Les préceptes peuvent diriger, les récompenses encourager, les menaces intimider, les peines arrêter ; mais un exercice qui, éclairant l’esprit, le formeroit ; qui, touchant le cœur, le corrigeroit ; qui, faisant connoître la vertu, la rendroit aimable ; qui, montrant le vice, en découvriroit la laideur, seroit le plus beau présent qu’on pût faire au public. […] faisons… défenses… à tous Comédiens de représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives ou à double-entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique, & sur peines d’être déclarés infâmes, & autres peines qu’il écheoira : enjoignons à nos Juges, chacun en son district, de tenir la main à ce que notre volonté soit religieusement exécutée ; & en cas que lesdits Comédiens contreviennent à notre présente Déclaration, nous voulons & entendons que nosdits Juges leur interdisent le théâtrea, & procédent contr’eux par telles voies qu’ils aviseront à propos, selon la qualité de l’action, sans néanmoins qu’ils puissent ordonner plus grandes peines que l’amende ou le bannissement : & en cas que lesdits Comédiens règlent tellement les actions du théâtre qu’elles soient du tout exemptes d’impureté, nous voulons que leur exercice, qui peut innocemment divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public ; ce que nous faisons afin que le desir qu’ils auront d’éviter le reproche qu’on leur a fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les termes de leur devoir des représentations publiques qu’ils feront, que la crainte des peines qui leur seroient inévitables, s’ils contrevenoient à la présente Déclaration. […] En un mot, les Romains avoient tant de mépris pour les Acteurs que les Citoyens, qui montoient sur le Théâtre, étoient chassés de leur Tribu ; ce qui étoit la peine la plus infamante dont les Censeurs punissoient les Citoyens : Cùm artem ludicram scenamque totam probro ducerent genus id hominum, non modò honore Civium reliquorum carere, sed etiam Tribu moveri notatione Censoriâ voluerunt. […] De quelle peine ne devroit-on pas punir les insultes qu’elles font à la vertu, en ne daignant pas même sauver les apparences du desordre !
& en 451, excommunient les Comédiens ; & que le Concile du Dôme de Constantinoplei en 692. défend aux Laiques, sous peine d’excommunication, de se déguiser ni en Comédiens, ni en Satyres, ni en Tragédiens. […] Nous défendons sous peine d’excommunication, de plus faire tels & semblables desordres, & surtout dans le saint temps de Carême, & enjoignons à tous les Recteurs & Vicaires d’informer contre les coupables, leur donnant pouvoir de ce faire, & nous envoïer les informations clauses & cachetées. […] Car non seulement nous leur défendons ce jeu, mais nous le défendons aussi à tous les Fidéles de nôtre Diocese sous peine d’excommunication & de dix livres d’amende applicable à nous. » Le Synode de Sense en 1524. […] Mais s’ils veulent se donner la peine d’examiner de bonne foi & sans aucune prevention les paroles de ce S. […] « Comme les Ecclesiastiques, les Curez & les Prêtres doivent servir d’exemple aux Laïques, nous leur défendons sous de grandes peines de lutter, ni de danser. » Des Statuts Synodaux de Milon Evêque d’Orleansd en 1314.
Il semble que Dieu même, dont ils ne sont que les ombres, en ait usé de la sorte dans l’ancienne Loi, quand il se montrait aux hommes : Car il paraissait dans une lumière si éclatante, que les yeux avaient peine à le souffrir : Il était porté dans un char de flammes, ou sur les ailes des vents ; Les foudres et les éclairs marchaient devant lui, et faisaient mourir souvent quelques coupables ; pour donner de l’étonnement et de la terreur aux innocents. Ce grand exemple autorise la pompe des Rois, et les oblige à ne se montrer jamais en public qu’ils n’imitent la magnificence de Dieu : Mais au milieu de cette cérémonie, ils doivent se ressouvenir que les habits sont les peines du péché, que dans l'état d’innocence, l’homme n’était revêtu que de la Justice originelle, que cette robe précieuse était à l’épreuve de toutes les saisons, et que comme il n’avait point encore offensé Dieu, il ne craignait point aussi la honte ni la douleur dans sa nudité, Cette pensée retiendra les Princes dans la modestie au milieu de leur Triomphe, et leur persuadera que les plus riches habits sont les reproches et les supplices de notre ancienne désobéissance. […] La modération dans le boire et dans le manger est toujours digne de louange : les bons conseils reconnaissent l’abstinence pour leur mère ; et un Prince qui ne mange que quand la nécessité l’y oblige, n’a pas grand peine à modérer sa colère, ni à garder sa chasteté. […] Il faut être de bronze ou de marbre pour résister à tant d’appas, et j’avoue que les plus grands Saints auraient peine à conserver leur liberté au milieu de tant d’agréables tentations.
Après tout j’avouerai sans peine, qu’après s’être longtemps élevé contre les spectacles, et en particulier contre le théâtre, il vint un temps dans l’église qu’on espéra de le pouvoir réduire à quelque chose d’honnête ou de supportable, et par là d’apporter quelque remède à la manie du peuple envers ces dangereux amusements. […] Que si sous les yeux et la discipline de maîtres pieux on a tant de peine à régler le théâtre, que sera-ce dans la licence d’une troupe de comédiens, qui n’ont point de règle que celles de leur profit et du plaisir des spectateurs ? […] Térence, qui à l’exemple de Ménandre s’est modéré sur le ridicule, n’en est pas plus chaste pour cela ; et on aura toujours une peine extrême à séparer le plaisant d’avec l’illicite et le licencieux. […] Je ne m’en étonne pas : car nos douleurs et nos tristesses sont très véritables, puisqu’elles sont de justes peines de notre péché : mais nous n’avons point sur la terre depuis le péché, de vrai sujet de nous réjouir : ce qui a fait dire au Sage : « J'ai estimé le ris une erreur, et j’ai dit à la joie : pourquoi me trompes-tu ? […] Ainsi le verbe fait chair, la vérité éternelle manifestée dans notre nature, en a pu prendre les peines qui sont réelles ; mais n’en a pas voulu prendre le ris et la joie qui ont trop d’affinité avec la déception et avec l’erreur.
La peine de l’infamie se fait sentir partout, et les Comédiens, en qui la loi en imprime la tache, la trouvent sur tous leurs pas. […] Mais les personnes libres ont toujours pu s’y livrer, en subissant la peine de l’infamie. […] A ces causes, nous avons fait et faisons inhibitions et défenses par ces présentes, signées de notre main, à tous Comédiens de représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives ou à double entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique, et sur peine d’être déclarés infâmes, et autres peines qu’il y écherra. […] Dans la jurisprudence Française la loi ordonne la peine, mais elle ne doit être subie que par l’arrêt qui y condamne. […] C’est une règle commune à toutes les peines : le voleur, l’assassin, quoique infâme et pendable pour son crime, n’est pendu qu’après la condamnation.
Si par l'ouïe toute seule on pouvait entrer dans le Royaume du Ciel, et dans la vie éternelle sans peine, et sans travail, ceux qui se divertissent aux Spectacles du Théâtre, et ceux qui mènent une vie impudique y auraient bonne part : Mais on ne va au Ciel que par des travaux, et par des combats, parce que le chemin qui y conduit est étroit, pénible et fâcheux; c'est dans ce chemin rude qu'il faut marcher, et souffrir beaucoup de peines et d'afflictions pour entrer dans la vie éternelle. […] C'est pourquoi je vous prie tous de ne point assister à ces infâmes représentations des Spectacles, et d'en retirer les autres ; car tout ce qui s'y fait, bien loin d'être un divertissement, n'est qu'un dérèglement pernicieux qui n'attire que des peines et des supplices. […] Les Chansons et les vers infâmes causent à l'âme une odeur plus insupportable que tout ce que nos sens abhorrent le plus, et cependant lors que les Comédiens les récitent devant vous, non seulement vous n'en avez pas de la peine, mais vous en riez, vous vous en divertissez, bien loin d'en avoir de l'aversion et de l'horreur. […] Vous ne pouvez souffrir rien de sale dans vos enfants ni dans vos femmes le moindre mot qui choque l'honnêteté ; et lors que les derniers des hommes vous invitent à entendre publiquement ces infamies que vous détestez si fort dans vos maisons ; non seulement vous n'en avez point de peine, mais vous vous en divertissez et vous louez ceux qui les débitent, n'est-ce pas le comble de l'extravagance ? […] Comment vous pouvez-vous appliquer aux bonnes choses, étant accoutumé à ces sortes de discours ; comment pourrez-vous supporter le travail qui est nécessaire pour s'affermir dans la continence, lors que vous vous relâchez jusqu'à prendre plaisir à entendre des mots et des vers infâmes ; car si lors même qu'on est le plus éloigné de ces infamies, on a tant de peine à se conserver dans toute la pureté que Dieu nous demande ; Comment notre âme pourra-t-elle demeurer chaste, lors qu'elle se plaira à entendre des choses si dangereuses.
C’est un grand désordre certainement, que l’on a journellement si grande peine à obtenir vos lettres pour choses de justice, et quand on les a obtenues, la plus grande peine est en la vérificationLettres du Roi sont aisément impétrées et vérifiées ès choses qui sont contre Dieu. […] , auquel il est oisif, et que après avoir travaillé toute la semaine en peine et tristesseRéfutation desdites raisons.
Si donc il est arrivé que le libertinage des Acteurs ait donné quelque peine à la pudeur des Ames Chrétiennes, il ne faut en cela qu'imiter les Empereurs qui n'ont jamais rien prononcé contre ces représentations, et qui se sont contentés d'en réformer l'abus, et d'imposer des peines rigoureuses contre ceux qui par leurs désordres corrompaient l'excellence de cette Poésie et la beauté de sa représentation ; il en faut chasser le vice qui se doit faire haïr partout, et conserver un art qui peut plaire. […] Mais Monsieur le Cardinal de Richelieu, qui faisait toutes ses actions avec un grand discernement du bien et du mal, remit en crédit les Comédies et les Tragédies, en n'y laissant rien de ce qui les avait exposées justement à l'indignation des personnes d'honneur, et à la peine des Lois.
Mais ce qui ne laisse point de doute en cette opinion est ce que Valère Maxime ajoute que ce Poète s'étant délivré de la peine de chanter « Et cum vocem obtudisset, adhibito pueri et tibinicis concentu, gesticulationem tacitus peregit. » Val. […] Unde sit Embolaria mulier, id est Scenica. » nues avec des postures indécentes, et que le moindre sentiment de pudeur ne pouvait souffrir ; il ne faut que lire le grand Pline, qui lui donne cette qualité en termes exprès ; et Galéria était un Embolaire ou Bouffonne, c'est-à-dire du nombre de ces femmes Scéniques, qui venaient sur le Théâtre dans les intervalles des Actes, sauter et danser en bouffonnant, ce qu'on nommait Embola ou Intermèdes ; et si cet Apologiste eût pris la peine de lire les termes de Pline, ou qu'il en eût cherché la signification dans son Calepin, ou qu'il eût seulement jeté les yeux sur le commentaire, il n'aurait pas fait cette faute ; et bien loin de croire ces femmes fort honnêtes, comme il se l'est imaginé, il doit savoir qu'elles étaient l'opprobre du Théâtre, prostituées et louées à prix d'argent pour ce honteux exercice. D'où vient que Justinien par ses nouvelles Lois, condamne en de grosses peines ceux qui faisaient jurer ces femmes de ne point quitter la scène ; et pour leur donner la liberté de se convertir, il déclare ce serment nul et de nulle obligation. […] Cette Apologie est pleine d'une infinité d'autres bévues qui ne sont pas seulement dignes de la peine qu'on prendrait à les censurer.
A peine dans ce monde comédien, qui s’appelle le beau monde, la bonne compagnie, voit-on deux mariages où l’union règne. […] 4.° On n’y est pas plus consolé sur les peines du mariage & animé à en remplir les devoirs. […] Mais ce sont des idées gothiques qu’on n’oseroit sur la scène seulement laisser entrevoir, sous peine d’être déclaré imbécille ou tartuffe, & régalé de mille sifflets. […] On charge même le portrait, on exagère les peines, on grossit les fautes, on multiplie à l’infini le nombre des infortunés. […] A peine cet aveu est-il ou extorqué ou surpris de ce malheureux père, que tout est fini.
Corneille parait avoir eu de la peine à s’y soumettre. Corneille, le grand Corneille lui-même eut bien de la peine à s’y soumettre. […] On conçoit sans peine que je ne parle point de la durée de la représentation, encore plus bornée. […] En un mot, le nouveau mérite qu’on ajouterait aux Pièces de Théâtre, en suivant le conseil que je donne ici, se démontre sans peine. […] Mais le Lecteur sensé n’a pas besoin que je prenne cette peine : & voulant donner des règles pour la composition des Pièces de notre Opéra, je dois mettre le moins qu’il me sera possible de mauvais modèles sous les yeux des jeunes Poètes.
En second lieu, c’est entreprendre l’impossible, c’est perdre mon temps et ma peine, c’est voguer contre vent et marée ; les gens du monde sont tous résolus, les prédicateurs ont beau crier, on n’en fera ni plus ni moins : Cæperunt hæc facere, nec desistent a cogitationibus suis donec eas opere compleant. […] Augustin a été autrefois en même peine ; il disait à ses auditeurs (homil. 25. ex 50. circa medium.) : Il n’y a rien qui me semble si doux que d’être retiré en ma petite chambre, y lire l’Ecriture sainte, la méditer devant Dieu, en rechercher l’intelligence, en goûter la douceur en repos et en silence ; j’y aurais bien plus de plaisir qu’à vous être ici ennuyeux, à vous étourdir de mes corrections, et perdre mon temps à reprendre des vices que plusieurs n’éviteront pas ; mais l’Ecriture m’épouvante.
Enfin, on tire une fausse conséquence de cette maxime vrai en matiere criminelle, non bis in idem, « Si l’Acteur & l’Auteur sont infâmes, dit-on , dans l’ordre des Loix, il resulte de cette peine d’infamie, que la peine de la Loi contre un délit, détruit toute autre peine ; parce que la régle est certaine, qu’on ne doit jamais punir deux fois pour le même délit.
Aura-t-on de la peine à croire, que long-tems avant cet Auteur, on ne se soit joué dans des couplets malins de ceux qui méritaient la risée publique, ou dont le mérite éxtiait l’envie ? […] A peine les Français ont-ils une seule Parodie passable. J’ignore si dans la suite on s’éfforcera de perfectionner le genre de la Parodie ; peut-être ne voudra-t-on pas s’en donner la peine.
Outre que bien des maris soupçonneux, emportés, et brutaux diffameraient de jeunes femmes sages et honnêtes, par une fausse accusation ; au hasard des peines portées contre eux par la même loi ; et qui n’allaient qu’à perdre le droit de pouvoir répudier leur femme, et à payer une amende pécuniaire à ses parents. […] Je vous avoue, Agathon, que j’ai de la peine à décider : Car outre que j’ai un penchant naturel à ne pas juger mal de mon prochain, les raisons qui se présentent à mon esprit sur cette affaire, me partagent ; et si vous le voulez, nous les examinerons sans aucun préjugé. […] Elles font de grosses quêtes dans les Paroisses, dans les Couvents, dans les Assemblées de charité : Et ces jours-là elles se donnent charitablement la peine de se décorer par merveille ; pour exciter la compassion chrétienne envers les misérables. […] Et parce que les Ordonnances et Censures Ecclésiastiques n’ont jamais tant de force, que les Lois Civiles portées sous de certaines peines : J’approuverais fort l’expédient du P.S. qui proposa de faire passer en parti, une certaine amende au profit des pauvres.