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52. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

 » La Mode répond : « C’est que je me plais à loger aussi près du Ciel que je puis. […] A Dieu ne plaise que nous Chrétiens, qui devons nous distinguer par la modestie, qui sommes élevés dans le sein de la vertu, et obligés de vivre en règle ; à Dieu ne plaise que nous salissions nos pensées et encore moins nos œuvres par la vue de ces représentations criminelles. […] car s’ils ne plaisaient ; pourquoi irait-on les entendre ? […] Il ne lui est pas permis de penser même à une mauvaise chose : comment se plairait-il à des représentations obscènes ? […] Cet amas monstrueux peut-il plaire aux Dames de Londres ?

53. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Le désir de plaire est ce qui conduit le premier, et le second est conduit par le plaisir d’y voir peintes des passions semblables aux siennes : car notre amour propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions aussi bien que ceux de nos personnes. […] Je ne puis mieux faire voir la faiblesse de cette objection, qu’en répondant avec un savant Prélat de notre siècle « Le remède y plaît moins que ne fait le poison »ad. […] Quelle faute ne commettent-ils point, non seulement lorsqu’ils se plaisent à entendre chanter ces Chansons mondaines par leurs enfants ; mais même à les leur apprendre eux-mêmes ? […] Mais les vers qui sont animés du chant, la charment par leur douceur, ils s’emparent de l’esprit de l’homme, et le poussent avec impétuosité où il leur plaît, ils lui persuadent tout ce qu’ils lui font trouver agréable ; et peu s’en faut qu’ils ne surprennent et qu’ils ne s’emparent entièrement de toute la volonté, pendant qu’ils flattent les sens. […] Si vous vous plaisez au Chant et à la Poésie, plaisez-vous à chanter les louanges de Dieu ; il n’y a de plaisir véritable que celui qui est accompagne de la Vertu.

54. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

« Pensez-vous disait-il, que vos Dieux se plaisent d’être ainsi servis, il ne veulent point des sacrifices offerts à regret. […] laquelle sans cette joie ne peut se plaire en sa vocation, ni s’avancer à la perfection Chrétienne. […] ou que vous ferez, ou lesquels vous vous plairez d’entendre des autres, n’aient rien d’impie, ni de nuisible au prochain, ni ne soient contre la vérité, ni ne ternissent la beauté de la chasteté, en un mot qu’ils soient bons. […] La pensée et l’amour de Dieu, le désir de lui plaire, l’affection à votre salut, la crainte d’être tant soit peu désagréable aux yeux divins, ne pourront-ils pas vous servir d’un coton qui estoupe vos oreilles, pour n’entendre les infamies qui se disent en telles récréations ? […] Pour plaire à Dieu, et pour l’honorer en cette action, aussi bien que S. 

55. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IX. La Comédie donne des leçons de toutes les passions. » pp. 18-21

L’Orgueil ainsi travesti est si essentiel au Théâtre, que quand il introduit des Saints & des Saintes sur la scéne, il est forcé de les y faire paroître avec cette fierté, qu’il lui plaît d’appeler générosité & grandeur d’ame. […] Plus leurs Auteurs colorent ces vices d’une image de grandeur & de générosité, plus ils les rendent dangereux & capables d’entrer dans les ames les mieux nées ; & l’imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corruption excite en même tems un mouvement tout semblable qui nous transforme en quelque sorte, & nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée.

56. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

Pour les colorer, on s’est appuyé d’un lieu commun ; chacun est le maître chez soi, dit-on ; ainsi nous pouvons prendre dans notre sale, telle résolution qu’il nous plaira. […] Ils se logerent où ils purent, donnerent au Théâtre telle forme & telles Loix qu’il leur plût.

57. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIV. La comédie considérée dans ses Spectateurs. » pp. 30-33

Ce sont ces passions qu’il plaît au monde d’appeler délicates, mais qui dans le fond sont si grossiéres. Ainsi plus la Piéce sera travaillée, plus les Acteurs seront habiles dans leur art, & plus ces passions plairont, plus leur impression sera vive.

58. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXII. Le repentir de quelques auteurs dramatiques d’avoir travaillé pour les théâtres doit nous engager à éviter ces divertissements. » pp. 183-186

Cependant, « après avoir apprécié dans sa raison ce phosphore qu’on nomme esprit, ce rien qu’on nomme la renommée, et avoir écouté la voix solitaire du devoir, il annonça, par une lettre imprimée en 1759, sa retraite du service de Melpomène et de Thalie, et son repentir d’y avoir acquis de la célébritébr. » Plût au ciel que tous les auteurs dramatiques le comprissent également, si pourtant il suffit, en pareille matière, de comprendre sa faute pour s’en repentir ! […] Ne nous annoncez, disaient-ils, aucune vérité fâcheuse ; ce sont des oracles conformes à nos inclinations que nous attendons de vous : il n’importe que ce soit des erreurs, pourvu qu’elles nous plaisent.

59. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

« On prend une Histoire qui plaît, dit l’Abbé d’Aubignac, & sans savoir ce qu’elle a de convenable, ou de mal-propre à la scène, sans regarder quels ornemens, ou quels inconviens il faut éviter. » On se met au travail : tout ce qu’on écrit est délicieux. […] L’une plus occupée à toucher le cœur qu’à recréer l’esprit, a sçu répandre d’un bout à l’autre de sa pièce un intérêt si vif, si bien ménagé, qu’on se plaît dans le trouble & dans les allarmes où elle jette. […] S’il est humiliant à ceux qui font leur cour aux Grands, de s’assujettir à tout ce que la fierté se plaît à leur faire endurer, combien ne doit-il pas l’être à des gens au-dessous de ceux qu’ils voyent ?

60. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

Nous avons dit et justifié clairement dans la Pratique du Théâtre, que la Comédie et la Tragédie commencèrent par les Danses et par les Chansons qui furent faites dans Icarie, l'un des Bourgs d'Athènes, à l'entour d'un Bouc qu'Icarius avait tué comme l'ennemi de Bacchus, au milieu d'une Vigne, dont il gâtait et mangeait les fruits ; et cette cérémonie s'étant ainsi continuée durant quelque temps, passa dans sa Ville et sur les Théâtres, et fut appelée Tragédie, du nom du bouc que l'on y sacrifiait à Bacchus ; ce qui dura plusieurs siècles, jusqu'à tant que Thepsis, pour donner quelque repos au Chœur de Musique, y inséra un Acteur qui récitait quelques Vers, et Eschyle y en mit deux ; et ces récits s'éloignant peu à peu des louanges de Bacchus, ses Prêtres en firent de grandes plaintes, n'ayant pu retenir les Poètes, qui par ce moyen plaisaient au peuple. […] Plut. in inst. puer. […] Plut. in Syll.

61. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

« En effet, ou le spectacle attache et plaît, ou il inspire du dégoût et déplaît : dans le dernier cas, on fait connaître ce qu’on désirait, et ce qu’on était allé chercher. […] Toutes ces passions ne plaisent qu’autant qu’elles sont senties, et que le sentiment en a été plus vif et plus profond. […] C’est ce qui arrive toujours, quand on n’en voit que l’image ; mais l’image ne peut plaire sans remuer le cœur, et ce mouvement qui l’amollit et le corrompt a d’autant plus d’effet qu’il est plus doux et qu’il avertit moins.

62. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre III. Du Bal. » pp. 178-183

Il n’est rien de si galant qu’une dance Cavaliere, qu’un port naturel ; pour peu d’instruction qu’on y adjoûte, on en sçait assez pour le Bal : & il n’en faut pas d’avantage pour y reussir & pour plaire. […] Elle déplaist aussi aisément qu’elle peut plaire, & surtout quand elle devient immodeste, & si elle paroist s’attendre à quelque chose de plus qu’à la simple aprobation des yeux.

63. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XV. Les spectacles éteignent le goût de la piété. » pp. 133-137

« Celui qui se plaît à n’entendre que des fables se plaira-t-il à entendre la vérité ?

64. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Plut. […] Augustin, qui dans les trois livres qu’il a écrits contre le mensonge, démontre que tout mensonge, même le plus léger, est un péché, ne doit pas être plus favorable à l’art de mentir & de parer le mensonge des couleurs de la vérité, non plus qu’à la passion aveugle qui se plaît à se repaître de la fausseté. […] Il en résulte une espèce de pyrrhonisme qui fait tout mêler, tout confondre, douter & se jouer de tout, ou tout croire sans discernement, qui apprend à déguiser les faits, à distribuer adroitement les couleurs de la vrai-semblance, en un mot à tromper, & accoûtume à se laisser tromper, à se repaître de fables, sans s’embarrasser de la vérité, à réaliser tout ce qui plaît, former des espèces de Don Quichotte qui prennent tout à la lettre. […] Il n’est pas surprenant que Corneille, en bon Normand, ait fait l’éloge du mensonge, du moins est-il sincère dans l’aveu du mauvais effet que produit cette piece, & convient fort naïvement que la comédie, faite pour plaire, n’a pas ce mélange d’utilité pour les mœurs ; elle viole la maxime touchant la récompense des bonnes actions & la punition des mauvaises. […] Même aveu en justifiant la Suite du Menteur, qui n’a pas réussi, quoique mieux écrite, par la même raison qui devoit assurer son succès, parce qu’elle a moins de mauvaises mœurs : Si je croyois que la poësie a pour but de profiter aussi-bien que de plaire, je dirois que cette piece est beaucoup meilleure, parce que Dorante y est plus honnête homme & donne des exemples de vertu à suivre (se battre en duel), & dans l’autre, il ne donne que des imperfections à éviter (mentir par caractère, à tous propos, à tout le monde, n’est donc qu’une imperfection).

65. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

L’Epouse des Cantiques, dans le long détail qu’elle fait de ses beautés & de sa parure, pour plaire à son bien-aimé, ne fait aucune mention du fard, elle lui auroit plutôt déplu, que gagner sa tendresse, par ce criminel artifice. […] C’est pour plaire par les couleurs. […] Une femme doit être contente de plaire à son mari, il ne faut point d’art étranger pour lui plaire ; il ne peut au contraire que la rendre suspecte, la vertu est le plus puissant attrait : Illis pulchra satis forma pudicitiæ. […] La simplicité est la vrai élégance, la grace la plus touchante ce n’est point le vermillon, mais le sang adorable de J.C. qui pare mes jours, disoit Saint Agnes au tyran, c’est à lui seul que je veux plaire : Sanguis ejus ornavit genas meas. […] L’ambition pourtant le lui fit préférer : elle l’emporte chez les femmes, sur l’envie de plaire, ou plutôt l’envie de plaire est une sorte d’ambition, qui, pour elle est l’échelle de la fortune, aussi-bien que la carriere de la volupté.

66. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Recherche-t-on volontairement, sans y être obligé, recherche-t-on si curieusement tous les moyens de plaire, sans aspirer à des conquêtes ? […] Le sexe a toujours desiré de plaire aux hommes, & se flatte que la vivacité, la varieté des couleurs peuvent y contribuer. […] La même vanité cherche par-tout à plaire. […] Elles ne sauroient se passer de ces faux embellissemens, tant qu’il plaira à la mode de les prescrire. […] Mais ce n’est pas par ces vues que la toilette emprunte des couleurs, c’est pour donner au visage de nouvelles graces, & pour plaire & séduire les cœurs.

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