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11. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XIII. Du temps que l’on perd au bal et à la danse. » pp. 280-284

Vaut-il donc la peine qu’on y emploie autant de temps et de dépense qu’il en faut necessairement, et pour y paroître, et pour se mettre en état de le pouvoir faire, apprenant des années entieres ce ridicule exercice ? Dés là donc tout ce temps est un temps perdu, ce qui, comme on l’a déja veu, n’est pas peu de chose, sur tout pour des gens qui en auroient tant d’autres plus utiles et plus pressantes à faire. Sur tout encore si l’on considere que ce n’est pas ici le seul temps qu’on perd. […] Enfin, je ne vois pas quel temps il peut rester pour rechercher ces amusemens criminels, à ceux dont l’esprit doit être éternellement occupé de deux objets, qui y ont trés-peu de rapport, je parle de la mort de Jesus-Christ et de nos pechés. […] Il faudroit maintenant parler des conversations, qui sont, sans doute, l’une des choses qui font perdre le plus de temps.

12. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

On voit en une infinité d’endroits de leurs écrits les marques de leur zèle contre cette pernicieuse inclination, qui commençait dès leur temps à corrompre l’innocence et la chasteté des fidèles. […] Mais, ma Sœur, pour vous faire voir encore plus clairement combien est imaginaire la différence que l’on prétend mettre entre les comédies de ce temps-ci, et les spectacles des Anciens ; et que ce n’est ni le scrupule ni le caprice, mais un véritable zèle, qui les fait blâmer à ceux qui les blâment ; il faut remarquer que les Pères de l’Eglise n’ont presque rien dit contre l’attachement que l’on avait de leur temps aux spectacles, qui ne se puisse appliquer avec beaucoup de justice aux comédies de notre temps. […] Les Chrétiens de ce temps-ci sont-ils moins obligés que ceux du temps de Tertullien, à quitter les passions du siècle, et à mortifier en eux les désirs qui les portent à la recherche des plaisirs et des divertissements ? […] Tertullien ne dit donc rien contre les spectacles des anciens, qui ne se puisse appliquer avec justice aux comédies de notre temps. […] Chrysostome, que ce n’est point à nous à passer le temps dans les ris, dans les divertissements, et dans les délices.

13. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

Il est tems de parler. […] Quelque tems après M. […] O tems ! […] Parlons des Lectures, puisqu’il est tems de parler. […] Ce nombre & ce tems établis, la derniere Lecture se fera dans trois ans & demi.

14. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre »

) Et qui que vous soyez, vous perdez le temps qui est si cher qu’il ne se recouvre jamais, temps qui vous est accordé pour faire votre salut, temps que vous devriez acheter bien précieusement, temps dont un petit quart d’heure serait beaucoup estimé et utilement employé par tant de pauvres âmes qui sont en enfer ou en purgatoire.

15. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Delà s’ensuivait une sorte de Comédie, qui se ressentait, il est vrai, de la simplicité des tems ; mais qui n’en était pas moins un Spectacle. […] Les Hébreux occupés à conquérir, à reprendre, à dédaigner, à révérer, à fuir leur Religion, n’ont guères eu le tems de composer des Drames. […] Il me suffit de dire en peu de mots que la Comédie chez les Grecs se perfectionnait en même tems que la Tragédie. […] Ce Peuple si fier & si estimable, honteux de se voir esclave, perdit en même tems son antique valeur & son goût pour les Arts. […] Tout annonça long tems qu’une foule de banis & de criminels habitaient dans son sein.

16. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Venons, enfin, au tems du dernier Concile Général. […] Saint Jérôme auroit-il encore adopté plusieurs traits des Comédies de Turpilius, Poëte qui vivoit au tems de Pompée ? […] Ce n’est pas que de tout tems, il n’y ait eu parmi eux de très-honnêtes gens. […] Quelques tems après, de l’établissement en France des jeux homicides des Tournois, qui ont duré jusqu’au seizieme Siecle. […] Poëte Comique qui vivoit du tems de Jules César.

17. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Que tandis que vous étiez là, le temps s’est passé, la mort s’est approchée. […] Premièrement, il parle d’un temps passé, et en cela il me fait un grand plaisir. […] « Il est vrai, dit-il, qu’on joue en des temps saints, comme les jours de Fête et de Dimanche, et pendant tout le Carême, temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens ; ou, pour me servir des termes de l’Ecriture, temps où la Musique doit être importune, et auquel les Spectacles et la Comédie, ce semble, devraient être défendus. […] dans ce saint temps, qui, de l’aveu même du Docteur, est consacré à la pénitence, qui est un temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, et auquel la Musique doit être importune, suivant le langage de l’Ecriture ; dans ce saint temps, dis-je, il sera permis d’aller à la Comédie et de la jouer tous les jours ? […] Cela s’appelle-t-il l’y envoyer même en temps de Carême ?

18. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Il instruisit d’un art qui n’avait guères de règles de son tems, & dont chaque nation vient au bout de trois mille ans chercher dans son Livre la connaissance & les règles certaines. […] Il ferait à souhaiter pour la gloire de l’Opéra-Bouffon que ce grand homme vécut de notre tems, ou que son prodigieux sçavoir se trouva logé dans une tête Française. […] La raison qui me le fait croire ést toute simple, c’est qu’ordinairement les Auteurs ne traitent que des sujets analogues au goût de leur tems. […] Dans le même tems que nous donnons naissance à l’Opéra-Bouffon, nous avons le bonheur d’inventer des Énigmes d’un genre nouveau, ou du moins de les remettre en crédit. […] Aristote est aussi fort éxcusable ; on fesait bien de son tems des Tragédies sublimes, mais non pas des Énigmes comme les notres.

19. (1695) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras contre la Comédie [4 décembre 1695] « Mandement  » pp. 34-37

Il faut ignorer sa Religion pour ne pas connaître l’horreur qu’elle a marquée dans tous les temps des spectacles et de la Comédie en particulier. […] Mais si la Comédie est criminelle dans tous les temps, combien le doit-elle être plus particulièrement dans ceux que l’Eglise consacre d’une manière particulière à la pieté et à la Pénitence tels que l’Avent et le Carême, et où par des Prières et dans des calamités publiques, elle implore, comme on le fait actuellement dans notre Diocèse, la miséricorde de Dieu et travaille à apaiser sa colère si manifestement irritée ; dans un temps en un mot où la nôtre est particulièrement occupé à attirer sa protection sur les Armes de notre invincible Monarque, en n’oubliant rien pour sanctifier ceux qui les portent pour son service, et pour les rendre aussi bons serviteurs de Dieu que du Roi ? […] A ces causes, et attendu la circonstance particulière de l’Avent, de la Mission que nous faisons faire dans cette Ville, et des Prières publiques qui s’y font actuellement pour demander à Dieu la Paix, cette Paix que lui seul peut donner et que nous ne saurions lui demander avec trop d’ardeur ; quoique nous ne puissions ne pas condamner en tout temps la Comédie : Nous défendons particulièrement à tous les Fidèles de notre Diocese d’y aller pendant ce saint temps, consacré par lui-même et par tous les exercices publics de Piété que nous y faisons faire pour des sujets si importants, et ce sous peine d’Excommunication : Nous ordonnons à nos Confesseurs de traiter dans le Tribunal conformément aux Règles marquées par l’Eglise ceux qui contreviendront à notre présente Ordonnance, et particulièrement les personnes de l’autre sexe que la pudeur devrait en détourner avec plus de soin.

20. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Que le temps n’est pas à eux, mais a Jésus-Christ, qui le leur a mérité par l’effusion de son Sang, comme une grâce. […] Ce temps est fort court. […] Il ne nous est pas libre de disposer de ce temps comme il nous plait. […] Et employant ce temps en des choses tout-à-fait vaines et inutiles, vous me venez dire après cela, quel mal ai-je fait ? […] Vous ne savez donc pas qu’il vaut mieux perdre toute autre chose que le temps ?

21. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Comme le temps qui change fait tout changer avec lui, les gens équitables doivent regarder les choses dans le temps où elles sont. […] Thomas veut qu’il y ait dans nos jeux, consiste à prendre garde aux circonstances des temps, des lieux et des personnes. […] Il est vraiv que l’on joue en des temps Saints, comme les jours de Fête et de Dimanche, et pendant tout le Carême, temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, ou, pour me servir des termes de l’Ecriture, temps où la Musique doit être importune, et auquel les Spectacles et la Comédie paraissent peu propres et devraient ce semble, être défendus. […] Floridor quitta le théâtre peu de temps avant sa mort, qui survint le 14 août 1671. […] [NDUL] Cet alinéa et le suivant ont été ainsi modifié en 1725 : Il est vrai que l’on joue en des temps de piété, et c’est ce qu’il y a de plus blâmable, comme pendant tout le Carême, temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, et pour me servir des termes de l’Ecriture, temps où la Musique doit être importune, et auquel les Spectacles paraissent peu propres et devraient être défendus.

22. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Mais aprés tout, pour grand que soit le bien que nous avons reçû de la nature, par la faculté de voir les objets qui frapent nos yeux ; je ne sçay si en ce temps les Chrétiens ne devroient point faire à Dieu une priere toute contraire, & dire avec le S.  […] Car que voit-on en ce temps autre chose, que des objets capables de nous seduire, & de nous inspirer l’amour de la vanité ? […] Je dis, Messieurs, que parmy ceux-là, il y en a encore un grand nombre, qui ne peuvent, sans grand peché, frequenter ces spectacles, à cause de la perte du temps & de l’argent qu’ils y employent, comme ceux qui pour ces divertissemens frivoles & mondains, negligent leurs affaires les plus importantes, & leurs devoirs les plus essentiels, ou bien qui y dépensent ce qui seroit necessaire à l’entretien de leur famille. Car, qui peut douter qu’on ne peche en abandonnant le soin de ses affaires, & les obligations de sa Charge, pour donner son temps à ces amusemens ? […] Qui peut excuser d’un grand peché ceux qui se font une occupation de ces folies, ou bien qui y donnent le temps qui seroit necessaire à leurs affaires, & au soin de leur domestique ?

23. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

Ce lui est une peine insupportable d’être obligée de vivre avec soi et de penser à soi ; ainsi, tout son soin est de s’oublier soi-même et de laisser couler ce temps, si court et si précieux, sans réflexion, en s’occupant de choses qui l’empêchent d’y penser. C’est l’origine de toutes les occupations tumultuaires des hommes, et de tout ce qu’on appelle divertissement ou passe-temps, dans lesquels on n’a en effet pour but que d’y laisser passer le temps sans le sentir, ou plutôt sans se sentir soi-même, et d’éviter, en perdant cette partie de la vie, l’amertume et le dégoût intérieur qui accompagneraient nécessairement l’attention que l’on ferait sur soi-même durant ce temps-là. […] Mais c’est une consolation bien misérable, puisqu’elle va, non pas à guérir le mal, mais à le cacher simplement pour un peu de temps ; et qu’en le cachant, elle fait qu’on ne pense pas à le guérir véritablement. […] N’oublions pas, d’ailleurs, combien de temps se perd dans ces frivoles amusements ; on en perd dans les préparatifs du départ, on en perd pendant la représentation ; et, après le retour, la langueur dont ces plaisirs funestes ont pénétré nos sens, nous fait perdre bien du temps encore, le temps, ce trésor le plus précieux de tous, et nous détourne conséquemment de nos occupations les plus importantes. […] Elles suffiront pour remplir nos cœurs, pour occuper notre temps, et ne laisseront, au-dedans de nous, aucun besoin de ces plaisirs frivoles et funestes.

24. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

On exerce quelquefois divers talens, on remplit différentes fonctions, mais jamais deux métiers, ni deux professions en même tems. […] Les Romains ne connurent que très-tard les pieces de théâtre ; ce ne fut que du tems d’Auguste que la Tragédie parut avec éclat. […] Les Romains passerent en peu de tems d’une vertu cruelle à des crimes féroces. […] * Le Monarque, durant tout le tems de la fête, ne mangeoit qu’en public. […] Tel étoit le goût du tems.

25. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Mais aprés tout, pour grand que soit le bien que nous avons reçû de la nature, par la faculté de voir les objets qui frapent nos yeux ; je ne sçay si en ce tems les Chrétiens ne devroient point faire à Dieu une priere toute contraire, & dire avec le S. […] Car que voit on en ce tems autre chose, que des objets capables de nous seduire, & de nous inspirer l’amour de la vanité ? […] Je dis, Messieurs, que parmy ceux-là, il y en a encore un grand nombre, qui ne peuvent, sans grand peché, frequenter ces spectacles, à cause de la perte du tems & de l’argent qu’ils y employent, comme ceux qui pour ces divertissemens frivoles & mondains, negligent leurs affaires les plus importantes, & leurs devoirs le plus essentiels, ou bien qui y dépensent ce qui seroit necessaire à l’entretien de leur famille. Car, qui peut douter qu’on ne peche en abandonnant le soin de ses affaires, & les obligations de sa Charge, pour donner son tems à ces amusemens ? […] Qui peut excuser d’un grand peché ceux qui se font une occupation de ces folies, ou bien qui y donnent le tems qui seroit necessaire à leurs affaires, & au soin de leur domestique ?

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