Si bien que de deux camarades élevez dans toutes les tendresses de la societé, on en faisoit souvent deux cruels ennemis, qui passant pardessus toute sorte de sentiments naturels, ne s’ongeoient qu’à s’arracher la vie l’un à l’autre.
Etalage d’autant plus maladroit qu’il n’y a rien de grand dans ses amours, nulle délicatesse, nulle élévation, nul sentiment : ce n’est qu’une débauche des plus bourgeoises, à qui tout est bon : On y met toujours quelque chose de bas : un repas où il boit à la santé d’un charbonnier, une paysanne qu’il baise, une ronde où il danse. […] l’héroïsme de sentiment, le recueil d’érudition historique qui remplit le dénouement.
Si dans un endroit d’attendrissement on se laisse emporter au sentiment du rôle, le cœur se trouvera resserré, le gosier s’embarrassera de sanglots, & il sera impossible de dire un seul mot sans des hoquets ridicules.
Il ne s’éloigne pas moins de la vérité historique du costume que de la nature & du sentiment.
La comédie la plus libre, dit-il, est mille fois moins dangereuse que la danse des femmes sur la scène ; j’espère que les personnes raisonnables seront de mon sentiment.
On doit sur-tout l’attribuer au trop de liberté qu’on laisse aux Actrices : on ne daigne imposer aucuns devoirs à des femmes destinées à l’emploi sublime de faire passer dans nos âmes le sentiment vif, animé de toutes les beautés de notre Corneille, de notre Racine, de notre Voltaire.
Que s’ils lui avaient imposé pour ce regard, la supposition n’est pas moindre, lors qu’ils ont aussi publié, que Nos très honorés frères, Messieurs les Pasteurs de l’Eglise Réformée de Paris, étaient en leur même sentiment. […] Que s’il y en a d’opiniâtres qui par une subtilité perverse essaient d’éluder ces lieux, nous les renvoyons à débattre contre les Anciens, et contre l’Eglise de tous les âges, qui les a interprétés comme nous, et n’estimons pas qu’ils doivent être reçus à opposer leurs sentiments particuliers, tout notoirement passionnés et intéressés, aux suffrages et déterminations confiantes, de tout ce qu’il y a eu de fidèles Serviteurs de Dieu, depuis les saints Apôtres jusques à nous, qui en ont parlé d’un sens froid, et sans intérêt, que celui du salut des âmes qui leur étaient commises. […] ei Nous ne croyons pas que qui que ce soit qui ait tant soit peu de lumière de raison, et de sentiment de piété, puisse rien débattre de tout cela, à le prendre en général.
Celuy cy se flase d’vn destin heureux, & doit estre bien receu selon le sentiment de nos Critiques ; & ils ont jugé qu’estant le premier qui s’est auisé de donner au Theâtre François vne face nouuelle, qui expose aux yeux des Spectateurs le bon vsage de la Comedie, & les deux sortes de personnes qui contribuent aux auantages que nous en tirons, il y aura peu de gens en France, de ceux méme qui condannent les spectacles, que le titre de mon Liure ne porte à lire ce qu’il promet. […] L’autheur qui n’a pas toutes les lumieres necessaires, & n’est pas encore paruenu à ce haut degré de merite & de reputation de quelques Illustres, ayant receu l’aprobation des Censeurs rigides, à qui seulement il doit exposer sa piece ; la communique apres en particulier à celuy des Comediens qu’il croit le plus intelligent & le plus capable d’en juger, afin que selon son sentiment il la propose à la Troupe, ou qu’il la suprime. […] Si le Comedien à qui l’Autheur a laissé sa piece pour l’examiner, trouue qu’elle ne puisse estre representée, & ne soit bonne que pour le Cabinet, comme le sonnet qui cause vn procez au Misantrope, ce seroit vne chose jnutile au Poëte, de faire assembler la Troupe pour la luy lire, estant à presumer que ce Comedien intelligent a le goust bon, & qu’ayant du credit il amenera aisement ses camarades à son sentiment. […] Qu’vn des Peres de l’Eglise pour se delasser de se ses serieuses ócupations ne faisoit point de scrupule de passer quelques heures à la lecture de Plaute, ce qu’il témoigne luy méme dans vne lettre qu’il ecrit à vne Dame ; & qu’vn autre tenoit Aristophane soûs le cheuet de son lit, parcequ’auec ceux qui ont quelque sentiment de l’esprit Attique, & qui sçauent ce que c’est que le beau Grec, il reconnoissoit que c’est de ce seul Poëte que ces deux choses se peuuent apprendre.
On invite tous les gens de lettres à y contribuer, il auront part à la gloire de Voltaire, cela est flatteur ; mais à toute la république des lettres, l’invitation est bien étendue, il est vrai que les gens de lettres ne sont pas pécunieux, & qu’on n’espere de se sauver que dans le nombre ; on avertit que M. d’Alembert sera le caissier, sans doute il y mettra beaucoup du sien, & il n’est pas douteux que quand la somme convenue sera remplie, & qu’on aura gagné apparament quelque sol par livre, pour les frais de la fête de la dédicace de la statue, la souscription sera fermée ; quelle apparence que les admirateurs du généreux Voltaire, par un sentiment bas & mercénaire, voulussent gagner sur le public, comme ces marchands libraires qui s’enrichissent par des annonces pompeuses, & des souscriptions frauduleuses, & comme Voltaire lui-même, qui par des éditions innombrables de ses ouvrages, a cent fois noblement vendu sa muse en gros & en détail, il est pourtant vrai que la voie de la souscription a quelque chose de mesquin, il ne convenoit guere de faire une quête pour l’illustre Voltaire.
Cet esprit est inconnu à la scène, on ne les goûte que comme un sentiment noble, une idée sublime, uu objet merveilleux, qui frappe l’esprit & l’amuse.
Voici du délire : Ecoute, toi qui te prépares à courrir la carriere de Corneille, si la simplicité des mœurs, la force d’être insensible aux ridicules que t’attirera le mépris ou l’ignorance des petites choses, l’austérité de la vertu, l’impatience de toute domination, le dédain de l’or, l’opiniâtreté au travail, sont des affections inséparables de ton jeune cœur, si un pouvoir impérieux te tient enfermé seul avec la gloire & la vertu, si un respect soudain s’empare de tous tes sens, & les prosterne devant ses effigies sacrées, releve-toi, adore Corneille, quand le feu de ton génie s’emparera de ton ame, quand dans le délire de l’extase tes sens seront fermés à tout autre sentiment qu’à celui de l’admiration, quand tous les objets anéantis autour de toi, tu ne verras plus, tu n’entendras plus, ne respirant qu’à peine, les yeux fixés au ciel, & cherchant le temple de mémoire, le nom de Corneille au dessus de celui des Homeres & des Sophocles, écrie toi, j’ai du génie ; Corneille, adopte moi pour ton fils, c’est moi qui suis ta postérité, digne rejetton d’une si noble tige, je laisserai mon nom comme le tien, la gloire de mes descendans, & l’honneur de ma patrie au-dessus des Monarques les plus vantés, &c.
Ne semble-t-il pas avoir pris plaisir de faire, en la personne de Dom Juan, une peinture affreuse d’un vrai scélérat, qui n’est capable d’inspirer aux jeunes gens qui en voient la représentation, que des sentiments déshonnêtes, impies et de véritables Athées.
S’il s’en rapportait plus à son goût et à ses lumières qu’au mauvais jugement de gens qui préfèrent les expressions éblouissantes et les jeux de mots aux pensées les plus solides et aux expressions consacrées à la vérité du sentiment.
Ce n’étoit point là le sentiment de Houdart de la Motte, qui faisoit consister le mérite, non à parler noblement des choses, mais à les voir comme elles sont, sans se les affoiblir, ni se les exagérer. […] Au reste, il faut toujours s’en tenir au sentiment de M.
L’autre danse est expressive, celle qui rend le sentiment. […] M. de la Joncherie reconnoit que tous les arts de luxe & de volupté ont une influence marquée sur les mœurs, sur-tout la danse & la musique, dans la perfection où elle sont parvenues en France, relativement à la peinture & au sentiment du plaisir, elles ne sont plus indifférentes.