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195. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

.), est remplie de tant de licence, que du style comique fait pour délecter & corriger les mauvaises mœurs par la moquerie, elle passe dans celui de la bouffonnerie, de l’impudicité & de l’impudence, & ces farces exécrables dont la France fait un dessert de cigue après la piece sérieuse, mériteroient une sévere punition des Magistrats, parce que les mauvais propos que l’on y tient corrompent les mœurs, apprennent au peuple des mots de gueule, des traits de gausserie, des quolibets sales, & le portent à l’imitation des sottises & des fripponneries qu’il voit représenter. […] Ces pieces dégénérerent en licence, il fallut les abolir ; l’usage en a également passé en Espagne. […] Les pieces qu’on représente réveillent sans cesse à l’Actrice l’idée de son amant : comme elles roulent toutes sur l’amour, on en sent plus vivement l’impression ; on s’applique ce qu’on chante, on déclame, on substitue l’amant à l’Acteur ; on se voit en lui, on lui parle ; on entre dans le sentiment du rôle qu’on joue, on le réalise en soi-même, on en réussit mieux, & on le fait mieux passer dans l’ame des spectateurs. […] Rosaria, ou Rosatta passa du théatre aux embrassemens du céleste Epoux, comme dans les premiers siecles S. […] Le Prince d… est allé passer la quinzaine de Pâques à son château (pour se préparer par la retraite à faire ses pâques).

196. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Les chants & les danses furent inséparables d’un Poëme né dans les Fêtes, & qui avoit passé des Autels au Théâtre. […] Comme il ne sortoit point du Théâtre quand une fois il y étoit entré, ou du moins n’en sortoit qu’en partie, sa présence conserva la vraisemblance d’une Action qui se passe devant des témoins : ainsi les Poëtes se virent obligés d’observer l’unité d’Action, & l’unité de Lieu. […] Une Action grande, qui se passe dans un endroit public, entre des Princes, doit se passer devant des témoins qui s’y intéressent : ces témoins restant toujours sur la scene, mettoient à toutes les parties de l’Action, une liaison continue, qui ne se trouve pas dans nos Tragédies partagées en Actes isolés. […] Les beaux jours d’Athenes étoient passés, & les judicieux écrits d’Aristote sur la Poëtique, ne firent pas renaître ces grands Poëtes.

197. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

La fermentation passe du sang dans les écrits qui échappent ensuite. […] Passons à d’autres objets. […] Une douleur continuelle aigrit son sang, blessa sa raison ; il se sentait fait pour être heureux, il voyait mille coquins merveilleusement constitués, il fut indigné du bonheur des méchants ; l’attrait de la révolte devint sa consolation ; l’imagination ne put s’arrêter ; de la haine des causes, il passa à la haine des effets, et il abhorra tout l’Univers. […] Vous êtes cet homme-là, votre réputation a passé jusqu’à moi ; j’ai adoré vos vertus : j’ai senti, j’ai cru sentir du moins que je vous appartenais déja ; faudra-t-il que je me sois abusée ? […] Cependant l’inconnue avait des yeux charmants, un son de voix digne de passer au cœur, un teint plus vrai, plus éblouissant que l’éclat des roses, une gorge telle qu’on en imagine à l’aurore naissante ; et la vérité, cette vérité, plus touchante que les graces, plus persuasive que l’esprit, se peignait dans ses regards, dans ses mouvements, dans son silence.

198. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [FRONTISPICE] »

CONTENANT INSTRU- ction, et Resolution de la Question: ASSAVOIR, Si tels esbats, et passe temps sont per- mis aux Chrestiens.

199. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

Quelque innocentes que ces personnes se croient, il n'y en a point qui voulût passer des divertissements du Théâtre au tribunal de celui qui a dit : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez. » « Væ vobis qui ridetis nunc, quia lugebitis, et stebitis. » Luc c. 6. v. 25. […] D'autres qui passent pour dévots, sont-ils plus dignes de Foi quand ils assurent qu'ils n'y font point de mal ?

200. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 15-18

Il ne dit pas de peur que je ne sois pas saint, ni digne de l’apostolat, mais de peur que je ne sois damné ; il ne dit pas de peur que je ne sois réprouvé, si je ne châtie mon corps après avoir passé mon temps, mais si je ne châtie mon corps après avoir prêché. […] Cette dame n’est pas si scrupuleuse, ni si craintive que vous, elle a autrefois commis quantité de péchés, elle n’a pas rendu grand service à Dieu, elle ne châtie point son corps, elle se divertit et passe son temps, et aussi elle n’a pas peur d’être damnée, parce que ses divertissements sont innocents.

201. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Dans son origine, ce mot signifie en général le lieu où se passe un évenement ; ainsi on dit, la scène est à Constantinople, à Rome, à Madrid. […] Toutes les histoires de la Genese & de l’Exorde se sont passées sous des tentes. […] Un de ses amis fait voir à l’auteur qu’Œdipe, la premiere piece de Voltaire, avoit été jouée en 1718, cinq ans avant Mariamne, que la cinquantaine est passée, qu’il s’y est pris trop tard pour la solemniser. […] On peut se passer de rien savoir, l’étude appesantit, éteint le feu naturel, émousse l’esprit, rend timide, desseche l’imagination, obstrue les veines de la poësie. […] Ce qui se passe entre des hommes, quoique fabuleux, n’est pas une fable, mais un conte, un bon mot, aventure, anecdote.

202. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Cet héritage passe de main en main à la derniere postérité ; les premiers maîtres ont formé leurs successeurs, leurs élèves perpétuent leurs leçons & leur esprit, & depuis le tombereau de Thespis jusqu’aux boulevards & aux parades de Vadé, c’est une chaîne de mauvaise doctrine & de mauvais exemples. […] pourquoi mettre ma conscience au hasard dans une chose aussi vaine dont je puis si aisément me passer ? […] Le Maréchal, pour se moquer d’elle & amuser le Roi de cette farce, lui déclare que c’est une affaire d’État qui passe ses pouvoirs & doit être portée aux pieds du Trône. […] Telle est la vicissitude des grandeurs humaines, on passe de la prison au trône, & du trône à la prison. […] Je demande pardon au public, au nom de ma troupe, de ce qui s’est passé lundi dernier ; nous sommes au désespoir de lui avoir manqué si essentiellement.

203. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Ces pieces n’ont pas passé au théatre public, elles sont trop galantes pour ne pas y figurer bien tôt. […] Il s’extasie sur la beauté, les graces, les talens des jeunes personnes qui y jouèrent ; elles l’emportent sur toutes les Actrices passées, présentes & à venir : des traits charmans, une physionomie pleine de finesse, le visage de Flore, la taille d’Hébé, les yeux de l’amour, le son de voix des Syrènes, &c. […] Le Mercure (juin 1765) annonce l’établissement d’un Bureau de correspondance entre les théatres de province & celui de Paris, par lequel on sera instruit de tout ce qui se passe dans les temples de la déesse de Cythère, pour régaler chaque mois le public par la main du Mercure de ces importans événemens. […] Il vaut mieux qu’ils passent leur temps à estropier des vers dans une grange, qu’à s’enivrer & à hurler des chansons obscènes dans un cabaret. » Voilà une nouvelle branche d’agriculture pour laquelle il faudra bien inventer quelque nouveau semoir. […] Ce corps d’actionnaires a passé avec la ville un bail à ferme ; elle leur a cédé la salle du spectacle avec ses accompagnemens, décorations, magasins, & tous les droits d’entrée, & a promis protection & main forte pour y maintenir le bon ordre.

204. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Il faut passer légèrement sur le tableau de la volupté : elle est à craindre dans le temps où l’on conspire contre elle : il faut s’en défier lors même qu’on la pleure. […] Le mal est donc bien grand, puisque le démon l’a fait passer en coutume. […] Rompez courageusement la chaîne qui vous rend esclave : vous ne serez pas moins coupable envers la postérité de lui transmettre ce funeste héritage, que l’ont été vos ancêtres de l’avoir fait passer dans vos mains. […] Mais si l’usage contraire a prévalu parmi nous, faut-il en passer les bornes & anéantir les loix de la modestie ? […] Cette indécence a passé du théatre dans les maisons des amateurs ; par-tout les tapisseries, les portraits, les tableaux, les estampes mettent sous les yeux les objets les plus lascifs, & pourroient servir de décorations.

205. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Le colonel avait fait choix de ce coin triangulaire du boulevard, qui longe la rue de Bondy et à l’extrémité duquel fut bâti le corps de garde qui existe au carrefour appelé porte du Temple, pour rassembler son régiment, distribuer les postes et passer une revue d’inspection. […] Un désir bien pardonnable me fit approcher des vitres, à l’instant même où la jeune personne regardait si la passe de son chapeaug n’était pas déformée. […] Passe encore pour le petit Vaudeville, ce malin enfant se fourre partout ; son galoubeth, son tambourin, sont plus propres à réveiller les Hamadryades du bois de Boulogne, que les convulsions et les fadeurs des deux sœurs du dieu de la lyrei ; et je suis certain que les échos de Longchamps et de la Muette rediront plutôt ces gais flons flons, que les plus beaux hémistiches que le bon goût à juste titre applaudit à la rue de Richelieu et au faubourg Saint-Germain. […] [NDA] Mot passé en proverbe, extrait du Pied de Mouton, mélodrame de la Gaîté. […] [NDE] la passe = la partie du chapeau qui entoure le visage.

206. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Que penser de la religion et des mœurs de ceux qui passent presque toute leur vie avec eux, les attirent chez eux dans leurs repas, leurs parties ? […] Ils ont passé en proverbe chez toutes les nations pour exprimer la licence, la frivolité, la débauche, le mensonge. […] Quoiqu’on ait fait bien des contes sur les Fées du temps passé, on en fait encore davantage sur les Fées de l’Opéra. […] Toute leur vie se passe à la toilette, dans les intrigues et les parties de plaisir ; leurs discours, leurs parures, leurs regards, leurs attitudes, tout ne parle que volupté. […] Mais le respect pour la religion et la vertu a fait passer par-dessus toutes ces considérations, et dicté ces lois singulières en faveur de ceux qui voulaient se convertir.

207. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

On y voit passer comme sur ces verres qui se succèdent rapidement pour représenter diverses couleurs et diverses figures, toutes les vanités du siècle, et toutes ses erreurs. […] C’est ainsi que les Pères de l’Eglise ont appelé les Théâtres, persuadés qu’ils étaient, que les spectacles ne pouvaient passer que pour les œuvres du Démon ; seconde vérité qui doit nous les faire envisager avec toute l’horreur et tout l’effroi qu’ils inspirent aux âmes saintes. […] Ne passons pas si légèrement sur l’article de l’Eglise, d’autant mieux qu’elle a sans doute l’autorité de vous commander, et que vous vous révoltez contre elle toutes les fois que vous fréquentez les Théâtres. […] De ce terrible état on passe à des railleries sur l’Eglise et sur ses Ministres, à un mépris général pour tout ce qu’elle prescrit : et voilà, mes Frères, comment les Spectacles sont ordinairement une source d’incrédulité. […] Ainsi l’on fait l’éloge du Christianisme, et l’on n’a plus d’âme que pour les plaisirs ; ainsi l’on passe alternativement du Bal au Salut, de la Sainte Table au Théâtre où l’on ose venir avec les lèvres encore teintes du sang de Jésus-Christ ; ainsi l’on s’abandonne à une vicissitude de Confessions et de rechutes, et l’on croit avoir tout gagné, ou parce qu’on a malheureusement trouvé un Confesseur cruellement indulgent, selon l’expression de Saint Cyprien, ou parce qu’on a contracté l’affreuse habitude de ne plus s’accuser de la fréquentation des Théâtres.

208. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Sommaire »

Sommaire De ce qui regarde les paroles dramatiques, on passe naturellement à ce qui concerne la Musique dans un Poème chantant.

209. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Il se passa cinq ans encore avant qu’on la jouât : on la déchiroit même. […] Dans le siecle passé, Moliere lui-même, que cette raison n’auroit pas arrêté, n’osa point traiter ce sujet : il eût été odieux & révoltant. […] On ignore en quel lieu se passa leur jeunesse. […] On auroit pu se passer de ce personnage ; mais, mais comme les courtisannes ont une dose de philosophie dont elle se font honneur, ce rôle n’y est point déplacé, & il l’embellit. […] Il est singulier qu’il reste si peu d’esprit aux comédiens, malgré tout ce qui leur passe par les mains.

210. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Vn fameux Orateur du siecle passé s’escria vn jour sur le sujet des Eclogues de Virgile, Plevsta Diev qv’il evst ietté Tityre ov il vovloit qv’on iettast Ænée  ; Et le plus celebre de nos derniers Poëtes m’a auoüé, qu’il auoit cherché trois jours entiers dans les Poëmes de Terence ce qui m’y plaisoit si fort, sans auoir pû le trouuer. […] Que si c’est trop dire que d’en dire tant, au moins est-il bien vray, Monsievr, qu’il y a eu des Festes au temps passé, qui se faisoient sans despense & sans appareil ; & que c’eust esté les violer que de les vouloir celebrer d’vne autre façon. […] Quelqu’vn leur ayant dit que les Poëtes Comiques enseignoient, & qu’ils estoient appellez Docteurs, ils ont pris à la lettre ce que quelqu’vn leur a dit ; & se sont imaginez que pour passer Maistres, il falloit dogmatiser, & venir estaler sur la scene les plus subtiles connoissances qu’ils auoient acquises à l’Eschole. […] La Doctrine de laquelle nous parlons, est inseparablement vnie à la Fable ; ne passe point du particulier au general ; entre dans l’esprit, sans dire son nom, & sans frapper à la porte : La leur au contraire se destache du corps de la Fable ; nâge au dessus du sujet, & ne se mesle point auec luy ; s’adresse au Peuple & aux Spectateurs ; & seroit bien faschée de n’estre pas reconnuë à l’instant mesme qu’elle se presente.

211. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Caffaro passe au raisonnement. […] En récompense, ils passent leur vie au cabaret, à y boire de la biere, du ponche, ou de l’eau de vie : il y a même des vicaires de paroisse, en Angleterre, qui tiennent des guinguettes, & qui y jouent du violon pour amuser les buveurs. […] Aussi fit-on sur lui cette épigramme :       Messire Laurent P....tier       Qui ne put être bachelier, Parce qu’il fut trouvé rossignol d’Arcadie,       Ces jours passés, un livre a fait,       Qui condamne la comédie,       Dont il seroit un beau sujet. […] Mais passons sur tous ces écrits polémiques.

212. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Or la Comédie est entierement opposée à toutes ces saintes dispositions : car elle ne travaille qu’à étouffer dans ceux qui la fréquentent le souvenir et le regret de leurs péchés, afin qu’ils ne pensent qu’à se divertir, à rire et à passer agréablement leur temps. […] Que si une femme négligemment parée, et qui ne fait que passer par une rue, ne laisse pas souvent de blesser celui qui la regarde, dit saint Chrysostome,Chrys. […] Ainsi c’est une étrange illusion, que de s’imaginer que le plaisir de la Comédie puisse être compatible avec les gémissements et les pleurs dans lesquels un pénitent doit passer sa vie. […] Le temps ne nous a pas été donné pour le passer dans une honteuse fainéantise ; et bien moins encore pour l’employer aux Jeux et aux divertissements défendus mais Dieu nous marque dans l’Apocalypse qu’il ne nous l’a donné que pour faire pénitence : « Dedi illi tempus ut pœnitentiam ageret. »Apoc. 2. 11.

213. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 14

Vous ne sauriez faire une pénitence plus douce, facile et salutaire des péchés de votre vie passée, que de vous priver de ces divertissements pour l’amour de Dieu ; cette pénitence ne ruine point votre santé, ne diminue point vos biens, n’incommode point votre famille, ne fait point tort à vos affaires.

214. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Comme l’illusion du Théâtre porte à croire que ce qu’on voit se passer sur la Scène arrive réellement, on doit aider la Pastorale à faire son éffet par la simplicité du discours & par les passions qu’on éxcite. […] Ils peuplaient la campagne de Faunes & de Satyres ; ils les firent entrer naturellement dans l’intrigue d’un genre de Pièce qui était la vive image de ce qui se passait loin des villes. […] Une Pastorale ne doit guères passer la longueur d’un Acte ; lorsque le sujet l’éxige absolument, elle peut aller jusqu’à trois tout au plus.

215. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Mais on vous passe ce fait privilégié. […] Ces Directeurs si peu dignes de l’être, qui de peur d’aigrir ceux qu’ils croient avoir intérêt de ménager, les laissent marcher par la voie de la perdition, sans leur dire mot, et les voient tranquillement venir des spectacles au sacré Tribunal, et passer de la table de la Communion aux spectacles. […] pourquoi passer une partie de la vie où l’on aurait horreur de mourir, et un sentiment si naturel n’est-il pas un puissant préjugé contre la prétendue justification du théâtre profane ?

216. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Ils ont reconnu des Harpagons dans tous les degrés de l’avarice, et même dans une sage économie : tel fils a insulté et volé son père, parce qu’il lui refusait les choses nécessaires à la vie ; tel autre a manqué au sien, parce qu’il ne voulait rien y ajouter ; celui-ci, adonné aux jeux, aux plaisirs, aux dépenses folles, s’est élevé insolemment contre son père prudent, en qui il voyait un autre Harpagon, parce qu’il lui refusait de l’argent, ne voulant pas contribuer à ses excès : celle-là s’est comportée de même envers sa mère qui, ayant ou prévoyant des besoins plus urgents, lui refusait le prix d’une parure dont elle pouvait se passer, etc. […] Le changement de maîtresses, si conforme à la passion qui les fait rechercher, n’ayant pas de frein, est devenue une mode, ou un régime ; elles passaient de l’un à l’autre ; à tout âge, avec de l’argent, on était sûr de ne pas en manquer ; il s’était même établi des courtiers des deux sexes qui en procuraient, qui en faisaient commerce ! […] Elle a passé en effet de la cour à la ville, des vieillards aux jeunes gens, et des riches aux pauvres. […] Et en vérité, je ne puis le concevoir autrement, la tête a dû tourner aux bons humains qui n’auraient pas voulu passer pour tartufes, ni pour vauriens, ni pour misantropes ; non, je ne vois pas où ils pouvaient se retrancher avec sûreté pendant la plus grande action de ces productions contradictoires, destructives les unes des autres, qui enseignent ou nécessitent ce qu’elles blâment, qui exposent sur la scène pour les réprimer des désordres qu’elles augmentent, ou qui n’existaient point, et dont elles deviennent l’exemple et la cause. […] Je suis persuadé que son ouvrage, que je n’ai pas non plus l’intention d’ôter du rang auquel l’opinion la placé, sous le rapport littéraire, n’aurait pas été mis au théâtre, du moins sans un retranchement volontaire considérable, si quelqu’ami respectable, moins prévenu, ayant mieux profité des leçons du passé, l’eût éclairé en lui montrant dans plusieurs exemples les funestes conséquences qu’il aurait infailliblement, et en lui disant pour consoler son zèle : vous avez la très-louable intention d’éclairer vos concitoyens et principalement de prévenir les hommes puissants, les princes, les ministres, contre des intrigants hypocrites qui prennent le vernis de belles qualités qu’ils n’ont point, pour en imposer et obtenir des places dont ils ne sont pas dignes ; hé bien, il n’est pas nécessaire pour cela de faire tant de bruit, d’avoir recours aux prestiges de la déclamation, à la séduction de la poésie ou des beaux vers qui font croire le pour et le contre, aidés du fracas et de la magie du théâtre, de son appareil fantasmagorique, qui exerçent trop d’empire sur les sens et sur l’imagination des hommes, surtout en rassemblement, qui les exaltent, et les font extravaguer ou passer le but qu’on se propose.

217. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Germain passa à la Foire S.  […] Elles ont été composées par M. la Faille, quatre fois Capitoul, Syndic de la ville, Secrétaire perpetuel des jeux floraux, généralement estimé, qui connoissoit parfaitement une ville où il avoit passé les jours, qui avoit fouillé dans les archives du Capitole, dans celles des Communautés, dans les cabinets des savans, qu’on lui avoit ouvert à l’envi. […] Ils ont été très-flattés de voir passer leur nom à la postérité par la plume d’un Historiographe, & lui ont accordé en recompense ce titre brillant, comme les Capitouls celui de Citoyen. […] Un Greffier livre des extraits des registres qui lui sont confiés, jamais Greffier n’a donné de relation de ce qui se passe à la Comédie & à l’Académie. […] C’est de France que le Théatre a passé en Allemagne, & les excès de France qu’elle a voulu copier.

218. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVII. Profanation de la sainteté des fêtes et du jeûne introduite par l’auteur : ses paroles sur le jeûne. » p. 97

que la comédie partage avec Dieu et avec l’office divin les jours de dimanche ; et l’autre où il abandonne à ce divertissement même « le temps de carême : encore, continue-t-il, que ce soit un temps consacré à la pénitence, un temps de larmes et de douleurs pour les chrétiens ; un temps, où, pour me servir des termes de l’écriture, la musique doit être importune, et auquel le spectacle et la comédie paraissent peu propres, et devraient ce semble être défendus. » Malgré toutes ces raisons, qu’il semble n’avoir proposées que pour passer par-dessus, malgré le texte de l’écriture dont il les soutient, il autorise l’abus de jouer les comédies durant ce saint temps.

219. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

En matiere d’esprit, on passe rapidement, de la connoissance du mieux, à la réforme & à la correction. […] Le bon goût justifie leurs idées & leur zèle ; leurs Ouvrages, ainsi que ceux de Corneille & de Racine, passeront à la postérité.

220. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

Tu sais ce qui s’est passé mardi : hier, on n’était bien qu’avec moi ; aujourd’hui, on a toujours quelque chose à me dire ; on me parle de toi, on te loue, on soupire : en honneur je crois qu’on veut me faire confidence de ses faiblesses ; car, tout-à-l’heure encore, l’on me disait : — Ma sœur, croyez-vous que je la rende heureuse ? […] N’empoisonne pas ta joie ; qu’elle soit pure comme ton âme sensible… Il te dira ce qui se passe ici.

221. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

Archevêque, comme des gens qui passaient leur vie dans un métier honteux, et qui ne s’occupaient qu’à corrompre les bonnes mœurs de ceux qui les allaient voir, par des fables souvent déshonnêtes qu’il leur débitaient, « qui turpibus plerumque fabulis ad depravandos spectatorum mores accommodatis, sordidum quæstum faciunt ». […] Car si tous les Abbés, les jeunes fainéants, les Dames mondaines et autres telles gens qui ne plaignent pas trois ou quatre Louis à une Loge, pour passer deux ou trois heures de temps à voir offenser Dieu, en avaient donné chacun la moitié aux pauvres : combien y en aurait-il eu de soulagés, qui ne seraient pas morts de faim.

222. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. -

D’ailleurs, je ne sais si c’est une boule que je sens ; toutes choses n’étant que de rapport, leur essence nous est parfaitement inconnue3 : elles ne viennent point à nous dans leur propre forme, mais dans la forme que nous les présentent les divers milieux ou tamis par où elles passent, et font tels ou tels effets sur nous, selon la disposition de l’organe qu’elles frappent. […] La première Comédie que j’ai vue, fut Timon Misanthrope b : quand j’entendis Arlequin lui dire : « Et que me faisait cela ; je méritais, moi, de faire de bonnes actions » : je me sentis pénétré d’une lumière qui échauffa mon cœur, qui y fit éclore une autre forme de sentiments : il semblait que j’acquérais un nouvel être : il ne s’est pas encore passé un seul jour sans que cette idée ne me soit revenue : et depuis plus de trente ans, je cherche et m’empresse à faire tout le bien qui est en mon pouvoir.

223. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

Si les modernes n’ont pas été les premiers à imaginer des Comédies de caractère ; du moins, après les Grecs, ce sont eux qui, vers le milieu du siècle passé, les ont faites revivre en France : ce qui fit sentir qu’ils avaient enfin connu la nécessité de la critique des mœurs, et qu’ils allaient réparer la faute de leurs prédécesseurs, qui n’en avaient jamais fait usage. […] L’Avare a deux enfants, un fils et une fille : le fils aime éperdument la maîtresse de son père ; et la fille, de son côté, aime un jeune Cavalier, qui s’est introduit dans la maison sur le pied de domestique, et qui passe tranquillement ses moments à côté de sa maîtresse.

224. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Ce goût d’Académie de Terpsichore a passé le Rhin. […] On est forcé de faire grace au peu de décence (au scandale) de voir toute cette action (ce crime) se passer en présence des autres Nymphes (& du parterre) & des autres Chasseurs, spectateurs attentifs de l’événement. […] Bien-tôt elles s’y apprivoisent si bien, qu’elles s’y naturalisent, & en sont leurs délices, y passent, sans se lasser, les heures, les jours & les nuits. […] Il est faux que les maris & les femmes soient tous indifférens ; mais le fussent-ils, la vue de ce qui se passe dans le mariage seroit très-lascive & très-dangereuse. […] Tout danse dans le Béarn, où ce Prince passa sa jeunesse, c’est le goût général du pays.

225. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Ce partage équitable a passé du théatre dans les maisons particulieres, où l’exclusion des objets dévots est entiere par délicatesse de conscience sans doute, pour ne pas mêler les choses saintes avec la licence des plafonds, des cheminees, des tableaux, des tapisseries, &c. nous substituons sagement le crime au ridicule. […] Point de femme qui d’abord ne passe en revue la parure de toutes celles qu’elle voit, & ne se mésure avec elles, & ne sente la noble émulation de l’égaler & de la surpasser. […] Peut-on se passer d’équipage ? […] Du moins des meubles, un équipage, sont achetés pour quelque temps ; mais l’entretien d’une femme change tous les jours avec la mode ; c’est sans cesse à recommencer, & la mode passée, les choses les plus précieuses ne sont plus que des chiffons pour la fripperie. […] Il perd le trone & la vie & passe de l’élégance des parures aux horreurs du suaire & de la pouriture du tombeau.

226. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Une chose, pour laquelle un Docteur si éclairé menace d’excommunier ceux qui la font, peut-elle passer pour indifférente ? […] Ce saint Docteur passe bien au delà. […] Mais que dirai-je de l’indignation que ce grand Prélat a témoignée si publiquement contre le Père Caffaro, qui passait dans Paris pour en être l’auteur ? […] Considérez, je vous prie, que les jours de l’homme passent comme une fleur qui ne tarde guère à se flétrir. […] Est-ce une nécessité qu’il y ait des comédies ; parce que des fainéants et des Dames mondaines ne savent, selon leur langage, passer le temps.

227. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « PREFACE. » pp. -

[NDE] A l'époque, on ne faisait pas toujours l'accord du participe passé .

228. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Amphitryon passera le premier. […] Dryden dans Cléomène ; où il passe par-dessus l’unité de temps pour décrire la beauté d’une Famine. […] Je passe quantité d’impiétés de même espèce, quantité de jurements horribles, pour venir à la manière dont M. […] D'Urfey à l’Etat Ecclésiastique, et je passe à son manquement de respect et d’honnêteté pour les Spectateurs. […] Lorsqu’il n’y a nul prétexte de recourir au Miracle ou aux Machines, les choses ne doivent point passer la foi humaine.

229. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Passons aux Comédies : ce genre de Drame, si différent de l’autre, pour la forme & par la manière, l’est également par ses effets. […] Je m’emporte : mais cet abus odieux m’indignerait moins, s’il n’avait passé de la société sur le Théâtre, & si le Théâtre ne le maintenait ensuite dans la société. […] Oui ; j’imagine que la Comédie doit toujours produire cet effet, & celle qui le rendra plus sensible, doit aussi passer pour la plus utile. […] passons en Amérique, vous trouverez des Acteurs Citoyens dans l’Etat le plus policé de cette partie du monde. […] Des Grecs, nous passons aux Romains.

230. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Il ne faudroit pour m’y faire renoncer que cette diversité de sentiment ; car, pourquoi mettre ma conscience au hasard dans une chose aussi vaine dont je puis si aisément me passer ? […] Objets séduisans, scènes agréables, décorations pompeuses, habits magnifiques, mysteres d’amour ingénieusement expliqués, air languissans, faits pleins de tendresse, Acteurs poussant les plus doux traits de la passion, concerts harmonieux, voix pénétrantes, actions empoisonnées, enchantemens diaboliques, inventions funestes de l’enfer, examinez quelle impression tout cela fait sur votre cœur, en quelle disposition se trouvent alors vos sens, jugez-en par le présent, par le passé ; & si vous êtes de bonne foi, je m’assure que vous direz que sans avoir égard aux autres, tout cela est pour vous une occasion prochaine de péché. […] Oui, il y a péché de vous exposer sans nécessité au danger de perdre la grace ; péché d’autoriser par votre présence des assemblées où toute la morale de l’Evangile est renversée ; péché dans la complaisance que vous y prenez, quand vous seriez exempt de passion ; péché dans les suites inévitables, pensées criminelles, désirs honteux, rendez-vous infames, mysteres d’iniquité ; péché dans la perte du temps, on n’en trouve point pour des exercices de piété, & on passe les heures entieres à des amusemens frivoles ; péché dans le mauvais usage de l’argent qu’on y dépense ; péché dans l’état où ils mettent notre ame, dissipation d’esprit, éloignement des choses de Dieu, froideur pour la priere, amour du monde, &c.

231. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

Comme on ne chercherait point à vous nuire, l’esprit de vengeance ne ferait point trouver dans vos ouvrages des choses qui n’y sont pas, et vos ennemis, par une adresse malicieuse, ne feraient point passer des ombres pour des choses réelles et ne s’attacheraient pas à l’apparence du mal plus fortement que la véritable dévotion ne voudrait que l’on fît au mal même. […] Je vous laisse à juger si un homme sans passion et poussé par un véritable esprit de charité parlerait de la sorte : « Certes, c’est bien à faire à Molière de parler de la dévotion, avec laquelle il a si peu de commerce et qu’il n’a jamais connue, ni par pratique ni par théoried. » Je crois que votre surprise est grande et que vous ne pensiez pas qu’un homme qui veut passer pour charitable pût s’emporter jusqu’à dire des choses tellement contraires à la charité. […] Son zèle fera sans doute considérer son livre, il passera pour un homme de conscience, les tartufes publieront ses louanges, et, le regardant comme leur vengeur, tâcheront de nous faire condamner, Molière et moi, sans nous entendre.

232. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 6. SIECLE. » pp. 180-181

Notre aveuglement est grand, notre négligence est extrême ; nous n'avons point de componction ; nous n'avons point de crainte de Dieu; nous ne corrigeons point nos mœurs ; nous ne faisons point et pénitence ; mais notre esprit s'applique entièrement à la malice et aux voluptés ; et il arrive souvent que nous passons sans peine les journées entières au Théâtre dans les conversations déshonnêtes, et dans les autres œuvres du Diable.

233. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXI.  » p. 480

Mais il ne s'ensuit pas que ceux qui ont véritablement besoin de se délasser l'esprit, puissent y aller sans péché; parce que la Comédie ne peut passer pour un divertissement, ne pouvant avoir l'effet qu'il est permis de chercher dans le divertissement.

234. (1675) Traité de la comédie « XXI.  » p. 309

Mais il ne s'ensuit pas que ceux qui ont véritablement besoin de se délasser l'esprit puissent y aller sans péché, parce que la Comédie ne peut passer pour un divertissement, ne pouvant avoir l'effet qu'il est permis d'y chercher.

235. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — IX.  » p. 4623

Les personnes du monde ne faisant point d'exemples ne sont presque coupables que de leurs propres péchés : mais ceux qui veulent passer pour vertueux, et qui pratiquent en effet quelques bonnes œuvres, sont coupables de leurs propres péchés et de ceux des autres ; et non seulement ils perdent le mérite de leurs bonnes actions, mais ils les empoisonnent en quelque sorte en les faisant servir à engager les autres dans le péché.

236. (1675) Traité de la comédie « X.  » pp. 286-287

Les personnes du monde sur qui on ne prend point exemple, ne sont presque coupables que de leurs propres péchés : mais ceux qui veulent passer pour vertueux, et qui pratiquent en effet quelques bonnes œuvres, sont coupables de leurs propres péchés et de ceux des autres ; et non seulement ils perdent le mérite de leurs bonnes actions, mais ils les empoisonnent en quelque sorte, en les faisant servir à engager les autres dans le péché.

237. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

4°, Que comme le péché que commettraient les Ecclésiastiques en allant à la Comédie serait un péché de scandale qui les rendrait responsables de plusieurs autres péchés, où tomberaient ceux qui auraient cru pouvoir suivre leur exemple ; de même aussi les Laïques qui font profession de piété, et à qui la Comédie ne ferait aucune mauvaise impression ne laisseraient pas d’offenser Dieu, et d’être coupables de bien des péchés, parce que plusieurs esprits faibles pour qui la Comédie est un poison mortel ne se déterminent quelquefois à y aller, qu’à cause qu’on y voit aller des personnes qui passent pour pieuses. […] Le Carême ne se passe point qu’ils ne parlent souvent avec beaucoup de force contre les spectacles ; et si quelqu’un s’avisait de faire un Sermon en faveur de la Comédie, il pourrait bien s’assurer qu’il ne remonterait en Chaire que pour réparer la faute qu’il aurait faite. […] Votre sensibilité lui paraît imaginaire ; les Rituels des Diocèses sont mis d’un air moqueur au rang de certains Livres dont il ne faut pas faire grand cas, et tout ce qu’on prêche passe chez lui pour « de belles paroles d’un Orateur austère Page 35. […] Là de nos voluptés, l’image la plus vive, Frappe, enlève les sens, tient une âme captive, Le jeu des passions saisit le spectateur, Il aime ce qu’il hait, et lui-même est Acteur ; D’un Héros soupirant là chacun prend la place, Et c’est dans tous les cœurs que la Scène se passe.

238. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Car jamais les pièces des Anciens ne se passaient dans l’intérieur des maisons, comme la plupart des nôtres. […] Si des règles nous passons aux pièces, vous verrez, Messieurs, qu’on en représentaient durant les premiers siècles de l’Eglise, où ces règles étaient exactement observées. […] S’il veut dire un mot d’une Ode de Pindare, il nous cite l’Odyssée, comme s’il y en avait d’autre que celle d’Homère, et un des Canons qu’on appelle Apostoliques, passe chez lui pour le Concile des Apôtres. […] Cyprien, l’Auteur passe à S. […]  » Voilà, Messieurs, comment ont été regardés jusqu’au xii.’ siècle tous ceux qui passaient pour Comédiens.

239. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Ils ont à leur tour subjugué leur vainqueur, les parfums ont été leurs armes, le luxe asiatique des odeurs passa tellement à Rome après les victoires de Scipion l’Asiatique, que tout y fut embaumé ; les personnes, les cheveux, les maisons, les bains, le théatre, on y mêle le parfum avec le suif, & la cire dans les flambeaux avec l’huile dans les lampes, afin qu’en brûlant elles en remplissent toute la chambre ; on en mêloit dans les boissons & les alimens pour les flairer en mangeant & buvant ; les domestiques ne servoient leurs maîtres que parfumés, il n’y eut plus de fête & de partie de plaisir où les odeurs ne fussent prodiguées ; les tables, les vaisselles, les lits étoient couverts de fleurs, les planchers en étoient jonchés ; les convives en étoient couronnés. […] La victoire peut-elle être douteuse, lorsque l’on passe du baigneur à la tranchée, de la toilette au combat, des bras de l’Actrice au fer de l’ennemi, comme la plupart de nos militaires plus comédiens que guerriers. […] Cette Princesse fameuse par sa beauté & par ses galanteries, mariée successivement à deux Rois à qui elle porta la plus riche dot ; au Roi de France qui la répudia, & qui aima mieux perdre une belle province que de vivre avec elle, au Roi d’Angleterre qui la tint quinze ans en prison : cette Princesse passa sa vie dans les fêtes, les jeux, les spectacles, donna elle-même les plus scandaleux, & rapporta en France & en Angleterre le luxe & la galanterie asiatique ; elle faisoit des amans par-tout, jusques chez les Mahométans où l’on prétend qu’elle fut aimée de Saladin, allumant par-tout le feu de la guerre ; en France pour se vanger de la jalousie de Louis, en Angleterre pour se vanger des amours de Henri qui cessa de l’aimer, & lui préféra des maîtresses ; elle arma ses enfans contre leur père, & fit naître une guerre civile ; elle courut de tous côtés : en Syrie poursuivre son mari, disoit-elle, en Allemagne pour délivrer son fils Richard ; deux fois en Espagne pour aller chercher ses belles-filles. […] Tout respire en elles, la galanterie, les parfums en sont un des alimens dont l’amour ne peut se passer. […] Tout passe, disent-ils, jouissons des biens que la jeunesse nous offre, remplissons-nous des parfums, faisons-nous des couronnes de roses, moissonnons pour notre plaisir toutes les fleurs des prairies, unguentis nos impleamus, coronemus nos rosis, nullum sit pratum quod non pertranseat luxuria nostra .

240. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Cependant on peut dire, pour justifier cette indulgence, que l’Eglise regarde de plus près aux qualités des Ministres qu’elle admet, que des Ministres déjà reçus, qu’un refus ne fait pas autant de tort qu’un châtiment, que la privation de tout privilège clérical est une plus grande punition que la simple exclusion, qu’on exclut pour de simples défauts de corps ou d’esprit, qui ne sont point de péchés, et que des bouffons, tels qu’ils étaient dans ce siècle, qui amusaient les passants dans les rues, étaient moins pernicieux et moins coupables que des Comédiens et Comédiennes de profession qui passent toute leur vie à exciter par toute sorte d’artifices les passions les plus criminelles : métier si opposé au christianisme, que d’autres canons appellent cette espèce d’hommes des apostats et des démons. […] Sulpice, parce qu’ils ne font point passer, comme autrefois, la procession de la fête-Dieu dans la rue de la Comédie, pour ne pas passer devant l’Hôtel. […] Elle ne sera pas plus déshonorée quand le mariage sera déclaré nul, elle rentrera dans ses fonctions, qui n’ont été que peu de temps interrompues. » Pour répondre au mémoire injurieux qu’elle répandit contre son mari, il lui dit : « Que peut-on attendre d’une Baladine née dans le sein du vice, qui voudrait rendre égal à elle celui qu’elle veut faire passer pour son mari ? […] Leur indignité est certaine, prononcée par les lois et par les canons ; le fait de leur représentation sur le théâtre est de la plus grande notoriété, toute une ville en est tous les jours témoin, elle serait scandalisée de les voir passer du théâtre à la sainte table ; ce serait une des plus criantes profanations, tous les rituels sont uniformes, Romain, Paris, Rouen, Chalons, etc.

241. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Celui qui sait le mieux les exprimer et les faire passer dans les cœurs, réunit tous les suffrages. […] Dans la morale chrétienne, toute délectation, tout sentiment de plaisir goûté volontairement, est un péché mortel ; fît-on les plus subtiles distinctions, ne voulût-on pas aller plus loin, pût-on se promettre de ne pas passer ces bornes, c'en est assez, le seul goût volontaire du plaisir mérite l'enfer. […] Molinos, distinguant la partie supérieure de la partie inférieure, prétendait que tout ce qui se passait dans celle-ci, vengeance, orgueil, impureté, plaisir, douleur, etc. et toutes les altérations du corps qui en étaient la suite, étaient des modifications purement passives, étrangères à l'âme, et par elles-mêmes indifférentes, qu'on pouvait les souffrir sans s'en embarrasser, et pourvu qu'on demeurât uni à Dieu dans la partie supérieure, que S. […] Qui a-t-on vu passer de la comédie à l'hôpital ? […] Son habileté consiste à faire passer le spectateur dans tous les sentiments bons ou mauvais de son rôle.

242. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Av Roy. » pp. -

Mais quelque aplication qu’Elle ait à des objets plus solides, Elle peut bien se permetre ces relâches ; & Elle ne sçauroit mieux passer ce peu d’heures qu’elle cesse de vaincre, qu’à ces Spectacles, oû elle verra triompher.

243. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VII. Paroles de l’auteur et l’avantage qu’il tire des confessions.  » pp. 28-29

trois moyens aisés de savoir ce qui se passe dans la comédie, et je vous avoue que je me suis servi de tous les trois.

244. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — VIII.  » p. 462

Dieu attache quelquefois le salut de certaines personnes à des paroles de vérité qu'il a semées dans leur âme vingt ans auparavant, et qu'il réveille quand il lui plaît, pour leur faire produire des fruits de vie; et le diable de même se contente quelquefois de remplir la mémoire de ces images sans passer plus avant, et sans en former encore aucune tentation sensible ; et ensuite, après un long temps, il les excite et les réveille sans même qu'on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter les fruits de la mort, « ut fructificent morti », qui est l'unique but qu'il se propose en tout ce qu'il fait à l'égard des hommes.

245. (1675) Traité de la comédie « IX.  » pp. 284-285

Dieu attache quelquefois le salut de certaines personnes à des paroles de vérité qu'il a semées dans leur âme vingt ans auparavant, et qu'il réveille quand il lui plaît, pour leur faire produire des fruits de vie: et le Diable se contente aussi quelquefois de remplir la mémoire de ces images, sans passer plus avant, et sans en former encore aucune tentation sensible ; mais ensuite, après un long temps, il les excite et les réveille sans même qu'on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter des fruits de mort, « ut fructificent morti », qui est l'unique but qu'il se propose en tout ce qu'il fait à l'égard des hommes.

246. (1640) L'année chrétienne « Des Recreations, Jeux, et autres di- vertissemens, desquels l’ame Chre- stienne se peut servir durant la journée. Chapitre IX. » p. 851

Le temps qui suit immédiatement après le repas, n’est pas si propre aux affaires, et aux occupations plus sérieuses et importantes : c’est pourquoi, d’ordinaire, on prend alors quelque divertissement en Jeux, conversation, ou autres semblables récréations ; et parfois on en fait le même en certains jours de la semaine : d’autres passent plus avant, prenant en certains temps de l’année, quelque nombre de jours pour se divertir, et égayer un peu leurs esprits et leurs corps, après les travaux et emplois sérieux et pénibles : je veux ici instruire l’âme Chrétienne, à se recréer, et à se divertir, et à faire tellement cette action, que par icelle, non seulement elle ne se fourvoie pas du chemin de l’Eternité bien heureuse, mais plutôt qu’elle s’y avance et mérite un Paradis.

247. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

De là il passe au conte de je ne sçai quel Curé de Campagne, son Confesseur, dit-il, très-ignorant & très-ridicule, qui lui avoit refusé l’absolution pour avoir composé des comédies : Il n’y a là ni ridicule ni ignorance, que dans celui qui blame une conduite si sage ; mais dont il avoit calmé les scrupules, par la lettre de son docteur. […] Il est vrai encore que Moliere par une fin digne de lui, passa du théatre au tombeau ; il changea les brodequins en suaire, sans donner le moindre signe de répentir, au lieu que Racine & la Fontaine se convertirent sincérement, & montrerent les plus vifs regrets d’avoir composé ces mêmes ouvrages dont ils avoient pris dévotement la défense, d’autant plus croyable, que ce qu’ils ont dit allant paroître devant le juge des vivans & des morts, qu’ils prononçoient contre eux-mêmes, & que le voile de la passion & du préjugé s’élevoit pour eux. […] Les ombres légères, les nuances insensibles, les dégradations de la lumiere qui relevent & font sortir les objets dans les tableaux, font connoître & font passer dans les auditeurs & les spectateurs, la corruption du cœur, la dissolution de l’esprit, & les font encore mieux goûter par ces assaisonnemens séduisants. […] Ce fut à son retour de Rome qu’ayant été fait véritablement Roi par Auguste, & par conséquent la puissance souveraine ayant passé à un étranger ; Hérode bâtit des théatres, fit jouer des piéces à Jérusalem, à l’honneur de son bienfaiteur. […] Malgré tant de désastres, le théatre eut en Judée un éclair de rétablissement sous le regne d’Hérode Agrippa, petit-fils de l’Ascalonite ; qui étant passé de la prison au thrône, jouit pendant trois ans du titre de Roi ; c’est à lui que, pour contredire Tibere, son prédécesseur, Caligula donna une chaîne d’or aussi pesante que la chaîne de fer qu’il avoit porté dans son cachot.

248. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Le Sieur Poncet, habile sculpteur, venant de Rome à Paris, a passé par Lyon. […] Il est aveugle, paralysé, décharné, il a passé quatre-vingts ans, depuis plusieurs années il ne peut bouger de son lit, il est tout défiguré, & n’a jamais été beau. […] Cet enthousiasme passe les bagatelles. […] Il a passé comme eux à toute bride, a heurté contre la masse grossiere du bon sens, & y a été mis en canelle . […] Le Prince Charles a passé par Varre, petit village près de Bruxelles.

249. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Apprenez, Public, qu’Achille a tort d’aimer Iphigénie ; Britannicus, Junie ; Orosmane, Zaïre : toutes ces Dames ont trop de vertu, il ne leur est pas permis d’en avoir tant ; Jean-Jacques ne le veut pas, si les Auteurs l’entendaient mieux selon lui Iphigénie serait une Prude, Junie une Coquette et Zaïre une Catin, car voilà, dit Jean-Jacques, comme les femmes sont faites : c’est donc ainsi qu’il faut les représenter ou se résoudre à passer pour un Auteur de Roman. […] Passons maintenant à un trait qui vous met en contradiction avec vous-même. […] Elle se passe entre Terée, Tessandre, confident perfide comparable à Narcisse, et Leucasius, vieillard vertueux tel qu’un Alvarès dans Alzire ec, ou Burrhus dans Britannicus. […] C’est avec ces qualités qu’un « objet céleste » passe dans les bras d’un mari mondain, au bout de six mois, un an, l’Agnès est dégourdie ; le mari pendant ce temps s’est étudié à la former pour le beau monde : il l’a fait rougir d’avoir de la pudeur ; elle baissait les yeux à la moindre équivoque, la plus légère indécence la déconcertait : maintenant elle sait rire à gorge déployée des propos les plus saugrenus ; plus de gravelures qui la choquent dans les brochures : on peut tout lui proposer, pourvu que ce soit du ton de la Cour. […] Je vous le passais comme un vice de terroir, j’accordais au Genevois ce que je nie au Philosophe.

250. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Aujourd’hui les Auteurs sont médiocres, je parle de ceux qui le sont en effet, & les plus supportables Acteurs égalent à peine les moindres du tems passé. […] L’expression est l’art de représenter par des signes reçus des idées ou des actions passées, de les rendre sensibles par le langage, comme les couleurs les font revivre dans un Tableau.

251. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

          Aimable jeunesse,           Profitez du tems,           De vos jeunes ans,      Donnez-vous à la tendresse, Ne perdez point ces précieux momens           La beauté se passe,           Le tems s’efface,            L’âge de glace            Vient à la place, Qui vous ôte le goût de ces doux passe-tems. Ce langage n’est point en la seule bouche de Moliere, c’est le refrain périodique du Théâtre ; l’original est dans l’Ecriture ; mais c’est le langage de ces impies que la Justice divine abîma en un déluge de feu, dans les délicieuses contrées de la Pentapole, puisque la1 vie est si courte, disoient-ils, & notre fin incertaine, usons des créatures, enyvrons-nous des vins exquis, que notre jeunesse ne se passe point sans en avoir cueilli la fleur ; prenons les roses du printemps pour nous en faire des couronnes, avant qu’elles se fanent ; que tous les lieux de délices retentissent de nos douces clameurs, & portent les marques de notre joie & de nos excès.

252. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

Enfin il est certain que leur art charma les Romains dans sa naissance ; qu’il passa bientôt dans les Provinces de l’Empire les plus éloignées de la Capitale, & qu’il subsista aussi long-temps que l’Empire même. […] Les Romains ayant longtemps méconnu ce qu’il y avait de plus naturel & de plus agréable dans les occupations de l’âme, n’en acquirent que de plus grandes dispositions à passer à des excès opposés.

253. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

Nous avons dit et justifié clairement dans la Pratique du Théâtre, que la Comédie et la Tragédie commencèrent par les Danses et par les Chansons qui furent faites dans Icarie, l'un des Bourgs d'Athènes, à l'entour d'un Bouc qu'Icarius avait tué comme l'ennemi de Bacchus, au milieu d'une Vigne, dont il gâtait et mangeait les fruits ; et cette cérémonie s'étant ainsi continuée durant quelque temps, passa dans sa Ville et sur les Théâtres, et fut appelée Tragédie, du nom du bouc que l'on y sacrifiait à Bacchus ; ce qui dura plusieurs siècles, jusqu'à tant que Thepsis, pour donner quelque repos au Chœur de Musique, y inséra un Acteur qui récitait quelques Vers, et Eschyle y en mit deux ; et ces récits s'éloignant peu à peu des louanges de Bacchus, ses Prêtres en firent de grandes plaintes, n'ayant pu retenir les Poètes, qui par ce moyen plaisaient au peuple. […] Cette révérence néanmoins ne lui fut pas si particulière qu'elle n'ait passé jusqu'aux autres Dieux qu'ils honoraient par les Jeux du Théâtre ; car aux Fêtes de Minerve les Athéniens introduisirent la même dispute de Poésie et de Musique ; et chez les Romains il y avait toujours sur le Théâtre deux Autels, l'un à la main droite, consacré à Bacchus, comme au Dieu du Théâtre, et l'autre à la main gauche, au nom de celui en l'honneur duquel on faisait les Jeux ce jour-là.

254. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Toutes deux passèrent leur vie dans un célibat de libertinage ; mais celle-là ayant refusé de se marier, celle-ci dans un long veuvage après avoir eu plusieurs enfans, & entr’autre une fille mariée à Henri IV, qui ne fut rien moins qu’une vestale. […] Il est vrai , répond-elle, que mon père passa sa vie à se marier & à se démarier, à répudier quelques-unes de ses femmes, & à faire couper la tête aux autres. […] Les Espagnols qui ne pouvoient déviner ni être avertis dans le nouveau monde de ce qui se passe en Angleterre, sont surpris sans défense dans la sécurité que donne la paix ; on pille, on ravage sans résistance ; Londres appelle des victoires & des conquêtes, ce qu’entre particulier on puniroit comme brigandage. […] Victorio Siri dit qu’étant à l’extrémité elle fit venir sa musique pour mourir plus agréablement aux doux sons des instrumens, comme Mademoiselle de Limeuil en France ; elle passa de là au jugement de Dieu & dans l’éternité où elle ne trouva ni flatteurs ni théatre. […] Que faut-il de plus pour avoir des partisans, & passer à leurs yeux pour une merveille ?

255. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Madame de Nemours  » pp. -

A Madame de Nemours MADAME, Comme il vous a plu être la première cause de l’honneur que j’ai reçu d’un Prince accompli de tant de grâces qu’il ne s’y peut rien ajouter que le désir qu’elles soient perpétuelles : j’ai pensé que vous aurez agréable, Madame, que je vous en remercie très humblement, et offre pour lui donner ce discours, et ces petits vers ; si vous les rejetez, pour être éclos de mon ignorance, recevez-les étant conçus de sa perfection : et que la vôtre me pardonne, Madame, si à l’imitation de ces pauvres qui ne voulaient porter les fleurs aux Dieux, que le Soleil ne les eût rayonnées, je conjure et supplie votre vertu de les éclairer de sa lumière, leur donner l’odeur et la couleur pour les rendre offrande pure et digne de l’Autel ; le respect et la crainte m’en eussent retenuea, sans l’assurance que j’ai prise que vous imiterez ces corps célestes dont l’influence passe sur tous les Eléments, et s’arrête en la terre pour sa nécessité.

256. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 8. SIECLE » pp. 183-184

Il y a des Villes qui depuis le matin jusqu'au soir repaissent leurs yeux de divers Spectacles des Comédiens, et qui ne se lassent point d'employer un si longtemps à écouter des vers lascifs et licencieux, qui remplissent les esprits d'ordures, et il y a même des personnes qui appellent ces peuples heureux, en ce que quittant leurs affaires, et les occupations nécessaires pour l'entretien de la vie, ils passent les journées entières dans l'oisiveté et dans la volupté, ne considérant pas que le Théâtre où l'on représente ces Spectacles honteux, est l'Ecole commune et publique de l'impureté pour ceux qui s'assemblent ce lieu infâme.

257. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Corneille & Racine ont eu raison, dit le prémier, de gémir d’avoir passé leur vie dans une occupation condamnée. […] Nous ne devons pas passer ici sous silence, les maximes de Mr. […] Augustin, on sait que les plus grandes licences étant passées en coûtume, on s’habitue même à en faire l’Apologie : & pour lors, quoique réprouvées, elles parviennent à forcer l’autorité publique de les tolérer. […] … Ces Ambassadeurs infidéles passent les bornes du pouvoir, que J.C. leur a donné, pour la réconciliation des pécheurs. […] Je ne puis passer ici sous silence, un fait non moins frappant, que tout ce que j’ai eu l’honneur de vous mettre sous les yeux.

258. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XV. Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui. » pp. 94-96

Il faut maintenant passer à la question de fait, et voir si les raisons qui rendent la danse criminelle, se rencontrent en celles qui se font maintenant.

259. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXXIII.  » p. 493

Elle sait, comme dit saint Paulin, que toute la figure du monde passe et que toutes les créatures corporelles qui attirent nos cœurs par l'entremise de nos yeux, sont autant de rets dont le diable se sert pour nous prendre, autant d'épées dont il tâche de nous percer le cœur.

260. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IX. Défauts que les Etrangers ont coutume de reprocher à notre Tragédie. » pp. 231-259

Je puis assurer à mon tour que mon Frere, qui après avoir passé en Italie assez de tems pour entendre les finesses de la langue, pensoit du Tasse tout ce qu’en a pensé Boileau, n’a pu dire à M. […] Nous retrouvons un peu Corneille, quand il rime, comme dans ces Vers sur l’ambition humaine, La ambicion del humano devanto, Ya’ satisfecha cansa, y de un deseo A otro contrario passa, de tal suerte Que sin sossiego alguno, hasta la muerte, Lograda y à la altura de su ideà, No pudiendo subir, baxar desea. […] Après avoir passé beaucoup de tems de ma vie à lire des Poëtes, tems employé souvent avec ennui, tems quelquefois agréablement perdu, mais toujours perdu ; j’ai conservé une telle affection pour deux Poëtes, que je ne puis les relire, sans y trouver quelques beautés nouvelles. […] Il n’est pas étonnant qu’on l’accuse en Italie d’avoir mis à la mode dans notre Tragédie, le langage amoureux, puisque dans le pays où il doit être mieux connu, tant de Personnes s’imaginent que ce langage étoit toujours le sien, qu’il ne faisoit ses Tragédies que pour faire valoir une Actrice, dont il étoit l’esclave, Actrice cependant qui n’eut jamais (comme j’en suis certain) aucun empire sur lui, & qu’on se représente parlant d’Amour parmi les femmes, un homme qui uniquement occupé de l’étude de son Art, passa avec les Poëtes Grecs le tems de la vie où les passions sont les plus vives.

261. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

Racine connaissait trop bien l’antiquité ; il avait trop lu Sophocle et Euripide, pour tirer vanité (comme a fait Corneille) d’avoir su se passer de l’amour dans sa Thébaïde : mais il s’en serait passé sans doute, s’il l’eût osé, dans toutes ses autres Tragédies, comme dans sa première. […] La première, en se rappellant ce qui s’est passé avant que l’action commençât : la seconde, en pesant mûrement l’action même qui est représentée sur la Scène. […] A l’égard de Zénobie (qui se croit veuve depuis le bruit qui a couru de la mort de Rhadamiste) elle tient une conduite irréprochable, et qui peut servir de modèle ; puisqu’elle se fait un devoir de rester fidèle à un époux qui, aussitôt après son mariage, étant forcé de fuir précipitamment, oblige sa femme à fuir avec lui ; et qui, par jalousie et pour empêcher qu’elle ne passe dans les mains de son rival qui les poursuivait, la précipite dans une rivière.

262. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Avant ce règne brillant les gens étaient polis, sensés, modestes, sages ; un homme de théâtre eût passé pour fou. […] Le burlesque, que Scarron mit en vogue et qui tomba avec lui, passe les bornes de la familiarité. […] Que respecteraient-ils dans des complices avec qui ils viennent de passer la nuit, qui les y ont entraînés, et leur en ont fait payer les frais ?

263. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — I.  » pp. 455-456

Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice ; qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies: on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion: et ainsi il faut avouer que c'est un métier profane et indigne d'un Chrétien ; que ceux qui l'exercent sont obligés de le quitter comme tous les conciles le leur ordonnent ; et par conséquent qu'il n'est point permis aux autres de contribuer à les entretenir dans une profession contraire au Christianisme, ni de l'autoriser par leur présence.

264. (1675) Traité de la comédie « II.  » pp. 275-276

Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice : qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs, l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies; on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion.

265. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Je prétens qu’ils y a de divertissemens dans le monde qui passent pour legitimes, & que l’opinion commune des gens du siécle authorise ; mais que le Christianisme condamne, & qui ne peuvent s’accorder avec l’integrité, & la pureté des mœurs. […] Car pourquoi, dirois-je, mettre ma conscience au hazard dans une chose aussi vaine que cella-la, & dont je puis si aisement me passer ?

266. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Y voit-on une Fille, en proie à sa colère, Faire passer son Char sur le Corps de son Père ; Et d’un geste inhumain dans cet horrible Emploi, Animer ses Chevaux qui reculaient d’effroi ? […] Dans les Siècles passés comme au Siècle où nous sommes La Nature était lente à faire de Grands Hommes ; Et l’aimable Thalie a longtemps à pleurer Avant que son malheur se puisse réparer, etc. » Voilà, Madame, tout ce que j’en ai retrouvé, et c’en est assez pour vous faire connaître combien je voyais de difficulté à mettre de pareils Noms sur le Théâtre.

267. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Et au lieu que vous reteniez en vous ce qui vous excitoit à vouloir faire rire les autres dans la crainte de passer pour bouffon, vous le lachez alors, & lui donnant pleine liberté, vous succombez aux occasions & vous faites insensiblement le Personnage de Farceur. […] Et qu’est-ce qu’on peut appeller grand lorsqu’il se passe en très-peu de temps ? […] Il faut de nécessité que ce soient des actions qui se passent entre amis, ou entre ennemis, ou entre gens qui ne soient ni l’un ni l’autre. […] Avant que de passer à cette difficulté, je vais répondre à une objection spécieuse, qu’on fait contre le Systême d’Aristote que je viens d’exposer. […] & que les événemens des siécles passés ne puissent être traités par la Poësie, dans la forme Dramatique, comme dans l’Epique.

268. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre X. Que c’est une chose vicieuse et un dérèglement manifeste de danser fréquemment. » pp. 37-40

Roselius, et Angélus sont même passés plus avant, et ont dit que ceux qui dansent souvent, et qui s’accoutument à cet exercice, pèchent mortellement.

269. (1667) Traité de la comédie « Préface » pp. 452-454

Préface Une des grandes marques de la corruption de ce siècle est le soin que l'on a pris de justifier la Comédie, et de la faire passer pour un divertissement qui se pouvait allier avec la dévotion.

270. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXV.  » p. 484

C'est pourquoi les Chrétiens ne pouvant pas passer toute leur vie dans l'acte de la prière, sont obligés au moins de se renouveler de temps en temps devant Dieu : et comme c'est par ces prières actuelles qu'ils entretiennent celle qui doit être toujours dans le fond de leur cœur, ils doivent éviter avec un grand soin tout ce qui peut rendre leurs prières indignes d'être présentées devant la divine majesté: ce qui les oblige non seulement d'éviter les distractions qui leur surviennent dans la prière, mais beaucoup plus les sources des distractions qui remplissant l'âme de folles pensées, la rendent incapable de s'appliquer à Dieu.

271. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

On y chante des airs qui ne tendent pour l’ordinaire qu’à allumer un feu qui ne brûle déja que trop, & que la foi nous oblige d’éteindre ; les jeunes gens de l’un & de l’autre sexe s’y assemblent & s’y placent confusément ; les filles & les femmes y vont pour voir & pour estre vûës ; les Chantres n’y sont pas des mieux réglez dans leurs mœurs, ni les Chanteuses des plus modestes dans leurs habits ; on y passe un temps considerable qu’on pourroit emploïer plus utilement ; enfin on n’y cherche que le plaisir pour le plaisir & que le divertissement pour le divertissement. […] Or nous devons trouver nos delices dans l’accomplissement de nos desirsa Vous voulez passer toute vôtre vie dans les délices ? […] On y remarque d’abord une curiosité surprenante, qui fait que les femmes veulent sçavoir tout ce qui se passe ; qui sont ceux qui sont du régale ; quel rang ils y tiennent ; comment ils sont vêtus ; si leurs habits sont magnifiques Et tout cela cause en elles des jalousies, des caquets, des médisances, des diffamations. […] Mais afin qu’on ne s’imagine pas que les sentimens des saints Peres soient outrez & trop severes, je veux bien rapporter ici le témoignage de deux grands hommes ; dont l’un a vêcu assez long-temps dans le beau monde, & l’autre a esté marié & a passé plusieurs années à la Cour, & qui par consequent méritent bien qu’on le croïe fut ce sujet. […] Il est bien difficile que les femmes & les filles l’y conservent à la vûë de tant d’hommes & de tant de garçons, & l’esprit estant si puissamment attaqué du côté des yeux par les ruses de nôtre ennemi, qui est si subtil. » Il n’est pas mal aisé de juger par tout ce que nous avons dit jusques ici, que la danse ne peut gueres passer pour un divertissement legitime & innocent.

272. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Quoique nous ayons déjà parlé de son théatre françoit, la célébrité de cet Auteur nous sera pardonner quelque répétition : c’est une suite de dialogues sur l’histoire de France, qu’il appelle drames, parce que les acteurs du tems, c’est-à-dire, ceux qui ont part aux événemens en sont les interlocuteurs : on peut traiter de même toutes les histoires, faire de tout l’univers un théatre, de tous les siecles une comédie ; ce seroit une bibliotheque théatrale, immense, dans cette suite de conversations appellées des scenes, sans observer aucune unité de tems & de lieux ; mais seulement d’action ; tout ce qui eut part aux affaires passe en revue, ses drames doivent être d’une longueur fort inégale, puisqu’elle dépend de l’importance & de la durée des événemens. […] Mirez-vous, passez la main sur votre grecque, si votre main y peut atteindre, jouez avec les berloques de votre montre, rajustez votre jabot de point, & votre gros bouquet sifflez un air de Tom Jones, du Déserteur, de l’Amoureux de quinze ans, (Comédies,) decidez en dernier ressort sur le tâlent des Poëtes, & des Musiciens qui vous ravissent ou vous excedent ; passez en revue les acteurs & les actrices de tous les théatres, mais laissez Perse faute des nœuds ou des pompons, brodes au tembour, parfilés : persiffles, extasiez-vous devant Madame la Comtesse Falion, Vercingentorix, le bassa bilboquet ; débitez-nous des charades, des calambours, des rebus ; jasez de votre désobligeante, de votre cul de singe, de votre vis-à-vis, de votre diable, des moustaches de votre cocher, qui mene à l’Italienne, de vos courtes queues, de votre épagneuil, du vauxhall ; dites tout ce qui vous passera par la tête ; mais laissez-là Perse & son traducteur ; le premier vous présenteroit un miroir trop fidele, qui vous ferait rougir, si vous saviez rougir à propos ; le second ne vous offrira aucune phrase dont vous puissiez enrichir votre jargon maniéré ; nulle expression du jour, pas l’ombre du style à la mode, il est partout d’un maussade assommant, d’un raboteux incroyable, d’une rudesse indicible. […] Il avoit reçu une belle éducation ; il avoit toujours eu bonne compagnie, ce que n’avoit eu ni Moliere ni Plaute, qui étoient nés & avoient passé la moitié de leur vie dans la lie du peuple. […] Il en fut même aidé dans la composition de ses comédies, si même ils n’en sont les Auteurs, qui dédaignant la gloire du théâtre, les ont fait passer sous son nom.

273. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

On le faisoit passer pour impuissant, quoiqu’il eut une fille de son mariage, & sa fille pour illégitime, en disant que le Roi lui-même, qui vouloit à quelque que prix que ce fut avoir des enfans, avoit conduit son amant à la Reine, qui lui avoit donné sans peine son consentement. […] Et ce n’est pas une legereté passagere d’un jeune homme ; c’est un homme marié, avancé en âge, qui passe sa vie dans la débauche, & après avoir eu plusieurs enfans légitimes, a jusqu’à 15 batards : ils sont tous gens de mérite ; les batards ne le sont-ils pas toujours ? […] La Blanche étoit celle du Roi : Isabelle celle du Prince de Condé : ainsi nomme t-on les Noirs & les Gris les Compagnies des Mousquetaires : cela a passé dans l’Eglise. […] Il passa le reste de sa vie, tourmenté de la goutte, se consolant de ses douleurs, & de sa retraite par la conversation des hommes de génie. […] L’usage est le maître, l’enthousiasme & la flatterie ont passé.

274. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Ses égaremens passés lui donnent un nouveau crédit : il s’éleve fortement contre le bal & les spectacles, qu’il assure, par son expérience, être si pernicieux pour les mœurs, qu’il est absolument impossible d’y résister. […] Aussi passent-elles bien vîte. […] Mais, ce qui ajoute le ridicule au frivole, c’est que le Roi & toute sa famille y étoient présens ; tous les corps passent devant lui & lui tournent le dos, pour saluer & complimenter sa figure. […] Mais on le vit heureusement renaître avec les arts : car ils ne peuvent se passer de lui. […] Il se consola dans les bras de la volupté de la perte de son honneur & de sa fortune, se retira dans une maison du fauxbourg Saint-Germain, où il passa en épicurien le reste de sa vie avec une chanteuse des rues, qu’il établit maîtresse de son cœur & de sa maison, & ne s’occupa qu’à rafiner sur les plaisirs.

275. (1675) Traité de la comédie « I. » pp. 272-274

Il n'y a guère eu que ce siècle-ci où l'on ait entrepris de justifier la Comédie, et de la faire passer pour un divertissement qui se pouvait allier avec la dévotion.

276. (1675) Traité de la comédie « XXV.  » pp. 314-316

C'est pourquoi les Chrétiens ne pouvant passer toute leur vie dans l'acte de la prière, sont obligés au moins de se renouveler de temps en temps devant Dieu : et comme c'est par ces prières actuelles qu'ils entretiennent celle qui doit être toujours dans le fond de leur cœur; ils doivent éviter avec un grand soin tout ce qui peut rendre ces prières indignes d'être présentées devant la Majesté divine, ce qui les oblige non seulement d'éviter les distractions qui leur surviennent dans la prière, mais beaucoup plus les sources de distractions qui remplissant l'âme de folles pensées, la rendent incapable de s'appliquer à Dieu.

277. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

Un Abbé ayant paru à l’audience en habit séculier, la Cour lui fit passer le guichet. […] Quel trait de lumiere passe jusqu’au fond de mon cœur ! […] Quoi qu’il en soit, on peut en tirer ce fruit, & c’est dans ces vues que je vais donner un extrait de ces pieces ridicules, dans le goût des siecles passés. […] De la part des défendeurs fut dit au contraire que de tout temps & ancienneté, par la grace, pleine puissance, science & autorité d’amours, plusieurs beaux & grands privilèges, franchises, libertés & immunités avoient été accordés, à ce que les suppôts de la masquerie pussent plus franchement vaquer, étudier & profiter en la faculté & art d’aimer ; qu’ils sont notoires, ont été publiés & enregistrés en la cour & en tous les sieges d’amours ; qu’il s’en fait tous les ans lecture ès grands jours des Rois & Carême-prenant, & font passés en forme de coutume immémoriale ; par lesquels leur est permis d’être braves, emplumés, déguisés, découpés, musqués, masqués, parfumés, en tel habit & tonsure, entrer ès festins, banquets, danses, & toutes assemblées de damoiselles, y amener tabourin, de choisir telle damoiselle que bon leur semble, de disputer avec elle de l’art d’aimer, circonstances & dépendances, la mener en un coin, lui remontrer qu’il est son serviteur, qu’il désire son amour, & user de telle instruction, mémoires & remontrances qu’il croit devoir servir à cela, & ce au vu & su des maris & de tous autres ombrageux, tant & si long-temps que bon leur semble, sans que le mari leur puisse ni doive donner aucun trouble ni empêchement, d’être rêveur ou fâcheux. […] Martin jusqu’à la sainte semaine, en baillant par les Masques leur grivelée ; lequel temps passé, s’ils ne payent le prix convenu, ils seront privés des privilèges de masquerie, & déclarés inhabiles de jamais masquer, & permis aux Marchands de les poursuivre par placards, cadelures, & autres voies dûes & raisonnables.

278. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Passe pour le ruban. […] D’un Héros soupirant là chacun prend la place ; Et c’est dans tous les cœurs que la scène se passe. […] Après avoir montré combien la Tragédie a perdu de son ancienne majesté, en perdant sa gravité, sa sévérité, sa modestie, sa décence, il passe à la Comédie moderne. […] Mais doit-on lui passer d’avoir voulu, pour ainsi dire, rendre tant de Saints et d’illustres personnages, ses complices, en leur prêtant des sentiments qu’ils n’ont jamais eus ? […] Il faut en passer par là ; c’est une nécessité inévitable.

279. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

La Comédie a un grand avantage au-dessus des instructions philosophiques, contenues dans une infinité de bons ouvrages, en ce qu’elle expose sous les yeux un tableau animé des passions humaines, & qu’elle ébranle fortement les sens, pour porter par leur canal la conviction jusqu’au fond du cœur : car telle est la loi de l’union de l’ame avec le corps, que toutes nos idées ont pour cause premiere les objets sensibles, lesquels ne peuvent parvenir jusqu’au siége intellectuel sans y avoir été portées par les sens qui veillent sans cesse autour de l’ame pour l’avertir de ce qui se passe hors d’elle.

280. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VIII. » pp. 42-43

Cependant le Génie de la Ville d’Aix ayant appris ce qui s’est passé, suivi de la Religion et de la Piété, vient supplier Apollon de faire un choix qui lui soit avantageux.

281. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

Car la lutte qui du commencement n’estoit qu’vne épreuve innocente de la force ou de l’adresse de deux hommes, est devenuë ensuite une partie d’ambition dangereuse & funeste, où l’on a passé aux coups de main, & aux autres excez de la fureur & de la cruauté des hommes. […] Caligula embrassa avec tant d’affection le party de la couleur verte, qu’il en mit & qu’il en aima jusqu’à son cheval Cette passion qui peut raisonnablement passer pour brutale, alla encore plus loin, car pour l’amour de cette beste, il quittoit ses Salons, & ne vouloit manger que dans l’Ecurie : Il la fit bastir de marbre, y fit faire vne creche d’yvoire, & fit enfin servir à ce bien-heureux cheval (appellé Incitatus, & amené à sa table en ceremonie, comme vn veritable invité & convive,) de l’orge & de l’auoine dorée & en ragoust, & luy presenter à boire du plus excellent vin, dans des vases d’or. […] Car ce Prince les força d’y passer les nuits aussi bien que les jours, & par une molesse & une barbarie, inconcevable, il fit continuer ces combats aux flambeaux : Xiphil. in Dom. […] Heliogabale ne pouvoit se passer de quelque Spectacle pendant le repasLampr. hic.

282. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

doivent-ils être réduits au rôle de témoins coupables des crimes qui se passent sous leurs yeux ? […] C’est une espèce de commérage sous la direction de confesseurs curieux qui ont ordre de questionner adroitement les maris et les épouses, les enfants et les valets ; ils savent tout ce qui se passe dans l’intérieur des maisons et connaissent les actions et surtout la manière de penser de chaque particulier. […] Napoléon, ce souverain improvisé, dont les victoires éclatantes restèrent toujours sans résultat, passa comme l’ombre et bientôt il sera presque oublié. […] Le nom de La Fayette passera plein de gloire jusqu’aux générations les plus reculées, à côté des noms immortels des Washington et des Bolivar.

283. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Si quelcun de ces solitaires, qui se sont volontairement condannez à passer leur vie en jeûnes & en priéres, venoit aujourd’hui se montrer dans vos assemblées, s’inviter lui même à vos plus-celebres repas, vouloir être de toutes vos parties, & ce qu’on ne peût même penser sans fremir, marcher en masque par les ruës de vôtre Ville ? […] Verecundiam passa plus interdixit, quia tacuit ; veritas si ad hæc usque descenderet, pessimè de fidelibus suis sensisset.

284. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Quelques-unes des Tragédies du siècle passé, & la plus-part de celles de nos jours, ne tombent que trop dans cette faute insoutenable, qui se glisse même jusques dans nos Comédies modernes. […] La réplique de chaque personnage ne passe pas deux Vers.

285. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Nous avons veu de nos jours une pareille resolution qui a passé pour exemplaire, & dont le souvenir a plû mesme apres la dedite & la contrevention : mais c’est tousiours beaucoup d’avoir pû la former, & la vanité qui ne nous quite point, ne nous laisse pas souvent cette liberté de reconnoistre, & encor moins d’avoüer nos deffauts. […] Nos Acteurs ne manquent ny de courage ny d’ambition pour faire valoir leurs Comedies, & pour plaire à leurs Spectateurs ; mais leur generosité est encor plus à plaindre qu’à admirer, car hors de leur Garderobe qui n’est jamais venduë à peu prez de ce qu’elle couste, il en est très-peu qui puisse faire fonds de quelque chose pour subsister dans le repos, & pour passer la vieillesse sans besoin.

286. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Je ne puis passer ici sous silence la beauté de vos Portraits, puisque la Peinture fut toujours l’âme et l’essence de la vraie Poésie. […] Il y a des traits trop excellents dans l’Epître à votre Muse (à la morale près de trois ou quatre vers), pour qu’ils ne passent pas à l’admiration de nos neveux, quand même ils seraient retranchés de votre nouvelle édition.

287. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Dans les quatre premiers actes de cette satyre, coupée en scenes, tout se passe au pied du lit du Maréchal, qui quoique mourant parle toujours & très-long-temps contre toute vrai-semblance. […] Le Roi y a envoyé M. de Brequigny, de l’Académie des Belles-Lettres, habile Déchiffreur, qui y a passé dix-huit mois, & en a apporté une ample moisson, entr’autres les lettres d’Eustache du Bellai. […] Les amours d’Harcourt avec une Bourgeoise de Calais, sur lesquels il passe condamnation, ne sont plus qu’une intrigue d’Actrice qui fait la prude & pousse les beaux sentimens. […] Le crime de Phedre ne passe pas la pensée ; il n’y a qu’elle de coupable, elle est accablée de remords. […] Veut-il disparoître, sans entrer dans une coulisse il n’a qu’à passer au delà de la bougie, & l’ombre s’évanouit.

288. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Première Lettre. De madame d’Alzan, À madame Des Tianges, sa sœur. » pp. 18-20

je n’accuse que mon malheur…Il ne me reste qu’un moyen de me dédommager ; ardente à le saisir, je vais faire un Journal fidèle, & votre absence ne vous dérobera rien de ce qui se passe dans mon cœur.

289. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Douzième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 250-253

Tout-à-l’heure, il était à mes genoux : jamais je ne le trouvai plus aimable ; jamais je ne le vis si tendre : il me quitte ; passe dans son appartement ; s’enferme, y reste accablé.

290. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXII. On vient à saint Thomas : exposition de la doctrine de ce Saint. » pp. 79-81

Quoi qu’il en soit, Saint Thomas s’objecte à lui-même, que dans cet art, quel qu’il soit et de quelque façon qu’on le tourne, on est dans l’excès du jeu, c’est-à-dire du divertissement, puisqu’on y passe la vie, et néanmoins la profession n’en est pas blâmable.

291. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIX.  » pp. 475-477

Que cent peuples unis du bout de l'univers Passent pour la détruire et les monts et les mers.

292. (1675) Traité de la comédie « XIX.  » pp. 302-305

Que cent peuples unis du bout de l'univers, Passent pour la détruire et les monts et les mers.

293. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Du Theatre. » pp. 73-99

Car nous n’entendons par ce terme que ce lieu élevé où l’Acteur paroist, & où se passe l’action, au lieu que les Anciens y comprenoient toute l’enceinte du lieu commune aux Acteurs & aux Spectateurs. […] Quoy qu’il en soit, la Scene & tout ce qui entre dans le sens de ce mot, faisoit voir tant de beautez & eût si grande reputation, que son nom passa aux Ieux qui s’y donnerent & qu’ils furent appellez Sceniques. […] D’un mot de ces Etruriens est venu celuy qu’on a donné aux Mimes, car comme ils appelloient leurs Farceurs Histres, ils ont depuis fait passer le nom d Histrions à tous leurs Boufons.

294. (1541) Affaire du Parlement de Paris « Procès-verbal de l’action intentée devant le Parlement de Paris par le procureur général du Roi aux “maîtres entrepreneurs” du Mystère des Actes des Apôtres et du Mystère du Vieil Testament (8-12 décembre 1541) » pp. 80-82

Dont averti, le procureur général du Roi a présenté requête pour leur faire inhibitions et défenses de non passer outre à leur entrepriseav. […] Pour ces causes, et autres considérations qui seraient de long récit, conclutaz à l’entérinement de sa requête et en ce faisant que défenses leur soient faites de non passer outre à leur entreprise desdits jeux du Vieil Testament, jusques au bon plaisir, vouloir et intention du Roi, les choses susdites par lui entenduesba. […] Néanmoins le procureur général du Roi, par une requête baillée à la cour, les avait fait inhiber de passer outre.

295. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Je ne parlerai pas du ministre Marigny, légalement pendu au gibet de Montfaucon, c’est un accessoire qui passe inaperçu au milieu de tant de crimes. Le public était déjà instruit que la reine avait des assommeurs, chargés de faire passer de ses bras dans la Seine les compagnons de ses orgies nocturnes ; il avait déjà entendu Marguerite dire à Philippe d’Aulnay son fils et l’un de ses amants : « Je viens avant que tu n’expires te donner le plaisir de connaître ta maîtresse et celle qui t’a donné la mort. […] En effet, une couturière qui passe de la mansarde dans un joli salon, du salon à un hôtel somptueux, qui échange une vie laborieuse et de privations contre une vie de plaisir et d’abondance, le bonnet rond et la robe de toile contre les plumes et la robe de velours, tout cela avec une bonne foi si naïve, car il faut en convenir, Frétillon est une excellente créature, mais effrontément impudique et d’un cynisme dégoûtant.

296. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Après sa mort les polonois, oubliant ses services, vendirent sa statue à des fondeurs anglois, qui la firent descendre par la Vistule, de Varsovie à Dantzick, & la firent passer par la mer de Dantzick à Londres. […] La matinée la mere de famille la passe au lit, à peine est-il jour à midi, les enfans, les domestiques, les affaires, tout est négligé : la comédie dérange les horloges comme les esprits & les cœurs. […] Il en de même du spectateur : il a besoin des plus grands efforts pour démêler sur le théatre les traces de la vertu, pour en prendre les principes épars, les faire passer dans son cœur, les réduire en pratique. […] Une traduction parfaite passe pour impossible : des notes éclairciroient les endroits difficiles, les décorations & les pantomimes, L’anglomanie sur les jardins, si agréablement décrite par M. […] Dans ce siecle où les sorciers, les fées, les revenans sont décrédités, & ne passent que pour des puérilités ridicules, se peut-il qu’on s’occupe avec plaisir des objets qu’on méprise ?

297. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Un galant, tel qu’Euripide représente Achille en cette occasion, ne serait guère capable de plaire aux Dames, qui veulent qu’on les cherche, bien loin de les fuir ; sa réflexion prise du côté de la bienséance le ferait passer pour un écolier, ou pour un sot ; et en vérité Euripide serait bien à plaindre d’avoir fait Achille si peu complaisant et si incivil, s’il en avait ainsi usé sans raison. […] Pourquoi donc voulez-vous qu’on ne puisse se passer de cette passion, si les Héros dont j’ai parlé, ont plu malgré l’entêtement où l’on est, et s’ils ont plu par d’autres passions, ne peut-on pas trouver, sans l’amour, de quoi soutenir une action depuis le commencement jusqu’à la fin ? […] C’est, s’il vous en souvient, une des choses qu’on a le plus trouvées à redire dans l’Argélie al, que nous vîmes l’an passé ensemble, dont les sentiments et les vers sont fort beaux. […] Je ne crois pas qu’aucun des Poètes qui travaillent aujourd’hui pour le Théâtre ait assez de courage pour passer par-dessus toutes les raisons qui les détourneront de cette entreprise. […] Les Savants répondront que la Tragédie étant la représentation d’une action qui se passe entre une ou plusieurs familles, les femmes y doivent avoir leur part aussi bien que les hommes.

298. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « Stances à Madame Isabelle, sur l’admiration où elle a tiré la France » pp. -

Puis ayant cet esprit agile Recouru le premier mobile, Et vu l’heureux trône des Dieux Il passe les deux Hémisphères, Et revolant sur les neuf Sphères, Apprit le bel ordre des Cieux.

299. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IX. Qu’il faut craindre en assistant aux comédies, non seulement le mal qu’on y fait, mais encore le scandale qu’on y donne. » pp. 41-43

Ce sont des âmes invulnérables qui peuvent passer des jours entiers à entendre des chants et des vers passionnés et tendres sans en être émus : et des gens d’une « si éminente vertu » n’écoutent pas ce que dit saint Paul : I.

300. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

.° Le Roi Numa, dont parle la grande Prêtresse, n’institua que quatre Vestales : on en ajouta deux dans la suite, il y eut quelque légère augmentation sous les Empereurs ; mais il est certain qu’au temps de Scipion l’Africain, où l’on suppose que la scene se passa, il n’y en avoit que six. […] Peut-elle dire à cet âge : Dans l’opprobre & les pleurs j’ai passé ma jeunesse ? […] & comment toutes ces scènes avec la novice & avec lui se sont-elles passées dans une heure ? […] à faire entendre que toutes les Religieuses sont enfermées dans un couvent malgré elles, forcées par les passions, séduites par les Religieuses, trompées par les Prêtres, gémissant accablées sous le joug, sur-tour (car c’est là le grand vœu du libertinage), ne pouvant garder la continence : tant le Poëte (je ne sais s’il le sait par expérience) est persuadé qu’on ne peut se passer de volupté, & que personne ne peut se défendre de l’impérieux vœu de la nature.

301. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

A Messieurs le Prévôt des marchandsb, et échevins de ladite Villec Avec permissiond Messieurs, certain ténébrione sans nom, sans pays, sans aveu, et qui pis est sans foi, sans justice, et sans religion, a osé ces jours passés divulguer un imprimé en date du vingt deuxième d’août dernier, par lequel il a malicieusement calomnié la représentation qui vous avait été exhibée dans votre collège le septième du même mois de la présenté année 1607. […] J’ai jugé pour la gloire de la vérité, pour la confusion des menteurs, pour l’honneur de notre ville, et le vôtre particulier (pour qui cette action a été dresséef) qu’il faut donner un coup de corne en la bouche de cet homme menteur, et faire connaître au monde le fait comme il s’est passé. […] Vous avez vu (Messieurs) comme tout s’est passé : y avez vous rien noté qui ne fût grave et modéré ? […] L’approbation des autorités religieuses et judiciaires de la ville est manifestée par l’attestation du Prévôt et des Echevins qui clôt le texte de Gaule : « Nous Prévôt des Marchands et Echevins de la ville de Lyon, qui avons vu un petit discours, en forme d’épître à nous adressé intitulé Conviction véritable […], attestons et certifions en vérité, que le contenu en ladite conviction est aussi vrai (au fait) que ledit récit contraire est diffamatoire et fabuleux ; ne s’étant rien passé en l’action dudit jour 7 août dernier, que de grave, modéré, dévot, édificatif, et convenable au sujet entrepris.

302. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Mais il faut bien lui passer quelque chose : le bon homme végete tout au plus. […] Les Sacrificateurs subalternes & journaliers, moyennant dix sols, s’obligent à me rendre favorable tel ou tel Saint ; que je double le salaire, j’aurai dans ma manche tous les Saints des deux sexes, passés, connus, inconnus. […] C’est là que l’ambition passe devant eux comme un grand mal, quand ils considèrent un ambitieux plus travaillé par sa passion que par ses ennemis, violer les loix du Ciel & de la Terre, & tomber en des malheurs inconcevables, pour avoir trop entrepris. […] tandis qu’il était attentif à ce discours : Dieu sait ce qui se passait loin de lui. […] Le Gouverneur outré de ce refus, leur promit qu’il n’y aurait plus de Spectacles ; mais au bout de quelque têms ils ne purent s’en passer, & le demandèrent avec tant d’instance qu’on fut obligé de céder.

303. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

On passe facilement à ce que plusieurs font. […] Les méchancetés, qui sont passées, sont proposées en exemple. […] Car, ramenez-moi l’état du temps passé, et incontinent vous verrez recommencer partout ce qui a cessé. […] C’est pourquoi le comble des richesses, qui avait presque alors passé toute mesure, regorgeait aussi en choses de néant. […] Les richesses du temps passé s’en sont allées.

304. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

Je reconnais avec tout le monde que Molière a été peintre exact du cœur de l’homme, qu’il en a bien reconnu les replis, qu’il a bien vu ce qui s’y passait ; mais je tiens qu’il n’a pas prévu ce qui s’y passerait, par l’effet des portraits qu’il en fait.

305. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

La Comédie nous fait passer quelques heures dans des plaisirs honnêtes ; elle a l’art de nous faire préférer un amusement agréable & utile, aux désordres inséparables du jeu, & aux malheurs qui suivent le libertinage. […] La Comédie est l’école des hommes d’une classe ordinaire, ou pour mieux dire l’image de ce qui se passe dans les moindres actions de la vie ; & la Tragédie instruit les Particuliers & les Rois.

306. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VIII. Erreurs des Modernes sur ce sujet. » pp. 165-186

dit que l'art de bouffonner ayant pris la forme des Satires, Andronicus le fit passer des Satires aux Fables, pour plaire aux Spectateurs. […] Aussi quand pour avoir été rappelé trop souvent sur la Scène par le peuple, sa voix devint rauque et désagréable, il fut obligé de se faire assister d'un jeune garçon qui chantait les vers qu'il lui fallait représenter, et d'un Musicien qui touchait quelque instrument, et ne se réserva que la Danse qui se trouvait plus libre, ne s'occupant qu'à faire ses postures ingénieuses qui représentaient le sens des paroles, en quoi il était merveilleux, ce qui passa depuis en coutume.

307. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

Je ne parle que de ce qui se passe parmi les gens mêmes qui font profession d’une vie réglée : et pour ne m’attacher qu’à ce qui est de plus ordinaire, je ne parle que de la comédie, du bal, et du jeu. […] Enfin lorsque j’étais dans le divertissement, la nuit s’est écoulée, un temps qui m’a été donné pour penser à mon salut s’est passé, il ne reviendra jamais.

308. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

Il n’est pas possible, cependant, de se passer de la responsabilité ministérielle. […] En finance, je veux bien m’exposer à passer pour un esprit paradoxal, en assurant qu’aucun écrivain, que je sache, pour ou contre les opérations financières du premier ministre, n’a encore compris le véritable but de son système, qui n’est qu’apparent.

309. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Tous ces jeux passèrent de la Grèce en Italie, mais en différents temps. […] conservèrent aussi l’usage des Mimes et des Pantomimes sous ces mêmes noms Grecs, et celui des Danseurs de corde qu’ils nommèrent, Funambuli, de funis corde, et ambulo je marche ; et ils ajoutèrent enfin à tous ceux-ci les Histrions, qui joignaient des récits de vive voix aux postures et aux gesticulations des Mimes : ce nom fut donné à ces derniers, selon quelques-uns, parce qu’ils étaient venus de l’Histrie, ou selon d’autres, dont Plutarque est du nombre, parce que celui qui inventa cette sorte de jeux se nommait Hista, et qu’il fit passer son nom à tous ceux de sa profession.

310. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

L’Ambassadeur sort brusquement de sa place, monte sur le théatre, & passe son épée au travers du corps de l’acteur. […] François I, prisonnier à Madrid, avoit aussi passé son épée au travers du corps du Duc l’Infantado, pour le punir de quelque raillerie qu’il avoit faite. […] D’abord des amours & des rivalités, peut-on s’en passer sur le théatre, & que feroit l’actrice chargée des rôles amoureux, qui n’est ni la moins importante, ni la moins acréditée. […] Les non conformistes qui passent leur tems dans les plaisirs, & ne se font pas scrupule de manquer le Service Divin les jours de Fête, passeront leurs jours dans un grand serieux, sans danser, ni aller à la comédie.

311. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Les Sirenes n’ont jamais été plus fameuses que les Actrices ; leurs noms sont passés en proverbe, Sirene & Actrice sont deux synonimes. […] Croira-t-on que ce ne sont presque tous que des sujets galans, c’est-à-dire toutes les infamies qui se sont passées sur la terre, ou qui ont été imaginées par les Poëtes, Enlèvement d’Europe, de Proserpine, d’Oritie, Amours de Semelé, de Mars, d’Apollon & Daphné, Ariadne, Leda, Amimone, Naissance de Vénus, de Bacchus, Prison de Danaé, Paris & Hélène, Aventures d’Amphitrion, de Junon & d’Io, d’Actéon & Diane, Orphée & Euridice, Médée & Iason, Démophon & Philis, Phédre & Hyppolite, Endimion & l’Aurore, Persée & Andromède, Zéphire & Flore, Atis & Cibele, Vénus & Adonis, Alutante, Circé, Calipso, Pasiphaé, Rodope, &c. […] Néron, dans les beaux commencemens de son regne, se crut obligé de les chasser encore ; mais il devint trop infame pour pouvoir s’en passer, il les rappela pour les associer à ses débauches. […] Henri IV aimoit éperdument la danse ; il donna une infinité de bals, de ballets, de mascarades ; tout son séjour en Béarn se passa en réjouissances & galanteries, elles le délassoient de ses travaux guerriers. […] Enfin le théatre s’empara de la danse, elle passa des maisons particulieres sur la scène qu’elle embellit ; elle y a été à son tour embellie & perfectionnée.

312. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVIII. Autorité des loix. » pp. 45-47

On les passe à la sainte Table comme des pécheurs publics : on les exclud des ordres sacrés comme des persones infâmes : par une suite infaillible la sépulture Ecclésiastique leur est déniée.

313. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Des Spectacles des Grecs. » pp. 3-6

Pelops passe pour leur Instituteur apres l’heureux combat qu’il fit contre Oenomau, & par où il obtint Hypodamie sa Maistresse.

314. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre X. Des entrées faites aux Rois & aux Reines. » pp. 205-208

Un Gustave pouvoit se passer de la simple peinture de ses belles actions ; ses victoires pouvoient remplir plusieurs Arcs triomphaux, & les Heros comme luy fournissent toûjours assez de matiere pour joüir d’une pleine gloire sans le secours des beaux Esprits.

315. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

Si vous étiez aussi versés dans l’histoire de l’Eglise et dans ses saintes pratiques, que vous témoignez l’être dans les fables des Poètes, vous auriez su peut-être ce qui se passait autrefois aux Elections et aux Ordinations des Evêques.

316. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

Mais de notre temps il n’est point de besoin, de dresser des Théâtres, d’autant que toutes les farceries, Tragédies et Comédies ne sont plus en usage comme du passé, ains ont été rejetées et bannies des villes, tant pour garder les mœurs honnêtes et vertueuses, que pour la sainteté et révérence de la vraie Religion Chrétienne, laquelle ne permet telles corruptions et déguisements.

317. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE III. Réflexions sur le renouvellement du Théâtre. » pp. 36-41

Le voilà pour lors dans la règle en partie ; mais, par un aveuglement inconcevable, ce même Public, qui se range, par caprice, du parti des bonnes mœurs, a une prédilection marquée pour la passion d’amour ; il n’en apperçoit pas les dangereuses conséquences, et il passe légérement sur tout ce qu’elle peut avoir de funeste ; parce qu’il aime cette passion, dans quelque état qu’on la lui présente.

318. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Jugeons par ce qui se passe dans le Poëte lui-même, de l’effet que ses Vers font sur nous par le ton sur lequel la Poësie monte & éleve notre ame. […] Aussi les premiers Poëtes ont-ils passé pour des hommes inspirés : leur enthousiasme a paru avoir quelque chose de plus qu’humain, & leur langue a été appellée la langue des Dieux. […] Une action, telle que celle qui fait le sujet de la Tragédie de Cinna, se passe réellement devant mes yeux ; j’entens les conversations de Cinna & d’Emilie ; je vois leur entreprise sur le point d’éclater : j’assiste à la délibération d’Auguste sur l’abdication de l’Empire & le rétablissement de la République ; je suis témoin de la trahison de Maxime : la conjuration est découverte. […] Corneille vouloit que l’on eût l’indulgence pour les Poëtes Tragiques, d’admettre un lieu théatral, où, sans blesser la regle de l’unité, on voulût bien supposer que tous les événements de la piece auroient pû se passer avec vrai-semblance ; mais si son idée a quelque chose de bisarre, il ne l’est point de penser que la plûpart des hommes ont une imagination disposée à recevoir toutes les fictions & les suppositions du Poëte, où chacune se place, & où l’apparence fait presque la même impression que la vérité. […] Combien y en a-t’il qui passent leurs jours à entendre des Opéra & des Concerts, & qui n’ont pas encore fait réflexion, que le plaisir qu’ils y goûtent, vient de la fidélité de l’Imitation qui se fait par la Musique ?

319. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

Passons à ces Comediens qui remplissent la scene d’impuretez & d’ordures ; sans mentir, i’ay honte d’estre icyleur accusateur, & la bien-seance de ma profession me défend de rapporter tous leurs discours, leurs abominations, & leur adresse à bien ioüer toutes sortes de personnages, on y commet mille ordures, on y apprend les intrigues dans les amours, les détours & subtilitez des amants dans leurs poursuittes, les finesses des adulteres pour abuser, le peu de resistance des femmes pour ne l’estre pas, les lasciuetez, les petits discours, les rendez vous, les messages, toutes ces momeries authorisées de l’agreement des impudiques, & ce qui m’estonne le plus, de la presence des plus affairez, des peres de famille, qui quittent froidement leur mesnage pour se treuuer au Spectacle, pour y folastrer, pour y faire les gaillards, & pour y donner à connaistre qu’ils n’ont pas encor esteint les feux de la ieunesse, bien qu’ils ne soient la plus-part que des souches à demi pourries, des stupides, & des hommes pour beaucoup de raisons, sans pudeur & sans honnesteté : Mais ce qui est plus admirable, c’est d’y voir toutes les conditions extremement maltraitées dans les discours, & de n’y voir personne qui en témoigne du ressentiment, qui ne se treuue au Spectacle, & qui ce semble ne tiene à gloire d’y estre ioüé par des insolents. […] Mais icy tous les vices ont quitté le masque, les crimes sont publics, on y passe sous silence, mais bien plustost on y loüe l’impudicité des prostituées, les yeux mesme y sont criminels, car on y estudie les moyens de commettre aussi l’adultere par la vuë. […] Ainsi vn hõme qui est souple de tous ses mẽbres quoy qu’il ait le corps affoibly de débauches ; vn hõme qui ne merite pas le nom de fẽme pour ses dissolutiõs ; bref vn ie ne sçay qui, vn voluptueux, vn mõstre en nos iours qui n’est ny hõme ny femme, a biẽ le pouuoir de ietter le desordre dans vne ville, & de donner par ses bouffõneries vn credit absolu aux salles plaisirs & aux fables du temps passé, qu’il fait reuiure dans la scene : C’est de céte façon que nôtre nature defectueuse nous porte à l’amour des choses illicites ; & que les hommes pour authoriser leurs vices recherchent les memoires des anciens afin d’en tirer quelques mauuaises actions qui ont esté la proye de plusieurs siecles, & que l’aage deuroit auoir estouffées, ces squelettes qui sont fraischement sorties de la poussiere & du tombeau, paraissent sur le theatre ; & comme si les voluptez n’auoient pas assez d’empire d’elles mesmes, on expose aux Spectateurs ces exemples de l’impudicité de nos ancestres, pour leur en donner dauantage.

320. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Ils s’embarrassent tout aussi peu que je fouille dans les siècles passés pour y déterrer leurs titres, et que je suive les branches de cet arbre généalogique pour compter les quartiers et leurs alliances. […] ) le peuple était debout, soit parce que les jeux n’étaient qu’une chose passagère, où on ne cherchait pas tant de commodités, soit parce qu’on ne voulait pas laisser accoutumer le peuple à tant de dissipation et de mollesse, et afin qu’on ne se laissât emporter à ces plaisirs dangereux, et qu’on n’y passât les journées entières : « Stantem populum spectavisse, ne si consideret, dies totos theatro continuaret. » Quelqu’un ayant commencé de construire un théâtre fixe pendant la censure de Messala et de Cassius, Scipion Nasica, par ordre du Sénat, fit tout démolir, et vendre à l’enchère tous les matériaux, les sièges et les meubles (Val. […] De là il est aisé de passer aux représentations animées du théâtre.

321. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Il se trompait sur le fait, ne sachant pas ce qui s’était passé en 16967, où à l’occasion d’un Jubilé, les Comédiens Français hasardèrent de présenter à Innocent XII une Supplique tendante à lui demander d’y participer, et à se plaindre du refus qu’on faisait de les absoudre. […] Certains dialogues récités sur des planches, passent donc à Rome, comme ailleurs, pour des infamies diaboliques. […] Intéressante, je le passe ; morale, c’est ce que je veux discuter.

322. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

De-là il passe aux Pièces de Racine, & sa plume, conduite par le discernement & l’équité, en relève les défauts avec justesse & en fait sentir les beautés avec intérêt.

323. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « V. » pp. 23-26

Le besoin d’aimer Dieu passa pour nouveauté.

324. (1715) La critique du théâtre anglais « PREFACE DE L’AUTEUR » pp. -

Certainement nos Dramatiques regardent la vertu comme leur grande ennemie : ils en ont donné des marques non équivoques en l’attaquant avec un acharnement incroyable ; et (ce que je ne puis avouer sans une extrême douleur) avec un succès aussi qui passe l’imagination.

325. (1765) Apologie du théâtre français pp. 1-4

***  Combien d’Auteurs connus, qu’on passe sous silence, De leurs prédécesseurs parfaits imitateurs ; Même de leurs défauts discrets admirateurs, Etalent sous nos yeux de beautés, de science !

326. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Tout l’univers reçut un mensonge pieux, Et Julien passa pour un monstre odieux. […] Dieu même n’est pas le maître de reformer le passé. […] Il n’y a pour Dieu ni passé ni avenir. […] Réformer le passé seroit pour lui vouloir n’avoir pas voulu, ce qui est absurde.

327. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Nous serions étonnés, s’ils nous rendoient compte de ce qui se passe dans leur esprit. […] Les chemins par où on passe pour arriver à ces exces, ne sont propres qu’à corrompre le cœur. […] Je laisse au temps à réaliser ses projets ; mais le passé répond de l’avenir. […] C’est un orage qui passe ; tout se calme peu à peu, & deux ou trois heures après en est revenu à soi-même.

328. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Thésée, dans le premier moment, dévoue son fils à la vengeance des Dieux et ce fils en devient la victime » ; il est certain que sur une pareille exposition tout homme tant soit peu raisonnable et vertueux frémira d’horreur et regardera Phèdre comme un monstre abominable : mais il changera d’avis après la représentation, parce qu’il verra dans Phèdre une femme malheureuse par sa passion, et chez qui la Vertu est presque aussi puissante que le Vice : elle est justifiée de la persécution qu’elle a fait essuyer à Hippolyte par ces vers où respire la Vertu : « Toi-même en ton esprit rappelle le passé. […] M. de Crébillon n’y était pas, ou ne voulut pas y être : on me remit ma critique avec cette note au bas : « ceci n’est qu’une critique très mal à propos et très injuste de M. de Voltaire : la police n’en passe pas. » Un Auteur de dix-huit ans environ ne se rend pas à de pareilles leçons, et piqué contre M. de Crébillon, que j’accusais de mauvais goût, je courus faire imprimer courageusement ma lettre ; elle eut, comme vous jugez bien, à peu près le succès qu’elle méritait2. […] Je ne m’arrêterai donc pas à défendre Rome sauvée plus longtemps que Catilina : je passe à Mahomet. […] Cela, je crois, rendrait plus naturelle et plus conséquente la promptitude avec laquelle le faux Prophète passe des remords à la réflexion scélérate et politique.

329. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

La postérité saura peut-être la fin de ce poète Comédien, qui en jouant son malade imaginaire, reçut la dernière atteinte de la maladie dont il mourut peu d’heures après, et passa des plaisanteries du théâtre, parmi lesquelles il rendit presque les dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : ’Malheur à vous qui riez, vous pleurerez’. » C’est un jugement bien différent de celui de ses adorateurs, il est bien d’un autre poids. […] que penser, dans un siècle où les apparitions des morts, les possessions du Démon, les flammes de l’enfer passent pour des rêveries, bonnes, comme dit Boileau, pour amuser des enfants et des femmes, que penser d’un revenant affublé d’un linceul, que Molière fait venir sur le théâtre parler à son athée, et l’inviter à souper avec lui dans l’autre monde ? […] Cette comparaison de l’homme avec Dieu, dont l’audace frappe et surprend, passe pour du sublime ; elle n’est qu’un délire : le monstre de la Poétique d’Horace, composé d’une tête de femme et d’une queue de poisson, est moins ridicule. […] De là on passe aux objets des passions, on tient aux femmes le même langage, on a pour son plaisir, son trésor, les mêmes sentiments, et ce n’est plus un jeu, ce sont les vraies Divinités du cœur.

330. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Ils passaient pour apostats : le paganisme croyait les avoir regagnés, et l’Eglise les avoir perdus. […] Cheminais l’a fait depuis dans un Sermon sur la charité pour les prisonniers, Libanius se plaint avec vivacité de la négligence des Magistrats, qui au lieu de visiter les prisons et de pourvoir aux besoins de ceux qui y étaient détenus, et d’expédier promptement les affaires civiles ou criminelles, passaient leur temps dans des amusements et des parties de plaisir frivoles, surtout au spectacle, ce qu’il fait voir être pour eux tout à fait indécent. […] Vain prétexte, dit Libanius, ces occasions n’arrivent qu’une ou deux fois l’année, et vous n’êtes obligés d’y donner que quelques moments de la matinée ; au lieu que sans nécessité et avec scandale, vous qui vous dites accablés d’affaires, et vous donnez pour les protecteurs de la veuve et de l’orphelin, on vous y voit matin et soir, nuit et jour, vous vous en faites gloire, quand vous en sortez vous vous entretenez de ce qui s’y est passé. […]  395.), parle d’un Magistrat nommé Olibrius, Préfet de Rome, si enivré de la passion du théâtre, qu’il y passait la vie.

331. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Mais cette privation n’est point une censure, elle n’est qu’une suite de l’état d’indignité où tout péché réduit, et ne passe pas le for intérieur. […]  10., passage célèbre qu’il est bon de rapporter, qui a passé dans toutes les compilations du droit canonique, comme une loi générale et constante de l’Eglise. Ce Père porte la sévérité jusqu’à priver de la communion ecclésiastique un homme qui sans être Comédien lui-même, s’occupait à instruire, à former, à exercer les Comédiens, comme les Régents dans les collèges passent une partie de l’année à préparer les jeunes Acteurs. […]  2.), lui qu’on veut faire passer pour favorable aux Comédiens, déclare que l’Eglise ne doit rien prendre d’eux, non plus que des femmes de mauvaise vie, car chez lui Comédien et femme publique sont la même chose : « De Meretricio et Histrionatu Ecclesia non debet recipere. » Cependant cette décision, prise dans une si grande généralité, est d’une sévérité outrée.

332. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Mais ils auraient dû prévoir qu’en montant la Cour et la capitale sur ce ton, c’était donner le branle à tout le royaume, qui ne manque pas de suivre les exemples, surtout quand ils favorisent le vice, et qui en effet dans ces folies de la scène a passé tout ce qu’on pouvait en imaginer. […] Les livres de dévotion ne l’empêchaient pas de songer à plaire aux Dames ; malgré sa galanterie, il prétendait passer pour savant en Hébreu, en Arabe et en Syriaque, jusque là qu’il voulut acheter cent mille écus la Polyglotte de M. le Gay, pour la mettre sous son nom. […] ) dit qu’il était passé en proverbe de dire : « Cela est beau comme le Cid. » Si ce proverbe a péri, ajoute Fontenelle, « il faut s’en prendre à la Cour, où c’eût été très mal parler de s’en servir sous le ministère du Cardinal de Richelieu». […] Leur vie est une comédie perpétuelle, ils passent tous les jours, sans en apercevoir le contraste, de l’Eglise au bal, du sermon à la comédie, d’un service pour les morts à l’opéra, d’une messe pour les calamités publiques aux farces de la foire ; hommes d’état et petits-maîtres, les affaires et le jeu, le tribunal et la toilette, le bâton de commandement et une Actrice, partout jouant leur rôle, licencieux et dévots, riant et pleurant, invoquant Dieu et l’amour, Vénus et les Saints.

333. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Les partisans de ce divertissement ne se contentent pas de le vouloir faire passer pour un plaisir indifférent, ils prétendent même qu’il est honnête, et digne des Chrétiens. […] Mais c’est supposer ce qui n’a jamais été, et ce qui ne peut être, comme il paraît par les preuves de tous les Siècles passés depuis l’origine des Comédies, jusqu’à notre temps. […] Enfin le peuple ne s’en va point que tout ne soit mort : tout passe par le fer, et par le feu. […] On disait qu’en faisant des Sièges, on avait fait des trônes à l’oisiveté, et à la paresse, où l’on passait les jours entiers à ne rien faire. […] On disait qu’en faisant des sièges, on avait fait des trônes à l’oisiveté, et à la paresse, où l’on passait les jours entiers à ne rien faire.

334. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Riccoboni a donné un catalogue des tragédies & des comédies qui ont paru dans le seiziéme siécle, dont le nombre passe celui des piéces Françaises, qui ont paru dans le dix-septiéme siécle, depuis Corneille & Moliere. […] Ici tout se passe noblement, le Sécretaire recevra tous les paquets sans qu’il en coûte rien. […] C’est delà qu’elle vint en France ; deux Reines Italiennes, & un Ministre Italien ont fait passer les alpes aux troupes Italiennes. […] Pour les opéras comiques, le théatre de la foire, branche des Italiens, c’est un amas d’obscénités, en France comme en Italie ; les libertins se repaissent de leur licence, le peuple de leur grossiereté, on en chante les jolis airs ; mais les honnêtes gens, les gens d’esprit les méprisent ; il est vrai que comme ils sont en petit nombre, & que la foule porte de l’argent, on se passe de leur suffrage quand la caisse du receveur est bien remplie. […] Apostolo-Zeno, étoit si grand amateur du théatre qu’il y a passé sa vie, il a composé jusqu’à dix gros volumes de pièces.

335. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Je devrois peut-être pour l’examen de cette importante question, faire passer en revue tous les Auteurs qui ont travaillé dans le genre comique ; mais j’espere que le Lecteur me pardonnera aisément de ne prendre que Moliere pour exemple. […] Je passe donc à la troisieme partie du plan que je me suis proposé dans cet ouvrage.

336. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Nous allons passer aux particulieres. […] Tout le monde veut jouir de cette considération ; d’où il résulte que tout le monde sait, & que personne ne sait bien ; qu’on se joue avec les éléments des Sciences & des Arts ; qu’on croit tout entendre, parce qu’on parle de tout ; que tout passe pour approfondi, parce que tout est effleurée.

337. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIV. Le sentiment, juge plus sûr que le goût. Celui-ci préféré au premier. Pourquoi ? Amour du Théatre, funestes à ses progrès. Honneurs avilis en devenant trop communs. Cabales. Leurs effets, & les moyens qu’on employe pour les éluder.  » pp. 129-150

Elle passa en habitude, qui elle-même dégénéra en satiété. […] Elle aspire au mérite de passer pour avoir du goût.

338. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

Les événemens ordinaires, les aventures passées, les changemens de modes, les bons mots, les vaudevilles, & pour dernier trait enfin, la mort des Auteurs. […] Dorat, qui, certes, ne passera pas pour être leur ennemi.

339. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Dans la guerre de la succession d’Autriche, après la mort de Charles VI, où presque toute l’Europe étoit en feu, le Roi de Prusse, ce Roi philosophe, qui malgré sa philosophie, deux fois ami & ennemi des deux parties, allié & combattant pour & contre selon ses intérêts, s’étoit emparé de la Saxe, & l’avoit ravagée, avoit chassé l’Electeur, son ami, Roi de Pologne, pris à Pyrna son armée prisonniere de guerre, assiegea Dresde la capitale, & la prit ; il y entra en vainqueur, se rendit au palais, & va rendre à deux Princes, & à trois Princesses, enfans du Roi de Pologne, qui y étoient restés, une visite dont ils se seroient bien passés. […] Esther & Athalie qui faisoient du spectacle un catechisme pour les demoiselles du ruban verd ; les demoiselles avoient passé au ruban jaune, & n’en avoient plus besoin.

340. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

Passons à la Tragédie. […] J’ai vu des géants, très polis, faire passer jadis tous les nains devant eux, et les spectateurs silencieux gradués comme les cierges à ténèbres.

341. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVI. Efficace de la séduction des Spectacles. » pp. 36-39

Nicole, qui est la semence de la vie, & la parole du diable qui est la semence de la mort, ont cela de commun qu’elles demeurent souvent longtems cachées dans le cœur sans produire aucun effet sensible… Le diable se contente quelquefois de remplir la mémoire des images (du spectacle) sans passer plus avant, & sans en former encore aucune tentation sensible : mais ensuite après un long tems, il les excite & les réveille sans même qu’on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter des fruits dignes de mort, Rom.

342. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVII. Accidents arrivés dans les spectacles. » pp. 150-153

Nous ne pourrions nous empêcher de regarder comme un terrible châtiment une mort soudaine arrivée au milieu d’un spectacle, et nous regarderions comme une marque de réprobation de mourir sur un théâtre : ne passons donc pas une partie de notre vie où nous aurions horreur de mourir.

343. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 1 : Livre II, chap. 3] » pp. 104-105

Il me souvient avoir lu en quelques Homélies de Pierre Chrysologue Evêque de Ravenne, qui vivait y a onze ou douze cents ans, qu’ès Calendes ou premier jour de Janvier, les Païens du temps passé représentaient publiquement les dieux qu’ils adoraient, en la plus hideuse forme qu’il leur était possible, de sorte que les Spectateurs mêmes en avaient horreur.

344. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Les belles lettres, que les Medicis favorisoient en Italie, & que François I avoit attiré en France, furent long-temps à passer le détroit. […] Par une révolution romanesque, & un vrai coup de théatre, elle passa de la condamnation aux hommages, de la prison au trône. […] Elle passa tout le jour & toute la nuit précédente, quoique très-froide, & la plus longue de toute l’année, à se faire parer. […] La comédie se changea en tragédie, & la scène passa du cabinet à l’échaffaud. […] Elle passa plusieurs jours enfermée, plongée dans la douleur.

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