190 Article trois, Temps de l’admission au Théâtre. […] On ne demande que trois ans pour tous ces ouvrages : les Comédiens-Français occuperont durant tout le temps qui doit s’écouler jusqu’à la confection de la nouvelle Salle, le Théâtre des Tuileries que l’Opéra vient de quitter.
Qui dira qu’aux fleurs de jeunesse Tu produis les fruits de vieillesse Mûris au Soleil du Printemps, D’un mérite qui te réserve Jeune, fils aîné de Minerve, Un triomphe dessus le temps.
Il me souvient avoir lu en quelques Homélies de Pierre Chrysologue Evêque de Ravenne, qui vivait y a onze ou douze cents ans, qu’ès Calendes ou premier jour de Janvier, les Païens du temps passé représentaient publiquement les dieux qu’ils adoraient, en la plus hideuse forme qu’il leur était possible, de sorte que les Spectateurs mêmes en avaient horreur.
Il est temps de montrer qui nous sommes… D’immoler mon tyran au péril de ma sœur. […] Si cette pièce eût été composée de son temps, on l’eût fait apprendre par cœur aux enfants, comme le catéchisme, on eût couronné le Poète. […] Ce trait ne fait pas l’éloge de Cicéron, lequel, selon les temps, bas adulateur et dangereux républicain, loue César à l’excès pendant sa vie, et se déchaîne contre lui après sa mort. […] Le Général Monk, qui forma un parti à Charles II, Roi d’Angleterre, les Parisiens qui du temps de la Ligue demeurèrent attachés à Henri III et Henri IV, étaient-ils criminels ? […] L’apologie du théâtre est à même temps l’apologie de toutes les passions dans leurs excès, le duel, la mollesse, mollities.
Précaution d’autant plus inutile qu’elle doit attendre, pour cette vengeance, une occasion favorable, & par conséquent avoir le tems de se munir d’un poignard s’il le faut.
Plus leurs Auteurs colorent ces vices d’une image de grandeur & de générosité, plus ils les rendent dangereux & capables d’entrer dans les ames les mieux nées ; & l’imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corruption excite en même tems un mouvement tout semblable qui nous transforme en quelque sorte, & nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée.
Apprenez que le tems seul met la dernière main aux Ouvrages d’esprit.
Au reste ce grand silence de Jésus-Christ sur les comédies, me fait souvenir qu’il n’avait pas besoin d’en parler à la maison d’Israël pour laquelle il était venu, où ces plaisirs de tout temps n’avaient point de lieu.
Il ne conseille point d’y souffrir la jeunesse43, quoique de son temps on ne jouât pas des rôles de galanterie ; mais c’est que les passions de trahison et de vengeance pouvaient affecter les jeunes personnes.
C’est donc pour moi-même que je préviens du peu de tems que j’ai mis à composer ce petit volume.
Il signifie les habits, armes, physionomie, usages, goût ; en un mot, tout ce qui caractérise les personnages du tableau, la vérité physique & morale du temps & du lieu où on a placé la scène : ce qui a du rapport à une infinité de chose, & rarement est bien observé. […] En se séchant elle s’attache à la peau, on ne peut tirer la perruque sans peine, & on risque de s’écorcher : il faut du temps pour tirer la colle desséchée, & en mettre d’autre ; elle gâte la perruque par des croutes qui s’épaississent tous les jours. […] Dans un autre pot-pourri de prédictions, au commencement du regne de Louis XVI, dont les papiers publics ont fait un grand étalage, & qui n’est qu’une répétition déguisée de l’ancien vaudeville, Et tout s’en va cahin, caha, & de vingt autres que Panard & les Italiens ont fait en divers temps, on trouve ce couplet : Désormais l’acteur, loin de trancher d’un ton de prince, sans air protecteur, recevra le modeste auteur ; Chloé, qu’on vit si mince, dans son éclat, se souviendra des sabots que jadis en Province elle porta, & n’attendra pas pour se corriger qu’on la pince , &c. […] La composition de ses comédies, la direction de son Théatre ne lui en laissoit pas le temps. […] On peche contre l’unité des temps par la longueur, ici par la briéveté On appelle le Tartuffe Pirlon.
Renouvellée en divers temps par les Albigeois, les Viclésistes, les Hussites, elles subsistent encore chez les Protestans. […] Aussi le II Concile de Nicée, & celui de Trente qui ont si autentiquement défendu la cause des saintes images, en ont en même tems défendu l’indécence : Omnis lascivia vitetur, dit celui de Trente ; si quis arte picturæ in aspectum turpitudinis usus fecerit excecrabilis est. […] C’étoient les armoiries du tems, comme les fleurs de lys en France, & l’apposition des armoiries en France fut toujours un signe de supériorité, de jurisdiction, de domaine ; ce qui ne peut appartenir à personne.
Si l’intrigue est pressée, rapide, l’ame attentive à ce qui se passe, n’a pas le tems, s’il m’est permis de parler de la sorte, de réflèchir sur la tromperie qu’on lui fait ; elle s’afflige, ou se réjouit avec des personnages chimériques, qu’elle croit rèels. La Critique ne se fait entendre que l’orsqu’on lui laisse le tems de supputer de lègers défauts ; mais quand l’action court, sans jamais s’arrêter, elle ne peut rien saisir, ou sa voix ne serait pas écoutée ; elle est même contrainte d’admirer ; & souvent elle s’étonne, à la lecture d’un Drame, des applaudissemens qu’elle prodiguait à sa représentation. […] Je desirerais, & je ne puis trop le recommander, que les Vaudevilles ne fussent point détâchés du sujet de la Pièce ; qu’ils fussent faits avec tant d’art, qu’ils se rapportassent aux Acteurs & au Public en même tems ; car l’illusion doit se conserver tant que les personnages sont sur la Scène.
Il ne faut pas moins empêcher l’abus de ses biens et la perte de son temps. […] Bernard : « C’est un larcin, une rapine, un sacrilège. » Leur temps n’est pas moins précieux, ils n’en sont pas moins comptables au public : ils le doivent au pauvre, à l’ignorant, au petit, à l’affligé, au malade ; ils sont débiteurs de tout le monde. […] 3.° Quoique dans l’Empire Romain ce fût un usage immémorial, qui était devenu une obligation dans les grandes magistratures, de donner des spectacles au peuple, cependant on ne pouvait pas admettre aux saints ordres ceux qui pendant le temps de leur administration avaient fait ces libéralités.
Premierement, c’est une chose très-constante, que tous les Peres de l’Eglise ont declamé contre la comedie, qui se faisoit de leur tems, comme contre un spectacle, qui alloit de lui-même à la grande corruption des mœurs : Il ne faut qu’en lire les invectives, pour voir de quel zele ils estoient portez contre un divertissement, qui en deshonorant le Christianisme, en corrompoit aussi les maximes, & la pureté. […] Mais aujourd’huy, comme je vous l’ay marqué tout au long dans l’Entretien du cercle, presque tout le monde aime à railler, & à rire, aux dépens des bonnes mœurs, de la pureté, & de la Religion ; c’est l’esprit empoisonné du temps, qui se répand, & se glisse par tout ; on l’aime en soy, on l’aime dans les autres, & ceux qui sçavent mieux s’en acquitter, sont les plus applaudis.