/ 549
198. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Pourquoi sommes-nous sur la terre, que pour travailler à la gloire de Dieu & à notre salut ? […] Ne faudra-t-il pas rendre un jour compte à Dieu de ses actions, de ses paroles, de ses pensées ? […] Fidele aux leçons, aux exemples de son pere, à qui la pénitence métita devant Dieu des graces bien supérieures à la réputation dramatique la plus brillante. […] Dans un danger involontaire, dans une occasion qu’on ne peut éviter, on peut compter sur la grace de Dieu, & se promettre la victoire. […] On a dit ce qu’on n’a pas dit de Moliere, qu’il se reconnut avant sa mort, & dit en versant des larmes : Voilà celui que vous regardez comme un Dieu, qui dans un moment ne sera plus : J’étois trop heureux ; il faut vouloir ce que Dieu veut.

199. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Et des Dames Chrétiennes peuvent-elles y assister, aprés ce qu’ils en ont dit, sans montrer, ou que l’on fait peü d’estime de leur autorité, ou que l’on croit, que Dieu ne les a pas établis dans son Eglise, pour estre les oracles des Peuples ? C’est à vous de voir si en bonne conscience l’on peut faire contre les sentimens & les décisions de ceux, que Dieu a donnez à l’Eglise, pour ses Docteurs, >§.  […] Or n’y eût-il que ce seul mal, n’est-il pas assez grand, pour renoncer au Théatre, de se voir comme rejettée de Dieu, par une insensibilité à tous les mouvemens d’une dévotion Chrétienne ? […] N’est-ce pas montrer le peü d’estime, qu’on fait de la parole de Dieu, en comparaison d’un théatre profane ? […] Me direz-vous encore, qu’on en voit, qui estant consacrez à Dieu, ne font aucune difficulté de se trouver avec les seculiers, pour prendre le divertissement de la comédie ?

200. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Il est d’autant plus Dieu qu’il est plus agissant. […] Dieu peut-il augmenter ou diminuer, selon qu’il agit plus ou moins ? […] Peut-on, pour louer quelqu’un, lui comparer Dieu ? […] N’en rendra-t-il pas compte au jugement de Dieu ? Et Dieu recevra-t-il ses frivoles excuses ?

201. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Nosez-vous donc exposer l’image d’un Dieu que vous adorez, des mystères que vous croyez, du Sauveur qui vous a racheté ? […] On sait, dit-il, que parmi les Grecs il régnoit un amour que la nature désavoue & qui nuit à la population, ajoutons que Dieu punit par le feu du Ciel. […] Cet admirable patriotisme sera élevé jusqu’au Ciel dans le monde, & précipité dans les Enfers par les disciples d’un Dieu fait homme. […] Mais quel Dieu, ajoutoit-il, le plus grand des Dieux, qui ébranle les cieux avec une parole. […] Les arts sont-ils donc faits pour faire offenser Dieu, & perdre les ames ?

202. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Paul, occasionneraient la fin du Monde, et que ce serait prévenir la Volonté de Dieu qui s’en est réservé la destruction ? […] Mais vous à qui Dieu a accordé une plénitude de grâces et le pouvoir de dompter toutes vos passions, ne vous mariez pas, l’état du Mariage augmentera vos devoirs envers Dieu plus on se propose de devoirs à remplir, plus on s’expose à commettre de fautes : ne vous mariez pas, vous ferez encore mieux. […] Je ne puis pas être un Saint, je l’avoue, je n’ai ni l’Enthousiasme ni le Zèle Apostolique qui convient à un Orateur sacré, sans quoi je consacrerais mes talents à Dieu. […] Quelle attention l’obligation que Dieu nous a imposée avant de nous marier, ne doit-elle pas faire à notre choix ? […] A Dieu ne plaise que je croie que cet amour propre sait condamnable, il est au contraire très naturel de penser que Dieu a attaché du plaisir à bien faire et à faire mieux que les autres, tout ce qu’on fait.

203. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE IV. Détail des péchés qu'on commet en allant aux Spectacles. Réponse à ceux qui demandent s'il y a péché mortel, et si tous ceux qui y vont, sont également coupables. » pp. 76-81

Dieu fera voir au Jugement qu'on pouvait ce jour-là donner du pain à vingt personnes qui en ont manqué. 7. « Dans les effets que les Spectacles produisent infailliblement au regard même des personnes les plus innocentes, une grande dissipation d'esprit, un éloignement des choses de Dieu, une froideur pour la Prière, un dégoût des Livres de piété, un amour du monde. […] Vouloir aller aux spectacles sans offenser Dieu, c'est vouloir se jeter dans le feu sans se brûler, ou se précipiter dans un abîme sans se perdre.

204. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXIII. Passages de Saint Basile sur le sérieux de la vie chrétienne. » pp. 132-135

: quand ce ne serait qu’à cause de la multitude de ceux qui outragent Dieu en méprisant sa loi », tempère cette sentence par celle-ciReg. fus. int. 17. […] Dieu qui sait la valeur des biens qu’il nous promet, et les secours qu’il nous donne pour y parvenir, sait aussi à quel prix il les doit mettre. […]  : lorsque demandant ce que c’est que cette parole appelée par le Fils de Dieu à un si sévère jugement ; il répond, Reg. brev. int. 23.

205. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Dieu qui, par la sainteté de sa Loi, nous ordonne de veiller en tout temps sur nos sens, sur notre esprit, et sur notre cœur, pour en écarter les représentations et les pensées dangereuses, qui fera rendre compte d’une parole inutile et des moindres dépenses superflues, peut-il approuver des spectacles qui remplissent l’esprit et l’imagination de tant d’objets vains, ridicules et séduisants ? […] Quelle indignité, de mettre le théâtre en parallèle avec l’Evangile, et de comparer la parole d’un Comédien avec celle de Dieu ! […] Vous avez pensé dans ces spectacles aux objets que vous y voyiez, et à ce qu’on y disait ; vous en sortiez avec un esprit rempli d’idées profanes qui vous ôtaient le goût des choses de Dieu et de vos devoirs, qui vous dissipaient jusques dans vos prières.

206. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre »

On ne parle jamais de Dieu au bal ni à la comédie ; et si, aux festins et aux collations, on parle de Dieu ou des choses divines, de la dévotion ou des personnes dévotes, ce n’est ordinairement que pour se railler et faire des contes à plaisir.

207. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 6. SIECLE. » pp. 180-181

Notre aveuglement est grand, notre négligence est extrême ; nous n'avons point de componction ; nous n'avons point de crainte de Dieu; nous ne corrigeons point nos mœurs ; nous ne faisons point et pénitence ; mais notre esprit s'applique entièrement à la malice et aux voluptés ; et il arrive souvent que nous passons sans peine les journées entières au Théâtre dans les conversations déshonnêtes, et dans les autres œuvres du Diable. Nous quittons le manger, nous abandonnons notre maison, nous négligeons nos affaires importantes, pour nous occuper à ces vanités, et à ces infâmes divertissements; et nous ne voulons pas demeurer une heure dans l'Eglise pour vaquer à la prière, et à la lecture, et pour nous tenir en la présence de Dieu: Nous nous hâtons d'en sortir aussi vite que si nous nous retirions d'un embrasement: Si la Prédication de l'Evangile dure un peu trop, nous faisons éclater notre indignation, et notre impatience : Si le Prêtre fait des prières un peu longues, nous sommes sans goût, et sans attention : Si celui qui offre le sacrifice non sanglant tarde tant soit peu, nous nous ennuyons, et nous regardons la prière comme un procès dont nous voudrions avoir une prompte expédition ; et cependant suivant les mouvements du Diable, nous nous emportons dans les vanités, et dans les voluptés.

208. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — introduction » p. 2

Le Fils de Dieu étant venu en ce monde pour y apporter le feu céleste de l’amour de Dieu, comme il dit à l’Evangile ; l’esprit malin qui est un singe et son ennemi mortel, s’étudie aussi de son côté, et s’efforce de tout son possible, d’allumer dans le cœur des hommes, le feu infernal de l’amour sensuel et déshonnête.

209. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

Mais quoi qu’elle soit aussi chaste dans le cœur et devant Dieu, qu’elle l’est peu dans ses paroles ; il est toujours vrai de dire que le Poète lui fait faire des démarches tout-à-fait indignes d’une femme, qui est véritablement fidèle et à son Dieu et à son mari. […] « Qu’à l’amour comme au Dieu suprême,Despreaux dans sa Satire contre les Femmes. […] Dieu s’éloigne d’elle, et elle s’abandonnant au torrent de sa corruption. […] Dieu en formant Eve d’une des côtes d’Adam, a appris aux femmes mariées a considérer leurs maris comme leurs chefs et leurs maîtres, vir caput mulieris. 1 Cor. 10. […] Les jeunes gens qui n’ont ni crainte de Dieu, ni honneur, ni conscience, apprendront d’Arnolphe dans l’Ecole des FemmesDans l’Ecole des Femmes.

210. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — VIII.  » p. 462

La parole de Dieu, qui est la semence de la vie, et la parole du diable qui est la semence de la mort ont cela de commun qu'elles demeurent souvent longtemps cachées dans le cœur sans produire aucun effet sensible. Dieu attache quelquefois le salut de certaines personnes à des paroles de vérité qu'il a semées dans leur âme vingt ans auparavant, et qu'il réveille quand il lui plaît, pour leur faire produire des fruits de vie; et le diable de même se contente quelquefois de remplir la mémoire de ces images sans passer plus avant, et sans en former encore aucune tentation sensible ; et ensuite, après un long temps, il les excite et les réveille sans même qu'on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter les fruits de la mort, « ut fructificent morti », qui est l'unique but qu'il se propose en tout ce qu'il fait à l'égard des hommes.

211. (1675) Traité de la comédie « IX.  » pp. 284-285

La parole de Dieu, qui est la semence de la vie, et la parole du Diable, qui est la semence de la mort, ont cela de commun qu'elles demeurent souvent longtemps cachées dans le cœur sans produire aucun effet sensible. Dieu attache quelquefois le salut de certaines personnes à des paroles de vérité qu'il a semées dans leur âme vingt ans auparavant, et qu'il réveille quand il lui plaît, pour leur faire produire des fruits de vie: et le Diable se contente aussi quelquefois de remplir la mémoire de ces images, sans passer plus avant, et sans en former encore aucune tentation sensible ; mais ensuite, après un long temps, il les excite et les réveille sans même qu'on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter des fruits de mort, « ut fructificent morti », qui est l'unique but qu'il se propose en tout ce qu'il fait à l'égard des hommes.

212. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Mais aprés tout, pour grand que soit le bien que nous avons reçû de la nature, par la faculté de voir les objets qui frapent nos yeux ; je ne sçay si en ce temps les Chrétiens ne devroient point faire à Dieu une priere toute contraire, & dire avec le S.  […] Je vous avertiray seulement, que je ne comprends point entre ces spectacles dangereux & préjudiciables à l’innocence des spectateurs, ces réjoüissances publiques qui se font aux Entrées des Souverains, ou par l’ordre des Magistrats, pour les heureux succez de l’Etat, ni les marques de magnificences, que les Princes donnent quelquefois au public ; telles que sont les courses de Bague, Carrousels, representations de combats, feux d’artifice, triomphes, ni tous les autres dont la vûë n’a rien qui puisse porter au crime, & dont même les personnes de pieté ont pris occasion d’élever leur esprit à Dieu, & de penser aux joyes que Dieu leur avoit preparées dans le Ciel, S. […] Ce qui fait que le saint Roy Prophete demandoit instamment à Dieu, qu’il luy fit la grace de détourner ses yeux, pour ne pas s’arrêter à considerer les vanitez du monde : Psal. […] Il sçavoit bien que pour s’attacher fortement au service de Dieu, il falloit mépriser les choses de la terre ; & que rien ne nous détourne davantage de penser aux biens solides & éternels, que de s’occuper de ces sortes d’amusemens, qui ne nous laissent qu’un dégoût étrange des veritez chrétiennes, & de toutes les choses de l’autre vie. En effet, quelle priere peut faire à Dieu une ame remplie des folies, & des vanitez du siecle ?

213. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Mais aprés tout, pour grand que soit le bien que nous avons reçû de la nature, par la faculté de voir les objets qui frapent nos yeux ; je ne sçay si en ce tems les Chrétiens ne devroient point faire à Dieu une priere toute contraire, & dire avec le S. […] Je vous avertiray seulement, que je ne comprends point entre ces spectacles dangereux & préjudiciables à l’innocence des spectateurs, ces réjoüissances publiques qui se font aux Entrées des Souverains, ou par l’ordre des Magistrats, pour les heureux succez de l’Etat, ni les marques de magnificences, que les Princes donnent quelquefois au public ; telles que sont les courses de Bague, Carrousels, representations de combats, feux d’artifice, triomphes, ni tous les autres dont la vûë n’a rien qui puisse porter au crime, & dont méme les personnes de pieté ont pris occasion d’élever leur esprit à Dieu, & de penser aux joyes que Dieu leur avoit preparées dans le Ciel, Si talis est Roma terrestris, quid erit Jerusalem cœlestis ? […] Ce qui fait que le saint Roy Prophete demandoit instamment à Dieu, qu’il luy fit la grace de détourner ses yeux, pour ne pas s’arrêter à considerer les vanitez du monde : Averte oculos meos ne videant vanitatem. Il sçavoit bien que pour s’attacher fortement au service de Dieu, il falloit mépriser les choses de la terre ; & que rien ne nous détourne davantage de penser aux biens solides & éternels, que de s’occuper de ces sortes d’amusemens, qui ne nous laissent qu’un dêgoût étrange des veritez chrétiennes, & de toutes les choses de l’autre vie. En effet, quelle priere peut faire à Dieu une ame remplie des folies, & des vanitez du siecle ?

214. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

C’est de la main de Dieu qu’il faut recevoir une fille prudente : A Domino datur uxor prudens. […] Il fut honoré de la présence de Dieu, & comblé de ses bénédictions. En élevant l’union de l’homme & de la femme à la dignité de sacrement, Dieu en a-t-il voulu, dit S. […] Il fut nourri du corps & du sang d’un Dieu qui sanctifia son corps & son ame : vous n’y verrez qu’un corps de péché, un cœur paîtri de corruption, un esprit rempli d’images impures. […] Paul, que soit que nous mangions, buvions, ou quelque autre chose que nous fassions, nous devons tout rapporter à la gloire de Dieu, quel rapport peut y avoir la danse ?

215. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Le Grand-Prêtre qui soutient sa Dignité par une foi intrépide, ne songe point à avoir recours aux Officiers ni aux Principaux de Juda, afin que dans ce grand événement, le doigt de Dieu se manifeste davantage. […] Cette austérité de vertu ne se fait connoître que quand il s’agit de la cause de Dieu. […] Quand on va ouvrir les portes du Temple à Athalie environnée de ses Soldats, voici le moment où il doit trembler : c’est celui de sa joie, il dit à Dieu, Grand Dieu, voici ton heure, on t’amene ta proye. […] Telle est la disposition de son esprit : faire ce qu’il doit, laisser à Dieu le soin du reste. […] Joas parle souvent de Dieu, & ne le nomme jamais l’Eternel, comme il est nommé par Abner dans le premier Vers de sa Piéce : ce stile n’eût pas été celui d’un Enfant.

216. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

Ils ne savent pas que cette curiosité est déjà un grand mal, et que c’est être tombé aux yeux de Dieu, que de se laisser affaiblir par la tentation de juger de ses commandements par sa propre expérience. […] « Comme la loi de Dieu est juste et sainte, on ne doute de sa justice que parce qu’on est dans les ténèbres ; et on ne s’expose jamais à la violer pour en faire l’épreuve, qu’en méritant de tomber dans des ténèbres infiniment plus grandes. […] C’est un désordre auquel le chrétien ne peut remédier qu’avec le secours de la religion et des grâces que Dieu lui accorde ; mais les spectacles augmentent le dégoût des vrais biens, et en affaiblissent la connaissance. […] La miséricorde de Dieu est encore plus grande que la témérité et l’aveuglement des hommes.

217. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12

Ils ne savent pas que cette sorte de curiosité est déjà un grand mal, et que c’est être tombé aux yeux de Dieu que de se laisser affaiblir par la tentation de juger de ses Commandements par sa propre expérience. […] Comme la Loi de Dieu est juste et sainte, on ne doute de sa justice, que parce qu’on est dans les ténèbres ; et l’on ne s’expose jamais à la violer pour en faire l’épreuve, qu’en méritant de tomber dans des ténèbres infiniment plus grandes. […] Quand elles auront appris un jour de l’Ecriture et de l’Esprit de Dieu, en quoi consiste la vraie vertu, elles tiendront bien un autre langage. […] La miséricorde de Dieu est encore plus infinie que la témérité et l’aveuglement des hommes.

218. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Qu’avaient-ils à craindre, eux qui ne croyaient point de vrai Dieu, ni de vie Eternelle ? […] que les fidèles employassent une notable partie du temps à ces folies et extravagances, absolument contraires à la profession Chrétienne, et à la loi de Dieu, qui parlant par la bouche de S. […] de se réjouir, pourvu que ce soit selon Dieu, et non pas selon le Diable : ainsi que les Saints l’ont entendu. […] Cette action des Grands, ni leur qualité ne les rendent pas impeccables, au contraire la parole de Dieu enseigne, que les Grands et les Puissants seront les plus puissamment châtiés, Sap. 6. 7. […] Je crois vous avoir dit que les assistants et les joueurs, étaient presque également coupables, et que les Pères de l’Eglise ont appelé ce péché très grieff, qui peut se rendre pire par les diverses circonstances ; ce qui doit suffire à des vrais Chrétiens qui croient en un Dieu, à qui le péché véniel a même été mortel, et qui est mort indistinctement pour tous les péchés des hommes.

219. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CONCLUSION » pp. 113-114

» Nous devons prier Dieu pour l’Auteur de la Lettre du prétendu Théologien, qui a causé un si grand scandale : Mais nous devons aussi adorer la providence de Dieu, qui s’est servi de ce scandale pour réveiller ceux qui n’étaient pas convaincus qu’il fût défendu d’assister aux Spectacles.

220. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre III. Que les Danses sont défendues aux Ecclésiastiques. » pp. 14-21

Et la raison du Concile d’Agde n’a pas moins de force touchant les Danses secrètes qu’à l’égard des publiques, puisqu’il sera toujours vrai, que l’Ecclésiastique qui assiste à la Danse, expose sa vue, et ses oreilles, qui sont consacrées à Dieu par l’application au service de l’Autel, à la profanation, et au danger évident de salir sa pureté. […] Et si quelqu’un nous oppose pour éluder la force du Canon du Concile d’Agde, que le Concile ne parle que des Danses, et des jeux qui sont immodestes et déshonnêtes, et qu’ainsi ces sortes d’exercices ne sont pas illicites à l’égard des Clercs, lorsqu’il ne s’y mêle rien de contraire à l’honnêteté, et à la modestie ; cette objection se détruit aisément par la considération sérieuse et attentive du vrai sens du Canon, qui ne comprend pas seulement les déshonnêtetés qui sont évidemment mortelles ; mais toute sorte d’actions, de gestes, et de mouvements trop libres, qui ne s’accordent point avec la retenue, et avec la sainteté des enfants de Dieu. […] Car pour réfuter encore plus puissamment cette illusion, ce qui ne passerait pas pour contraire à l’honnêteté, si on le prenait absolument, d’une manière générale ; ne laisse pas de l’être, par rapport à la condition particulière des personnes appliquées au culte de Dieu par une spéciale consécration.

221. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

Dauid dans ses rejoüissances, a fait seruir les trompettes, les tambours & les psalterions aux loüanges du vray Dieu ; & non pas d’vn idole. […] Romvle qui ietta les premiers fondemens de céte pompeuse cité, qui porte encor son nom, consacra les premiers leux du cirq au Dieu des conseils surnommé Consus, pour estre aydé de ses conseils dans l’enleuement des Sabines, qui trop curieuses de voir vne Comedie, se veirent la proye d’vn tas de frippons & de bannis que Romule auoit appellés pour peupler sa nouuelle ville. […] C’est assez de dire que Dieu en est l’ouurier, & que les hommes ont esleué les autres, dont les embellissemens & la structure qui nous semble prodigieuse, ne sont autre chose qu’vn assemblage confus, & vn peu curieux des pierres qu’on a arrachées du sein des carrieres & des montagnes. […] Iamais les ouurages des hommes ne donneront de l’admiration à vn Chrestien qui sçait que Dieu l’a choisi pour son enfant. […] C’est-là qu’il verra Dieu qui crea le monde d’vn rien, qui donne l’estre à ce qui n’en auoit point, & qui destine vne infinité d’animaux à l’vsage de l’homme, qu’il tire aussi du neãt pour en faire vn chef-d’œuure accomply.

222. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Ceux qui ne font des Vers que pour exprimer les Merveilles que Dieu a opérées dans tous les temps sur son Eglise, et la dépendance de toutes les créatures, méritent des louanges. […] C’est le moyen de rabaisser la sienne, et de tenir toujours son esprit en la présence de Dieu. […] Mais les railleurs ne reconnaissaient point de loi, ils se croyaient supérieurs à tout ; et par cela seul ils étaient plus abominables devant Dieu, que tout le reste du Paganisme. […] Mais que peut-il naître de ce débit que l’oubli de la parole de Dieu, et l’ignorance de soi-même ? […] Qu’espèrent-ils répondre au Jugement de Dieu quand il leur sera reproché que pour quelques morceaux de terre blanche et bleue, et quelques pièces de vieux métal ils ont négligé les lois de la charité Chrétienne ?

223. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVIII. D’une excuse de laquelle se servent ordinairement les gens du monde, pour justifier la conduite des jeunes hommes, et des jeunes filles qui vont au bal. » pp. 142-145

Mais peut-on bien espérer que Dieu donnera bénédiction à des alliances qui prennent leur naissance des principes si corrompus et si opposés à son esprit ? […] Mais il est temps de finir ce traité, et de ne penser plus qu’à gémir, et à prier la bonté toute-puissante de Dieu, de donner à ceux qui sont constitués en dignité et en charge pour régir les peuples, et la lumière pour ordonner les remèdes convenables, afin d’ôter un abus si insupportable, et néanmoins si commun ; et le zèle de la gloire et du salut des âmes, afin d’en bien faire l’application, c’est-à-dire, avec grâce et avec fruit.

224. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — V.  » p. 459

Il y a bien de l'apparence que personne n'a jamais songé de s'y préparer par la prière, puisque l'Esprit de Dieu porterait bien plutôt à éviter ce divertissement dangereux, qu'à lui demander la grâce d'être préservé de la corruption qui s'y rencontre. […]  » Ces esprits qui servent à Dieu de ministres ne sont pas stables, et il trouve des défauts dans ses Anges mêmes ; à combien plus forte raison des âmes enfermées dans des corps, comme dans des maisons de boue, seront-elles sujettes à la corruption et au péché ?

225. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Dieu se se joua de tous ces projets ; Elisabeth survécut à Marie, monta sur le trône, refusa la main de Philippe, & détruisit la religion catholique. […] Dieu est glorifié par différentes Religions, comme les Princes par différens peuples. Il n’y a donc pas de Religion revelée ; Dieu peut-il parler aux hommes, & ne pas vouloir qu’on croie ce qu’il a dit, & qu’on fasse ce qu’il a ordonné ? […] Jeu de mots & plate équivoque, même fausse ; puisque la punition de Saul qui offrit un sacrifice, d’Ozias qui porta la main à l’encensoir, & tant d’autres Rois d’Ifraël & de Juda qui mêloient les superstitions au culte de Dieu, font voir dans ce livre plus que dans tous les autres combien Dieu a horreur de ce mêlange sacrilège, & des attentats des Rois sur les choses saintes. […] L’Abbesse Gouvernante tient toute son autorité du Pape, & n’a rien par elle-même ; un Chef de l’Eglise n’a rien reçu de personne, & n’agit qu’au nom de Dieu de qui seul il tient tout.

226. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Que devient la grande phrase, Roi, par la grace de Dieu ? […] Il le feroit en vain : on ne seroit pas moins coupable devant Dieu, malgré tous les édits, si on abandonnoit intérieurement la vraie foi. […] La gloire de Dieu, le salut des ames, les intérêts de l’Eternité, sont ils si indifférens qu’on doive les abandonner ? […] Ce portrait de Dieu n’est-il pas un blasphême ? […] Ce n’est qu’une action de grace rendue à Dieu d’une victoire remportée sur les ennemis de l’Etat.

227. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

« On y blasphémait le Nom de Dieu, dit saint Chrysostome,« Blasphemabatur praeterea, etc. » homélie 6 ad c. 2. […] « Dieu, dit-il, a établi toutes choses et les a données aux hommes, et par conséquent elles sont toutes bonnes, comme le Cirque, les Lions, les Voix, etc. […] Dieu ne promet-il pas aux Juifs par la bouche de Jérémie Jérémie, 31, 13. […] Le troisième est d’Isaïe, qui de la part de Dieu fait de grandes menaces contre ces sortes de jeux. […] A l’égard des Dimanches, remarquez, je vous prie, que bien que les Saints Jours nous aient été donnés pour les sanctifier et pour vaquer plus particulièrement qu’aux autres au service de Dieu, ils ont encore été institués pour prendre du repos, afin qu’à l’exemple de Dieu même qui se reposa le septième jour après le grand ouvrage de la Création du Monde, nous puissions aussi nous reposer en quelque manière après avoir travaillé durant la semaine.

228. (1675) Traité de la comédie « VI.  » pp. 280-282

Il y a bien de l'apparence que personne n'a jamais songé à s'y préparer par la prière, puisque l'Esprit de s'y préparer par la prière, puisque l'Esprit de Dieu porterait bien plutôt à éviter ce divertissement dangereux, qu'à lui demander la grâce d'être préservé de la corruption qui s'y rencontre. […]  » Si ces esprits qui servent à Dieu de ministres ne sont pas fermes, et s'il trouve des défauts dans ses Anges mêmes ; à combien plus forte raison des âmes renfermées en des corps, comme en des maisons de boue, seront-elles sujettes à la corruption et au péché ?

229. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

a cru que Dieu avait fait le Monde à la musique des eaux, et que ce doux murmure qu’elles rendent quand elles trouvent quelque petite résistance à leurs cours, avait été le divertissement de ce divin Ouvrier pendant qu’il bâtissait l’Univers. […] Augustin, ne chantait pas pour se divertir, mais pour louer Dieu, et il consacrait sa voix en la faisant servir à la piété. […] Le Prince imitera donc David ; s’il chante ce sera pour louer Dieu, et dans la Musique où les autres se divertissent, il s’instruira de son devoir, et pensera qu’il n’est assis sur le Trône que pour entretenir cette agréable harmonie qui fait la paix et le bonheur des Royaumes.

230. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XI. Son opposition à l’Evangile. » pp. 23-24

Au jugement de l’un, l’orgueil est en abomination aux yeux de Dieu, l’impureté un crime si horrible qu’il ne veut pas même qu’il soit nommé, la passion pour les richesses une véritable idolatrie, le faux point d’honneur une injustice criante qui entreprend même sur les droits du Très-haut, qui s’est réservé la vengeance : au jugement de l’autre l’humilité est une bassesse, la patience une lâcheté, la mortification une folie, la pauvreté presqu’un crime, l’affliction un tourment, l’humiliation un supplice, & la modestie un vain scrupule. N’est-ce pas-là attaquer de front Dieu lui-même ?

231. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 2 : Livre VI, chap. 7] » p. 590

Car sa raison est que Dieu ne veut pas que ceux qui sont dedans les Enfers retournent comptere ce qui se fait en ces lieux, afin d’obvier au malheur qui en pourrait sourdre : Les damnés qui retourneraient au monde, souffleraient ès entrailles des hommes la fureur et la rage des tourments qu’ils endurent : Ainsi les Poètes Tragiques feignent que l’Ame de Thyeste sortant des Enfers, brouille et renverse tout l’état de sa famille, met en trouble sa maison, acharnef Egiste à vengeance, incite à fureur Clytemnestre, lui souffle le venin de jalousie en l’Ame, et la fait meurtrière de son mari : et l’acte commis, pousse Oreste à venger sur Egiste et sa mère la mort de son père, et les tuer tous deux, afin qu’après leur mort, il fût tourmenté de l’horrible regard des Erinyes et Furies qui lui représentent devant les yeux l’énormité et gravité du délit perpétré. […] C’est pourquoi ne se peut attendre que toute bonne chosei de la venue des bonnes ames en terre qui apparaissent visibles par le congé de Dieu à ceux des hommes qu’il lui plaît.

232. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 13

Il y avait déjà sept ans qu’il pourrissait dans le cachot ; mais, comme on fut au milieu du festin, un perroquet qui était en la salle, soit qu’on lui eût appris sa leçon, soit par un instinct de la providence de Dieu, s’écria d’une voix plaintive en langage du pays : αἴ αἴ, κυριος Λεων : Hélas ! […] Vous savez que tant d’orphelins, tant d’autres pauvres désolés, qui sont les enfants de Dieu, les membres du Sauveur, sont rongés de vermine faute d’un peu de linge, qu’ils sont transis de froid et qu’ils meurent de faim faute d’assistance ; et l’argent dont vous les pourriez secourir, vous le dissipez en des ébats et passe-temps superflus.

233. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

Cette morale factice, basée sur l’impitoyable intolérance religieuse, non seulement permet les crimes, mais encore elle ordonne de les commettre pour la gloire de Dieu, en les érigeant en vertus. […] Celui qui aime Dieu doit aimer aussi son prochain…. […] Une foule de théologiens ont, au contraire, cherché à détruire cette morale éternelle que Dieu a créée au fond de nos cœurs. […] Les prétendus défenseurs de la Divinité voulant établir leur puissance et leur autorité, se déclarèrent les cruels vengeurs de Dieu. […] Ils se décidèrent en conséquence, et malgré les réclamations du bon sens et de la raison, à proclamer l’existence idéale d’un Dieu véritablement formé à leur image, c’est-à-dire d’un dieu jaloux, exigeant, vengeur, irascible et cruel, d’un Dieu inexorable enfin lorsqu’il est offensé, mais qu’on pouvait cependant très facilement fléchir par la soumission aux ministres du culte et surtout par des présents et des victimes.

234. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Est-il possible qu’il n’y ait nulle bien-seance à garder dans un êtat, qui nous éleve jusqu’à la divinité, qui nous fait enfans de Dieu par adoption ? […] Combien pensez-vous qu’il y ait en effect d’heretiques, lesquels, pour me servir des termes du même Pere, amassent des charbons de feu sur nôtre teste, c’est-à-dire, qui se fortifient tous les jours dans leurs erreurs à la vûë de nos debauches, & qui par un aveuglement étrange, à la verité, mais que nous prenons plaisir de rendre tous les jours plus incurable, rendent peut-être graces à Dieu de les avoir fait naître hors d’un Christianisme si corrompu ? […] Qui y penseroit, Chrétiens, Dieu en tout cas y penseroit au defaut des hommes ? […] Quoi si cette fille n’est vaine & ne voit ce monde, elle ne sauroit rencontrer ce, que Dieu lui a destiné avant tous les siecles, & les decrets éternels de sa Providence ne seront jamais accomplis en elle, si elle ne paroit à tout les bals & à toutes les fétes d’une Ville : Prenez garde au contraire que le dessein, qu’il avoit de vous sauver avec elle, ne soit traversé par une conduite si peu Chrétienne.

235. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Objet unique de notre amour, Dieu veut que nous lui rapportions toutes les pensées, toutes les volontés et tous les actes d’une âme qu’il a créée pour sa gloire, et formée à son image. […] Et c’est là la récompense que Dieu lui destine : l’union éternelle à sa propre gloire ; la contemplation de ses perfections, accompagnée d’une joie qui l’inondera de sa plénitude, et qui sera sans fin comme sans affaiblissement. […] Ce ne sera ni l’injustice de nos Censeurs, ni les préjugés aveugles des passions humaines qui seront nos juges, ce sera Dieu seul, dont l’œil perce le fond des cœurs. […] Demandons avec les plus vives instances au Dieu de la vérité et à l’Auteur de toutes lumieres, qu’il daigne l’éclairer avant la fin de sa carriere.

236. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IX. » pp. 44-46

A ce compte-là, mes Pères, ni la chasteté, ni l’humilité, ni l’amour de Dieu, ne sont point des vertus qui éclatent le plus dans votre Héros, puisque vous ne les avez pas fait entrer dans son caractère. […] Car il n’y en a aucun qui représente ni la chasteté, ni l’humilité, ni l’Amour de Dieu.

237. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

On doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché, comme une source empoisonnée qui nous infecterait, si Dieu ne nous aidait point à la contenir. […] Il est bien vrai que les temples ne sont pas pour la plupart des chrétiens le tabernacle de Dieu avec les hommes, la maison du salut et la porte du ciel ; mais la profanation que les gens du monde font des lieux saints ne justifie pas les spectacles. […] Si nous sommes en danger dans l’Eglise, où le précepte de Dieu nous rassemble, serons-nous en sûreté aux spectacles d’où sa loi nous bannit ? Si nous sommes troublés dans l’église où Dieu est pour nous, que ne devons-nous pas éprouver aux spectacles, où non seulement le démon, mais Dieu même est contre nousy ?  […] si dans le saint lieu où l’on n’entend que des psaumes, des prières, les oracles divins, où tout inspire la crainte de Dieu et la piété, les désirs illicites se glissent quelquefois comme un voleur subtil ; comment des hommes, au théâtre, où ils ne voient et n’entendent que des choses qui portent au crime, dans le centre de la turpitude et de la perversité, investis par le vice, et attaqués de tous côtés par les yeux et les oreilles, comment pourraient-ils triompher des mauvais désirs ?

238. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Dieu a en horreur les partisans des spectacles. […] n’allez plus aux Temples consacrés à Dieu, pour y apprendre la science des Saints. […] Ils vous disent, au nom de Dieu, je vous donne la vie. […] Plût à Dieu que le nombre des sacriléges fût moins considérable ! […] Plût à Dieu que je n’y eusse jamais mis les pieds !

239. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Le lieu où se joue la Comédie, présente encore une infinité d’occasions pour offenser Dieu, dans les assemblées qui s’y font et les rendez-vous que l’on y donne. […] Mais ces moyens que l’on propose, et que le relâchement dans la Morale n’a inventé que pour cacher à ceux qui vont à la Comédie le mal qu’ils font en y assistant, ne les exempte point de péché devant Dieu. […] Ainsi comme on est obligé d’éviter le péril du péché, et particulièrement celui où on offense Dieu ordinairement, on ne peut point aller à la Comédie. […] A la quatrième demande, on répond que si la Comédie est mauvaise dans la pratique, on n’y doit pas aller par une simple complaisance pour ses parents : car une personne peut craindre avec fondement que ce ne soit pour elle une occasion d’offenser Dieu, ou qu’elle ne soit peut-être cause que ceux qui la verront à la Comédie, n’offensent Dieu. […] Augustin, Cité de Dieu, II, 9]. « Nunquam Cornediae nisi consuetudo vitae pateretur, probare sua Theatris flagitia potuissent.

240. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Car, pourquoi Jupiter paraîtrait-il sous la forme du vrai Dieu ? […] Les perfections de Dieu, c’est Dieu même ; se moquer de ses perfections et de son Être, ce sont deux termes qui ne signifient qu’une même chose. […] Celui-ci se souciant peu de la pureté du langage s’exprime bien moins comme un Dieu, que comme un batelier. […] Prie-t-il Dieu de favoriser un divertissement diabolique ? […] Sa grande affaire c’est d’inspirer à cette Amanda de la haine pour son mari qu’il appelle son Dieu, et elle son Ange. « Ranimez en vous ce courage que toutes les femmes doivent avoir, et méprisez votre Dieu s’il néglige son Ange.

241. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Allons forcer le monde, cet ennemi de Dieu, dans ses retranchemens, & le troubler dans ses plaisirs. […] Dieu distribue à chacun sa tâche, c’est à nous à la remplir. […] Toute la vie n’est qu’une piece de théatre, dont Dieu distribue les rôles dans les états où il nous place : ne songeons qu’à bien représenter, pour obtenir la récompense éternelle. […] Cette mort affreuse les fit passer subitement, comme Moliere, Lulli, Monsfleuri, du théatre au jugement de Dieu, du crime à l’éternité. […] Dieu pouvoit-il bénir un commerce si scandaleux ?

242. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIX. Les Spectacles condamnés par les saintes Ecritures. » pp. 164-167

Saint Jean n’a rien oublié, lorsqu’il a dit : « N’aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde : celui qui aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui ; car tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie : laquelle concupiscence n’est point de Dieu, mais du monde13. » Si la concupiscence n’est pas de Dieu, les représentations théâtrales, qui en étalent tous les attraits, ne sont pas de lui, mais du monde.

243. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Parmi les ménaces des plus rigoureux châtimens que le Prophête fait aux femmes Juives, il leur dit, Dieu dans sa colere arrachera vos jarretieres : Aufferet periscelia . […] C’est elle-même qui le rapporte, s’en applaudit, & en rend gloire à Dieu. […] Mais les ornemens affectés de la chaussure, ouvrage du luxe & de la vanité, furent toujours reprouvés de Dieu. […] Déchaussez-vous, disoit Dieu à Moïse & à Josué, la terre où vous êtes est une terre sainte : Solve calceamenta de pedibus tuis, terra in qua stas terra sancta est. […] Tout tourne à bien quand on aime Dieu.

244. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Quel Dieu n’eût souhaité de l’être au même prix ! […] Des reproches si vains touchent peu les mortels :   Faudra-t-il qu’un Dieu soit moins sage ? […] Les anciens comiques avoient leurs juremens, Hercule, Jupiter, Dii te perdant ; ne traitons-nous pas aussi insolemment notre Dieu ? […] Voici une preuve singuliere de l’impression que font ces termes de jurement, sur-tout quand on y mêle le nom de Dieu. […] Mais à Dieu ne plaise que nous souillions cet ouvrage par de pareilles preuves, superflues d’ailleurs pour tout homme de bonne foi qui aime la chasteté !

245. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Dieu nous en fait malgré nous éprouver le faux : quel aveuglement de se repaître de chimères contre ses intérêts et sa conscience ! […] Rien de plus opposé à l'attention, à l'exactitude que demandent tous les devoirs ; rien de plus contraire à l'onction de la grâce, au recueillement de la piété, à l'union avec Dieu, qui forment les Saints. […] La vertu, détachée des vanités du monde, et pleine de l'esprit de Dieu, bien mieux que la morgue philosophique, dédaigne les jeux de l'enfance et les amusements de la passion, pour s'occuper de ses devoirs. […] Quel modèle encore plus à notre portée que cet homme Dieu, en qui tout respire, la sagesse et la sainteté, et qui dès l'âge le plus tendre en développaient peu à peu les trésors ! […] Trouvera-t-on au théâtre les enfants, les imitateurs d'un Dieu ?

246. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XII. Réflexions sur les Evêques et les Prêtres de la primitive Eglise, et de l’Eglise moderne, suivies de réponses aux reproches de M. de Sénancourt, sur le même sujet. » pp. 212-222

Les évêques, en plaçant la couronne sur la tête des rois, faisaient accroire aux princes faibles, ignorants et superstitieux, qu’ils n’obtenaient légitimement leur royaume, qu’en le recevant de la part de Dieu, par les mains de ministres qui se prétendaient investis de la puissance divine sur terre, comme représentants immédiats de Dieu. […] Ce système d’empiètement et d’usurpation d’autorité fut adopté par les ministres du culte, qui, foulant à leurs pieds les préceptes de la religion chrétienne, convoitaient les richesses terrestres de ce bas monde, et voulant, disaient-ils, s’en emparer pour la gloire de Dieu, ils s’appliquèrent, dans toutes les occasions, à en imposer au stupide vulgaire et à rançonner la crédulité.

247. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

Soit que fils vertueux d’une coupable mère, Servant d’un Dieu vengeur l’implacable colère, Tu sortes tout sanglant du tombeau de Ninusn ; Soit que fils criminel du stoïque Brutuso, Tu pleures dans les bras d’un Romain trop sévère : Mais quand voyant briller entre les mains d’un père, Sur le sein d’Hypermnestrep un poignard suspendu, Tu peins le désespoir d’un amant éperdu, Tous les cœurs partageant ta douleur et ta rage, Volent pour désarmer le tyran qui t’outrage. […] « En vain tu hais Renaud, lui dit-il…,pour toujours De lui seul dépendra le bonheur de ses jours ; D’un Dieu charmant telle est la volonté suprême, J’ai prononcé l’Oracle, il l’a dicté lui-même. » Aux ordres du Destin, esprits, obéissez. […] Tout change en un instant ; la nuit fait place au jour ; Mortels, reconnaissez le pouvoir de l’Amour : Le Palais s’envolant disparaît dans la nue, Un Parterre aussitôt le remplace à ma vue ; Du grand Servandoniab magique illusion, Effet de sa brillante imagination : Tout n’est qu’enchantement ; sous l’habit de Colette Arnoud subjugue Mars : le son de la trompette Rappelle en vain ce Dieu dans les champs de l’honneur ; Plus content, plus heureux de posséder son cœur, Qu’il n’était autrefois jaloux de la victoire, Pour la suivre il renonce aux hasards, à la gloire ; Et livrant sans danger, de plus tendres combats, Il met tout son bonheur à mourir dans ses bras. L’amour excuse tout, dans le siècle où nous sommes, Le Plaisir est le Dieu, qu’encensent tous les hommes ; Nous vivons pour jouir ; il suffit d’être heureux, On est justifié dès qu’on est amoureux.

248. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

N’eût-il que son apostasie, jamais le vrai sage ne regardera comme un grand homme un parjure, un lâche, un rébelle à son Dieu, qui abandonne la vraie religion pour adorer des faux dieux, contre les lumieres les plus évidentes de la raison naturelle. Autant que j’admire le courage d’un martyr qui répand son sang pour son Dieu, autant je méprise la bassesse d’ame qui brûlé son encens devant le bois & la pierre, après avoir connu & professé la vérité. […] Personne n’ignore sa fortune & sa chûte : mais tout le monde ne fait pas que cet arlequin, est d’une maison distinguée dans la robe, fut d’abord ecclésiastique & chanoine de la cathédrale du Mans ; & qu’après avoir été forcé de quitter son collet & son bénéfice, il osa solliciter des bénéfices simples, mais si simples , disoit-il, qu’il ne faille que croire en Dieu pour les posséder . […] Il plut à Zénobie, Reine de Palmire ; &, pour la rapprocher, disoit-il, du christianisme, il adoucit tellement les dogmes qu’elle n’aimoit pas, qu’il combattit la trinité des personnes en Dieu, & la divinité de Jesus-Christ On tint un concile pour condamner ses hérésies : il fit semblant de les désavouer, & assura qu’il avoit toujours eu la même foi que l’Eglise : le concile se sépara sans rien prononcer. […] Dieu n’a-t-il pas voulu se trouver à des noces ?

249. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVI. Efficace de la séduction des Spectacles. » pp. 36-39

« La parole de Dieu, dit M. […] C’est pourquoi quand même vous seriez assez chastes pour n’être point blessés par la contagion de ces lieux, ce que je crois impossible, vous ne laisserez pas d’être sévérement puni de Dieu, comme étant coupables de la perte de ceux qu vont voir ces folies, & de ceux qui les représentent sur le Théâtre.

250. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 12. SIECLE. » pp. 187-190

Certes ce n'est pas tant une folie, qu'une infidélité d'aimer des choses si basses, ou plutôt des choses de néant, et d'estimer si peu cette gloire que nul œil n'a vue, que nulle oreille n'a ouïe, que nul esprit humain n'a imaginée, ces biens et ces trésors que Dieu a préparés pour ceux qui l'aiment. […] Un homme d'honneur ne doit point regarder les Spectacles, et particulièrement ceux qui sont déshonnêtes, de peur que l'incontinence de sa vue ne soit un témoignage de l'impureté de son âme ; C'est avec raison que Périclès étant Préteur reprit Sophocle son collègue, en ces termes: Il faut qu'un Magistrat n'ait pas seulement les mains pures, mais les yeux même ; C'est pourquoi un homme à qui la puissance Royale donnait une grande licence, faisait cette prière à Dieu: Détournez mes yeux afin qu'ils ne regardent point la vanité; car il savait bien qu'il est certain que la vue cause une infinité de maux ; ce que le Prophète Jérémie déplore dans ses Lamentations ; Mes yeux, dit-il, ont ravi mon âme comme une proie.

251. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 1 : Livre II, chap. 3] » pp. 104-105

Que plût à Dieu que cette figure de Dragon fût seule exhibée en Spectacle. […] Cela ne se fait point parmi nous, et ne sommes tant irrévérencieux b en notre Religion, que de profaner l’honneur de Dieu et des saints : mais en lieu, ès jeux et processions publiques, du moins en quelques-unes, on fait entre les Chrétiens jouer et marcher les Diables en la forme qu’on les peint, non pas enchaînés, encore cela serait tolérable, mais déchaînés, comme si c’était au plus fort du Paganisme, et qu’on voulût représenter des furies enragées dessus un Théâtre ou Spectacle public, non plus de Païens, mais des Chrétiens qui doivent être assurés que le Diable a la puissance bridée.

252. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Dans toutes les Fêtes on buvoit & on chantoit, & comme Bacchus est un Dieu de toutes les Fêtes, on chantoit toujours à son honneur des Vers qu’à cause de lui on nommoit Dithyrambiques, & l’on y joignoit des Vers Satyriques, par lesquels les convives s’attaquoient les uns les autres. Toute la gloire de Thespis consiste à avoir imaginé de promener de Village en Village dans une charette, les Musiciens qui chantoient dans les Fêtes de Bacchus des Dithyrambes pour honorer le Dieu dont ils étoient bien remplis. […] Comme il voulut qu’un Acteur représentant un Dieu ou un Héros, parût plus grand que les autres hommes, il voulut aussi qu’il parlât dans un stile plus pompeux : le stile d’Eschyle est si ampoullé, ses mots si longs, qu’il est appellé par Aristophane, Homme qui éleve de grands termes en monceaux. […] Ainsi il fit construire des machines, qui servoient à faire sortir une Ombre des Enfers, ou à faire descendre un Dieu du Ciel, d’où vint le proverbe, un Dieu de la machine. […] Ce Dieu à la vérité, fait dans une Comédie d’Aristophane, un rôle très-bouffon, & même y est fustigé ; il n’est pas aisé de comprendre la Religion des Atheniens.

253. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

A-t-on besoin de déification quand on est Dieu ? […] Une image d’une divinité prise quelquefois pour le Dieu même ? […] C’est apparamment sa statue, quel Dieu ! […] Voltaire n’est qu’un faux Dieu, une vaine idole, son culte est-il raisonnable ? […] Est-ce là le portrait du Dieu de l’idôle Voltaire ?

254. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

S’il se croit égal à son Dieu, ce n’est plus un Dieu, le prétendu merveilleux de son audace s’évanouit, il détruit son propre sublime. […] Mettre des cendres au-dessus de la majesté suprême du Dieu qu’on adore ! […] Le sublime est un éloge, il peint une vraie grandeur, et ne peut appartenir qu’à Dieu, et à la vertu qui en est l’image. […] Dieu seul est grand, rien n’est sublime que ce qui le représente. […] Tous les dramatiques, charmés de trouver cette veine facile de prétendu sublime, se sont applaudis de faire contraster l’homme avec Dieu, le sujet avec le monarque, d’attaquer la religion et l’Etat, le ministre de Dieu et celui du prince.

255. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Les plus riches monumens, les plus beaux vers, les beaux chants ne mettent pas à couvert de la colère de Dieu. […] Il est vrai que ce n’est pas du Dieu des Chrétiens, quoiqu’on en eut bien envie, que parlent les fanatiques du Théatre : jamais il ne fit faire de comédie, il les a toujours condamnées, on ne peut point s’accommoder avec lui ; mais un Appollon & ses muses, Minerve & sa sagesse, Venus & ses graces, Mercure & ses friponeries, Vulcain & les infidélités de son épouse, le Dieu du goût, le Dieu du génie, &c. […] Mais quelles sont donc ces vertus, le plus grand des miracles que Dieu peut choisir ? […] il ressemble au vrai Dieu ou aux Dieux de la fable. […] Tant Dieu sait arracher la vérité de la bouche même de ses ennemis.

256. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIII. » pp. 62-65

Vous n’en retranchez pas seulement la partie la plus noble, la plus parfaite, et la plus essentielle qui est l’Amour de Dieu sans lequel la charité ne peut être une vertu Chrétienne ; mais vous donnez à l’amour du prochain qui est le seul qui reste sous votre Symbole fabuleux, des bornes si étroites et si resserrées, qu’il est plus propre à représenter un Chirurgien de Village ou un Saltimbanque, que la charité d’un Prélat de l’Eglise. […] N’est-ce pas, mes Pères, que vous voulez qu’il vous ressemble,22 et « que craignant de perdre aussi bien que vous, la douceur et la commodité qu’il trouve à être aimé, et ne voulant pas se faire des ennemis, et s’engager dans des suites fâcheuses qu’attirent après eux les mécontentements qu’on donne aux hommes, encore que ce soit en faisant sa charge et en soutenant la cause de Dieu ; il demeure dans le silence, et dissimule les péchés des hommes, de peur qu’en les reprenant il ne trouble sa paix en troublant celle des autres.

257. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE V. Que la circonstance d'aller aux Spectacles un jour de Fête, et de jeûne est une circonstance aggravante. Que ceux qui les fréquentent ne sont pas disposés à approcher des Sacrements. » pp. 83-87

Dieu seul est indifférent, et compté pour rien. […] Mais s'il se trouvait des Chrétiens qui voulussent allier deux exercices aussi inalliables, ils éprouveraient sans doute que des divertissements d'une si grande dissipation, auraient bientôt éteint tout ce que la célébration des saints Mystères, et la parole de Dieu auraient produit de recueillement et de componction.

258. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XX. Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. » pp. 72-75

« N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde : celui qui aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui ; car tout ce qui est dans le monde, est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie : laquelle concupiscence n’est point de Dieu, mais du monde. » Si la concupiscence n’est pas de Dieu, la délectable représentation qui en étale tous les attraits n’est non plus de lui, mais du monde, et les chrétiens n’y ont point de part.

259. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

souvent les premiers corrompus eux-mêmes, ils y cherchent leur propre sasisfaction, aux dépens de ceux dont Dieu leur a confié les ames innocentes. […] Quel compte à rendre à Dieu d’avoir fait passer la contagion dans des cœurs qu’ils étoient chargés d’en préserver ! […] Il est si aisé que le feu mal éteint se rallume, que Dieu abandonne le téméraire qui après une expérience qu’il déplore, se livre encore au danger. […] N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde ; si quelqu’un aime le monde, l’amour de Dieu n’est pas dans son cœur. […] Dans l’amour est la disgrace de Dieu, le paradis ou l’enfer : Beati pauperes, beati qui patiuntur, beati eritis cùm vos oderint, &c.

260. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

La créature y chasse Dieu du cœur de l'homme, pour y dominer à sa place, y recevoir des sacrifices et des adorations, y régler ses mouvements, ses conduites et ses intérêts, et y faire toutes les fonctions de souverain qui n'appartiennent qu'à Dieu, qui veut y régner par la charité, qui est la fin et l'accomplissement de toute la Loi Chrétienne. […] Il ne faut qu'un peu de bonne foi pour tomber d'accord de ce que je dis; aussi Dieu n'a pas choisi le théâtre pour y faire éclater la gloire de ses Martyrs. […] Ceux qui courent après les premiers, regardent Jésus-Christ crucifié comme une folie, et comme une occasion de scandale ; mais ceux qu'il appelle à la participation de sa gloire par le renoncement à leurs désirs et à leur cupidité, le regardent comme la force et la sagesse de Dieu. […] Y a-t-il rien de pareil à cet aveuglement : Si ce discours peut ouvrir les yeux à quelqu'un, je serai parvenu à la fin que je me suis proposée, pour ceux qui sont remplis des maximes de la chair et du monde, et que Dieu par un juste Rom. […] « l'homme qui est tout charnel n'est point capable des choses qu'enseigne l'Esprit de Dieu.

261. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Il faut bien, en effet, qu’il ne soit pas coupable, puisqu’on lui permet de jouer sa pièce à la face du Louvre, dans la maison d’un prince chrétien et à la vue de tous nos sages magistrats, si zélés pour les intérêts de Dieu, et sous le règne du plus religieux monarque du monde. Certes, les amis de Molière devraient après cela trembler pour lui, s’il n’était pas innocent ; ces magistrats si zélés pour les intérêts de Dieu et ce religieux monarque le perdraient sans ressource, ou l’anéantiraient bientôt, s’il est permis de parler ainsi. […] Pour moi, je ne vois pas où doit tomber le châtiment, je prie Dieu que ce ne soit point sur les hypocrites. […] Si j’ose toutefois vous dire ma pensée, je crois que Dieu doit bien punir d’autres crimes avant que nous faire payer la peine de ceux qui se sont glissés dans les comédies, en cas qu’il y en ait.

262. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Enroutte les ornemens que les femmes portent au bal sont comme couronnés pour les victoires que le Diable a eu contre les enfans de Dieu. […] Ceux qui dansent, rompent l’accord qu’ils ont fais avec Dieu au Baptême, promettant de renoncer au Diable & à toutes ses pompes. […] On viole au bal les dix Commandement de Dieu ; on se fait des idoles dans les femmes qu’on aime ; on leur fait des sermens faux & vains. […] & pour moi j’aime Dieu mille fois davantage, puisqu’à cent ans encore on peut se réjouir. Jamais la religion ni la raison n’eût donné de pareils motifs d’aimer Dieu.

263. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

Quel crime dans un enfant de Dieu de se tuer ainsi de ses propres mains, de se dégrader lui-même & de devenir entre les mains du démon un instrument dont il se sert pour perdre les ames ! […] N’est-ce donc que par pure cérémonie, ou par coutume qu’ils appellent Dieu leur pere ?

264. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXII. Le repentir de quelques auteurs dramatiques d’avoir travaillé pour les théâtres doit nous engager à éviter ces divertissements. » pp. 183-186

Enfin, revenu à lui, il frémit d’horreur au souvenir de tant d’années qu’il ne devait employer que pour Dieu, et qu’il avait perdues en suivant le monde et ses plaisirs. Détestant, dans l’amertume de son cœur, les applaudissements profanes qu’il ne s’était attirés qu’en offensant Dieu, il en aurait fait une pénitence publique, s’il lui eût été permis.

265. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

Cependant on lui décerne des triomphes, on n’approuve pas seulement, mais on déifie ces violences qui ont versé tant de sang, et ce Démon exterminateur du genre humain, est considéré comme un homme miraculeux choisi de Dieu, pour en tenir le gouvernement. […] Je ne dis rien de la farce, dont le sujet, les gestes, les paroles, les rencontres sont toujours dans une effrontée lasciveté ; où les prostitutions, les rapts, les adultères, ces crimes qui noircissent les maisons, qui perdent les âmes, et offensent Dieu, passent pour des gentillesses, enfin où l’on pèche par les yeux et par les affections de tout un peuple. […] Dieu s’offense, que la Majesté du Roi, qui est son image, soit profanée jusques à la faire servir à cet infâme ministère.

266. (1646) Science du chrétien « Des comédies. » pp. 638-643

Si je croyais que vous et moi dussions jamais assister à ces vilaines comédies, je demanderais à Dieu qu’il envoyât son foudre pour nous écraser, et ce coup du Ciel ne nous serait pas si funeste, que le geste d’un comédien lascif, ou la parole d’une effrontée comédienne. […] Il ne le faut point, et comme ils ne peuvent vous commander chose qui soit contre la loi et volonté de Dieu, aussi n’êtes-vous pas obligé de leur obéir, s’il y a du péché.

267. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Conclusions générales. » pp. 371-378

Les comédiens du troisième âge, ayant reçu leur institution du prince et des lois du royaume, ne sont point comptables de leur profession au clergé ; L’abjuration de cette profession, exigée par le clergé, est un véritable délit, parce que aucune autorité dans l’Etat n’a le droit de vouloir le contraire de ce qui a été créé et autorisé par les diplômes du prince et la législation du pays ; Le refus de sépulture, fait par le clergé aux comédiens, est encore un délit manifeste et réel, puisque c’est infliger une action pénale, imprégner un mépris public à une profession que le prince, les lois du royaume, les ordonnances de police ont instituée et régularisée ; et en cette circonstance l’outrage est non seulement fait à la personne et à la profession du comédien décédé, mais encore aux autorités suprêmes qui ont autorisé et commandé son exercice : voilà pour ce qui concerne l’état politique et celui de la législation ; c’est aux procureurs du roi qu’il appartient de faire respecter, par toutes les autorités existant dans l’Etat, ce qui a été institué et par l’action du prince et par le fait de la législation et des règlements de la police du royaume ; Le refus de sépulture est encore un autre délit envers les lois ecclésiastiques même, puisque, pour avoir lieu d’une manière canonique, il faut que les individus auxquels on veut l’appliquer aient été excommuniés, dénoncés dans les formes, et que jamais les comédiens du troisième âge ne se sont rencontrés dans cette catégorie ; Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les comédiens de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de leur création les prêtres ont rempli des rôles dans les mystères que les comédiens représentaient ; que les obscénités, les scandales qui se pratiquaient alors dans les églises, ou dans ces comédies pieuses, étant tout à fait nuisibles à la religion, l’autorité séculière a fait défendre aux prêtres de remplir désormais des rôles de comédiens, et à ceux-ci de ne plus prendre leurs sujets de comédie dans les mystères de la religion ; Le clergé, dans l’animadversion qu’il témoigne contre les comédiens, signale son ignorance, son injustice, son ingratitude, et démontre en outre qu’il agit avec deux poids et deux mesures, ce qui est on ne peut pas plus impolitique pour un corps aussi respectable ; car on a vu que c’étaient des papes et des cardinaux qui avaient institué des théâtres tant en Italie qu’en France ; on a vu un abbé, directeur de notre Opéra à Paris, on a vu les capucins, les cordeliers, les augustins demander l’aumône par placet, et la recevoir de nos comédiens ; on a vu les lettres où ces mêmes religieux, prêtres de l’Eglise apostolique et romaine, promettaient de prier Dieu pour la prospérité de la compagnie des comédiens. Comment des prêtres peuvent-ils prier Dieu pour une compagnie que d’autres prêtres anathématisent et proscrivent ?

268. (1643) La discipline des Eglises prétenduement réformées « Chapitre XIV. Des règlements ou avertissements particuliers » pp. 381-625

Si sont chargés les Consistoires de bien pratiquer cet Article, en faire lecture publique au nom de Dieu, en l’autorité des Synodes ; Et les Colloques et Synodes Provinciaux exhortés de bien prendre garde aux Consistoires qui ne feront devoir de les censurer. […] « A cause que les danses et autres dissolutions croissent en toutes les Eglises, les Consistoires seront exhortés de bien pratiquer l’Article 27. des Règlements, et le 26. du Synode de Figeac, et d’en faire lecture publique au nom de Dieu et de l’autorité de cette Compagnie ; et les Synodes et Colloques ont charge de censurer les Consistoires qui ne feront leur devoir. » XXVIII.

269. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

ce sont vos concitoyennes, vos amies, vos parentes, votre fille, votre sœur, ce sont des filles d’une haute naissance, d’une fortune brillante, d’une beauté rare, d’un esprit supérieur, qui s’immolent pour Dieu. […] Mais laissons à Dieu à sonder ces abymes & à les dévoiler au grand jour. Ces deux personnes professent-elles la même religion, suivent-elles le même évangile, imitent-elles le même modèle d’un Dieu crucifié ? […] Un sermon sur la miséricorde de Dieu la toucha si fortement, qu’elle fut subitement changée. Une ame aussi sensible que la sienne ne pouvoit être foiblement touchée ; le sentiment de Dieu le plus profond, la conviction la plus intime des vérités éternelles, la possédoient entierement.

270. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

» que si les hommes les traitent de cette manière, Dieu punira ces Acteurs bien autrement. […]  »  ; pourra-t-on penser à Dieu dans un temps et dans un lieu où il n’y a rien qui ait rapport à lui ? […]  » le Canon, de forcer aucun Chrétien à aller à ces spectacles qui sont contre les Commandements de Dieu. […] Ainsi comme on est obligé d’éviter le péril du péché, et particulièrement celui où l’on offense Dieu ordinairement, on ne peut point aller à la Comédie. […]  » A la quatrième demande on répond, que si la Comédie est mauvaise dans la pratique, on n’y doit pas aller par une simple complaisance pour ses parents ; car une personne peut craindre avec fondement que ce ne soit pour elle une occasion d’offenser Dieu ; ou qu’elle ne soit peut-être cause que ceux qui la verront à la Comédie n’offensent Dieu.

271. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Ce qui justifie les jésuites sur l’accusation d’idolatrie dont on les a chargé, puisqu’on y trouve la distinction du grand Dieu d’avec les genies subalternes, & le culte parfait & suprême au Dieu supérieur & le seul vrai Dieu. […] Il a chanté sa maîtresse & son Dieu. […] Dieu n’étoit donc pas heureux avant la création du monde ? […] Amour, vous êtes des mortels la volupté suprême & le plus grand bienfait du Dieu qui nous aime. […] Le triste ennemi des plaisirs sent aussi le Dieu qui les donne.

272. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Le Poète suppose une inspiration de Dieu, et fait parler le grand Prêtre en Prophète. […] La révolution du royaume d’Israël, par la mort d’Achab, avait été prédite par Elie, et ordonnée de Dieu par un autre Prophète, qu’il avait envoyé sacrer Jehu. […] Il a débité tant d’erreurs et de calomnies, il a si fort déclaré la guerre à Dieu et aux hommes, quand il a parlé de son chef, qu’on ne s’attend pas qu’il les ménage dans la bouche de ses Acteurs. […] ce Dieu que je sers me laisse sans secours ! […] quel crime est-ce donc devant ce Dieu jaloux De hâter un moment qu’il nous prépare à tous ?

273. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

La deuxième, que plusieurs Religieux et personnes de piété sont à la même heure occupés à chanter les louanges de Dieu. […] La troisième, qu’en prenant ce divertissement on ne fasse rien contre les Commandements de Dieu et de l’Eglise, « Ita quod contra preceptum Dei vel Ecclesia talibus ludis nihil fiat. […] « Qu’à l’Amour comme au seul Dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même : Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçu du Ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique, Que Lully réchauffa du son de sa Musique. » Voilà les effets des Opéra et des Comédies de nos jours. […] » Enfin il finit en répondant à ceux qui voudraient ménager à la faveur du plaisir des exemples et des instructions sérieuses pour les Rois, et il dit : « Que les Rois n’apprendront jamais rien au Théâtre : et que Dieu les renvoie à sa Loi pour y apprendre leurs devoirs : Qu’ils la lisent tous les jours de leur vie ; qu’ils la méditent nuit et jour comme un David ; qu’ils s’endorment entre ses bras, et s’entretiennent avec elle en s’éveillant comme un Salomon : que pour les instructions du Théâtre, la touche en est trop légère, et qu’il n’y a rien de moins sérieux, puisque l’homme y fait à la fois un jeu des vices, et un amusement de la Vertu.  […] Marlin Cure de saint Eustache, après que Dieu lui eût rendu la santé.

274. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

C’est celle d’Armand, le Dieu tutélaire des lettres : c’est la voix de cet oracle. » On trouve dans cette pièce des traits bien singuliers : « Les Rois sont au-dessus des crimes … Toutes choses sont légitimes pour les Princes qui peuvent tout … Raison, dont la voix importune vient s’opposer à ma fortune, tais-toi, le conseil en est pris » … quelle morale ! […] Voilà ce que canonise un Dieu dont il « serait plus que sacrilège de violer la protection ». […] Et pour terminer par un grand exemple un tableau des contradictions humaines, qu’on ne saurait épuiser, tel le sage Salomon bâtit un Temple au vrai Dieu et un autre à la Déesse Astarte, et au milieu de trois cents femmes et sept cents concubines, prêche la continence dans ses proverbes, la vanité du monde dans son ecclésiaste. Il est vrai qu’on ne rapporte pas de Salomon à la mort, une dernière scène où il ait mis toutes ses œuvres sur le compte de son zèle pour la gloire de Dieu. […] Dieu nous préserve d’une politique qui n’élève son empire que sur les débris de la vertu.

275. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IV. » pp. 17-22

On a reproché à vos Confrères de Luxembourg. « Qu’ils avaient imité les peuples transportés d’Assyrie dans les Villes du Royaume d’Israël qui joignaient le culte du vrai Dieu qu’ils appelaient le Dieu de cette terre à celui des fausses divinités de leur pays ; Qu’ils avaient mis l’arche avec Dagon, et qu’ils avaient voulu allier Jésus Christ avec Bélial.

276. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIX. Si un Evêque peut défendre qu’on ne danse les jours des Fêtes, ou même en quelque temps de l’année que ce soit. » pp. 146-153

Il faut même dire, que la considération de la sainteté du temps qui est consacré au culte de Dieu et à la pénitence, Franc. […] Je dis bien davantage, si un Evêque veut remplir son ministère, répondre au rang qu’il tient dans l’Eglise, et s’acquitter dignement de sa charge ; il est dans l’obligation d’user souvent de la puissance que Dieu lui donne pour faire des nouveaux règlements.

277. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Voilà justement comme les Ministres de la débauche sont faits : on dit que ces infâmes ne laissent pas de prier Dieu quelquefois, de parler du paradis, de rouler la prunelle vers le Ciel et d’invectiver contre le vice ; de tromper aussi, de mentir et de prêcher la vérité comme tout Prêtre fait. […] Dolopion était Prêtre du Scamandre et respecté comme le Dieu à qui il appartenait. […] C’est se moquer de Dieu même. […] On ne saurait comparer sans crime les Ministres du vrai Dieu avec les Prêtres des Idoles. […] D’ailleurs, quand il y va de la gloire de Dieu et du bien public, on est indispensablement obligé de parler.

278. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

N’est-ce pas vous qui, dans les conférences du soir, avez soutenu une controverse d’autant plus pénible que vous défendiez, au moins en apparence, la cause la plus faible, celle de l’incrédulité ; controverse d’autant plus difficile encore, que vous étiez réduit à des questions extrêmement laconiques, et que, par les longs développemens, auxquels se livrait le saint homme chargé de faire entendre la parole de Dieu, vous étiez réduit au silence et obligé de reconnaître qu’il n’avait jamais tort ? […] En quoi Dieu est-il offensé par un exercice agréable, salutaire, propre à la vivacité des jeunes gens, qui consiste à se présenter l’un à l’autre, avec grâce et bienséance, et auquel le spectateur impose une gravité dont on n’oserait sortir un instant ?… Qu’arrive-t-il dans ces lieux, où règne une contrainte éternelle, où l’on punit comme un crime la plus innocente gaîté, et où l’indiscrète sévérité d’un pasteur ne sait prêcher au nom de Dieu, qu’une gêne servile, et la tristesse et l’ennui ? […] Allons, Monsieur, exécutez-vous de bonne grâce : laissez-nous entendre quelque bonne comédie, où le vice et l’hypocrisie soient livrés au ridicule ; laissez danser nos enfans, ne les envoyez point en enfer, et Dieu vous bénira.

279. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

Mais enfin, soit qu’il sache la vie de Molière, soit qu’il croie la deviner, soit qu’il s’attache à de fausses apparences, ses avis ne partent point d’un frère en Dieu, qui doit cacher les fautes de son prochain à tout le monde et ne les découvrir qu’au pécheur. […] », et ne s’émanciper pas si aisément et au préjudice de la charité, de juger même du fond des âmes et des consciences, qui ne sont connues qu’à Dieu, puisque le même apôtre ditf qu’il n’y a que lui qui soit le « scrutateur des cœurs ». […] « Il devait pour le moins, continue ce dévot à contretemps, en parlant de l’auteur du Festin de Pierre j , susciter quelque acteur pour soutenir la cause de Dieu et défendre sérieusement ses intérêts. » Il fallait donc pour cela que l’on tînt une conférence sur le théâtre, que chacun prît parti et que l’athée déduisît les raisons qu’il avait de ne croire point de Dieu.

280. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

La volonté de Dieu est que vous soyez Saints & purs ; que vous vous absteniez de la fornication ; que chacun de vous sçache posséder le vase de son corps saintement & honnêtement, & non pas en suivant les mouvemens de la concupiscence, comme les Payens qui ne connoissent point Dieu ; car Dieu ne nous a pas appellés pour être impurs, mais pour être Saints. Celui donc qui méprise ces choses, méprise non un homme, mais Dieu. […] La miséricorde de Dieu est encore plus infinie que la témérité & l’aveuglement des hommes. […] Dieu me préserve de vous inviter à fréquenter une école d’impiété, sous prétexte de vous perfectionner l’esprit ! […] C’est la Religion qui rend un Prince selon le cœur de Dieu.

281. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

L'un : « Vous rendrez compte au jugement de Dieu de toute parole oiseuse. […] Tout est à Dieu, et n'a été créé que pour sa gloire. […] Je n'imagine pas à quel titre on voudrait soustraire le théâtre au jugement de Dieu, et à l'anathème de l'Evangile ? […] Je dis plus, n'eussent-elles rien de mauvais, vos paroles simplement oiseuses et inutiles, écoutez, Chrétiens, et tremblez, si vous comptez l'Evangile pour quelque chose, oui, ces paroles simplement inutiles seront une matière de condamnation devant Dieu : « De omni verbo otioso reddent rationem in die judicii. […] Et David lui-même, dans ses Psaumes, faisant un portrait sublime de la puissance de Dieu par l'agitation de toute la nature, fait danser, sauter, bondir les montagnes et les collines comme des béliers : « Montes exultaverunt sicut arietes, et colles sicut agni ovium.

282. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Le Dieu le fit conduire au Temple de Delphes, où il fut élevé par la Prêtresse, & mis au rang des Ministres du Temple. […] Je suis dévouée à ce Dieu. […] Quelle fureur de vouloir ensanglanter les couronnes du Dieu !

283. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

, fussent dilatées une seule fois par un mouvement, qui lui paraissait accompagné d’une indécence indigne d’un Dieu fait homme. […] C’est de là que naît dans les âmes pieuses, par la consolation du Saint-Esprit, l’effusion d’une joie divine ; un plaisir sublime que le monde ne peut entendre, par le mépris de celui qui flatte les sens ; un inaltérable repos dans la paix de la conscience, et dans la douce espérance de posséder Dieu : nul récit, nulle musique, nul chant ne tient devant ce plaisir ; s’il faut pour nous émouvoir, des spectacles, du sang répandu, de l’amour, que peut-on voir de plus beau ni de plus touchant que la mort sanglante de Jésus-Christ et de ses martyrs ; que ses conquêtes par toute la terre et le règne de sa vérité dans les cœurs ; que les flèches dont il les perce ; et que les chastes soupirs de son Eglise, et des âmes qu’il a gagnées, et qui courent après ses parfums ? […] Les païens dont la vertu était imparfaite, grossière, mondaine, superficielle, pouvaient l’insinuer par le théâtre : mais il n’a ni l’autorité, ni la dignité, ni l’efficace qu’il faut pour inspirer les vertus convenables à des chrétiens : Dieu renvoie les Rois à sa loi, pour y apprendre leurs devoirs : « Qu'ils la lisent tous les jours de leur vie »Deut.

284. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

cessez d’accuser un Dieu juste et bon, lui répond l’orateur chrétien. […] Si Dieu vous a privés d’un appui sur la terre, ah ! […] Dieu m’a comblé de biens : il m’a tout ôté. […] Et où en serions-nous, grand Dieu ! […] Dieu a commandé à la terre de nous fournir notre nourriture.

285. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Je trouve d’abord Théo ou Théos qui en Grec θεως, veut dire Dieu. Dore s’entend toujours par Donné δορος ; ainsi le tout ensemble offre un sens très-complet ; Dieu-Donné, Donné par Dieu ; si l’on veut en faire une division, l’ame est encore satisfaite des idées qu’elle y rencontre.

286. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

Une d’elles représentait sainte Catherine ; elle était accompagnée d’un enfant armé d’un balai, parce qu’un jour Dieu se présenta ainsi chez sainte Catherine, « pour lui servir de valet de chambre » (p. 277). […] (le nom est en toutes lettres), fils du Dieu vivant, et époux des âmes fidèles, prends ma fille Madeleine Gasselin pour mon épouse, et lui promets fidélité et de ne l’abandonner jamais, et lui donner pour avantage et pour dot ma grâce en cette vie, lui promettant ma gloire en l’autre, et le partage à l’héritage de mon père ; en foi de quoi j’ai signé le contrat irrévocable de la main de mon secrétaire.

287. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

A Castres on joua une Comédie intitulée le Jugement de Midas, devant le Duc de Rohan, où le Sieur du Mont et autres Ministres assistèrent : Je sais bien que quelqu’un me dira, que les poèmes que ceux de la Religion représentent, sont examinés par les Pasteurs ou parpceux qui ont charge de l’Eglise ; et que lorsqu’il s’y rencontre quelque chose contre la gloire de Dieu, ou les bonnes mœurs, on ne les souffre pas représenter. Mais quant au regard des Comédiens qui n’ont point de Compétiteurs ni de personnes pour corriger la liberté de leurs pièces, ils représentent sans considération d’offenser la vertu de leurs Auditeurs ; A quoi je réplique ; qu’il n’y a point de ville bien policée, où leurs Comédies ne passent par la coupelleq des Magistrats, et où il ne leur soit défendu de n’exposer aucun sujet sur le Théâtre, qui puisse choquer l’honneur de Dieu, le service du Roi, et la réputation du prochain (Dictionnaire de l’Académie, 1694). […] Qu’il considère combien la Calomnie est préjudiciable à la réputation des hommes, et comme elle opprime la vertu des plus justes actions, que sa rigueur a troublé les plus grands des siècles passés, qu’elle a décoché ses traits contre les plus vertueux, qu’elle a été le fusil de la division des choses, qu’elle a ruiné l’harmonie de l’amitié des hommes, qu’elle a pris l’innocence à partie, qu’elle a essayé de corrompre toute la terre, bref qu’elle n’a rien exempté du joug de son pouvoir, puisque Dieu même a subi la force de sa tyrannie ; par le blasphème des Juifs, qui l’appelaient séducteur, corrupteur des lois, ennemi de l’Etat, un séditieux, un larron, et autres impiétés opposées diamétralement à l’éclat de ses belles vertus. […] Mais pour parler du malheur qu’a causé la médisance ; Voyons le fond de l’antiquité, nous trouverons un Moïse quitter la Cour de Pharaon pour aller aux déserts de Madian, l’emprisonnement d’un Joseph, un Prophète David chassé de la présence de Saül, un Daniel jeté dans la fosse aux lions, un peuple Hébreu à la veille de sa perte, une Suzanne sur le point d’être lapidée ; Bref il n’y a peste plus dangereuse que celle de la calomnie, c’est pourquoi le Prophète royal, au Psaume septante et deux, dit que le Détracteur échellev le Ciel pour y vomir le venin de sa médisance, « posuit in coelum os suum et lingua ejus transivit in terra » : Je ne trouve pas étrange de quoi les Calomniateurs dressent des assauts continuels, contre ceux qui sont accusés de quelques imperfections, puisque la pointe de leur langue s’attaque aux plus justes du monde ; plût à Dieu que ce vice n’eût aucune racine dans nos cœurs afin que la charité se trouvant en son lustre, l’amitié pût avoir son règne, et la paix entrant en son Empire, la concorde y trouvât le trône de sa félicité. La langue dit le docte Alciatus en son traité De Jure Civili, étant le plus bel ornement dont Dieu ait enrichi notre nature, doit s’appliquer plutôt à la louange qu’au blâme.

288. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Puisque vous étes née grande sur la terre, faites vous sainte dans le ciel, & répondez à la grace extraordinaire que Dieu a répandue dans votre ame. […] Dites la Messe pour moi, & déclarez-moi sans ménagement ce que Dieu vous inspirera. […] Dieu qui a voulu tirer la derniere preuve de votre foi (il n’y a que les Imprimeurs qui tirent des épreuves), & faire un si grand essai de votre soumission (Dieu ne fait pas des essais.) […] Dieu est le juge ; c’est à lui seul qu’il faut tâcher de plaire. […] Le reste de sa vie n’eut rien de remarquable aux yeux du monde ; mais fut très méritoire aux yeux de Dieu.

289. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

Il suit de-là que les Auteurs qui travaillent pour le théâtre, quoiqu’on ne puisse les excuser devant Dieu, n’ont toutefois aucune note infamante aux yeux des hommes, parce que ce ne sont pas des mercenaires, au lieu que votre troupe, Mademoiselle, qui joue pour de l’argent, ne peut éviter cette humiliante flétrissure ; c’est une maniere de mort civile à quoi elle est condamnée, & qu’elle subit, en effet, dans toute l’étendue du Royaume. […] Quelques-uns ont imité la politique des Rois de Juda, qui proscrivant le culte des fausses Divinités, toléroient néanmoins les sacrifices que l’on offroit au vrai Dieu sur le sommet des montagnes, tout irréguliers qu’ils étoient, selon la loi de Moïse, Verumtamen excelsa non abstulit , dans la persuasion qu’il faut souffrir un moindre mal pour éviter un plus considérable.

290. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

Ces prêtres orgueilleux frappent de réprobation des comédiens, à raison de leur profession d’acteur de comédie, et ils feignent d’ignorer que ces citoyens sont autorisés à exercer leur art sous la protection de l’autorité ecclésiastique et séculière ; mais Dieu vous désapprouve et il vous frappera lui-même, « percutiet te Deus, paries dealbate ». […] [NDE] Allusion à une réponse de saint Paul, Actes des Apôtres 23,3 : Dieu te frappera, muraille blanchie !

291. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

Ce manteau bienfaisant tempere les ardeurs de la canicule, couvre de son ombre les épis dorés de la blonde Cerès, & les pampres du Dieu de la treille, les beautés de Flore, & les richesses de Vertumne. […] Moïse par ordre de Dieu en explique toutes les parties dans le moindre détail, & le fit exécuter sous ses yeux par des ouvriers choisis & inspirés de Dieu, en particulier la robe du grand Prêtre, dont il fit garnir le bas de grenades & de sonettes, mais point de queue. […] Dieu ordonne en plusieurs endroits de l’exode & du sevitique que dans les sacrifices on lui offre la queue des victimes, caudam integram ; ce que les interprêtes prennent pour une figure de la persévérance, qui est la fin de la vie. […] La moitie du monde le fait encore ; on l’a toujours fait devant Dieu. […] Un Ministre des autels pourroit-il oublier le respect qu’il doit à son Dieu jusqu’à faire porter sa queue dans le lieu saint, quand le saint Sacrement est exposé, quand on le porte en procession ?

292. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

I) ; parce que c’est manquer de respect pour les choses saintes & pour la Parole de Dieu, de les mettre sur un Théatre, entre les mains d’acteurs & d’actrices qui les deshonorent par le plus scandaleux contraste. […] Rien n’est triple dans la Trinité : un Dieu en trois Personnes ne fait pas triple Divinité, triple amour, triple lumiere : elle ne seroit pas unique. Alors Dieu jette les yeux sur les Chrétiens. […] quels ministres pour un Dieu ! […] Pierre, à qui Dieu a confié les clefs des Cieux, & qui les avez transmises à vos successeurs.

293. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Mais il y a autant de différence entre les spectacles publics et les divertissements du cloître, que entre un repas honnête avec des personnes choisies, et les débauches du cabaret ; entre une partie de jeux d’adresse avec ses amis, et les jeux de hasard dans un brelan ; entre un menuet dansé en famille dans sa maison, et un bal nocturne, un bal d’opéra, un charivari ; la même différence que entre les personnes qui le composent ; entre des femmes publiques, et des vierges consacrées à Dieu ; des actrices fardées, à demi nues, et des vierges modestement voilées ; un amas de libertins et d’impies, et une compagnie de gens pieux et réglés ; une profession livrée au vice, et un état sacré dévoué à la religion et à la vertu. […] Thomas et tout le monde, d’après la loi de Moïse, qui est expresse, c’est une chose mauvaise de se masquer, à moins qu’il ne soit absolument nécessaire pour sauver son honneur ou sa vie ; à plus forte raison d’un sexe à l’autre, d’une personne consacrée à Dieu à un Comédien. 3.° Qu’il n’est pas permis à un Religieux de quitter son habit, même pour peu de temps et pour sa commodité, comme pour jouer à la boule ; à plus forte raison par bouffonnerie. 4.° Qu’il est aussi peu convenable de cacher ses habits et de les couvrir des livrées du vice, et faire un mélange indécent et ridicule du sacré et du profane. 5.° Que ces récréations toutes mondaines ne conviennent point du tout à des personnes consacrées à Dieu, qui font une profession solennelle de renoncer au monde, et qu’elles les exposent à beaucoup de dissipation et de mollesse. […] Missionnaire, qui refusa de choisir, disant qu’« il ne convenait ni à sa profession de Ministre du vrai Dieu, ni à la sainteté de la religion qu’il prêchait, d’assister à la comédie ». […] La même raison doit exclure notre Clergé ; nos pièces de théâtre sont aussi éloignées de la Religion Chrétienne que le culte des Idoles ; et les Vestales, quoique soumises aux supérieurs, et obligées, comme nos Religieuses, et sous des peines encore plus grièves, à la chasteté, peuvent-elles entrer en parallèle avec nos vierges consacrées à Dieu ?

294. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

Elles donnent un grand éclat aux Ministres de la parole de Dieu dans leurs Sermons : Là, et par tout ailleurs, l’on compte toujours dix fontangesf pour une perruque blonde. […] Voyez le bien que cela fait pour la conscience de ces Messieurs ; pour la consolation des Ecclésiastiques, et des Religieux qui se réjouissent, et toujours à la gloire de Dieu, de voir le beau monde à leurs Fêtes, pour l’édification du bon peuple qui s’en retourne admirablement content du beau Sermon, du beau Salut, de la belle Messe ! […] Or je vous avoue, Agathon, qu’en ce temps où l’on aime fort à être Fondateur ou Fondatrice, ne fut-ce que d’une petite Communauté, j’aurais de la consolation pour la gloire de Dieu, de voir le Patriarcat de cette association bien établi.

295. (1825) Des comédiens et du clergé « Table des matières, contenues dans ce volume. » pp. 409-427

., et 282 ; le clergé emploie deux poids et deux mesures dans sa conduite envers les comédiens ; cette divergence tourne contre lui, par les preuves singulières qu’on en fournit, pag. 159 ; les cardinaux, princes de l’Eglise, sont les protecteurs de nos premiers comédiens, pag. 164 ; l’abbé Perrin est lui-même directeur de l’Opéra de Paris, pag. 167 ; les papes, chefs de l’Eglise, instituent des théâtres de leurs propres deniers, et les organisent, pag. 168 ; les cordeliers, les capucins, les augustins, tous prêtres de l’Eglise romaine, présentent des placets aux comédiens, pour en obtenir des aumônes, et ils promettent de prier Dieu pour le succès de leur troupe, qu’ils ont la politesse de nommer chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés ne sont point soumis aux anathèmes de l’Eglise, et les prêtres qui les leur appliqueraient devraient être, selon les lois ecclésiastiques, suspendus de leurs fonctions, pag. 182 ; processions, messes et autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, qui sont remplies d’obscénités et de scandales, et bien plus nuisibles à la religion que les comédies, pag. 201 ; élection des archevêques et évêques des fous, dans les orgies des diacres et sous-diacres, pag. 280 ; le clergé en habits de mascarade et de théâtre, pag.  […] Comediens, chez les Grecs et les Romains, pag. 1 ; en France, pag. 63 ; prennent leur origine dans les confrères de la Passion de N.S.J.C., société de pèlerins qui s’était réunie pour jouer les saints mystères, pag. 85 ; obtiennent en 1402 des lettres patentes de Charles VI, pag. 90 ; et de François 1er en 1518, pag. 94 ; sont obligés par arrêt du parlement de Paris, de 1548, de ne plus établir leurs comédies que sur des sujets profanes, pag. 101 ; succèdent entièrement aux confrères de la Passion, pag. 103 ; obtiennent des privilèges, p. 107 ; leurs pièces soumises aux procureurs du roi, pag. 108 ; ils sont admis au Louvre et protégés du roi Louis XIV, pag. 112 ; la législation change en leur faveur, pag. 114 ; jouissaient à l’exclusion des autres classes du privilège de conserver leur noblesse, pag. 116 ; leurs droits comme citoyens dans l’Etat, pag. 125 ; leur profession étant instituée et protégée par les lois civiles et les diplômes du prince, ils n’en sont plus comptables au clergé, pag. 131 ; l’abjuration que le clergé exige de leur profession, ainsi que le refus de sépulture, qu’il leur fait à leur décès, sont des délits que les procureurs du Roi doivent poursuivre devant les tribunaux, pag. 134 et 282 ; ils font l’aumône aux cordeliers, aux capucins, aux augustins, qui la leur demandent par placet, et qui promettent de prier Dieu pour leur chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés, le clergé ne peut leur faire l’application des anathèmes, pag. 182 ; saints et saintes honorés par l’Eglise romaine, et qui ont été comediens, pag. 193 ; piété et bienfaisance de Beauchâteau comédien, pag. 365*. […] Puissance séculière, c’est la puissance du prince, elle est établie par Dieu même, et tous les fidèles doivent s’y soumettre, pag. 338 ; le prince, comme protecteur des saints canons de l’Eglise, a une surveillance et une autorité spéciale sur les prêtres, pag. 338, 357, 359 et 360 ; elle a la suprématie sur la puissance ecclésiastique, et les conciles anathématisent les prêtres qui faussent leurs serments envers les souverains et qui attentent à leur vie, pag. 331*.

296. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

Pourquoi voulez-vous que ces Ouvrages d’esprit soient une occupation peu honorable devant les hommes, et horrible devant Dieu ? […] Les Capucins furent conduits avec honneur de l’Église dans le Réfectoire, où ils trouvèrent un bon déjeuner qui les attendait, et qu’ils mangèrent de fort bon cœur, bénissant Dieu qui ne leur avait pas fait manger leur pain blanc le premier. […] Qu’une femme fût dans le désordre, qu’un homme fût dans la débauche, s’ils se disaient de vos Amis, vous espériez toujours de leur salut, s’ils vous étaient peu favorables, quelque vertueux qu’ils fussentn, vous appréhendiez toujours le jugement de Dieu pour eux.

297. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Oui, dans le temps même que l’ennemi escaladait les murs, se répandait de tous côtés, et passait tout au fil de l’épée, on jouait la comédie : « Circumsonabant armis muros, et Carthaginensis insaniebat in circo, luxuriabat in theatro. » L’amphithéâtre était plein d’insensés à qui l’ensorcellement du plaisir ne laissait pas entendre le bruit affreux du sac de leur ville, les gémissements des mourants se confondaient avec les cris de joie et les chansons de ceux qui se jouaient au théâtre : « Confundebatur vox morientium, voxque Bacchantium ; vix discerni poterat plebis ejulatio quæ cadebat in bello, et sonus populi qui clamabat in circo. » N’était-ce pas, ajoute ce Père, forcer Dieu à exterminer un peuple pour qui il avait peut-être encore des sentiments de miséricorde ? […] Le triste événement qui irrita si fort la colère de Dieu, et coûta la vie à vingt-quatre mille personnes, est d’autant mieux approprié au théâtre, que c’était la célébration de la fête de Belphégor, aux mystères duquel ses criminels Acteurs se firent initier : « Et initiati sunt Belphegor », dit le Prophète (Psal. […] C’était le Dieu de la débauche, comme Belzébuth était le Dieu des mouches.

298. (1588) Remontrances au roi Henri III « [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] REMONSTRAN-CES TRES-HUMBLES AU ROY DE FRANCE ETde Pologne Henry troisiesme de ce nom, par un sien fidelle Officier et subject, sur les desor-dres et miseres de ce Royaume, cause d'icelles, et moyens d'y pourvoir à la gloire de Dieu et repos universel de cet Estat. . . .

299. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

On doit donc regarder l’invention de la musique comme un présent que Dieu nous a fait pour l’employer à chanter sa gloire, à lui exposer nos besoins, à le remercier de ses dons, à manifester notre joie dans la prospérité, à dissiper nos chagrins dans nos afflictions, à soulager nos peines dans nos travaux, à exciter enfin l’ardeur martiale dans le cœur des combattants. […] Les hymnes sacrées doivent toujours être chantées pour louer Dieu, pour publier ses merveilles et pour attirer son secours ; c’est le seul usage légitime qu’on en puisse faire.

300. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Dieu ne veut pas la mort, mais la conversion du pécheur ; il est prêt à lui pardonner jusqu’au dernier soupir. Quel excès de barbarie & d’impiété de lui refuser le secours que Dieu lui offre pour faire une sainte mort, & obtenir le pardon de ses crimes ! […] Les paroles de l’Eglise ne sont que des prieres adressées à Dieu pour être délivrés des orages, des insectes, de la grêle, &c. […] Si les Rois ne sont soumis qu’à Dieu, le sont-ils à leurs sujets, les sujets ont ils des droits & des franchises à reprendre ? […] Dieu ne lui dira-t-il pas : Ex ore tuo te judico, serve nequam.

301. (1664) Traité contre les danses et les comédies « LE LIBRAIRE AU LECTEUR. » p. 

A Dieu.

302. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « [FRONTISPICE] »

Utiles aux Curez et autres Ecclesiastiques, pour s’aquiter de leur devoir: Aux Chefs de Familles pour l’instruction de leurs Enfans et Domesti-ques, et à toutes sortes de Personnes qui veu-lent vivre selon Dieu.

303. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 7. SIECLE. » p. 182

Un Chrétien ne doit avoir aucun commerce avec les folies du Cirque, avec l'impudicité du Théâtre, avec les cruautés de l'Amphithéâtre, avec la barbarie des Gladiateurs, avec l'infamie des Jeux de Flore ; C'est renoncer à Dieu que de s'amuser à ces vanités ; c'est se rendre prévaricateur de la Foi chrétienne que de rechercher après le Baptême les choses auxquelles on a renoncé en le recevant ; c'est à dire le Diable; ses Pompes, et ses œuvres.

304. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Jusqu’ici, dans l’énumération des actes de charité spirituelle ou corporelle, aucun Théologien, aucun Prédicateur, aucun livre de dévotion n’avoient compris de donner par charité la comédie aux pauvres ; & au jour du Jugement, Dieu ne l’y ajoutera pas. […] Rien n’est plus dévot que le théatre Grec & Latin ; il n’est point de livre de piété qui parle plus de Dieu & de ses Saints, que les tragédies de Sophocle, d’Eschile & de Séneque, ne parlent de la Mithologie payenne ; ce sont par-tout les actions des Dieux, des prieres, des offrandes, des cantiques ; les Dieux font tout, on en espére, on en craint tout. Nous avons quelques piece dévote, Athalie, Polieucte, où il est parlé de Dieu. […] Térence est en ce genre, un livre de dévotion, en comparaison de Moliere, de Dancourt, de Gerardhi, &c. que dans une tragédie d’Eschile ou d’Euripide, à la place du nom de Jupiter, d’Apollon, de Minerve, on mette le nom du Dieu véritable, sans rien changer dans les pieces & les sentiments ; on en fera un ouvrage si pieux, que notre théatre ne pourra souffrir la bigotterie de ces chefs-d’œuvres. […] Qui prie Dieu dans le monde, & qui ne va pas à la comédie ?

305. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Pour favoriser la guerre du Roi de Pologne contre le Turc, il lui envoya cent mille florins, accorda un Jubilé pour faire faire des prieres en sa faveur, & défendit la comédie dans tous ses États, même pendant le carnaval, comme ne pouvant qu’attirer la malédiction de Dieu (La Roque, Mémoire de l’Église, L. […] Louis étoit confus, dit la Baumelle, de l’impie plainte de la piété qui faisoit valoir à Dieu même son exactitude & son recueillement à la messe ; mais il étoit charmé de se reconnoître dans la grandeur & le faste d’un Roi de Perse (cette flatterie seroit une satyre : Racine avoit-il assez l’esprit de Port Royal pour oser censurer le Pénitent du P. la Chaise ?). […] La médisance est-elle moins condamnée par la loi de Dieu que l’impureté ? […] Que peuvent produire des paysans, des ivrognes grossiers, médisans, républicains, qui n’ont ni loi, ni décence ; & le Dieu dont on célébroit la fête, dont l’intempérance & la folie font tout le culte, l’emportement, la débauche, la malignité, jusqu’à la plus révoltante nudité, dit Horace, bon Juge & peu scrupuleux : Mox etiam agrestes Satyros nudavit & asper jocum tentavit, & potus, & ex lex. […] Les Cordonniers & les Couturieres d’Athenes applaudirent à une farce où l’on représentoit Socrate élevé en l’air dans un panier, déclarant qu’il n’y a point de Dieu, & s’accusant d’avoir volé un manteau.

306. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXXII.  » p. 492

Si le Chrétien se considère comme pécheur, il doit reconnaître qu'il n'y a rien de plus contraire à cet état qui l'oblige à la pénitence, aux larmes, et à la fuite des plaisirs inutiles, que la recherche d'un divertissement aussi vain et aussi dangereux que la Comédie: et s'il se considère comme enfant de Dieu, comme membre de Jésus-Christ, illuminé par sa vérité, enrichi de ses grâces, nourri de son corps, héritier de son royaume; il doit juger qu'il n'y a rien de plus indigne d'une si haute qualité, que de prendre part à ces folles joies des enfants du siècle.

307. (1675) Traité de la comédie « XXXII.  » p. 327

S'il se considère comme enfant de Dieu, comme membre de Jésus-Christ, illuminé par sa vérité, enrichi de ses grâces, nourri de son corps, héritier de son Royaume; il doit juger qu'il n'y a rien de plus indigne d'une si haute qualité que de prendre part à ces folles joies des enfants du siècle.

308. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

La douceur recommandée par le Sauveur à ses Disciples, & l’esprit de domination qu’il leur a défendu, ne concluent rien touchant la contestation présente : il faudroit improuver la conduite de Saint Pierre envers Ananie & son épouse qui tomberent morts à ses pieds ; de même que la Sentence d’Excommunication qu’il porta, selon la remarque de Saint Epiphane1, contre Simon le Magicien, qui vouloit acquérir le don de Dieu pour une somme d’argent2. […] C’est à la dureté du cœur humain que l’on doit rapporter une concession pareille ; quelqu’autenticité qu’on lui suppose, elle ne sçauroit légitimer ce que la Loi de Dieu défend, un amusement contraire aux bonnes mœurs & à la religion chrétienne, Il n’est point vrai, Mademoiselle, que l’Etat vous autorise, vous n’avez en France, selon Brillon2, aucune Lettre-patente, au moins dans les formes usitées, les Comédiens sont purement tolérés.

309. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Nos inclinations ne se portent déjà que trop au mal, sans qu’il faille jeter de l’huile sur les flammes ; sans que l’on emploie ce grand appareil, tant de damnables instructions, autorisées par des exemples célèbres, par les triomphes du vice, suivis d’un applaudissement public pour assurer les courages contre les reproches de la conscience, et les menaces des lois : on met l’honneur à nourrir des haines irréconciliables, à mettre la désolation dans les familles et dans les états, pour une parole mal interprétée, pour une ombre, pour un soupçon de déplaisir : on qualifie cette fureur du nom de force, et comme au temps de l’idolâtrie, des vices on fait des divinités à qui l’on présente des sacrifices de sang humain, quand l’on introduit toutes les fausses déités du Paganisme, et qu’on rapporte tous les événements des affaires à la fortune ; n’est-ce pas affaiblir extrêmement la foi d’un vrai Dieu ? […] Ouvrir son âme aux cruelles, ou aux lascives idées de ce qui se joue sur les théâtres ; c’est la fermer aux inspirations de la grâce ; c’est perdre l’intégrité qui nous donne la vue de Dieu ; c’est n’avoir plus la confiance de nous approcher de son trône, de demander son secours, de recevoir ses lumières, et ses consolations comme ses enfants.

310. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Dieu vous punira par bien des fléaux. » Ce passage prouve évidemment ce que pensoient de la comédie les chrétiens du premier siecle, où cet ouvrage a paru. […] Il n’y a point de Dieu. […] Il semble que Dieu nous ait donné les animaux, non-seulement pour nous servir, mais encore pour nous instruire : l’Esprit saint nous y ramene sans cesse ; mais ces modeles sont bien différens de la fable. […] Dieu nous garde, disoit-on, de la Messe du Chancelier ! Ne pourroit on pas dire, Dieu nous garde, de sa doctrine ?

311. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Cette Princesse idolâtre, qu’Achab Roi d’Israël épousa, contre la défense de la loi de Dieu, acheva de perdre la religion dans ce royaume. […] Le livre de Job est terminé par le détail des biens dont Dieu combla ce saint homme, pour recompenser sa patience. […] De même dans le moral l’hypocrisie, un air, un langage dévot, des apparences de regularité, une multitude de bonnes œuvres, étalées pour se faire estimer, comme chez les Pharisiens, c’est un fard, un vrai crime que Dieu punit. […] Dieu a mis à ce prix la beauté de l’ame. […] On ne propose ici, comme en cent autres articles de la morale, cette question captieuse que pour faire diversion, & écarter la juste crainte d’offenser Dieu qui doit proscrire le fard.

312. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — III.  » p. 457

On doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché; comme une source de poison capable de nous infecter à tous moments, si Dieu n'en arrêtait les mauvaises suites.

313. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXIX.  » p. 490

Les Pères blâment comme une témérité dangereuse la conduite de ceux qui n'étant pas encore bien affermis dans l'amour de Dieu s'emploient avec trop d'ardeur dans les bonnes œuvres extérieures sous prétexte de charité; parce qu'il est difficile que l'esprit ne se dissipe beaucoup dans ces exercices : « In terrenis quippe actibus ; dit S.

314. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

La bénédiction apprend à respecter, comme sacré, une union qui, quand elle ne seroit pas un vrai Sacrement, est du moins une action religieuse & sainte ; elle obtient des graces de Dieu, si necessaires pour remplir les devoirs de ce nouvel état, & engage à s’y préparer par la priere & les bonnes œuvres. […] Que l’homme ne soit pas assez téméraire pour séparer ce que Dieu a joint. […] Dieu ne s’est point uni à deux différentes natures, ni à deux diverses Eglises ; il ne s’en séparera jamais. […] Dieu nous préserve que cette loi vienne en France ; que de mariages rompus & d’enfans désennoblis !

315. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Ils présentent à la vérité un autre genre de séduction, mais également à redouter, puisque c’est contre Dieu même qu’on s’y élève et contre son Evangile : puisque la pureté de la Religion y est pareillement combattue et anéantie, ainsi que le prouvent beaucoup mieux que je ne le ferais, ces excellents Ouvrages que j’ai déjà cités, et que je vous invite à consulter. […] J’ai appris dans ce Catéchisme qui nous vient de Rome, au rapport de M. de Voltaire, comme dans celui de Paris et dans tous les autres de l’Univers, que notre vie appartient à Dieu et à la Patrie ; que nous en sommes seulement les dépositaires ; que le véritable honneur consiste à les bien servir ; que le courage est moins dans le mépris de la mort, que dans le motif qui l’inspire ; que la vengeance est un crime, l’homicide un forfait, le suicide une extravagance qui ne peut partir que d’un cerveau troublé par de noires fumées. […] La vengeance, totalement réservée à Dieu et au Magistrat, souffre donc ce correctif et ce motif de dispense, quand c’est l’amour paternel qui l’exige ? […] Le premier16, attaqué par un faux Brave dont il avait repris les blasphèmes, disait qu’après avoir osé défendre la cause de Dieu, il ne devait point la trahir pour les maximes d’un honneur mal entendu.

316. (1675) Traité de la comédie « XXIX.  » p. 323

Les Pères blâment comme une témérité dangereuse la conduite de ceux qui n'étant pas encore bien affermis dans l'amour de Dieu, s'emploient avec trop d'ardeur dans les bonnes oeuvres extérieures sous prétexte de charité; parce qu'il est difficile que l'esprit ne se dissipe beaucoup dans ces exercices : « In terrenis quippe actibus, dit saint Grégoire, valde frigescit animus, si necdum fuerit per intima dona solidatus.

317. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Je confesse de vrai et voudrais opiniâtrement maintenir, contre ceux qui le voudraient contester, que le service de Dieu doit être préféré, non seulement à la comédie, ains à tout autre œuvrel, quelque utile et nécessaire qu’il soit. Mais, comme il y a douze heures au jour, elles se peuvent tellement diviser que nous pouvons et prier Dieu et nous récréer de quelque honnête passetemps, entre tous lesquels je n’en sache point de comparable à la comédie, ou plus tôt à la tragédie, puisque c’est l’unique poème où nous avons arrêté nos graves et sérieuses actions, laissant la comédie (cloaque d’impudicité) en l’état où les étrangers l’ont réduite aujourd’hui, à ceux qui la voudront voir ou exercerm. […] Ainsi donc notre profession est et utile et délectable et au Prince et à ses sujets, nous purgeant outre tout cela de tous attentats, de tous crimes de lèse-majesté divine et humaine, qui ne nous banniront jamais, aidant Dieu, de l’agréable clarté de ce grand soleil de clémenceag, aussi doux et prompt au pardon que vaillant et courageux aux alarmes.

318. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Jouer l’offense de Dieu, se montrer son ennemi, évoquer l’enfer, paroître agir comme un damné, & on se dit chrétien, on se donne pour philosophe ; nous devons à Dieu le corps & l’ame, l’intérieur & l’extérieur, la réalité & l’apparence, tout doit servir à sa gloire, tout n’existe que par lui, & pour lui, rien ne doit commettre ni favoriser le péché, le desirer ni s’y complaire, en faire le semblant, même par jeu, y penser, en parler que pour le détester. Dieu est trop grand pour être joué, le plus grand des maux peut-il servir d’amusement ? […] Quelquefois qu’on conserve dans le cœur, il n’est pas permis de contrefaire l’idolâtre, quelque pureté dont on se flatte ; il n’est pas permis de contrefaire l’impudique ; il est du dévoir de l’homme d’être & de paroître constamment vertueux, & inviolablement fidele à son Dieu ; il n’est point de moment, point d’intérêt qui puissent en dispenser, point de prétexte qui excuse, on doit plutôt cesser de vivre que de cesser de servir Dieu : Hæc testamenta præcordia penetrant, sicut serpentium morsus venestum diffundunt. […] Dieu nous préserve d’un si misérable divertissement. Dieu nous préserve de l’idée insensée qui y donne du prix.

319. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre »

) Ces premiers chrétiens avaient lu en l’Ecriture, que la dévote Sara, femme du jeune Tobie, invoquant le secours de Dieu en sa grande affliction, lui remontrait qu’elle ne s’était jamais trouvée aux danses, et pourtant elle avait été mariée plus de deux fois14.

320. (1675) Traité de la comédie « IV.  » p. 278

On doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché, comme une source de poison capable de nous infecter à tous moments, si Dieu n'en arrêtait les mauvais effets.

321. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVII. Profanation de la sainteté des fêtes et du jeûne introduite par l’auteur : ses paroles sur le jeûne. » p. 97

que la comédie partage avec Dieu et avec l’office divin les jours de dimanche ; et l’autre où il abandonne à ce divertissement même « le temps de carême : encore, continue-t-il, que ce soit un temps consacré à la pénitence, un temps de larmes et de douleurs pour les chrétiens ; un temps, où, pour me servir des termes de l’écriture, la musique doit être importune, et auquel le spectacle et la comédie paraissent peu propres, et devraient ce semble être défendus. » Malgré toutes ces raisons, qu’il semble n’avoir proposées que pour passer par-dessus, malgré le texte de l’écriture dont il les soutient, il autorise l’abus de jouer les comédies durant ce saint temps.

322. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

De Pélerins, dit-on, une troupe grossiere, En public, à Paris, y monta la premiere, Et sottement zélée, en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge, & Dieu par piété. Le vulgaire dévorant avec avidité ce moyen qui lui étoit présenté, d’allier ses plaisirs au culte de son Dieu, courut en foule à ces Spectacles ; mais la petite portion des gens éclairés les méprisa, & gémit d’un mélange si monstrueux.

323. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Un Dieu peut descendre tout-à-coup changer la face d’une intrigue, ou faire terminer une Pièce dont le dénouement devenait trop difficile ; mais je doute que les Spectateurs voulussent se contenter d’un tel moyen, employé ailleurs qu’à l’Opéra-sérieux : une maison peut s’écrouler, tel personnage peut être atteint d’une maladie imprévue ; mais on se moquerait du Poète qui aurait recours à de semblables expédiens. […] Il est clair que l’action est tout-à-fait modernes ; ainsi l’on fait agir Mercure, Jupiter, dans un tems où l’on ne connait que la Religion Chrétienne, que le culte du vrai Dieu : il est aussi comique d’avoir fait une telle faute, que si l’on fesait paraître un des Saints de la Légende au grand Aléxandre, ou bien à un des anciens Rois de Perses.

324. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Ces trois qualités ont Dieu pour auteur : mais c’est au milieu de cet ouvrage de Dieu, que l’attache forcée au plaisir sensible et son attrait indomptable, c’est-à-dire la concupiscence introduite par le péché, établit son siège.

325. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la suprématie de la puissance séculière sur la puissance ecclésiastique ; des erreurs et des crimes du clergé et des anathèmes fulminés par les conciles contre les prêtres et les séculiers qui attentent à l’autorité et à la vie des souverains. » pp. 331-345

3° « Celui qui s’oppose aux puissances, resiste a l’ordre de Dieu ; et ceux qui résistent, attirent une juste condamnation sur eux-mêmes. […] 8° « Si quelqu’un par esprit d’orgueil et d’indépendance s’élève contre la puissance royale, dont Dieu même est l’instituteur, et qu’il refuse d’obéir sans vouloir se laisser convaincre par la raison et par la religion, qui lui prescrivent une obéissance entière, qu’il soit anathème. » Concile de Tours, an 1583, can. 1. » Il est impossible de condamner plus canoniquement ceux qui attentent à l’autorité et à la vie des rois, soit que les coupables appartiennent à l’ordre ecclésiastique, ou à l’ordre séculier.

326. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

C’étoit l’unique étude du feu Comte, & l’emploi utile d’une fortune considérable dont il jouissoit, & que Dieu ne lui avoit pas donné pour cet usage. […] Le voilà devant Dieu à qui il a rendu compte de son temps, de son bien, de ses amusemens, de ses occupations. […] N’aimeroit-il pas mieux aujourd’hui avoir répandu ses biens dans le sein des pauvres que dans les mains d’Arlequin, étudié la loi de Dieu que le théatre ? […] L’auteur n’a pas prétendu exposer le sentiment du Pere Malebranche, qui croit qu’on voit tout en Dieu. […] L’homme est fait à l’image de Dieu, mais Dieu n’est pas fait à l’image de l’homme.

327. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Enfin la colère de Dieu tomba sur ce peuple, Dieu voulut les faire punir au milieu même des spectacles et les faire devenir eux-mêmes le principal sujet d’un spectacle étonnant et terrible. […] On peut bien conclure que Tertullien a mis tout ce qui sert au Théâtre et à la Comédie parmi les œuvres de Dieu, car assurément il n’admet pas d’autre Auteur des créatures que Dieu seul. […] Plût à Dieu, ajoute-t-il, qu’il eût bouché les oreilles. […] Revenue de ce refroidissement, elle reconnut la source du mal, et s’en accusa devant Dieu comme d’une très grande faute. […] Plût à Dieu que tout le monde entrât dans les maximes de ce saint Evêque ; nous verrions bientôt cesser les Bals et la Comédie.

328. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Ce seroit offenser Dieu doublement d’acquérir des biens par des voies illégitimes, & de les prodiguer pour des objets défendus, favoriser, soutenir le spectacle, entretenir des Acteurs & des Actrices, payer & honorer le vice, & fournir les occasions de péché ? […] Il se plaint des irrévérences dans les Eglises & du peu de fruit qu’on tire de la parole de Dieu. […] Sans doute, avec la grace de Dieu.

329. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Approbation qui peut servir de Preface. » pp. -

L’Auteur y suit le précepte de saint Charles Borromée, & il allegue à la premiere lettre les Péres de l’Eglise, que Dieu nous a donnés après l’Evangile pour être la juste regle de nos actions : il en rapporte les dicisions contre la Comedie de leur tems, dont la censure convient fort au Theatre de nos jours.

330. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXI.  » p. 480

Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui indispose l'âme davantage, non seulement aux principales actions chrétiennes, comme la prière; mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures.

331. (1675) Traité de la comédie « XXI.  » p. 309

Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui rende l'âme plus mal disposée, non seulement aux principales occupations Chrétiennes, comme la prière, mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher, autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures; ainsi comme le besoin que nous avons de manger ne fait pas qu'il nous soit permis de manger des viandes qui ne servent qu'à affaiblir le corps; de même le besoin de se divertir ne peut excuser ceux qui cherchent des divertissements qui ne font que rendre leur esprit moins propre à agir Chrétiennement.

332. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Spectacles des Romains en general. » pp. 7-8

Il institua mesme les Consuels à l’honneur de Neptune, qui en langage de ce temps-là estoit apellé Consus, & passoit pour le Dieu des Conseils.

333. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE III. » pp. 29-67

Ne croyez pas, dit Saint Gregoire de Nysse1, que la pratique de l’Excommunication soit de l’invention des Evêques ; c’est la Loi de nos Peres, c’est la Régle de l’ancienne Eglise, qui a commencé dès Moïse, & qui a trouvé sa perfection dans l’Evangile : Saint Paul s’en servit contre un Corinthien engagé en un commerce incestueux avec sa belle-mere : j’apprends, dit ce grand2 Apôtre aux Corinthiens, l’horrible incontinence où l’un des membres de votre Eglise est tombé, c’est un désordre que les Gentils ne se pardonnent pas ; il a abusé de la femme de son pere, & vous n’en avez pas gémi devant Dieu, vous ne l’avez pas chassé comme une peste publique : quoique je sois absent de corps, je suis avec vous en esprit, & j’ai jugé ce coupable au Nom du Seigneur, je l’ai livré à Satan, pour votre édification ; car ignorez-vous qu’un peu de levain corrompt toute la masse, ainsi vous devez retrancher le mal, & l’éloigner de vous. […] Saint Raymond, célébre Canoniste, & Compilateur des Décrétales de Gregoire IX. distingue1 l’Excommunication de droit & la personelle ab homine : on encourt la premiere en dix-sept circonstances, comme l’hérésie, la percussion des personnes consacrées à Dieu, l’infraction des Eglises, la profanation des choses saintes, ainsi des autres ; cette espece de censure ne comporte aucune monition, elle est encourue par le seul fait : pourquoi les monitions sont-elles requises, lorsqu’il est question d’une sentence personnelle ? […] Le Pere Hardouin étoit le plus sçavant & le plus ridicule Pirrhonien qui ait paru depuis l’Auteur de la Secte ; il a renversé la cervelle, avant de mourir, au pauvre Pere Berruier, qui a débité dans son nouveau Peuple de Dieu, un grand nombre d’erreurs, de faussetés & d’impertinences, sur la foi de son Maître, sans y entendre malice : Or, l’opinion d’un tel homme doit-elle balancer celle de tous les Sçavans & de l’Eglise même, relativement au premier Concile d’Arles ? […] La pénitence que le Confesseur impose est souvent trop légere, pour éteindre tous les droits de la Justice divine : on ne le prétendoit pas même dans la primitive Eglise où les pénitences étoient si rigoureuses, parce qu’il n’est pas donné aux hommes de connoître la satisfaction que nous devons à Dieu dans toute son étendue.

334. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Croit on que le cortége du Dieu du vin le suivait en silence ? Des gens éxcités par les vapeurs bacchiques, devaient donner carrière aux bons mots ; ils folâtraient en sautant sur les traces du Dieu. […] En mémoire de cet évènement, on établit une fête annuelle, dans laquelle on immolait un bouc à l’honneur de Bacchus ; la fête se terminait par une Hymne à la louange de ce Dieu. » Les Auteurs soutiennent que c’est de-là que les Spectacles ont pris naissance. […] Cette Histoire prouve qu’on faisait la guerre aux boucs, parce qu’ils étaient apparemment trop nombreux, & qu’on les sacrifiait au Dieu du vin, parce qu’ils détruisaient les vignes ; mais elle ne doit pas faire croire que les hommes n’eussent point encore trouvé dans leurs divertissemens une espèce de Comédie.

335. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VI. Elle le donne pour une foiblesse : mais on veut qu’il y régne. » p. 12

Grand Dieu !

336. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A la signore Isabelle » pp. 25-

S’il leur faut des louanges dignes de leurs mérites, imitez ce Dieu dont vous avez la langue et l’esprit : faites-les vous-même, ainsi que d’une seule bague il ôte et envoie le sommeil, si des Grâces qui égalent celles qu’ils portent vous les devez figurer ; car c’est vous qui êtes peinte en ces beaux et rares vers, qui ont dépouillé le Parnasse de ses fleurs, et fait une Iris en terre pour recevoir l’image de votre Soleil, qui se tire lui-même ; parce qu’aucun peintre ne le peut représenter.

337. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre V. De ceux qui vont danser avec mauvais dessein. » pp. 26-27

Il est évident que ceux qui vont au Bal, à la Comédie, et aux autres lieux où on danse et où on se divertit avec des désirs déréglés, et avec des dispositions contraires à la Loi de Dieu, se rendent encore coupables de péché mortel : Car si l’intention est criminelle, il faut nécessairement que l’action qui en procède le soit aussi, quelque indifférente qu’elle soit d’elle-même ; comme S.

338. (1640) L'année chrétienne « Des Recreations, Jeux, et autres di- vertissemens, desquels l’ame Chre- stienne se peut servir durant la journée. Chapitre IX. » p. 851

Au second, les pratiques pour faire cette action en telle façon, que Dieu en reçoive de la gloire, et celui qui la fait un accroissement de grâce, pour mériter les récréations éternelles.

339. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

C’est pour exprimer leur respect & leur gratitude envers Dieu, que la danse sacrée fut la plus ancienne, & la source où l’on puisa toutes les autres ; que dans toutes les anciennes religions les prêtres furent danseurs par état, parce que la danse étoit une partie du culte. […] Le Dieu des Chrétiens ne fut jamais honoré par des folies. On confond dans les fêtes les exercices qui font le culte de Dieu, les prieres, le sacrifice, les cantiques, les cérémonies, avec les marques de la joie qu’excite l’objet qu’on y célebre. […] Dieu voit avec bonté cette simplicité, cette effusion de cœur, mais ne le reçoit pas comme un culte. […] Elle en remercie Dieu sans doute, mais les sauts & les bonds ne sont pas des actions de graces.

340. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

Il semble qu’en punition de son attentat, Dieu permette que la Pologne trouve son plus grand ennemi dans celui qu’elle a élevé, sans égard pour la religion. […] Si l’on craint Dieu, ou pour mieux dire l’Enfer, on devient Capucin. […] Il n’y a plus aujourd’hui à réformer, mais à tolérer, & dire, on prie Dieu dans mon Royaume comme l’on veut, on vit comme l’on peut. […] L’Homme à l’image de Dieu, chimere : il seroit honteux à Dieu de ressembler à l’ignorance, à la foiblesse, au vice, à la folie. […] Ne vous laissez pas éblouir par le mot de justice, il est fort équivoque ; la justice est l’image de Dieu ; qui peut atteindre à cette perfection ?

341. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Son irréligion fit faire cette épigramme, dont tout le monde connoît la pointe, s’il n’a pas attaqué Dieu même, c’est qu’il ne le connoissoit pas . Notre théatre connoît Dieu, mais pour l’insulter, non-seule dans un rôle impie qu’on ne devroit pas souffrir, comme le Gentilhomme du Festin de Pierre, le Mathan d’Athalie, &c. […] Je le dis, malgré la moinaille qui apostille le Credo, que vous êtes le Fils de Dieu. […] Lafontaine & le Tasse eurent le bonheur de se reconnoître : je souhaite que Dieu fasse la même grace à celui-ci. […] un Dieu insensé, les ames perdues, & l’enfer peuplé !

342. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Madame de Nemours  » pp. -

Et comme vos effets ont appuyé votre nom d’une louange éternelle, qu’elle me fasse l’honneur de me permettre, après avoir prié Dieu qu’il ajoute à la couronne de vos gloires et de votre postérité celle de toutes bénédictions, le titre, Madame, de Votre très humble, très fidèle obéissante et obligée servante, M.

343. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Cet art est né de la folie & de l’ivresse que le Dieu des raisins inspiroit. […] Il s’y en joignit d’autres barbouillés de lie, qui chantoient les louanges du Dieu des Buveurs. […] Aussi, de tous les temps, les Théatres ont été sous la protection de ce Dieu ; & il falloit que tous les Poëtes lui rendissent quelque hommage. […] C’étoit Dieu & ses œuvres merveilleuses qui en étoient les sujets ; & il n’y a proprement que le peuple de Dieu où la Poésie soit venue par enthousiasme ». […] On voit dans le Chapitre de l’Exode, que ce fut par des chants & par des danses que les Israélites rendirent graces à Dieu après le passage de la Mer rouge.

344. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Alors la sainte vierge dans son tombeau, apporté sur le théâtre, exhortait les filles de Sion d’être toujours fidèles à Dieu, à qui elle les recommandait elle-même ; elle leur annonçait sa mort prochaine, et leur témoignait la joie qu’elle allait avoir de rejoindre son divin fils. […] Un docteur en théologie soutint une thèse publique à Auxerre, dans laquelle il voulut démontrer que la fête des fous, si fort en vogue, en ce temps, n’était pas moins approuvée de Dieu que la fête de la Conception de Notre-Dame. […] Le Dieu est debout, barbu, un peu âgé et nu ; près de lui, se trouve placé son ami Pan : et son char, traîné par un centaure et une centauresse, semble sortir du sein des eaux sur lesquelles on voit les divinités de la mer. […] La puissance du prince est donc celle du ministre de Dieu, et lorsque sa sagesse parle, tout le monde doit écouter, tout le monde doit obéir ; il est le protecteur placé par la Providence pour veiller à ce que chacun fasse son devoir et jouisse de ses droits. Les ministres des autels, qui, par un faux zèle pour la religion, s’opposeraient aux volontés du souverain, seraient rebelles à la parole de Dieu transmise par le saint Apôtre, rebelles à l’autorité constituée pour le gouvernement et le salut de tous, et jetteraient dans l’ordre social un véritable désordre.

345. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

ô Dieu ! […] Enorgueilli de leurs respects, il devient presque leur Dieu. […] pouvez-vous donner à Dieu de nouveaux droits sur vous ? […] A t il un instant, celui qui vous remplace, qui ne soit à Dieu ! […] Il fit agir & parler Dieu comme les hommes ; il prêta à l’Etre des êtres, nos passions ?

346. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE. De Racine à Despréaux, » pp. 83-84

Il y a long-tems que Dieu me fait la grace d’être assez peu sensible au bien & au mal qu’on en peut dire, & de ne me mettre en peine que du compte que j’aurai à lui en rendre quelque jour.

347. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXXIII.  » p. 493

N'est-il pas visible que comme l'effet naturel de la Comédie est d'étouffer cette crainte si salutaire; aussi l'effet de cette crainte doit être d'étouffer le désir des divertissements inutiles; et de faire conclure à l'âme qu'elle a bien d'autres choses à penser et à faire dans ce monde, que d'aller à la Comédie : que le temps que Dieu lui donne est trop précieux, pour le perdre malheureusement dans ces vains amusements ?

/ 549