Je ne sai si la croix peut être plus indécemment placée, & former un contraste plus revoltant. […] Celui qui a su vaincre l’amour du plaisir, trionphera aisément des autres ennemis : ce sera par la vue de la laideur du vice, de sa honte & de ses remords. […] 2.° Dans le détail des parures de Judith, il n’est fait aucune mention ni de nudité, ni de fard, deux grands ressorts, & les plus dangereux de la coquetterie, singuliérement sut le Théatre, où toutes les femmes se montrent fardées & demi-nues, & les Danseuses avec des habits si courts, que Riccoboni, Comédien Italien, mais judicieux, & même vertueux, ce qui n’est pas un petit prodige, en parle dans sa Réforme du Théatre, comme d’un très grand abus, & des plus essentiels à reformer.
Moliere nous a bien fait voir dans cet ouvrage qu’il connoissoit le vrai but de la Comédie ; & s’il ne s’y est pas conformé dans toutes ses pieces, c’est qu’il a plutôt voulu plaire qu’instruire, ou peut-être, ce qui est plus vrai, c’est qu’il a appris par sa propre expérience qu’il y a quelques persécutions à essuyer, quand on tente sérieusement la réforme des Mœurs Il est d’autant plus admirable dans le Tartuffe, qu’il a su y joindre l’utile & l’agréable, & tirer l’un & l’autre du fond de son sujet.
L’Auteur, qui ne fait pas assez de ces deux langues pour être une Savante, mais suffisamment pour entendre parfaitement la sienne, a puisé sans scrupule dans le langage de l’ancienne Rome ; au lieu que c’est malgré elle, qu’elle s’est vue obligée de recourir au Grec ; & je sais qu’elle regarde comme autant de barbarismes, tous les termes que nous en avons empruntés.
Dieu déclare par le Prophète Osée qu’il a ces solennités en horreur, et qu’il ne les peut souffrir : Et le Prophète Amos ajoute qu’il les rejette, « Et que l’odeur des assemblées dans lesquelles on profane les jours destinés à son culte, au lieu de les sanctifier, ne saurait lui être agréable ».
Oui, dans ces temps féconds que tout Paris nous vante, Camargoz fut moins vive, et Salé moins brillante ; Ne pense pas, Lany, que dans les plus beaux jours, Ton air trop sérieux éloigne les amours ; Vénus ne voulant point rester seule à Cythère, En te cédant les sœurs, s’est réservé le frère ; Je connais la coquette ; elle aura craint tes jeux ; Mais, crois moi, cet enfant le plus malin des Dieux, Avec certain fripon, qu’on nomme le mystère, Pour t’aller retrouver, saura tromper sa mère.
Je ne pense pas que personne me sache mauvais gré d’une observation aussi judicieuse et aussi importante, puisqu’elle embrasse tout ensemble et l’intérêt de l’art et celui de ses soutiens gémissants.
Les grandes idées nous affectent avant toutes choses ; nous en avons une preuve dans nos jeunes Poétes ; à peine savent-ils le méchanisme des vers, qu’ils entrent hardiment dans la carriere tragique.
Plus un homme sait arriver aux dignités, aux Sciences, malgré la boue dans laquelle le sort l’a placé, plus il est digne de notre estime.
Il faut que les Confidens inutiles soient rendus nécessaires, qu’on leur fasse de longs détails de ce qu’ils devraient savoir, & que les catastrophes soient ramenées sur la Scène par des narrations exactes.
Ayant su qu’un acteur nommé Stéphanion avait pour serviteur une femme déguisée en garçon, il le fit fouetter sur les trois théâtres de la ville, et il le bannit.
Pour nous qui ne voyons dans le tonnerre qu’un effet naturel, & qui savons que les hommes ne commandent point aux élemens, nous bannissons le tonnerre de la Tragédie.
Si par ses efforts, les médiocres deviennent suportables, on ne doit pas lui en savoir plus de gré qu’à un Avocat, de s’être chargé de la défense d’une mauvaise cause.
Mais comme ils ne savaient pas la manière de les faire, et qu'ils n'avaient point d'Acteurs, ils eurent recours aux Etruriens qui les en instruisirent, et leur donnèrent des gens capables de les jouer et de les bien exécuter, selon l'intention qu'ils avaient ; et ces gens furent nommés Histrions, selon la langue des Etruriens, comme nous dirons ci-après, parce qu'ils nommaient Istres ceux que les Romains nommaient Ludions.
Et que Pline qui savait fort bien sa Langue, le dit expressément de la Bouffonne Luceïa lui attribuant le mot de prononcer ou de faire « Si fratres tui minores duntaxat ætate in ludicræ artis ostentatione spectaculum sui populo præbuerunt inviolatam existimationem obtinent. » l. 21 Si Fratres, Cod. ex puib. caus. irrogt infam.
Il me souvient que l’Abbé d’Aubignac en composa une selon toutes les lois qu’il avait impérieusement données pour le Théâtreb ; elle ne réussit point ; et comme il se vantait partout d’être le seul de nos Auteurs qui eût bien suivi les préceptes d’Aristote ; « Je sais bon gré à M. d’Aubignac, dit Monsieur le Prince, d’avoir si bien suivi les règles d’Aristote : mais je ne pardonne point aux règles d’Aristote d’avoir fait faire une si méchante Tragédie à M.