour s'en expliquer: et il arrive aussi quelquefois que des personnes sans être touchées de passion, et voulant simplement faire paraître leur esprit, se trouvent ensuite insensiblement engagées dans les passions qu'elles ne faisaient au commencement que contrefaire.

280. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

La grossieré des unes saisit d’horreur, personne n’en fait l’apologie ; on voit les autres sans défiance, & la modestie qui s’en allarme est traitée de vain scrupule. […] Ses comédies sont un tissu de sarcasmes : c’étoit un digne enfant de la scène qui n’épargne personne. […] La personne & la vie du fameux Torquato Tasso offrent un contraste des choses les plus opposées. […] Idées démenties par les désirs, les conversations, les actions, les passions de ses amateurs, & qui ne peuvent en imposer à personne. […] Un emploi qu’il avoit à la Cour, & des liaisons avec des personnes très-distinguées, exigeoient des ménagemens : trop de licence auroit nui à sa fortune.

281. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « AVERTISSEMENT. »

Ce n’est point ici une affaire personnelle, tout le public est intéressé dans la question dont il s’agit, et il n’y a personne qui n’y prenne part : elle regarde également la Religion et la société civile.

282. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Avertissement. »

Plusieurs personnes ayant souhaité d’en avoir des copies, ceux qui ont eu cette Décision, se sont déterminés à la faire imprimer pour satisfaire à leur désir.

283. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

Le Parlement l’a bien fait sentir à votre Avocat dans la peine infamante qu’il vient d’ordonner contre son Livre & même contre sa personne ; il a jugé qu’une plume aussi mensongere étoit indigne d’écrire pour les intérêts de la Vérité & de la Justice*, craignant qu’encouragé par cet essai scandaleux, il ne prenne le goût de défendre les causes les plus décriées. […] Personne ne devoit être plus prévenu de celle qui vous favorise, Mademoiselle, plus porté à innocenter la Comédie, que les Auteurs dramatiques.

284. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

Vous leur donniez vos approbations, et par vos applaudissements et vos flatteries, vous échauffiez ces serpents à mesure qu’ils vous piquaient : vous faisiez part de ces recréations empoisonnées aux personnes que vous aimiezc, et ce qui est plus déplorable, vous donniez à vos enfants encore innocents, la vue de ces vanités, pour récompense de leur sagesse. […] Vous assigniez à Jésus-Christ, en la personne de ses pauvres, une portion des fruits de votre commerce, en reconnaissance de la bénédiction qu’il y répandait.

285. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Ils n’ont pas moins reçu l’épée pour frapper le coupable, que la balance pour peser les droits de l’innocent, et le bandeau sur les yeux pour ne faire acception de personne. […] Lorsque les Italiens et les Anglais apprennent que nous flétrissons de la plus grande infamie un art dans lequel nous excellons, qu’on excommunie des personnes gagées par le Roi, que l’on condamne comme impie un spectacle représenté dans des couvents, qu’on déshonore des pièces où Louis XIV et Louis XV ont été acteurs, qu’on déclare œuvre du démon des pièces reçues par des Magistrats et représentées devant une Reine vertueuse, quand des étrangers apprennent cette insolence et ce manque de respect à l’autorité royale, cette barbarie gothique, qu’on ose nommer sévérité chrétienne, peuvent-ils concevoir que nos lois autorisent un art déclaré infâme, ou qu’on ose couvrir d’infamie un art autorisé par les lois, récompensé par les Souverains, cultivé par les plus grands hommes, et qu’on trouve chez le même Libraire l’impertinent libelle du Père le Brun à côté des ouvrages immortels de Corneille, Racine, Molière ? 

286. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 15-18

Ainsi un homme qui s’enivre tous les jours, un avaricieux qui ne fait tort à personne, mais qui est horriblement attaché à ses propres biens, pourrait dire : Je ne trouve point que l’ivrognerie ni l’avarice soient défendues dans les commandements de Dieu. […] Donc ce casuiste ne peut, sans une grande imprudence et une horrible témérité, vous dire que vous ne ferez pas mal d’aller à ce jeu, au bal ou à la danse, s’il ne connaît parfaitement toutes les circonstances du lieu, du temps, de la manière et des personnes qui s’y rencontrent, et principalement s’il ne connaît certainement la posture et la disposition de votre cœur, qui est connu de Dieu seul : Inscrutabile cor hominis, et quis cognoscet illud ?

287. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Pourquoi aller au théâtre seroit-ce un scandale pour vous-mêmes dans des personnes de certain état & de certain rang ? […] D’abord, j’en conviendrai, Messieurs, si c’est former l’esprit de le repaître de vanité, de mensonge & de fable, de remplir le cœur de sentiments outrés qui sont de l’héroïsme une chimere, enflent les passions jusqu’à rendre l’homme méconnoissable à l’homme même, & défigurent jusqu’à travestir en romans toute l’Histoire ; & je défie que personne méconnoisse le théâtre le plus châtié à ces traits. […] Encore une fois, j’en conviendrai, si c’est former & délasser l’esprit de lui rendre insipide toute lecture utile, de le distraire par je ne fais quel charme secret de toute occupation grave & sérieuse, de le dégoûter de la simplicité, en ne lui laissant de goût que pour le merveilleux, de plaisir que dans les ébranlements violents de l’ame ; & je défie que personne méconnoisse le théâtre le plus châtié à ces effets. […] L’oracle est ancien, confirmé mille fois par une triste expérience ; & cependant personne n’en convient. […] Mais je raisonne en vain, je tâche en vain à émouvoir ; je suis presque certain que je n’ai persuadé, changé personne.

288. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Qui pense aux vertus, aux talens, aux bonnes qualités d’une personne négligée ? […] On sent bien que je ne cherche pas à essuyer les yeux des actrices, qui plus coupables que personne, devroient faire de leurs yeux des ruisseaux de larmes, & n’en verseront jamais trop, jamais assez. […] Personne ne s’embarrasse du nom des filles de Job. […] Enfin il étoit tombé dans la plus grande pauvreté, ayant tout perdu manquant de tout ; il nage dans l’abondance, Dieu a doublé tous ses biens, il peut se donner jusqu’aux rafinemens du luxe que s’accordent les personnes les plus riches : Tertia Cornustibii . […] Il y a des graces qui par un heureux artifice s’incorporent avec les personnes.

289. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Jurieu cependant est un ennemi déclaré du théatre, il dit l. 2, c. 3 : une personne qui revient du bal ou de la comédie est très-mal disposé à la dévotion ; on a beau dire qu’on a rendu le théatre chaste, qu’on n’y entend plus que des leçons de vertu, que les passions n’y paroissent animées que pour la défense de l’honneur, qu’on n’y produit que des sentimens de générosité ; pour moi je dis que les vertus du théatre sont des crimes selon l’esprit de l’Évangile, & que si on y entendoit quelque chose de bon, il est gâté par l’impureté des lèvres & des imaginations à travers lesquelles il passe. […] Tout le monde aime la volupté, sur-tout la jeunesse qui s’imagine lui être consacrée ; les Poëtes & les Peintres peignent la volupté comme une jeune personne couchée sur un lit de fleurs, environné de tout ce qui flatte les sens ; toutes les passions bouiliantes à cet âge où la chair vigoureuse qui n’a point encore été mortifiée, domine avec insolence, & s’en fait même un privilège, & rien de plus ordinaire au théatre & dans le monde que de dire que la sagesse n’est faite que pour les vieillards, & le bel âge pour les plaisirs ; ceux qui ont des inclinations plus heureuses n’osent les suivre, le respect humain l’entraîne dans la foule, il est emporté par le torrent & on les excuse. […] Un trait fort plaisant que l’ivresse du théatre peut seule inspirer après de longues dissertations sur l’esprit de révolte qu’inspire le Calvinisme, & qui a fait couler tant de sang en France, en Angleterre, en Hollande après de si grandes leçons de politique sur la manière de prévenir les révoltes, ce que personne n’iroit chercher dans un roman fait par une femme ; l’Auteur fait à sa manière le portrait de trois hommes célèbres qui ont joué les premiers rôles dans les guerres de religion : Cromvel, le Prince d’Orange & l’Admiral de Colligni, & détaille leurs bonnes & mauvaises qualités. […] Arnaud, à qui en mourant il laissa son manuscrit pour le corriger, & qui en effet est presque tout refondu ; personne ne doute de ses sentimens, & la régularité de sa conduite dans son diocèse en est un sûr garant. […] Viclet poussoit plus loin son erreur, il vouloit que le péché privât de toute autorité temporelle les Rois, les Magistrats & toute les personnes en place, ce qui seroit le renversement de toute la société.

290. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

J’examine ailleurs les raisons & les ouvrages de ces insignes Auteurs, je n’envisage ici que la sainteté de leurs personnes ; la sagesse hésitera-t-elle à prononcer ? […] Aucun qui ne convienne qu’il y a quelquefois du danger, qu’il y en a toûjours pour certaines personnes, qu’il y en a dans beaucoup de pièces, qu’il y a donc alors du péché. […] Nous ne jugeons personne, & moins encore nos maîtres. […] C’est en sortant de là que les personnes distinguées oublient les bienséances, & le peuple sa rusticité, & emploient à se perdre les armes qu’ils y ont forgées. […] Quelques jours après, la Clairon, comme malade, eut permission de sortir ; on lui donna sa maison pour prison, avec défenses de n’y recevoir que six personnes qui ne sont pas de ses amans, sans doute pour faciliter sa guérison.

291. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

La jeune personne puisait toutes ses réponses dans les rôles d’une douzaine d’héroïnes, qui figurent depuis vingt ans aux boulevards, et qui disent à peu près la même chose. […] Tout en appliquant le premier appareil, je m’applaudissais d’une conversion dont personne n’eût douté… Brave homme ! […] Un désir bien pardonnable me fit approcher des vitres, à l’instant même où la jeune personne regardait si la passe de son chapeaug n’était pas déformée. […] Dans le renfoncement d’une boutique sans faste, j’entrevis une élévation, décorée de papier tenture et dont la superficie n’offrait à l’œil qu’une table de dix ou douze couverts, sur laquelle gesticulaient cinq à six personnes d’assez piètre mine. […] J’avais compté sans mon hôte, c’était un jour ordinaire : après le dimanche et lundi, me dit le chef, comme nous n’attendons personne, on ne prépare rien.

292. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Tâchez sur-tout de nous prouver bien clairement ce dernier point ; car j’observe que les parens, qui s’occupent de l’Education de leurs enfans, vous redoutent étrangement ; que les Personnes, à qui leurs Places prescrivent de la gravité & de la décence, craindroient d’être surpris dans les Temples où l’on débite si pompeusement vos maximes, que bien des gens sensés s’y ennuient ; que vos Prêtres & vos Prêtresses ne jouissent pas encore des droits que les Loix accordent au dernier des Citoyens. […] Vous avez compris qu’il y auroit de l’indécence à obliger une jeune Personne, à révéler, à une Assemblée respectable, des secrets qu’elle rougit de s’avouer à elle même ; mais auriez-vous oublié cette maxime d’un Ancien, que les choses honteuses à faire ne sont jamais bonnes à dire, encore moins à représenter ? […] Il n’y a personne de si malheureusement né, dit Horace, qui, avec de la docilité, ne puisse y faire des progrés. […] Mais, forcés de se prêter à des usages malheureusement indispensables, ils porteront, dans la Société, cet esprit de réflexion & d’analyse qu’ils ont puisé dans leur éducation ; cependant ils prendront bien garde que personne ne les devine, de peur de se rendre incommodes à la tourbe des esprits superficiels & des sots.

293. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Il est rare, dans l’horrible corruption où est à présent le monde, de trouver des personnes qui aient conservé leur grâce baptismale. Mais supposé qu’il s’en trouve, je dis qu’en ce cas, ces personnes ne doivent pas aller à la Comédie, parce qu’ils sont obligés de prendre toutes les précautions possibles pour conserver un trésor aussi précieux qu’est cette grâce, et qu’il y a un danger évident de la perdre en y allant. […] c’est que ce piège non seulement n’est pas évité, sinon par un très petit nombre de personnes sages et éclairées : mais au contraire, il est recherché avec grand soin. […] Jean, de peur que les ténèbres ne vous surprennent. » Ainsi chacun se doit dire ce que Jésus-Christ disait lui-même, tandis qu’il était sur la terre : « Il faut que je fasse les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour (durant ma vie) car la nuit (c’est-à-dire, la mort) viendra, dans laquelle personne ne peut plus agir. »Joan. 9. 4.

294. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 14

) Celui qui aurait attenté à la personne du roi, pourrait-il rire d’un bon rire ?

295. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

Jésus-Christ paraîtrait sur le théâtre en la personne d’un acteur, d’une actrice effrontée, gens infâmes, même selon les lois des hommes ! […] « Quand même ces personnes auraient besoin de délassements, doivent-elles se procurer celui des spectacles qu’on ne peut offrir à Dieu comme une œuvre chrétienne, qui est opposé au véritable esprit du christianisme, non seulement par sa nature, mais encore par ses effets ? […] où en est la vertu d’une femme chrétienne, lorsqu’elle entend une personne de son sexe avouer sa faiblesse et la déclarer même au séducteur qui l’a fait naître ?

296. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Le peu de reflexion qu’on a fait jusqu’icy sur le merite & sur l’étenduë d’un si beau divertissement, a fait abandonner ce soin à Messieurs les Violons, & en a soustrait l’intelligence & la dexterité aux personnes de Condition. […] Tout habiles, tout ingenieux qu’ils peuvent estre, ils sont bien embarassez de la stupidité de la plus part des grands Seigneurs & des Personnes de qualité. […] Aussi nostre Noblesse a toûjours consideré la Dance comme un des plus galants & des plus honnestes exercices, où de tout temps les Personnes les plus relevées & les plus honnestes ont tâché d’exceller, & ont fait gloire de reussir. […] Enfin la mine, l’air, la grace, & tous ces talents agreables aux yeux, ne sont pas trop pour une personne qu’on veut employer au Balet. […] Ce n’est pas que j’ayme trop ces perpetuelles loüanges que lon donne aux Princes & aux Personnes de qualité ou de faveur, & mesme que je ne rougisse quelquefois, tant pour les loüez que pour les loüeurs.

297. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Le roi d’Espagne assiste quelquefois en personne à cette solennité, accompagné de tous ses courtisans. […] Enfin, dit un savant auteur, c’était l’abomination de la désolation dans le lieu saint et dans les personnes de l’état le plus saint. […] Les personnes de qualité, déguisées en vignerons, couraient les rues, chantaient sur des chariots des chansons et des satires qui servaient de critique aux mœurs du temps. […] Ils s’adressèrent à quelques personnes qui les protégeaient, et les firent venir aux matines. […] On lui nomme plusieurs personnes ; on arrive enfin à celui de la femme du prévôt : il répond oui.

298. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Il n’y avoit dans l’Empire que le théatre de la Cour, où il n’assistoit que la Famille Royale & les personnes les plus distinguées. […] Personne, à l’entendre, ne prêche si bien que lui, & ne fait tant de conversions ; c’est un véritable Apôtre qui, à la vérité, n’a pas été élevé au troisieme Ciel avec St, Paul, & n’est pas mort martyr comme lui pour la foi. […] Il est si vrai qu’on ne doit pas confondre les genres, que personne n’est illustre hors du sien ; sur-tout l’art du théatre est si différent de tous les autres arts, que les Poëtes dramatiques les plus habiles n’ont gagné que du ridicule dans les excursions qu’ils ont faites hors du théatre. […] Le péril est fort grand dans ce moment, les cloches sonnent pour la vingt-deuxieme personne qui est morte aujourd’hui ; ce sera pour moi quand il plaira à Dieu. […] Dix, vingt, trente personnes sont à la fois sur le théatre, jouant, causant ; on mange, on boit ; les laquais vont & viennent ; un carrosse arrive.

299. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Car ce que je puis encore compter parmi les divertissements criminels, et ce que je mets dans le même rang, ce sont ces histoires fabuleuses et romanesques dont la lecture fait une autre occupation de l’oisiveté du siecle, et y cause les mêmes désordres ; entretien ordinaire des esprits frivoles et des jeunes personnes : on emploie les heures entieres à se repaître d’idées chimériques, on se remplit la mémoire de fictions et d’intrigues toutes imaginaires, on s’applique à en retenir les traits les plus brillants ; on les sçait tous, et les sçachant tous on ne sçait rien. […] Mais ces lectures servent à former une jeune personne, et lui apprennent le monde. […] Une femme qui se sent chargée d’elle-même jusqu’à ne pouvoir en quelque sorte se supporter ni souffrir personne, dès qu’une partie de jeu vient à lui manquer ; qui n’a d’autre entretien que de son jeu ; qui du matin au soir n’a dans l’idée que son jeu ; qui n’ayant pas, à l’entendre parler, assez de force pour soutenir quelques moments de réflexions sur les vérités du salut, trouve néanmoins assez de santé pour passer les nuits dès qu’il est question de son jeu ; dites-le moi, mes chers Auditeurs, cet homme, cette femme gardent-ils dans le jeu la modération convenable ? […] Mais que j’attaque jusqu’à la promenade, que je prétende qu’il y ait sur cela des mesures à garder et des précautions à prendre, que je sois dans l’opinion qu’une mere chrétienne ne doit pas sans ménagement et sans réflexion y exposer une jeune personne, qu’elle doit avoir égard aux temps, aux lieux, à bien des circonstances dont elle n’a guere été en peine jusqu’à présent, c’est ce qu’on traitera d’exagération, et sur quoi l’on ne voudra pas m’en croire. […] Ah mes chers Auditeurs, un peu de réflexion aux maux infinis que peut causer et que cause tous les jours la vie dissipée, sur-tout des personnes du sexe, et cette malheureuse liberté dont elles se sont mises en possession !

300. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — X. Ses impressions sont réelles, quoique non apperçues. » p. 22

Chrysostome à son peuple, des personnes qui blasphêment, vous n’y prenez pas de plaisir ; vous frémissez au contraire, &c vous vous bouchez les oreilles.

301. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

On choisissoit des forêts, des lieux déserts ; on prenoit le temps de la nuit, pour inspirer plus d’horreur, par la solitude, le silence & les ténebres, pour être plus libre, & mieux cacher les infamies qui s’y introduisirent ; on y venoit en foule, on y dansoit, chantoit, s’enivroit ; il s’y trouvoit des libertins, des mendians, des voleurs, quelques personnes de bonne-foi dont on avoit surpris la crédulité : voilà le Sabbat. […] Les attraits, l’indécence, la facilité, l’invitation des actrices, la scandaleuse multitude des objets séduisans dont on est environné, des piéges qui y sont tendus, dont presque personne n’échappe, ce corps de péché en donnoit horreur, comme il en donne encore aux Chrétiens, excitoit le zele des ministres, & allumoit les foudres de l’Eglise, comme il fait encore.

302. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

L’Avare rit de la peinture qu’on fait de lui-même, & croit se moquer de son voisin ; la Coquette applaudit à son portrait, & dit tout haut à l’oreille de cinq ou six personnes discretes, qu’elle connaît bien là son amie ; le petit Maître sourit à l’esquisse de ses ridicules, & s’écrie, que le Marquis un tel est peint à ravir. […] Il ne faut point se transporter dans les tems reculés de l’histoire, ni parcourir de vastes contrées, pour mieux connaître les Hèros qu’elle fait agir ; ses Personnages sont copiés d’après des originaux qui vivent parmi nous : on croit voir agir & entendre parler des personnes que l’on fréquente chaque jour.

303. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la suprématie de la puissance séculière sur la puissance ecclésiastique ; des erreurs et des crimes du clergé et des anathèmes fulminés par les conciles contre les prêtres et les séculiers qui attentent à l’autorité et à la vie des souverains. » pp. 331-345

Lorsque les prêtres sont parvenus à augmenter leur action sur les citoyens au mépris des lois civiles, ils finissent par atteindre la personne des rois ; et tel prince qui leur abandonne une certaine autorité sur ses sujets, doit trembler que cette même autorité ne parvienne un jour à saper les fondements de sa puissance, et à le précipiter lui-même par un parricide infâme dans l’horreur de la mort. […] Mais le clergé de France était d’autant plus coupable, d’autant plus criminel de propager des dogmes aussi affreux qu’ils étaient condamnés et fulminés par les propres canons des SS. conciles, et que d’après les lois de l’Eglise, les souverains, loin d’être soumis à la puissance ecclésiastique, et de pouvoir être tués, lors même qu’ils deviendraient tyrans, sont au contraire considérés comme sacrés dans leur personne et dans leur autorité : 1° « Principi populi tui non maledices ; vous ne maudirez point le prince de votre nation.

304. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

La pudeur, l’innocence, la piété et la justice, n’y paraissent que pour essuyer le mépris des spectateurs : aussi les personnes foncièrement vertueuses et de bonne foi les regardent-elles comme une école d’impureté, comme le foyer de toutes les passions et le centre de tous les scandales qui ravagent la société. […] Vous, jeune personne, gardez-vous de paraître dans ces lieux pernicieux où votre innocence ne manquerait pas de faire un triste naufrage.

305. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

On réforma encore cet abus, et la critique redevint générale comme auparavant, sans nommer et sans désigner personne. […] Quand même l’effet de cette Pièce serait assuré par rapport au vice de l’avarice ; quand même on supposerait qu’elle doit faire une égale impression sur l’esprit de tous les jeunes gens, (et il pourra s’en trouver plusieurs pour qui l’avarice aura de l’attrait, malgré le tableau affreux qu’on leur en aura présenté) il n’en est pas moins incontestable que le mauvais exemple des deux enfants de l’Avare est un poison mortel pour la jeunesse, devant qui cette Pièce est représentée : les jeunes personnes de l’un et de l’autre sexe n’effaceront jamais de leur esprit ni de leur cœur les idées et les sentiments que les enfants de l’Avare y auront gravés ; et ils s’en souviendront jusqu’à ce qu’ils aient fait l’essai d’une leçon si pernicieuse.

306. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Il le combattit avec beaucoup d’érudition, de noblesse et de force ; il le fit non seulement par ses discours et ses exemples, mais, ce qui est unique dans des personnes de son rang, il composa un livre contre la comédie, où il ramassa les raisons qui doivent la faire proscrire, et les passages des conciles et des saints Pères qui la condamnent unanimement, dont il fait une chaîne perpétuelle de tradition. […] Il bannit même Homère, que personne n’accuse d’obscénité, parce qu’il donne aux Dieux et aux héros des sentiments vicieux d’ambition, de vengeance, de cruauté, et qu’il ne faut présenter que de bons exemples, et jamais l’image de ce qu’on ne doit pas faire ; que les pièces de théâtre ne sont que des fables ; qu’il ne convient pas d’accoutumer l’homme à parler contre la vérité, et à se repaître de mensonges, à s’amuser par des niaiseries, se dissiper par des frivolités, et se rendre frivole soi-même. […] Dans le Dialogue sur les lois, obligé par l’empire de l’usage de tolérer malgré lui le spectacle, il veut du moins qu’on tâche d’en prévenir les abus, il ne permet à aucun citoyen ni à aucune personne libre, de monter sur la scène, il renvoie aux esclaves et aux étrangers ce méprisable métier. […] Ainsi les Gardes, les Officiers, la Cour attachée à la personne du Roi, peuvent le suivre dans le Temple de ses Idoles, et l’y servir. […] « Mores graves in spectaculis quis requirat ¿ » Pourquoi ces révérendissimes personnes y paraissent-elles ?

307. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Les Poètes ont parlé de Dieu, ce qu’ils ont pu, vu qu’il n'y avait presque personne de ce temps-là, qui eût connaissance du vrai Dieu, ni de la vérité. […] ou Planipediæ, en Latin, elles ne contenaient sinon choses ridicules : et mêmes les personnages étaient personnes viles, et sans aucun apparat. […] Horace ep. 1. li. 2. ad Augustum, dit que les Censeurs publierent une loy que l’on s’abstint de noter ainsi les personnes. […] Toutefois on les prise moins, pour autant qu’ils semblent être par trop libres à parler, et que bien souvent ils se montrent trop aigres et âpres à reprendre les personnes. […] Horace ep. 1. li. 2. ad Augustum, dit que les Censeurs publierent une loy que l’on s’abstint de noter ainsi les personnes.

308. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Si l’on consulte la Préface de cette Tragédie, personne ne s’imaginera qu’il y ait la moindre idée d’amour : Le grand Corneille y dit expressément : Vous n’y trouverez ni tendresse d’amour, ni emportement de passion, etc. […] Je suis même persuadé qu’il y a encore aujourd’hui bien des personnes qui, par les mêmes motifs, jugeront que je pouvais la mettre, telle quelle est, dans la classe des Tragédies à conserver. […] Je ne me déclare point contre l’amour de Géta et d’Antonin son frère pour la même personne, et même pour une Vestale : plus les amours sont irréguliers, pourvu qu’ils soient punis, plus ils seront propres à corriger ; mais on ne peut être plus blessé que je le suis, de ce que Justine se déclare amoureuse de Géta. […] Ils voulaient que les Spectateurs fussent persuadés de la fatalité forcée, qui entraînait les hommes comme les Dieux ; mais ils ne les empêchaient pas de se laisser aller ensuite à tous les mouvements de la nature, de gémir et de pleurer sur les malheurs des personnes que le Destin punissait. […] L’inclination d’Arténice pour Sésostris, sans le connaître, paraît d’une certaine façon autorisée : et dans la Scène VIIe. du troisième Acte, la Reine lui dit que leur mariage était déjà résolu : sur ce principe, on peut sauver ce premier mouvement d’inclination pour une personne qu’Arténice ne connaît pas ; puisqu’à la fin il se trouve que cet inconnu est Sésostris lui-même.

309. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Ce vice ne respecte rien, ni le lieu, ni le temps, ni l’état, ni la personne, & malgré les lumieres de la raison & de la conscience, il sacrifie tour à ses transports. […] Dans un si grand éloignement de tems & de lieux, après tant de révolutions arrivées depuis quatre mille ans dans cette partie du monde, théatre d’une infinité de guerres & de vicissitudes, on doit avoir perdu les traces de la plupart des choses & des personnes. […] Rien de si beau que la Hus, personne n’a les graces de la Guimard, l’air, la taille de la Rangour, le jeu, les sentimens de la Clairon ; qui chante comme la Fel ? […] D’abord apres la mort de son mari elle bâtit au haut de sa maison une chambre & un oratoire où, sans voir personne, elle passoit les jours en prieres avec ses femmes, quoique jeune encore, d’une beauté parfaite, ayant tous ce qu’il faut pour plaire au monde. […] Personne encore ne reconnoîtra une Actrice dans ce portrait.

310. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Ainsi parle un Poëte moderne dans une fiction ingénieuse qui la caractérise ; elle s’épargne encore moins, & dit d’elle-même dans une de ses lettres : Je suis méfiante, soupçonneuse, ambitieuse à l’excès, emportée, superbe, impatiente, méprisante, railleuse, indévote, incrédule, d’un tempérament ardent, impétueux, porté à l’amour ; elle y résiste pourtant , dit-elle, non par vertu, mais par fierté, par esprit d’indépendance, pour ne pas se soumettre à un mari ni à personne. […] Les États à qui elle le fit dire, & le Roi son successeur la prièrent de renoncer à ce projet, le Roi n’étoit pas d’humeur de descendre du trône comme elle, ni personne de l’y faire remonter ; elle vint pourtant en Suede après ce refus, pour se faire payer de ses pensions qui étoient fort mal payées, & qu’on avoit grande envie de supprimer, ce qui selon le détail qu’en donne Me. de Motteville, lui faisoit mener une vie très-pauvre & très-mesquine ; elle fut reçue comme un particulier qui vient demander des graces. […] Les autres Académies des Sciences, des Inscriptions & Belles-Lettres, de Peinture n’étoient pas encore établies, elles n’eussent pas manqué d’y aller donner & recevoir de l’encens ; les Savans n’en sont point avares, ils sont les seuls qui ont paru l’admirer, personne ne l’estimoit, la Cour, le Clergé, le Militaire, la Magistrature, le Peuple étoient surpris du spectacle unique d’une Reine qui abdique sa couronne & son sexe, courant le monde habillée en homme, vit, parle, pense en homme, on va la voir par curiosité, & on en rit. […] Chanut, ami du Philosophe, Ambassadeur de France, ce qui est confirmé par une des lettres de cette Reine ou pour s’excuser de sa facilité à croire & à embrasser une nouvelle Religion, elle avance que depuis sept à huit ans, elle avoit des remords, de vives lumières qu’elle cherchoit à éclairer, & que Descartes l’avoit dessillée en bien de choses ; l’un & l’autre est possible, quoiqu’il en soit de l’aurore de ce grand jour & des Apôtres qui en ont ouvert la barrière à ses yeux ; ce n’est pas la peine de disputer à personne la gloire d’une si médiocre conquête, qui dans la vérité n’est ni honorable à l’Église, ni utile à personne ; dans la vérité comme dit Baile, quoiqu’elle professât le Luthéranisme à Stocholm, la Religion Catholique à Rome, elle n’étoit Luthérienne ni Catholique, elle n’avoit aucune Religion ; c’étoit une Actrice qui jouoit la comédie. […] Elle parla fort & d’une manière fort libertine contre le mariage & les dévotions de Rome, elle avoit entendu parler des amours du Roi pour la Mancini, nièce de Mazarin ; elle alloit toujours se mettre entre le Roi & elle pour leur parler de leurs amours, leur disant qu’il falloit les marier ensemble, qu’elle vouloit être leur confidente : A votre place , disoit-elle au Roi, j’épouserois une personne que j’aimerois.

311. (1675) Traité de la comédie « XXX.  » p. 324

Personne n'approuverait sans doute qu'un Chartreux allât à la Comédie, parce que tout le monde voit assez l'extrême disproportion de ce divertissement avec la vie sainte dont il fait profession.

312. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Extrait du Privilège du Roi. » pp. -1

Et défenses sont faites à tous Imprimeurs, libraires et autres personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient, de l'imprimer, vendre et débiter, à peine de quinze cents livres d'amende, confiscation des Exemplaires, et de tous dépens, dommages et intérêts, comme il est plus amplement porté par lesdites Lettres.

313. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre »

On ne parle jamais de Dieu au bal ni à la comédie ; et si, aux festins et aux collations, on parle de Dieu ou des choses divines, de la dévotion ou des personnes dévotes, ce n’est ordinairement que pour se railler et faire des contes à plaisir.

314. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXX.  » p. 491

Personne n'approuverait sans doute qu'un Chartreux allât à la Comédie; parce que tout le monde voit assez l'extrême disproportion qu'a ce divertissement avec la vie sainte dont il fait profession: mais on n'est pas choqué de même de ce que plusieurs Chrétiens ne font pas difficulté d'y aller; parce qu'on ne connaît pas la sainteté à laquelle ils sont obligés par le vœu de leur baptême.

315. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

L’utilité en effet, s’estime par les rapports qu’elle a avec les personnes. […] J’ose assurer que de cent personnes qni ont reçu de l’éducation, il n’y en a pas dix en état de juger du style d’un ouvrage. […] On ne sauroit lire Clovis n’y la Pucelle ; mais personne ne doute que ces Poëmes ne se fissent goûter, s’ils n’avoient contre-eux que les défauts de style.

316. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

Personne ne peut contraindre ni les uns ni les autres, à telle & espéce de travail. […] Et un peu plus bas : Il est nécessaire que celui qui se fait craindre de plusieurs personnes, en craigne aussi lui-même plusieurs. […] Quand les usages, les loix & l’opinion générale ont proscrit les Comédiens ; quand d’un bout du monde à l’autre toutes les Nations leur prodiguent l’avilissement & le mépris, pourra-t’on croire encore qu’on appelle ces mêmes Peuples en témoignage en faveur des personnes de Théatre ?

317. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

C’est une fievre épidémique dont personne n’est exempt, & ne peut l’être. […] Bien-loin d’obliger personne à venir à la comédie, il loue ceux qui s’en éloignent ; il n’en estime pas davantage ceux qu’il y voit ; il en blâmeroit plusieurs, s’ils y venoient ; il ne trouve pas mauvais que les confesseurs, les casuistes, les prédicateurs, jusques sous ses yeux, se déclarent contr’elle. […] Je n’ai jamais connu aucun défenseur du théâtre, qui ne convienne qu’il y a quelquefois du danger ; qu’il y en a toujours pour certaines personnes ; qu’il y en a dans beaucoup de pieces ; qu’il y a donc alors du péché.

318. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Des gens graves, qui dans un profond silence, affublés d’une robe immense, & lugubre, élévée sur des siéges couverts de Fleurs-de-lys, un parquet sacré environné de barriere, que personne n’ose franchir, une foule de plaideurs dans l’attente de leur sort, dans la derniere consternation quand ils perdent, ou éclatant de joie si leur sort est heureux. […] Il faut encore pour réussir que la personne de l’auteur soit plus libertine que sa piéce. […] Les petits spectacles forains remplissoient le vuide du théatre aboli ; le goût de la danse, passion épidémique, se réveille tout-à-coup avec fureur ; des bals champêtres s’ouvrent dans tous les villages aux environs de la capitale ; des artificiers Italiens donnent des spectacles Pyriques, (des feux d’artifices,) & pour les animer d’avantage, y réunissent des danses ; enfin, d’après le Vauxhall Anglois, on imagine de construire à grands frais des lieux d’assemblées, décorés comme des théatres, pour y attirer le public ; c’est-à-dire, les curieux, les gens de plaisir, les citoyens désœuvrés, des femmes, sur-tout les jeunes gens, &c. par toutes sortes d’amusemens, souvent par le seul concours des personnes qu’on y peut voir, ou de qui l’on peut être vu, & même encore par la facilité de se cacher dans la foule ; ces divers établissemens ont le succès de la nouveauté, toujours attrayans pour des François.

319. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Les places dans nos Spectacles étant occupées par des personnes qui les payent, nos Poëtes travaillent pour plaire à l’esprit d’un petit nombre de Spectateurs qui doivent avoir de l’éducation, au lieu que les Poëtes Grecs travailloient pour amuser une foule innombrable de Peuple. […] Des Personnes qui ont de l’éducation, ne vont pas ordinairement voir attacher un homme à la potence ; la Populace le suit, & le suivra avec plus d’empressement, si on doit lui voir souffrir un supplice plus considérable. […] Qui ne veut qu’être ému & amusé, ne demande pas de la morale : ce ne sont que les Personnes sérieuses & âgées, comme dit Horace, qui veulent que l’utile soit joint à l’agréable.

320. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

Mais comme il est inouï de dire que l’on attaque une personne à cause qu’elle a du mérite, et que l’on cherche toujours des prétextes spécieux pour tâcher de l’affaiblir, voyons de quoi s’est servi l’auteur de ces Observations. […] Si cela avait lieu, les borgnes, les bossus, les boiteux, et généralement toutes les personnes difformes seraient bien misérables, puisque leurs corps ne pourraient pas loger une belle âme. […] Molière doit toutefois se consoler, puisque l’observateur avance des choses qu’il ne peut savoir, et qu’en péchant contre la vérité, il se fait tort à lui-même et ne peut nuire à personne.

321. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Telles sont les lois qui défendent les spectacles les jours de dimanche, qui interdisent aux Comédiens les habits ecclésiastiques ou religieux, et même les habits et les parures trop riches, qui ordonnent d’ôter des lieux publics leurs portraits, qui donnent à toutes les personnes attachées au théâtre la liberté de se retirer quand elles veulent se convertir, et défendent d’administrer les derniers sacrements aux Comédiens qu’après un sérieux examen et des preuves bien certaines de leur conversion, constatées par l’information des Juges et l’approbation des Evêques. […] Personne ne fut la dupe de ce que l’Auteur de sa vie appelle une comédie : « Hac veluti in scena ficte representari, populus non ignorabat. » On jugeait bien qu’un homme qui toute sa vie avait été un modèle de pureté, ne devenait pas tout à coup impudique, et ne le serait pas dans son épiscopat : Nous prenons sur nous votre péché, et nous ne vous élisons pas moins Evêque, s’écria tout le peuple. Il a composé plusieurs ouvrages sur la virginité, et en faveur des vierges et des veuves il prêchait fréquemment sur cette vertu, avec tant de zèle et de succès, qu’un très grand nombre de personnes se consacrèrent à Dieu dans l’état religieux.

322. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXIV.  » pp. 482-483

La Comédie n'est nécessaire qu'à ceux qui se divertissent toujours, et qui tâchent de remédier au dégoût qui accompagne naturellement l'excès des plaisirs; et comme cette nécessité ne vient que de leur mauvaise disposition, qu'ils sont obligés de corriger, on peut dire qu'elle n'est nécessaire à personne, et qu'elle est dangereuse à tout le monde.

323. (1675) Traité de la comédie « XXIV.  » pp. 312-313

Et comme cette nécessité ne vient que de leur mauvaise disposition qu'ils sont obligés de corriger; on peut dire qu'elle n'est nécessaire à personne, et qu'elle est dangereuse à tout le monde.

324. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Gesner, apparemment peu instruit, prend son pöeme pour un drame : en effet, ce n’est qu’une suite de conversation, qu’il promene dans la campagne, entre six personnes dont le verbiage ne finit point. […] Il y a dans tous ces ouvrages une indécence choquante qui se renouvelle presque à chaque page : ce sont les baisers & les embrassades des personnes des deux sexes. […] Cœur tendres, amant malheureux, courtisan pauvre, érudit crédule, italien superstitieux, plume facile ; des malheurs, ses amours, son siecle, sa réputation, sa dévotion, son libertinage, routes ces choses réunies dans sa personne, ont fait un ouvrage plein de beautés & de défauts, plus dramatique qu’épique, qui n’est qu’une longue comédie, faite uniquement pour le Théatre. […] Rien n’est triple dans la Trinité : un Dieu en trois Personnes ne fait pas triple Divinité, triple amour, triple lumiere : elle ne seroit pas unique. […] Si l’on en supprimoit les endroits qui blessent les mœurs, personne n’iroit le voir jouer, aucun Théatre ne la joueroit.

325. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Il est certain que nous ne pouvons jeter les yeux sur aucun des Membres de l’Etat ; depuis le Manœuvre qui sert d’aide au Masson, jusqu’au Bourgeois aisé, il n’y a personne, sous un Gouvernement comme celui des Français, à qui l’on puisse proposer de renoncer à la qualité d’homme libre. […] En outre, il y aura chaque semaine un jour de congé, & ce jour-là toutes les personnes de quelque considération qui se présenteront, pourront être admises dans le Collége, pour entretenir les Acteurs & les Actrices, en présence des Gouverneurs & des Gouvernantes ; & cette permission aura pour objet de donner aux Acteur & aux Actrices la connaissance du monde & des usages, nécessaire au Théâtre. […] A quinze, les Filles pourront monter sur le Théâtre de la Nation, & les jeunes-hommes à dix-huit ; & les unes & les autres ne pourront le quitter que de l’ordre du Prince, ou des personnes préposées par lui, dans le cas où les Théâtres n’appartiendraient pas à la Ville ; ou de celui des Magistrats-municipaux, si les Villes font bâtir les Théâtres à leurs dépens, & se chargent de la Direction. […] Les Théâtres seraient donc, ou immédiatement sous la direction de Personnes publiques préposées au nom du Prince, ou laissés aux Magistrats-municipaux ; il semble même que la partie des Spectacles publics regardant plus particulièrement ces derniers, le soin de vrait leur en être confié : Dans ce cas, la Ville percevrait le produit des Représentations, & fournirait à la dépense, tant pour l’ordonnance générale des Spectacles, que pour l’entretien & l’habillement des Acteurs & Actrices. […] Un Acteur dont l’état est de plaire, & qui n’est rien s’il ne plait, doit réunir la convenance dans la taille, l’agrément de l’organe, la noblesse de la figure, à l’intelligence, aux entrailles : Si les dons naturels n’étayent en vous le talent, & ne lui donnent le lustre de l’amabilité, quittez un état où l’on paie de sa personne, & prenez un de ceux où la Société n’a droit de nous reprocher que nos vices.

326. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

La raison que ces Conciles ont eue d’en user ainsi a été, que ç’aurait été traiter avec mépris, et faire injure à la dignité de cet adorable Sacrement, que d’admettre à la participation des saints Mystères ces personnes qui s’en rendaient indignes. […] En effet, quelle doit être celle d’une fille qui se dispose à parler devant 2000. personnes, qui ont tous les yeux arrêtés sur elle ? […] « Ce sont les Théâtres qui rendent les chrétiens si déréglés, si corrompus, et si difficiles à conduire, qu’ils sont à présent ; car tout ce que je tâche d’édifier dans l’Eglise, non seulement s’y détruit ; mais c’est une malheureuse nécessité que ceux qui hantent les personnes qui les fréquentent, contractent avec eux une infinité de souillures… car ils deviennent plus corrompus dans leurs mœurs, plus libres dans leurs paroles, plus dissolus dans leurs gestes et leurs ris, et plus paresseux dans le bien…. […] cela peut-il contribuer à la sanctification des personnes, ou à la plus grande gloire de Dieu ? […] Comme il n’y a rien qui excite si puissamment au bien que les exemples et les histoires des Saints ; aussi n’y a-t-il rien qui porte davantage aux vices que les aventures des personnes mondaines, et la représentation de leurs passions ; surtout quand elles sont exprimées agréablement et d’une manière qui touche les sens.

327. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

quelque chose de si horrible et de si infâme que la Comédie, comme on la jouait du temps de nos pères, qu’il n’y a personne à l’heure qu’il est, qui ne la condamnât, comme ils ont fait. […] Ainsi cette pièce expose les personnes les plus pieuses à une raillerie et à une censure inévitable, et sur l’idée qu’on aura de ce faux dévot, on prendra occasion de les traiter impitoyablement pour la moindre faute qu’on leur verra faire, et de les mettre en parallèle avec Tartuffe. […] Ne semble-t-il pas avoir pris plaisir de faire, en la personne de Dom Juan, une peinture affreuse d’un vrai scélérat, qui n’est capable d’inspirer aux jeunes gens qui en voient la représentation, que des sentiments déshonnêtes, impies et de véritables Athées. […] Qu’enfermée au logis, en personne bien sage, Elle s’applique toute aux choses du ménage ; A recoudre mon linge aux heures de loisir ; Ou bien à tricoter quelque bas par plaisir, Qu’aux discours des muguets elle ferme l’oreille ; Et ne sorte jamais sans avoir qui la veille. » Que si les femmes ont pour mari quelque benet, qui les retienne et qui les veuille empêcher de voir les jeunes gens, sous prétexte que cela est scandaleux, elles n’ont qu’à écouter Angelique qui leur apprendra comme il les faut régenter. […] Et cependant avec toute sa diablerie, Il faut que je l’appelle, et mon cœur et ma mie. » « Non, je ne pense pas que Satan en personne Ecole des Maris Acte V.

328. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VII. Paroles de l’auteur et l’avantage qu’il tire des confessions.  » pp. 28-29

Le premier est de s’en informer des personnes de poids et de probité, lesquelles avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister à ces sortes de spectacles.

329. (1704) Des Bals et Comedies « Des Bals et Comedies. » pp. 31-33

Esprit les y conduise, ce qui est un blasphème dont personne ne peut être capable, quelque passion que l'on puisse avoir pour la Comédie, et l'Opéra ?

330. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — VIII.  » p. 462

Dieu attache quelquefois le salut de certaines personnes à des paroles de vérité qu'il a semées dans leur âme vingt ans auparavant, et qu'il réveille quand il lui plaît, pour leur faire produire des fruits de vie; et le diable de même se contente quelquefois de remplir la mémoire de ces images sans passer plus avant, et sans en former encore aucune tentation sensible ; et ensuite, après un long temps, il les excite et les réveille sans même qu'on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter les fruits de la mort, « ut fructificent morti », qui est l'unique but qu'il se propose en tout ce qu'il fait à l'égard des hommes.

331. (1675) Traité de la comédie « IX.  » pp. 284-285

Dieu attache quelquefois le salut de certaines personnes à des paroles de vérité qu'il a semées dans leur âme vingt ans auparavant, et qu'il réveille quand il lui plaît, pour leur faire produire des fruits de vie: et le Diable se contente aussi quelquefois de remplir la mémoire de ces images, sans passer plus avant, et sans en former encore aucune tentation sensible ; mais ensuite, après un long temps, il les excite et les réveille sans même qu'on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter des fruits de mort, « ut fructificent morti », qui est l'unique but qu'il se propose en tout ce qu'il fait à l'égard des hommes.

332. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

La sensation que fait éprouver à deux mille personnes rassemblées au Théâtre François, la représentation d’un excellent ouvrage dramatique, est rapide, ardente, unanime. […] Je dis le premier, car tout le monde doit sentir que des Romans en dialogue sur des faits très-peu importans, ou traités avec l’esprit de la servitude, ne sauroient s’appeler des Tragédies Nationales ; & les Personnes un peu lettrées n’ignorent pas qu’on avoit fait, il y a plus d’un siècle, des tentatives en ce genre. […] S’il se trouve, & certainement il s’en trouvera parmi ceux qui jetteront un coup-d’œil sur cet écrit, s’il se trouve des personnes bien convaincues que ce genre d’ouvrages ne seroit pas moins utile qu’il seroit intéressant pour la Nation ; s’il se trouve, & certainement il s’en trouvera, des personnes étonnées de la puérilité des objections que je m’apprête à réfuter, je les prie d’observer que ces objections m’ont surpris plus qu’un autre ; & je les prie encore de vouloir bien se joindre à moi, d’unir, sur ce point, leur voix à la mienne, & d’employer, pour soutenir la raison, un peu du zèle & de l’ardeur qui n’ont cessé d’animer ceux qui font profession de la combattre. […] Mais leur fausse dialectique ne séduit plus personne. […] Mais si, quand il faut de puissans remèdes, on nous donne des palliatifs ; si l’on veut ménager encore les prétentions arbitraires, & cet empire de l’habitude, cette autorité des anciens usages ; si l’on se contente de remplacer un Gouvernement absurde par un Gouvernement supportable ; si l’on ne fait que perfectionner le mal, pour me servir de l’expression du vertueux Turgot ; si, quand il faut établir une grande constitution politique, on s’occupe de quelques détails seulement ; si l’on oublie un instant que les loix doivent également protéger tous les Ordres de Citoyens, que toute acception de personne ou d’état, est une chose monstrueuse en législation, que tout ce qui ne gêne point l’ordre public doit être permis aux Citoyens, & que par une conséquence nécessaire, il doit être permis de publier ses pensées, en tout ce qui ne gêne point l’ordre public, de quelque manière, sous quelque forme que ce soit, par la voie de l’Impression, sur le Théâtre, dans la Chaire & dans les Tribunaux ; si l’on néglige cette portion importante de la liberté individuelle ; la France ne pourra point se vanter d’avoir une bonne constitution : les ames fières & généreuses, que le sort a fait naître en nos climats, envieront encore la liberté Angloise que nous devions surpasser : nous perdrons, peut-être pour des siècles, l’occasion si belle qui se présente à nous, de fonder une puissance publique ; & les Philosophes François, écrasés, comme autrefois, sous la foule des tyrans, seront contraints de sacrifier aux préjugés, ou de quitter le pays qui les a vu naître pour aller chercher une Patrie ; car il n’y a point de Patrie sans liberté.

333. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

C’est un peintre qui donne à son portrait des couleurs plus vives, plus fraiches, plus agréables que celles de la personne qu’il peint. […] La fortune de Saumaise étoit médiocre, & sa noblesse aussi : c’étoit une noblesse de robe, & de la petite robe, son pere étoit Lieutenant particulier du Bailliage de Semur, petite ville de Bourgogne, charge qui de pere en fils fut long-temps dans la famille : mais pour l’érudition & la réputation de savant, personne ne l’emportoit sur lui : noblesse bien supérieure à tous les quartiers. […] Personne depuis Pradon & Racine n’avoit osé traiter un sujet tragique dans le goût de Phedre. […] On voit une personne qui écrit par besoin, & voudroit être plaisante ; qui prend au hasard tout ce qui tombe sous sa main, & invente ou ajoute des circonstances factices pour se faire lire. […] Les danses baladoires (petit mot d’érudition que presque personne ne connoissoit), frondées par les SS.

334. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Ne remarquez-vous pas, disoit-il, en une autre occasion2 que les personnes qui fréquentent les Spectacles sont plus effeminées, plus lâches, plus vicieuses que les autres. […] Aussi-tôt, dit Tertulien1, qu’un Spectacle n’ébranle pas les personnes qui y assistent, que ceux-ci demeurent froids & tranquilles, on regarde la piéce comme un corps sans ame.

335. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

la vue des personnes infortunées), « on dirait que notre cœur se resserre de peur de s’attendrir à nos dépens ». […] serait-il pas à désirer que nos sublimes Auteurs daignassent descendre un peu de leur continuelle élévation, et nous attendrir quelquefois pour la simple humanité souffrante, de peur que, n’ayant de la pitié que pour des Héros malheureux, nous n’en n’ayons pour personne ?

336. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Enfin il paye de sa personne. […] Un Orateur qui dans un discours véhément fait parler les passions, n’est-il pas obligé d’adopter, de s’approprier intimement des sentimens qui sont absolument étrangers à sa personne, mais qui sont dépendans des propositions qu’il veut établir ? […] Il paye de sa personne : c’est la derniere & la plus forte objection dont vous vous armiez. […] Ce parallele nous montrera de quel poids est, pour votre sentiment, la différence qu’on doit mettre entre la honte qui ne frappe que l’ouvrage, & celle qui s’attache à la personne. […] Comme tout plaisir qui s’accorde avec l’honnêté & la décence, ne peut être dangereux que pour les ames perverses qui abusent de tout, inventez de nouveaux divertissemens, & que le goût vous serve de guide, personne n’y contredira.

337. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Au lieu de s’assurer de sa personne, le ministre de Philippe va lui faire confidence de ce secret d’état. […] Le Régent voulant consulter le Chancelier sur quelque affaire importante, le dit à la Cour, tout le monde garda le silence, personne ne voulut paroître lié avec un homme disgracié. […] Personne aujourd’hui ne les lit : mais elles décelent la main étrangere qui a fabriqué, du moins fort embelli ses bons mots. […] Personne qui, dans son état, ne forme de projet de toute espece : mais les rêves d’un homme de bien, comme ceux de l’Abbé de Saint-Pierre, ne firent jamais un grand homme. […] Dans un pays où la licence est sans bornes, personne ne se plaignit de son gouvernement.

338. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Les Mémoires du comte de Rochefort sont une satyre crue le d’une infinité de personnes de l’un & de l’autre sexes, qui ont paru à la cour & à la ville pendant quatre-vingts ans qu’on le fait vivre ; il n’épargne personne, le duc d’Orléans, le prince de Condé, le duc de Vendôme, le duc & la duchesse de Longueville, &c. y sont accusés d’une honteuse débauche ; MM. […] & vous seront de mauvaises affaires : on ne peut prendre trop de précautions pour ne se pas brouiller avec des personnes de ce rang. […] Mais alors personne ne voudra donner des spectacles dans les colléges, ni les maîtres, ni les jeunes gens : ils auroient trop peu d’honneur. […] Ce qui est plus naturel que ces niches ou armoires qui défigurent le théatre & font une diversion désagréable dans le temps où il n’y a personne. […] La sœur d’un fiacre dit à son amant, du ton le plus auguste, faisant la personne de condition : Moi !

339. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Il n’est personne qui ne respecte la tendresse filiale, & n’en reconnoisse les droits. […] Personne, que je sache, ne s’est avisé de l’en blâmer, ni comme Prêtre, ni comme Cardinal, ni comme souverain Pontife. […] Mais il n’est personne qui ne vous conseillât aujourd’hui de désobéir à cet ordre injuste. […] J’en puis voir l’effet sans connoître la personne ni le pays. […] Il y a, je le sens, bien de la liberté dans cette critique rigoureuse, à laquelle personne n’avoit pensé avant moi.

340. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Monseigneur le duc de Nemours » pp. -

A Monseigneur le duc de Nemours Monsieur, Encore que ce petit discours ne soit digne de la grandeur de votre esprit, j’ai cru que vous me feriez l’honneur de l’accepter, non tant pour vous satisfaire, que pour honorer ma nécessité, qui espère que vous estimerez l’effet pour le mérite de la cause, et un pauvre don d’un riche désir : le mien n’a rien de plus cher que le respect qu’il rend en affection à vos perfections, Monsieur, qui enrichissent le monde, remplissent les âmes d’admiration, l’univers de gloire, et cette grande Princesse (vive image de la vertu de nos antiques Rois) de contentement, voyant plus louer la personne que le Prince, parce qu’il est aussi grand de mérite que de nom, en l’un la pensée manque, en l’autre la voix se perd : Et pour ne perdre cette petite œuvre, j’ai pris la hardiesse de l’appuyer du vôtre, Monsieur, jugeant qu’il n’aura faveur ni lumière que celle qu’il tirera de vous, qui portez en terre les grâces du Ciel où il éclairera ses ténèbres : Et parce qu’en l’entreprise glorieuse la faute est digne de pardon, j’ai cru que vous y serez aussi prompt, Monsieur, comme je vous ai vu libéral aux louanges de l’esprit de la Signore Isabelle, dont les Comédies se peuvent maintenir, puisque vous les avez jugées, Monsieur, un plaisir semblable aux repos des Avettes, où il n’y a souillure, pollution, ni amertume : la crainte que mes paroles en apportent aux douceurs de vos Muses, me fera finir, et en toute l’humilité que je puis, vous baiser les mains, et supplier me permettre la gloire de me qualifier, Monsieur, Votre très humble, très obéissante, et très fidèle servante.

341. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 8. SIECLE » pp. 183-184

Il y a des Villes qui depuis le matin jusqu'au soir repaissent leurs yeux de divers Spectacles des Comédiens, et qui ne se lassent point d'employer un si longtemps à écouter des vers lascifs et licencieux, qui remplissent les esprits d'ordures, et il y a même des personnes qui appellent ces peuples heureux, en ce que quittant leurs affaires, et les occupations nécessaires pour l'entretien de la vie, ils passent les journées entières dans l'oisiveté et dans la volupté, ne considérant pas que le Théâtre où l'on représente ces Spectacles honteux, est l'Ecole commune et publique de l'impureté pour ceux qui s'assemblent ce lieu infâme.

342. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE. De Racine à Despréaux, » pp. 83-84

Je vous supplie de croire, Monsieur, que personne n’est plus sincèrement à vous que votre très-humble & très-obéissant serviteur, Racine.

343. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « I. Occasion et dessein de ce Traité : nouvelle Dissertation en faveur de la Comédie. » pp. 1-3

Des personnes de piété et de savoir qui sont en charge dans l’Eglise, et qui connaissent les dispositions des gens du monde ont jugé qu’il serait bon d’opposer à une dissertation qui se faisait lire par sa brièveté, des réflexions courtes, mais pleines des grands principes de la religion : par leur conseil, je laisse partir cet écrit pour s’aller joindre aux autres discours qui ont déjà paru sur ce sujet.

344. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « TABLE DES CHAPITRES ET DES SECTIONS. »

Lettre d’un Docteur de Sorbonne, à une Personne de qualité. page 81.

345. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVIII.  » p. 474

Si l'on ne parlait jamais de ceux qui se battent en duel, que comme de gens insensés et ridicules comme ils le sont en effet ; si l'on ne représentait jamais ce fantôme d'honneur qui est leur idole, que comme une chimère et une folie ; si l'on avait soin de ne former jamais d'image de la vengeance que comme d'une action basse et pleine de lâcheté, les mouvements que sentirait une personne offensée seraient infiniment plus lents: mais ce qui les aigrit et les rend plus vifs, c'est l'impression fausse qu'il y a de la lâcheté à souffrir une injure.

346. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXVIII.  » p. 489

C'est le commandement qu'il a fait à tous les chrétiens en la personne des Prêtres de l'ancienne loi, auxquels il ordonne d'entretenir toujours le feu sur l'autel, et d'avoir soin d'y mettre tous les jours du bois le matin: « Ignis in altari semper ardebit, quem nutriet Sacerdos subjiciens mane ligna per singulos dies.

347. (1675) Traité de la comédie « XVIII.  » pp. 300-301

Si l'on ne parlait jamais de ceux qui se battent en duel, que comme des gens insensés et ridicules, comme ils le sont en effet ; si l'on ne représentait jamais ce fantôme d'honneur qui est leur idole, que comme une chimère et une folie ; si l'on avait soin de ne former jamais d'image de la vengeance que comme d'une action basse et pleine de lâcheté; les mouvements que sentirait une personne offensée seraient infiniment plus lents.

348. (1675) Traité de la comédie « XXVIII.  » pp. 321-322

C'est le commandement qu'il a fait à tous les Chrétiens en la personne des Prêtres de l'ancienne loi, auxquels il ordonne d'entretenir toujoursg le feu sur l'autel, et d'avoir soin d'y mettre tous les jours du bois le matin. «  Ignis in altari semper ardebit, quem nutriet sacerdos subjiciens mane ligna per singulos dies.

349. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIV. » pp. 66-67

Il faut bien se garder de se souvenir que dans le Prélude Apollon a représenté la personne du Roi, et qu’il doit encore bientôt la reprendre.

350. (1638) L’Image du Vray Chrestien. Chapitre IV « Chapitre 4. » pp. 106-108

Que les personnes de cette Ordre ne puissent aller aux banquets déshonnêtes, ni aux Comédies, et qu’ils ne donnent rien au Farceurs et Comédiens.

351. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Il s’est passé cinquante ans sans que personne ait osé soutenir une si mauvaise cause. […] N’a-t-il pas bonne grace de dire que jusqu’à lui on n’avoit fait du spectacle que de foibles apologies, que personne n’avoit exposé les raisons avec soin ? […] Aussi n’adresse-t-il son ouvrage qu’au petit nombre de personnes qui savent unir le délassement avec la religion, & savent que beaucoup de préjugés donc on croyoit ne pouvoir revenir, ont été détruits dans la suite. […] Est-il étonnant que des personnes sur qui on imprime une tache continuelle, ne se piquent pas de régularité ?

352. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Livré aux erreurs, aux passions, aux amusements du siècle, personne n’en peut parler avec plus de connaissance. […] Par la loi des 12 tables la réputation des citoyens n’est pas abandonnée à la licence des Poètes il n’est permis de parler de personne qu’en justice, avec de bonnes preuves, et donnant à l’accusé la liberté de se défendre. Non, ajoute Cicéron, il ne convient à la scène de parler ni bien ni mal de personne : « Veteribus displicuit laudari quemquam in scena vel vituperari. » Les Grecs étaient ici plus conséquents que les Romains. […] C’est donc un ignorant qui ne connaît pas le prix des choses : « Qui putat melius esse quod deterius est, scientia ejus caret. » Or personne n’est plus conduit que les Comédiens par des motifs bas et corrompus.

353. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

C’est ce qui fait espérer que Molière recevra ces Observations, d’autant plus volontiers, que la passion et l’intérêt n’y ont point de part : ce n’est pas un dessein formé de lui nuire, mais un désir de le servir : on n’en veut pas à sa personne, mais à son Athée : l’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation : ce n’est pas un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende publiquement les intérêts de Dieu, qu’il attaque ouvertement, et qu’un Chrétien témoigne de la douleur en voyant le Théâtre révolté contre l’Autel, la Farce aux prises avec l’Évangile, un Comédien qui se joue des Mystères, et qui fait raillerie de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la Religion. […] Voilà en peu de mots ce que l’on peut dire de plus obligeant et de plus avantageux pour Molière : et certes, s’il n’eût joué que les Précieuses, et s’il n’en eût voulu qu’aux petits Pourpoints et aux grands Canons, il ne mériterait pas une censure publique, et ne se serait pas attiré l’indignation de toutes les personnes de piété : mais qui peut supporter la hardiesse d’un Farceur, qui fait plaisanterie de la Religion, qui tient École du Libertinage, et qui rend la Majesté de Dieu le jouet d’un Maître et d’un Valet de Théâtre, d’un Athée qui s’en rit, et d’un Valet plus impie que son Maître qui en fait rire les autres. […] La naïveté malicieuse de son Agnès, a plus corrompu de Vierges que les Écrits les plus licencieux : Son Cocu imaginaire est une invention pour en faire de véritables, et plus de femmes se sont débauchées à son École, qu’il n’y en eut autrefois de perdues à l’École de ce Philosophe qui fut chassé d’Athènes, et qui se vantait que personne ne sortait chaste de sa leçon. […] Je ne vis personne qui eût mine d’honnête homme, sortir satisfait de sa Comédie ; La joie s’était changée en horreur et en confusion, à la réserve de quelques jeunes Etourdis, qui criaient tout haut que Molière avait raison, que la vie des Pères était trop longue pour le bien des Enfants, que ces bonnes gens étaient effroyablement importuns avec les remontrances, et que l’endroit du fauteuilu était merveilleux.

354. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

On trouvait qu’ils représentaient au naturel bien des gens : mais personne ne s’y reconnaissait, et ce qu’on apprenait avec eux, c’était à se moquer les uns des autres. […] J’avoue qu’il y a peu de personnes qui se connaissent en raisonnements ; et que c’est cause de cela qu’il faut les surprendre charitablement, pour leur faire recevoir la vérité : mais cela ne dispense pas un Orateur de la prouver solidement. […] Cela du moins en ouvre le chemin ; et votre fils doit se contenter d’en savoir les principes généraux, sans vouloir creuser dans cette science qui dépend de faits et de phénomènes assez incertains, et dont la recherche ne regarde que certaines personnes.

355. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Avis au lecteur. » pp. -

Mais le bon accueil que ce premier Ouvrage a reçu de toutes les personnes d'honneur et d'esprit, me persuade que celui-ci ne sera pas mal venu.

356. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VII. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques étaient distingués des Histrions et Bateleurs des Jeux Scéniques. » pp. 145-164

Mais personne ne s'est mieux expliqué sur ce sujet que Cicéron dans son Oraison pour le Comédien Roscius ; il plaidait contre Fannius« Ipsum caput et supercilia penitus abrasa. », qui sans doute était un Mime ou Joueur de bouffonneries ; car lors que Cicéron le dépeint, pour montrer que de sa seule personne on pouvait comprendre la différence qu'il y avait entre lui et Roscius, il dit qu'il avait la tête et les sourcils rasés , et qu'il n'avait pas un seul cheveu d'homme de bien, ce qui était propre aux Mimes ; au lieu qu'il fait de Roscius un fort honnête homme au sentiment de tout le monde, par la confession même de Saturius son Avocat.

357. (1579) Petit fragment catechistic « Que les jeux des théâtres et les danses sont une suite de la science diabolique, opérante par philaphtie et amour de soi-même contraire à la foi opérante par charité, fondement de la Cité de Dieu. » pp. 20-26

C’est pourquoi il est écrit que « la personne qui ne sera affligée le jour de la fête périra » c. […] Voilà ce que m’en semble, sans avoir en intention d’offenser, diffamer ou irriter personne.

358. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Les petites villes trouvent des fonds pour bâtir des salles de spectacles, et s’abonnent avec des troupes de Comédiens, malgré la misère publique, qui rend et nécessaire et presque inutile, exerce et décourage le zèle des personnes charitables. […] Ce ne seront point des généralités de morale, que personne ne s’applique ; l’application détaillée à chaque état fera mieux sentir la vérité.

359. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

Le Chevalier est puni en ce que n’épousant pas Angélique, il est réduit à une indigence extrême ; le Spectateur cependant peut soupçonner que la punition du Joueur ne sera peut-être que momentanée ; qu’il peut gagner considérablement le lendemain, et trouver encore quelque jeune personne qui ait la faiblesse de l’épouser et qui le rende maître d’une riche dot. […] Ariste qui donne de si bonnes Leçons aux Maris trop faibles pour leurs femmes, dans la conversation qu’il a avec son frère Chrisale, n’est pas un trait bien surprenant pour les gens du métier ; mais que Molière, pour conserver le caractère de Chrisale qui molit et qui tremble devant sa femme, ait trouvé le moyen de lui faire dire à sa femme même tout ce qu’un mari ferme par raison peut et doit dire en pareil cas, et cela par l’organe d’une autre personne telle que Martine : c’est un trait de génie incomparable, et je ne me souviens pas d’en avoir vu de pareil ni avant ni après Molière.

360. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Saint Augustin se reproche les larmes trop agréables qu’il avoit versées au Théatre, ou en lisant dans Virgile la fin tragique de Didon ; & il n’y a personne qui n’ait fait l’expérience de la douceur que l’on goûte à s’attendrir sur des malheurs qu’on pleure sans y être véritablement intéressé. […] Combien y a-t’il des personnes d’un âge mûr, & même de beaux esprits, à qui l’on pourroit appliquer ce qu’un Prêtre Egyptien disoit au Législateur d’Athenes, O Solon, Solon, vous autres Grecs, vous êtes toujours enfants ? […] Il n’y a personne qui ne sente que le plaisir qu’il trouve à la lire, à satisfaire ainsi la curiosité naturelle à notre esprit, à y étudier le cœur humain, à former son jugement & ses mœurs par de grands exemples de Vice & de Vertu, de Folie & de Sagesse, de Foiblesse & de Fermeté, n’a rien de commun avec le plaisir de l’Imitation renfermé dans ses véritables bornes. […] Le plaisir que nous sentons à satisfaire ce désir s’useroit bien-tôt, & il y auroit peu de personnes qui voulussent revoir plusieurs fois la même piece, ou tout autre Ouvrage, puisqu’elles n’auroient plus rien de nouveau à y apprendre ; il n’y a personne d’ailleurs qui ne sente en soi-même quelque chose de plus que ce plaisir d’apprendre, quand il ne chercheroit dans une Tragédie ou autre Poëme, que la justesse & la vérité de l’Imitation. […] Le Privilége pour l’impression d’Esther fut accordé en 1689 aux Dames de Saint-Cyr, avec défenses à touts Acteurs de la représenter, l’Auteur ayant supplié le Roi d’y insérer cette condition, parce qu’il falloit des personnes innocentes pour chanter les malheurs de Sion , comme dit Mad. de Sevigné, Lettre 533, Mem. sur la vie de J.

361. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Personne ne nie (puisqu’on ne peut ignorer, ce que la seule lumière naturelle nous fait connaître) personne, dis-je, ne nie, que Dieu ne soit le créateur de toutes choses. […] Il nous défend de maudire personne, même avec quelque sujet ; puisqu’il nous ordonne de bénir ceux qui nous maudissent. […] Personne ne peut mieux exposer ce qui se passe à l'amphithéâtre, que ceux qui y sont encore spectateurs. […] Il y a cent exemples semblables de personnes qui ont perdu le Seigneur pour avoir communiqué avec le démon dans les spectacles. […] Ce n’est pas que vous ayez à y redouter la persécution des hommes : personne ne vous reconnaît pour chrétien, tandis que vous assistez aux spectacles.

362. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Plusieurs personnes s’imaginerent que la Reine Elizabeth ne fit mourir le Comte d’Essex, que par une jalousie de femme ; on y mêle une foule de circonstances romanesques ; on le croit sur la foi d’une tragedie, & d’un roman. […] C’est une entreprise fole, tout le monde le dit ; mais personne ne pense combien elle est dangereuse pour le salut. […] Un voluptueux qui sans faire tort à personne, passeroit ses jours dans la molesse, seroit donc un homme vertueux ? […] Cependant le nom de Louis XIV a prévalu dans le public, sur celui de Grand, que presque personne ne lui donne. […] Louis XIV étoit bien fait, il avoit l’air noble, grand, majestueux ; mais cent & cent personnes dans le Royaume étoient aussi bien, & mieux faits que lui, & le monde n’en eût pris aucun pour son maître.

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