L’Histoire de Picardie, rapporte un spectacle singulier, autre fois fort en usage, appellé les grandes ou les petites diableries, On jouoit cette espece de tragédie à deux ou à quatre personnages, d’où est venu l’expression proverbiale faire le diable à quatre.
mêler & combiner tontes ces choses pour en faire un tableau, exprimer une passion & peindre un caractère, représenter l’agitation du public à l’occasion d’un évenement qui l’intéresse, assortir tous les traits qui caractérisent le personnage, la profession, la passion, l’événement, jusqu’aux habits & au costume, chacun à sa place propre & ses attributs, & s’en servit avec grace, le Matelot a la rame, le Soldat son épée, le Berger sa houlette, le Roi son sceptre, la Furie ses torches.
[A] L e Mimisme [A], ou l’Art de donner, par l’imitation, les grâces & la vie aux personnages d’un Drame ; de leur prêter ses organes d’une manière convenable à leur caractère ; de les animer de ce feu que l’Auteur n’a pu que leur supposer ; en un mot, l’Art aussi noble qu’utile en lui-même, d’exprimer avec énergie les diverses passions des hommes, m’avait toujours paru mériter d’aller au moins de pair avec la Musique & la Peinture.
Il disait à ses amis assemblés autour de son lit : Ai-je bien joué mon personnage sur le théâtre de la vie ?
C’est le même motif qui doit nous porter à réformer sur ce point la licence de notre théâtre ; si la religion est utile à l’état, il est impossible qu’elle y soit réellement en vénération, tant que ceux qui sont spécialement attachés à son culte sacré, seront présentés au public comme des personnages ou ridicules ou méprisables. […] Or, comme l’amour-propre nous rend aveugles sur nos défauts, et que la malignité nous fait rejeter sur les autres tout ce que la scène nous présente de vices ou de ridicules dans les personnages qu’on y met en action, il s’ensuit qu’il est très difficile que le théâtre nous corrige des défauts que nous nous croyons étrangers. […] Comme nous l’avons déjà fait depuis nous-mêmes en France, après l’expulsion de ses rois, elle y choisissait ces personnages consulaires, et ce fut dans cette noble carrière que Jules-César et l’illustre Pompée voulurent cueillir le premier des lauriers qui leur ont assuré l’immortalité. […] Les judicieux éditeurs du nouveau répertoire du théâtre français, ont bien raison de dire, que « dans nos comédies modernes l’absence de logique se fait encore plus sentir que la faiblesse des combinaisons ; aussi, ajoutent-ils, pour trouver des personnages qui se répondent réciproquement, faut-il revenir aux ouvrages anciens », Quoiqu’il en en soit, si la question était bien posée, la solution du problème, ne serait peut-être pas aussi favorable à madame Floridor.
Ainsi il ne faut pas s’étonner que ces Saints personnages ayent si fort invectivé contre : on s’étonneroit plutôt qu’ils ne l’eussent pas fait.
Les chaussures héraidiques ne pouvoient servir qu’à une piece & à un personnage, il eût fallu les changer à chaque piece, & pour bien suivre ce costume savoit le blason aussi bien que le P.
Non seulement il avoue, mais il prouve par le détail le plus circonstancié des faits & des personnages, qu’il y règne un très-grand désordre.
Isidore Archevêque de Séville en Espagne, en apporte la raison, lorsqu’il dit qu’on idolâtre dans le jeu, parce qu’on n’y reconnaît plus la Providence de Dieu, et qu’on n’y adore que l’empire du destin et de la fortune ; c’est là, dit ce savant personnage, où les hommes se donnent aux divertissements, au lieu de s’y prêter.
Car si c’est une fille ; n’est-ce pas offenser la pudeur du sexe, et blesser l’honneur de la virginité, rachetée du Sang de Jésus-Christ, que de voir sur un Théâtre une Chrétienne se produire, pour faire le personnage d’une femme passionnée, coquette, effrontée, emportée ou furieuse, selon les diverses passions qu’exige son rôlet.
Ce serait un étrange personnage de Comédie qu’un Religieux modeste et silencieux.
Sans doute il n’eût pas fait ce beau compliment à tous ces graves personnages, qui le valent bien.
Il y a cent autres traits de ce personnage singulier (Boisrobert), qu’on trouvera dans Guipatin, Loret, Scarron, Ménage, les lettres de Costar, de Chapelain, et surtout dans l’histoire du théâtre, à l’occasion des diverses pièces de cet Auteur, et fort au long, Tom.
en effet M. si vous voulés estre des juges équitables, & vous defaire de toutes sortes de preventions, vous tomberés d’accord avec moy, que la comedie est un dangereux reste de l’idolatrie abbatuë, & du paganisme agonisant, de quelque côté que vous la puissiez considerer ; soit du côté de son invention & de son origine, soit du côté de sa fin & de ses representations, soit du côté de ses Acteurs & de ses personnages. […] Etudiés, je vous prie, la religion & la condition de ces honnêtes gens qui sont sur le theatre, qui joüent les grands rôles, & qui font les personnages des Dieux ou des Empereurs, des Deesses ou des Reines, qui sont-ils, ce ne sont pas à la verité des idolatres ny des Payens, je l’avoüë, qui donc, helas !
Alors, les Magistrats de la Grece punissoient un auteur comme un empoisonneur public pour avoir seulement altéré le caractere d’un héros par une intrigue de passion ; alors on vit le plus célebre Auteur d’Athènes condamné par un jugement solemnel pour avoir mis sur la scene un personnage d’impie qui parloit avec trop peu de respect de la Religion.