& par l’État actuel de nos Acteurs, avec le sentiment du Public à leur sujet.
On ne peut donc point douter qu’un Evêque ne soit dans l’obligation de corriger les vices qu’il remarque dans son troupeau, et principalement de remédier à ceux qui sont publics et scandaleux : et celui qui étant constitué dans cette dignité et dans cette charge, ne reprendrait pas et ne ferait pas ce qui dépendrait de lui pour ôter ces scandales, mériterait plutôt, suivant la pensée de saint Grégoire, d’être appelé « un chien mort, que de porter le nom d’Evêque ».
Atque veteres quidem Athletæ virum nudum ostendere erubescentes dum certamen peragebant accintis subligaculis servabant verecundiam : Istæ autem dum simul cum tunica pudorem exuerint, volunt quidem videri, pulchræ, similiter autemmalæ vel invitæ convincuntur.) » Les Vierges Chrétiennes ne rougissent pas de ce désordre : Saint Cyprien11 leur en fait voir l’énormité, avec cette sublime éloquence que la Religion seule peut inspirer : « Que dirai-je, des Vierges qui se vont laver dans les bains publics, et qui prostituent aux yeux lascifs, des corps consacrés à la pudeur ?
C’est pourtant là qu’elles doivent paraître ; c’est dans les lieux plus profanes, dans les places publiques, les tribunaux, les palais des Grands seulement, que se trouve la matière de leur triomphe : et comme elles ne sont, à proprement parler, Vérité et Raison, que quand elles convainquent les esprits, et qu’elles en chassent les ténèbres de l’erreur et de l’ignorance, par leur lumière toute divine, on peut dire que leur essence consiste dans leur action ; que ces lieux où leur opération est le plus nécessaire, sont leurs lieux naturels ; et qu’ainsi c’est les détruire en quelque façon, que les réduire à ne paraître que parmi leurs Adorateurs. […] Or si la disconvenance est l’essentiel du Ridicule, il est aisé de voir pourquoi la galanterie de Panulphe paraît ridicule, et l’hypocrisie en général aussi ; car ce n’est qu’à cause que les actions secrètes des bigots ne conviennent pas à l’idée que leur dévote grimace, et l’austérité de leurs discours a fait former d’eux au public. […] Or tous les galants qui se servent des mêmes persuasions que Panulphe, sont en quelque degré dissimulés et hypocrites comme lui ; car il n’en est point qui voulût avouer en public les sentiments qu’il déclare en particulier à une femme qu’il veut perdre : ce qu’il faudrait qui fût, pour qu’il fût vrai de dire, que ses sentiments de tête-à-tête n’ont aucune disconvenance avec ceux dont il fait profession publique, et par conséquent aucune indécence ni aucun ridicule : et le premier fondement de tout cela est ce que j’ai établi dès l’entrée de cette réflexion, que la providence de la Nature a voulu que tout ce qui est méchant eût quelque degré de ridicule, pour redresser nos voies par cette apparence de défaut de raison, et pour piquer notre orgueil naturel, par le mépris qu’excite nécessairement ce défaut, quand il est apparent comme il est par le Ridicule : et c’est de là que vient l’extrême force du ridicule sur l’esprit humain, comme de cette force procède l’effet que je prétends.
Après avoir fait éclater son zèle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matière les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des mœurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux.
Après avoir fait éclater son zéle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matiére les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des moeurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux.
Ceux qui sont leur amusement de la Poésie Dramatique, savent un plus grand nombre de vers des Pièces de Corneille & de Racine, que de celles de Molière : enfin le Public préfère le rendez-vous qu’on lui donne pour le divertir en le fesant pleurer, à celui qu’on lui présente pour le divertir en le fesant pleurer, à celui qu’on lui présente pour le divertir en le fesant rire.
Je vous exhorte donc, continue ce Père, à abhorrer les Spectacles publics, et à en arracher tous ceux que vous pourrez. […] Qui est-ce qui peut ignorer qu’il empoisonne tout ce qu’il offre au public, et que les Tragédies, même les plus saintes, en passant par la bouche de ces acteurs justement flétris par la Religion et par les lois, deviennent des occasions de se perdre ?
Ce qui fit tomber le Théâtre, avant que Mlle Favart le relevât, c’était le mauvais Jeu des Acteurs : & malgré la fureur du Public pour les Ariettes, le Théâtre Italien cessera bientôt d’avoir la foule, si (comme on a déja lieu de le présumer) on ne voit plus les Pièces favorites rendues que par de médiocres Chanteurs.
est-il possible que l’on tolère dans l’Eglise de Dieu un libertinage si horrible, et que l’on voie des écoles publiques de lubricité, et des assemblées où se font des trafics infâmes, et où se concluent les desseins des impuretés les plus abominables, et des adultères, même les jours des Dimanches et des Fêtes, et encore plus particulièrement dans le temps que l’Eglise a destiné pour remercier Dieu du bienfait inestimable de la naissance de son Fils, et depuis la Septuagésime jusques au Carême, c’est-à-dire lorsque suivant les intentions de cette même Eglise, nous devrions être occupés à pleurer nos péchés, et à nous disposer à obtenir la grâce d’une parfaite pénitence.
Quant aux indécences et aux libertés de l’ancien théâtre contre lesquelles on ne trouve pas étrange que les Saints Pères se soient récriés, je dirai encore à notre confusion que les tragédies des anciens Païens surpassent les nôtres en gravité et en sagesse, ils n’introduisaient pas de femmes sur la Scène, croyant qu’un sexe consacré à la pudeur ne devait pas ainsi se livrer au public, et que c’était là une espèce de prostitution, j’avoue qu’il y avait souvent de l’idolâtrie mêlée et que leurs pièces comiques poussaient la licence jusqu’aux derniers excès, mais les nôtres sont-elles fort modestes, ce que vous appelez les farces n’a-t-il rien qui alarme les oreilles pudiques ?
On y fait avec éclat et avec succès des leçons publiques de galanterie, de fourberie, de vengeance, d’ambition ; on y apprend à conduire habilement une intrigue ; à éluder la scrupuleuse vigilance des parents ; à surprendre par mille ruses la bonne foi ; à ne tendre jamais à faux des pièges à l’innocence ; à se défaire en habile homme d’un concurrent ; à se venger à coup sûr d’un ennemi ; à élever sa fortune sur les débris de celle d’autrui, et tout cela en habile homme.
Les spectacles tels que nous les voyons aujourd’hui, plus criminels encore par la débauche publique des créatures infortunées qui montent sur le théâtre, que par les scènes impures ou passionnées qu’elles débitent, les spectacles seraient des œuvres de Jésus-Christ !
Les assemblées publiques qui se font à notre sujet y répugnent duab tout, vu qu’il n’y a rien, disait Lycurgue, premier et plus grand législateur de son temps, plus propre et nécessaire à la manutention de la paix que la société, occasion qu’il contraignitac ses citoyens de manger tous ensemble le brouet lacédémonien à la manducation duquel l’honnête familiarité et la paisible société suivies des graves discours de ces doctes personnages servait comme d’entremet, de sauce, d’appétitad et de friandise et délicatesse à cette soupe noire, fade et de mauvais goût.
Dans tous les temps on a employé les femmes dans les affaires publiques & particulieres pour obtenir des graces, découvrir des secrets, ménager des protecteurs, séduire des ennemis, donner de faux avis. […] On l’a faite graver pour satisfaire la curiosité du public ; on le trouve dans bien des livres, entr’autres dans le Dictionnaire de Prosper Marchand, qui en parle fort au long. […] C’étoit aussi l’idée du public.