Ce sont des pantomimes, des représentations vives de toutes les vertus.
Les représentations du Peintre, dépourvues de toute réalité, ne produisent même cette apparence, qu’à l’aide de quelques vaines ombres & de quelques légers simulacres qu’il fait prendre pour la chose même.
La raison ne les peut vaincre que par des moyens qui tombent sous les sens, tels que sont les belles Représentations de Théâtre que l’on nomme véritablement l’école du peuple. […] Voici ce qu’en rapporte Acosta [Amer. 9 part. l. 6, c. 6.] « Les Chinois, dit cet Auteur, ont des Théâtres vastes & fort agréables, des habits magnifiques pour les Acteurs, & des Comédies dont la représentation dure dix ou douze jours de suite, en y comprenant les nuits, jusqu’à ce que les Spectateurs & les Acteurs las de se succéder éternellement en allant boire, manger, dormir & continuer la Pièce, ou assister au Spectacle sans que rien y soit interrompu, se retirent enfin tous comme de concert. […] Dans les premiers temps même de l’Eglise, les Prêtres, les Diacres, les Ministres des Autels représentaient des Pièces en l’honneur de St Jean, de St Etienne ; mais le St Siège voulant abolir cet usage, donna un décret [Interdum ludifiant, &c. in 3 decret. c. 10, tit. 1, cùm decorem domus Dei] il fallait attacher l’infâmie à ces sortes de Représentations pour les abolir.
Tous les jours, & par-tout on voit des convois dans les rues, des funérailles dans les Eglises, des chants lugubres, des drapeaux mortuaires, des ossements, des têtes de morts, & de morts véritables dans la bierre, des tombeaux ouverts ; en un mot, les mêmes objets qui devroient encore plus nous frapper, puisqu’ils nous intéressent bien plus que les représentations ; mais on y est accoutumé.
Il l’a senti ; & même son traducteur, amateur du Théatre comme lui, pour excuser sa hardiesse à prendre dans la Bible le sujet d’un poëme épique, avance dans la préface que toutes les Nations & toutes les Communions catholiques & protestantes, ont également permis les représentations des pieces dramatiques tirées de la Bible .
La représentation théatrale entre par tous les sens, & pénètre jusqu’à l’ame.
Leur indignité est certaine, prononcée par les lois et par les canons ; le fait de leur représentation sur le théâtre est de la plus grande notoriété, toute une ville en est tous les jours témoin, elle serait scandalisée de les voir passer du théâtre à la sainte table ; ce serait une des plus criantes profanations, tous les rituels sont uniformes, Romain, Paris, Rouen, Chalons, etc.
Malgré tous les soins que prennent et les Auteurs et les Acteurs pour toucher et pour plaire, il n'est pas rare qu'ils ennuient, qu'on en revienne fatigué, dégoûté, mécontent, et qu'une pièce tombe à la première ou seconde représentation.
N’est-ce point cette raison qui nous porte délicieusement à nous trouver en ces actions publiques comme à une représentation de ce que nous faisons tous les jours ? […] Tous les traits d’esprit nous plaisent, quand ce ne serait qu’à bien déguiser un mensonge ; on le reconnaît tous les jours, nous dédaignons de voir ce qui se passe devant nos yeux, et nous donnons de l’argent pour assister à la représentation d’une fable. Mais le fait-on sans blesser sa conscience : Pour faire une juste réponse à cette dernière demande ; il est besoin de savoir que le théâtre peut servir à trois sortes de représentations, soit fabuleuses, soit véritables, qu’on appelle Tragédie, Comédie et Tragi-Comédie. […] Celui qui en avait fait les frais n’en eut autre louange auprès des gens de bien, que d’avoir achevé de perdre la Ville de Rome : Il y eut tant de jeux et tant de danses : Les représentations en furent si lubriques et les prostitutions si honteuses, que dans l’estime des sages qui craignent plus la corruption des mœurs que la perte des biens. […] Si c’est une représentation curieuse de voir la mer sur un théâtre ; c’est une heureuse possession d’avoir Jesus-Christ dans le port : N’était-ce pas quasi dire, que bien que la Comédie n’eût rien de mauvais, ni en forme, ni en matière, ce n’est point un lieu où on trouve le Fils de Dieu.
Je sais tout cela ; aussi je ne défends point à une femme de se plaindre, mais je veux qu’elle se plaigne toue bas, que la vanité quoique blessée étouffe sa tendresse ou du moins en ôte l’éclat ; enfin je trouve infiniment mauvais qu’une maîtresse, parce qu’elle est abandonnée, aille faire en face à son Amant de ces reproches qui marquent le besoin qu’elle a encore de lui, & qui selon le procédé du cœur humain, ne servent qu’à assurer l’infidélité de son amant ; savez-vous que ce sont ces belles représentations là qui produisent le peu de respect que les hommes ont pour nous.
Cette fête édifiante & religieuse, où tout respire la vertu, est bien différente de la fête profâne dont le Théatre Italien a défiguré la représentation de ce bel établissement.
Sans couvrir les Acteurs d’infamie, Athènes ne se dissimuloit pas le danger des représentations théatrales, & ne vouloit pas y exposer la vertu d’un sexe fragile, dont la modestie est le plus bel ornement.
Fuyez les spectacles, les représentations passionnées : il ne faut point voir ce qu’on ne veut pas sentir ; la musique, la poësie, tout cela est du train de la volupté.
Il loue tout, à chaque représentation, avec la même fadeur.
C’est un artifice du démon ; en se repaissant de la représentation, on s’apprivoise avec la réalité, bien-tôt on le commettra ; on apprend le langage de l’enfer, bien-tôt on le parlera.