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158. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Il eût manqué quelque chose à l'éducation de la jeunesse, si on ne l'eût rendue Comédienne. […] Ainsi, sans s'en apercevoir, toute une ville deviendra peu à peu comédienne par goût, bientôt elle appellera des troupes d'Acteurs, et bâtira des théâtres. […] Il y a sans doute de la différence entre les pièces de Collège et celles de l'Hôtel ; les Ecoliers ont de la religion et des mœurs, et qu'est-ce qu'une troupe de Comédiens et de Comédiennes ? […] Et parce que les Comédiens furent toujours des gens sans mœurs, faut-il faire l'apologie de la scène ? […] Qu'aucun d'eux n'ait pour ami un Comédien ou un Danseur.

159. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Des Comédiens François ont percé jusqu’à Pétersbourg ; je doute qu’ils pénètrent en Sibérie. […]  26.) chasse de l’Allemagne tous les Comédiens, histrions, bouffons, joueurs de gobelet, vendeurs d’orviétan, &c. […] Jamais ni les anathèmes des Pères ni les apologies des Comédiens n’ont roulé sur des objets unanimement proscrits par tout le monde. […] Les loix se déclarèrent le plus fortement, l’édit du Préteur attacha l’infamie au métier de Comédien. […] Il est vrai que les Grecs n’avoient point de loix qui attachassent l’infamie légale au métier de Comédien.

160. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Les Auteurs des Spectacles, et ceux qui sont chargés de les faire représenter abaissent autant les Comédiens, qu'ils relèvent la Comédie; ils les déclarent infâmes par leurs Edits, ils leur font changer d'état pour les exclure de la Cour, du Barreau, du Senat et de l'Ordre des Chevaliers; ils les privent de tous honneurs, et de toutes dignités. […] Comment repassera-t-il en sa mémoire quelque chose des Psaumes, lors qu'il rend son esprit attentif aux vers que récite un Comédien ? […] c'est tomber du Ciel, comme on dit, dans un égouts d'ordures: N'est-ce pas une chose honteuse d'honorer les Comédiens de votre approbation, et de vos applaudissements en frappant des mains, que vous venez d'élever pour invoquer le nom de Dieu ? […] Alors les Comédiens feront mieux paraître leur souplesse, étant devenus plus légers et plus agiles par le feu qui les pénètrera, etc. […] Et y-a-t-il de parole insolente, que les Comédiens et les Farceurs ne profèrent, pour faire rire ; de sorte que ceux qui par leur inclination y prennent plaisir, en emportent chez eux de vives images empreintes dans leur esprit.

161. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

Les pompes du Diable sont les Spectacles du Théâtre, et toutes les autres vanités semblables, dont le saint Roi David demande à Dieu d'être délivré : Détournez, dit-il mes yeux, afin qu'ils ne regardent point la vanité ; Ne vous laissez donc pas emporter à la passion pour les Spectacles du Théâtre, pour y voir les excès des Comédiens tout pleins d'impureté, et d'infamie. […] N'avez-vous point horreur d'entendre les paroles impudiques d'une Comédienne, des mêmes oreilles que vous entendez les paroles d'un Prophète qui vous introduit dans les mystères de l'Ecriture ? […] Ce n'est point à nous à passer le temps dans les ris, dans les divertissements, et dans les délices ; cela n'est bon que pour des Comédiens, et pour des Comédiennes, et particulièrement pour ces flatteurs qui cherchent les bonnes tables: Ce n'est point-là l'esprit de ceux qui sont appelés à une vie céleste, dont les noms sont déjà écrits dans cette éternelle Cité, et qui font profession d'une milice toute spirituelle ; mais c'est l'esprit de ceux qui combattent sous les enseignes du Démon. […] Les Chansons et les vers infâmes causent à l'âme une odeur plus insupportable que tout ce que nos sens abhorrent le plus, et cependant lors que les Comédiens les récitent devant vous, non seulement vous n'en avez pas de la peine, mais vous en riez, vous vous en divertissez, bien loin d'en avoir de l'aversion et de l'horreur. […] Car s'il n'y avait point de spectateurs, il n'y aurait point de Comédiens ni de Spectacles, et ainsi ceux qui les représentent et ceux qui les voient, s'exposent au feu éternel.

162. (1646) Science du chrétien « Des comédies. » pp. 638-643

Si je croyais que vous et moi dussions jamais assister à ces vilaines comédies, je demanderais à Dieu qu’il envoyât son foudre pour nous écraser, et ce coup du Ciel ne nous serait pas si funeste, que le geste d’un comédien lascif, ou la parole d’une effrontée comédienne. […] Belle Sentence du grand Arnobe sur ce sujet. « Le comédien raconte les adultères, ou les représente, et le bateleur efféminé, fiche l’amour au cœur des assistants, lors qu’il les contrefait.

163. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

On est dans ce sentiment contre les Comédiens, j’y souscris sans replique. […] Les Comédiens charmés lui dirent : ah, Monsieur, que vous seriez un bon acteur ! que ne vous faites-vous Comédien ? […] Les Comédiens sont de si grands Seigneurs. […] Il seroit bien plus essentiel de ne pas voir les Comédiennes.

164. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Combien de pièces rejetées par les comédiens, ou sifflées par le parterre ? […] Il en reste une fille à qui les comédiens ont donné part dans la représentation des pièces de son oncle. […] Le prédicateur instruit et corrige, le comédien amuse et corrompt. […] De là est venue la littérature à la mode : on n’écrit, on ne pense qu’en comédien. […] Les auteurs sont devenus comédiens.

165. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

N'a-t-on pas dit qu'un fameux Comédien Molière. […] Quand on examine de près quels sont les défauts que ce Comédien a corrigés, on trouve que tout se réduit à quelque faux goût, à quelque sot entêtement, à des affectations ridicules, telles que sont celles qu'il a reprises dans les précieuses, dans ceux qui outrent les modes, qui s'érigent en gens de qualité, qui parlent incessamment de leur noblesse, qui ont toujours quelques vers de leur façon à montrer. Voilà des défauts dont ce Comédien a peut-être arrêté le cours. […] que ce Comédien est un des plus dangereux ennemis que le siècle ait suscités à Jésus-Christ, et qu'on le doit d'autant plus craindre qu'il fait encore après sa mort dans le cœur de ses Lecteurs le même ravage qu'il faisait dans celui de ses Spectateurs.

166. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Les comédiennes, montées sur le théâtre à la place des passions, en secouant les torches de l’impureté sur les spectateurs, en feraient jaillir sur votre cœur des étincelles que vous ne pourriez pas facilement éteindre. […] Les comédiens ne pouvant être revêtus que d’une sainteté romanesque, sont incapables d’exprimer et de persuader les vertus héroïques des saints : il ne sied point à des comédiennes de prêcher la modestie et la décence et de représenter l’innocence des vierges. […] La terreur, l’épouvante, le désespoir, composeront cette scène d’horreur dont le dénouement sera votre réunion dans l’enfer avec les poètes, les comédiens et les spectateurs aux fautes desquels vous aurez participé et qui auront participé aux vôtres.

167. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

La scène est partout ; elle est à l’Église, à la promenade, au jeu, dans les compagnies, dans les loges où l’on va voir le spectacle, & lorsque l’on mène sa maîtresse à la comédie, ce qui est une partie essentielle de la galanterie ; n’est-ce pas une Comédienne qui en va voir d’autres ? […] En France le théatre ne donne rien au Roi, au contraire, le Roi pensionne les Comédiens. […] Qu’on ne dise pas que cette sévérité ne regarde que les femmes publiques, & non les Comédiens ; toutes les loix, comme nous l’avons démontré au liv. 11, mettent sur la même ligne ces deux sortes de personnes, & la loi du Code sous le titre de Spectaculis scenicis & lenonibus, parle nommément des Comédiens : his quoque abstineant thimelici  ; & dans le fond où est la différence ? […] Des Comédiens avant que de quitter la ville de Gap, offrirent de revenir l’année suivante, pourvu qu’on leur assura trois mille livres : des amateurs proposèrent une souscription pour former cette somme. […] Elisabeth, Reine d’Angleterre étoit trop Comédienne pour ne pas aimer éperdument les spectacles, elle alloit fréquemment à la comédie, elle ne donnoit point de fête que le théatre n’en fit les honneurs ; il lui doit presque sa naissance.

168. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Les Romains ont compris les Comédiens sous le nom d’Histrions, et de Scéniques : et par conséquent en condamnant absolument et sans distinction les Histrions, ils ont aussi condamné les Comédiens. […] de ritu nupt. marquent que les Comédiens étaient notés d’infamie. […]  : « Donner son bien aux Comédiens, c’est un vice énorme, bien loin d’être une vertu. […] Augustin se sert du mot d’Histrions, il ne parle pas des Comédiens ; car je ferai voir évidemment ci-après que S. Augustin donne le nom d’Histrions aux Comédiens.

169. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

En effet les biens ecclésiastiques sont-ils faits pour payer des Comédiens et des Comédiennes ? […] Le Père Bernard, appelé le pauvre Prêtre, mort à Paris en odeur de sainteté, le 23 mars 1641, avait singulièrement le talent des Comédiens, de contrefaire tout le monde. […]  30), met au nombre des Ecclésiastiques irréguliers ceux qui ont été Comédiens, furieux, ou énergumènes : ces trois choses vont de pair (V. […] Elles y ajoutent une défense aux Comédiens de jamais se servir d’habits ecclésiastiques ou religieux ; pourquoi ne pas leur défendre aussi d’y recevoir des Religieux et des Ecclésiastiques ? […] Ce même canon, ainsi que bien d’autres, ordonne la déposition des Clercs, et l’excommunication des laïques, de quelque condition qu’ils soient, lorsqu’ils font le métier de Comédien, Joculatores, bouffonnes, gaillardos (ce latin, pour n’être pas de Cicéron, n’est pas moins intelligible).

170. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Moliere indigné ne peut s’empêcher de s’écrier, les étranges animaux que les Comédiens ! & à chaque trait qu’on lui raconte de ces Messieurs & de ces Dames, c’est toujours le même refrain, les étranges animaux que les Comédiens ! […] Cette piece, dit-on, étoit peu de chose ; les comédiens refuserent de la jouer, comme ils ont refusé de jouer les Courtisannes de Palissot. […] Cette piece, dit-on, étoit peu de chose ; les comédiens refuserent de la jouer, comme ils ont refusé de jouer les Courtisannes de Palissot. […] Il est mauvais Poëte, & bon Comédien ; Il fait rire, il est vrai, c’est tout ce qu’il fait bien.

171. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Cette défense de Comédien est un aveu du fait. […] Dominique, que sur les amours de Moliere avec des Comédiennes ? […] Il seroit infini & inutile de citer des traits des autres Comédiens. […] Jamais Comédien n’a tenu ce langage. Aussi jamais Comédien ni Comédienne ne fut un Ange.

172. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PRÉFACE. » pp. -

Si un pareil Ouvrage avait pour Auteur un homme grave et respectable par son état ou par sa dignité, il n’en serait pas pour cela plus à couvert de la critique ; elle serait seulement plus ménagée, et se ressentirait des égards que mériterait l’Auteur : mais qu’il vienne de moi qui, pendant plus de quarante ans, ai exercé la profession de Comédien, qui ne suis ni savant ni homme de Lettres, et qui par conséquent ne mérite ni égard ni ménagement ; c’en est assez pour me faire craindre que mon Livre soit mal reçu, ou qu’il fasse peu d’impression sur mes Lecteurs. […] Antonin2 qui permettent la Comédie de bonnes mœurs, et qui décident qu’elle peut s’exercer sans péché, et que les Comédiens peuvent vivre du gain de leur Profession : mais, à dire vrai, une Comédie de bonnes mœurs, telle que ces deux Saints la demandent, se trouve-t-elle aisément sur les Théâtres publics ? […] J’avoue donc avec sincérité que je sens dans toute son étendue le grand bien que produirait la suppression entière du Théâtre ; et je conviens sans peine de tout ce que tant de personnes graves et d’un génie supérieur ont écrit sur cette matière : mais, comme il ne m’appartient pas de prendre le même ton, et que d’ailleurs les Spectacles sont permis et soutenus par l’autorité publique, qui sans doute les permet et les soutient par des raisons que je dois respecter, il serait indécent et inutile de les combattre dans l’idée de les détruire : j’ai donc tourné mes vues d’un autre côté ; j’ai cru que du moins il était de mon devoir de produire mes réflexions, et le plan de réformation que j’ai conçu pour mettre le Théâtre sur un autre pied, et pour le rendre, s’il est possible, tel que les bonnes mœurs et les égards de la société me paraissent l’exiger : c’est ce que je ne pouvais entreprendre dans le temps que j’étais Comédien, pour les raisons que l’on trouvera dans le corps de mon Ouvrage.

173. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Hieron fit punir sévérement un comédien pour avoir récité devant sa fille, des vers qui respiroient la molesse. […] Une bouche consacrée à l’Evangile doit elle s’ouvrir pour un comédien, un débauché, un corrupteur du siécle, qui n’a employé ses talens qu’à tourner en ridicule la Réligion & la vertu : voici le debut de son Ode au tems. […] l’image d’un Comédien Auguste ! […] Un Comédien n’est fait que pour faire rire. […] Il est vrai que les Comédiens s’aviserent, il y a quelque tems, de faire frapper une médaille, où l’on représentoit le buste de Moliere, avec tous les ornemens impériaux, & tous les attributs de l’Empereur Auguste.

174. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Discours sur la gloire des illustres François, à l’honneur des Comédiens, dont le tribunal agit en souverain avec les Auteurs. […] Sans doute la sagesse du gouvernement préféreroit le nécessaire au frivole, & le soulagement des peuples à l’opulence des Comédiens. […] Les femmes dans tous les temps, comme les Comédiens, n’ont cherché qu’à plaire, à exciter les mêmes passions, produire les mêmes tentations, par les mêmes moyens. […] Il a joué les défauts des Comédiens, ce qui l’a mis mal avec ces deux théatres, & a contribué à le faire chasser. […] Des boussons, des Comédiens disent-ils la vérité, la connoissent-ils ?

175. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Nous parlerons bien-tôt du troisieme cas du Marchand d’étoffes & du Comédien. […] En 1600 les Comédiens de province obtinrent la permission de s’établir à Paris. […] Les Comédiens rendirent à Louis XII, en le jouant en sa présence, ce qu’il avoit fait contre le Pape Jules II. […] En conclud-on que ces métiers sont aussi criminels que celui de Comédien ? […] Un Marchand de ce caractère, s’il en existe, est indigne des sacremens, comme le Comédien.

176. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Que si cela ne suffit pas encore, ce qui est arrivé, dans Paris à la vue de tout le monde sera une conviction indubitable du peu d’estime que cet illustre Prélat fait des Comédiens. […] Et si les Comédiens sont infâmes, pour monter sur le théâtre. […] Mais, me direz-vous, les enfants même de qualité, ne doivent-ils pas être déclarés infâmes, comme le sont les comédiens, puisqu’ils montent aussi bien qu’eux sur le Théâtre. […] « Quod in pueris necessitatis est, illi in se crimen faciunt voluptatis », dit saint Jérôme, ainsi ce qu’on loue dans les enfants, est avec raison blâmable dans les comédiens. […] Notre Défenseur des comédiens paraît dans cette Objection, être un fort méchant Théologien ?

177. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIV. Le sentiment, juge plus sûr que le goût. Celui-ci préféré au premier. Pourquoi ? Amour du Théatre, funestes à ses progrès. Honneurs avilis en devenant trop communs. Cabales. Leurs effets, & les moyens qu’on employe pour les éluder.  » pp. 129-150

Là ils s’épuisent en vains efforts, parce qu’ils envisagent moins leur propre gloire, que celle du Comédien ; motif qui éteint l’enthousiasme. […] N’avons-nous pas des Comédiens inégaux dans le même rôle, & moins applaudis un jour que l’autre ? […] Nous n’entendons pas mieux nos intérêts dans la conduite que nous tenons avec les Comédiens. […] Le besoin de les multiplier sembleroit déterminer les Comédiens à une plus grande application. […] Qui fait douter si les Comédiens sont dévoués aux plaisis de la société, ou si elle l’est aux leurs ?

178. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Ces deux Comédiennes furent deux phénomènes d’un caractère bien différent : l’une étoit Italienne, l’autre Angloise, toutes deux artificieuses, mais la Florentine, selon le génie de sa nation, étoit plus fine, plus rusée, plus hypocrite. […] La Comédienne d’Angleterre le trompa & le conduisit au tombeau ; Campistron auroit dû faire paroître un Envoyé d’Angleterre sous un nom supposé, il auroit pû former des scènes intéressantes. […] Elle avoit si bien formé des Comédiens qu’on lui joua à elle-même la comédie ; ses favoris ne jouèrent pas moins leur rôle, ils ne craignoient pas moins que les autres un nouveau maître qui auroit disposé de toutes les grâces. […] Une bonne Comédienne ne doit pas démentir son rôle. […] Elle est morte en Comédienne comme elle avoit vécu.

179. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Corneille & Racine, fort supérieurs pour la religion & les mœurs, l’état, la naissance, qui jamais ne s’abaisserent jusqu’à être des Comédiens, le valoient bien, chacun dans son genre. […] Il contraste singulierement avec le panégyrique du Comédien. […] C’est le délire d’un Comédien, ou est la sagesse de l’approbateur ? […] Il faut bien pour mettre le comble à l’éloge, qu’il soit aussi Comédien. […] Baile n’étoit pas un tartuffe ; il n’a parlé que d’après la notoriété publique, d’après la vie ou plutôt le panégyrique du Comédien.

180. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CONCLUSION » pp. 113-114

Il faut conclure nécessairement de tous les principes si solidement prouvés dans tous les Ouvrages dont j’ai fait l’Abrégé dans celui-ci, que les Comédies seront toujours défendues tant que les hommes et les femmes s’entretiendront d’amour et des autres passions sur le Théâtre, et que les Chrétiens n’y pourront aller sans péché, à cause du danger qu’il y a d’exciter ou de réveiller leurs passions, à cause du mauvais exemple, à cause qu’ils contribuent à l’excommunication des Comédiens qui exposent leur salut pour divertir leurs Spectateurs. […] Un Chrétien se peut-il divertir sans pécher, de ce qui expose si manifestement le salut des Comédiens ?

181. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Souvent, en les berçant, le Comédien les estropie. […] Les Comédiens, qui oseroient aller s’y établir, en seroient chassés comme corrupteurs. […] Il me semble que le jeu de nos Comédiens Italiens tient beaucoup de ce Spectacle. […] Les troupes de Comédiens y sont ambulantes, & restent plus ou moins dans les Etats qui les admettent. […] Il n’est pas douteux que les prétendus Comédiens qu’on dit avoir été chassés par S.

182. (1638) L’Image du Vray Chrestien. Chapitre IV « Chapitre 4. » pp. 106-108

Que les personnes de cette Ordre ne puissent aller aux banquets déshonnêtes, ni aux Comédies, et qu’ils ne donnent rien au Farceurs et Comédiens. […] CEtte prohibition est fondée sur les anciennes Ordonnances de l’Eglise, et sur les advertencesa des saints Pères, lesquels parlant des spectacles, et festins mondains, disent que les Comédies qui se célèbrent par ces Comédiens et Farceurs ne sont que : Prostitutions des bonnes mœurs, et de toute honnêteté, Théâtres d’impudicités, foires des vices, Ecoles d’impertinences.

183. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Tous les comédiens seroient riches si la débauche ne les faisoit rentrer dans la misere d’où le libertinage les a tirés. […] Des Comédiens censeurs de Comédie ! […] Mais un Comédien n’a point d’existence civile, il est incapable de toutes les charges, il est infâme par toutes les loix. […] Les comédiens refuserent de la jouer. […] Cette traduction demande un loisir que n’eut jamais un comédien uniquement occupé du Théatre, & une capacité que ne peut avoir un écolier qui n’a été qu’en troisieme, ou n’a fait que courir les tréteaux des provinces, avec une actrice sa maîtresse.

184. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

Pons, à qui son pere a laissé un bien considérable, a eu la noble ambition de quitter le commerce, & de consacrer sa sortune à faire une très-belle fondation : non pas d’un Hôpital, d’un Collége d’une Eglise, d’une maison Réligieuse, mais d’un Théatre dans sa patrie, qu’il a élevé à grands frais, dans sa maison & dans la plus belle salle, petite à la vérité, mais assez grande pour la foule des spectateurs que Saint-Pons peut fournir ; il n’a pas pu avoir, il est vrai, une troupe de comédiens. […] Ces comédiens sont trop bons chrétiens pour ne pas faire honneur à leurs Pasteurs, & l’Archidiacre, premiere dignité, est proche parent du Directeur de la scéne, pouvoit-il n’être pas appellé à une fête de famille  ? […] Qu’on vienne après cela nous chicaner sur la légitimité & même la sainteté des spectacles, & l’excommunication des comédiens ; voilà de quoi lever toutes les censures, dispenser de tous les Canons, & fermer la bouche à tous les Docteurs misantropes, qui ne veulent pas qu’on se divertisse. […] Cette Ville est aujourd’hui fameuse par le libertinage qui y regne, & singuliérement par son entousiasme pour le théatre ; il n’y en a pas dans le Royaume, à l’exception de Paris, qui lui soit plus dévouée ; elle a bâti à grand frais, une salle de spectacle, soudoyé des troupes de comédiens, aux plus gros gages. […] Les comédiens ont applaudi, les poëtes sont enchantés, on pourra impunément faire de mauvais vers & de mauvais gestes, sans craindre le jugement du parterre, & les sifflets importuns.

185. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Le Saint Esprit y a répandu les parfums de sa grace, les pierres précieuses de ses dons, & vous y renfermez les pompes, les fables du Démon, les chansons d’une Comédienne. […] Nous ne sommes pas faits pour passer notre temps dans les ris, les divertissemens & les délices ; c’est la vie des Comédiens & des Comédiennes, des parasites & des adulateurs des Grands, non de ceux qui sont appelés à une vie céleste, & dont les noms sont écrits dans le livre des élus, mais de ceux qui sont livrés au Démon. […] S’il n’y avoit point de spectareur, il n’y auroit plus de Comédiens. […] Si cela n’est pas un mal, montez donc sur la scène, jouez votre rôle, liez-vous à la troupe des Comédiens, pratiquez ce que vous louez. Vous rougiriez d’être de cette société, les loix même payennes ont déclaré les Comédiens infames ; pourquoi donc les estimez-vous, les honorez-vous ?

186. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Il se trompait sur le fait, ne sachant pas ce qui s’était passé en 16967, où à l’occasion d’un Jubilé, les Comédiens Français hasardèrent de présenter à Innocent XII une Supplique tendante à lui demander d’y participer, et à se plaindre du refus qu’on faisait de les absoudre. On n’y eut aucun égard, et ils restèrent sans Jubilé, excommuniés et Comédiens. […] Voici un autre Italien, Comédien lui-même, qui après trente-cinq ans d’expérience convient que le Spectacle, tel qu’il est parmi nous, nuit aux bonnes mœurs. […] Le même Auteur, pag. 118, détaille mieux le fait dont on a parlé plus haut, qui concerne la Requête des Comédiens à Innocent XII. Il y est dit que la Congrégation du Concile tenu à Rome renvoya les Comédiens ; que dans le grand Jubilé de 1701 les Comédiens ayant encore prétendu être absous sans restriction, MM. les Curés de Paris ayant tenu ferme, ils s’avisèrent de présenter une Requête au Pape Clément X, (c’est une faute apparemment d’impression, Clément XI fut élu en 1700 :) dans laquelle rien ne fut oublié ; et que ce Pape ayant fait examiner la Requête, elle fut rejetée, et la discipline des Curés confirmée.

187. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Suite du Clergé Comédien, L E plus illustre ecclésiastique comédien a été Julien l’apostat : il aimoit le théatre à la fureur, son palais étoit plein de comédiens, il en avoit toujours des troupes à sa suite, dans ses voyages. […] Les comédiens, pour marquer leur reconnoissance & leur regret par un trait de leur métier, formerent le convoi depuis le palais jusqu’au tombeau ; &, dans tout le chemin, ils jouerent réellement la comédie, en représentant toutes ses actions, en vrais pantomimes, contrefaisant sa voix, copiant ses manieres, imitant son style, couvert de l’habit impérial, comme Moliere joua Georges Dandin & Pourceaugnac avec leur habit. […] Le trop fameux Paul Scarron, l’homme le plus comique & le plus comédien qui fut jamais, a composé beaucoup de pieces de théatre & de livres burlesques, en vers & en prose, qui ne sont que des farces la plupart très-plates, jusqu’à sa traduction de l’Enéide de Virgile, où il travestit en bouffon de guinguette le poëte le plus élégant & le plus sage ; jusqu’à son Roman comique, qui n’est que la suite des aventures d’une troupe de comédiens, toutes dignes d’eux & de lui, & ne peuvent amuser que les treteaux de la foire.

188. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [F] »

Sur les Théâtres de Rome & d’Athènes, l’expression du visage était interdite aux Comédiens par l’usage des masques ; & quel charme de moins ! A la renaissance des Lettres en Europe, les Comédiens, toujours contredits par les Prêtres, tour-à-tour tolérés & chassés par les Gouvernemens, n’eurent que des Salles, de peu d’étendue, telles que pouvaient se les procurer de simples particuliers, dont l’établissement n’était pas stable ; & ceci même procura un bien : les Acteurs parurent sur la Scène dans leurs proportions naturelles ; leur jeu fut simple ; faute d’art & de moyens, ils nous indiquèrent le comble de l’art : mais ils ne firent que nous l’indiquer ; ils en étaient bien éloignés eux-mêmes : ce fut Baron, l’élève de Molière, qui ramena l’art à la nature, & qui fut l’instituteur de la belle Déclamation.

189. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — I.  » pp. 455-456

Il est impossible qu'on considère le métier de Comédien, et qu'on le compare avec la profession Chrétienne, qu'on ne reconnaisse qu'il n'y a rien de plus indigne d'un enfant de Dieu et d'un membre de Jésus-Christ que cet emploi. […] Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice ; qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies: on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion: et ainsi il faut avouer que c'est un métier profane et indigne d'un Chrétien ; que ceux qui l'exercent sont obligés de le quitter comme tous les conciles le leur ordonnent ; et par conséquent qu'il n'est point permis aux autres de contribuer à les entretenir dans une profession contraire au Christianisme, ni de l'autoriser par leur présence.

190. (1675) Traité de la comédie « II.  » pp. 275-276

Il est impossible de considérer le métier de Comédien, et de le comparer avec la profession Chrétienne, qu'on ne reconnaisse qu'il n'y a rien de plus indigne d'un enfant de Dieu et d'un membre de Jésus-Christ que cet emploi. […] Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice : qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs, l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies; on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion.

191. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

»  Arnobe qui, dans le siècle suivant, entreprit la défense de la religion chrétienne, parlait ainsi aux empereurs : « Vos lois23 n’ont-elles pas flétri les comédiens qui sont les ministres de vos superstitions sur le théâtre ? […] Il se tint un nouveau concile dans la même ville l’an 452, qui renouvela ce canon contre les comédiens avec la censure33. […] Quoique ce dernier concile ne sévisse pas directement contre les comédiens, il suppose un vice dans leur profession, en tenant leurs spectacles pour un amusement incompatible avec le service divin. […] Non, il n’est pas permis de se souiller par des spectacles de cette nature » : « Neque enim fas est hujusmodi spectaculis fœdari38. » Le premier concile de Ravenne, de l’an 1286, défend aux clercs d’entretenir dans leurs maisons ou des deniers des pauvres les comédiens qui leur étaient envoyés par les seigneurs, après qu’ils s’en étaient divertis, n’étant pas juste de faire un usage aussi illicite d’un bien qui doit être converti en aumônes39.

192. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Ainsi parlait l’Empereur Julien dans l’éloge de la ville d’Antioche : on y voit tant d’Acteurs, danseurs, sauteurs, joueurs d’instruments, qu’il y a plus de Comédiens que de citoyens : « Plures sunt Histriones quam cives. » (Misopogon. pag. 342.) […] Il y a cinquante ans que le seul soupçon d’une fortune si éclatante eût été pris pour une injure ; on rendait encore justice au métier de Comédien, on le méprisait ; aujourd’hui c’est un état brillant dans le monde : un Acteur est un homme de conséquence, ses talents sont précieux, ses fonctions glorieuses, son ton imposant, son air avantageux ; on est trop heureux de l’avoir, on se l’arrache. […] Les petites villes trouvent des fonds pour bâtir des salles de spectacles, et s’abonnent avec des troupes de Comédiens, malgré la misère publique, qui rend et nécessaire et presque inutile, exerce et décourage le zèle des personnes charitables. […] La religion ne fait que reprendre ce qui lui appartient ; ce que les Païens, les Poètes, les Comédiens ont de bon est un larcin fait à l’Eglise, seule dépositaire de la vérité.

193. (1667) Traité de la comédie « Préface » pp. 452-454

Il faut regarder quelle est la vie d'un Comédien et d'une Comédienne ; quelle est la matière et le but de nos Comédies ; et quels effets elles produisent d'ordinaire dans les esprits de ceux qui les représentent, ou qui les voient représenter ; quelles impressions elles leur laissent ; et examiner ensuite, si tout cela a quelque rapport avec la vie, les sentiments et les devoirs d'un véritable Chrétien.

194. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

F. avec la plus vive douleur, le scandale qui vient de paroître dans cette Ville, par le séjour d’une Troupe de Comédiens ; de ces hommes pervers, qui n’emploient leurs talens qu’à corrompre les cœurs, & à répandre le poison dont ils sont infectés. […] Après avoir associé les Farceurs, Bateleurs & Comédiens, aux Magiciens, aux Devins, aux Usuriers publics, aux Simoniaques, aux Hérétiques dénoncés, & aux Schismatiques ; il ajoute : Toutes ces personnes demeureront excommuniées, jusqu’à ce qu’elles rentrent en elles-mêmes, & qu’elles reconnoissent l’énormité de leurs crimes, & qu’elles en demandent l’absolution à l’Eglise. […] Nos prédécesseurs en pareille circonstance ont refusé de faire une Procession générale, jusqu’à ce que le théatre fut renversé & les Comédiens chassés.

195. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Parmi une foule de causes de la décadence du goût sur le théatre, dont le détail forme une espece de traité de l’art dramatique, l’auteur en rapporte deux qui régardent les comédiens. 1°. […] Une autre source de la corruption du goût, aussi bien que des mœurs, c’est la considération qu’on donne aux comédiens. […] Dans le même siécle où les comédiens sont adorés, les réligieux sont méprisés & persécutés ; où est la justice ? Mais il y a quelques honêtes gens parmi les comédiens, & quelques réligieux vicieux : cela peut être ; mais si quelques traits de vertu doivent couvrir au théatre, un tas de désordres, une foule de vertus ne devroient elles pas couvrir dans la Réligion, quelques vices, aussi rares que les vertus des comédiens ? […] Il n’y a qu’un comédien, qui, pour faire de ses enfans autant de comédiens, leur donne de pareils thêmes.

196. (1675) Traité de la comédie « I. » pp. 272-274

Il faut regarder quelle est la vie d'un Comédien et d'une Comédienne, quelle est la matière et le but de nos Comédies ; quels effets elles produisent d'ordinaire dans les esprits de ceux qui les représentent, ou qui les voient représenter ; quelles impressions elles leur laissent ; et examiner ensuite si tout cela a quelque rapport avec la vie, les sentiments et les devoirs d'un véritable Chrétien.

197. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Par une contradiction opposée, & aussi déraisonnable, les Grecs ne regardoient pas les Comédiens comme infames, & cependant ne souffroient pas que les femmes montassent sur le théatre. […] En général les femmes sont plus naturellement Comédiennes que les hommes, on trouve plus de bonnes Actrices que de bons Acteurs, & généralement pour les arts de goût, pour la danse, la musique, la parure, un sexe l’emporte sur l’autre. […] Les Comédiennes sont adorées dans cette Cour ; & où ne le sont-elles pas ? […] Les anciens payens faisoient de même des actes religieux de leurs spectacles ; celles qui les représentoient n’étoient pas plus chastes que nos Comédiennes jouant Esther & Athalie. […] On dit qu’en plusieurs autres villes, Bordeaux, Marseille, Rouen, les troupes des Comédiens jouissent des mêmes prérogatives, & en font part à leurs amies.

198. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Il est encore quelque reste des loix de décence, dont on ne sauroit s’écarter aux yeux du public, sans se livrer à son mépris ; on n’y joue pas un rôle qui fasse briller & les talens & les graces, & on n’oseroit se déclarer Actrice ; il n’est pas encore reçu qu’une Dame se mêle avec les Comédiens. […] Il est certain que fi c’est rendre les gens parfaits que d’en faire des Comédiens, on ne peut y mieux réussir. […] Lorsque ce Prince chassa les Comédiens de Rome, & y ferma les théatres publics, les Seigneurs Romains se dédommagèrent en faisant jouer chez eux. […] Que de loix de punitions, de vigilance, contre les Comédiens, même chez les Rois Wisigots, comme on le voit dans les Œuvres de Cassiodore ! […] Dorbessan, dans son voyage d’Italie, nous apprend que les nobles Vénitiens ont des théatres à eux, qu’ils afferment à des troupes de Comédiens, & dont ils tirent un gros profit.

199. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Il joua un tour à un Archevêque ; il l’invita à dîner, & ensuite le conduisit, sans l’en avertir, dans une salle où étoit le théatre & des Comédiens tout prêts, qui avoient le mot. […] Le nom de ce Prince a passé en proverbe ; les noms de Comédien & d’Actrice n’ont pas moins l’honneur d’être devenus des proverbes. […] Après la piece les Comédiens la firent monter sur le théatre avec l’Abbé femme. […] Un parfait Comédien est un vrai Prothée, un menteur achevé ; il a un masque universel qu’il prend & quitte dans l’instant, & qui trompe par une parfaite ressemblance. […] On dit que ce Garik est un honnête homme, qui n’a point donné dans les excès & le libertinage ordinaires aux Comédiens.

200. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Un vieux Acteur qui avait quitté le théâtre gagnait sa vie à exercer et former des Comédiens. […] Il se moque de ceux qui font l’éloge des talents des Comédiens ; ce qu’il appelle absurde et ridicule, comme tant d’autres faux jugements dont il fait le détail : « Histriones laudans quod absurdum. » (L. […] Vous vous trompez vous-même, et vous trompez les autres, lui dit-il, les Comédiens ne se sont jamais étudié à rendre les hommes vertueux, leur unique dessein est de les faire pécher (les Actrices sont-elles du complot ?)  […] Sont-ce les Comédiens par leurs jeux, ou les Saints par leurs prières, qui ont fléchi la divine miséricorde, et nous ont obtenu la grâce, quand nous ne méritions que des châtiments ? […] Personne sans doute ne voudrait imiter les cruautés et les débauches de ce Prince ; mais on n’imite que trop son goût et ses profusions pour les Comédiens : magnificence honteuse, qui prostitue son bien à des gens indignes : « Cœca et contemptibile magnificentia gratiam Histrionibus prostituunt. » Nous avons vu quelquefois des Comédiens plus honnêtes que les autres, si l’on peut appeler honnête un état qui toujours couvert d’infamie, est indigne d’un homme libre : « Hominis liberis indignum indubitanter turpe. » On trouve de ces pièces comiques dans Ménandre, Plaute, Térence, etc.

201. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Paris fut-il mieux policé, quand Henri III. y eut fait venir des Comédiens ? […] Vous ignorez donc que le Pape lui-même a ses Comédiens, & qu’il va tous les jours à la Comédie ? […] C’en est un autre, qu’ils ont excommunié & qu’ils excommunient encore les Comédiens. […] De la figure, & des dangéreux charmes de telle & telle Comédienne ? […] Qu’on se souvienne, que c’est un fameux Comédien qui parle.

202. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Ce sont les plus grands seigneurs qui ont fait venir à grands frais des troupes de comédiens, de chanteurs, de danseurs, & c’est dans le palais du Palatin qu’on les a placés, le tout aux frais de la République. […] Les comédiens ne connoissent point cette sage économie ; ils se sont d’abord chargés du loyer : la folie & le vice sont des fonds inepuisables qui fournissent à tous leurs besoins. […] Les comédiens & les comédiennes sont d’habiles Arbalétriers qui tirent droit au cœur, & ne manquent gueres leur coup. […] Vaut-elle en effet un comédien ? […] Une troupe de comédiens françois (car quelle autre nation oseroit disputer de frivolité avec la nôtre, & à qui voudrions-nous en céder la gloire ?)

203. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Son suffrage contre cette comédie dit lui seul infiniment plus que Molière et tous les Comédiens du monde ne pourraient dire en sa faveur. Mais les Comédiens savent-ils respecter quelque chose, agir et parler qu’en Comédiens ? […] Mais dans le temps de ce concile, les Empereurs chrétiens, qui avaient purgé le théâtre, ne l’auraient pas souffert, les Comédiens ne l’auraient pas osé. […] Un Comédien n’est pas fait pour défendre la religion ; le Saint Esprit, qui descendit sur les Apôtres dans le Cénacle, ne descend pas sur les Comédiens. […] Comédie) a blâmé la sévérité des Genevois, et leur a conseillé d’appeler des troupes de Comédiens pour être dans leur ville les prédicateurs et les modèles de la sainteté.

204. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

J’avance tout ceci pour préparer l’esprit de mon Lecteur au récit d’une grâce insigne que Dieu versa en l’âme d’une Comédienne dont la vie et la piété peuvent faire honte à beaucoup de Dames nourries en des écoles plus retenues et plus réservées. Ce n’est pas sans raison qu’en Italie, en France et presque partout les Histrionsa ou Comédiens sont tenus pour infâmes, les lois mêmes les déclarent tels pour plusieurs raisons que chacun sait. […] Je leur répondis que les Ecclésiastiques et Religieux n’avaient bonne grâce qu’à l’Autel devant sa Majesté divine et que devant les Majestés humaines je les tenais pour des Bateleurs et des Comédiens, et qu’en mon opinion un Ecclésiastique Courtisan était une chose honteuse et monstrueuse, et plutôt un parfumeur d’Idoles qu’un Sacrificateur du vrai Dieu. […] C'était de la Conversion d’une des Comédiennes dont il me raconta l’Evénement de cette sorte. […] Il y eut en terre une grande réjouissance entre les personnes dévotes sur la Conversion de cette Comédienne.

205. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

L’auteur Russe est fort mécontant des comédiens, qui, en réfusant de jouer les pieces, l’ont forcé de se faire justice par l’impression. […] Il est singulier que les comédiens ne se soient pas empressés à jouer les Drames de son Altesse. […] C’est à la place des Bandits, qu’on tâche de détruire, que le Gouverneur veut établir des comédiens ; c’est opposer Bandits à Bandits. […] Quoique la comédie soit fort fréquentée à Siam, le metier de comédien n’y est pas moins ignoble, bas & abject. […] Une troupe de Comédiens vint jouer à Séez, dressa ses trétaux devant la Cathédrale, & représentoit pendant les Offices, & les sermons du Théologal.

206. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Si la profession de Comédien peut être honnête ? […] Si les Comédiennes peuvent être aussi sages que d’autres femmes ? […] Le Drame peut corriger les mœurs, il peut les corrompre ; ces deux effets opposés résultent non seulement de la nature de la Pièce, mais encore des qualités ou des vices du Comédien. […] Il est hors de doute que la profession de Comédien peut être honnête : la rendre telle, est le but du Plan de Réforme, & j’y renvoie*. […] Non, jusqu’à présent, les Comédiennes n’ont pu que difficilement être sages ; & ce qui est difficile, est rare.

207. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

les Histrions ne gagnent pas seulement leur vie avec leurs mains, mais avec leurs corps, il fait bien connaître qu'il n'entend pas parler des Comédiens et des Tragédiens, qui agissent plus de la langue que de tout le reste de leurs personnes ; mais seulement des Mimes, Pantomimes, et autres Bateleurs de la Scène et du Théâtre, dont l'art était de s'expliquer bien plus par les postures que par le discours : et nous pouvons découvrir son sentiment, quand il écritDe Spect. […] Il fait même trois sortes de censures contre le Théâtre ; et le nomme une chaire de pestilence, et l'école de la débauche ; mais ses paroles montrent assez clairement qu'il n'applique cette condamnation qu'aux Histrions, Farceurs, Mimes, Scurres et autres gens qui ne travaillaient qu'à faire rire ; car il ne se plaint que de l'impudence de l'Orchestre, où nous avons montré que les Comédiens ne jouaient point, et où était un lit sur lequel les Mimes représentaient les adultères de leurs Dieux, et de ce que l'on y donnait au public des Spectacles de fornication, des corps efféminés, des paroles sales, des mauvaises chansons, des femmes débauchées, qui dansaient et nageaient toutes nues dans l'Orchestre pour divertir le peuple, dont rien ne convenait au Poème Dramatique. […] prépare ce grand discours qu'il fait contre les impudences horribles de la Scène, il dit qu'il entend parler des Jeux du Cirque et du Théâtre, et dans la suite il explique les derniers par le seul terme de Mimes, Bouffons et Musique lascive, sans rien imputer de leur honteux libertinage aux Tragédiens et Comédiens.

208. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Or, ou le Théâtre est mauvais de sa nature, ou non ; s’il est vicieux, pourquoi le souffrir dans les Colléges, & s’il est indifférent, d’où vient l’improuver dans les Comédiens ? […] Sur votre Théâtre, Mademoiselle, on représente les passions ; un Comédien s’efforce de le faire aussi naturellement qu’il est possible ; on ne peut réussir sans les exciter en soi, il faut se pénétrer d’une ardeur qui ne s’efface pas aisément, après la représentation. […] Les femmes autrefois ne paroissoient jamais sur le Théâtre, c’étoit des hommes déguisés qui jouoient les rolles de femmes : ce déguisement est condamné dans l’Ecriture, & Saint Cyprien fait l’application1 aux Comédiens de cette condamnation générale. […] Chrysostome1 : vous vous persuadez, ajoute ce Pere2, qu’allant voir une Comédienne jouer sur un Théâtre, votre ame n’en reçoive aucune blessure. […] Vous avez dû sentir tout le vice & le danger de votre état ; c’est un scandale perpétuel que la vie d’un Comédien ; quand on supposeroit en lui la probité, la bienseance, toutes les vertus qui plaisent dans le monde, elles composent un édifice sans fondement.

209. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Les Italiens, qui sont les premiers Comédiens du monde, n'en remplissent-ils pas moins leurs pièces ? […] L'amour est présentement la passion qu'il y faut traiter le plus à fond ; et quelque belle que soit une pièce de Théâtre, si l'amour n'y est conduit d'une manière délicate, tendre et passionnée, elle n'aura d'autre succès que celui de dégoûter les spectateurs, et de ruiner les Comédiens. […] Il est tous les jours ému par l'éloquence des Orateurs, il le doit être à plus forte raison par la représentation des Comédiens : ils y ajoutent même tout ce qui les peut aider à ce dessein, leur déclamation, leur port, leurs gestes et leur ajustement. Les femmes ne négligent rien pour paraître belles : elles y réussissent quelquefois, et s'il y en a quelqu'une qui ne la soit pas, il ne faut pas s'en prendre à la Comédie, rien n'est plus contre son intention, puisqu'elle lui fait tenir la place d'une personne qui a été l'objet d'une passion violente, qu'une Comédienne sans beauté ne représente pas fidèlement: mais ce qui est de plus déplorable, c'est que les poètes sont maîtres des passions qu'ils traitent, mais ils ne le sont pas de celles qu'ils ont ainsi émues ; ils sont assurés de faire finir celles de leur Héros et de leur Héroïne avec le cinquième acte, et que les Comédiens ne diront que ce qui est dans leur rôle, parce qu'il n'y a que leur mémoire qui s'en mêle. […] Mais les Comédiens font céder toutes ces considérations à leur avarice, et les mauvais Chrétiens à leur plaisir.

210. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

La plûpart des Peres comparent les hérétiques à des Comédiens qui par un air de zèle & de réforme cherchent à en imposer ; & Tertullien, par une autre comparaison qui revient au même, compare les Comédiens aux hérétiques, parce que les uns & les autres ne croient & ne débitent que des fables. Il pouvoit ajoûter, parce que les fables des uns & des autres portent des coups mortels à la religion & aux mœurs, l’hérétique ouvertement par un parti formé, & un systême réfléchi de doctrine, le Comédien sourdement par l’insinuation du plaisir, le ridicule apparent de la vertu, l’exemple réel du vice. […] Elle transporte le théatre dans sa maison, dans son cœur ; forme souvent des troupes pour jouer des pieces, ou s’y enrôle, toute sa vie n’est qu’une comédie, son mariage avec le Comédien qui lui a plû en est le dénouement. Aussi la toile une fois levée par le sacrement, elle retrouve le Comédien dans la coulisse, l’homme le plus méprisable, qui la rend la plus malheureuse, & qu’elle paye de retour. […] Qui seroit assez dupe pour compter sur les promesses, la discrétion, le secret, la droiture d’un homme qui passe sa vie, je ne dis pas dans un commerce familier avec les Comédiens (y auroit-il du doute ?)

211. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Le goût sanguinaire des comédiens embellit l’échafaud, la roue, le fer, le supplice, & couronne de fleurs le bourreau. […] (Je ne garantis rien : c’est un comédien qui parle d’une comédienne.) […] La ville entretient les comédiens, & tout l’argent qu’on reçoit à la porte est distribué aux pauvres. […] Il faut que les Comédiens flamans ne soient point si délicats que les françois, & en effet les François sont des Gentilshommes que tous doit respecter. […] Un bon comédien doit réunir plus de bonnes qualités qu’un bon écrivain, & il y a moins de bons acteurs que de bons auteurs.

212. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Si la profession de Comédien peut être honnête ? […] Il n’a point de rôle à jouer : il n’est pas Comédien. […] Qu’est-ce que le talent du Comédien ? […] Qu’est-ce que la profession du Comédien ? […] Nous aurons des Comédiens, mais quels ?

213. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Un bon Comédien, comme Pic de la Mirande, joueroit de omni sihili. […] un Comédien, une Actrice sont-ils faits pour les débiter ? […] Tel étoit celui des Comédiens Romains, dont les Empereurs ont souvent réprimé les folies. […] qui oseroit paroître avec des habits que la magnificence des Comédiens fait passer pour des haillons ? […] Il se mocqua de toutes les remontrances de son père, il le quitta, se donna à une troupe de Comédiens, pour suivre une Comédienne dont il étoit amoureux.

214. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XII. La représentation des pièces de théâtre est plus dangereuse que la lecture. » pp. 108-110

Au reste, ce fameux comédien avait beaucoup de prétentions sur sa thèse, par la perfection où il avait porté son art. […] Quintilien dit que les comédiens embellissaient les pièces des plus mauvais poètes avec tant de succès, que celles qu’on n’aurait pas voulu placer dans une bibliothèque étaient jouées avec applaudissementsat. » Il n’est en effet point de drames, quelque parfaits qu’ils puissent être, qui ne soient dépendants du jeu des acteurs.

215. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

Des Bateleurs, Comédiens, et Tabarins. Voici une troisième sorte de violateurs et de pécheurs publics auxquels Messieurs les Juges devraient s’opposer, parce qu’il y va de la gloire de Dieu, de l’honneur de l’Eglise, et du bien des fidèles ; et ne le faisant pas, ils participent à tous les crimes qu’ils commettent et font commettre ; ce sont les Comédiens, Tabarins, Bateleurs et Vagabonds, lesquels autorisés par Messieurs les Magistrats, perdent une infinité d’âmes par leurs sales représentations et discours impudiques. […] De l’assistance aux Théâtres Ce ne sont pas seulement les gens du commun qui assistent aux spectacles pour y entendre les Comédiens, ou les Bateleurs ; mais aussi le plus souvent les personnes de condition, sans se mettre en peine s’ils violent les jours dédiés à Dieu, se persuadant, comme j’ai dit, qu’il leur suffit d’avoir entendu la sainte Messe, et de s’être abstenus du travail, pour bien célébrer ces saints jours : ce qui fait qu’ils ne font aucun scrupule de se rendre aux théâtres et aux farces publiques pendant ces célébrités. […] Ce que je viens de dire touchant Messieurs les Gens du Roi, qui souffrent les Bateleurs et Comédiens, devrait suffire pour détourner un chacun de ces honteuses assemblées : cependant pour ne rien omettre dans une matière si importante, et où il y va tant du salut, je veux y ajouter quelque chose en faveur de ceux qui peut-être ne connaissent pas assez à quel étrange péril de leur salut ils s’engagent, en assistant à ces spectacles.

216. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

C’étoient des propos de Comédien qui veut débiter son orviétan. […] Aucun comédien devant lui, n’avoit pris le ton de Casuiste. […] Aucun amateur, aucun Comédien qui ne s’en confesse. […] Les gens de bien sont indignés de la seule proposition de permettre la comédie, & de soustraire les comédiens aux censures ecclésiastiques, si authentiquement prononcées par l’Eglise, & toujours plus méritées. […] Tibere, successeur d’Auguste, n’aimoit point les spectacles, & chassa les comédiens.

217. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

Charles dont je me faisais fort ; je ne savais pas bien même ce que c’était que la Comédie Française de la manière qu’elle se joue à Paris, n’ayant jamais lu de Comédies de Molière, et n’en ayant lu que fort peu d’autres et sans application, n’ayant d’ailleurs qu’entendu parler des Rituels sur les Comédiens, sans avoir même lu celui de Paris. […] Je suis très convaincu après avoir examiné la chose à fond, que les raisons qu’on apporte d’un côté pour excuser la Comédie sont toutes frivoles, et que celles qu’a l’Eglise au contraire sont très solides et incontestables, quand elle met les Comédiens au nombre de ceux à qui elle refuse dans la maladie le Viatique, à moins qu’ils ne réparent le scandale qu’ils ont donné au public, en renonçant à leur profession, et qu’elle ne les veut pas admettre à recevoir des Ordres, s’ils s’y présentaient. […] Je reçois, Monseigneur, de tout mon cœur et dans un esprit de parfaite soumission, cette discipline Ecclésiastique, et la doctrine qui en fait le fondement ; et je souscrirais sans réserve tout ce qui est dit dans votre Rituel, soit contre les Comédiens directement ou indirectement, soit en toute autre matière.

218. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Cet événement, si funeste à la religion, est l’ouvrage d’une comédienne. […] C’étoit déjà une parfaite Comédienne. […] Une comédienne a donné une doctrine & des habits commodes. […] C’étoit vendre les faveurs en comédienne. […] Elle ne savoit que des ruses, des défaites, des mensonges d’une comédienne.

219. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Quelque Prêtre de la Divinité devait y présider, et sur la fête, et sur les Prêtres inférieurs (les Comédiens). […] On donna son nom aux Comédiens, on les a appelés Histrions. […] Tout le monde sait que cette fameuse Comédienne, sur le refus du Curé de S.  […] On aurait vainement cherché Rome dans Rome comédienne. […] Il se forma des troupes de Comédiens qui pour se donner un air de piété, se nommaient les Confrères de la Passion.

220. (1707) Lettres sur la comédie « LETTRE, de Monsieur Despreaux. sur la Comédie. » pp. 272-275

Car puisqu’il faut vous dire le vrai, autant que je peux me ressouvenir de votre dernière pièce, vous prenez le change, et vous y confondez la Comédienne avec la Comédie, que dans mes raisonnements avec le Père Massillon j’ai, comme vous savez, exactement séparées. […] Du reste, je vous abandonne le Comédien et la plupart de nos Poètes, et même Monsieur Racine en plusieurs de ses Pièces.

221. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Bien-tôt on le verroit couronné de rayons, comme un Saint canonnisé, si les Comédiens connoissoient les Saints, & si à l’exemple de leur idole ils s’embarrassoient de sainteté. […] Doit-on cette réforme aux Comédiens, chez qui les bouffonneries sont la plus grande partie de ce qu’ils appellent plaisanterie ? […] Les traits qu’il lance contre ceux qui critiquoient ses pieces & ceux qui firent défendre son Tartuffe, font voir qu’un Comédien ne s’estime pas médiocrement. […] Les Actrices étoient alors aussi courues des Grands, les Comédiens aussi bien reçus des Dames. […]  3. dit : Malheur à la nation insensée qui place à coté des grands hommes, de l’homme utile à sa patrie, celui qui ne contribue qu’au plaisir frivole, Comédiens, Danseurs, Moliere, &c.

222. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

Ce que nous disons du Théatre, des Auteurs & des Comédiens, ne peut être attribué qu’à l’intérêt que nous prenons à l’Art Dramatique. […] Nous n’avons eu intention d’offenser, ni Auteurs ni Comédiens. […] Nous serons de leur avis, si tous nos lecteurs sont Comédiens.

223. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

J’Ai constaté, Mademoiselle, dans ma derniere Lettre, l’Excommunication des Comédiens : en vain par l’organe de votre Avocat, prétendez-vous en faire porter tout le poids aux Farceurs, pour en décharger votre troupe ; la différence des premiers & de celle-ci est purement accidentelle. […] Les Comédiens vulgaires disent crûment les choses que vous enveloppez, vous prenez un autre chemin pour atteindre au même but : différence des conditions ne fait rien aux yeux de celui qui n’a acception de personnes, & s’il est vrai que vous soyez pour les grands du monde, un sujet de scandale, je vous trouve tout aussi coupable qu’un Charlatan qui empoisonne, en débitant ses drogues, les oreilles de la Canaille, par des obscénités grossieres. […] Ce Comédien, Disciple de Lucrece, qu’il avoit traduit en bonne partie, introduit sur la Scène, le plus perfide & le plus scélerat de tous les hommes, avec tous les dehors de la piété ; son but dans cette piéce odieuse, est de tourner la Religion en ridicule, ou du moins ceux qui la professent : il met dans la bouche d’Orgon, ces paroles que les Epicuriens ont dû entendre avec une très-grande satisfaction.

224. (1844) Théologie morale « CHAPITRE I. Des Péchés de luxure non consommée, sections 644-651. » pp. 291-296

On voit que ces saints Docteurs ne croyaient point que les acteurs, les comédiens fussent excommuniés. […] Cependant, il est vrai qu’en France les comédiens étaient autrefois regardés comme excommuniés. Mais Pontas s’est trompé en disant : « Tout le monde sait que les pasteurs denoncent publiquement les comédiens pour des gens excommuniés, tous les dimanches, au prône des messes de paroisse 11 » ; car la formule du prône, dans la plupart des rituels de France, ne fait point mention de cette excommunication12.

225. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

L’art de l’Auteur dramatique ne se borne cependant pas, comme celui du Comédien, à faire un beau tableau, à l’animer, à le bien colorier, à le rendre agréable, frappant, achevé. […] Voila la première origine de l’avilissement attaché au nom de Comédien. […] Il accusa l’Opéra-Comique de cette disette de bons Comédiens. […] Et pourtant ces inconvéniens sont sans remède, avec une Troupe toujours peu nombreuse de Comédiens de profession, qui ne peuvent ni ne veulent apprendre un grand nombre de Pièces. […] Ils seront moins Comédiens & plus Acteurs : ils peindront la nature.

226. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

La seconde, parce l’Editn du Préteur & les Loix Romaines ont noté d’infamiesa les Comédiens, & qu’Emilius Probusb témoigne qu’ils estoient infames parmi les Romains. […] La cinquiéme, parce que le Concile d’Elviref en 305. défend aux femmes & aux filles Chrétiennes d’épouser des Comédiens sous peine d’excommunication ; que le premierg & le second Concile d’Arlesh en 314. & en 451, excommunient les Comédiens ; & que le Concile du Dôme de Constantinoplei en 692. défend aux Laiques, sous peine d’excommunication, de se déguiser ni en Comédiens, ni en Satyres, ni en Tragédiens. […] « Il ne faut pas que les Prêtres, ni les autres Ecclesiastiques assistent aux Spectacles des boufons, des farceurs, ou des Comédiens. » Le premier Concile Provincial de Milana en 1565. […] « Nous défendons aux Ecclesiastiques d’assister aux Comédies, aux fables, ni aux autres spectacles que les Comédiens & les Boufons representent, de peur que la pureté du Sacerdoce ne soit soüillée par la vûë des choses vaines & malhonnêtes. » Les Statuts & Réglemens du Diocese d’Evreux en 1644d.

227. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

Rousseau, à nous priver, parce qu’il peut être dangereux, d’un plaisir qui réunit l’agréable à l’utile, elle propose les moyens de l’augmenter, en même-temps qu’elle en suggère pour honester la profession de Comédien. […] 175 Le Préambule expose 1. la manière dont les Comédiens étaient regardés chez les Grecs & chez les Romains. […] 415 On parle dans [I] de la manière dont les Comédiens ont été regardés par les Anciens & par les Modernes. […] 446 L’Ouvrage est terminé, 1. par un nouveau Projet, pour l’établissement d’un Comédisme rendu non dangereux en conséquence de la dégradation des Comédiens, comme le Plan de Réforme produirait cet avantage par l’élévation & l’honnêteté de nos Citoyens-Acteurs.

228. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

« Ils ne permettaient point que ces amusements fussent déshonorés par des Comédiens de profession. […] Et à l’égard des Comédiens et Comédiennes, Nous défendons très expressément à nos Pasteurs et à nos Confesseurs de les recevoir aux Sacrements ; si ce n’est qu’ils aient fait pénitence de leur péché, donné des preuves d’amendement, renoncé à leur état, etc. […] Chaque fonction de Comédien est un trait de ressemblance avec ces deux Patrons, et de dévouement à leur service. […] Quel genre d’impudence, soit dans les paroles soit dans les gestes les Comédiens omettent-ils ? […] « Un homme qui aurait chez soi des Comédiens, ne se déshonorerait-il point ?

229. (2019) Haine du théâtre: Bibliographie France (traités, pamphlets, documents, etc.)

Laval, comédien, à M. […] Laval, comédien, à M.  […] II, col. 991-993 ; « Comédiens », t.  […] Ou chastiment nécessaire pour ADLB Apologiste des comédiens. […] Laval, comédien, à M. 

230. (1695) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras contre la Comédie [4 décembre 1695] « Mandement  » pp. 34-37

Et à l’égard des Comédiens et Comédiennes, Nous défendons très expressément à nos Pasteurs et à nos Confesseurs de les recevoir aux Sacrements si ce n’est qu’ils aient fait Pénitence de leur péché, donné des preuves d’amendement, renoncé à leur Etat, et réparé par une satisfaction publique, telle que nous jugerons à propos de leur ordonner, le scandale public qu’ils ont donné.

231. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

L’orateur étudioit le jeu non le rôle du comédien, étude qui exige un discernement exquis, n’est pas pour des enfans. […] Une comédienne nommée la Favart, agitoit son cœur par ses galanteries. […] Les comédiens firent une affaire d’état de leurs spectacles ; avoient-ils tort ? […] Les comédiens s’adresserent au Gouvernement, pour obtenir un édit qui leur permit de danser. […] interdit aux actrices l’usage des pierreries, & la magnificence des habits, & aux femmes chrétiennes tout commerce avec les comédiens & comédiennes ; il défendit d’acheter, de vendre, d’instruire, de produire dans les festins & les spectacles, d’entretenir même chez soi des chanteuses & danseuses, joueuses d’instrumens, &c.

232. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXII. Le repentir de quelques auteurs dramatiques d’avoir travaillé pour les théâtres doit nous engager à éviter ces divertissements. » pp. 183-186

D’ailleurs la conduite d’un comédien est bien plus opposée au salut, toutes choses égales, que celle d’un auteur dramatique : ses jours se passent dans la dissipation, dans l’oubli du christianisme, et parmi les objets de séduction qui se succèdent les uns aux autres. […] Il fut accueilli, dans ses premiers succès, par le prince de Conti, qui lui donna des appointements, et pensionna sa nouvelle troupe ; mais ce seigneur comprit depuis le danger de la comédie, et, pour réparer en quelque sorte la faute d’avoir donné asile au plus grand comédien, il se crut obligé d’écrire contre le théâtre.

233. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PREFACE CONTENANT L’HISTOIRE DU DIX-SEPTIEME SIECLE, SUR LA COMÉDIE. » pp. -

La second, l’infamie dont les Lois ont noté les Comédiens. […] M. le Curé de saint Germain de l’Auxerrois à Paris, consulta les Docteurs de Sorbonne sur les Comédies ; il fut décidé qu’il y avait péché mortel, et pour les Comédiens et pour ceux qui y contribuent : L’on verra cette décision dans la Section 6. du Chap. 4. de cet Ouvrage.

234. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

L’infamie dont les Loix ont noté les Comédiens ». […] Ils ne flattoient pas en effet les Comédiens. […] Laval, Comédien, à M. […] On répond que les Comédiens n’en sont pas assez exempts pour les corriger. […] Rabelleau, que nous fussions tous des Comédiens.

235. (1620) L’Honneur du théâtre « Prologue » pp. 39-42

Ce Comédien Romain était si naïf en ses personnages, et si violent en ses actions, qui semblaient requérir quelque affection, qu’il tua d’un coup de Sceptre un importun sur le Théâtre, rendant la comédie tragique, ou la tragédie plus funeste. […] [NDE] Ce prologue est le premier d’un ensemble de six que l’auteur dit avoir composé à la demande de comédiens.

236. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Mais d’où vient donc que quand on en sort on est si bien instruit de la réussite de tel ou de tel comédien, de la figure et des charmes dangereux de telle ou de telle comédienne ? D’ailleurs, est-il jamais permis de s’exposer à l’occasion de péché mortel, de soutenir les comédiens, de scandaliser le prochain, pour trouver compagnie ou pour la musique ? […] « Or, défendre au comédien d’être vicieux, c’est défendre à l’homme d’être malade (J. […] Quand on tente la justification du théâtre, dit d’Aubignac, on a contre soi l’infamie dont les lois ont noté les comédiens. […] Quatrième fait. — Les lois ecclésiastiques et civiles ont de tout temps noté d’infamie les comédiens et les comédiennes.

237. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Voltaire conclud que les comédiens ne sont point imfames : il devroit en conclure que le vice aveugle sur l’honneur comme sur la conscience, & qu’un suffrage dicté par le libertinage n’est d’aucun poids. […] Maurice avoit toujours dans son camp une troupe de comédiens à ses pages ; il entretenoit ainsi la gaieté & avec elle la valeur, & faisoit diversion par ce libertinage aux raisonnemens politiques sur ses opérations. […] Malgré cela, il entretenoit des filles qui l’ont tué, & c’est une comédienne (la Favart) qui lui a donné le coup de grace. […] Cet usage s’est si bien établi, qu’il n’y a point d’armée qui n’ait son régiment de comédiens & sa compagnie de comédiennes. […] Il est lui-même si comédien !

238. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Il n’entrera jamais dans l’esprit d’une honnête fille de se faire comédienne, & la premiere résolution que prendra tout suppôt du théatre qui voudra sincèrement se convertir, sera de quitter la troupe. […] Un Comédien voulant se marier, dit Madame de Sévigné, quoiqu’il eût un certain mal, son camarade lui dit : Hé ! […] Qu’on les mette dans la balance, quelle comparaison entre le Prince de Conti & Moliere, Nicole & Boursaut, Bossuet & d’Alembert, Massillon & Fagan, Bourdaloue & Marmontel, & le Comédien Laval, qui s’est aussi avisé de se mettre sur les rangs ! […] Ils portèrent leurs plaintes aux premiers Gentilshommes de la chambre, & leur représentèrent qu’ils ne pouvoient conserver dans leur corps (si honorable) un homme déshonoré (un Comédien peut-il être déshonoré ?). […] Quelles ames de boue que ces Comédiens !

239. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Les matieres, qui s’y traitent, ne sont ordinairement, que d’amour, & de ses intrigues, car le théatre ne plairoit plus, si cette passion n’en faisoit l’ame : L’expression, qu’on en fait, est par la déclamation la plus douce, la plus animée, & la plus transportée : L’ajustement d’une comédienne n’a rien, qui ne respire je ne sçay quoy d’impur, par la nudité de sa gorge, par son geste mol, & affecté, & par son action efféminée. […] Comment donc une personne, qui fréquente le Théatre, sera-t’elle capable d’aucun sentiment Chrêtien, ne remportant de là, qu’une teste pleine d’idées douces, & charmantes, & de toutes les passions foles, & imaginaires, que la déclamation d’un Comédien luy a pû representer ? […] que tandis que des Prédicateurs de l’Evangile seront abandonnez, les Comédiens cependant ne manquent pas d’auditeurs, qui y vont en foüle ? […] N’est-ce pas en quelque maniere donner l’avantage à un comédien, par dessus lès Députez, & les Ambassadeurs du Ciel ?

240. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

La Troupe Royale des Comédiens Français donna de son côté Andromède de Corneille. […] Il n’y avait alors que quelques gueux qui chantaient, gambadaient, jouaient des tours de passe-passe, et quelques Troubadours qui allaient contant leurs fabliaux, spectacle pour lequel un Comédien même n’imaginerait pas que le Pape eût un théâtre où il se plaçait en cérémonie. […] Alexandre appelle avec raison putidissima fabula, a dû être du goût d’un Comédien. […] C’était un homme élégant et agréable, vir elegans et jocundus (un petit maître), un homme exercé par le cothurne Français, Gallicano cothurno exercitatus (un Comédien), qui pérora d’une manière facétieuse, facete peroravit (en plaisantant légèrement). […] Dans le fond un Comédien, fût-il Molière ou Baron, n’est pas fait pour traiter avec un Pape sur l’affaire des investitures.

241. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Voilà donc le tombeau des rois qui va devenir la sépulture des comédiens, graces aux guinées des amateurs. […] Au milieu des Enfans de la joie (l’on nommoit ainsi les comédiens) parut Shakespear qui perfectionna ou plutôt créa la scène. […] Il se donna à une troupe de comédiens à Londres. […] Etant poursuivi pour crime de vol, il n’avoit trouvé de ressource & d’asyle qu’une troupe de comédiens, & ayant dans ce métier acquis beaucoup de bien, il s’enveloppa dans sa philosophie, & fut le manger dans son village. […] Mais ses amis ont ramassé les rôles des comédiens, les ont cousus à leur manière, & en ont composé son théatre.

242. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

L’urbanité, la modestie, le sérieux, la gravité, ne sont pas tout-à-fait bannies de dessus la terre, & les Comédiens, accoûtumés à jouer toute sorte de rôles, ont intérêt de se conformer au goût dominant. […] Le vice est un Comédien, c’est-à-dire un imposteur : il se déguise sous les habits & les façons du jour ; il est servi chez les grands avec respect dans une coupe d’or, chez les petits familierement dans une écuelle de terre. […] Les libertins, les Comédiens même parlent comme nous ; jamais ils n’ont avancé que l’obscénité & l’impiété fussent permises, ils ont toûjours prétendu que leurs pieces en étoient exemptes. […] A Rome le mélange des Comédiens fut inconnu, jusqu’à la dépravation des mœurs ; il augmenta cette dépravation. […] Aussi quel langage se tiennent les Comédiens après la piece !

243. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Tels sont les jeux publics des comédiens et farceurs. […] Car, (comme disait Sénèque ès livres de la République) jamais les Comédiens n’eussent pu faire approuver leurs ordures ès Théâtres, si la façon et coutume de vivre ne les eût favorisés ». […] C’estpourquoi le Roi Philippe Auguste par de très saints Edits chassa tous bateleurs, et comédiens de son Royaume. […] D’ou vient qu’on rejette le comédien, par lequel est honoré le Dieu : pourquoi est noté d’ignominie l’acteur de cette ordure théâtrique, si l’exacteur est adoré ? […] Le canon 18 interdit à qui a épousé une comédienne d’exercer aucune fonction ecclésiastique : évêque, prêtre ou diacre.

244. (1733) Traité contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE TRAITÉ. CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 247-261

Quoique l’auteur s’exprime d’une manière un peu obscure, je crois néanmoins qu’il parle ici contre les comédiens qui s’habillaient en femmes ; car il parle un peu plus bas des femmes, qui paraissaient elles-mêmes sur le théâtre. […] comédien qui se fait raser. On voit par ce reproche de Tertullien, que c’était une chose ridicule de son temps, que de se faire faire la barbe ; ce qui n’appartenait qu’à des comédiens, ou à des efféminés.

245. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVI. Sentiment de Saint Antonin. » pp. 93-96

On peut entendre par là ce qu’il aurait jugé de nos opéras, et s’il aurait cru moins dangereux de voir des comédiennes jouer si passionnément le personnage d’amantes avec tous les malheureux avantages de leur sexe. […] Et quia repraesentationes quae fiunt hodie de rebus spiritualibus miscentur cum multis joculationibus et trufis et larvis, ideo non congruit cas in ecclesiis fieri, nec per clericos… Sed cum histriones utuntur indifferenter tali exercitio ad repraesentandum etiam turpia, vel vituperandum et irridendum personas spirituales, vel sacramenta et divinum cultum, vel miscentur ibi superstitiones vel periculum vitae, ut tendere arcum super funem et hujusmodi, illicita est ars et eam oportet dimittere. » — D’où il suit que, dans la pensée de saint Antonin, histrionatus ars est bien l’équivalent de ludus scenicus, d’art dramatique, puisqu’il s’agit de repaesentationes, et comme, pour en parler, il s’autorise de saint Thomas, c’est donc qu’à son avis, celui-ci, par histrions, entendait aussi les comédiens.

246. (1731) Discours sur la comédie « Préface de l'Editeur. » pp. -

Cet écrit favorable à la Comédie et aux Comédiens, fit grand bruit ; les Prédicateurs témoignèrent ouvertement leur indignation ; leur zèle fut secondé par les Curés de Paris et douze d’entre eux portèrent leurs plaintes à l’Official. […] Pour bien juger du mérite de cet ouvrage, il faut saisir le but principal de l’Auteur, qui est de justifier la pratique de l’Eglise, en excommuniant les Comédiens et en tolérant ceux qui vont aux Spectacles.

247. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Il n’a point de rôle à jouer, il n’est pas Comédien. […] Rousseau n’épargnera pas les mœurs des Comédiens. […] Rousseau trouve déshonorant dans la profession de Comédien. « Qu’est-ce que le talent du Comédien ? […] A Rome les Comédiens étaient des esclaves1 ; la condition d’esclave était infâme, et par conséquent celle de Comédien ; M.

248. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Plusieurs Conciles prononcent l’excommunication contre les comédiens et leurs adhérents21. […] « Qu’est-ce que le talent du Comédien ? […] Qu’est-ce que la profession du Comédien ? […] Quel est donc, au fond, l’esprit que le Comédien reçoit de son état ? […] Les inconvénients graves, qui font à juste titre condamner la Comédie et les Comédiens, doivent également résulter de cette espèce d’apprentissage.

249. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Un comédien disoit à Philippe de Macédoine : Dieu vous garde de jouer aussi-bien que moi. […] L’Académie, qui ne parut pas, auroit pu composer le drame : elle en laissa la gloire aux comédiens. […] Les comédiens françois firent quelque chose d’approchant à la Centenaire de Moliere & à la Dédicace du Buste de Voltaire. […] La troupe des comédiens, qui fait partie de la garnison, joua une comédie allemande intitulée, l’Orgueil des Quartiers. […] Les comédiens ont repris leurs exercices.

250. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

L’Avocat des Comédiens en tournant le dos à la morale Evangelique, n’avoit garde, Mademoiselle, de comparoître au Tribunal des saint Peres ; il se contente de les respecter, sans toutefois leur prêter l’oreille ; & sa grande raison : autre chose, l’ordre des vertus chrétiennes, (p. […] Arnobe qui, dans le siècle suivant entreprit la défense de la Religion Chrétienne, parloit ainsi aux Empereurs2 : vos Loix n’ont-elles pas flétri les Comédiens, qui sont les Ministres de vos superstitions sur le Théâtre ? […] Ainsi s’exprimoient, Mademoiselle, les anciens Peres de l’Eglise ; ceux qui leur ont succédé n’étoient plus guères dans le cas d’écrire contre les Comédiens qui devenoient très-rares, & dont les représentations étoient sans suite & sans consistance. […] Ces réglemens ayant été mal exécutés, cet Empereur bannit1 les Comédiens de toute l’Italie ; cette Sentence fut renouvellée plus d’une fois2, selon Tacite de qui je tiens ces particularités remarquables.

251. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Dans son Sermon sur le mauvais riche & Lazare, pour faire sentir la vanité des richesses, il compare les gens riches aux Comédiens. […] Donnez aux pauvres, & non pas aux Comédiens. […] Un Comédien à qui l’on représente l’infamie de son métier, en convient, & se retranche sur la nécessité de gagner sa vie. […] Voilà donc les panégyristes que vous ambitionnez, & c’est avec des Danseurs, des Comédiens, des femmes de mauvaise vie que vous partagez cette gloire.

252. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Selon vous, l’habitude où sont les Comédiens de revêtir un caractère qui n’est pas le leur, les accoutume à la fausseté. […] Que l’état de Comédien est celui de tous où il est le moins permis d’être médiocre. […] Les Grecs l’ont été moins que nous, et il ne faut point chercher d’autres causes de l’estime où les bons Comédiens étaient parmi eux. […] Au reste vous ne devez pas ignorer, Monsieur, que depuis deux ans une troupe de Comédiens s’est établie aux portes de Genève, et que Genève et les Comédiens s’en trouvent à merveille. […] [NDE] Clodius Esopus était un célèbre comédien romain du Ier siècle av.

253. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Machiavel étoit naturellement comédien & satyrique : c’est le goût de sa nation. […] Il n’est pas nécessaire de dire qu’un comédien, un amateur n’écoutent ni la probité, ni la religion. […] Une actrice fait la prude, un comédien fait parade de beaux sentimens, les joujous amusent, attirent la confiance, facilitent les manœuvres. […] Les comédiens, qui y joignent l’étude & l’exercice, y sont des grands orateurs. […] L’auteur, apparemment homme de théatre, a supprimé à dessein deux moyens qu’Aristote dit a oir été employés avec succès par les tyrans ; l’un, de faire de grandes largesses aux comédiens, aux étrangers, aux femmes de mauvaise vie, scortis & peregrinis & histrionibus donat effuse , pour amollir les citoyens & les rendre vicieux, foibles, pusillanimes ; l’autre, d’occuper les peuples par des bâtimens, des peintures, des statues, pour les appauvrir, en inspirant le luxe & la magnificence qui engage dans des folles dépenses, & ne pas leur laisser dans l’oisiveté le loisir de réfléchir sur leur état & de cabaler contre lui.

254. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. […] Les comédiens ne sont donc pas dans le monde les seuls qui jouent la comédie. […] Ce ne sont enfin que de grands comédiens de religion et de vertu. […] Pourquoi donc, le titre du livre, des Comédiens et du Clergé, exciterait-il une si grande susceptibilité ? […] Ils n’étaient que des comédiens, remplissant des rôles d’acteurs sur le théâtre du monde.

255. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Les Italiens qui sont les premiers Comédiens du monde, n’en remplissent-ils pas leurs pièces ? […] L’amour est présentement la passion qu’il y faut traiter le plus à fond ; et quelque belle que soit une pièce de Théâtre, si l’amour n’y est conduit d’une manière délicate, tendre et passionnée, elle n’aura d’autres succès que celui de dégoûter les Spectateurs, et de ruiner les Comédiens. […] Les femmes ne négligent rien pour y paraîttre belles : elles y réussissent quelquefois, et s’il y en a quelqu’une qui ne le soit pas, il ne faut pas s’en prendre à la Comédie, rien n’est plus contre son intention, puisqu’elle lui fait tenir la place d’une personne qui a été l’objet d’une passion violente, qu’une Comédienne sans beauté ne représente pas fidèlement. Mais ce qui est plus déplorable, c’est que les Poètes sont maîtres des passions qu’ils traitent, mais ils ne le sont pas de celles qu’ils ont ainsi émues ; ils sont assurés de faire finir celles de leur Héros, et de leur Héroïne avec le cinquième acte, et que les Comédiens ne diront que ce qui est dans leur rôle, parce qu’il n’y a que leur mémoire qui s’en mêle. […] Mais les Comédiens font céder toutes ces considérations à leur avarice, et les mauvais Chrétiens à leur plaisir.

256. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Garrik, comédien, Let. […] Tout comédien qui pensera aussi sensément que lui, sera le premier à se moquer des champions qui voudront rompre des lances pour la dignité de la troupe, & la noblesse de ses exercices. En France, où les comédiens savans & vertueux sont en très-petit nombre, & où encore moins d’actrices cherchent la célébrité par la régularité des mœurs ; les protecteurs des foyers passent condamnation, & n’ont garde de demander pour leurs protégés, les considérations personnelles ; les gens du bel air, & du bon ton, en France, n’ont pas assez de logique pour d’istinguer l’homme de l’artiste, & la profession du mérite. […] Le premier lot sera une loge au premier rang, pour quinze ans ; le second, une loge au second rang pendant dix ans, d’autres lots des places à l’amphitéatre pendant quelques années, les petits lots dont le nombre est très-considérable, l’entrée au parterre pour quelque mois, ceux qui n’auront point de lot auront trois ou quatre billets de parterre, tous les billets sont de six livres, ce droit est personnel, & ne passe point à d’autre ; ainsi l’opéra ne perd rien, est payé d’avance, & gagne toutes les absences, c’est voler le public & le comédiens à venir. […] Ting Zi, Empereur de la Chine avoit des vertus ; mais il étoit foible, & plusieurs fois il se seroit deshonoré, sans les conseils de sa mere : il aimoit éperdument une comédienne.

257. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

L’Eglise prononce des censures contre les Comédiens, non pas contre les Auteurs des romans ; le public n’y court pas avec la même fureur, ils occasionnent moins de péché, & il est bien plus facile de s’en détacher. […] Le public doit savoir que le gouvernement n’approuve point les Comédiens, qu’il ne les tolère qu’à regret pour le divertissement du peuple & par ses prieres importunes. […] La comédie est mauvaise, dit-il, ou par l’occasion du péché qu’on y trouve, ou par la dépense qu’on y fait pour les Comédiens, qu’on entretient dans leur coupable métier. […] Est-il permis, continue cet Auteur, de donner aux Comédiens ? […] Il caractérise la profession de Comédien : ce sont des gens qui se damnent pour divertir.

258. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Les comédiens doivent contenter tous les spectateurs ; s’ils ne jouoient que des comédies telles que souhaiteroient les honnêtes gens, leur sale seroit souvent déserte ; avec d’excellentes pièces les meilleurs comédiens mourroient de faim. […] Vous avez du sentiment, les beaux morceaux doivent vous toucher ; le livre est sous vos yeux ; vous méditez, vous avalez à longs traits le venin que l’auteur a répandu dans les vers que vous admirez ; enfin, vous faites vous-même le rôle du comédien que vous condamnez si sévérement.

259. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

Outre que ces comédiennes coûtaient peu, le peuple assistait au spectacle en plein air ; et, puisque la santé ainsi que l’économie contribuent au maintien des mœurs, on conçoit cette exclamation de plusieurs sages publicistes : Qui nous rendra la morale du bon temps ! […] [NDA] Des Comédiens et du Clergé.

260. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

J’ose même en appeler à la conscience ; malgré l’endurcissement où l’habitude & le mauvais exemple ont pu jeter, il n’y a pas de femme, il n’y a point de Comédienne, c’est tout dire, à qui la vue d’elle même ne cause des remords. […] Rien de plus modeste que la crainte, de plus timide que la modestie : rien au contraire de plus ferme, de plus aguerri qu’une Comédienne, rien aussi de plus immodeste. […] L’indécence ne distingue que les Courtisannes & les Comédiennes, chez qui, d’intelligence avec le cœur, le vice perce à travers la gaze. […] Les présens qu’on fait aux Comédiennes sont bien d’une autre espèce ; que feroient-elles d’un voile ? […] Autant qu’une femme modeste, qui respecte le public, en impose aux plus libertins par sa présence, autant une Comédienne leve toutes les barrieres par son innocence.

261. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. […] Saint Epiphane, Evêque de Constance, dans son Panarium se plaint de l’Empereur Jovinien, de ce qu’il autorisait le vice des Comédiens, qui gâtaient par leurs lascivetés les bonnes mœurs d’un chacun ; Saint Ambroise, Evêque de Milan, écrivant à sa sœur sur la préparation de la Messe, l’exhorte de s’abstenir de la vue des jeux publics, de peur d’être polluée par leurs actions. […] Mais quant au regard des Comédiens qui n’ont point de Compétiteurs ni de personnes pour corriger la liberté de leurs pièces, ils représentent sans considération d’offenser la vertu de leurs Auditeurs ; A quoi je réplique ; qu’il n’y a point de ville bien policée, où leurs Comédies ne passent par la coupelleq des Magistrats, et où il ne leur soit défendu de n’exposer aucun sujet sur le Théâtre, qui puisse choquer l’honneur de Dieu, le service du Roi, et la réputation du prochain (Dictionnaire de l’Académie, 1694). […] Je suis honteux que ce Révérend Père reproche aux Comédiens, qu’ils emploient toutes sortes de ruses et d’inventions, pour suspendre nos esprits, et que par de subtiles amorces ils chatouillent nos sens en telle façon, que les facultés de notre âme en demeurentr offensées ; Je ne sais d’où il a tiré cette doctrine, et de qui elle est autorisée si c’est de son caprice, ou de quelque esprit aussi blessé de l’imaginative que lui ; car je suis étonné qu’une telle faiblesse soit sortie de la pensée d’un Religieux ; Je crois que le plus grand charme par lequel ils tendent à captiver et arrêter les Curieux, c’est par le seul mérite de leurs poèmes, et non par aucune autre considération. […] Il prétend prouver en alléguant l’antiquité, que les Comédiens sont notés d’infamie, selon les lois et constitutions Ecclésiastiques ; j’avoue avec lui que la Comédie à sa naissance, a été condamnée de l’Eglise primitive, et des Pères Orthodoxes, en ce qu’elle était une fondrière de tous vices : Mais comme les temps perfectionnent les hommes, et changent de mal en bien l’être des choses, elle s’est tellement rendue agréable par la pureté de son innocence, qu’il ne lui reste rien pour ajouter à son mérite, et qu’autant qu’elle a été pernicieuse en son principe, elle s’est montrée recommandable en la fleur de son printemps.

262. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« L’état des Comédiens est un état de licence et de mauvaises mœurs ; les hommes y sont livrés au désordre ; les femmes y mènent une vie scandaleuse. […] « Quel est l’esprit que le Comédien reçoit de son état ? […] Un Comédien peut n’être point cela : ce n’est point son essence. […] [NDE] Comédie de Delisle de Drevetière, représentée par les Comédiens italiens en 1722.

263. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Les Comédiens doivent être estimés lorsqu’ils ont des talens & des mœurs ; je ne vois rien de bas ni de honteux dans leur emploi. […] Si vous proscrivez les Comédiens, méprisez donc, dèshonorez les Auteurs des Ouvrages qu’ils représentent. […] Il est aisé de concevoir, qu’alors les Comédiens ne se laisseraient point séduire par le bruit flatteur des applaudissemens ; ils craindraient toujours de voir triompher leurs rivaux ; cette noble émulation ferait croître & agrandir leurs talens ; ils feraient leurs efforts pour attirer les Auteurs, qui n’éprouveraient plus tant de petites mortifications, & qui seraient encouragés par l’espoir de parcourir deux vastes champs de gloire.

264. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Minutius Félix compare les fureurs de l'Amphithéâtre aux passions qu'un Comédien émeut, lorsqu'il feint d'en être ému lui-même. […] dit qu'en y représentant des parricides, on y enseigne ce qu'on peut faire par l'exemple de ce qu'on a fait ; que les comédiens émeuvent les sens, qu'ils flattent les passions, et qu'ils abattent la plus forte vertu ; que quelque innocente que fût la ComédieChap. 12 des Spectaculis.

265. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

La régence de la basse Autriche, par ordre de Sa Majesté Impériale, Royale & Apostolique, a aboli la jurande des comédiens, comme en France on a aboli les jurandes des métiers pour favoriser les arts & ce commerce. […] Dépenses considérables, dissipation continelle de la jeunesse, qui devient toute comédienne, ne s’occupe que de ses jeux, néglige le travail & l’étude, s’en dégoûte pour le reste de sa vie, & ne goûte plus que ce qui la perd. […] Quand Elle est sortie de sa loge, le principal acteur, le Kain, portoit le flambeau, selon l’usage ; une dame lui demanda, pourquoi les comédiens jouoient de pareilles pieces. […] Chaque état a ses attributs, son cérémonial, ses divertissemens propres ; le militaire tire le canon, l’église fait des processions, les académies débitent des ouvrages, les comédiens jouent des pieces de théatre. Mais des graves magistrats se réjouissent-ils comme des comédiens ?

266. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Je réponds ; puisque les habitudes sont toujours semblables aux actions, et exercices, qui les engendrent, comme disent très bien les Philosophes, et comme nature même par l’expérience nous enseigne ; Ceux qui s’exercent souvent à jouer Comédies, et Tragédies ; ne peuvent espérer autre faculté, habitude, ou dextérité, par le fréquent usage de tels exercices sinon qu’ils deviendront un jour habiles bateleurs, et Comédiens aussi adroits, que ceux qui viennent d’Italie. […] Augustin, qui avec plusieurs autres nous apprend ; Que les Comédiens étaient plus déshonorés entre les Païens, bien qu’ils ne s ’en pussent passer, qu’ils ne sont aujourd ’hui entre certains Chr étiens. […] Sur quoi il se moque plaisamment des Romains, qui tenaient pour service de leurs Dieux, les Comédiens, et détestaient tant les Comédiens, au lieu de les honorer comme Prêtres, et principaux serviteurs des Dieux : Mais je crois qu’il eût pleuré amèrement, aussi bien que son Commentateur VivesLib. 8. cap. 27 ey (lequel quoique de l’Eglise Romaine, déteste l’impiété des Prêtres, qui aujourd’hui permettent de jouer l’histoire de la passion de notre Seigneur) s’il eût prévu, que la même corruption dût entrer en l’Eglise, en la Cité de Dieu, où il s’en voit plus, qu’il n’y en eut jamais entre les Païens. […] [NDE] comprendre : les comédiens seront les élus, mais seulement à condition de rester perpétuellement sur les planches. « Echafaud » est un terme courant pour la scène de théâtre. […] [NDE] ménestrel (se dit à l’époque pour les musiciens qui font danser mais aussi pour les comédiens).

267. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Mais heureusement ils ne trouveront pas de Comédiens assez fous pour se faire tuer ou blesser. […] Ressentant les premiers et tâchant d'inspirer les passions par tous les moyens dont ils peuvent s'aviser, les Comédiens ne copient que trop leur original. […] Et comme toute sorte de vices paraissent sur la scène, un Comédien doit se naturaliser avec tous les forfaits, pour en prendre les apparences, le ton, les sentiments, le langage. […] Les Grecs ni les Romains n'ont jamais frappé des médailles pour des Comédiennes. […] Un Comédien qui ne dirait que des obscénités et des impiétés, serait-il écouté ?

268. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Je ne sais si l'Auteur est Comédien de profession, ou enthousiaste du théâtre ; mais il a raison de dire qu'il fait voyager son élève dans un pays peu connu, il ne connaît ni les habitants ni le gouvernement, ni les productions de celui-ci. […]   4.) appelle l'homme un animal imitateur, contrefaisant, singe, comédien, pantomime. […] Un Chrétien Comédien ! […] peut-on se dissimuler que cette morale, fût-elle la plus saine, perd tout son prix et sa vertu dans la bouche d'un Comédien ? […] Les Comédiens réunissent tous ces défauts.

269. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Ce Bourdelot, espèce de bouffon & d’Arlequin, qui avoit toute sa confiance & gouvernoit les affaires de ses plaisirs, lui donnoit la comédie, & dirigeoit les Comédiens ; il étoit Ecclésiastique & Médecin, & disoit avoir un bref du Pape qui lui permettoit d’exercer la Médecine, il en avoit sans doute un autre qui lui permettoit aussi de jouer la comédie quoiqu’ecclésiastique. […] Les fous agréables ont toujours eu de la vogue ; ce sont des Comédiens qui représentent sans théatre, mais qui on avec le théatre des liaisons les plus intimes. C’est à l’école de l’Abbé Médecin, Comédien Berthelot, que Christine devint amatrice & Actrice. […] Cazimire, Roi de Pologne, Pierre Czar de Moscovie, le Roi de Dannemarck, le Roi de Suède actuellement régnans, ont gardé l’incognito ; Christine étoit trop Comédienne pour se passer de décoration après avoir abdiqué une couronne, elle devoit avoir renoncé à ce vain éclat, c’est la dernière chose que sacrifie une femme. […] C’est une femme qui le pense , dîsoit-on en France, quand Baile rapporta cette lettre dans son journal, c’est une Comédienne  : & cependant ces deux choses dans le même temps ébranlent la Religion à faire la guerre au Pape, & vouloir la maintenir en faisant la guerre aux Huguenots.

270. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXX. Profanation du dimanche : étrange explication du précepte de la sanctification des fêtes. » pp. 109-116

Les comédiens ne vivent-ils pas de ce travail odieux ? […] Après tout, que sert aux comédiens et à ceux qui les écoutent, qu’on leur laisse libre le temps de l’office ?

271. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

La plus grande partie de tout ce que les premiers Pères de l’Eglise ont dit, au sujet des Spectacles des Payens, peut être appliquée, à juste titre, à ceux de notre temps : et, parmi les Docteurs modernes, ceux qui ont paru les plus favorables aux Spectacles d’à présent, en prononçant qu’on pourrait les tolérer, leur ont donné des bornes si étroites, que ni les Poètes, ni les Comédiens ne s’y sont jamais renfermés. […] Je ne m’y oppose pas ; mais cette protection et cet avantage ne doivent être accordés par les Princes, et ne peuvent être mérités par les Comédiens, que temps que le Théâtre sera dans un état tel que les honnêtes gens et les Chrétiens puissent y assister, sans avoir rien à se reprocher.

272. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

De plus, les Comédiens de ce temps-ci sont-ils d’une autre considération dans le monde, que ceux de ce temps-là Chap. […] Est-ce l’adresse des Comédiens à exciter en eux-mêmes et dans les autres des passions criminelles ? […] Et l’approbation qu’ils donnent d’une commune voix aux Comédiens ; et la joie qu’ils ont de se rencontrer dans les mêmes sentiments, ne sont-ce pas comme autant d’étincelles, qui augmentent le feu secret qui brûle dans leurs cœurs ? […]  » Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de théâtre il y en ait une qui ne blesse point ouvertement la pureté, et l’innocence : supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, dans la nudité, et dans les gestes des Comédiennes, qui blesse la modestie, et qui ne réponde à la pureté et à la piété des vierges qu’elles représentent : supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer aux jeunes gens l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur manière de s’habiller, dans tous leurs gestes, et dans toutes leurs actions : supposé que tout ce qui se passe dans ces représentations malheureuses ne porte point au mal ; que les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des comédies, enfin que tout n’y soit point plein de poison, et n’y respire point l’impureté : Vous ne devez pourtant pas laisser d’empêcher vos enfants, de s’y trouver ; Hom.

273. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Tibere n’insista pas, il voulut paroître respecter les Loix & la mémoire d’Auguste ; mais il chassa les comédiens de Rome, & de l’Italie. […] Il démontra l’insolence des comédiens, chez le peuple le plus grave, & le plus décent, jusques sous les yeux du Roi, & contre les personnes les plus respectables. […] Bien de tragédies offensent d’anciens Princes étrangers, aucun Ambassadeur ne s’en embarasse ; il meprise les comédiens. […] Au Mariage du Roi de Navarre avec la Reine Marguerite, le jour de la nôce, & les trois jours suivants, se passerent en festins, danses, jeux mascarades & autres passe-tems ; il n’y avoit point encore de corps de comédiens. […] Il y faisoit dresser un théâtre, y menoit des comédiens, y assistoit avec ses favoris, & vouloit que les Religieuses y assistassent.

274. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

C’étoit, si l’on peut se servir de ce terme, la plus grande Comédienne qui ait peut-être jamais été. […] Des Troupes de Comédiens étoient soudoyées à Florence à même temps que les Savans, & plus libéralement que tous les Savans, comme elles le sont par-tout encore. […] Comme la Directrice d’une troupe de Comédiens elle exercoit ses Actrices à jouer leurs rôles. […] La Reine fit venir d’Italie une troupe de Comédiens qu’elle avoit fort goutée dans sa jeunesse. […] Ecoutons encore Brantome, vrai comédien par ses goûts & sa frivolité.

275. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 —  TABLE DES CHAPITRES.  »

Tribunal des Comédiens 128.

276. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 —  TABLE DES CHAPITRES.  » p. 196

Dévotion des Comédiens.

277. (1726) Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat « Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat » pp. 176-194

Je fais tant de cas des avantages, que produit l’émulation pour le public que je voudrais, si la chose est praticable, qu’il y eût dans Paris deux troupes de Comédiens Français, dont une fût à un prix la moitié moindre pour les personnes moins riches ; cette troupe servirait de pépinière pour la grande troupe. Pour contenir les Auteurs et les Comédiens dans les règles des bienséances et des bonnes mœurs, il est à propos que deux de ces Commissaires de spectacles aient deux places de droit des plus commodes pour assister quand ils pourront aux représentations comme Censeurs publics. […] Si dès à présent on établit dans un grand Etat un Bureau pour diriger les spectacles vers les mœurs désirables de la société, si par les prix qu’elle distribuera aux Poètes qui plairont le plus et qui dirigeront le mieux leurs ouvrages vers la bonne morale, il arrivera avant trente ans que les pères et les mères les plus sages mèneront leurs enfants à la Comédie comme au meilleur Sermon, pour leur inspirer des sentiments raisonnables et vertueux, il arrivera que dans toutes les villes, de trente mille habitants il y aura aux dépens du public des théâtres et des Comédiens, afin qu’avec peu de dépense les habitants médiocrement riches puissent assister au spectacle, et l’on verra ainsi le plaisir contribuer au bon gouvernement, ce qui est le sublime de la politique ; car qu’y a-t-il de plus estimable que de mener les hommes par le chemin des plaisirs innocents et actuels, à une diminution de peines, et même à d’autres plaisirs futurs, la nation se polirait de plus en plus jusques parmi le peuple, les sentiments de vertu entreraient avec le plaisir dans les cœurs des Citoyens, et par le perfectionnement de nos mœurs, la société deviendrait tous les jours plus douce, plus tranquille et plus heureuse, et c’est le but que je m’étais proposé dans ce Mémoire.

278. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

Il y a long-tems que l’on se plaint en France de l’Excommunication des Comédiens, tandis que en Italie, à ce qu’on prétend, ils n’encourrent pas cette censure : ce moyen usé est présenté par le sieur de la M… (p. […] C’est à la dureté du cœur humain que l’on doit rapporter une concession pareille ; quelqu’autenticité qu’on lui suppose, elle ne sçauroit légitimer ce que la Loi de Dieu défend, un amusement contraire aux bonnes mœurs & à la religion chrétienne, Il n’est point vrai, Mademoiselle, que l’Etat vous autorise, vous n’avez en France, selon Brillon2, aucune Lettre-patente, au moins dans les formes usitées, les Comédiens sont purement tolérés.

279. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Les Sénateurs Romains ont fait tout ce qu’ils ont pu pour empêcher les représentations théâtrales ; ils ont noté les Comédiens d’infamie, fait vendre leurs meubles, enlevé les sièges, démoli les bâtiments. […] sur les Anglais), et avec lui tous les Apologistes de Thalie, trouvent une contradiction entre la conduite du public, qui va à la comédie, et la loi qui déclare le métier de Comédien infâme.

280. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DONATION EN FAVEUR DU PUBLIC. » p. 11

Je donne et lègue au public, l’ouvrage qui suit, intitulé : Encore des Comédiens et du Clergé.

281. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Ce nouvelliste prétend encore que ces deux piéces étoient relatives à l’état affligeant où la Société est réduire, & qu’ils tiroient du profit de l’une & de l’autre, comme les comédiens sont payer à la porte. […] C’est à-dire, des Saints qui ont vécu renfermés, rapporte, d’après quelques auteurs qu’il cite, que de deux comédiens fort unis d’amitié, l’un se convertit, & sans rien dire, alla s’enfermer dans une caverne, pour y faire pénitence ; son compagnon inconsolable, le chercha de tout côté, & enfin l’ayant trouvé, après plusieurs jours de sollicitation, le détermina à quitter sa prison, & à revenir dans le monde ; celui ci lui dit en chemin, qu’il avoit laissé dans un coin de la caverne, une somme d’argent, ramassée des aumônes qu’on lui avoit faites, je vais la chercher, dit le premier, & retourna dans la caverne ; son compagnon le suivit, & l’enferma, lui déclarant qu’il n’en sortiroit plus, qu’il faloit se résoudre à faire pénitence comme lui, puisqu’il n’étoit pas moins coupable ; il se passa plusieurs jours pendant lesquels il lui portoit à manger, sans pouvoir l’y déterminer. […] Paris n’a peut-être jamais été aussi peuplé qu’il l’est aujourd’hui, on le remarque par le concours qu’on voit à tous les spectacles, (mauvaise preuve, il en résulte seulement que le nombre des gens frivoles est devenu plus grand ;) il s’y présente journellement un si grand nombre de personnes, qu’on est obligé de réfuser des billets, faute de places ; on parle à cette occasion, d’établir deux nouvelles troupes de comédiens, une dans le quartier du Marais, à l’Arcenal, l’autre au fauxbourg Saint Honoré ; il en faudra un aussi à la rue d’Enfer, & au fauxbourg Saint-Laurent, sans compter les théatres du centre de la Ville, & les théatres de société. […] Cet homme étoit amateur du théatre, & singuliérement idolâtre de Térence, il vouloit inspirer ce goût à tout le Clergé, à la vérité il ne fit pas bâtir de théatre public, & n’appella point de troupe de comédiens, qui n’ont jamais brillé dans le Querci ; il auroit par un tel éclat, reveillé l’Evêque Chartreux, trop dévot pour aimer la comédie, qui vraisemblablement l’eût condamné ; mais il imagina de faire étudier les comédies de Térence dans le Seminaire ; il fit entendre à l’Evêque que pour faire entendre le Latin d’Akempis à ses Ecclésiastiques, il faloit les obliger d’apprendre les bons poëtes Latins, Virgile, Horace, & sur-tout Térence. […] Conduite plus noble que celle des gentilhommes de l’hôtel de la comédie de Paris, qui très-roturiérement ont toujours fait payer à l’entrée : depuis une troupe de comédiens a pris la place de la société, & la générosité, la noblesse ont cédé la place à la roture.

282. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Les Romains avoient des pleureuses à gages qui étoient de vraies comédiennes. […] On voit dans la vie de Julien l’apostat, vrai comédien, qui aimoit éperdument les bouffons, en étoit environné, & en avoit rempli son palais, malgré l’hypocrisie philosophique qui lui faisoit blâmer les spectacles, comme contraires aux bonnes mœurs, & les défendre à ses Prêtres, comme contraires à la sainteté de leur état ; on voit dis-je qu’à ses funérailles, dont la pompe fut très-longue, il y avoit une troupe de Comédiens qui suivoient la biere. […] Les particuliers dans les longs manteaux de deuil, les crépes dont ils s’affublent ne sont guere moins comédiens. […] On laisse les Comédiens dans leur état de bassesse, on les a à juste prix, on les reprime quand ils s’écartent ; nos Actrices sont fort cheres, & se donnent un air d’importance qui va jusqu’à l’insolence. […] Quel des deux est le plus comédien ?

283. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Cette fille distinguée par sa vertu, aussi-bien que par ses poësies & plusieurs prix remportés en diverses Académies, avoit en la foiblesse de composer quelques pieces de théatre, de concert, dit-on, avec Fontenelle, dont elle avoit donné deux aux Comédiens. […] Mademoiselle Bernard y renonça de si bonne foi, qu’elle ne parut plus au théatre, retira aussi-tôt les deux pieces, & refusa constamment de donner les autres, ainsi que quelques poësies qu’elle trouvoit trop tendres, quoique les Comédiens & les Libraires lui en offrissent une somme considérable, & que sa pauvreté pût l’engager à profiter de sa bonne fortune. […] J’ai fait de grands repas, ma table fut toujours délicieusement servie, de magnifiques buffets étaloient la plus riche vaisselle ; je ne le cède qu’aux Comédiens, qui roulant de repas en repas, dans les maisons les plus opulentes, passent les jours & les nuits dans les plaisirs : Sciphos & servos ad vina fundenda. […] Cependant, continue l’Auteur, on méprise infiniment aux Indes les Comédiens, Musiciens, Danseurs, quoiqu’on s’en amuse, ce sont des troupes d’esclaves vendus au public, on va chez eux, on les fait venir chez soi pour son argent, comme on méprise les femmes publiques dont on se sert : & que sont en effet toutes ces femmes, que des personnes publiques ? C’est une injure atroce d’appeler quelqu’un Musicien, Comédien.

284. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

contre la profession des Comédiens , que tu es légitime ! […] Termes dictés par l’Apôtre au Roi, qui par sa docilité à la voix de la Religion, a mérité le surnom de Juste : C’est sous la même condition qu’au commencement du quatorzieme siecle un autre Cardinal acheta l’Hôtel de Bourgogne pour les Comédiens. […] Une Ordonnance, un Jugement suffit, soit pour la suppression, soit pour la réformation du Théatre, sans qu’il y ait à craindre la moindre opposition : C’est la remarque de notre Auteur Comédien, qui l’appuye (pag. 79. […] Ce n’est pas tout : l’exemple des Comédiens François, la régularité de leur conduite, & la considération dont nous les ferons jouir, serviront de modèle aux Comédiens des autres nations . […] O préjugé barbare pour la profession de Comédien  !

285. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Car ils ne regardent pas une Comédienne par hasard et en passant ; mais ils y vont exprès pour la regarder. […] vous vous persuadez qu’allant voir une Comédienne jouer sur un Théâtre, votre âme n’en reçoive aucune blessure ? […] rapporte dans ses Annales les plaintes que faisaient les plus sages d’entre les Romains, lorsqu’on alla chercher des Comédiens jusqu’en Grèce pour les amener à Rome. […] qu’on ne souffrait pas autrefois qu’il entrât aucuns Comédiens dans la ville de Marseille, de peur que le peuple s’accoutumant peu à peu à leur voir représenter leurs pièces, ne se licentiât insensiblement à en faire aussi les actions.

286. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

Une infinité de pièces, je ne dis pas de la Foire, mais des Comédiens Français, portent des titres dans ce goût ; que peut-on attendre de sensé de la Famille extravagante, les Fêtes nocturnes, les Folies de Cardenio, la Métempsycose des Amours, la Guinguette, le Carnaval, le Roi de Cocagne, Cartouche, l'Esprit follet, les Fous divertissants, Ragotin, le Mirliton, le Baron de la Crasse, les Bottes de sept lieues, etc. […] Il l'est si bien et si unanimement reconnu, qu'il est devenu un proverbe, c'est une comédie, c'est une farce, c'est un Comédien, une Actrice, cela est comique, etc. […] Dans cette troupe de Comédiens on n'aurait qu'à choisir et combiner les diverses espèces de folie, on ferait aisément une pièce régulière : voilà des Acteurs tout formés qui joueraient d'après nature. […] La danse devant l'Arche avec les circonstances que la Reine Michol y rassemble, serait absolument indécente, les Comédiens même n'oseraient l'imiter ; mais il faut en rabattre.

287. (1825) Des comédiens et du clergé « Dédicace » pp. -

Dédicace A MM. de l’Académie royale de musique ; MM. les Comédiens ordinaires du Roi ; Et MM. de l’Opéra-Comique, etc., etc.

288. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Il n’a aucun intérêt de dépriser Aristophane & Homere, en faveur de Machiavel, de l’Arioste & du Tasse, tous également morts, & étrangers,) & dans la vérité que sont les comédiens d’Aristophane, si vantés ? […] C’est la premiere & la derniere fois qu’un comédien a gouverné l’Eglise, que les Assemblées Ecclésiastiques se sont tenues au théatre : aussi est-ce le gouvernement, sous lequel la Réligion a reçu les plus profondes blessures. […] C’est un grand mérite, en effet, de prendre du caffé, d’écouter des contes, & des comédiens, & de mettre la Réligion sur la même ligne avec des bouffoneries : c’est le mérite de Voltaire & des Voltairistes. […] Cette flatterie outrée ne peut être le langage que d’une maîtresse, & d’un comédien. […] Louis XIV devoit rire des fadeurs de ses maîtresses, & de ses comédiens ; comme îl dût rire des fleurettes de Dangeau, quand il en fut instruit.

289. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Solon ne permit pas le Théatre, il chassa les Comédiens ; c’est malgré lui qu’ils s’introduirent, la vérité eût mieux sauvé M. de Ramsai qu’une si foible réponse. […] Ce Swift pétri de fiel étoit un misantrope qui n’aimoit que le sang ; il lui falloit Gladiateurs, non des Comédiens. […] Voici la satyre du Théatre, ou plutôt de la Cour & de la Litterature, qui ne peuvent être mieux ridiculisées qu’en faisant des courtisans & des Auteurs, une troupe de Comédiens Ces peuples surpassent toutes les nations pour l’adresse & la magnificence. […] Tout cela est outré sans doute ; mais il n’est que trop vrai que le mérite du Théatre est le titre le plus certain à la faveur, que le mérite des gens du monde n’est qu’un mérite de Comédien, leur vie, leurs passions, leurs plaisirs, leurs intrigues, de vraies comédies, & le plus souvent des farces ridicules. […] La Bruyere disoit de Corneille qu’il ne jugeoit du mérite de ses pieces que par l’argent de la recette, ce qui est en effet le thermometre des Comédiens.

290. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « PREFACE. » pp. -

Je ne suis ennemi déclaré, ni de la Comédie, ni des Comédiens.

291. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

Quelle raison plus capable d’éloigner les Comédiens, vos ennemis, des bastions de Genève, que la certitude d’être mal payés, s’ils osaient former un établissement dans cette ville ? Je ne crois pas le Sénat de Genève plus disposé à tromper les Comédiens en les appelant, que les Comédiens à périr d’inanition en s’établissant dans un désert.

292. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXIV.  » pp. 482-483

Louis qui s'en passaient bien, puisqu'il chassa les comédiens de son royaume.

293. (1675) Traité de la comédie « XXIV.  » pp. 312-313

Louis, qui s'en passaient bien, puisqu'il chassa les Comédiens de son Royaume.

294. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

 » Le métier de Comédien est donc le plus pernicieux à eux-mêmes. […]  » Si l'on veut de la philosophie, dans un siècle où tout s'en mêle, même les Comédiens, le théâtre est l'antipode du stoïcisme. […] Des Comédiens philosophes, des Philosophes amateurs et protecteurs de la comédie ! […] Cet assemblage ferait une jolie pièce du Philosophe Comédien ou du Comédien Philosophe, qui fournirait une infinité de raisonnements et de rencontres très comiques.

295. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Malgré cet enthousiasme anglomanne, si l’on présente au Comité des comédiens ces pieces angloises traduites, je doute que ce souverain tribunal se charge d’en jouer aucune. […] Un poëte soi-disant, amant de la jeune comédienne, a célébré ses talens comiques par des vers pesans, à la vérité, & trop sérieux pour cette farce. […] Cette affiche semble gêner les comédiens qui s’obligent à suivre cet ordre. […] Mais les comédiens n’ont pas cru devoir porter si loin leur sensibilité, les Théatres n’ont point vaqué. […] La plupart des favoris d’Apollon font comédiens, leur troupe pourroit en un besoin suppléer à la Comédie Françoise.

296. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

la Tragédie ayant été comme une même chose, avaient eu même nom au rapport d'Athénée, et se nommaient toutes deux Comédie, et que nous avons insensiblement imité cette façon de parler, comprenant sous ce nom de Comédie toute sorte de Poèmes Dramatiques ; et sous celui de Comédiens tous ceux qui font profession de les représenter en public. C'est pourquoi dans ce discours, aux choses qui concerneront conjointement la Comédie et la Tragédie, les Comédiens et les Tragédiens, je ne me servirai bien souvent que du premier nom ; ce que je dis afin que l'on ne s'imagine pas que je veuille mettre autant de différence entre les Acteurs de ces deux sortes d'ouvrages, comme il y en avait entre eux et ceux qui s'appliquaient aux autres Jeux de Théâtre ou de scène, qui n'avaient presque rien de commun avec ces premiers.

297. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 3. SIECLE. » pp. 107-119

Mon cher Frère, Comme nous avons de l'affection et de la déférence l'un pour l'autre, il vous a plu de me demander mon sentiment sur le sujet d'un Comédien de votre Pays, qui exerce encore ce métier, et instruit la jeunesse, non pas à se bien conduire, mais à se perdre; enseignant aux autres le mal qu'il a appris, s'il doit être reçu dans notre communion: Je vous dirai, qu'il me semble, que le respect que nous devons à la majesté de Dieu, et l'ordre de la discipline Evangélique , ne peuvent souffrir que la pudeur et l'honneur de l'Eglise soient souillés par une si dangereuse contagion. […] N'estimerait-on pas un homme impudique et de mauvaise vie, qui tiendrait des Comédiens en sa maison ?

298. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 8. SIECLE » pp. 183-184

Il y a des Villes qui depuis le matin jusqu'au soir repaissent leurs yeux de divers Spectacles des Comédiens, et qui ne se lassent point d'employer un si longtemps à écouter des vers lascifs et licencieux, qui remplissent les esprits d'ordures, et il y a même des personnes qui appellent ces peuples heureux, en ce que quittant leurs affaires, et les occupations nécessaires pour l'entretien de la vie, ils passent les journées entières dans l'oisiveté et dans la volupté, ne considérant pas que le Théâtre où l'on représente ces Spectacles honteux, est l'Ecole commune et publique de l'impureté pour ceux qui s'assemblent ce lieu infâme.

299. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Néanmoins la jeunesse de Rome ne voulut pas abandonner les satyres ; elle se réserva le plaisir de les jouer, & elle abandonna aux Comédiens de profession le vrai genre dramatique. […] Lorsque les Confreres de la Passion ne purent plus représenter les Mysteres, ils céderent leur privilege à une troupe de Comédiens qu’on appelloit les Enfans sans souci. […] On vit paroître vers l’année 1588 deux nouvelles troupes de Comédiens. […] La troupe qui étoit alors chargée des représentations dramatiques, se qualifioit de Comédiens de l’Elite Royale. Corneille [né en 1606] la mit ensuite tellement en faveur, que dans l’enthousiasme de l’admiration des chefs-d’œuvres de ce Poëte, on obtint de Louis XIII la Déclaration du 16 Avril 1641, dont les Comédiens s’autorisent tant.

300. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [L] » p. 425

Aux reproches que nous fesons aux Comédiens sur l’indécence de leur vêtement, ils peuvent opposer l’usage établi, aux yeux d’un Public qui condanne sans entendre, & rit avant de raisonner.

301. (1823) Instruction sur les spectacles « Introduction. » pp. -

On va même jusqu’à ériger les comédiens en docteurs et les comédies en leçons de morale propres à réformer le vice.

302. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « TABLE DES CHAPITRES ET DES SECTIONS. »

Requête des Comédiens de France, présentée au Pape Innocent XII. et sa Réponse. page 111.

303. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

C’est ce qui fait espérer que Molière recevra ces Observations, d’autant plus volontiers, que la passion et l’intérêt n’y ont point de part : ce n’est pas un dessein formé de lui nuire, mais un désir de le servir : on n’en veut pas à sa personne, mais à son Athée : l’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation : ce n’est pas un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende publiquement les intérêts de Dieu, qu’il attaque ouvertement, et qu’un Chrétien témoigne de la douleur en voyant le Théâtre révolté contre l’Autel, la Farce aux prises avec l’Évangile, un Comédien qui se joue des Mystères, et qui fait raillerie de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la Religion. Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les Ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise : il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la Comédie, il a quelque talent pour la farce, et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gaultier-Garguille, ni les Impromptus de Turlupin, ni la Bravoure du Capitan, ni la Naïveté de Jodelet, ni la Panse de Gros-Guillaume, ni la Science du Docteur, il ne laisse de plaire quelquefois, et de divertir en son genre : il parle passablement Français ; il traduit assez bien l’Italien, et ne copie pas mal les Auteurs : car il ne se pique pas d’avoir le don d’Invention, ni le beau Génie de la Poésie, et ses Amis avouent librement que ces Pièces sont des « Jeux de Théâtre, où le Comédien a plus de part que le Poète, et dont la beauté consiste, presque toute dans l’action » : ce qui fait rire en sa bouche, fait souvent pitié sur le papier, et l’on peut dire que ses Comédies ressemblent à ces femmes qui font peur en déshabillé, et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites tailles, qui ayant quitté leurs patins, ne sont plus qu’une partie d’elles-mêmes. […] Certes, il faut avouer que Molière est lui-même un Tartuffe achevé, et un véritable Hypocrite, et qu’il ressemble à ces Comédiens, dont parle Sénèque, qui corrompaient de son temps les mœurs, sous prétexte de les réformer, et qui sous couleur de reprendre le vice, l’insinuaient adroitement dans les esprits : et ce Philosophe appelle ces sortes de gens des Pestes d’Etat, et les condamne au bannissement et aux supplices. […] [NDE] L’information est probablement tirée de la Vie des douze Césars de Suétone qui, dans sa Vie d’Auguste, rapporte des cas de punitions infligées à des comédiens (mais aucun pour s’être moqué des dieux) et l’interdiction faite aux femmes d’assister aux spectacles d’athlètes (mais non aux représentations théâtrales), voir Vie d’Auguste, 44 et 45.

304. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

 8, les plaintes que faisoient les plus sages d’entre les Romains, lorsqu’on alla chercher en Grece des Comédiens pour les amener à Rome. […] Ils n’étoient point soufferts à Lacédémone, & ils ne le sont point encore aujourd’hui à Geneve ; les Comédiens qui oseroient s’y établir, en seroient chassés comme des corrupteurs. […] Bordelon, où il fait voir que l’aumône exigée pour l’Hôpital général, de ceux qui vont aux spectacles, ne les justifie point ; réfutation d’un écrit favorisant la comédie, in-12. à Paris, chez Edme Couterot 1694 ; lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de qualité, au sujet de la comédie, in-12. à Paris, chez Claude Mazuel, 1694 ; sentimens de l’Eglise & des saints Peres sur la comédie & les comédiens ; le mandement donné par M. l’Evêque d’Arras, (Gui I. de Seve de Rochechouart) contre la comédie, par lequel il défend, sous peine d’excommunication, à tous les Fideles soumis à sa conduite, d’aller à la comédie, in-12. à Paris, chez Pierre Ballard, 1696 ; histoire & abrégé des ouvrages latins, italiens & françois pour & contre la comédie & l’opéra….

305. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — Avis de l’Éditeur, Sur les Notes suivantes. »

Dans [I], de la profession de Comédien, ou du Comédisme.

306. (1823) Instruction sur les spectacles « Table des chapitres. » pp. 187-188

Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. 15 Chap. 

307. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

Dans un état aussi dissipé que celui d’une Comédienne, partagé entre ses exercices & ses habitudes, on est rarement avec soi-même. […] Tous les Comédiens, sans exception, font réellement excommuniés. 2°. 

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