Dans l’Astrologue Joué. […] Iacynte dans L’Astrologue Joué ne connaît point cette maxime de Pinacium : jugeons par son langage de ses sentiments de respect pour son père. […] Le Lord Plausable dans L’Homme sans façon joue un personnage ridicule : avec cela pourtant, il est officieux et obligeant. […] Dans l’Astrologue Joué. […] L’Astrologue Joué.
Que faut-il qu’il fasse pour jouer naturellement une passion, & pour l’exciter dans les spectateurs ? […] On y voit ses freres être le jouer du démon.
Il y a donc dans le cœur des Spectateurs un Théâtre secret, où chacun est Acteur & joue sa propre passion ; & c’est ce qui donne le vif & le piquant au Spectacle ; c’est ce qui y porte avec tant d’ardeur. […] On les jouera donc sur le Théâtre secret de son cœur ; on éprouvera donc les atteintes du feu impur ; & cela peut-il être autrement dans le sein de la volupté ?
Une Pièce fournit quelquefois plus qu’il ne faut à l’action, & fût-elle jouée médiocrement, elle plaît. […] Les Comédiens, dont le sort est fait au Théatre, regardent les nouveaux rôles comme une surcharge ; il faut les prier, les presser pour les leur faire accepter : quand on y est parvenu il faut prendre leur tems, & attendre qu’il leur plaise de jouer. […] Il y en a plusieurs qui malgré leur bonne volonté, ne jouent jamais que dans les rôles inférieurs ; parce que deux ou trois de leurs Confreres regardent les premiers comme leur patrimoine.
Les Comédies appelées d’un nom qui répond a notre bas-comique ; dont les Sujets & les Personnages étaient pris du bas-peuple, & tirés des tavernes : (tels sont plusieurs de nos Opéras-comiques) : les Acteurs y jouaient en robes longues, sans manteaux à la Grecque. […] Les Acteurs y paraissaient avec l’habit de cérémonie nommé Trabée, & y jouaient des Triomphateurs, des Chevaliers. […] Paris seul ne verra-t-il plus jouer Molière ? […] Mais une division plus essencielle se tire de la différence des objets que la Comédie se propose : ou elle peint le vice, qu’elle rend méprisable, comme la Tragédie rend le crime odieux ; de-là le comique de caractère : ou elle fait les hommes le jouer des évènemens ; de là le comique de situation : ou elle présente les vertus communes avec des traits qui les font aimer, & dans des périls ou des malheurs qui les rendent intéressantes ; de-là le comique attendrissant. […] On ne conçoit pas même que cette erreur ait pu subsister un instant chez une Nation accoutumée à voir jouer l’Andrienne de Terence, où l’on pleure dès le premier Acte.
6.) en ces termes : « La Cour avertie que plusieurs du peuple et gens de métier s’appliquent plutôt aux jeux des bateleurs et jongleurs qu’à leur travail, et y donnent deux grands blancs plutôt qu’à la boîte des pauvres, préférant leur mondaine curiosité à la charité divine, icelle Cour a défendu et défend à tous bateleurs, jongleurs, et autres semblables, de jouer dans cette ville de Paris, quelque jour que ce soit, sous peine du fouet et bannissement du royaume ; a défendu et défend au Prévôt de Paris et à ses Lieutenants civil et criminel, de bailler permission de jouer auxdits bateleurs ; défend pareillement à tous les hauts Justiciers de cette ville, et à leurs Officiers, de bailler aucune permission de jouer, quelque jour que ce soit, sous peine de dix marcs d’argent, et autre amende arbitraire. » Il y a de pareils arrêts du 6 octobre 1584, du 10 décembre 1588. […] quel rôle y jouent-ils ? […] La Basoche ne joua d’abord que des pièces innocentes, et se fit supprimer par ses excès.
Del Monaco assure que tous les Auteurs qu’il a lus sur ce sujet sont du sentiment qu’il y a péché mortel pour les Comédiens, parce qu’ils disent des paroles équivoques, et se servent d’expressions tendres ; parce que les femmes jouent avec les hommes sur le Théâtre ; parce qu’on y traite des intrigues d’amour ; parce que quoiqu’on les dise réformées on les rend agréables, et ainsi opposées à la pureté du cœur, commandée aux Chrétiens. […] Del Monaco répond ensuite à l’excuse ridicule de ceux qui disent : Quand je n’irais pas à la Comédie, on ne laisserait pas de la jouer. […] Le premier regarde les Comédiens mercenaires, qui gagnent leur vie à jouer sur le Théâtre des pièces d’amour avec des femmes, d’une manière peu modeste ; ce qu’il accuse être une profanation du Christianisme, et un métier injuste pour gagner de l’argent. Il faut remarquer que les Italiens ont deux sortes de Comédiens, savoir des mercenaires dont je viens de parler ; et des domestiques, dont les Acteurs sont des personnes de famille qui ne gagnent pas d’argent à jouer. Ce Jésuite soutient que s’ils jouent avec des femmes des Pièces d’amour, ils ne peuvent pas être excusés, puisque c’est le principe de la condamnation des Comédiens mercenaires.
Quelques amis se proposent de la jouer dans la maison du mari, lui donnent un rôle & un autre à sa femme. Il y a cent comédies qui sous différens titres produisent le même effet, & sont jouées à la même fin. […] Dans une de ces fêtes dont l’énorme magnificence a été le modelle de tant de contes de Fées, Louis XIV fit faire pour la jouer dans les jardins de Versailles un théatre exprès qui coûta des millions. […] Moliere, pour le jouer plus cruellement, fit semblant deux jours avant la piece, de l’estimer au point de vouloir la lui lire, pour le consulter. […] Quel Auteur oseroit composer, quelle Actrice jouer ce rôle maussade ?
Combien de fois dans les innombrables intrigues des femmes ou des maris infidèles qu’on met tous les jours sur le théâtre, les Acteurs et les Actrices composent ou jouent d’original ! […] La femme, qui se voyait jouée, s’en plaignit ; mais elle n’était plus la maîtresse. […] Ils savent se passer de mariage, ou trouver des ressources admirables pour se jouer de la loi. […] On ne voit pas dans l’histoire que les Officiers Grecs, Romains, ou d’aucune nation guerrière, aient jamais fait représenter des pièces dans leur camp, encore moins y aient joué des rôles. […] Il s’y en est trouvé quelquefois assez pour y jouer des pièces ; mais les Gouverneurs de ces maisons royales sont gens de mauvaise humeur, qui n’aiment point la comédie, et qui font jouer des tragédies de toute une autre espèce, assez propres à exciter la terreur et la pitié, selon les règles d’Aristote.
L’Opéra Sérieux resta donc dans la Grèce autant de tems qu’on y joua les chefs-d’œuvres des Euripide & des Sophocle. […] Paul ; il fut joué à Rome dans le Château St. […] On fait remonter le prémier Drame en musique qui fut joué en France par son ordre à l’année 1645. […] D’un certain Gilbert, joué en 1672. […] Amadis de Grèce, par la Motte, fut joué en 1699.
Après la premiere guerre Punique, Andronicus fit jouer, pour la premiere fois, l’an de Rome 514, une Piéce divisée en Actes, & osa abandonner les Satyres pour traiter des Sujets suivis. […] Comme le Peuple le faisoit jouer souvent, & quelquefois lui faisoit repéter les mêmes choses, il s’enroua, & & demanda la permission de faire chanter à sa place un homme qui se tiendroit auprès du Joueur de Flute. […] Andronicus, cet Eschyle des Romains, eut un Rival dans Nævius dont la premiere Piéce fut jouée l’an 519 de Rome. […] Lorsqu’il présenta sa premiere Piéce aux Ediles pour être jouée, ils voulurent, avant que de l’acheter, qu’elle fût examinée par Cecilius, qui étoit alors fort vieux. […] Le célébre Æsopus pour faire honneur à Pompée, voulut malgré son grand âge, paroître encore sur la Scene, & joua de façon qui ne fit honneur ni à Pompée ni à lui.
On joue rarement ses pièces, et les portiers n’y sont plus étouffés. […] De là ces pièces muettes, où les pantomimes se parlaient si bien par leurs gestes que sans dire un mot ils jouaient des pièces entières. […] Ce n’est pas la qualité du rôle, c’est la manière de le jouer qui distingue. […] L’empereur Auguste, grand amateur, étant au lit de la mort, dit à ses amis, N’ai-je pas bien joué mon personnage ? […] Conversus efflavit animam.On est à plaindre dans la littérature comme dans la religion, quand toute la vie on a joué, on a aimé, on a fréquenté la comédie.
Ce n’est pas sans doute la premiere qu’on y a jouée, ni par conséquent la seule qu’on a traduite en Turc. […] S’il y a quelque théatre dans l’intérieur du serrail, car il n’y a certainement aucun théatre public dans l’Empire Ottoman, on n’y a pu jouer que des pieces traduites. […] Après l’avoir fait jouer en prose, il l’a habillée en vers, & l’a fait imprimer. […] les Comédiens n’étoient-ils pas, comme Poisson, dans l’ivresse, quand ils l’ont reçue & jouée ? […] Mais j’ose dire que l’air de pruderie & de décence dont on veut faire honneur au théatre, n’est qu’un piege pour surprendre les simples, & un libertinage qui se joue effrontément de la vertu, & en emprunte les apparences, pour lui porter les plus funestes coups.
Les François, qui en ont peu, ont mis tout naturellement en jeu les valets & les soubrettes ; & pour mieux jouer leur rôle, les représentent toujours vicieux, avec un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, ne sachant que conseiller le mal, & s’employer pour l’exécuter. […] Le Prince le fit jouer sur le théatre, il fit faire une comédie d’un vieillard amoureux. […] De ces cinquante-trois pieces il a d’abord mis celles qu’il approuve, seize tragédies & cinq comédies, dont quatre de Moliere, ensuite celles qui ont besoin de correction, & qui corrigées peuvent être jouées ; douze tragédies & 16 comédies, dont deux de Moliere ; enfin celles qu’il croit incapables de correction & qu’il livre aux flammes. […] Je ne conseillerai jamais de jouer cette piece. […] Enfermer les Comédiens dans un Couvent, les faire vivre en communauté, leur donner des novices, leur faire observer des règlemens austères & pratiquer la vertu, y assujétir tous les Comédiens du royaume, & en faire un corps d’honnêtes gens, c’est instituer une congrégation de Capucins pour jouer la comédie, c’est, dit Riccoboni, la république de Platon, qui depuis tant de siecles que l’a proposée le plus grand Philosophe, n’a pu encore être adoptée du moindre village.
Les temps auxquels elle se joue. […] « Ceux qui jouent la Comédie sont d’honnêtes gens, qui se sont destinés à cet emploi, et qui s’en acquittent sans scandale, et avec toute sorte de bienséance. »p. 57. […] après avoir vu ci-devant que la Comédie est mauvaise, soit par rapport à ceux qui la représentent, soit par rapport à la fin à laquelle elle tend d’elle-même, et à laquelle les Comédiens, et ceux qui assistent à leurs Pièces se proposent, faisons encore voir qu’elle est mauvaise par rapport à ses circonstances, et principalement à celle du temps auquel elle se joue. […] Car les Conciles ayant expressément défendu de jouer des Comédies aux saints jours des Dimanches et des Fêtes, comme aussi d’y assister, sous peine d’excommunication, c’est une contravention formelle à ces saintes Ordonnances que de le faire : « Qui prætermisso Ecclesiæ Conventu ad spectacula vadit, excommunicetur. » Conc. […] « Les Comédiens qui jouent tous les jours, ne pèchent pas, dit-il, en jouant les jours des fêtes et Dimanches, et pendant le Carême (temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens) parce qu’étant dévoués au public ; c’est moins pour leur divertissement qu’ils jouent, que pour celui des autres et ils peuvent jouer tous les jours, parce que tous les jours il se peut trouver des particuliers qui veulent prendre une récréation modérée. » O aveuglement déplorable !
Les Ecoliers qui jouent des pièces dans les collèges, ne sont pas à la rigueur dans le cas de l’irrégularité ; c’est un genre de spectacle fort différent, quoique dangereux, et qui devrait être supprimé. […] Les Canonistes demandent si les Acteurs qui jouent pour leur plaisir, sans rétribution, sont dans le même cas. […] On demande encore s’il faut avoir beaucoup joué, ou si une ou deux fois suffisent ; et tous se décident sur les lois qui caractérisent les courtisanes, car par je ne sais quelle fatalité, c’est partout la même comparaison. […] Cette loi au contraire paraît dire qu’il faut en faire métier ou habitude : question superflue ; qui peut compter les pièces que joue un Acteur, et les péchés qu’il fait commettre ? […] Ces trois sources empoisonnées du vice, les trois concupiscences, y jouent continuellement leur rôle, y exercent leur empire sur l’âme.
Comme les passions seules fournissent les intrigues, les passions seules peuvent les bien rendre, et les voir jouer avec plaisir. […] Pour les rôles des furies et des démons, le travestissement de femmes en diables, d'hommes en Euménides, comme il n'en coûte que la décence, ils seront aisément remplis et joués d'après nature. […] Tout le secret de Melpomène, c'est de faire entrer les passions que l'on joue dans le cœur des spectateurs, de l'échauffer, d'en parcourir toutes les cordes. […] Rousseau prétend que l'Acteur qui joue si bien le fripon sur le théâtre pourrait bien ailleurs mettre à profit son adresse, et par une utile distraction « prendre la bourse de son maître pour celle de Valère ». […] Dans la pièce de Zaïre, où il jouait le rôle d'Orosmane, le Peintre avait saisi un instant pareil de fureur, pour exprimer ses horribles grâces.
Les Païens jouaient la religion Chrétienne sur leur théâtre, pour la tourner en ridicule ; des Chrétiens acteurs et spectateurs la jouent encore davantage. […] Non : ce sont des enfants qui jouent, ce sont des gens de théâtre. […] Mais il est habillé en Prince, elle joue le rôle d'une Lucrèce ; ils sont élevés sur des planches, comme sur une chaire ; ils parlent d'un ton d'autorité, c'est cela même qui fait rire et en empêche le fruit. […] Il joue tous les rôles : Prince, valet, Théologien, Arlequin, Magistrat, amoureux, scélérat, honnête homme. […] [NDE] Le texte donne jouailler, qui signifie Jouer à petit jeu, et seulement pour s'amuser (Dictionnaire de l'Académie) au lieu de joailler.
L’Empereur Mathias annoblit Piétro Maria Cocchini, Homme d’esprit & de Lettre, qui jouait les rolles d’Arlequin. […] Revenons à l’avilissement des Comédiens qui jouent, & jouent pour de l’argent. […] Jouer la Comédie c’est s’avilir, & la jouer encore pour de l’argent. […] Cette Pièce fut jouée à Versailles en l’Hôtel de Conti, pendant le Carnaval de l’année 1702. […] Peut-on jouer ainsi la Divinité ?
La Parade est ancienne en France ; elle est née des Moralités, des Mystères, & des Facéties que les Elèves de la Bazoche, les Confrères de la Passion, & la Troupe du Prince-des-Sots jouaient dans les Carrefours, dans les Marchés, & souvent même dans les cérémonies les plus augustes, telles que les entrées & le couronnement de nos Rois. […] La Comédie ayant enfin reçu des loix de la décence & du goût, la Parade cependant ne fut point absolument anéantie : elle ne pouvait l’être, parce qu’elle porte un caractère de vérité, & qu’elle peint vivement les mœurs du Peuple qui s’en amuse : elle fut seulement abandonnée à la populace, & reléguée dans les Foires, & sur le Théâtre des Charlatans, qui jouent souvent des Scènes bouffones, pour attirer un plus grand nombre d’acheteurs.
Il n’a point de rôle à jouer, il n’est pas Comédien. […] Rousseau, qu’une pareille Pièce jouée devant des gens en état de choisir, ne fit plus de Mahomet que de Zophire. […] Est-ce là jouer la vertu, la simplicité, la bonté ? […] Rousseau, voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l’homme aimable, de l’homme de société ; après avoir joué tant d’autres ridicules, il lui restait à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu. […] Que Zaïre soit jouée par une actrice d’une rare beauté, sa beauté affecte les sens, mais son rôle n’affecte que l’âme.
La question est aujourd’hui bien decidée par un arrêt solemnel du Parlement de Paris, qui dans l’établissement des nouveaux Colleges & les statuts qu’on y doit observer, défend expressement de jamais y jouer des pieces de théatre. On n’en joue point à l’Ecole militaire : la sagesse du Roi n’a pas cru que la scene fût un exercice propre à former les guerriers. […] Mais c’est se jouer. […] La fatuité & l’enthousiasme vont plus loin ; ils prétendent que le théatre est la bonne école, que l’éducation de la jeunesse exige qu’on fasse fréquenter les spectacles & jouer la comédie, qu’on apprend ainsi à danser, à chanter, à déclamer, à s’habiller proprement. […] A mesure que l’Acteur devient passionné, il joue mieux la passion & l’inspire, & le spectateur se montant à l’unisson, l’émotion harmonique de l’un à l’autre sans le spectacle seroit froide, ennuyeroit.
C’est se jouer de tout, & imiter le théatre, qui met sur la même Scène Mathan & Joyada, Aman & Mardochée. […] Il composa, selon la tâche des jeunes Régens, une comédie qu’il fit jouer au Collége : elle déplut aux Peres, on lui en fit des reproches ; au lieu de se corriger, il quitta l’habit, composa contre la Société un libelle diffamatoire des plus outrés & se livra au théatre. […] Quelques-unes se marient dans la troupe, souvent clandestinement, & continuent de jouer ; d’autres sortent de la troupe, & vivent dans le mariage comme elles avoient vécu sur le théatre. […] Cependant l’approbation n’a pas été générale, les critiques ont blamé, la presse a gémit ; on sait quelle est la liberté de la presse en Angleterre & dans tous les pays sur les matieres théatrales, le Théatre même s’est mis sur les rangs, & a joué son Créateur. […] Les Abbés Comédiens sont galans & caustiques ; ils sont gens à deux faces ; on ne seroit pas surpris de voir jouer ce double personnage à Dorat, qui en effet dans le même-temps, joue les deux rôles, mais qui le pardonnera à un Grand Vicaire que deux Prélats donnent pour une espece de saint, qui, par vertu, a refusé des Evêchés.
Frederic, au milieu de la désolation d’une ville prise d’assaut, fu jouer la comédie à Dresde. Aucune ville n’avoit plus besoin de ces distractions que Boston, capitale des colonies angloises : aussi les officiers de l’armée royale y faisoient jouer & y jouoient eux-mêmes continuellement des comédies. […] La piece ne fut point jouée, Arléquin prit la fuite, fit semblant de courir aux armes, au grand regret des spectateurs, des acteurs, de l’auteur & de ceux qui furent tués ou blessés. […] Le Machiavélisme joue sur le théatre quelques rôles à chaque scène : il n’est point de piece où on ne trompe, où l’on ne dépouille quelqu’un par violence ou par artifice ; la tragédie le fait en grand par des princes, des seigneurs, des ministres, des troupes, par l’effusion de sang. […] C’est une suite de la comédie que joue Caraccioli, par des prétendues lettres qu’il lui attribue & qui sont indignes de lui.
Les Italiens avoient quitté avant nous les représentations pieuses, puisqu’on croit que la Calandra fut jouée au commencement du seiziéme siecle. […] Reuclin en fit une imitation Latine qu’il fit jouer devant l’Evêque de Wormes en 1497, se glorifiant d’avoir introduit en Allemagne un Spectacle dans le goût Grec & Romain, Græcanis & Romuleis lusibus. […] On s’apperçut enfin que c’étoit profaner les Mysteres que de les représenter sur un Théâtre, avec un mélange de Scenes bouffonnes : & lorsque les Confreres de la Passion acheterent l’Hôtel de Bourgogne, dans l’Arrêt qui confirma leur établissement, il leur fut ordonné de n’y jouer que des Sujets profanes. […] On voit même aujourd’hui près de la Comédie Italienne cette Pierre, qui quoique grossiérement travaillée, fait encore plus d’honneur à notre ancienne Sculpture, que toutes les Piéces jouées alors sur ce Théâtre n’en font à notre Poësie. […] Les Princes d’Italie en faisoient quelquefois représenter dans leurs Palais ; c’étoient des Fêtes particuliéres : mais le premier Opéra donné au Public, fut joué à Venise en 1637.
« Les bâtonniers, le capitaine des gardes, le porte-enseigne jouent devant le parlement, et MM. les trésoriers de France ; devant la chapelle de corpus domini où se trouve la sénéchaussée, et ensuite plus bas devant les syndics des procureurs, et devant ceux des notaires. […] Les mêmes cérémonies et le même spectacle se répétaient le 15 août ; le 16 on jouait sur le théâtre une comédie morale. […] Les airs lugubres, que jouent les instruments de musique, répondent à cette triste décoration. […] On dresse des théâtres sur lesquels on joue la Passion et la mort de Jésus-Christ. […] Les diacres et les sous-diacres prenaient plaisir à manger des boudins et des saucisses sur l’autel, au nez du prêtre célébrant : ils jouaient à ses yeux aux cartes et aux dés : ils mettaient dans l’encensoir quelques morceaux de vieilles savates, pour lui faire respirer une mauvaise odeur.
Si un saint concile a défendu aux prêtres de jouer la comédie, donc ils s’étaient permis de se faire comédiens. […] Il date les débuts de ce « troisième âge » à l’époque du retour des croisés et les premiers regroupements des jongleurs et troubadours en compagnies pour jouer les différents personnages.
Outre ceux qui font profession publique de monter sur la Scène, on voit dans les Collèges, dans les Couvents des deux sexes, parmi les Bourgeois, les Seigneurs et les Princes mêmes, qu’on s’amuse à jouer la Comédie. […] C’est en suivant ces principes et en prenant ces précautions que l’on écrit et que l’on représente tous les ans dans les Collèges des Poèmes dramatiques ; et, loin de croire que ces Pièces soient capables de corrompre les mœurs des jeunes gens qui les jouent, ou de gâter l’esprit des Spectateurs, je pense, au contraire, que c’est un exercice honnête, dont les uns et les autres peuvent retirer une véritable utilité.
Antoine fait danser plusieurs diables, jouer de la flute, du violon, de la trompette à d’autres, d’une maniere très-savante & de très-bonne grace. […] Jean & aux fêtes de fous ; mais c’est se jouer du public de faire de la danse une partie du culte, & une chose sacrée. […] Que c’est un beau rôle à jouer ! […] Les gens les plus distingués furent l’objet de leur malignité, ils avoient l’effronterie de jouer les Sénateurs même. […] On joue, on se chauffe, on boit, on mange ; tous les plaisirs y sont rassemblés.
On est d’abord tenté d’imputer à l’acteur ce style sale emprunté de la Grenouilliere d’où il est peut-être venu, & qu’il emploie par habitude ; & dans tout ce qui se joue sur canevas aux Italiens, à la Foire, aux Boulevards, cette noble extraction n’est pas douteuse. […] Mais ce sont deux foux, dit-on, qu’on donne pour tels, dont on joue les folies ? […] Toute une petite ville est mise en train pour jouer la farce du gouvernement chimérique donné à l’écuyer, à qui l’on fait toutes sortes d’insultes : cent & cent autres personnes, dans le cours de cette histoire insensée, entretiennent les rêveries de ce malheureux, pour le baffouer, & renouvellent les combats des gladiateurs, où les romains se divertissoient aux dépens des hommes, comme ils venoient de faire au théatre Le cirque est un théatre, le théatre est un cirque, où l’homme est le jouet de l’homme ; dans l’un aux dépens de la vie, dans l’autre aux dépens de l’honneur : la brutalité a enfanté l’un & l’autre, y conduit & s’y plaît.
Si on joue mal, on sera puni pas les sifflets & la désertion du public. […] Une actrice qui joue tous les jours sur le théatre public, avoit encore un théatre chez elle : quelle fureur théatrale ! […] Enfin il se donna au théatre de Paris, où il a joué les rôles de bouffon, & est mort misérablement. […] On ne sentoit pas que c’étoit se moquer d’eux, & jouer ce qu’on célébroit. […] Il a eu la témérité de dédier sa piece à la Reine, & de faire jouer sous ses auspices les ballets de Campargue.
Un mari ne se divertirait pas à voir jouer les amours de sa femme, ni un père à voir jouer les débauches de sa fille, etc. au contraire on fait ce que l’on peut pour s’ôter de la mémoire les spectacles qui nous affligent.
Comme la Directrice d’une troupe de Comédiens elle exercoit ses Actrices à jouer leurs rôles. […] Cette comédie ambulante étoit toujours prête à jouer. […] Je tiens ce conte de deux de ses compagnes qui virent jouer le violon. […] La comédie se joue regulierement dans les garnisons & dans les camps. […] Elle aimoit fort voir jouer comédies, tragédies, tragicomédies, comme la Sophonisbe de S.
Il y a telle ville du Royaume où la Comédie n’a jamais été jouée qu’à sept ou huit heures du soir. […] Nous ne jouons plus les Mystères, nous ne joignons point des abominations à des spectacles sacrés. […] L’Acteur allègue une maladie, on a lieu de soupçonner sa mauvaise volonté : je fais jouer son rôle par un autre, à qui l’on paie une bonne gratification, aux dépens du malade imaginaire. […] On le siffle, quand il joue mal : mais ne siffle-t-on pas les mauvais Auteurs ? […] Vous ne voudrez pas croire non plus que ceux qui jouent un Euphémon, un Licandre, un Ariste, un Burrhus, un Alvarès deviennent les gens du monde les plus vertueux : il faut pourtant convenir avec vous-même ; et si l’emploi de chaque Comédien a tant d’influence sur ses mœurs, ceux qui jouent les rôles de Saints, de Héros, et d’honnêtes gens doivent devenir des Saints, des Héros, d’honnêtes gens, comme ceux qui jouent des rôles de suborneurs et de fripons sont selon vous, suborneurs et fripons.
Le silence des forêts qu’interrompt le zéphir qui se joue entre les feuilles des arbres, nous élève l’âme, nous remplit d’un sentiment majestueux. […] Alexandre, après ses conquêtes, voulut à toute force apprendre à jouer de je ne sais quel instrument. […] Timothée, le même qui fut mis à l’amende par les Lacédémoniens, pour avoir ajouté une corde à la lyre, joua un jour à Alexandre, dans le tems qu’il était à table, un air Phrigien sur sa flûte : ce Prince en fut si transporté, que mettant le sabre à la main, il se leva tout-à-coup pour aller combattre ; sa fureur ne se calma que lorsqu’on lui eut joué un air sous-Phrigien. […] On raconte aussi que Henri IV, Roi de Dannemarck, voulut éprouver si un Musicien de sa Cour troublait les sens de ceux qui l’entendaient jouer de quelque instrument. […] Il ne put rien annoncer au Roi de Syrie Asael, qu’après avoir joué du Psaltérion.
Il n’est pas honnête, dit Cicéron, de s’exercer contre les Dieux, même par jeu d’esprit, nous ne devons point nous divertir à leurs dépens, ni jouer la vertu. […] Vous êtes fâchée de n’être pas à Paris, parce qu’on y joue la comédie, en vérité l’opéra vous donneroit les plus mauvais exemples du monde ; Armide a un air dévergondé qui ne sied pas même à une femme prostituée, & je ne saurois déviner par quelle fatalité le caractère de femme fait sur le modèle d’Armide, ont acquis sur le théatre un droit de plaire qu’ils ne sauroient perdre. Voyez Angélique, elle n’a pas plus de pudeur qu’Armide ; elle joue au pauvre Roland un tour qu’on ne pardonneroit pas à une vraie guenippe, & je trouve que Roland ne fait pas trop mal de faire tapage & de jeter les meubles par les fenêtres. C’est sans doute pour entrer dans le goût de son siècle que Thomas Corneille fait jouer à Ariane un rôle qui n’est guére plus décent ; car enfin que ne fait-elle point pour retenir Thesée ? […] Cependant rien n’est plus commun en France & sur-tout au théatre & envers les personnages qu’on y joue, & envers les Actrices elles-mêmes ; on adore les femmes, elles sont adorées, on se met à genoux devant une Actrice, c’est une Divinité, on lui offre des victimes, on brûle l’encens ; le jargon de la galanterie n’est que le langage de la Religion appliqué à la créature, on ne peut excuser ni la prophanation si ce langage est sincère, ni l’indécence s’il ne l’est pas ; mais d’où vient cet abus sacrilège si généralement répandu de la frivolité du François ?
Je veux parler d’une pantomime, jouée il y a une quinzaine d’années, sous le titre de la Famille savoyarde 7. […] Je me rappelle un trait, qui peut servir d’histoire à beaucoup de nos modernes Panard : un grand seigneur fit une comédie, la fit jouer devant les parasites de sa cour ; ses gens l’applaudirent et le portèrent aux nues ! […] [NDA] Acteur nain qui jouait à l’Ambigu et qui, dit-on, fut admis à la table de Louis XV dans un pâté, dont il sortit en gambadant. […] [NDA] Fénelon et les Danaïdes furent joués sur le théâtre de la Gaîté. […] [NDA] Les acteurs du premier, dans leur origine, ne pouvaient jouer qu’à travers un canevas, fixé derrière la toile.
La danse est un art véritable, il mérite des académies, aussi-bien que les autres exercices du corps, l’art de monter à cheval, de faire des armes, de jouer des instrumens ; il n’est malheureusement que trop agréable & une source intarissable de péchés. […] Le grand art, le vrai succès, le chef-d’œuvre du théatre, est de transformer le spectateur en secret Acteur, qui joue au-dedans de lui-même les passions qu’il voit jouer. […] Le mariage, ce sacrement respectable, cette union sainte, établie de Dieu même, n’a d’épithêtes désavantageuses, bizarres, ridicules, si propres à en dégoûter toute la jeunesse, que celles que le théatre lui donne, parce qu’on l’y profane, & qu’on ne l’envisage que du mauvais côté qu’on lui prête, pour s’en jouer, & c’est un des grands désordres du théatre. […] Il se moquoit des prétendus braves de la Cour, qui se disant des Césars & des Hercules, passoient leur vie à jouer ou à danser avec les femmes. […] Il en coûte peu à une danseuse de jouer tout naturellement un rôle qui lui est si familier ; mais on sent bien aussi que ce chef-d’œuvre de l’art n’est ni un tableau ni une leçon de vertu.
L’usage était peut-être de jouer l’espèce de Comédie des prémiers tems sous des arbres dans la campagne, ou bien on détruisait le Théâtre dès que la saison d’y représenter était passée, comme nous voyons que l’on fait à Genève, où l’on joue la Comédie dans les faux-bourgs. […] La Comédie-ancienne était une satyre amère de différens particuliers, que l’on nommait sans crainte ; elle alla même jusqu’à se jouer des Dieux. […] L’abus de voir jouer les choses les plus saintes déplut à mesure qu’on se guérissait de la manie des Croisades. […] Elle fut jouée en 1470, elle avait alors pour titre, les Tromperies, finesses & subtilités de maître Pierre Pathelin, avocat à Paris.
Aussi de voir GUILLOT-GORJU monter sur le Théâtre, il n’est pas si étrange que si on y voyait monter un Eléphant pour jouer la Comédie. […] Et y a-t-il fils de bonne mère qui n’ait joué la Comédie en son temps, et qui ne la désirât encore jouer, voyant la mignardise et gentillesse d’un Bellerose, de Mademoiselle Beaupré, Mademoiselle Valliot, et des autrese ? […] Il choisit le théâtre en 1634, pour y jouer le plus souvent le rôle de médecin ridicule.
Des poèmes si beaux, chaque fois qu’on les joue, Exercent sur nos cœurs les droits de Bourdaloue : Celui qui de son Dieu tendait à s’éloigner, S’y sent, par le plaisir, doucement ramener. […] L’acteur innocemment y peut jouer son rôle.
On se voit soi-même, dans ceux qui nous paraissent comme transportés par de semblables objets : on devient bientôt un acteur secret dans la tragédie ; on y joue sa propre passion, et la fiction au dehors est froide et sans agrément, si elle ne trouve au-dedans une vérité qui lui réponde. […] Je vous prie, que fait un acteur, lorsqu’il veut jouer naturellement une passion, que de rappeler autant qu’il peut, celles qu’il a ressenties, et que s’il était chrétien, il aurait tellement noyées dans les larmes de la pénitence, qu’elles ne reviendraient jamais à son esprit, ou n’y reviendraient qu’avec horreur : au lieu que pour les exprimer, il faut qu’elles lui reviennent avec tous leurs agréments empoisonnés et toutes leurs grâces trompeuses ?
quelque chose de si horrible et de si infâme que la Comédie, comme on la jouait du temps de nos pères, qu’il n’y a personne à l’heure qu’il est, qui ne la condamnât, comme ils ont fait. […] En effet, supposé que les Pièces qu’on joue présentement ne soient pas à beaucoup près si infâmes, que l’étaient celles du temps passé ; supposé que les expressions en soient honnêtes ; que les Acteurs en soient sages, retenus et circonspects dans tous leurs gestes et leurs postures ; la manière de traiter les passions, et de tâcher de les allumer dans le cœur des Spectateurs, n’est-elle pas toujours la même ? […] la manière qu’on joue à présent les Comédies dans Paris, elles sont sages, modestes et bonnes. » M. […] Pour une Comédie sainte, ou deux qu’on a representées dans Paris en quarante ans, l’on en a joué des centaines, qui ont choqué tous les honnêtes gens, tant elles étaient préjudiciables aux bonnes mœurs. […] « Je suis obligé d’avouer, que des Pièces qu’on imprime après qu’on les a jouées, il ne m’en ait jamais tombé aucune sous les mains, où j’aie trouvé rien qui put en quelque manière blesser le Christianisme, ou la pureté des mœurs. » §.
Un des motifs qui fait que les Comédiens jouent rarement cette pièce c’est qu’ils savent que la plupart des Spectateurs sont révoltés si fort de l’horrible cruauté d’Atrée, qu’ils ne peuvent que rarement soutenir une seconde représentation de cette pièce. […] Allez, Monsieur, à la Comédie la première fois qu’on jouera cette pièce : ne vous occupez nullement du spectacle, donnez toute votre attention aux Spectateurs, et vous jugerez par les épithètes dont ils honorent Atrée presqu’à chaque vers qu’il prononce, de l’effet que produit en eux son caractère. […] Il voulut bien nous recevoir chez lui, et nous profitâmes assez des avis qu’il nous donna pour qu’il crût pouvoir hasarder de nous faire jouer son Mahomet vis-à-vis d’un Auditoire à faire trembler les Acteurs les plus conformes. […] Un jour que la reconnaissance et le devoir m’avaient conduit chez elle pour lui rendre mes respects, elle me déclara la pièce qu’on m’avait jouée, et m’apprit que M. de Voltaire avait lu ma mauvaise critique. […] J’ai joué, comme je vous l’ai déjà dit, le rôle de Séide dans cette pièce ; M. de Voltaire avait lui-même composé notre Auditoire de gens qu’il avait prié d’apporter un œil connaisseur et critique sur la pièce et sur les Acteurs, plutôt que leurs dispositions à se laisser toucher par les beautés d’un Poème.
Ils ont obtenu que ces acteurs ne joueront jamais dans la ville de Paris, mais toujours hors des murs. […] Ne seroit-il pas de l’intérêt de l’état, du public & des mœurs, qu’a la place des pieces des boulevards, a plupart obscenes & mauvaises ; on y jouât des drames decens & instructifs ? […] Le systême de l’amour physique est fort bien expliqué dans la comédie des Courtisannes, scèn. 2, que les actrices ont refusé de jouer, parce qu’elles y sont trop bien peintes. […] Les comédiens refuserent de la jouer. […] Goesman, où tons les trois ont joue les rôles les plus dignes de l’Opéra bouffon, & dans ses écrits, très-longue farce qui fourniroit la matiere de dix ou douze à joindre aux Plaideurs de Racine ; ensuite dans son Barbier de Séville, où il a peint la Magistrature qu’il avoit attaquée au Palais.
Enfin en 1751 il a plu au sieur Fagan, homme obscur, & Auteur médiocre de quelques pieces jouées aux François, aux Italiens, & à la Foire, de se mettre sur les rangs, & il a été suivi d’une foule d’autres. […] L’hérésie des Iconoclastes, qui parut vers le milieu du huitieme siecle, n’avoit aucun rapport avec le théatre ; & ces hérétiques, non plus que les autres, ne se sont point avisés de jouer le Clergé. Ce ne fut que dans le neuvieme siecle, au commencement du schisme des Grecs, que Michel III, Prince sans religion & sans mœurs, fit jouer S. […] Je ne sais en quel heureux climat est située cette ville si pure, si dévote, & cependant si enthousiasmée de la comédie, qu’on l’y joue par dévotion la semaine sainte, pour se disposer à faire ses Pâques, tandis que les villes les plus licencieuses respectent ces saints jours. […] Il y jouoit la comédie, il savoit jouer toute sorte de rôles.
« C’est le temps, ajoute cet Auteur, véritablement homme de bien, et la situation où il faut se placer pour juger saintement de ce qu’on doit ou suivre ou éviter. » Si nous consultons les Protestants, la question sera bientôt décidée, car leur discipline s’explique ainsi : « Ne sera loisible aux Fidèles d’assister aux comédies, tragédies, farces, moralités, jouées en public ou en particulier, vu que de tout temps cela a été défendu aux Chrétiens, comme apportant corruption des bonnes mœurs, mais surtout quand l’Ecriture sainte y est profanée. […] Brumoy, qui a traité le même sujet, et l’a fait jouer en divers collèges de Jésuites, n’a pas trouvé les mêmes obstacles. […] La malignité veut encore, mais c’est toujours malignité, qu’à la grossièreté près, dont tous les théâtres sont aujourd’hui purgés, on trouve dans ces pièces toutes les tendresses de l’amour, tout le fiel de la médisance, tous les emportements de la colère, toutes les horreurs de l’impiété, toutes les folies du paganisme, des divinités, des sacrifices, des Prêtres habillés d’une manière fort approchante des nôtres, souvent avec des ornements sacerdotaux assez peu déguisés ; qu’on joue quelquefois jusque dans les Eglises et les Congrégations, d’où on tire le matin le saint Sacrement pour faire place à Arlequin, etc. […] n’en joue-t-on que très rarement ? […] A-t-on pu ne pas sentir que c’est apprendre à la jeunesse à se jouer des choses saintes, la familiariser avec tous les plaisirs, et lui former la conscience la plus relâchée ?
Clerge, seconde l’institution des comédiens en France, pag. 88 ; fournit la chapelle de la Sainte Trinité, pour y faire jouer la comédie, pag. 91 ; paie les comédiens représentant les mystères, pag. 93 ; tolère que les farceurs représentent la Sainte Eglise, et le pape la tiare en tête, dans la comédie de Mère Sotte, pag. 99 ; remplit lui-même, dans les églises, des rôles d’acteurs et de comédiens, pag. 128 ; fait un abus de pouvoir, et commet un délit en blâmant et punissant l’exercice d’une profession instituée et protégée par les lois civiles et les diplômes de nos rois, pag. 131 ; les procureurs du roi doivent poursuivre ce délit, qui consiste dans la demande de l’abjuration, et dans le refus de sépulture, pag. 134 et suiv., et 282 ; le clergé emploie deux poids et deux mesures dans sa conduite envers les comédiens ; cette divergence tourne contre lui, par les preuves singulières qu’on en fournit, pag. 159 ; les cardinaux, princes de l’Eglise, sont les protecteurs de nos premiers comédiens, pag. 164 ; l’abbé Perrin est lui-même directeur de l’Opéra de Paris, pag. 167 ; les papes, chefs de l’Eglise, instituent des théâtres de leurs propres deniers, et les organisent, pag. 168 ; les cordeliers, les capucins, les augustins, tous prêtres de l’Eglise romaine, présentent des placets aux comédiens, pour en obtenir des aumônes, et ils promettent de prier Dieu pour le succès de leur troupe, qu’ils ont la politesse de nommer chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés ne sont point soumis aux anathèmes de l’Eglise, et les prêtres qui les leur appliqueraient devraient être, selon les lois ecclésiastiques, suspendus de leurs fonctions, pag. 182 ; processions, messes et autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, qui sont remplies d’obscénités et de scandales, et bien plus nuisibles à la religion que les comédies, pag. 201 ; élection des archevêques et évêques des fous, dans les orgies des diacres et sous-diacres, pag. 280 ; le clergé en habits de mascarade et de théâtre, pag. […] Boudins et saucisses, mangés sur les autels, pendant ces orgies, les encensoirs profanés, par de vieilles savates que le clergé y brûle, au lieu de parfum, pag. 282 ; les diacres et sous-diacres jouaient aux dés et aux cartes sur les autels, pag. […] Comediens, chez les Grecs et les Romains, pag. 1 ; en France, pag. 63 ; prennent leur origine dans les confrères de la Passion de N.S.J.C., société de pèlerins qui s’était réunie pour jouer les saints mystères, pag. 85 ; obtiennent en 1402 des lettres patentes de Charles VI, pag. 90 ; et de François 1er en 1518, pag. 94 ; sont obligés par arrêt du parlement de Paris, de 1548, de ne plus établir leurs comédies que sur des sujets profanes, pag. 101 ; succèdent entièrement aux confrères de la Passion, pag. 103 ; obtiennent des privilèges, p. 107 ; leurs pièces soumises aux procureurs du roi, pag. 108 ; ils sont admis au Louvre et protégés du roi Louis XIV, pag. 112 ; la législation change en leur faveur, pag. 114 ; jouissaient à l’exclusion des autres classes du privilège de conserver leur noblesse, pag. 116 ; leurs droits comme citoyens dans l’Etat, pag. 125 ; leur profession étant instituée et protégée par les lois civiles et les diplômes du prince, ils n’en sont plus comptables au clergé, pag. 131 ; l’abjuration que le clergé exige de leur profession, ainsi que le refus de sépulture, qu’il leur fait à leur décès, sont des délits que les procureurs du Roi doivent poursuivre devant les tribunaux, pag. 134 et 282 ; ils font l’aumône aux cordeliers, aux capucins, aux augustins, qui la leur demandent par placet, et qui promettent de prier Dieu pour leur chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés, le clergé ne peut leur faire l’application des anathèmes, pag. 182 ; saints et saintes honorés par l’Eglise romaine, et qui ont été comediens, pag. 193 ; piété et bienfaisance de Beauchâteau comédien, pag. 365*.
Aujourd’hui, je n’exagère pas en affirmant qu’on en joue, par année, plus de huit cents ; ce qui suppose une facture de plus de huit mille ; car les directeurs en agréent tout au plus une sur cent. […] Les demoiselles gardaient la maison quand on jouait le Cocu imaginaire. […] voilà ces grands jugeurs, modernes Cyclopes, queis collo fistula pendet ; qui vont, armés de clefs forées, siffler l’ouvrage d’autrui, pour faire jouer le leur, et qui, s’ils le pouvaient, feraient ronfler du canon au parterre : car, pourvu que l’on vive, qu’importe l’existence d’autrui, la jouissance de l’homme tranquille et le progrès du bon goût !
Je me rendis facilement à ces raisons ; je crus qu’il ne serait plus parlé ni de la Lettre ni des Réponses ; et sans m’intéresser davantage dans le parti des comédies ni des tragédies, je me résolus de leur laisser jouer à leur aise celles qu’ils nous donnent tous les jours avec Desmarets et les Jésuites. […] La même année, Des Fontaines fit jouer la vraie suite du Cid.
, et nonobstant la clameur universelle de tous les prédicateurs de Paris, lesquels continuent encore journellement de s’en plaindre, mais en vain, n’ayant pu pour tout obtenir sinon une défense de jouer durant une année, pour recommencer au bout de l’an plus que devant. […] , s’il en hante moins de berlans, vu que la salle de ce maudit hôtel de Bourgogne, lorsque l’on y joue est toute pleine de berlans et de joueurs de cartes et de dés, et outre cela les fossés de Paris ne laissent pas d’être remplis de tireurs de arquebuses et d’arcs, de joueurs de quilles, de courte-boullej, de cartes et de dés, sans aucun châtiment du Magistrat.
Vous auriez représenté au Parlement avec autant de patriotisme & de désintéressement, que vous représentez sur le théatre ; ils auroient vu siéger le bon citoyen avec le même plaisir qu’ils voient jouer l’acteur excellent. […] en arrivant joua la Prude, & mit de la dignité dans ses faveurs ; elle a deux sortes d’amans, elle a des égards pour la majesté de la magistrature, qui voudroit le persuader au public. […] il a fait ailleurs le même badinage ; en arrivant dans une ville, il va trouver le premier acteur, ou actrice, lui demande son rôle, & deux heures après monte sur le théatre, & le joue ; c’est le plus excellent pantomime, il contrefait tout le monde, avec la plus grande facilite. […] Ses deux Vicaires qui confessoient aussi, & l’avoient imité subirent le même sort, les actrices triompherent, la piece fut jouée avec encore plus d’éclat ; il y eut bal, on dansa toute la nuit, on y fit toutes sortes de folies. […] Enchanté de sa maîtresse, il demanda à sa mere ce qu’elle en pensoit : elle est à merveille, répondit cette mere, elle joue avec beaucoup de vérité, un premier rôle lui sied bien.
Ils ne faisoient jouer les passions que pour les guérir ; nous ne cherchons qu’à les animer. […] Amædeus Guimenius, que les Curés de Paris n’accuserent pas de rigorisme, parle de la comédie, & de la facilité des Jésuites à la faire jouer chez eux, de peccat. prop. […] Il décide, 1.° que les Magistrats ne peuvent tolérer les Comédiens que comme en certaines villes on tolere les femmes publiques ; 2.° que quand on n’y va que par simple curiosité, & moralement certain qu’on ne risque point de consentir à quelque mauvaise pensée, on peut ne pécher que véniellement, sans quoi on pèche mortellement ; 3.° enfin qu’on peut donner de l’argent à l’entrée quand les Acteurs sont déterminés à jouer, parce qu’alors on n’en est pas la cause, mais qu’on ne pourroit pas sans péché mortel les appeler chez soi ou dans une ville, faire marché avec eux, en un mot les faire jouer : Indubitatum est eos qui antecedenter conveniunt cum Histrionibus peccare mortaliter. Quoique sans doute ceux qui forment, qui appellent des troupes, ou quelque Acteur en particulier, ceux qui les font venir, jouer chez eux, soient incomparablement plus coupables, puisqu’ils sont cause de la représentation, les spectateurs qui payent à l’entrée d’un spectacle formé sans eux, ne sont pas innocens, puisqu’ils contribuent à son entretien. […] 3.° Ceux qui n’y iroient & ne payeroient que quand on joue des pieces pieuses, comme aux Collèges, ne seroient pas répréhensibles.
Mais l’expérience apprit bientôt que sous prétexte d’édifier les peuples en les instruisant, on jouait Dieu et les Saints. […] . « Ne sera loisible aux Fidèles d’assister aux Comédies et autres Jeux joués en public ou en particulier, vu que de tout temps cela a été défendu entre les Chrétiens comme apportant corruption de bonnes mœurs, mais surtout quand l’Ecriture Sainte y est profanée ; néanmoins quand en un Collège il sera trouvé utile à la Jeunesse de représenter quelque Histoire, on le pourra tolérer, pourvu qu’elle ne soit tirée de l’Ecriture Sainte, qui n’est baillée pour être jouée, mais purement prêchée. […] Sera-t-il dit que les adorables paroles soient le sujet d’un divertissement si profane ; qu’on joue indifféremment ou Molière, ou l’Ecriture ; que des bouches si souvent profanées par des chansons et des paroles lascives, prononcent les oracles de Dieu, et que les actions des Saints soient représentées par des Acteurs de Sganarelle. […] » Il suit de tout cela, que quand même il se trouverait des Poètes qui auraient les lumières d’un saint Ephrem, d’un saint Ambroise, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Paulin ou des autres Poètes qui ont eu l’esprit de Dieu, et qu’on pourrait faire des pièces où l’Ecriture conserverait toute sa force et toute sa pureté, ce serait la profaner que de la mettre dans la bouche des Comédiens et des Comédiennes, pour être jouée dans un lieu destiné au divertissement. […] Car outre qu’Origène nous a dit qu’il ne faut s’en nourrir que dans les lieux saints, « In loco sancto edi jubentur », le Prophète Jérémie qui regarde les divines paroles comme « la nourriture de son âme et la joie de son cœur », ajoute d’abord après, que la parole de Dieu lui a appris à ne pas s’asseoir avec ceux qui jouent Jerem[ie]. 15. 17.
Ces cas ne sont pas moins singuliers que le rôle qu’il joue. […] J’avoue qu’un faiseur de farces n’est pas obligé de savoir l’Ecriture & les canons ; mais il doit avoir la prudence de ne point parler de ce qu’il ignore, & de ne pas se jouer de la religion qu’il professe. […] Il trouve de l’esprit à lui faire faire un sermon ridicule qu’il conclud, par faire jouer toute son artillerie & tuer l’ame du Roi Louis & telle du Roi Philippe en ricochet. […] Là-dessus il rapporte l’autorité du Chancelier de l’Hôpital, qui loue Louis XII de prendre plaisir à voir jouer farces & comédies, même celles qui étoient jouées en grande licence, que lui Chancelier auroit dû défendre. Jamais les farces jouées en grande licence ont-elles dû être permises ?
Il y joua quelques roles : mais il étoit mauvais acteur. […] Cent autres pieces italiennes plus régulieres ont fait oublier les siennes, qu’on ne joue plus. […] Et tous les jours un acteur débauché ne joue-t-il pas le Grand-Prêtre Joab, une actrice la pieuse Esther ? […] Il y faisoit jouer, il y jouoit lui-même ses comédies, quoique acteur & auteur très-mediocre. […] Il le fit représenter à la cour, & peut-être y joua quelque rôle.
Le Théatre joua le plus grand rôle. […] Cette seconde comédie fut assez mal jouée, la Cour n’y applaudit pas : mais on ne siffle pas les princesses. […] C’étoit jouer la comédie en France & en Westphalie. […] Cet appartement servoit à jouer des comédies réelles : les violons, les acteurs, les danseurs donnoient le spectacle aux Duchesses. […] Cet académicien, poëte chrétien qui a joué plusieurs rôles, l’alla voir dans son exil.
Mobile de la plupart des institutions qui ont eu pour but d’influer sur le cœur humain, la religion joua un grand rôle dans l’établissement du théâtre en France. Ce furent les confrères de la Passion qui les premiers, en 1402, élevèrent un spectacle public où ils jouaient, les jours de fête, les Mystères de la Passion, auxquels ils mêlèrent plus tard les plus basses plaisanteries, pour égayer les spectateurs et réveiller leur curiosité.
Elles firent pourtant tomber le Misantrope, qu’on ne joue guere. […] Melpomene & Thalie jouent un grand rôle dans un joli discours couronné & imprimé. […] Telles sont les vertus dignes d’admiration, que le Prélat, Comédien autant que Philosophe (c’est à peu-près la même chose) joue sur le théatre des vertus épiscopales. […] Ce sont de grands acteurs qui pleins de leur rôle le jouent avec plus d’action & de feu. […] Son irréligion scandaleuse sous le nom de Tartuffe & sous l’idée d’un revenant, joue la piété & les gens pieux.
Les théatres de société multipliés à l’infini, les passions des Acteurs & des Actrices (c’est-à-dire des enfans de famille qui jouent) ; très-applaudies, satisfaites décemment, parce qu’elles sont couvertes du voile du rôle (jolie décence !) […] Leur emploi est de régler les concerts, d’apprendre à leurs élèves à jouer des instrumens, & fournir de nouveaux airs aux Reines & aux Princesses, car chacune à sa troupe. […] L’Empereur en est si épris, qu’une piece bien jouée a souvent valu aux Actrices une place parmi les Reines. […] La Cour goûta extrêmement une de ces comédies où un mari & une sotte épouse, qui s’aimoient de bonne foi, sans prendre les précautions décentes pour cacher cette foiblesse, avoient été joués ainsi qu’il est convenable. […] A force de protection j’obtins qu’on la jouât.
On apprend l’adultère en le voyant jouer : « Adulterium discitur dum videtur. » Le vice est moins redouté par le crédit de l’autorité publique, qui en tolère l’image. […] non seulement il blâme en général le théâtre, mais il condamne en détail chacun des ressorts que les passions font jouer dans cette machine funeste, la danse, les chants efféminés, les masques, les parures excessives, les nudités des Actrices, l’appas, la facilité, les pièges offerts à la jeunesse et à tous les spectateurs. […] Que sera-ce d’être Acteur soi-même, de former avec ses amis des troupes pour jouer la comédie ? […] Les vices des hommes et l’instigation du démon ont inventé le théâtre, les passions et l’idolâtrie se sont combinées pour y jouer les crimes : « Hominum vitiis et dæmonum jussis institutæ. » L’une des deux suffirait pour le faire détester, toutes les deux réunies le rendent abominable au Chrétien. […] Si la comédie est une œuvre de piété, je ne m’y oppose plus ; mais s’il l’a en horreur, si le démon en fait ses délices, « Deus horret et execratur, in his partus diaboli et offensio Dei », pouvons-nous, contre nos lumières, nous jouer de la divine Majesté par les honneurs que nous rendons au démon ?
Si nos pièces avaient été composées de leur temps, qu’aurait-on eu à y changer ou ajouter pour les jouer ? […] Sa tête est ceinte de plusieurs diadèmes ; elle joue toutes les Reines et les Princesses de la terre, elle porte à sa main une coupe pleine de volupté, qu’elle fait boire à tout le monde ; une foule de beaux esprits, enivrés de ses attraits, s’épuisent pour assaisonner et faire goûter le breuvage empoisonné, par tout ce qu’ils peuvent imaginer de plus séduisant. […] Ces rôles font rire dans le plus sérieux tragique, lorsqu’on les voit joués par nos Actrices. […] Des Pèlerins plus aguerris, plus enthousiasmés, plus charlatans que d’autres, en furent les héros : « Jouaient les Saints, la Vierge et Dieu par piété », dit Boileau.
C'étaient des enfants de chœur qui chassaient les chanoines de leurs stalles pour faire l'office à leur place, qui s'habillaient en Evêque et donnaient des bénédictions ; des gens qui menaient à l'Eglise un âne vêtu d'une chape, et chantaient des hymnes en son honneur, des chansons bachiques, des postures grotesques, des mascarades hideuses, des repas sur l'autel, et partout la comédie, dans l'Eglise, où l'on dressait le théâtre pour la jouer. […] , non seulement dans les rôles très fréquents de fol, de sot, d'ivrogne, de dupe, de fat, etc. mais dans tous, puisqu'on ne joue que les folies humaines, la fureur, l'avarice, la jalousie, la fraude, la méchanceté, la misanthropie, etc. ou plutôt les vices qui sont pire que la folie, puisqu'ils damnent. […] Dans cette troupe de Comédiens on n'aurait qu'à choisir et combiner les diverses espèces de folie, on ferait aisément une pièce régulière : voilà des Acteurs tout formés qui joueraient d'après nature. […] Rien de tout cela chez les Juifs, il n'y avait ni gavotte, ni pavanne, ni pas de trois, ni bal, ni ballet, etc. on ne connaissait ni maître à danser, ni livre de chorégraphie ; ce n'était que des sauts et des bonds, des courses ajustées, il est vrai, assez grossièrement à la mesure de quelque air que tout le monde bat naturellement, ou joué par quelque instrument, ou chanté par des voix humaines, mais sans ordre, sans liaison, sans dessein, tout au plus des danses en rond, que les femmes faisaient d'un côté, et les hommes de l'autre.
Le Parlement de Paris permit, par Arrêt du 9 Novembre 1543, aux Confrères de la Passiona (c’étoient nos premiers Comédiens) de s’établir dans l’ancien Hôtel des Ducs de Bourgogne qu’ils avoient acheté, & d’y avoir un théâtre, à condition de n’y jouer que des sujets profanes, licites & honnêtes, & leur fit de très-expresses défenses d’y représenter aucun mystère de la Passion, ni autres mystères sacrés. […] Déclaration de Louis XIII, Concernant les pièces jouées par les Comédiens, Du 4 Avril 1641. […] Les Comédiens Italiens jouissoient autrefois du privilége exclusif de jouer pendant la semaine du Carême, dite de la Passion.
Elles n’en ont pas moins reçu les atteintes ; comme les vrais dévots, qu’il ne voulait pas jouer non plus, ont ressenti huit ans plus tard les pointes mortelles du Tartufe : cela suffit à ma thèse. […] … On pourrait alors, sans craindre d’exciter le courroux de personne et de s’attirer d’amers reproches, ou des réfutations passionnées et aveuglément injurieuses, dire des ouvrages ou des tableaux pleins de vérités qui n’étaient pas bonnes à jouer de ce peintre incomparable, que c’est en effet leur malice, leur esprit ou leur gaîté, qui fait plaisir et qu’on applaudit, que c’est leur bon effet de faire rire qui empêche aujourd’hui d’en voir les mauvais, comme il a empêché autrefois de les prévoir. […] Cette manie est telle qu’on peut, qui plus est, remarquer souvent sur la physionomie d’un homme oisif et sans compagnie, qu’il a appréhendé mentalement quelque sujet ridicule qu’il joue, dont il s’amuse tout seul. […] Ce concours avait opéré le renversement de l’ancienne constitution morale, que les philosophes à qui on l’impute jouaient encore à Colin-Maillard. […] La plus forte preuve qu’une verve irrésistible entraînait notre premier poète comique, et ne lui laissait pas toute liberté de réflexion et de jugement, c’est qu’il n’a pas pu s’apercevoir, avant de composer la comédie du Misantrope, qu’il donnait personnellement le plus sensible exemple de misantropie ; qu’il avait lui-même le caractère qu’il allait jouer, qu’Alceste suivait ses traces, et ne les suivait même que de loin.
C’est une réponse au pamphlet publié la même année par un calviniste anonyme, Récit touchant la comédie jouée par les jésuites et leurs disciples en la ville de Lyon, au mois d’août de l’an 1607.
que la comédie partage avec Dieu et avec l’office divin les jours de dimanche ; et l’autre où il abandonne à ce divertissement même « le temps de carême : encore, continue-t-il, que ce soit un temps consacré à la pénitence, un temps de larmes et de douleurs pour les chrétiens ; un temps, où, pour me servir des termes de l’écriture, la musique doit être importune, et auquel le spectacle et la comédie paraissent peu propres, et devraient ce semble être défendus. » Malgré toutes ces raisons, qu’il semble n’avoir proposées que pour passer par-dessus, malgré le texte de l’écriture dont il les soutient, il autorise l’abus de jouer les comédies durant ce saint temps.
Les Simphonies qu’on joue actuellement dans les entre-Actes, loin de fixer l’attention sur le Drame qui occupe la Scène, ainsi que le soutient le grand Corneille, dissipent tout-à-fait le Spectateur, parce qu’elles n’ont aucun rapport avec l’action du Poème representé. Il est vrai que depuis peu on a l’attention, ainsi que nous l’avons remarqué plus haut(72), de jouer aux Français, dans les entre-Actes, des morceaux de musique dont le genre est à peu près semblable à celui de la Pièce représentée.
Mais parlons mieux, comme les spectateurs sont cause que les Comédiens jouent ; ce sont eux aussi qui se chargent de répondre devant Dieu de leur péché. Car ils ne joueraient pas s’ils n’avaient point de spectateurs.
Tu appelles commencement plus de trois ou quatre heures après avoir commencé : car si tu n’as été informé à faux, ou si de Lyon allant à Genève tu n’as perdu la mémoire, tu te souviendras, que ces éclairs et pétarades artificielles donnèrent commencement à l’action du second jour, pour représenter la générale déflagration du monde, et que depuis l’on joua paisiblement, au moins quatre grosses heures. […] Même l’on joua un bon quart d’heure la pluie tombant doucement, sans que pour cela ni les spectateurs, ni les acteurs fissent semblant de quitter leur place. […] Mais où avais-tu l’âme, ô cyclope dénaturé, quand tu as écrit, que celui qui contrefaisait Dieu, et celui qui jouait le personnage de Lucifer ont été emportés de maladie pour s’être trop échauffés ? […] J’ajoute que celui qui jouait Lucifer a pour nom Simon Vannerot, et que tous deux sont honnêtes enfants de belle expectation, jouissant encore aujourd’hui d’une pleine santé, sans avoir été ni peu ni prou atteints de maladie : de quoi te feront foi tes yeux et tes oreilles, si pour voir la laideur de tes mensonges il te prend fantaisie de t’en venir informer en cette ville. […] Mais en ce faisant il ne jouait pas une comédie.
Si on dit que les Grecs et les Romains le permettaient, je réponds que c’était par superstition pour leurs Dieux ; mais les plus sages les ont toujours blâmés, car quoique les tragédies corrompent moins, Solon ayant vu jouer une tragédie de Thespis, le trouva fort mauvais. […] Avant le jeu se passe le temps en devis impudiques, jeux de dés, gourmandises, ivrogneries, querelles, etc. » L’historien Matthieu, pour faire sa cour à Henri III, composa la Guisiade, mauvaise pièce dans le goût du temps, où il jouait le Cardinal et le Duc de Guise, que ce Prince n’aimait pas, et qu’il fit mourir. […] 129.), rapporte que ces deux Princes dînant un jour en public à Ausbourg, des Luthériens déguisés en Comédiens vinrent dans la salle offrir de jouer une farce pour les divertir. […] Pendant deux ans de règne il remplit Rome d’Histrions, de danseurs, de chanteurs ; il obligeait tout le monde, jusqu’aux Sénateurs, de venir à la comédie, et souvent d’y jouer. […] Il disait à ses amis assemblés autour de son lit : Ai-je bien joué mon personnage sur le théâtre de la vie ?
» Par exemple, un Acteur joue Jephté, Polyeucte, une Actrice joue Suzanne, Esther, etc. « Majestas violatur, Divinitas construpatur. […] Sera-t-il agréable à Dieu, cet Acteur efféminé, sans cesse occupé à se raser et à se farder, pour se donner des grâces, comme Iris et Bacchus, cet athlète qui se laisse souffleter, comme si pour se jouer du précepte du Seigneur, le démon ordonnait de tendre la joue à celui qui nous frappe ? […] Lorsque dans l'exorcisme on reprochait à l'esprit immonde d'avoir osé attaquer une Chrétienne, j'en ai le droit, répondit-il, je l'ai trouvée chez moi : « Justissime feci, in meo eam inveni. » Une autre femme vit en songe un suaire, et s'entendit reprocher le nom de l'Acteur qu'elle était allé voir jouer la nuit même qui suivit la comédie.
Je ne suis non plus d’avis de jouer publiquement la Comédie sur échafauds laquelle [selon l’opinion de quelques-uns] fut premièrement inventée en SicileComedie non recevable totalement. […] Un jour on jouait quelque farce, en laquelle une putain s’abandonnait publiquement : et comme [selon que son rolet le portait] elle se découvrît déjà pour montrer ses parties honteuses, voyant entrerCato Censorius. […] Pour autant que les anciens Romains estimaient, que le métier de jouer ces jeux, et toute la scène était chose infame, ont voulu, que telle manière de gens non seulement fût privée de l’honneur des autres citoyens, et du droit de bourgeoisie : mais aussi que par la note et répréhension du Censeur elle fût ôtée de la tribu, ou du nombre de ceux, qui étaient enrôlés chacun en son cartier ou canton. […] Car entre les déshonneurs qu’on reprochait aux Athéniens, on leur mettait premièrement devant leurs yeux qu’ils dépendaient beaucoup plus à faire jouer leurs Comédies, et Fables Palliates, qu’és plus grosses et urgentes guerres qu’ils fissent. […] Atellanes, ainsi dites de ce mot Atella, ville de la Campagne, où elles furent premièrement jouées.
Les Confréres de la Passion ne pouvant plus jouer leurs piéces, céderent la place à d’autres Comédiens, qu’on nomma, enfans sans souci. […] Celui-ci, fit défense à ces sans souci, de jouer leurs comédies, ni faire assemblée en quelque lieu que ce soit . […] Le Mercredi, 26 juin, la Cour assemblée, fit défense aux Gilosi, de plus jouer leurs Comédies, parce qu’elles n’enseignoient que Paillardises. […] Que fait un Acteur, lorsqu’il veut naturellement jouer une passion, que de rappeller, autant qu’il peut, celles qu’il a ressenties ? […] En un mot, comme il est démontré pag. 34, les Comédiens péchent mortellement, chaque fois qu’ils jouent leur rôle.
L’Astrologue Joué.
Entr’autres pourquoi, j’avais demandé si c’est parcequ’on y joue Tartuffe qu’il fallait proscrire le théâtre : vous répondez que c’est parcequ’on joue Joconde et le mari à bonnes fortunes, « pièces qu’une fille chaste ne peut, dites-vous, entendre sans rougir. » Je ne sais, Monsieur, si vous avez assisté à la représentation des pièces dont vous parlez ; mais ce que je sais bien, et ce que savent toutes les mères de famille, c’est que de jeunes personnes apprennent la musique de Joconde ou de toute autre pièce, sans donner beaucoup d’attention aux paroles ; et pour qu’elles fussent capables d’en faire l’application, il leur faudrait une expérience, que vous avez sans doute, mais que n’ont point l’innocence et la candeur. J’avais invoqué les autorités religieuses, et vous ne contestez point que des cardinaux et des Jésuites aient composé des pièces de théâtre ; mais, quoique celles dont j’ai parlé, aient été représentées dans des maisons d’éducation et par conséquent devant des ecclésiastiques respectables et fort instruits, ce qu’on ne rencontre pas partout, vous répondez « le clergé ne s’abuse pas au point de croire que chacun de ses membres soit une divinité infaillible. » Je reconnais avec vous qu’il serait plus que. ridicule de croire à la divinité du clergé ; cependant un Pape est infaillible, du moins en bon catholique vous devez le penser : or, j’ai cité le Pape Léon X, qui faisait jouer des pièces de théâtre dans son palais, et vous avez glissé sur cette citation….
Ceci me confirme dans le sentiment où je suis que la Comédie ancienne ne se jouait chez les prémiers Peuples que sous des branches & des berceaux d’arbres. […] Les personnages des Pièces jouées sur le nouveau Théâtre, entrent & sortent au gré de leurs caprices ; nous avons vû même quelques-uns de ses Auteurs démentir les belles choses qu’ils avançaient dans leurs ouvrages : il me semble, par éxemple, que la marche des Scènes de la Bergère des Alpes, est répréhensible, elle contredit tout ce que j’ai écrit dans ce Chapitre ; tandis que l’Auteur de ce Drame nous a donné des leçons sur la Comédie & la Tragédie, à peu-près pareilles aux sentimens que j’ose proposer quand le nouveau spectacle m’en offre l’occasion. […] Cailhava d’Estandouz, jouée en 1766.
pour l’hist. de ce Théâtre, les Noms de ses Auteurs, de ses principaux Acteurs, le Catalogue des Pièces qu’on y joue, ses Priviléges & ses Règlemens, le Calendrier des Spectacles, en particulier l’année 1754 ; & l’Etat actuel de la Musique du Roi.
On ne joue point la Comédie pour une seule personne : c'est un spectacle qu'on expose à toutes sortes d'esprits, dont la plupart sont faibles et corrompus, et à qui par conséquent il est extrêmement dangereux.
On ne joue point la Comédie pour une seule personne : c'est un spectacle que l'on expose à toutes sortes d'esprits, dont la plupart sont faibles et corrompus, et à qui par conséquent il est extrêmement dangereux.
Page 52 Les comédiens ne sont pas dans le monde les seuls qui jouent la comédie. […] Page 107 Opinion de M. de Sénancourt sur les détails insérés dans le livre des Comédiens et du Clergé, concernant les prêtres qui jouèrent la comédie. […] Page 117 Du concile de Carthage, qui défend aux ecclésiastiques de jouer la comédie. […] Page 190 Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper d’anathème les comédiens, que ce sont les prêtres qui ont créé les comédiens du troisième âge et qui ont joué eux-mêmes la comédie.
Quand il assure, page 54 et 55, « que les Comédiens qui jouent tous les jours ne pèchent point, parce que étant dévoués au public, c’est moins pour leur divertissement qu’ils jouent, que pour celui des autres, et qu’ils peuvent jouer tous les jours, parce que tous les jours il se peut trouver des particuliers qui veulent prendre une recréation modérée ». […] Qu’il soit convaincu qu’appeler la Comédie moins une Ecole du vice que de la vertu ; c’est une proposition téméraire, scandaleuse et qui blesse les oreilles pieuses : Qu’il a insulté aux saints Décrets en déclarant que les Comédiens pouvaient en sûreté de conscience jouer tous les jours sans excepter les plus solennels, pourvu que quelques personnes voulussent avoir le plaisir de la Comédie.
Mais quand ce saint Docteur parle de la comédie, telle que les Conciles & les Peres l’ont condamnée, & qu’on la représente aujourd’hui, je veux dire de ces piéces comiques & bouffonnes qu’on joue sur le théatre, où par mille artifices séduisans on excite les passions les plus déreglées, il la condamne formellement aussi. […] Il y a des comédiens dans toutes les Cours : dans Rome même qui est le premier siége de la Religion Chrétienne, on joue publiquement la comédie. […] On ne représente rien sur le théatre aujourd’hui, dites-vous, qui puisse blesser tant soi peu la bienséance & la pudeur ; cela peut être : mais ce qui est constant, est qu’on y dit au moins bien des choses qui y donnent de fâcheuses atteintes ; & la seule façon de représenter ce que l’on y joue, quelqu’honnête qu’on le suppose, est un grand sujet de scandale. […] Il a plû aux Peres assemblés au nom du saint Esprit, de séparer de leur communion tout les gens de théatre, pendant tout le tems qu’ils continuent de jouer. […] Mais encore, qu’ont-ils donc de si odieux, pour mériter tous ces anathêmes lorsqu’ils ne disent & ne jouent rien de mauvais, comme on le suppose ?
Les pieces que ces jeunes seigneur jouent sont en langue polonoise : elle est harmonieuse pour leurs oreilles, & coulante pour leur gosier. […] La comédie est une quatrieme puissance copartageante, la plus puissante de toutes, qui envahit tout ; elle a transformé la sale des séances en sale de spectacle, où de nouveaux acteurs traiteront les plus grandes affaires, & joueront mieux leurs rôles que les premiers. […] Le religieux prince Salskouvski a plus fait, il a bâti à Varsovie trois Brelans où l’on donne à jouer au public. […] Il y a en France un pareil impôt sur les cartes à jouer, en faveur de l’Ecole Militaire : mais jamais en France le Prince n’a tenu de brelan : ils y sont au contraire sévérement défendus. […] Dans la Pologne, & dans les camps qu’on a formés aux environs, pour faire la revue des troupes, & exercer le soldat aux diverses manœuvres, on a eu grand soin d’y donner le bal & la comédie ; on y a fait venir des troupes de danseurs, d’acteurs & de musiciens allemands, italiens & françois, pour jouer tour à tour, & amuser l’officier & le soldat, qui, pendant le peu de jours que le camp dure, se seroient ennuyés sans doute, s’ils n’avoient eu des actrices.
Tel est encore le caractère des farces qu’on joue toûjours après la piece sérieuse, pour ne pas laisser prescrire les droits de la licence. […] Quelques Princes, qui y sont en grand nombre, ont daigné monter sur le théatre pour jouer, & tailler leur plume pour composer, ce qui fait plus d’honneur au théatre qu’au trône, & qui aparemment n’ira pas loin. […] C’est ici tout comme là : Arlequin dans la lune peut par-tout jouer son rôle. […] Labienus à Rome fut regardé & se regarda comme dégradé, pour avoir joué une fois, à la priere de César, dans une de ses pieces. […] peut-il citer avec tant d’éloge une nation qui n’a jamais admis de femme sur le théatre pour y jouer aucun rôle, ni permis aux femmes de venir au spectacle ?
On voit des femmes et des Filles si entêtées, et si passionnées du jeu, qu’elles n’ont que cela dans l’esprit, elles en perdent le boire et le manger, et passent en cet excès les jours et les nuits, sans se mettre en peine de s’acquitter de leurs devoirs essentiels ; elle négligent même leurs prières, et souvent perdent la Messe les Fêtes et le Dimanches ; on les voit toujours occupées de leur perte ou de leur gain, du lieu où elles iront jouer, où l’on tiendra table ouverte, et où l’on s’assemblera ; enfin, elles sont si souvent dans l’exercice du jeu, qu’elles courent risque de mourir les cartes à la main ; jusques là même que j’ai ouï dire, qu’une femme de qualité étant en couche, demandait sans cesse à sa garde, quand elle pourrait jouer, ne s’affligeant d’autre chose, que de ce que ses Médecins ne lui permettaient pas de battre des cartes, ou de remuer des dés. […] On dit dans le monde que l’on joue pour tuer le temps ; est-ce là, je vous prie, un langage Chrétien ? […] Augustin : la raison qu’il en apporte, c’est, que ceux qui vont à la comédie, contribuent et participent au péché de ceux qui la jouent. […] , parce que vous avez joué des mains et des pieds, et que vous avez par là épanché et répandu vos cœurs : j’étendrai ma main dessus vous, et vous ferai mourir.
51.) va plus loin ; il défend à tout le monde de regarder, à plus forte raison de jouer la comédie, puisque ceux qui la jouent, non seulement la regardent, mais la font regarder, sous peine de déposition, s’il est ecclésiastique, d’excommunication, s’il est laïque : « Prohibet Mimos et eorum spectacula perspici ; si secus fecerit, clericus deponatur, laicus segregetur. » Le troisième concile de Carthage de l’an 397 (Can. […] Laurent, plus zélés pour les pauvres, offrirent de donner sans abonnement, sans déduction des frais, le sixième de leur entière recette, si l’on voulait leur permettre de jouer de petites pièces ; ce qui forma la matière d’un grand procès avec la Comédie Française, lequel dura plusieurs années, occasionna bien des arrêts, et ne fut enfin terminé que lorsque abandonnant (par charité) l’intérêt des pauvres, les Acteurs forains traitèrent avec la Comédie Française, et en obtinrent la permission de représenter de petites pièces, qu’ils achetèrent très chèrement. […] Ils disaient qu’ils n’étaient ni Comédiens, mais simples farceurs ; ni Français, mais un ramassis de toutes les nations ; ni établis dans Paris, mais une Troupe errante, qui campait sous des tentes pendant la foire ; qu’ils ne jouaient point de pièces régulières, mais des fragments et des scènes détachées ; que la foire avait joui de temps immémorial de la liberté des spectacles, comme d’une branche de commerce ; et que les Comédiens n’ayant point de lettres patentes, mais un simple brevet non enregistré, ils n’étaient pas personnes capables d’ester à droit et de faire des poursuites légales (comme M. l’Avocat général en convenait). […] Petite pluie abat grand vent : une somme d’argent a terminé cet importance affaire, on joue à la Foire de petites pièces toutes entières, et les Comédiens ne verbalisent plus, on les a rendu taisantsq.
Rien de tout cela n’a réussi : la tragedie très médiore n’a plus été jouée : la farce de Guerin tomba dès la premiere representation. […] Psiché qui avoit du goût & du génie ne se contenta pas de la mithologie, dont on ui joua les fables, elle voulut de l’histoire. […] Elle fut obéie à l’instant : la troupe des Nimphes qui la servoit, avoit une facilité admirable pour composer in-promptu, & jouer parfaitement toute sorte de roles. […] Les compagnies du grand monde ne sont que des théatres ; les habits, les dorures des décorations ; les femmes qui y brillent, des actrices qui jouent, en masque, tous les rôles de la coquetterie & de la passion, jusques tous le vermillon de la pruderie, derriere les barrieres de la fierté, & avec les amorces du réfus, & le vernis de l’honneur. […] Ce principe de la morale naturelle a été connu de tous les âges, de tous les sexes, de tous les états, des poëtes même qui s’en sont joués par leurs obscénités.
Sa réponse fut toujours qu’elle seroit honorée de jouer dans cette belle pièce, quelque rôle qu’elle fît. On lui donna enfin celui qui lui alloit le mieux, & la pièce ne fut point jouée.
C’est au Spectateur à se déplacer, non au Spectacle ; & c’est la réflexion que tous les Acteurs devraient faire, toutes les fois qu’ils vont jouer ; on ne verrait point César en perruque quarrée, ni Ulysse sortir tout poudré du milieu des flots.
Cependant je crains bien qu’aux yeux des spectateurs, sa grandeur d’âme ne diminue beaucoup l’atrocité de ses crimes, et qu’une pareille pièce, jouée devant des gens en état de choisir, ne fît plus de Mahomet que de Zopire. […] Ainsi, voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l’homme aimable, de l’homme de société, après avoir joué tant d’autres ridicules, il lui restait à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu : et c’est ce qu’il a fait dans son Misanthrope. […] C’est une chose incroyable, qu’avec l’agrément de la police, on joue publiquement au milieu de Paris une comédie, où, dans l’appartement d’un oncle qu’on vient de voir expirer, son neveu, l’honnête homme de la pièce, s’occupe, avec son digne cortège, de soins que les lois paient de la corde.
L’Auteur répond aussi à la tolérance des Magistrats, qui souffrent les Comédiens, et dit qu’il n’y a qu’à consulter les Registres du Parlement de Paris, où l’on verra comme les Comédiens y sont traités ; qu’on y trouvera plusieurs Arrêts qui leur défendent de jouer, à peine d’amende arbitraire et de punition corporelle, quelques permissions qu’ils eussent impétrées. […] Despreaux a dépeint dans le troisième Chant de l’Art Poétique : « Chez nos dévots Aïeux le Théâtre abhorré, Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré : Des Pèlerins, dit-on, une troupe grossière, En public à Paris y monta la première, Et sottement zélée en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge, et Dieu par pitié. » Le Cardinal Le Moine acheta l’Hôtel de Bourgogne à Paris pour ses dévots Comédiens, à condition qu’ils ne représenteraient que des Pièces pieuses. […] La mort tragique de Molière sur le même Théâtre où il jouait le Malade imaginaire, n’y est pas oubliée. […] Qu’aurait-il juge de nos Opéra, et aurait-il cru moins dangereux de voir des Comédiennes jouer si passionnément le personnage d’Amantes, avec tous les malheureux avantages de leur sexe ?
Mademoiselle Clairon, qui jouait le Rôle d’Ariane avec tant d’âme & de vérité, reçut un jour dans une de nos Provinces méridionales, un applaudissement bien sincère : dans la Scène où Ariane cherche avec sa Confidente quelle peut être sa Rivale, à ce vers, Est-ce Mégisthe, Eglé, qui le rend infidèle ?
Ce n’est pas qu’on y jouât alors comme parmi nous, les passions des jeunes gens : nous avons vu à quel rang on les reléguait ; mais c’est en général, que des pièces d’un si grand mouvement remuaient trop les passions, et qu’elles représentaient des meurtres, des vengeances, des trahisons, et d’autres grands crimes dont ce philosophe ne voulait pas que la jeunesse entendît seulement parler, bien loin de les voir si vivement représentés et comme réalisés sur le théâtre.
Ils apprenoient à respecter le lien conjugal, à ne pas faire un badinage, un mérite, un affaisonnement de volupté de l’infidélité du mari & des femmes, dare jura maritis, à ne point profaner les choses saintes, à ne pas se jouer de la Religion & de ses Ministres, à préferer le bien public à l’intérêt particulier, publica privatis scernere sacra prophanis . […] Ce sage célebre, le plus sage des Grecs, dont la vie & la morale étoient si pures, que quelques auteurs ont voulu en faire un saint ; ce sage si différent des sages modernes, que par sa sagesse il s’attira l’indignation du théatre, dont les autres obtiennent les éloges, & se sont ses défenseur, qui y fut si indignement joué par Aristophane : disgrace que la philosophie de nos jours n’a pas à craindre.
Ainsi un hipocrite n’aura point de retour sur lui-même en voyant jouer Tartufe ? […] Il n’a point de rôle à jouer : il n’est pas Comédien. » Quel effort d’imagination ! […] Vous avez vû jouer Mérope, et; vous demandez des leçons d’humanité ! […] J’ai longtems vu jouer à Paris la Comédie avant d’avoir embrassé l’état de Comédien. […] On joue, on boit, on s’enyvre, on passe les nuits ; tout cela peut être vrai, tout cela peut être exagéré….
Chacune de ces compagnies est une vraie scene, où chaque femme joue son rôle. […] Aucune actrice ne sauroit jouer ces rôles. […] Le theatre n’ignore point un évenement qu’il joue souvent, ce que sur grand nombre d’amans, moins braves qu Hercule, mais aussi sous, les actrices renouvellent par de funestes présens, qui valent bien le poison d’une chemise, & le bucher d’Oëta. […] Horace, Martial, Perse, Juvenal, s’en jouent. […] Les passions en jouent pour ainsi dire au balon.
Il est vrai qu’en revanche pendant leur printemps la vogue est brillante & les profits honnêtes, & qu’elles n’ont pas besoin de l’embarrassant appareil des habits & des décorations ; un héros leur suffit pour jouer la piece entiere. […] Les Actrices elles-mêmes qui jouent le rôle d’Esther dans la tragédie de Racine, imitent-elles sa modestie en la représentant ? […] Mais n’eût-il pas dans le cœur ce qu’il s’étudie de représenter, il doit au moins, pour jouer son rôlle, en arborer le masque, & ce masque est l’anéantissement de la modestie. […] Toute la parure théatrale assortie à son rôle, montée à l’unisson de ses sentiment, ne l’est pas davantage ; elle l’est moins, puisqu’elle met plus vivement sous les yeux les objets qui imitent les sentimens dépravés, qu’elle parle avant qu’on ait ouvert la bouche, après qu’on a cessé de parler, & pendant qu’on s’entretient d’autre chose, elle joue seule son rôle, elle le joue sur la personne même qui la porte. […] La voila cette Actrice portant la scene dans l’Eglise, qui y joue le même rôle que sur le théatre, assise sur l’Autel de son fauteuil, elle prend la place de Dieu, elle étale ses ornemens & ses graces, se présente à l’adoration de tout le monde, attire tous les regards, s’attache tous les cœurs, reçoit tous les hommages ; on ne pense qu’à elle, on n’admire, on ne loue, on n’encense qu’elle, hélas !
Mais il ne m’importe nullement que ce soit ici fiction ou bien réalité : ce qu’il y a de sûr, c’est que si les Prêtres eussent été des gens aussi méprisables que notre Théâtre s’efforce de nous les rendre, Homère et Virgile auraient dû les peindre bien différemment de ce que nous les venons de voir ; ou plutôt, ils les auraient rejetés comme de trop bas personnages pour jouer les premiers rôles dans le Poème Epique. […] En un mot, toute cette pièce est très édifiante : on n’y donne que des leçons de piété, on n’y chante que de saints cantiques ; et on ne la joue point sur un Théâtre public. […] Messire Jean Ministre de Wrotham jure, joue, boit, est un Chevalier d’industrie, un libertin, un voleur de grand chemin. […] Mais se jouer de ce que l’on sait être d’institution divine, ne faire point de cas de ceux qu’on croit les Ministres du Seigneur, et rendre par là son autorité méprisable autant qu’on le peut, ce n’est guère moins que de sommer Dieu et de le défier de montrer sa Toute-puissance, de faire éclater son courroux et de tirer raison de sa souveraineté méprisée. […] Est-ce celui de la Religion burlesquement traitée par l’Athéisme, et des choses les plus respectables, jouées par des bouffons ?
si ce n’est pour jouer le souverain Être, pour en effacer la notion, s’il est possible, et pour en abolir la créance ? […] la Comédie entière devait être jouée par de tels Acteurs. […] C’est ainsi que se soutinrent les fondements d’un édifice scandaleux, que le Temple couvrit la honte de la Comédie, et que la discipline du Gouvernement fut jouée par la superstition. […] La même Pièce qu’on joue à nos yeux se représente après cela dans notre imagination, comme sur une nouvelle Scène dont la première est devenue le modèle. […] On devrait ce me semble, prendre au moins la précaution de s’informer si la Pièce qui se joue est honnête.
Tous les objets qui se présentent à nos yeux peuvent exciter nos passions : donc on peut se préparer des objets exquis et recherchés avec soin, pour les exciter et les rendre plus agréables en les déguisant : on peut conseiller de tels périls ; et les comédies qui en sont d’autant plus remplies qu’elles sont mieux composées et mieux jouées, ne doivent pas être mises « parmi ces mauvais entretiens, par lesquels les bonnes mœurs sont corrompues ».
Elle n’y va que pour les apprendre & les pratiquer ; elle joue la comédie dans sa loge, elle continue à la jouer par-tout. […] Les fleurs jouent encore un grand rôle sur le teint des femmes, soit naturelles, soit artificielles ; distribuées sur leur tête, sur leur sein, sur leurs habits, pour faire, s’il étoit possible, un autre parterre de leur visage, après en avoir fait un de leur parure. […] Une actrice célebre, par plus d’un talent, au moment de la piéce où elle alloit jouer un grand rôle, au lieu de s’en occuper, étoit à sa toilette à se farder, penfant uniquement à relever ses charmes, par tout l’art de la coquetterie ; on lui représenta qu’elle devoit se préparer à jouer son personnage : bon, bon, dit-elle, le premier, le plus important personnage d’une actrice, est de paroître jolie, il fait le prix de tous les autres.
Elle joua trois rôles très-propres au théatre : elle fut la sultane favorite du roi de Pologne, électeur de Saxe, son ambassadrice auprès de Charles XII, & doyenne des religieuses de Quedlimbourg, bénéfice considérable que son amant ajouta fort dévotement aux pensions qu’il lui faisoit : usage des biens ecclésiastiques que les canons n’autorisent pas. […] Il a doublement joué la comédie. […] Mais l’électrice de Saxe ne rioit pas de bon cœur de toutes ces farces : mais elle eut la sagesse de ne pas faire jouer le sifflet. […] Il est surprenant que, dans toutes les guerres que sa famille a eu avec le roi de Suede & le roi de Prusse, qui toutes furent si malheureuses, ce grand guerrier ne soit jamais venu à son secours, & n’y ait joué aucun rôle : mais il n’est pas surprenant que le grand Frederic, ayant pris Dresde, chassé l’Electeur, fait prisonnieres sa femme & ses filles, il ait mené le même jour à la comédie une famille si comédienne. […] La derniere comédie qu’à fait jouer le maréchal de Saxe, la plus difficile & la moins divertissante, a été son oraison funebre, qu’on a jugé à propos d’imprimer.
Vous les avez conduits aux tragédies de Corneille, & de Racine ; ils ont vu jouer Moliere ; mais votre sagesse ne vous a pas permis de leur laisser voir toutes ses comédies. […] On nous donne pour vraisemblable, dans le Maître de déclamation, le dessein qu’à un Marquis d’embrasser la vie comique, & d’aller jouer les valets en province. […] Dans la salle, tous mes voisins s’écrioient d’avance qu’on alloit jouer deux comédies superbes, la Nuit Espagnole & le Trousseau d’Agnès. […] Violento apprend que sa sœur est avec une dame françoise ; il veut voir la françoise qui paroît voilée, ce qui n’empêche pas Violento de concevoir pour elle une grande passion ; elle se retire néanmoins avec l’Olive, qu’elle nomme Finette ; au dernier acte, l’Olive, dans ses vrais habits, vient jouer des airs de mandoline, sous les fenêtres d’Inès, signal convenu pour qu’elle sorte en habit d’homme et soit enlevée. […] Lorsqu’Antoinette d’Autriche arriva en France, on crut qu’il n’y avoit rien de mieux pour lui donner une première idée de notre politesse, que d’envoyer jouer devant elle, sur sa route, les acteurs de l’Ambigu-Comique.
Il faut par conséquent que Mercure soit le R.P. de la Chaise, le personnage que l’on fait jouer à ce faux Dieu ne pouvant convenir qu’à sa Révérence.
Il ignore que ces deux mots qu’il me fait un crime d’avoir accolés, se sont eux-mêmes autrefois associés, car ils désignent ceux qui, à différentes époques, jouaient également la comédie, ainsi que je l’ai démontré dans l’ouvrage que j’ai fait imprimer.
Il n’est ni de mon objet ni de ma compétence d’examiner ce systême destructeur ; je me borne à la part qu’y prend le théatre : il y joue son rôle, jamais il n’aima une vie qui lui est si opposée. […] Les papiers publics ont annoncé que le Marquis Algarotti avoit traduit & fait jouer à Veronne le Comte de Comminges, que les habits étoient exactement ceux de la Trape, & qu’il n’avoit rien épargné pour rendre le spectacle terrible & frappant. […] Est-ce là de la contrition, & n’est-ce pas se jouer du public, renverser toutes les idées de la pénitence, & donner la plus scandaleuse leçon, que de louer comme une conversion parfaite dans un Religieux, un Prêtre, ce tas d’impiétés & d’extravagances ? Le rôle de Madeleine qu’on fait jouer à la fille, à travers une exhortation pathétique faite à son amant, ne présente qu’une conversion fort équivoque & fort incertaine.
Ce serait en effet une chose criante de jouer la comédie tandis que toute l’Eglise en deuil est occupée de la passion et de la mort de son Dieu. […] Bien plus, le Concile de Sens (en 1528.) défend d’employer des acteurs ou des violons, et autres instruments du théâtre, dans les motets qui se chantent dans l’Eglise, et même de les y laisser entrer : « Prohibemus ne Histriones aut Mimi intrent Ecclesiam ad pulsandum tympano, cythara, aut alio instrumente musicali. » D’où il est aisé de conclure qu’on ne doit pas souffrir que les Organistes, Musiciens, ou instruments du Chapitre, aillent chanter ou jouer au théâtre. […] 1.° La servilité de l’œuvre n’est pas douteuse pour tous les ouvriers qui travaillent au théâtre, aux décorations, aux habits, aux machines, aux chandelles, à habiller, parer les Acteurs et les Actrices les heures, les journées entières, et pour des objets qu’on ne peut certainement traiter d’absolument nécessaires ; pour tous ceux qui enseignent à chanter, à danser, à réciter, à jouer des instruments. […] Le scandale est frappant dans ces occasions, lorsqu’on a l’imprudence d’y appeler pour chanter ou jouer des instruments, les Musiciens de l’opéra.
Y a-t-il personne qui ne songe plutôt à se récréer en voyant jouer Cinna, sur toutes les choses tendres et passionnées qu’il dit à Emilie, et sur toutes celles qu’elle lui répond ; que sur la clémence d’Auguste à laquelle on pense peu, et dont aucun des spectateurs n’a jamais songé à faire l’éloge en sortant de la Comédie ? […] « Si donc la Comédie en l’état qu’elle est présentement, est si opposée aux maximes du Christianisme : n’est-ce pas encore ajouter crime sur crime, que de choisir le saint jour du Dimanche pour la jouer ? […] Je ne pense pas que selon cette règle on puisse justifier celui qui va à la Comédie, ni celui qui la joue. […] Il dit qu’on jouait au Théâtre les Tragédies et les Comédies, qu’à l’Amphithéâtre se faisaient les combats des gladiateurs ou des bêtes, et qu’au Cirque on voyait les courses des chariots.
On en conclurra peut-être que l’histoire n’est qu’une comédie, & les hommes, sur-tout les grands, des acteurs qui jouent sur le théatre. […] La piece est comme l’Acteur qui en changeant d’habits, joue toute sorte de rôles. […] Tandis qu’on joue la piece l’Auteur a un neuvieme de la recette ; si elle est interrompue, à la reprise la portion diminue. […] On joue aujourd’hui à Vienne comme à Paris. […] Il n’y a aucune femme dans la Troupe Chinoise ; les rôles de femme sont joués par de jeunes garçons dont les déguisemens font illusion.
Qu’Orphée commence à jouer du Luth ; qu’au même instant elles paraissent toutes changées, et dansent avec l’ombre qu’elles poursuivent, soit un Symbole bien clair et bien expressif de la douceur d’un Evêque ?
Que de rôles étrangers à ceux de la piece, se jouent entre les spectateurs !
Quel rôle joueraient sur le théâtre les vertus chrétiennes, comme le silence, la patience, la modération, la sagesse, la pauvreté et la pénitence ?
Mais afin que je passe outre, et que je vienne à parler des impudentes farceries et railleries de Il entend ceux qui se jouent sur échafauds, comme farces soties et autres. […] à savoir un homme ayant tous les membres rompus pour faire des soubresauts, voire un homme plus dissolu et efféminé que n’est une femme, sachant bien le métier de passe-passe et de la langue et des mains, et pour un je ne sais quel, qui n’est ni mâle ni femelle, toute une Cité s’émeut entièrement pour aller voir danser, et jouer des vilénies et ordures anciennes. […] Il entend ceux qui se jouent sur échafauds, comme farces soties et autres.
Cela paraît dans l’exemple de David, qui comme il est rapporté au second Livre des Rois, jouait de toute sorte d’Instruments lors qu’on porta l’Arche dans la ville de Jérusalem, et dansait en la présence de Dieu, et à la gloire du Seigneur :« David ludebat coram Domino in omnibus lignis fabre factis, et cytharis et lyris, et Tympanis, etc. »« David saltabat totis viribus ante Deum » 2.
Voilà donc les comédiens sortis du cercle des prêtres et de l’enceinte des églises et des couvents, dans lesquels on jouait des comédies, trop souvent licencieuses et de mauvais goût, mais que les gouvernements eurent soin de réformer et d’épurer.
Quintilien dit que les comédiens embellissaient les pièces des plus mauvais poètes avec tant de succès, que celles qu’on n’aurait pas voulu placer dans une bibliothèque étaient jouées avec applaudissementsat. » Il n’est en effet point de drames, quelque parfaits qu’ils puissent être, qui ne soient dépendants du jeu des acteurs.
Il est certain, comme dit si bien Ciceron, que la nature nous a faits pour les choses sérieuses plutôt que pour jouer & folâtrer. […] Cette Prose a une mesure conforme u ton de la conversation, & l’on m’a assuré qu’une ancienne & célebre Comédienne disoit qu’elle aimoit mieux jouer dans toute autre Piéce, que dans une Piéce en Prose de Moliere, parce que quand sa mémoire ne lui fournissoit pas les mêmes mots, & qu’elle vouloit dire la même chose en d’autres termes, elle perdoit aussitôt le ton naturel, quelle avoit peine à reprendre.
Voyez ce que dit Tertullien : « N'allons point au Théâtre qui est une assemblée particulière d’impudicité où l’on n’approuve rien que l’on n’improuve ailleurs, de sorte que ce que l’on y trouve beau, est pour l’ordinaire ce qui est de plus vilain et de plus infâme ; de ce qu’un Comédien par exemple y joue avec les gestes les plus honteux et les plus naturels ; de ce que des femmes oubliant la pudeur du sexe, osent faire sur un Théâtre et à la vue de tout le monde, ce qu’elles auraient honte de commettre dans leurs maisons ; de ce qu’on y voit un jeune homme s’y bien former et souffrir en son corps toutes sortes d’abominations dans l’espérance qu’à son tour, il deviendra maître en cet art détestable etc . »d Croyez-vous Monsieur que si les spectacles du temps de ces Saints hommes eussent ressemblé à ceux d’aujourd’hui ils se seraient élevés si fort contre eux et qu’ils n’auraient pas été de l’avis de S. […] En troisième lieu les Comédiens sont des gens sans mœurs, il n’est pas possible qu’ils en aient, leur état s’y oppose, et vous ne seriez pas surpris qu’ils fussent des fripons parce qu’ils en jouent souvent le rôle au Théâtre.
Ils paraissaient quelquefois sur le théâtre dans les intermèdes, pour divertir et amuser le peuple, pendant que les Acteurs se reposaient ; et ils jouaient une espèce de Comédie muette, représentant par leurs gestes ce qui se devait jouer dans l’Acte suivant.
Il n'est pas possible qu'un homme d'esprit, comme l'est certainement l'Auteur, n'ait fait ici qu'une sottise ; la plaie est bien plus profonde, il y a dans cette pièce plus d'irréligion que de ridicule ; et si elle s'établit jamais sur le théâtre public, comme elle a été déjà jouée sur des théâtres particuliers, elle produira les plus mauvais effets. […] A deux cens lieues de son pays, elle entre par curiosité dans une Eglise, démêle la voix de son amant parmi les Religieux qui chantent, et se fait Religieux pour vivre avec lui : « … Près de lui je vivrai, L'air qui vient l'animer, je le respirerai. » Bien plus, pour le séduire, si elle peut, et s'enfuir avec lui : « Je conçois le projet d'enlever à son Dieu Une âme qu'il semblait échauffer de son feu. » Une hypocrite sans religion, sans pudeur, qui se joue des choses les plus saintes, et persévère jusqu'à la mort dans ses sacrilèges : « C'était d'un homme, ô Dieu, que j'encensais l'image, … Il n'était point d'autre Dieu pour mon cœur. » Un personnage si méprisable peut-il intéresser personne, inspirer ni amour ni pitié ? […] Après avoir joué la Trappe, épargnera-t-on les autres Communautés ? […] On pourrait tout mettre sur le théâtre, pourvu qu'il fût bien joué ; mais on aime l'objet plus que la ressemblance, on n'aime la ressemblance que parce qu'on aime l'objet. Les meilleurs Acteurs n'attireraient personne, s'ils ne jouaient que les vies des Saints, les plus médiocres attireront la foule par les amours des Dieux.
Sous Charles II. qui succéda à Cromwel, vers 1660, on vit l’Écriture Sainte tournée en ridicule, la vertu méprisée, & la Réligion publiquement jouée sur les Théatres de Londres. […] Oseriez-vous vous entretenir familierement avec vos amis, tandis qu’on représente, ou tandis qu’on joue des instrumens ? […] Mais, Mr, lui dis-je, si l’on vous refusoit l’entrée à la Comédie, & si l’on ajoutoit que ce n’est pas pour vous, qu’on joue : ne répondriez-vous pas, qu’on joue pour vous, comme pour les autres, qu’ils n’y ont pas plus de droit que vous, & que vous l’avez acheté comme eux ? […] « On vient, dit-il, de jouer Polieucte, le Théatre change ; on joue l’école des Maris : en est-ce une d’amour conjugal ? […] Illicites &c., parce qu’on y joue la vertu, de la maniere la plus indécente ; comme dans le Misantrope.
On prive des Sacremens & à la vie & à la mort ceux qui jouent la Comédie, s’ils ne renoncent à leur art.
On donne en général le nom de Comédien aux Acteurs & Actrices qui montent sur le Théâtre, & jouent des Rôles, tant dans le Comique que dans le Tragique, dans les Spectacles où l’on déclame ; car à l’Opéra, on ne leur donne que le nom d’Acteurs, ou d’Actrices, Danseurs, Filles des Chœurs, &c.
vous vous persuadez qu’allant voir une Comédienne jouer sur un Théâtre, votre âme n’en reçoive aucune blessure ? […] Nous apprenons de Plutarque dans le traité qu’il a fait des Coutumes de Lacédémone, qu’on ne jouait dans cette Ville ni Comédie ni Tragédie, pour ne rien faire contre les lois, non pas même en se jouant. […] qu’une Dame Romaine appelée Quadratilla qui entretenait des farceurs pour se divertir, ne les faisait jamais jouer en présence de son petit-fils.
L’entrée du milieu était toujours celle du principal Acteur : ainsi dans la Scène Tragique, c’était ordinairement la porte d’un Palais : celles qui étaient à droite ou à gauche, étaient destinées à ceux qui jouaient les seconds Rôles ; & les deux autres, qui étaient sur les aîles, servaient, l’une à ceux qui arrivaient de la campagne, & l’autre à ceux qui venaient du Port ou de la Place publique.
qui avait dansé à plusieurs Ballets, ayant vu jouer le Britannicus de Monsieur Racine, où la fureur de Néron à monter sur le Théâtre est si bien attaquée ; il ne dansa plus à aucun Ballet, non pas même au temps du Carnaval.
Les pièces sérieuses ne seraient point goûtées, si l’amour n’y jouait le principal rôle.
Saint Charles Borromée examinait lui-même les Pièces qu’on jouait à Milan, il les munissait de son approbation et de son seing.
Quand il s’empara de la Saxe & de la ville de Dresde, le même jour il y fit jouer la comédie, & voulut que la Famille Royale sa prisonniere de guerre y assistât avec lui ; contraste bizarre & inhumain ! […] J’aimerois mieux y être joué, que de donner mon suffrage au membre bâtard de ce mauvais goût. […] Il en a un chez lui, où l’on joue sans cesse. […] Non, l’Etre tout-puissant ne se met point en peine Des rôles que je joue, & du sort qui m’attend.
Je crains bien que les sévères censeurs du Théâtre n’en prennent occasion de crier de nouveau contre ceux qui composent des Drames, qui les jouent, & qui assistent à leur représentation. […] On joua sur son Théâtre une Pièce intitulée Pigmalion (6) ; la Statue de ce fameux Sculpteur, animée par Jupiter, répond d’abord naïvement à l’Amour que Pigmalion ressent pour elle. […] Je demande si l’on se douterait que je transcris des passages de Pièces jouées publiquement, & à la représentation desquelles on court en foule ? […] Pourquoi Thérèse craindrait-elle tant d’être surprise avec Mazet, si elle ne voulait que se jouer innocemment de ce pauvre garçon !
Ce peuple donc qui se plaisait autrefois à voir jouer un Empereur sur le Théâtre, et qui lui donnait des applaudissements, est à présent le même qui se déclare contre les Pantomimes, et qui condamne ces Jeux infâmes, et ces divertissements honteux à notre siècle. […] qui ont la hardiesse de dire qu’il est bon de permettre des mauvais discours sur le Théâtre ; parce, disent-ils, que par là ceux qui ont mal vécu, sont repris, et les autres de peur d’être joués dans la Comédie, prennent soin de se bien conduire. […] , et qui sont tout corrompus par leurs mauvaises habitudes, ne perdent rien lorsqu’on les joue sur le Théâtre ; mais au contraire ils tiennent à un grand avantage d’être connus par là de tout le monde. Mais ceux qui y sont joués injustement et sans sujet, combien sont-ils détournés par là des exercices qu’il faut pratiquer pour acquérir la sagesse ? […] , « qu’on ne jouait point de Comédies, ni de Tragédies parmi les Lacédémoniens, pour ne point écouter, non pas même en se jouant, ceux qui représentaient des choses contraires à leurs lois ».
Lorsque vos talents affermis par l’étude et la réflexion vous permettront de le faire, jouez les Rôles de Saints, de Martyrs et de Patriarches, soyez Polyeucte, Esther, Joad, Gabinie, Mardochée, Jephté, et vous ferez encore mieux. […] J’avais joué souvent depuis mon retour à Paris quelques pièces avec des jeunes gens qui partageaient mon goût pour cet amusement. Comme dans notre société on me faisait l’honneur de m’accorder quelque préférence pour le talent, on me chargeait communément des rôles les plus difficiles dans quelque genre qu’ils fussent, jusqu’à ce que Mr. le Kain vint prouver à la societé qu’on pouvait mieux jouer que moi, le rôle d’un Héros. […] Rousseau, j’y ai trouvé des gens qui jouaient des Rôles de fripons et qui auraient été très fâchés qu’il y eût dans le monde de plus honnêtes gens qu’eux. […] Rousseau un fripon, l’engager à m’imiter et à avouer, comme il le pense sûrement, que les Comédiens qui jouent des valets et des arlequins ne sont pas non plus des Coquins.
On a cru jusqu’à present que les ridicules des vices étoient le fondement essentiel sur lequel devoient porter toutes les instructions comiques, & l’on n’a pas fait attention que cette méthode étoit diamétralement opposée au but de la Comédie ; car en s’attachant principalement à ne jouer que les ridicules des vices, il est évident qu’on néglige le son du vice : il est encore évident qu’on n’inspire aux hommes de l’horreur que pour les ridicules, pendant qu’il faudroit leur en inspirer pour les vices. […] Marmontel, la Comédie bornée à jouer de petits ridicules, c’est-à-dire de petits riens, qui quand ils disparoîtroient ne rendroient pas les hommes meilleurs.
Tout le monde veut jouir de cette considération ; d’où il résulte que tout le monde sait, & que personne ne sait bien ; qu’on se joue avec les éléments des Sciences & des Arts ; qu’on croit tout entendre, parce qu’on parle de tout ; que tout passe pour approfondi, parce que tout est effleurée. […] Il n’appartient qu’aux grands maîtres d’embrasser dans leur tête tous les caracteres qu’ils ont à faire jouer ensemble.
Je n’ai garde de me jouer à mon Maître, je connais vos sentiments pour des sentiments puisés dans le sanctuaire de la droite raison ; ils deviennent d’autant plus forts, que vous les dépouillez de cette raison sèche et épineuse, qui fait qu’on se morfond souvent dans les peintures de la vérité : au lieu que lorsqu’elle est maniée par une plume vive et animée comme la vôtre, elle fait un progrès sur les cœurs, dont il n’est pas permis de se défendre. […] Comment voulez-vous que l’imagination joue son jeu envers Suzanne entourée de deux Vieillards ?
et s’y affectionner cela est encore plus dangereux : ce sont les termes qui ne parlent que des Comédies honnêtes, et non de celles qu’on joue ordinairement et qui sont défendues comme nous avons dit : De plus quoique toutes choses soient bonnes en leur substance, il ne s’ensuit pas qu’elles le soient en tout leur usage. Si jouer des Comédies et y assister sont de si grands péchés et si scandaleux, pourquoi dans les Collèges où l’on instruit les jeunes gens à la vertu et aux bonnes mœurs, leur en fait-on représenter avec si grande affluence de leurs parents et amis.
Mais tout change ; et je vois trompant leurs surveillants, A l’aide d’un Valet, intriguer deux amants ; Sous le masque des Ris, la fine Dangevilleq , Jouer d’après nature, et la Cour et la Ville ; Tantôt d’un jeune objet servant la passion, Ecarter un témoin qui n’est point de saison ; L’instant d’après, Coquette ou Bourgeoise à la mode, D’un mari tout uni faire un époux commode ; Ou lorgnant un Galant, retirée à l’écart, Pour lui rendre un poulet, minauder avec art ; Soubrette inimitable, adroite, gaie, unie, Pour la peindre en trois mots, rivale de Thalier, Cette immortelle Actrice est seule sans défauts ; Dumesnil a ses jours, et Grandvals des égaux ; Là, j’aperçois Gaussin t, cette charmante Actrice Déguisée en Agnès, d’un air simple et novice, Exprimer ses désirs par sa tendre langueur, Et peindre dans ses yeux les miracles du cœur ; Retrouver dans l’Oracle une mine enfantine, Ou du Comte d’Olban triompher dans Nanineu. […] Il joue le rôle du valet Crispin dans Le Légataire universel de Jean-François Regnard en 1753 et dans Les Tuteurs de Charles Palissot de Montenoy en 1754.
En venant de voir jouer Phedre ou Tartuffe, on n’est plus le même, on est tout étonné de se trouver plus indulgent pour les scélérats, plus rigoureux pour les saints.
» Si on dit que les Grecs, et Romains permettaient les jeux : je réponds que c'était pour une superstition qu'ils avaient à leurs Dieux. mais les plus sages les ont toujours blâmés. car combien que la Tragédie a je ne sais quoi de plus Héroïque, et qui moins effémine les cœurs des hommes, si est-ce toutesfois que Solon ayant vu jouer une tragédie de Thespis, le trouva fort mauvais : de quoi s'excusant Thespis disait, que ce n'était que jeu, Non, dit Solon, mais le jeu tourne en chose sérieuse, beaucoup plus eût-il blâmé les comédies, qui étaient encore inconnues. et maintenant on met toujours à la fin des tragédies, (comme une poison ès viandes) la farce, ou comédie.
S’ils se contentoient de bien jouer toujours la même piéce, je ne crois pas qu’on les laissât jouir longtems de cette douce létargie.
y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie.
Cependant il a joué la dévotion sous le masque de l’hypocrisie.
Il ne conseille point d’y souffrir la jeunesse43, quoique de son temps on ne jouât pas des rôles de galanterie ; mais c’est que les passions de trahison et de vengeance pouvaient affecter les jeunes personnes.
Il ne dit pas : Ils s’entre-tuent ou ils se battent, ils se querellent, ils s’enivrent, ils cajolent les filles ; mais ils se réjouissent à jouer, ils se plaisent au son du tambour, du fifre et des violons ; ils se divertissent, ils passent le temps et ils descendent en enfer en un moment.
Une femme montée sur des tretaux, se montrer les heures entieres aux yeux du public, dans la parure d’une actrice, y faire toute sorte de mouvemens, toute sorte de gestes, y écouter, y prononcer toute sorte de discours, y jouer sans balancer toute sorte de rôles, qu’y a t-il d’impudent dans le monde, si l’état & la vie d’une actrice n’est pas le comble de l’impudence ? […] Une Soubrette, une Amoureuse, une Confidente, jouent-elles la pudeur ? […] Ne dit-on pas dans les colleges, pour justifier les comédies qu’on y fait jouer, qu’on n’exerce ainsi les jeunes gens, que pour leur donner de la hardiesse, c’est-à-dire, pour éteindre en eux la pndeur ? […] Une actrice qui voudroit se la donner, feroit rire le parterre, & jouer tous les siflets. […] Je sais bien que les Phœdres, les Sémiramis, les Cléopatres, les Messalines, les Armides, les Angéliques, sans compter les Déesses Venus, Diane, Junon, Flore, &c. en un mot toutes les Héroïnes du théatre dans le tragique les Isabelles, les Eléonor, les Lucile, &c. dans le comique, pensent différemment, & que celles qui jouent leurs rôles croiroient manquer au Costume, perdre une partie de leurs graces, & rendre mal leur personnage, si elles ne prennoient les sentimens, & n’imitoient la conduite des Princesses qu’elles représentent.
Maffei me dit qu’il étoit fâché de me voir jouer continuellement des Tragédies Françoises ; qu’elles ne valoient toutes rien, (il n’exceptoit pas même les meilleures) & que la seule Sophonisbe du Trissin valoit mieux que tout Corneille & Racine. J’eus pour lui la complaisance de la jouer, aussi-bien que le Torismon du Tasse, & la Cleopatre du Delfino. […] Elle fut jouée onze fois.
A Montauban trois ans avant sa prise, il se joua une histoire par les Clercs de la ville, qui avait été tirée du vieux Testament appelée l’Assyrien de Perse, où étaient contenus plusieurs beaux incidents trop longs à déduire, le Sieur Charnier un des plus doctes de son temps, et qui a fort écrit, fit l’avant-propos de ce poème. A Nîmes, où il y a école de Théologie, pour ceux qui étudient au Ministère, il se représenta devant le Sieur d’Aubais et le Baron de la Casaigne Consuls, une excellente Tragédie des conquêtes de Pyrrus o, où les quatre principaux Ministres, à savoir le Faucher grand Controversiste, le Sieur Petit excellent en la langue Grecque, Pérol autrefois Jésuite, grand Philosophe, et le Sieur Roussel qui fut Ministre de Monseigneur de Rohan, assistaient avec quantité de leurs amis : A Montpellier pendant mes études il se fit quelques récréations entre lesquelles il se joua deux pièces, l’une tirée de Joseph, et l’autre de l’histoire de Perse, où plusieurs Ministres des lieux circonvoisins furent, et les deux Ministres de la ville, qui étaient le Faucheur à présent Pasteur en l’Eglise de Charenton et le jeune Gigort. […] A Castres on joua une Comédie intitulée le Jugement de Midas, devant le Duc de Rohan, où le Sieur du Mont et autres Ministres assistèrent : Je sais bien que quelqu’un me dira, que les poèmes que ceux de la Religion représentent, sont examinés par les Pasteurs ou parpceux qui ont charge de l’Eglise ; et que lorsqu’il s’y rencontre quelque chose contre la gloire de Dieu, ou les bonnes mœurs, on ne les souffre pas représenter.
Ne semble-t-il pas qu’allant avec la même aisance du théâtre à l’Eglise, ils ne font que rouler de spectacle en spectacle, et continuer de jouer la comédie ? […] Persuadé que, la sainteté de la vie des Prêtres et la ferveur de leurs prières fait la prospérité de l’Empire et en assure les victoires, par les grâces qu’ils nous obtiennent du ciel, que leurs exemples sanctifient les âmes et nous attirent la miséricorde de Dieu, nous avons appris avec douleur, et ce qui paraît incroyable, que des Diacres et des Prêtres, et ce que nous rougissons bien plus de dire, même des Evêques, jouent à des jeux de hasard, et s’oublient jusqu’à se trouver à la comédie, « scenicorum vel thimelicorum fiunt spectatores ludorum « ; eux qui obligent tous ceux qu’ils baptisent de renoncer aux pompes du démon, dont les spectacles sont une grande partie, « ut abrenuntient pompis Diaboli, quorum non minima pars sunt spectacula ». […] L’ecclésiastique n’aurait aucune part à l’irréligion qui se servirait de la robe ; mais est-il excusable de composer pour le théâtre, et d’y faire jouer ses pièces, lui qui est obligé de le combattre ?
Le tout veu & corrige bien & deuement selon la vraye verite, & joue par personnages à Paris en l’hostel de Flandres l’an mil cinq cens XLI. […] Veu & corrigé bien & deuement selon la vraye verite, & ainsi que le mystere est la joue à Paris ceste presente année mil cinq cens quarante & ung.