Rien n’est moins fondé que l’opinion de ceux qui prétendent que l’art dramatique, Ficta voluptatis causâ, a pour objet primitif & essentiel l’utilité morale.
Au surplus, quand je dis qu’il m’eût été facile de convaincre mon adversaire, qu’il raisonne plus mal sur la Théologie, ou du moins plus dangereusement qu’il ne fait sur la Comédie, je ne prétends point parler de Controverse, ni attaquer les Religions adoptées.
Avec de tels guides on vit, on meurt en Philosophe, mais non pas en Chrétien ; on espere l’anéantissement, on ne compte pas plus sur la gloire éternelle, aussi n’y prétend-on rien. […] peut-on louer ce prétendu chef-d’œuvre si contraire à la probité, à la vérité, à la piété, sans y mettre un mot de contrepoison ? […] L’Académie des Jeux Floraux ne l’a pas écouté, elle lui a laissé lire dans une assemblée particulière un discours où il prétend trouver qu’on doit abandonner le Grec & le Latin, qu’il n’entend guere, pour n’étudier que les langues vivantes de Moscou, de Varsovie, de Berlin, de Londres, &c. qu’il ne fait guere mieux. […] Ils prétendent que c’étoit d’abord des comédies Indiennes, qui avoient eu beaucoup de cours en Asie, & qu’on a traduites en bien des langues, qu’il en a une traduction Turque à la bibliotheque du Roi ; mais que pour répandre de la variété & un goût original à leur ouvrage, on travestit ces comédies en contes, dont on fait un Roman suivi, comme si on faisoit un Roman du Théatre de Moliere, & de ses comédies autant de contes. […] Il prétend qu’étant arrivés à la maison où on les demande, on leur prescrit le Sujet de la piece, & qu’ils jouent sur le champ tout ce qu’on leur demande, comme les Comédiens Italiens .
C’est lui qui prétend que l’on doive supprimer les deux premieres Races de nos Rois, que les fameux Ecrivains du siécle d’Auguste, sont la plûpart des Auteurs supposés par des Moines, qui, dans un siécle où le bon goût étoit ignoré, ont composé tant de beaux Ouvrages sous des noms imaginaires. […] Le sieur de la M** avoit d’autres principes dans la tête quand il a composé son Mémoire : Au milieu de votre troupe, Mademoiselle (que je crois copiée d’après celle dont Scarron raconte les Aventures dans le Roman Comique) je me représente le vénérable Jurisconsulte que vous introduisez, pour y faire trophée de son sçavoir contre les censures qui vous lient : il triomphe à peu de frais, aucun des Auditeurs n’est en état de le contredire ; il peut sans aucun risque avancer autant de contre-sens, d’Anachronismes1, de citations fausses, qu’il lui plaira : c’est assez qu’il débite force loix pour éblouir, qu’il vomisse du Latin à grands flots, & s’exprime en bons termes de Palais, avec un déluge de paroles : Dans ce cercle de Sénateurs de nouvelle fabrique, feu M. de Noailles, Auteur prétendu de leur Excommunication, est fort maltraité ; le Clergé de France, surtout les Auteurs de la réclamation, n’ont pas eu beau jeu ; enfin on a concédé à l’Apologiste, sans la moindre repugnance, le titre de Docteur de l’Eglise : on l’a proclamé l’Interpréte des Loix, l’appui de l’État, la lumiere du monde entier, tandis qu’il érigeoit la troupe en Académie Royale, la faisant marcher de pair avec les premiers Académiciens de l’europe. […] Le sieur de la M… a dressé une nouvelle batterie contre l’Excommunication des Comédiens, il prétend qu’elle est abusive, les Conciles n’ayant eu aucun droit d’infliger cette peine, sans être autorisés par les Loix, (pag.
S’il leur échappe, dit encore Saint Chrysostome1, une parole de blasphéme ou d’impureté, on leur applaudit, parce qu’elle a été prononcée avec grace, & l’on donne des signes d’aprobation à des personnes qui mériteroient souvent d’être lapidées ; & c’est là le sujet de ma douleur, de voir que l’on prétende justifier une conduite aussi criminelle ? […] Envain auroit-on embrassé la foi chrétienne, si l’on prétend sécouer le joug qu’elle impose, si l’on court après les voluptés, dont elle interdit l’usage ! […] Ce ne sont pas des fables qu’ils contiennent, la vérité s’y rencontre toute pure ; ce ne sont pas des strophes brillantes, où l’on ne cherche qu’à plaire à l’esprit ; c’est votre cœur que l’on prétend charmer.
Il est vrai que ce n’est pas d’aujourd’hui, que ce Moine réformé a donné l’essor à sa méditation frénétique, pour choquer cette profession ; Mais la connaissance que tout le monde a de son mérite augmente d’autant plus sa réputation que son ignorance essaie d’en diminuer le prix : Ce qui m’a le plus étonné ça a été qu’après avoir lu son libelle, intitulé (le Théâtre du Monde) par lequel il prétend assujettir la liberté de notre Vie ; J’ai trouvé qu’il était de la nature deb ces écrevisses, où il y avait plus à éplucher qu’à prendre, que ses arguments étaient des galimatias, et qu’il savait mieux débiter une invective, qu’enseigner une doctrine, faire le Rabelais, que le Théologien, que les passages qu’il a tirés de l’Ecriture sainte, étaient des allégories ou métaphores, pour amuser ceux des petites maisons de Paris, que les allégations des Docteurs qu’il produit contre la Comédie, ont si peu de rapport à son sujet, que j’ai honte que le public soit témoin de la faiblesse de son jugement. […] Ce Sophiste prétendu, s’efforce de persuader au Vulgaire, que ceux de la Religion réformée, ne souffrent aucunement ce divertissement parmi eux, en quoi il montre une grande ignorance ; vu qu’il n’y a Royaume, Province, Contrée ou Ville, où ils ne soient bien reçus et approuvés de ceux qui ont l’autorité souveraine ; en Angleterre le Roi en entretient ordinairement deux troupes à ses gages, qui le suivent quand il va à ses progrèsl, et où j’ai vu même des Ministres assister à leur représentations, entre autre un nommé Joannes Davenantius Professeur de l’Académie Royale, et un certain Vardus Préfet de la même Académie, qui tous deux avaient été députés au Synode de Dordrecht, comme des plus notables du Royaume : Dans la Hollande j’ai toujours vu des lieux érigés pour cet exercice, et particulièrement à Amsterdam, où s’est fait depuis peu le plus magnifique Théâtre de l’Europe, pour la Jeunesse de la Ville. […] Il prétend prouver en alléguant l’antiquité, que les Comédiens sont notés d’infamie, selon les lois et constitutions Ecclésiastiques ; j’avoue avec lui que la Comédie à sa naissance, a été condamnée de l’Eglise primitive, et des Pères Orthodoxes, en ce qu’elle était une fondrière de tous vices : Mais comme les temps perfectionnent les hommes, et changent de mal en bien l’être des choses, elle s’est tellement rendue agréable par la pureté de son innocence, qu’il ne lui reste rien pour ajouter à son mérite, et qu’autant qu’elle a été pernicieuse en son principe, elle s’est montrée recommandable en la fleur de son printemps.
Ils ne prétendent coopérer qu’à une chose bonne en elle-même, et qui ne devient mauvaise que par la malice de ceux qui l’exercent : Ils voient cette Comédie publiquement exercée et tolérée. […] « Comment ces gens-là, dit ce Père, pourront-ils prétendre d’approcher des lieux saints, et participer aux biens de cette illustre Assemblée, sans avoir auparavant fait pénitence ? […] » Il ne s’ensuit donc pas que Saint Bernard, pour n’avoir pas souhaité plus de mal à ceux qui assistent aux Comédies, qu’une soif ardente de courir toujours après, n’y ait trouvé qu’une simple vanité, comme les défenseurs de la Comédie le prétendent. […] La première est, qu’il n’est pas vrai, comme le prétendent ceux qui prennent la défense de la Comédie, que les Pères des premiers siècles n’aient condamné la Comédie, que par la raison seule de l’idolâtrie ; ils l’ont encore condamnée par d’autres raisons, puisque l’on ne peut pas présumer que l’idolâtrie fût du temps de S. […] Ceux qui prétendent excuser les personnes qui vont à la Comédie, disent trois choses.
Pour prouver que la Comédie ne sçauroit être un spectacle aussi innocent que le prétendent ses défenseurs, D. […] Mais après tout, si le désordre & le scandale étoient aussi énormes, que le Docteur Espagnol le prétend, comment les tolère-t-on ?
Pour prouver que la Comédie ne sçauroit être un spectacle aussi innocent que le prétendent ses défenseurs, D. […] Mais après tout, si le désordre & le scandale étoient aussi énormes, que le Docteur Espagnol le prétend, comment les colère-t-on ?
Vous ne manqueriez pas encore de vous écrier, que je ne me connais point en Auteurs, « que je confonds les Chamillardes avec les Visionnaires » : et que je prends des hommes fort communs pour de grands hommes ; aussi ne prétendez pas que je vous donne cet avantage sur moi ; j’aime mieux croire sur votre parole que vous ne savez pas les Pères, et que vous n’êtes tout au plus que les très humbles serviteurs de l’Auteur des Imaginaires. […] Sans mentir ils ont toute une autre manière d’écrire que les Faiseurs de Romans, ils ont toute une autre adresse pour embellir la Vérité, ainsi vous avez grand tort quand vous m’accusez de les comparer avec les autres ; je n’ai point prétendu égaler Desmarets à M. le Maistre, il ne faut point pour cela que vous souleviez les Juges, et le Palais contre moim, je reconnais de bonne foi que les Plaidoyers de ce dernier sont sans comparaison plus dévots que les Romans du premier ; je crois bien que si Desmarets avait revu ses Romans depuis sa conversion, comme on dit que M. le Maistre a revu ses Plaidoyers, il y aurait peut-être mis de la spiritualité, mais il a cru qu’un pénitent devait oublier tout ce qu’il a fait pour le Monde.
Eh, quel avantage aurait un Drame dialogué sur une Pantomime Pourquoi d’ailleurs prétend-on que le stile soit à rejetter des Pièces de Théâtre ?
Mais, me repliquera-t-on encore, tous les grands Musiciens, tous les plus fameux Compositeurs, la chérissent avec transport, tandis qu’ils regardent à peine cette musique dont vous prétendez faire l’idole de l’Univers.
Le Poète prétend avoir la préférence ; le Musicien, enorgueilli des applaudissemens qu’on lui prodigue, croit mériter le pas.
Tel Artiste, tel Marchand, dont la fortune commence, n’attendent pas qu’elle soit assurée non-seulement pour étaler un faste qu’ils prétendent nécessaire, mais pour se donner une Maitresse, qui certainement ne l’est pas.
Prétendre réformer le genre humain sur le sage de l’école de Zenon, ce seroit aller directement contre l’ordre établi. […] Moliere, selon vous, n’a point prétendu corriger les vices, mais les ridicules. […] Une femme aimable & vertueuse n’est pas un être de raison, comme vous le prétendez, en demandant : Où se cache-t-il ? […] Vous prétendez qu’ils ne peuvent être réprimés par les loix, & M. […] J’ose reclamer, en faveur de l’humanité, les droits qu’il a de prétendre à l’approbation de tout homme qui pense : serions-nous assez injustes pour le proscrire, tandis que tant de professions pernicieuses, ou du moins indifférentes & frivoles par leur inutilité reconnue, échappent au mépris dont on flétrit l’école de la sagesse & de la vertu ?