La même raison qui leur a fait donner des sièges distingués dans les Eglises, les leur a fait refuser au spectacle. […] Mais outre les raisons communes de conscience, que n’exigent pas d’eux l’élévation et les fonctions de leur état ? […] Toutes ces décisions peu honorables au spectacle sont moins utiles en France, parce que le Prince le tolérant par des raisons particulières, les Magistrats ne peuvent l’abolir.
Un grand Roi doit-il jouer le Roi de théâtre, et à plus forte raison un rôle inférieur ? […] Boursault, dans une lettre écrite à l’Archevêque de Paris pour la défense des spectacles, donne une raison qui paraît d’abord plausible, mais qui dans le fait est absolument fausse. […] Les mêmes raisons lui font souffrir dans le sanctuaire des oraisons funèbres, qui quelquefois ne sont qu’un tissu de flatteries profanes.
Serait-il en effet nécessaire d’entrer en discussion avec un homme, qui connaissant, à ce qu’il dit, quelle est sur les spectacles la Tradition de l’Eglise manifestée par tous les Pères et les Conciles depuis le premier jusqu’au dernier, laisse à l’écart tous ces Pères et ces Conciles, « pour se rendre, dit-il, à la droiture de la raison », et à une autorité supérieure qu’il croit trouver dans quelques Scholastiques. « Si je m’abandonne à la rigueur avec les Pères de l’Eglise,ce sont ses termes23 , et que j’invective contre la Comédie, comme contre une des plus pernicieuses inventions du Démon, je ne puis lire nos Théologiens, ces grands hommes si distingués par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leur raisonnement, et plus encore par la force du leur autorité. […] Quand on entend parler des Pères de l’Eglise comme des gens « qui s’abandonnent à la rigueur, qui se gendarment24, qui se déchaînent25 », car c’est ainsi que l’Auteur parle toujours des Pères) ne semble-t-il pas qu’il les regarde comme des Auteurs peu judicieux, qui n’écoutant point la raison, décident de tout sans modération et sans connaissance ; et que les Scholastiques au contraire sont de sages maîtres, dont les lumières, la sagesse, les tempéraments, et l’autorité doivent nous régler. […] Et pour quelle raison ?
. — Votre raison est valable ; écoutez-moi bien pourtant. […] Horace est du même sentiment ; Quintilien l’adopte aussi ; & le docte Dacier soutient qu’ils ont raison tous les trois.
ce n’est pas non plus pour exciter l’indulgence du Public que je mets une Préface à la tête de cet Ouvrage : non, je n’ignore pas que j’en aurais besoin : jeune encore, c’est le premier que j’ai osé livrer à l’Imprimeur ; que de raisons !
Quelle horreur cette raison seule ne devroit-elle pas inspirer du Théatre ?
Si on a raison d’alléguer les lois en faveur de la comédie.
Et si d’aventure il s’excuse de ce qu’il est pauvre et nécessiteux, il pourra bien être soulagé et aidé en sa nécessité, avec ceux qui sont entretenus et nourris aux dépens de l’église : pourvu qu’il se contente de si peu de viandes, que l’Eglise donne par raison, et mesure, sans excès.
Cependant, « après avoir apprécié dans sa raison ce phosphore qu’on nomme esprit, ce rien qu’on nomme la renommée, et avoir écouté la voix solitaire du devoir, il annonça, par une lettre imprimée en 1759, sa retraite du service de Melpomène et de Thalie, et son repentir d’y avoir acquis de la célébritébr. » Plût au ciel que tous les auteurs dramatiques le comprissent également, si pourtant il suffit, en pareille matière, de comprendre sa faute pour s’en repentir !
Cet Auteur insinue deux raisons, qui font voir les difficultés, qu’on a de justifier la Comédie.
La raison et la Religion ne nous permettent pas de regarder simplement l’impureté comme une chose ridicule ; elles veulent que nous en ayons horreur, et elles demandent que nous en ayons tant d’éloignement, que nous n’y pensions jamais.
» Que si la raison seule peut faire avoir ces sentiments, combien en doit-on plutôt avoir de semblables dans l’école de Jésus Christ, qui est une école de mortification et de renoncement à tous ces vains plaisirs ; Et que peut-on concevoir de plus indigne de la Religion d’un Dieu mourant sur la Croix, que de prétendre honorer un de ses Pontifes par une troupe de baladins, que Cicéron aurait pris pour une troupe de fous ou de gens ivres.
Paul : Nec scurrilitas aut stultiloquium, montre évidemment, par de puissantes raisons, que le chrétien qui a soin de son salut ne s’accoutume jamais à dire des paroles de gausserie, que vous colorez du nom de facéties (S.
Les anciens donnoient de leur passion pour les parfums une raison qui paroissoit sérieuse : ils prétendoient que outre le plaisir de l’odorat qu’ils trouvoient delicieux, les parfums répandus sur la tête abbatoient les fumées du vin & empêchoient l’ivresse à quelque excès qu’on se livrât, ce que je crois sans peine. […] Casaubon remarque avec raison que les femmes de nos jours font toutes les mêmes folies, & donnent à leurs cheveux toute sorte de figures aussi bizarres, & y répandent autant d’odeurs : Hæc hodiè sunt communia in compositione criniam fœminarum. […] Une des raisons qu’employoient les sages Payens pour détacher des odeurs, c’est la frivolité de ce plaisir ; ce n’est qu’une fumée qui s’envole & s’évanouit : Nil odore levius, par levibus fumis . […] La raison de la justice est la même, & l’exécution n’en est pas plus difficile.
Ils avoient raison d’en douter, le théatre en est un mauvais garant : il n’est pas fait pour célébrer la pureté ; aussi n’y a-t-elle paru que corrompue la Rosiere ne s’y montre que sous les livrées du vice. […] L’Avocat donne avec raison à cette fondation un air pastoral. […] Tous goûtent les douceurs de la propriété ; chacun d’eux attache à la portion de terre qui lui appartient, la cultive en paix ; & le cultivateur, content de son sort, ne cherche point à perdre avec la raison le souvenir de ses peines. […] La description voluptueuse des graces & de la parure des Rosieres, les sentimens amoureux qu’elles excitent & qu’elles éprouvent, le langage galant qu’on leur tient, leur facilité à l’écouter & à y répondre, les rivalités qui forment l’intrigue, jusqu’à la maniere ingénieuse si opposée au caractere des paysans : défaut qu’on reproche avec raison aux églogues de Fontenelle.