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53. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Si les Tragiques Grecs avaient établis la règle des divisions des Drames, pour accorder aux Spectateurs quelques tems de repos, auraient-ils souvent laissé sur la Scène un de leurs principaux Personnages, qui se mêlait quelquefois avec le chœur, ou qui gardait le silence ? […] Le Vers d’Horace dans lequel il est question des Actes,16 fait pourtant croire avec raison que ce terme était en usage à Rome dès le tems même d’Auguste ; mais la plus-part des Savans soutiennent qu’Horace est le prémier qui l’ait employé. […] On me dira, que les passions qui sont l’ame du tragique, ne pourraient faire leur éffet si la Pièce était trop concise ; on m’objectera que le Spectateur n’aurait pas le tems de s’intéresser en faveur du Hèros des Drames trop-tôt terminés. […] On a vu un tems que nous n’ôsions faire des Comédies que d’un Acte & de cinq. […] S’il est démontré que la durée de l’action doit être égale à celle de la représentation, le Poète aura soin aussi que l’intervalle d’un Acte à l’autre n’éxige pas un tems trop long, qui soit de beaucoup opposé à celui où le Théâtre reste vide.

54. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

Les longs intervalles de temps qui séparent Homère de Virgile, et celui-ci de Milton, de l’Arioste, de Voltaire et du Tasse, sont des exemples frappants de ce sommeil peut-être indispensable. […] Cela est prouvé par les miracles, en tout genre, enfantés en France du temps de Louis XIV, et en Italie au temps de Léon X. […] Ce qui blesse aujourd’hui l’oreille des mères n’excitait de leur part aucune réclamation du temps de Molière. […] Cependant la gaîté, naturelle aux Français, les porte à redire et à entendre les mêmes choses que du temps de Pocquelin ; mais comme on est refréné par les bienséances, les modernes forgerons, dépourvus de mignardise et de grâces naturelles, subissent la torture. […] [NDA] « Depuis quelque temps on met l’Histoire en Drame.

55. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Les péchés ne meurent jamais par la vieillesse des âges ; les crimes ne sont jamais ensevelis par le temps. […] CE que le Sage disait au livre de l’Ecclésiastique, que « toutes choses ont leur temps » ; il l’appliquait aussi aux saisons de joie et de tristesse75 : « Temps, disait-il, de pleurer, et temps de rire, temps de mener deuil, et temps de sauter ». […] Car, ramenez-moi l’état du temps passé, et incontinent vous verrez recommencer partout ce qui a cessé. […] Les richesses du temps passé s’en sont allées. […] Ainsi parlait Salvien à ceux de son temps.

56. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

Ce fut la tout l’apareil des premiers temps ; car les beautez de la nature suffisoient à la facilité des gens de ce siecle. […] Le temps donc estant venu, on levoit ou l’on tiroit ces barrieres & aussi-tost les chevaux & les Chariots, Stac. l. 6. […] Cette façon dura seule quelque temps, mais enfin un troisiéme signe fut adjoûté, qui étoit donné ou par le Preteur ou par l’Empereur, (Selon les temps,) ou par celuy qui donnoit les Ieux. […] Tout cet assemblage d’esclaves destinez aux cruels plaisirs de ces premiers temps, estoit apellé famille. […] Pour cela l’adversaire faisoit tous ses efforts pour rompre le rets, & le poursuivoit de pres pour ne luy pas donner le temps, d’où il fut nommé Sequutor.

57. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

De tout temps l’état de perfection a fait l’objet de l’admiration et des désirs des hommes sages. […] A Rome, la jeunesse était plongée dans la débauche des Courtisanes et des femmes esclaves ; l’on en fit l’objet de la critique et de la Comédie du temps : en sorte que ce qui nous reste du Théâtre des Latins, ne nous fournit que des intrigues de cette espèce ; et, comme les vices sont de tout pays, Térence, en transportant sur le Théâtre des Latins quelques-unes des Comédies du Poète Grec Ménandre, a choisi celles dont le sujet roulait sur le libertinage des jeunes gens, comme les plus convenables aux mœurs des Romains. […] Après quelques temps le Théâtre se corrigea : on substitua, à ces amours déréglés, des amours qui ne tendaient qu’au mariage : mais, tout bien considéré, ces amours (que l’on appelle honnêtes) ne sont pas moins de mauvais exemples que les autres ; ils sont toujours traités sur la scène, sans bienséance, et en dépit des engagements des parents, ou de la volonté des Tuteurs. […] Suivant ce principe on a cru, en France, pouvoir conserver en partie et ajouter à notre Théâtre les mœurs des Latins ; les Valets de la Comédie moderne ont un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, comme les Esclaves et les Vieilles des Latins l’avaient dans la Comédie de ce temps-là : ils ne savent que conseiller le mal, et s’employer pour l’éxécuter. Pour aller au même but, les Italiens n’ont pas fait comme les Français : ils ne se sont pas servis de Valets, ni de suivantes pour tendre des pièges à l’innocence, ou pour seconder la débauche des amants de Théâtre ; mais ils ont substitué, aux Esclaves, des hommes et de vieilles femmes, qui font le métier de séduire la jeunesse ; et, en cela, quoique le mal soit toujours le même, du moins les mœurs du temps ont été plus régulièrement suivies par les Italiens, que par les Français : D’ailleurs, s’il se trouve quelquefois des suivantes peu délicates sur l’honneur de leurs maîtresses, ce vice, par bonheur, est assez rare ; d’où il suit qu’il est extrêmement pernicieux d’en produire des exemples qui ne peuvent qu’inspirer des idées de corruption à celles qui ne la connaissent pas.

58. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Quoi, mes Dames, mettre cinq ou six heures de tems a se parer & à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pieges à la chasteté des hommes, & servir de flambeau au demon, pour allumer par tout le feu de l’impudicité, demeurer les nuits entieres exposées au yeux & à la cajollerie des jeunes fous, & de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville, emploïer tout ce que l’art & la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regars, & pour leur renverser l’esprit, deguiser vos personnes & vôtre sexe, pour n’avoir plus honte de rien, & pour ôter à la grace ce petit secours, qu’elle trouve dans la pudeur, qui vous est si naturelle. […] De tous ces eloges, que ces grands Saints donnoient à ces premiers imitateurs de Jesus-Christ ; y en a-t-il un seul, qui convienne aux Chrétiens de nôtre tems, au contraire de tous les reproches, qu’ils faisoient aux infidelles, y en a-t-il quelcun qu’on ne ne nous puisse faire avec justice ? […] Il n’y a gueres moins difference entre ces premiers Chrêtiens & ceux, qui portent aujourd’hui ce nom qu’il y en avoit alors entre ces mêmes Chrêtiens & ces Idolatres de leur tems. […] Le Sauveur nous a averti plus d’une fois que la mort doit venir dans le tems, que nous y penserons le moins. […] Or, il est tout visible, qu’il n’est point de tems, où vous pensiez moins à mourir que lors-que vous oubliez méme de vivre en Chrétiens, & par consequent si Jesus-Christ ne nous a point donné un faux avis, s’il ne nous a point trompé lui-méme, il n’est point de tems, où vous aïez plus de sujet de craindre la mort ; Quâ horâ non putatis, filius hominis veniet.

59. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Du Theatre. » pp. 73-99

Cette place fut occupée par les personnes de qualité, comme Magistrats, Senateurs, & ensuite par les Chevaliers, les Dames, les Vestales & autres personnes, selon le temps. […] Le changement des temps leur fit changer les manieres. […] & ny les Magistrats ny le Peuple ne manquoient pas de faire dãs certains temps les Instãces necessaires, soit pour les remetre sur pied, sot pour lesrendre plus magnifiques. […] C’est que du temps de Empereurs, il y avoit à la fois dans Rome, trois Theatres & un Amphitheatre, dont ie crois mesme avoir desia dit quelque chose. […] Les voiles tinrent lieu de couverture, & durant quelque temps on s’en servit pour la seule commodité & pour mettre à couvert du Soleil les testes des Spectateurs.

60. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

Ils ne s’empareront pas seulement de votre esprit et de votre cœur, ce qui n’est néanmoins que trop suffisant pour vous perdre, ils infecteront encore votre imagination et votre mémoire, en y imprimant des traces qu’ils savent bien réveiller dans les temps les plus favorables à leurs noirs desseins, c’est une semence funeste qui produira en son temps des fruits de mort, si elle ne le fait pas directement, ce sera indirectement en éteignant en vous l’esprit de prières et de dévotion, or qu’est-ce qu’une âme vide de cet esprit ? […] Nous voyons encore aujourd’hui (car la grâce est uniforme) qu’une des choses qui pèse le plus sur la conscience de ceux qui reviennent à Dieu après de longs égarements, et qui leur cause le plus de douleur, est de s’être livrés autrefois à l’amour de ces spectacles dont ils ont remporté des blessures profondes qu’ils ne sentaient pas alors, et d’y avoir consumé tant de temps. […] Ce seraient des vérités trop fortes dans ce temps de relâchement d’ajouter avec le même Tertullien, que l’état d’un Chrétien l’engage de fuir les plaisirs des sens, et de faire consister toute sa joie dans les larmes de la pénitence, la rémission de ses péchés, la paix d’une bonne conscience, festin continuel, la connaissance de la vérité et le mépris même des plaisirs. […] C’est ici le temps de la guerre, et vous ne pensez qu’à danser et à vous réjouir, c’est ici le temps de veiller et se tenir sur ses gardes, c’est le temps de répandre des larmes sur les périls qui vous environnent, et sur la longueur de cet exil, il n’y a point de moment pour rire, cela n’appartient qu’au monde qui verra dans peu une étrange catastrophe. Le temps ne permet pas de m’étendre sur les désordres et les inconvénients du bal, la plupart des raisons qui prescrivent l’un, condamnent l’autre, les danses sont aussi bien que les comédies un reste du paganisme, car les idolâtres croyaient rendre par là un grand honneur à leurs fausses divinités dans leurs fêtes solennelles.

61. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Dans les guerres de notre temps, l’embarras et le bruit de l’artillerie, les fortifications avancées, la petitesse des théâtres, rendent des surprises aussi considérables moralement impossibles ; mais dans le détail du service, les spectacles et les parties de plaisir font faire tous les jours des fautes ; on manque une occasion, on n’est point à son poste, on néglige la discipline, on marche trop tard. Cet Officier devait être à la tête de sa compagnie, veiller sur ses soldats, se trouver à un rendez-vous, se combiner avec des détachements ; il ne paraît pas, le temps favorable passe, l’ordre n’est pas exécuté, l’ennemi échappe, on est battu. […] On ne voit les Perses que quand il n’est plus temps : « Populo venustate attonito, ecce Persæ. » Carthage fut traitée par les Vandales comme Antioche l’avait été par les Perses. […] Les originaux sont les Zambri et les Cozbi de tous les temps ; leurs fidèles copies, et qui les rendent parfaitement, sont nos Acteurs et nos Actrices. Le théâtre est le tableau du monde : nos Comédiens sont les hommes et les femmes de tous les temps, de tous les pays, de toutes les passions, de tous les crimes.

62. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

quelle perte de tems. […] Portez-les aux Temples des faux Dieux, chargez-en les victimes qu’on y brûle, sur leurs Autels : elles ne peuvent manquer de leur plaire, d’établir, d’avancer, de répandre leur culte, en même tems qu’elles détruisent celui du vrai Dieu. […] Le célebre Pope n’a-t-il pas cru bien employer son tems, à faire un poëme sur une boucle de cheveux enlevée ? […] Le même cheveu blesse donc deux cœurs en même tems, & celui de Dieu & celui des hommes : que ces deux blessures sont différentes ! […] La Glose y ajoute deux vers dans le goût du tems.

63. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Dancour & ses confrères farceurs sont de gros réjouis qui se conforment aux mœurs du temps pour attirer le public. […] Ils sont même remplis de sentences morales que le christianisme ne désavoueroit pas, & sont des censures très-justes des mœurs de leur temps, qui ne font grace à aucun vice. […] Brumoy, Jesuite, a crû bien employer son temps à traduire la plûpart des pieces Greques, à en faire l’analise, & à composer un grand traité sur le théatre d’Athènes. […] Ambroise, Salvien, & tous les autres Pères, porte à plomb sur nos théatres, moins épurés que ceux de leur temps. […] du Belloy nous rapprochent au moins du temps lumineux dont nous venons de parler.

64. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

C’étoit l’usage du temps, ce qui n’est point si révoltant. […] On juge seulement que c’est une aromate estimée du temps de Job, auquel il compare sa fille. […]  12. fait ainsi la description de la toilette des jolis hommes de son temps. […] La moitié du temps est le regne de la laideur : Dùm lavantur, dùm comantur annus est. […] Dans l’hiver tous les efforts de l’art ne reparent point les ravages du temps.

65. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Quoique toute syllabe longue, dit-il dans un autre endroit, ait deux tems, & qu’une breve n’ait qu’un tems, il y a cependant des longues & des breves plus longues & plus breves les unes que les autres. […] Ce Flutteur que l’Assemblée ne voyoit ni n’entendoit, n’accompagnoit pas tout le discours de l’Orateur, mais de tems en tems lui donnoit ses tons avec un instrument appellé dans Cicéron tonorium. […] La Flutte accompagnoit toujours la Danse, & non point la Déclamation ; elle ne pouvoit être utile aux Acteurs, quand ils récitoient, que pour relever de tems en tems leur voix, & la ramener quand elle alloit jusqu’au Chant. […] La voix des Comédiens étoit la plus forte de toutes à cause du masque : mais dans un tems où la voix des hommes étoit ordinairement très-forte, les oreilles y étoient accoutumées. […] Les Comédiens qui savoient ménager & rendre agréable cette voix de Stentor, étoient rares, & il est aisé de concevoir qu’ils pouvoient se servir comme Gracchus, d’un Joueur de Flutte, qui de tems en tems leur donnoit leurs tons, & les ramenoit à ceux de la Nature quand ils s’emportoient.

66. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

L’Opéra Sérieux resta donc dans la Grèce autant de tems qu’on y joua les chefs-d’œuvres des Euripide & des Sophocle. […] Quinault s’est acquis une réputation que le tems ne fait qu’acroître, en dépit du satirique Français. […] Il est bien plus naturel que dans l’intervale d’un Acte à l’autre, les Acteurs ayent eu le tems de parcourir certain espace. […] Le seul voyage que tous les Acteurs font de la Thessalie dans une des îsles de l’Archipel, éxige un tems bien plus long. […] Un tems peut venir que si Lully sortait de son tombeau, il ne saurait plus dans quel lieu faire entendre ses accords.

67. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

Dans le temps que j’étais au bal et à la comédie, il y avait dans l’enfer un nombre infini de personnes, qui n’y sont que pour avoir pris les divertissements que j’ai pris, et que je viens de quitter. […] En second lieu, dans le temps que je courais à ces divertissements, quantité de Religieux ont quitté leur cellule pour aller chanter les louanges de Dieu. En troisième lieu, dans le temps que j’étais à ce divertissement, plusieurs âmes souffraient les agonies de la mort. […] Enfin lorsque j’étais dans le divertissement, la nuit s’est écoulée, un temps qui m’a été donné pour penser à mon salut s’est passé, il ne reviendra jamais. […] Parce qu’on y perd le temps que Dieu ne nous a donné que pour faire notre salut. 2. 

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